La souveraineté du peuple.
Un sénateur milliardaire : « La démocratie (du grec ancien δημοκρατία / dēmokratía), c'est la souveraineté du peuple ! »
Sarkozy
et Hollande sont le Pape et l'Empereur de l'UMPS, la ziggourat
politique de la corruption qui contrôle depuis des décennies la
fausse démocratie mais véritable ploutocratie française.
« Dante,
à la fin de son traité De
Monarchia,
définit d’une façon très nette les attributions respectives du
Pape et de l’Empereur ; voici ce passage important :
«
L’ineffable Providence de Dieu proposa à l’homme deux fins : la
béatitude de cette vie, qui consiste dans l’exercice de la vertu
propre et qui est représentée par le Paradis terrestre ; et la
béatitude de la vie éternelle, qui consiste à jouir de la vue de
Dieu, à quoi la vertu humaine ne peut pas se hausser si elle n’est
aidée par la lumière divine, et qui est représentée par le
Paradis céleste. A ces deux béatitudes, comme à des conclusions
diverses, il faut arriver par des moyens différents ; car à la
première nous arrivons par les enseignements philosophiques, pourvu
que nous les suivions en agissant selon les vertus morales et
intellectuelles ; à la seconde, par les enseignements spirituels,
qui dépassent la raison humaine, pourvu que nous les suivions en
agissant selon les vertus théologales, la Foi, l’Espérance et la
Charité. Ces conclusions et ces moyens, bien qu’ils nous soient
enseignés, les uns par la raison humaine qui nous est manifestée
tout entière par les philosophes, les autres par l’Esprit-Saint
qui nous a révélé la vérité surnaturelle, à nous nécessaire,
par les prophètes et les écrivains sacrés, par le Fils de Dieu,
Jésus-Christ, coéternel à l’Esprit, et par ses disciples, ces
conclusions et ces moyens, la cupidité humaine les ferait abandonner
si les hommes, semblables à des chevaux qui vagabondent dans leur
bestialité, n’étaient par le frein retenus dans leur route. C’est
pourquoi l’homme a eu besoin
d’une double direction suivant sa double fin, c’est-à-dire du
Souverain Pontife, qui, selon la Révélation, conduirait le genre
humain à la vie éternelle, et de l’Empereur, qui, selon les
enseignements philosophiques, le dirigerait à la félicité
temporelle. Et comme à ce port nul ne pourrait parvenir, ou il n’y
parviendrait que très peu de personnes et au prix des pires
difficultés, si le genre humain ne pouvait reposer libre dans la
tranquillité de la paix, après qu’auraient été apaisés les
flots de la cupidité insinuante, c’est à ce but que doit tendre
surtout celui qui régit la terre, le prince romain : que dans cette
petite habitation des mortels on vive librement en paix ».
Ce
texte a besoin d’un certain nombre d’explications pour être
parfaitement compris, car il ne faut par s’y laisser tromper : sous
un langage d’apparence purement théologique, il renferme des
vérités d’un ordre beaucoup plus profond, ce qui est d’ailleurs
conforme aux habitudes de son auteur et des organisations
initiatiques auxquelles celui-ci était rattaché. D’autre part, il
est assez étonnant, remarquons le en passant, que celui qui a écrit
ces lignes ait pu être présenté parfois comme un ennemi de la
Papauté ; il a sans doute, comme nous le disions plus haut, dénoncé
les insuffisances et les imperfections qu’il a pu constater dans
l’état de la Papauté à son époque, et en particulier, comme une
de leurs conséquences, le recourt trop fréquent à des moyens
proprement temporels, donc peu convenables à l’action d’une
autorité spirituelle ; mais il a su ne pas imputer à l’institution
elle-même les défauts des hommes qui la représentaient
passagèrement, ce que ne sait pas toujours faire l’individualisme
moderne.
Si
l’on se reporte à ce que nous avons déjà expliqué, on verra
sans difficulté que la distinction que fait Dante entre les deux
fins de l’homme correspond très exactement à celle des « petits
mystères » et des « grands mystères », et aussi, par conséquent,
à celle de l’« initiation royale » et de l’« initiation
sacerdotale ». L’Empereur préside aux « petits mystères », qui
concernent le « Paradis terrestre », c’est-à-dire la réalisation
de la perfection de l’état humain
;
le Souverain Pontife préside aux « grands mystères », qui
concernent le « Paradis céleste », c’est-à-dire la réalisation
des états supra-humains, reliés ainsi à l’état humain par la
fonction « pontificale », entendue en son sens strictement
étymologique. L’homme, en tant qu’homme, ne peut évidemment
atteindre par lui-même que la première de ces deux fins, qui peut
être dite « naturelle », tandis que la seconde est proprement «
surnaturelle », puisqu’elle réside au delà du monde manifesté ;
cette distinction est donc bien celle de l’ordre « physique » et
de l’ordre « métaphysique ». Ici apparaît aussi clairement que
possible la concordance de toutes les traditions, qu’elles soient
d’Orient ou d’Occident : en définissant comme nous l’avons
fait les attributions respectives des Kshatriyas et des Brahmanes,
nous étions bien fondé à n’y pas voir seulement quelque chose
d’applicable à une certaine forme de civilisation, celle de
l’Inde, puisque nous les retrouvons, définies d’une façon
rigoureusement identique, dans ce qui fut, avant la déviation
moderne, la civilisation traditionnelle du monde occidental.
Dante
assigne donc pour fonctions à l’Empereur et au Pape de conduire
l’humanité respectivement au « Paradis terrestre » et au «
Paradis céleste » ; la première de ces deux fonctions s’accomplit
« selon la philosophie », et la seconde « selon la Révélation »
; mais ces termes sont de ceux qui demandent à être expliqués
soigneusement. Il va de soi, en effet, que la « philosophie » ne
saurait être entendue ici dans son sens ordinaire et « profane »,
car, s’il en était ainsi, elle serait trop manifestement incapable
de jouer le rôle qui lui est assigné ; il faut, pour comprendre ce
dont il s’agit réellement, restituer à ce mot de « philosophie »
sa signification primitive, celle qu’il avait pour les
Pythagoriciens, qui furent les premiers à en faire usage. Comme nous
l’avons indiqué ailleurs (« La
Crise du Monde moderne »),
ce mot, signifiant étymologiquement « amour de la sagesse »,
désigne tout d’abord une disposition préalable requise pour
parvenir à la sagesse, et il peut désigner aussi, par une extension
toute naturelle, la recherche qui, naissant de cette disposition
même, doit conduire à la véritable connaissance ; ce n’est donc
qu’un stade préliminaire et préparatoire, un acheminement vers la
sagesse, comme le « Paradis terrestre » est une étape sur la voie
qui mène au « Paradis céleste ». Cette « philosophie », ainsi
entendue, est ce qu’on pourrait appeler, si l’on veut, la «
sagesse humaine », parce qu’elle comprend l’ensemble de toutes
les connaissances qui peuvent être atteintes par les seules facultés
de l’individu humain, facultés que Dante synthétise dans la
raison, parce que c’est par celle-ci que se définit proprement
l’homme comme tel ; mais cette « sagesse humaine » précisément
parce qu’elle n’est qu’humaine, n’est point la vraie sagesse,
qui s’identifie avec la connaissance métaphysique. Cette dernière
est essentiellement supra-rationnelle, donc aussi supra-humaine ; et,
de même que, à partir du « Paradis terrestre », la voie du «
Paradis céleste » quitte la terre pour « salire
alle stelle »,
comme dit Dante, c’est-à-dire pour s’élever aux états
supérieurs, que figurent les sphères planétaires et stellaires
dans le langage de l’astrologie, et les hiérarchies angéliques
dans celui de la théologie, de même, pour la connaissance de tout
ce qui dépasse l’état humain, les facultés individuelles
deviennent impuissantes, et il faut d’autres moyens : c’est ici
qu’intervient la « Révélation », qui est une communication
directe des états supérieurs, communication qui, comme nous
l’indiquions tout à l’heure, est effectivement établie par le «
pontificat ». La possibilité de cette « Révélation » repose sur
l’existence de facultés transcendantes par rapport à l’individu
: quel que soit le nom qu’on leur donne, qu’on parle par exemple
d’« intuition intellectuelle » ou d’« inspiration », c’est
toujours la même chose au fond ; le premier de ces deux termes
pourra faire penser en un sens aux états « angéliques », qui sont
en effet identiques aux états supra-individuels de l’être, et le
second évoquera surtout cette action de l’Esprit-Saint à laquelle
Dante fait allusion expressément1
;
on pourra dire aussi que ce qui est « inspiration » intérieurement,
pour celui qui la reçoit directement, devient « Révélation »
extérieurement, pour la collectivité humaine à laquelle elle est
transmise par son intermédiaire, dans la mesure où une telle
transmission est possible, c’est-à-dire dans la mesure de ce qui
est exprimable. Naturellement, nous ne faisons que résumer là très
sommairement, et d’une façon peut-être un peu trop simplifiée
par là même, un ensemble de considérations qui, si l’on voulait
les développer plus complètement, seraient assez complexes et
s’écarteraient d’ailleurs beaucoup de notre sujet ; ce que nous
venons de dire est en tout cas suffisant pour le but que nous nous
proposons présentement. »
René
Guénon, « Autorité spirituelle et pouvoir temporel »
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