vendredi, août 31, 2012

Tri biologique et mort sociale des individus





Le livre du biologiste Michel Georget, « Vaccinations, la vérité indésirable », éclaire de façon incontestable certaines zones obscures de ce qui touche, en nous, l'essentiel : notre santé. 


De nos jours, en plus de l'odieux darwinisme social, les individus subissent une sorte de sélection biologique imposée par les multinationales qui détruisent la nature et empoissonnent nos cellules (industrie agroalimentaire, laboratoires pharmaceutiques, centrales atomiques, entre autres). Prochainement, seuls ceux qui disposeront de facultés exceptionnelles de réparation de l'ADN pourront survivre. Les responsables de cette situation œuvrent-ils à l'instauration d'un ordre « contre-traditionnel » ? Cette expression de René Guénon désigne le régime totalitaire qui à l'instar du nazisme supplantera la république en déliquescence.

Dans cette dictature, en raison de la perversité scientifique, la sélection des travailleurs les plus résistants y sera pire que le système esclavagiste qui a perduré jusqu'au milieu du 19e siècle.

Dans l'ancien système prédominait une sorte de tri biologique « venant s'ajouter à une série d'épreuves vitales imposées aux esclaves, rappelle Grégoire Chamayou, à commencer par celle de la traversée : soumettre tous les individus à l'assaut de la maladie, y compris dans des conditions défavorables pour eux, afin de sélectionner les plus résistants, et de conjurer le danger — économique — de perdre des effectifs importants à l'improviste, lors d'une épidémie imprévue.

Ici, on n'est ni dans le modèle de l'assistance, ni dans celui du châtiment, ni non plus dans le modèle biopolitique de la métropole. On a affaire à une autre forme du pouvoir d'expérimenter, liée à l'exercice d'une autre forme de gouvernement. L'objectif n'est pas en effet ici de maximiser la vie et la santé de la population servile en évitant autant que possible les pertes. Le principe d'économie des vies humaines ne s'applique pas dans la logique négrière, qui fonctionne non pas sur un principe de conservation de la vie, mais de sélection des vies les plus résistantes, un tri macabre qui suppose la mort d'une grande partie de l'effectif. Dans cette logique de sélection par la mort, mieux vaut surcharger par exemple les bateaux négriers, quitte à sacrifier une partie de la cargaison humaine, plutôt que chercher à faire diminuer le taux de mortalité à bord. Seul compte le chiffre absolu de vies résistantes qui en réchapperont : ayant franchi cette épreuve, elles pourront endurer les conditions de travail sur les plantations. Le pouvoir négrier a pour principe la sélection de la force de travail par l'exposition constante à la mort. Il s'agit avant tout de sélectionner des moyens de production, qui, par ailleurs, sont vivants.

Les esclaves sont de l'ordre des non-personnes, des non-sujets de droit. Biens meubles attachés au maître, leur existence sociale est prise tout entière dans cette relation d'appartenance. Entre les maîtres et les esclaves, point d'essence commune, puisque les uns sont des personnes et les autres des choses. La modalité de la domination implique, relation de propriété oblige, la chosification des dominés. Chosification en un sens précis : ils sont des biens aliénables et transférables, pouvant être détruits. Ni sujets, ni patients, ni assistés, ce sont des biens, des objets de possession, des instruments vivants sur lesquels s'exerce sans limite le pouvoir du maître, y compris le pouvoir de les détruire.

Orlando Patterson a analysé cette forme extrême de domination, en montrant que l'esclave vivait dans un état de mort sociale. Patterson rappelle notamment à l'appui de cette thèse que le droit d'esclavage a été conçu historiquement comme un substitut à la mort, et à la mort violente en particulier — toutes les situations instituant l'esclavage étaient de celles dont il aurait normalement résulté, socialement ou naturellement, la mort de l'individu. Typiquement, dans le droit antique, l'esclavage se présentait comme une alternative à la mise à mort de l'ennemi capturé à la guerre, mais aussi à l'exécution d'un condamné. L'esclavage apparaît alors de façon essentielle comme une « commutation conditionnelle » d'une mise à mort indéfiniment suspendue, niais constamment applicable. L'esclave se définir comme un être biologiquement vivant mais socialement mort. »

Grégoire Chamayou, Les corps vils.

Les corps vils
Expérimenter sur les êtres vivants aux XVIIIe siècle et XIXe siècle.

Ecoutez Diderot justifier la vivisection des condamnés à mort, devenus inhumains par leur déchéance civique. Écoutez Pasteur demander à l'empereur du Brésil des corps de détenus pour expérimenter de dangereux remèdes. Écoutez Koch préconiser l'internement des indigènes auxquels il administrait des injections d'arsenic. " On expérimente les remèdes sur des personnes de peu d'importance ", disait Furetière en 1690 dans son Dictionnaire universel.

Ce sont les paralytiques, les orphelins, les bagnards, les prostituées, les esclaves, les colonisés, les fous, les détenus, les internés, les condamnés à mort, les " corps vils " qui ont historiquement servi de matériau expérimental à la science médicale moderne. Ce livre raconte cette histoire ignorée par les historiens des sciences. À partir de la question centrale de l'allocation sociale des risques (qui supporte en premier lieu les périls de l'innovation ? qui en récolte les bénéfices ?), il interroge le lien étroit qui s'est établi, dans une logique de sacrifice des plus vulnérables, entre la pratique scientifique moderne, le racisme, le mépris de classe et la dévalorisation de vies qui ne vaudraient pas la peine d'être vécues. Comment, en même temps que se formait la rationalité scientifique, a pu se développer ce qu'il faut bien appeler des " rationalités abominables ", chargées de justifier l'injustifiable ?

Cette étude historique des technologies d'avilissement appelle ainsi à la constitution d'une philosophie politique de la pratique scientifique.



mercredi, août 29, 2012

La MINICAT et le prix des carburants



La voiture écolo de Guy Nègre : 3500 €


C'est Tata Motors, le plus grand constructeur automobile indien, qui commercialisera la première voiture à air.

Avec la flambée des prix du carburant, Tata Motors est assuré du succès. En effet, sa MINICAT est une voiture qui fonctionne à air comprimé. Sa mise sur le marché sera révolutionnaire et inaugurera l'entrée dans des temps nouveaux où les voitures ne nécessiteront aucun combustible fossile et les émissions de gaz à effet de serre seront proches de zéro.

Le lancement de la MINICAT est prévue pour fin 2012 / début 2013.

La voiture à air comprimé a été inventée par l'ingénieur français Guy Nègre. Elle devait être commercialisée en France dans le courant de l'année 2008 au prix de 3 500 euros (voir la vidéo ci-dessus). De puissants intérêts financiers ont-ils saboté le projet de Guy Nègre ?

Le lancement d'un véhicule utilisant simplement de l'air contrecarre l'avidité des gangs qui ont accaparé le pétrole et les autres biens communs de l'humanité.

Devant la hausse du prix des carburants, le gouvernement socialiste n'est capable que d'une mesure symbolique : une baisse de 6 centimes maximum des prix à la pompe. Nous constatons, une fois de plus, que les politiciens ne sont que les marionnettes de l'oligarchie qui contrôle notre société.

La mafia du pétrole





Elle est belle ma promesse... Elle est belle !
Depuis qu'existe la République, les candidats se sont présentés aux élections avec un échantillonnage de projets qu'ils ont été incapables de mener à terme. 




mardi, août 28, 2012

Contrôle de la population




La campagne de lancement de la puce électronique sous-cutanée VeriChip vient de démarrer aux USA. Cette puce, qui est implantée très rapidement sous anesthésie, permet la radio-identification (RFID de l'anglais radio frequency identification) du porteur, même par satellite.


Vidéosurveillance, fichage, empreintes génétiques, écoutes, puces RFID... les différentes techniques d'intrusion dans la vie quotidienne des individus se multiplient.

A l'époque où Gilles Deleuze proposait le concept de « sociétés de contrôle », en 1990, la configuration sociopolitique qui prévalait dans les années 1970, lorsque Foucault tentait son archéologie de la société de sécurité comme émanation de la société libérale, avait déjà changé. Au seuil du millénaire, cette configuration a de nouveau subi une mue importante. La sécurité s'est muée en obsession sécuritaire. Et la société globale a laissé transparaître sa face globalitaire, à force de vouloir s'immiscer dans tous les espaces de la vie collective et individuelle. Les sociétés de contrôle articulées sur le mode de gestion managérial sont toujours bien en place, confortées qu'elles sont par les impératifs du capital financier. L'autonomie, la créativité, la réactivité, l'adaptabilité se sont installées comme éléments cardinaux du nouveau régime de vérité. Son envers : la grille des objectifs et la culture du résultat, l'intensification du travail, l'implication contrainte ou la servitude volontaire, la précarité, la propension à la culpabilisation du salarié puisque intégrant lui-même l'objectif qu'il se propose d'atteindre. Une sorte d'autocontrainte qui se combine avec les nouveaux systèmes de surveillance en permanence et à distance basés sur la puissance d'inquisition de l'informatique. Ce qui a changé dans la dernière décennie, c'est que désormais ces sociétés de contrôle se doublent de sociétés de suspicion. Des sociétés qui se prémunissent structurellement contre l'« insurgent ». Un terme qui permet d'échapper à l'histoire de haine charriée par la langue contre-insurrectionnelle, mais qui, à la différence de l'anglais et d'autres langues latines, n'est plus usité en français.

L'exception a éclairé la normalité. Les attentats ont distillé leurs effets. Les zones grises, hostiles, espaces de non-sécurité et de non-stabilité, se sont accrues, parasitant l'économie globale. Le projet ultralibéral de nouvel ordre mondial par l'entremise de la technologie informationnelle a basculé des stratégies du soft power vers la guerre sans quartier comme « guerre juste », au mépris des acquis du droit international et de l'idée même de civilisation. La logique d'intégration des sociétés singulières au tout mondial, que l'euphorie post-Guerre froide avait refoulée à grand renfort de mythes comme celui de la fin de l'histoire, s'est donnée d'évidence. Son accomplissement est indissociable de l'exercice des stratégies de force et de contrainte. Le mirage de la décomposition de l'État-nation s'est estompé en même temps que la croyance en la fin inexorable des logiques d'empire, au bénéfice d'acteurs privés voyant croître leur capacité d'autonomisation.

Devant l'incapacité du capitalisme sauvage, discriminant et destructeur de vie à remplir ses promesses d'un nouvel universalisme, les vents rebelles se sont remis à souffler en ce début de XXIe siècle, après plus d'une décennie de retrait de la mobilisation sociale et de la réflexion critique sur le pouvoir. Révoltes du désespoir, émeutes, frondes, contestations, pacifiques ou violentes, dans les urnes ou dans la rue, à l'échelle locale, nationale comme planétaire. Des contre-feux se sont allumés, vacillants, tâtonnants, mais suffisants pour troubler le projet de globalisation trop vite auto-institué horizon indépassable. La propension à les criminaliser s'est amplifiée à mesure qu'ils gagnaient en visibilité. Symptomatique est la décision prise lors du sommet de Gênes, deux mois avant les attentats du 11 septembre 2001, par le groupe des pays les plus industrialisés (G7) de convertir en camp retranché ses réunions annuelles. Une décision prise alors que, dans la rue, les forces de l'ordre réprimaient violemment les manifestants altermondialistes qui protestaient contre la prétention des pays riches à régenter les affaires de la planète.

Au regard de l'évolution de la démocratie, si débat il y a autour de la problématique singulière des nouveaux dispositifs de contrôle, celle-ci est toutefois encore loin de faire l'objet d'une appropriation massive de la part des citoyens. Les initiatives qui cherchent à relever ces défis doivent le plus souvent aller à contre-courant. Dispositif acquis en 1978 grâce à la mobilisation des organisations citoyennes et considéré comme un parangon au niveau international, la loi française « Informatique, fichiers et libertés » s'est vu restreindre ses compétences en 2004, et cette modification est passée inaperçue, au dire même des collectifs qui ont donné de la voix. « Du fait du paradoxe soulevé entre protection de la vie privée et atteinte à la vie privée, relève le Comité consultatif national d'éthique, on assiste à une sorte de confiscation consentie de liberté. Subrepticement, notre société, au nom du paradigme sécuritaire, s'habitue à l'usage de ces marqueurs biométriques et chacun accepte finalement et même avec quelque indifférence d'être fiché, observé, repéré, tracé. » Au niveau des mentalités collectives, une sorte d'accoutumance s'est créée qui a élargi les seuils de tolérance et a fait que beaucoup consentent, sans même parfois s'en apercevoir, des abandons importants de leur sphère privée et de leurs droits fondamentaux. Et ce non seulement à l'égard des techniques de surveillance et de fichage mais aussi des instruments de mesure et de captation des savoir-vivre individuels par le complexe médiatique et publicitaire. Au sein même des secteurs démocratiques et progressistes, la prégnance reste forte des visions instramentalistes de l'information, de la communication et de la culture. Un retour à l'« âge de la pédagogie », souhaité par Deleuze et Guattari, serait d'autant plus pertinent que la culture du Réseau des réseaux tend à cultiver la croyance prométhéenne en l'avènement de l'ère non seulement de la science infuse mais aussi de la résistance, devenue seconde nature de l'internaute. C'est là l'effet pervers de son offre encyclopédique. Or les technologies, fussent-elles interactives, ne sont pas en soi démocratiques. Seul leur mode d'agencement social les fait entrer dans un projet d'« insurgence » face aux « règles établies ». L'effervescence de la navigation dans le cyberespace ne peut occulter le fait que les comportements individualistes sont au fondement du Réseau et que sa contribution à une culture de l'espace public est loin d'être un donné.

Les actions contre les dérèglements de l'ordre sécuritaire demeurent le fait majoritaire des syndicats de magistrats, d'avocats et de juristes démocrates ; des ligues de défense des droits humains ; des collectifs de défense des droits et des libertés face à l'informatisation de la société ; des acteurs de l'Internet militant ; des médias libres et indépendants ainsi que de la critique et de l'observation des médias ; des groupes d'intervention qui dénoncent le développement liberticide de la biométrie ou des nanotechnogies. La diversification de l'espace public international depuis les débuts du millénaire a fort heureusement contribué à la mise en commun de ces thématiques. On en veut pour preuve la création de réseaux transnationaux d'études et de recherches sur la tension entre sécurité et retrait des libertés, l'essor de réseaux militants multinationaux comme Indy-media, ICAMS (International Campaign Against Mass Surveillance) ou CRIS (sigle anglais de la Campagne pour le droit à la communication dans la société de l'information), la mobilisation des acteurs sociaux et professionnels lors des sommets de la société de l'information organisés par l'Union internationale des télécommunications en 2003 et 2005, à Genève puis à Tunis, ou lors des débats qui ont abouti à l'adoption, en 2005) par l'Assemblée générale de l'Unesco, de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Cette nouvelle configuration bigarrée de collectifs s'est ainsi exprimée d'une seule voix, sans limer toutefois les différences. Des questions structurelles ont été soulevées sur le caractère ségrégatif du projet de « Nouvel ordre mondial de l'information », annoncé en grande pompe par le G7 en 1995. Une réflexion de caractère juridique s'est amorcée sur les droits à la communication qui, garantissant la liberté, l'accès, la diversité et la participation à l'espace public, prémuniraient les citoyens contre la raison d'État et la concentration des industries médiatiques et informationnelles. La décentration d'un débat formaté à l'origine par la problématique de la « fracture numérique » vers ce qui l'explique, les fractures socio-économiques, a donné à voir ce que la perception sécuritaire des réseaux évacue d'emblée.

Les gouvernements résistent à prendre acte de l'émergence de ces nouveaux acteurs citoyens et se refusent à élargir la composition des instances (quand elles existent) chargées de veiller à l'équilibre entre les avancées de l'informatique et la préservation du droit à la vie privée et des libertés, et à leur allouer les moyens pour remplir leur mission de médiation publique. Or, ou bien va s'accomplir un saut qualitatif dans la participation des citoyens à la gestion de la société, ou bien on va vers un exercice chaque fois plus autoritaire du pouvoir et vers une négation des droits.

Un triple constat s'est progressivement imposé qui donne sens à l'impératif de la vigilance démocratique à l'égard des dispositifs d'intrusion. Tout d'abord, le capitalisme dit post-industriel ou de l'immatériel, en valorisant à des fins d'exploitation marchande les structures de subjectivation, de production de connaissance, de culture et de socialité, a ouvert un nouveau champ de luttes tout à la fois culturelles, sociales et économiques. Ensuite, il importe de tenir les deux bouts de la chaîne : le quotidien et la structure, le local et le global. La critique de l'ordre sécuritaire n'est intelligible qu'à travers la contestation des dogmes sur lesquels se fonde le projet hégémonique de nouvel ordre informationnel : la gouvernance unilatérale du Réseau, les logiques d'appropriation privée ou de patrimonialisation de l'information, de la connaissance et du savoir de la part les grandes unités de l'économie globale, le pouvoir des seuls opérateurs du marché à définir des normes techniques. Enfin, une des façons de soustraire la problématique de la « culture de la sécurité » à la seule vision de la statistique policière est d'intégrer le droit à la sécurité au nombre des droits sociaux qui conditionnent sa réalisation : le droit au travail, à l'éducation, au logement, à la santé, à la communication. Tous droits en l'absence desquels il ne peut y avoir de dignité humaine.

Armand Mattelart

Armand Mattelart

lundi, août 27, 2012

La face cachée de Reporters sans frontières






Yonten Gyatso, moine d'obédience lamaïste dans la province chinoise du Sichuan, a été torturé et condamné à sept ans de prison pour la diffusion d'informations sur les manifestations au Tibet, indique le réseau Reporters sans frontières auquel contribuait le moine .

Les Chinois et leurs féroces tortionnaires, qui ne valent pas mieux que les sadiques gardiens de Guantanamo, n'ignorent pas que l'ONG Reporters sans frontières est financée par la CIA. (L'information circule sur le Web. L'enquête de Maxime Vivas, La face cachée de Reporters sans frontières, le confirme.) Le malheureux moine est donc considéré comme un agent des faucons du Pentagone qui lorgnent vers le Tibet depuis des années et n'ont jamais renoncé à déstabiliser la région pour affaiblir la Chine.

Yonten Gyatso et les Tibétains qui s'immolent par le feu sont-ils victimes d'une manipulation mentale ? Rappelons que les lamaïstes, notamment les fanatiques qui ont été initiés aux arcanes de Kalachakra, se préparent à la guerre sainte : la guerre de Shambala pour instaurer le règne mondial du dharma, la « bonne » doctrine religieuse. 


Robert Ménard, la face honteuse du journalisme 

« Reporters sans frontières, explique Maxime Vivas, prétend être une ONG de défense des journalistes et de la liberté de la presse à travers le monde. Elle a été créée avec des journalistes qui ont rapidement claqué la porte, la laissant aux mains de Robert Ménard, lequel, après des études avortées de philosophie, avait végété dans la fabrication de miel puis le placement d'assurances en porte-à-porte, avant de se laisser tenter par les médias.

Le site Internet de RSF indique : « Notre action est relayée sur les cinq continents grâce à ses sections nationales (Allemagne, Autriche, Belgique, Canada, Espagne, France, Italie, Suède et Suisse), ses bureaux à New York, Tokyo et Washington, et son réseau de plus de cent vingt correspondants » s'appuyant sur des associations locales dans une quinzaine de pays.

RSF dispose de locaux luxueux à Paris. Elle emploie vingt-trois salariés, dispose d'un budget de trois millions sept cent quatre-vingt mille huit cent soixante-dix euros, dont seulement vingt-deux mille euros proviennent de cotisations des adhérents, soit moins de 0,6 % de ses revenus. Pour le reste, elle engrange des subventions et des aides diverses de grosses entreprises françaises, du gouvernement, de l'Union européenne, des USA, et elle en appelle en permanence à la générosité des citoyens. Parmi les entreprises françaises, l'hypermarché Carrefour... qui multiplie ses magasins en Chine. Sans en donner le montant, RSF indique que la Commission européenne lui octroie des crédits dont une partie est destinée à soutenir l'action de blogueurs chinois antigouvernementaux.
[...]

La National Endowment for Democracy (NED), dont nous avons dit qu'elle subventionne le dalaï-lama, subventionne également Reporters sans frontières qui a reçu par ailleurs de l'argent de la Fondation taïwanaise pour la démocratie. Robert Ménard, secrétaire général de RSF à l'époque, s'est rendu le 28 janvier 2007 à Taïwan pour recevoir un chèque de cent mille dollars des mains du président Chen Shui-bian, agissant au nom de cette fondation qui s'active en direction de la Chine.

Quand j'écrivais mon livre sur RSF, j'ai demandé à Robert Ménard de me communiquer une copie du contrat qui le lie à la NED. Je n'ai pu l'obtenir. En revanche, j'ai lu directement, sur le site du gouvernement états-unien, un document où la NED explique aux ONG bénéficiaires à quoi elles s'engagent. L'ONG doit énoncer les objectifs précis à atteindre dans le pays de mise en œuvre de son projet. Par exemple : parfaire les aptitudes des militants à diriger et renforcer les capacités d'organisation des associations locales. Elle devra fournir des preuves tangibles du changement ou des résultats obtenus : résultats électoraux, votes des lois, procès-verbaux des tribunaux, documents législatifs ou judiciaires, reportages des médias, etc. Ces obligations expliquent la politique de RSF à l'encontre de certains pays.

Mais, dit la NED, elle ne devra pas avoir des activités dont l'objet est d'influer sur la politique publique des États-Unis. De cet interdit découle la quasi-impossibilité pour RSF de condamner ou de faire cesser les assassinats de journalistes en Yougoslavie, puis en Irak ou en Afghanistan quand l'armée américaine est impliquée. De même, RSF ne peut condamner la présence de Bush à la cérémonie d'ouverture des JO comme elle a condamné celle d'autres chefs d'État.

Enfin, si on suppose que les États-Unis, inquiets de voir monter une grande puissance, soucieux de rester maîtres d'un monde unipolaire, voient dans le financement du mouvement séparatiste dalaï-lamiste un moyen d'affaiblir la Chine, voire de mettre le pied (et des bases militaires) sur le « Toit du monde », il n'est pas étonnant de voir RSF déployer une activité fébrile sur ce même chantier.

Le vendredi 26 septembre 2008, Robert Ménard crée la surprise en annonçant qu'il quitte RSF dès le mardi suivant « par envie de faire autre chose ». En guise d'envie de faire autre chose, il tourne quelque temps en rond, envisage publiquement diverses hypothèses et finit par aller se vendre au Qatar, dictature arabe polygame, misogyne, où les travailleurs étrangers sont traités comme les serfs du Tibet sous les dalaï-lamas (la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la traite des personnes, en particulier les femmes et les enfants, a exprimé sa préoccupation à propos des travailleurs immigrés victimes de « traite d'êtres humains », où la flagellation est une punition légale, où la peine de mort est en vigueur, où la presse ne peut émettre de critiques contre la famille royale au pouvoir et où les lois découlent non pas des élus du peuple, mais de la charia).

Aujourd'hui, il vaticine sur une chaîne de télévision privée où, selon un article d'un grand hebdomadaire français, il « bafoue » les droits de l'homme « chaque matin dans son émission en humiliant et en insultant ses invités » .


La face cachée de Reporters sans frontières
De la CIA aux faucons du Pentagone
(Extrait)

Nul n’est contraint de croire un auteur sur parole. Aussi chaque fois qu’une de mes assertions pourrait paraître trop surprenante, j’ai choisi de rendre aisée sa vérification par Internet grâce à quelques « liens » utiles. Je suggère aussi au lecteur d’user d’un procédé simple : coller dans la cartouche ad hoc de son moteur de recherche un fragment d’un texte entre guillemets dont il veut contrôler l’authenticité.

Ainsi, quand je prétends que, au plus fort du coup d’État d’avril 2002 à Caracas, Reporters sans frontières a publié un communiqué mensonger dans lequel on lisait que « Hugo Chàvez a signé sa démission dans la nuit », le lecteur observera que mon assertion est confirmée par des dizaines de sources variées sur Google. Par le même procédé, on vérifiera que RSF est bien financée par des officines-écrans de la CIA ou par le milliardaire et magnant international de la presse George Soros, via l’Open Society Institute qui intervient dans les contrées ou peut être fabriqué un gouvernement pro-états-unien. On constatera, grâce à des sources irréfutables, que la famille d’un caméraman assassiné par l’armée états-unienne a ordonné à RSF de se retirer du dossier pour cause de flagrante complaisance avec les tueurs. On découvrira comment RSF affectionne de jouer le rôle d’avocat des faucons du Pentagone. On s’étonnera de sa lutte contre les restrictions légales à la propagation des propos antisémites et xénophobes, de ses rapports avec l’extrême droite états-unienne et française. On pourra même visionner un débat public où RSF plaide pour la libre publication des textes révisionnistes et négationnistes.
RSF est un avion lourdaud, à hélices dorées, qui ne vole pas très haut et qui fait beaucoup de bruit. Il largue des méga-bombes sur les petits pays insoumis et des leurres dans le ciel des grands champions du libéralisme. L’abondance des artifices pétaradants permet au pilote de capter l’attention et l’argent des gogos - « Achetez mes calendriers, mes albums, mes revues, mes gadgets ! »- et d’affirmer qu’il tire sans distinction sur tous les « prédateurs ».
Mais il suffit d’y regarder de près pour découvrir la mystification. C’est d’ailleurs en allant farfouiller dans les écrits de RSF et en l’interrogeant directement que, pour l’essentiel j’ai percé la véritable nature de cette association. C’est pour l’avoir lu, vu et écouté que je peux tracer le portrait de son chef : déguisé en Chevalier Blanc, il savate les faibles au coin des rues sombres ; en Zorro, il offre son épée aux latinfundistes ; en Astérix, il fréquente le camp de Babaorum ; en Tintin, il accuse les tziganes d’avoir volé le bijoux de la Castafiore ; en Don Quichotte, il monte à l’assaut des bidonvilles ; en Robin des Bois, il prend l’argent des riches pour donner des coups au pauvre.
La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux faucons du Pentagone de Maxime Vivas

Quatrième de couverture

Voici, détaillés dans ces pages, les fréquentations douteuses, les financements honteux, les hargnes sélectives, les indulgences infondées, les tentatives de dissimulations, les manipulations des chiffres, les mensonges réitérés de Reporters sans frontières, le tout au service d'une cause sans rapport avec les objectifs affichés. Observons son ardeur au travail contre les pays pauvres que l'Occident veut soumettre et son silence face aux concentrations économiques dans les médias des pays riches. Notons sa mansuétude envers les "bavures" de l'US Army, ses "oublis" dans la comptabilisation de journalistes qui en sont victimes. Ce livre dévoile les paravents de la CIA qui alimentent RSF en dollars : le Center for a Free Cuba et la National Endowment for Democracy (NED) via l'United States Agency for International Development (USAID). Et il n'y a pas qu'eux : l'Open Society Institute du milliardaire et magnat international de la presse George Soros, ami personnel de Bush, qui s'agite partout où peut être mis en place un gouvernement pro-états-unien, fait partie aussi des généreux financiers de RSF. Alors, RSF ??? Association humanitaire ou bras médiatique européen de la CIA et des faucons du Pentagone ?

Écrivain et cyberjournaliste, ex-référent littéraire d'Attac-France, Maxime Vivas (prix Roger Vailland 1997) a publié sept livres (romans, polars, humour, essai), des nouvelles et des centaines d'articles traduits en plusieurs langues sur des dizaines de sites Internet. Il écrit également pour la presse quotidienne et assure chaque semaine une chronique littéraire sur Radio Mon Païs à Toulouse.
Interview de maxime Vivas :
http://www.dailymotion.com/video/k5WiSzcsgOT7jIRbfD





samedi, août 25, 2012

Les moines de Shaolin




Le monastère bouddhiste de Shaolin, situé au pied du mont Song Shan dans la province du Hénan, fut édifié en 477 par l'empereur Hsiao-wen (Xiaowen) de la dynastie des Wei du Nord. Le moine indien Bodhiruchi vécut dans le monastère au début du VIe siècle ; c'est là qu'il effectua ses nombreuses traductions de sutras en chinois. C'est également en ces lieux, durant la première moitié du VIe siècle, que se retira Bodhidharma, le patriarche du Ch'an venu lui aussi d'Inde.

Les moines de Shaolin ont mis au point des exercices permettant de fortifier l'esprit et le corps. Puis ils ajoutèrent des mouvements issus d'une vieille boxe indienne afin que les moines puissent se défendre contre les brigandages incessants de l'époque. Ainsi naquit le « wu-shu » (accomplissement de l'homme), dont la partie combative (le kung-fu) reste la plus connue.

Cependant les moines de Shaolin ne sont jamais considérés comme des combattants ou des soldats. « Leur but est avant tout de maîtriser le flux énergétique du corps, qu'ils appellent le Qi, afin de pouvoir le canaliser dans n'importe quelle partie de leur corps et devenir ainsi insensible à la douleur. Ils peuvent se casser une barre de fer sur le crâne ou se briser un bâton sur le corps sans jamais avoir mal, ni se blesser. En 1500 ans d'existence le monastère a subi de nombreuses transformations et les moines-soldats de Shaolin servirent quelquefois d'unités d'élite aux empereurs chinois. Le monastère lui même fut détruit et reconstruit à de nombreuses reprises. Mais les moines conservèrent toujours le même principe de vie, fondé sur la défense et non l'attaque ! Le monastère devint le plus important centre spirituel de la Chine et la province du hénan le centre culturel de l'Empire du Milieu avec plus de quatre-vingts monastères, dont la plupart sont actuellement en cours de rénovation ou de reconstruction. » (Bouddhisme actualités)

« Shaolin Kungfu ® »

L'histoire récente du temple de Shaolin et de ses arts martiaux est emblématique de l'histoire chinoise dans son ensemble. En 1966, en pleine Révolution culturelle, les gardes rouges attaquent le monastère et emprisonnent les moines après les avoir humiliés en public. Le gouvernement vide le monastère et le laisse à l'abandon pendant des années. Pour autant, dans les années 1970, le cinéma hong-kongais et la télévision américaine s'emparent du mythe de Shaolin : la série télévisée Kung Fu et les films La 36e Chambre de Shaolin, Retour à la 36e chambre et Les Disciples de la 36e chambre, parmi bien d'autres, exportent la légende dans le monde entier. En 1981, le monastère rouvre officiellement. Une démonstration de kungfu Shaolin s'y tient, la première depuis près de vingt ans. Si le style Shaolin commence de se reconstituer, le bâtiment est en très mauvais état et ne compte plus alors que treize moines âgés qui ont survécu à la Révolution culturelle.

Cette année-là, un certain Shi Yongxin, âgé d'à peine vingt-quatre ans, prononce ses vœux et entre au monastère. Jeune homme ambitieux, travailleur infatigable et politicien habile, il prend en 1987 la tête de la commission administrative du monastère. Il organise alors des démonstrations d'une grande perfection technique, fait déposer la marque « Shaolin Kungfu » et parvient ainsi à rassembler. en une dizaine d'années, l'équivalent de quinze millions d'euros qui lui permettent de rénover entièrement les bâtiments de Shaolin. « Le cinéma nous a beaucoup aidés », concède-t-il. Signe des temps, le gouvernement s'associe au développement de la « marque » : un festival biennal est organisé à Shaolin par le gouvernement afin de promouvoir la culture chinoise et d'encourager les investissements économiques en Chine.

Cyrille J.-D. Javary, Les trois sagesses chinoises.


Les trois sagesses chinoises
taoïsme, confucianisme, bouddhisme

Jadis lointaine, exotique, inaccessible, la Chine, en moins d'une génération, a pris dans notre vie quotidienne une place imposante. Des mots chinois comme « yin » et « yang », sans être pour autant toujours compris dans leur signification originale, sont devenus tellement familiers que des éditorialistes politiques de renom n'hésitent pas à les employer. Qu'ils soient utilisés comme parures nouvelles posées sur des idées anciennes est moins grave que ne le pensent les puristes. On peut toujours se réjouir du fait que ces noms exotiques aient acquis droit de cité, rendant les idées qu'ils expriment acceptables pour l'esprit français.

Il en va de même pour les arts physiques chinois comme le tai ji quan, le qi gong et surtout l'acupuncture : bien peu se hasarderaient aujourd'hui à railler ces pratiques qui prennent en compte l'ensemble énergétique constitué par l'union constante de l'esprit et du corps, ou même à ricaner d'une technique de soin consistant à enfoncer dans la peau des aiguilles en métal. Bien entendu, il ne s'agit pas de se convertir aux enseignements chinois, mais rien n'interdit de se demander comment nous pourrions aujourd'hui, en Occident, nous enrichir de l'expérience chinoise.

Le scientifique et humaniste Albert Jacquard explique par exemple que l'humain n'est pas seulement un individu biologiquement isolé, mais aussi et surtout une personne qui s'insère dans un réseau de relations interpersonnelles. Ses réflexions de généticien l'amènent à conclure que la responsabilité morale qu'implique la notion de personne « ne tombe pas du ciel, mais émerge simplement de l'ensemble des règles qui systématisent la finalité » de l'évolution de l'homme, idée qui se rapproche beaucoup de l'« enseignement » chinois — ce qui m'a conduit à le qualifier amicalement de « confucéen qui s'ignore »...

Comme le dit l'académicien François Cheng, « le Chinois est un être de relations ». Un regard global sur l'enseignement des trois sagesses chinoises fait apparaître leur profonde convergence : elles sont une invite à accroître notre responsabilité, à développer notre capacité à répondre par une attitude appropriée aux situations auxquelles nous sommes chacun, chaque jour, confrontés.

Ce qui les différencie apparaît alors simplement comme une question de domaine d'application : le confucianisme, en mettant l'accent sur la responsabilité au niveau social, incite à une attitude bienveillante envers autrui ; le taoïsme, plus porté sur la responsabilité au niveau vital, se manifeste d'une manière yin par une attitude accueillante envers son corps et d'une manière yang par une attitude respectueuse envers la nature ; le bouddhisme, en soulignant l'importance de la responsabilité individuelle des actes et la nécessité d'acquérir des mérites, favorise une attitude de compassion envers toutes les formes vivantes.

Sans doute est-ce cette « répartition des tâches » qui a permis à ces trois sagesses de cohabiter si durablement et de s'enrichir mutuellement, malgré les épisodes mouvementés qui les ont opposées. Et sans doute aussi est-ce bien parce qu'il s'agit d'enseignements, de manières de vivre plutôt que de croyances absolues, que même leurs affrontements, parfois violents, n'ont jamais pris la forme de guerres de religion. Il est remarquable que la pensée traditionnelle chinoise antique, dont les versants confucéen et taoïste se répondent l'un l'autre comme yin et yang, n'ait pas éclaté à l'arrivée du bouddhisme, dont la pratique sociale et la perspective spirituelle bousculaient pourtant toutes ses valeurs traditionnelles. Alors que l'Empire romain, dans des circonstances politico-religieuses analogues (affaissement de l'autorité centrale, invasions de peuples étrangers et développement d'une religion exogène), s'est irrémédiablement effondré, la Chine a su puiser, à chaque tournant de son histoire, dans chacun des trois enseignements ce qui pouvait contribuer à sa pérennité. On peut acquérir une vue d'ensemble de cette complémentarité à travers le tableau de la page suivante.

Sortie du cauchemar de la pauvreté et des excès idéologiques du maoïsme, ayant retrouvé sa dignité dans le concert des nations, c'est toujours en s'appuyant sur sa culture millénaire que la Chine entre maintenant dans la modernité. Fang Dongmei, un philosophe contemporain, l'exprimait ainsi : « Je suis un confucéen par tradition familiale ; un taoïste par tempérament ; un bouddhiste par inspiration religieuse et aussi un Occidental par formation. » Les trois enseignements de sa vieille culture — la rectitude confucéenne, la sensibilité taoïste, l'apaisement bouddhiste —, tout en prenant des formes nouvelles, restent au cœur de son identité. Au-delà de ce qu'ils peuvent nous apporter personnellement, leur compréhension ouvre la voie à des échanges constructifs avec la singularité chinoise.



Écrivain et conférencier, formateur en entreprise, Cyrille J.D. Javary est un « passeur d'Asie ». Peu de Français connaissent comme lui la Chine où il s'est rendu une cinquantaine de fois pour ses recherches sinologiques et aussi comme accompagnateur de voyages. Il a publié une quinzaine d'ouvrages culturels et thématiques sur ce pays. Sa passion est née du Yi Jing, le « Classique (Jing) des Changements (Yi) », fondement du mode de pensée Yin/Yang, dont il a publié une traduction chez Albin Michel en 2002.

Il a également publié Le Discours de la tortue. Découvrir la pensée chinoise au fil du Yi Jing et 100 Mots pour comprendre les Chinois.

vendredi, août 24, 2012

Tous cyberparlementaires pour en finir avec l'oligarchie des parasites



8th Wonderland


Dans le film 8th Wonderland, « des millions de personnes disséminées de par le monde et déçues de la manière dont celui-ci évolue décident de s'unir. Toutes guidées par le même désir d'améliorer les choses, de ne plus subir l'actualité sans pouvoir réagir. Par le biais d'Internet, elles créent le premier Pays virtuel : 8th Wonderland. Chaque semaine, tous ses habitants votent par référendum une motion différente... » (début du synopsis).

La technologie numérique permet à chacun de reprendre son destin en main dans le cadre d'une véritable démocratie directe, la seule démocratie concevable. Depuis des siècles, toutes les oligarchies politico-financières qui ont gouverné en prétendant représenter les peuples n'ont servi que leurs propres intérêts.

Dans notre prétendue démocratie, les citoyens sont en théorie égaux en droit, universellement semblables devant la loi et le suffrage. Mais dans l'entreprise, seuls les dirigeants déterminent la politique et les employés sont soumis à une organisation imposée d'en haut.

Les résultats des élections sont truqués : les moyens de la propagande restent la propriété de la classe dirigeante, le découpage des circonscriptions et les modes de scrutin défavorisent les candidats issus des classes populaires.

L'égalité des chances est supprimée par un système d'enseignement qui favorise les classes aisées (par le prix des études et l'héritage culturel).

La liberté de presse n'existe pas si les médias sont entre les mains des puissances d'argent, la liberté de pensée est atteinte par le conditionnement d'une information et d'une propagande à sens unique.

« L’électeur se figure que c’est lui qui élit son député. Il lui délègue, effectivement, ses pouvoirs souverains, mais l’élu n’est pas, pour autant, son véritable représentant. Souverain débonnaire et confiant, l’électeur n’exerce pas vraiment sa souveraineté. Une fois qu’il a déposé dans l’urne, tous les cinq ans, son bulletin de vote, il a transformé son mandataire et l’a fait entrer dans le Système qui fait des parlementaires et des gouvernants, sauf très rares exceptions, les serviteurs, parfois les laquais, des puissances d’argent.

Car le Système n’est démocratique que de nom. En fait, il fonctionne sous le contrôle étroit des oligarchies financières, qui règlent la note de sa campagne électorale et qui subventionnent son parti. »

Lire la suite du texte de Coston « Comment on devient député et comment on le reste » :

de Pierre Lévy

Pierre Lévy est philosophe et enseigne à l'Université du Québec, à Trois Rivières. Il est notamment l'auteur de L'Intelligence collective, de Cyber-culture et de World Philosophie.

Présentation de Cyberdémocratie :

« Sur Internet notamment, non seulement chacun ou presque peut mettre en ligne ce qu'il veut dire, non seulement des forums de discussion se créent, mais de véritables villes, de véritables régions virtuelles naissent, tissant des liens qui échappent aux barrières politiques et géographiques traditionnelles.

Cette liberté nouvelle est-elle un danger ou bien une chance ? Pour Pierre Lévy, elle annonce l'avènement prochain de la démocratie généralisée et jette les bases d'une véritable société civile planétaire et peut-être de nouvelles formes d'État.
Une synthèse visionnaire des transformations que la montée de l'Internet provoque dans la vie démocratique. »



Les fondements d’une cyberdémocratie internationale
pour contrer la dictature mondiale 

A propos de Cyberdémocratie par http://www.electropublication.net :

Pour Pierre LEVY, "depuis 1990 la disponibilité d’émetteurs satellites portables a permis aux journalistes de relayer, en instantané, audio et visuel, tous les événements du monde, faisant émerger en force une opinion publique globale sur des événements mondiaux.

C’est la prophétie de McLUHAN d’une « conscience globale », fruit des médias électronique, qui est réalisée. Et avec Internet toute organisation peut se structurer, pour ou contre, des informations mondiales avec beaucoup de facilités. On passe d’un internationalisme organisationnel à un internationalisme communicationnel.

A ce stade Pierre LEVY donne pour exemple les oppositions entre les courants « mondialistes » (américains) et les anti-mondialistes (anti-américains) ou encore les  « pour ou contre » Internet . De toutes les façons « l’un des grands mots d’ordre de la cyberdémocratie, aussi bien dans un camp que dans l’autre, est la lutte contre l’exclusion, la fracture, le devide » (p.158). (digital devide).

En définitive la cyberdémocratie à pour conséquence :

- De faire peur aux dictatures

- De permettre l’avènement d’une république de connecteurs

«  Le grand outil cyberspatial, bien commun, permet de piloter par la consommation, l’investissement et le travail coopératif une vie économique placée sous le signe de l’intelligence collective (...) tout ce que nous faisons envoie un message » p. 173.

Et le grand espoir de la cyberdémocratie réside dans la perspective d’une loi, une justice et un gouvernement planétaire car « le sens le plus profond du mouvement contemporain de mondialisation est la réunification de la famille humaine » (p.180). Pour LEVY il faut en effet une loi pour clarifier la diversité, les conflits actuels. Le cyberspace en tant qu’outil le permet : « nous pensons (...) renvoyer la guerre à la préhistoire de l’humanité » (p.188). C’est la condition non pas de la fin de l’histoire « mais du commencement de la véritable histoire » (p.189). 

Théorie de l’État transparent

Avec la cyberdémocratie il faut une nouvelle forme d’État. Trois événements majeurs y invitent : la mondialisation ; la montée du libéralisme ; l’émergence de la société de l’information (ou « utilisation de l’intelligence collective »).

Ces trois tendances pointent vers un État universel, cyberdémocratique et transparent.

Ses deux missions seraient : perfectionner l’intelligence collective globale en étant médiateur entre différents acteurs sociaux ; fournir à l’intelligence collective de la société un métaniveau de réflexion, régulation et gouvernance.

Ses trois fonctions : justice ; régulation/redistribution ; piloter la biosphère

Ses réalisations : offrir aux citoyens des agoras virtuelles, des bases de données

Il comprendrait quatre niveaux (mondial, continental, national, régional) et divers modes : l’espace public des auto-médias ; les agoras virtuelles ; le vote électronique ; l’administration en ligne ; le parlement électronique.

Et sa visée sera de perfectionner la médiation entre les individus car les différences ne sont plus culturelles, géographiques, entre les individus mais sémantiques : copyright, noms de domaines, hyperliens, piratage etc.
« L’espace virtuel du réseau commande dorénavant tous les autres espaces, puisqu’il abrite les processus d’intelligence collective des communautés virtuelles, à savoir la source de puissance intellectuelle (donc également des puissances économiques, culturelles, politiques, militaires etc. qui en dérivent) » (p.220).

Mais LEVY veut la paix et l’épanouissement universel de la diversité culturelle alors il « plaide pour une séparation de la culture et de l’État » (p. 226), car l’Etat-nation est une erreur puisqu’il aplanit la culture en un seul mode, le géographique. Or la culture doit être vivante, habitée : « les peuples ne seront plus ni de sang, ni de sol. Les peuples deviendront des lignées de signes dans la noosphère » (p.239).

L’intelligence collective : définitions

«  La poursuite du mouvement d’interconnexion généralisé entraînera une croissance corrélative de l’intelligence collective c’est-à-dire d’échanger les connaissances, de partager la mémoire, la perception, l’imagination et de multiplier les intelligences les uns par les autres (...). Cette croissance de l’intelligence collective va accélérer la création scientifique, technique, économique et culturelle » (p.199).

LEVY définit ainsi « l’intelligence » :

- En général : c’est une puissance d’autocréation

- En terme cognitifs : c’est la capacité d’apprentissage autonome

- En terme historique : c’est un processus d’évolution

« L’intelligence émerge de processus d’interaction circulaires et autoreproducteurs entre un grand nombre de systèmes complexes (...) L’intelligence est toujours le fait d’un collectif nombreux et interdépendant » (p.243). Exemple : un écosystème, une société humaine, un organisme.

- Les traits de l’intelligence collective humaine :

« L’humanité fait surgir une vitesse et une intensité d’autocréation inédite avant elle » (p.244) ;
son intelligence « s’accroît de la liberté et de la responsabilité de ses membres et les enrichit en retour » (p.243) ;
seuls les êtres humains sont capables d’apprendre en tant qu’espèce (mémoire collective, culture).

Et le cyberspace a augmenté ces capacités : fin des hiérarchies et hausse de la coopération ; fin des monopoles et hausse du bien commun.

On atteint un nouveau stade culturel, d’après alphabet, post-imprimerie : « l’interconnexion du moi crée un milieu ubiquitaire pour tous les signes culturels, leur reproduction et mutation accélérées » (p.246).

A ce stade Pierre LEVY reprend l’idée des quatre espaces anthropologiques qui lui est chère pour qualifier l’histoire de l’espèce humaine, en fait de l’intelligence collective humaine. Et Il s’appuie aussi sur la présentation par PASCAL de l’existence de deux royaumes (royaume de la concupiscence et royaume décadent) pour trouver le jeu des forces Yin/Yang, bien/mal qui préside au devenir de notre espèce. Il juge donc que le cyberspace reprend ce jeu d’ombres et lumières aujourd’hui : c’est là l’histoire de l’intelligence collective humaine et seule une éthique politique pourra réconcilier ces deux figures éternelles en nous : « la vraie partie se déroule entre magiciens et sorciers (...) Les sorciers se font la guerre entre eux pour capter la puissance des magiciens (...) mais les magiciens refusent le combat » (p.261).

L’éthique de l’intelligence collective met en évidence l’exigence du dialogue : exposer ses idées et écouter celles de l’autre plus évolué.

Au final donc Pierre LEVY appelle au dialogue : s’asseoir autour d’un feu et exposer honnêtement son point de vue à tour de rôles ; en écoutant les autres notre propre opinion change. C’est là l’évolution de l’intelligence collective que permet l’agora et tous les instruments du cyberspace.

« Quittons donc cette culture raisonneuse de partisans et d’accusateurs pour ouvrir la voie à une génération de justes » (p. 275)".

mercredi, août 22, 2012

Peut-on encore changer le monde ?





Centrisme révolutionnaire

Peut-on encore changer le monde ?

De toute façon y renoncer ne l'empêcherait pas de changer, mais reviendrait à laisser à d'autres, en particulier aux forces de régression, le soin de déterminer la nature de ce changement.

Le monde change et changera, malgré nos démissions, mais dans le sens désiré par ceux qui y investiront, eux, le plus de volonté, de fanatisme ou de rage. […]

Tandis que même d'ex-révolutionnaires reculent devant toute remise en cause de l'ordre existant, les contre-révolutionnaires, eux, n'hésitent pas à organiser partout un retour à l'ordre ancien.

Changer le monde signifie, d'abord, en redéfinir le principe de centralité. C'est ce que fit Galilée en ce qui concerne le système solaire. Et cela changea, effectivement, le monde.

Au centre, quoi ? Selon que, dans le passé, on répondit le totem, la horde, la tribu, les dieux ou dieu, le pape ou les pasteurs, Rome ou Byzance, le roi ou le parlement, l'aristocratie ou la bourgeoisie, on participa de cette restructuration du monde que l'on appelle une « révolution ».

Substituer le profit industriel à la rente foncière en tant que principe économique central, remplacer le papier par l'écran au centre du système de production culturelle, décentraliser le masculin au bénéfice du féminin en matière sociétale, constituèrent, en ce sens, autant d'authentiques révolutions.

Au centre, quoi ? Certains y placèrent l’État Léviathan, d'abord réparateur et égalisateur, mais vite devenu totalitaire par négation collectiviste de tout domaine privé. Des révolutions en chaîne, de Moscou à Prague, en passant par Varsovie et Bucarest, permirent de renverser, puis de changer ce monde-là.

D'autres voudraient, à la place de l’État, « centraliser » le profit, c'est-à-dire la recherche systématique et généralisée d'une appropriation et d'une concentration privée des richesses collectives. De Rio à Calcutta, de Johannesburg au Caire, de Stockholm à Marseille, on rêve de changer ce monde-là.

Pour le reconstruire autour de quel centre ? C'est ici que l'acceptation passive du cours des choses devient criminelle. Car, à notre soumission, répond alors l'activisme militant de ceux qui répondent : à la place du profit-centre, à la place de l'État-centre, réinstallons Dieu, la race, la tribu, la terre !

Et, dans ce concert de colères, de vindictes et d'imprécations exacerbées, on n'entend même plus la voix de ceux qui, là où l'État Moloch matraque son pouvoir, là où le profit impérial canonne ses « avoirs », veulent installer l'être, le sujet libre, la personne, c'est-à-dire l'homme démiurge qui, dans le passé, sut non seulement évangéliser les égoïsmes et dompter l'État, mais aussi transcender la tribu et mettre Jupiter à genoux.

En ce sens, c'est être véritablement « centriste » que de poser la question de la centralité — tout en récusant à la fois le terrorisme des bureaucraties centrales et la dictature du capital accumulé —, que refuser un monde de renards muselés et de poulaillers grillagés, mais aussi celui du renard libre dans le poulailler libre, que n'accepter ni que l'on étatise jusqu'à nos neurones ni que l'on privatise jusqu'à nos gènes.

Puisqu'une révolution pour renverser l'État mis à la place de l'individu fut jugée légitime, le serait tout autant une révolution destinée à bousculer le système de l'argent mis au cœur de tout et devenu âme de tout.

La question n'est finalement pas : « peut-on encore changer ce monde-là ? », car les malheurs qu'il génère ne sont contrebalancés que par la désespérance qu'il encourage ou les fureurs qu'il suscite ; mais : « qui le changera ? Et dans quelle perspective ? »

Dit autrement : renoncer aux révolutions pour le meilleur, c'est laisser le champ libre aux révolutions pour le pire : « centrisme révolutionnaire » ou radicalité contre-révolutionnaire : tel est le choix en quelque sorte.

Hier, ce fut au nom de cinq aspirations fondatrices que l'on parvint à changer le monde : l'aspiration humaniste, l'aspiration démocratique, l'aspiration nationale, l'aspiration sociale, l'aspiration libérale.

Il s'agit, aujourd'hui, de repenser et de refonder ces cinq dynamiques-là :

l'aspiration humaniste face aux nouveaux obscurantismes cléricaux ;

l'aspiration démocratique afin d'arracher aux nouvelles nomenklaturas, y compris celles de l'argent, ce que l'on restituera aux citoyens ;

l'aspiration sociale qui doit être opposée à la contre-réforme régressive générée par un néo-capitalisme anthropophage ;

l'aspiration nationale — fût-elle européenne — face au nouvel impérialisme hégémonique ;

l'aspiration libérale, enfin, qui, en rupture avec ce néocommunisme privatisé qu'instaure peu à peu un ultracapitalisme planétaire de monopole, permettra de restaurer la diversité, la pluralité, la concurrence, le libre accès au marché, et le véritable esprit d'entreprise.

Oui, on peut encore changer le monde. On le doit !

Jean-François Kahn


Dessin :

La guerre contre l’Islam est-elle une phase de la guerre ultime : la Guerre contre le Christ ?

La doctrine de la « démocratie libérale et des droits de l’homme » est une crypto-religion, une forme extrême, hérétique de judaïsme christ...