mardi, avril 05, 2011

Une femme dirigera-t-elle la France ?




Mario de Sabato, célèbre voyant des années 70-80, avait prévu la chute du shah d'Iran, la guerre au Liban, l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement socialiste en France...

Dans son livre « Les manipulateurs du destin », édité en 1985, celui que certains ont surnommé « le Nostradamus du 20ème siècle » écrit :

« Un Noir à la Maison-Blanche. C'est la vision qui s'impose à moi quand je pense au futur des Etats-Unis. Cette prédiction pourrait se réaliser au cours du troisième conflit mondial ; Ce président de couleur résoudra tous les problèmes raciaux qui se posent dans ce grand pays. Les mariages entre Blancs et Noirs se multiplieront. Les races se mélangeront et s'unifieront.

Ce président noir sera un des grands serviteurs de la paix. Il voyagera beaucoup de par le monde et se rendra souvent en Europe pour tenter de raisonner les belligérants. Il trouvera une alliée précieuse à Paris en la personne de la Présidente de la République française. Une femme, en effet, sera portée à cette époque à la magistrature suprême de la France.

Tous deux, Président des Etats-Unis et Présidente de la France seront des figures centrales des années troublées du troisième conflit mondial. Leur influence, leur charisme ne plairont certes pas aux forces du mal, qui tenteront contre eux de nombreux attentats, mais par une grâce du destin ces deux chefs rayonnants échapperont - parfois de justesse - aux traquenards des terroristes. »


La troisième guerre mondiale selon Mario de Sabato :


« En fait, ce conflit est d'ores et déjà engagé. Il se développe sous nos yeux. Comme je l'ai prédit, il prend l'aspect larvé de déflagrations locales, de révolutions qui se succèdent, se chevauchent, s'enchevêtrent. A l'origine de toutes ces guerres il y a un cerveau unique. En apparence, mais en apparence seulement, elles n'ont pas l'air d'être liées entre elles. Elles semblent sans aucun rapport, chacune paraissant poursuivre un objectif différent. Ici, c'est une revendication territoriale. Là, un soulèvement pour l'indépendance. Ailleurs, une croisade pour la religion. Mais toutes ont un point commun : elles concourent à affaiblir le monde libre et démocratique dans lequel nous vivons. »

En 2011, l'armée française est directement engagée dans plusieurs conflits : Afghanistan, Libye, Côte-d'Ivoire.

Qui gouvernera la France ?

2012, après DSK, les jeunes préfèrent Marine Le Pen.
C'est l'enseignement d'une étude d'opinion

Forcément, si elle est en vogue dans les sondages, c'est qu'elle grapille dans toutes les catégories. Et notamment chez les jeunes. Marine Le Pen est bien placée dans les intentions de vote des 18-24 ans pour la présidentielle, arrivant deuxième dans l'hypothèse d'une candidature de Dominique Strauss-Kahn, première ex-aequo si c'est Ségolène Royal qui se présente, et en tête devant Martine Aubry et François Hollande.

Selon un sondage Ipsos/Logica pour la radio internet Goom Radio, en cas d'une candidature de Dominique Strauss-Kahn, celui-ci aurait 30% des intentions de vote si le premier tour de l'élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, loin devant Mme Le Pen (20%).

Sarkozy troisième

Le président Nicolas Sarkozy (14%) serait troisième, suivi de François Bayrou (12%), Olivier Besancenot (11%), Dominique de Villepin (cinq pour cent), Nathalie Arthaud (trois pour cent), Eva Joly (deux pour cent), Jean-Luc Mélenchon, Hervé Morin et Nicolas Dupont-Aignan (un pour cent chacun). Vingt-trois pour cent ne se sont pas prononcés.

Si Ségolène Royal se présente, elle ferait jeu égal avec Marine Le Pen, 21% chacune, suivies de Nicolas Sarkozy, 16%. François Bayrou et Olivier Besancenot viendraient ensuite, 13% chacun. Vingt-trois pour cent ne se prononcent pas.

En cas de candidature de Martine Aubry, la première secrétaire du PS recueillerait 14% des intentions de vote des jeunes, derrière Marine Le Pen (23%), Nicolas Sarkozy (16%), François Bayrou et Olivier Besancenot (15%). Vingt-cinq pour cent ne se prononcent pas.

Les écolos ne séduisent pas.

Enfin, si François Hollande est le candidat socialiste, il ne recueillerait que 10% des voix des 18-24 ans, derrière Marine Le Pen (22%), Nicolas Sarkozy (18%), François Bayrou (16%), Olivier Besancenot (14%), et Dominique de Villepin (11%). Vingt-sept pour cent ne se prononcent pas.
Lire la suite :


Les manipulateurs du destin






Ce livre est un violent réquisitoire contre les « manipulateurs du destin » qui préparent dans l'ombre la guerre...




lundi, avril 04, 2011

Magie rituelle & démons




Poursuivie par d'imaginaires démons

La vie religieuse au Tibet ? Y a-t-il là quelque chose de religieux, j'entends de religieux au sens que nous attachons dans notre esprit au terme religieux ?

Je crois devoir répondre non.

Et quoi ? me direz-vous, que signifient donc ces immenses monastères dont certains abritent plus de dix mille moines ? Que signifient ces ermites dont vous nous avez parlé dans vos livres, ces ermites qui vivent dans des cavernes sur les hautes montagnes plongés dans de continuelles méditations ? Est-ce que tout cela ne dénote pas de la religion ? Je réponds non. Au Tibet cela ressort de la magie ou de la recherche philosophique et psychologique.

Tous les rites des Tibétains sont à tendances magiques. Il en est de très naïfs et il en est de très subtils.

Les Tibétains croient que notre monde, celui que nous voyons et que nous touchons quotidiennement est contigu à d'autres mondes peuplés d'êtres différents de nous mais dont la mentalité a pourtant des points de ressemblance avec la nôtre. Ces mondes nous ne les percevons généralement pas. Mais, en des occasions exceptionnelles, il peut nous arriver d'en entrevoir quelque chose. Certains hommes, aussi, qui ont évolué des sens spéciaux, discernent ces mondes et leurs habitants d'une façon continue. Mais que nous soyons conscients de leur existence ou que nous ne le soyons pas, les êtres de ces mondes, soit volontairement soit automatiquement, exercent une influence sur nous comme, de notre côté, nous en exerçons une sur eux.

Il y a des dieux, des génies, des démons masculins, féminins ou sans sexe. Certains sont bienfaisants d'autres sont portés à nuire. Il en est qui ont le pouvoir de créer autour de nous des conditions heureuses, de nous maintenir en bonne santé, de faire prospérer nos affaires, etc. Il y en a qui peuvent grandement nous aider et, aussi, grandement nous nuire si nous ne gagnons pas leur amitié ; mais les Tibétains sont plutôt enclins à douter de la bienveillance spontanée de ces personnages. Alors pour profiter des biens qu'il est en leur pouvoir de nous procurer il faut les forcer, les contraindre à employer leur pouvoir en notre faveur. Contraindre le Dieu ou le démon est un acte de magie. C'est se mesurer avec lui, essayer d'en faire son serviteur. Cela ne ressemble pas à la prière, cela n'a rien de religieux.

Au lieu de la contrainte l'on peut, aussi, user de procédés aimables, par exemple, plaire au dieu ou au démon en lui donnant des choses qui lui sont agréables, ou en lui procurant du plaisir d'une manière ou d'une autre.

Quand je dis démon ne vous imaginez pas des êtres pareils à ceux que les gens de nos pays croient exister en enfer. Point du tout. Le démon est un individu qui a des tendances à être méchant mais il peut avoir des moments de bonne humeur pendant lesquels il ne cherche pas à faire de mal. Et puis, il ne restera pas éternellement un démon. Il mourra comme nous tous nous mourrons après une vie plus ou moins longue. Et, après être mort, il renaîtra, comme nous tous nous renaîtrons aussi, pour recommencer une autre vie - C'est ce que croient les Tibétains - Alors, si le démon ne s'est pas trop laissé aller à sa tendance au mal, il pourra renaître dans un milieu où il ne sera plus un démon, il pourra devenir un homme ou un autre individu.

Une grande quantité de rites tibétains ont donc pour but d'obtenir d'une manière ou d'une autre, pour notre bénéfice, le concours des personnalités extra-humaines. Tout au moins c'est ainsi que le commun des Tibétains comprend ces rites.

L'opinion des lamas savants est toute différente, mais ils ne l'expriment pas ouvertement. Pour ces lamas, tout ce monde fantastique composé de dieux et de démons n'est en réalité que le domaine de forces de différents genres. L'homme qui s'est initié à la connaissance de ces forces, qui en connaît la nature, qui a appris la façon de les manipuler peut parvenir à produire ces phénomènes que le commun des hommes considère comme des prodiges. Les lamas qui s'adonnent à ces recherches demeurent peu souvent dans les monastères. Ils se retirent dans des endroits isolés où rien ne les dérange dans leurs études et dans leurs expériences.

Quand on parle de monastères tibétains il faut se garder de les imaginer comme ressemblant aux monastères catholiques de nos pays. On doit plutôt se les représenter comme des villes ou comme des villages s'ils sont peu importants. Un monastère qui ne compte que deux mille moines n'est pas considéré comme un grand monastère. Il existe, je viens de vous le dire, quelques monastères dont la population se monte à près de dix mille moines ou même à plus que ce nombre.

Le monastère est généralement entouré d'une muraille percée de portes qui sont closes le soir. Les moines ne vivent pas en communauté. Chacun d'eux a son logement particulier. Les grands lamas occupent de véritables palais, d'autres lamas sont propriétaires d'une maison confortable, de moins riches louent un appartement ou une chambre chez des confrères. Les moines tibétains ne font pas vœu de pauvreté. Les uns reçoivent une rente de leur famille ; d'autres possèdent des terres ou du bétail, d'autres encore placent de l'argent dans le commerce. Il y en a qui vivent de leurs talents comme professeurs, comme secrétaires, comme peintres de tableaux religieux, certains confectionnent des vêtements monastiques. Tout au bas de l'échelle on trouve des domestiques travaillant chez des Lamas plus riches.

Tous les matins, les moines se réunissent dans la grande salle pour la récitation de livres sacrés. Cette récitation se fait en psalmodiant avec une voix très grave et avec des ondulations de sons d'un effet très impressionnant; Ceux qui sont savants en cette matière vous diront que cette psalmodie a été calculée pour produire certaines ondes sonores particulières destinées à produire des effets spéciaux. Des instruments de musique et des timbales se font entendre de temps en temps. Les moines agitent, aussi, par moments, des clochettes et une espèce particulière de tambourin ; tout cela a une signification et vise à obtenir des effets par la combinaison des vibrations des sons. C'est de la magie.

Les laïcs appellent parfois chez eux des lamas pour y célébrer certains rites visant à amener la prospérité, la bonne santé ou d'autres avantages sur les hôtes de la maison. Mais les laïcs n'assistent pas aux offices célébrés dans les temples des monastères. Ce n'est pas que cela leur soit défendu, mais il n'ont rien à faire là et il n'y a pas de place réservée pour eux dans les endroits où les offices sont célébrés. Il y a aussi des rites secrets auxquels les initiés sont seuls admis comme participants ou comme témoins.

Un lama est souvent aussi appelé auprès d'un malade qui va mourir. Son rôle consiste à enseigner au mourant ce qui l'attend dans le monde où il va entrer et à lui donner des conseils sur la manière dont il doit s'y conduire.

Vous savez que les Bouddhistes croient qu'avant de vivre notre vie actuelle nous en avons vécu beaucoup d'autres et que les circonstances foncières de notre vie actuelle sont les conséquences d'actes physiques et mentaux qui ont été effectués dans ces vies précédentes. De même, les circonstances fondamentales de la vie future découleront elles ; des actes accomplis dans la vie présente. Mais c'est là une direction caractère général, elle n'est pas absolument stricte. La cause déterminante principale dévie plus ou moins sous l'action de causes secondaires qui s'y adjoignent. En somme il y a. probabilité quant à ce que sera la vie future d'un individu mais il n'y a pas de certitude absolue.

Cette idée que l'on peut modifier les conséquences des actes, les Tibétains l'appliquent à l'au-delà de la mort. L'esprit désincarné est plongé dans un monde effarant pour lui doit conserver son sang-froid. Il ne faut pas qu'il se laisse rouler inerte jusqu'au but où le poids des actes commis dans ses vies antérieures l'entraîne. Il doit être alerte, prêt à discerner les voies et les moyens qui s'offrent à lui pour améliorer son sort futur. Tout cela est illustré sous la forme d'un voyage dans l'autre monde, de paysages que l'esprit voit le long de sa route et de personnages qu'il rencontre. Le lama lit cette description au moribond et l'exhorte à tenir compte des renseignements qui lui sont fournis.

Cette pratique n'est pas véritablement bouddhiste ; son origine peut être trouvée dans la religion des Böns, une branche du Taoïsme qui prévalait au Tibet avant l'introduction du Bouddhisme dans le pays et dont les doctrines se sont mêlées avec celles du Bouddhisme.

Cette lecture n'a lieu que pour les laïcs et pour les moines du bas clergé qui sont très ignorants. Les lamas lettrés et, surtout, les initiés aux doctrines secrètes sont jugés connaître mieux que ces symboles et n'avoir pas besoin de guides dans un au-delà dont ils ont déjà percé le mystère.

Quant aux masses populaires elles continuent à être dominées par la crainte des démons; je dois dire une fois de plus que le Tibet est un pays étrange bien propre à engendrer la crainte par les phénomènes bizarres qui s'y produisent. Parmi les croyances les plus communes, relatives aux démons, est celle que des démons errants suivent les voyageurs. Ils épient leur fatigue, leur état de santé et, dès qu'ils les voient suffisamment affaiblis, ils en font leur proie. Mais, comprenez-moi, ils ne dévorent pas le corps du voyageur ; celui-ci meurt parce que le démon, profitant de son état de faiblesse, saisit le souffle vital du malade et le mange. Mange ce principe vital et non pas le corps matériel. A cause de cette croyance les Tibétains refusent souvent l'hospitalité à des voyageurs par crainte qu'un démon ne s'introduise dans la maison à leur suite et n'y fasse sa proie d'un être humain ou d'un animal.

Une aventure singulière m'est arrivée à ce sujet.

Tandis que je me trouvais chez des fermiers où je devais passer la nuit un orage survint et un pauvre idiot qui passait sur la route entra pour se mettre à l'abri dans la cuisine où j'étais. La fermière s'imagina que le garçon était un de mes domestiques. Moi je crus qu'il faisait partie de la famille des fermiers. Mais le garçon se conduisit de façon étrange; il parut essayer de manger et ne pas pouvoir le faire, puis il jeta son bol par terre et s'en alla sans dire un seul mot. La fermière me questionna à son sujet, je répondis que je ne connaissais pas le garçon, elle non plus ne le connaissait pas. Il n'en fallait pas davantage, elle conclut que l'idiot était un démon qui m'avait suivi. Elle était terrifiée.

Au milieu de la nuit mon fils adoptif me réveilla et me dit que la fermière avait été prise d'une violente fièvre et criait que le démon mangeait son âme. Le mari vociférait contre nous en agitant un sabre ; il fallait nous sauver en hâte. Si le village s'ameutait nous courions le risque d'être écharpés.

Nous réussîmes à partir sans encombre et nous marchâmes bon train à travers la forêt. Vers la fin de la matinée, comme personne ne nous poursuivait, nous nous arrêtâmes pour faire un thé et déjeuner.

Tandis que nous étions là, un homme passa à cheval en se hâtant : « Où allez vous ? » lui cria un de mes hommes. C'est l'usage de poser cette question à tous ceux que l'on rencontre.

« Je vais chercher un lama pour le service funèbre de la fermière chez qui vous avez logé hier ; elle est morte un peu après votre départ », répondit le passant.

Les hommes qui m'accompagnaient étaient devenus pâles.

« Elle est morte de peur » leur dis-je, « sans doute elle avait déjà le cœur malade. N'importe, partons tout de suite. » Je craignais que les paysans ne nous poursuivent.

Ils ne nous poursuivirent pas mais comme nous continuions notre route des bûcherons qui travaillaient au loin dans la forêt se mirent à se héler. Cela faisait des Ohohohohoh, des ahahahahah que l'écho répercutait de façon assez lugubre. Mes hommes, l'esprit tout occupé de leur superstition perdirent la tète. Ils s'imaginèrent que des démons hurlaient.

« Les démons !... Les démons nous poursuivent, ils vont nous dévorer ! », criaient-ils.

Ce fut une course éperdue. Les chevaux que l'on fouettait trébuchaient dans les racines qui émergeaient du sentier, les caisses de bagages s'entrechoquaient, tout ce que je pouvais dire ne servait à rien, mes hommes criaient toujours « les démons ! les démons !... » A cette allure folle, nous franchîmes un col, nous dégringolâmes en avalanche jusque dans une vallée et, là hommes et bêtes s'arrêtèrent enfin pantelants et abrutis...

Évidemment tout cela ressort des superstitions populaires, il en existe dans tous les pays, il ne faudrait pas s'imaginer qu'il n'y a rien que superstitions au Tibet. Il y existe une sorte de magie scientifique bien curieuse à étudier. Il y existe, aussi, des doctrines philosophiques profondes.

Alexandra David Néel, « Voyages et aventures de l'esprit ».


Voici des textes inédits d'Alexandra David Neel, retrouvés par Marie-Madeleine Peyronnet et Marc de Smedt dans sa maison de Digne où elle termina ses jours en 1969. Ce recueil est d'autant plus intéressant qu'il couvre tout le champ de son existence aventureuse, de la Belgique à la Tunisie, de la Corée au Japon, du Sikkim à l'Indochine, de l'Inde au Tibet. Toute sa philosophie se trouve exposée ici, ainsi que sa réflexion spirituelle alimentée par la rencontre de grands maîtres et ermites en Orient et par les textes sacrés qu'elle traduisait elle-même. A la suite de ces vingt-deux écrits essentiels, on lira le vibrant hommage posthume qu'adressa l'actuel Dalaï-lama en 1982 à cette grande dame de l'esprit.

Sommaire

Une aventurière de l'esprit, par Marc de Smedt
Quelques dates
L'aboutissement d'une vie, entretien avec Madeleine Peyronnet

Textes d'Alexandra David Néel :

De l'importance des influences ambiantes
Fête antique au théâtre romain de Carthage
Devant la face d'Allah, conte du désert

Alexandra David Néel face au Tibet
Poursuivie par d'imaginaires démons
Phénomènes psychiques et médiums au Tibet
Une Occidentale face aux femmes tibétaines
La mort du XIIIe Dalaï-lama
Comment les Tibétains envisagent la mort
Réflexions sur la discipline spirituelle bouddhique

Notes sur l'Asie
Du désert de Gobi au Tibet
Statues sacrées en Inde
Népal des Dieux et des hommes
La Corée des monastères
Indochine, mythe éternel
Sikkim, le pays caché
Réalités et féeries du Japon
Wesak, la fête du Bouddha
Le vide
Gurdjieff, Dordjieff et Shambala
On demande des explorateurs
Carnets personnels
Hommage du Dalaï-lama à Digne



Illustration :

Linga à tête d'oiseau dont les bras et les pieds sont enchaînés. Trois scorpions lui dévorent respectivement la tête, la poitrine et les organes sexuels. L'inscription indique quels mantra doivent être inscrits dans le linga et la manière de les utiliser. Ce linga a pour but de soumettre les bsen-mo, esprits maléfiques féminins. (Le manuscrit d'Or)

dimanche, avril 03, 2011

L'initiation et les métiers







Le syndicalisme français ne se relèvera pas du coup porté par la loi Le Chapelier, promulguée en France le 14 juin 1791, qui proscrivait les organisations ouvrières. La révolution bourgeoise de 1789, en mettant fin aux corporations du moyen âge, livrait la France au capitalisme destructeur. 

Karl Marx écrit :
« Les lois des corporations du moyen âge empêchaient méthodiquement la transformation du maître en capitaliste, en limitant par des édits rigoureux les nombre maximum des compagnons qu'il avait le droit d'employer, et encore on lui interdisait l'emploi de compagnons dans tout genre de métier autre que le sien. La corporation se gardait également avec un zèle jaloux contre tout empiétement du capital marchand, la seule forme libre du capital qui lui faisait vis-à-vis. Le marchand pouvait acheter toute sorte de marchandises le travail excepté. Il n'était souffert qu'à titre de débitant de produits. Quand des circonstances extérieures nécessitaient une division du travail progressive, les corporations existantes se subdivisaient en sous-genres, ou bien il se formait des corporations nouvelles à côté des anciennes, sans que des métiers différents fussent réunis dans un même atelier. L'organisation corporative excluait donc la division manufacturière du travail, bien qu'elle en développât les conditions d'existence en isolant et perfectionnant les métiers. En général le travailleur et ses moyens de production restaient soudés ensemble comme l'escargot et sa coquille. Ainsi la base première de la manufacture, c'est-à-dire la forme capital des moyens de production, faisait défaut. » (LE CAPITAL, livre 1)

Dans « L'initiation et les métiers », article paru dans la revue Voile d'Isis (avril 1934), René Guénon traite de la conception traditionnelle des métiers.


L'initiation et les métiers

Nous avons dit souvent que la conception « profane » des sciences et des arts, telle qu'elle a cours actuellement en Occident, est chose très moderne et implique une dégénérescence par rapport à un état antérieur où les uns et les autres présentaient un caractère tout différent. La même chose peut être dite aussi des métiers ; et, d'ailleurs, la distinction entre les arts et les métiers, ou entre « artiste » et « artisan », est, elle aussi, spécifiquement moderne, comme si elle était née de cette déviation profane et n'avait de sens que par elle. L'artifex, pour les anciens, c'est, indifféremment, l'homme qui exerce un art ou un métier; mais ce n'est, à vrai dire, ni l'artiste ni l'artisan au sens que ces mots ont aujourd'hui ; c'est quelque chose de plus que l'un et que l'autre, parce que, originairement tout au moins, son activité est rattachée à des principes d'un ordre beaucoup plus profond.

Dans route civilisation traditionnelle, en effet, toute activité de l'homme, quelle qu'elle soit, est toujours considérée comme dérivant essentiellement des principes ; par là, elle est comme « transformée », pourrait-on dire, et, au lieu d'être réduite à ce qu'elle est en tant que simple manifestation extérieure (ce qui est en somme le point de vue profane), elle est intégrée à la tradition et constitue, pour celui qui l'accomplit, un moyen de participer effectivement à celle-ci. Il en est ainsi même au simple point de vue exotérique : si l'on envisage, par exemple, une civilisation telle que la civilisation islamique, ou la civilisation chrétienne du Moyen Age, rien n'est plus facile que de se rendre compte du caractère « religieux » qu'y revêtent les actes les plus ordinaires de l'existence. C'est que, là, la religion n'est point quelque chose qui occupe une place à part, sans aucun rapport avec tout le reste, comme elle l'est pour les Occidentaux modernes (pour ceux du moins qui consentent encore à admettre une religion) ; au contraire, elle pénètre toute l'existence de l'être humain, ou, pour mieux dire, tout ce qui constitue cette existence, et en particulier la vie sociale, se trouve comme englobé dans son domaine, si bien que, dans de telles conditions, il ne peut y avoir en réalité rien de « profane », sauf pour ceux qui, pour une raison ou pour une autre, sont en dehors de la tradition, et dont le cas représente alors ; une simple anomalie. Ailleurs, où il n'y a rien a quoi s'applique proprement le nom de « religion », il n'y en a pas moins une législation traditionnelle et « sacrée » qui, tout en ayant des caractères différents, remplit exactement le même rôle ; ces considérations peuvent donc s'appliquer à toute civilisation traditionnelle sans exception. Mais il y a encore quelque chose de plus : si nous passons de l'exotérisme à l'ésotérisme (nous employons ici ces mots pour plus de commodité, bien qu'ils ne conviennent pas avec une égale rigueur à tous les cas), nous constatons, très généralement, l'existence d'une initiation liée aux métiers et prenant ceux-ci pour base ; c'est donc que ces métiers sont encore susceptibles d'une signification supérieure et plus profonde ; et nous voudrions indiquer comment ils peuvent effectivement fournir une voie d'accès au domaine initiatique.

Ce qui permet le mieux de le comprendre, c'est la notion de ce que la doctrine hindoue appelle swadharma, c'est-à-dire l'accomplissement par chaque être d'une activité conforme à sa nature propre ; et c'est aussi par cette notion, ou plutôt par son absence, que se marque le plus nettement le défaut de la conception profane. Dans celle-ci, en effet, un homme peut adopter une profession quelconque, et il peut même en changer à son gré, comme si cette profession était quelque chose de purement extérieur à lui, sans aucun lien réel avec ce qu'il est vraiment, avec ce qui fait qu'il est lui-même et non pas un autre. Dans la conception traditionnelle, au contraire, chacun doit normalement remplir la fonction à laquelle il est destiné par sa nature même ; et il ne peut en remplir une autre sans qu'il y ait là un grave désordre, qui aura sa répercussion sur toute l'organisation sociale dont il fait partie ; bien plus, si un tel désordre vient à se généraliser, il en arrivera à avoir des effets sur le milieu cosmique lui-même, toutes choses étant liées entre elles selon de rigoureuses correspondances. Sans insister davantage sur ce dernier point, qui pourrait cependant trouver assez facilement son application aux conditions de l'époque actuelle, nous ferons remarquer que l'opposition des deux conceptions peut, tout au moins sous un certain rapport, être ramenée à celle d'un point de vue « qualitatif » et d'un point de vue « quantitatif » : dans la conception traditionnelle, ce sont les qualités essentielles des êtres qui déterminent leur activité ; dans la conception profane, les individus ne sont plus considérés que comme des « unités » interchangeables, comme s'ils étaient, en eux-mêmes, dépourvus de toute qualité propre. Cette dernière conception, qui tient manifestement de près aux idées modernes d'« égalité » et d'« uniformité » (celle-ci étant littéralement au rebours de l'unité véritable, car elle implique la multiplicité pure et « inorganique » d'une sorte d'« atomisme » social), ne peut logiquement aboutir qu'à l'exercice d'une activité purement « mécanique », dans laquelle il ne subsiste plus rien de proprement humain ; et c'est bien la, en effet, ce que nous pouvons constater de nos jours. Il doit donc être bien entendu que les métiers « mécaniques » des modernes n'étant qu'un produit de la déviation profane, ne sauraient aucunement offrir les possibilités dont nous entendons parler ici ; à vrai dire, ils ne peuvent même pas être considérés comme des métiers, si l'on veut garder à ce mot son sens traditionnel, le seul qui nous intéresse présentement.

Si le métier est quelque chose de l'homme même, et comme une manifestation ou une expansion de sa propre nature, il est facile de comprendre qu'il puisse, comme nous le disions tout à l'heure, servir de base à une initiation, et même qu'il soit, dans la généralité des cas, ce qu'il y a de mieux adapté à cette fin. En effet, si l'initiation a essentiellement pour but de dépasser les possibilités de l'individu humain, il n'en est pas moins vrai qu'elle ne peut prendre pour point de départ que cet individu tel qu'il est ; de là la diversité des voies initiatiques, c'est-à-dite en somme des moyens mis en œuvre à titre de « supports », en conformité avec la différence des natures individuelles, cette différence intervenant d'ailleurs d'autant moins, par la suite, que l'être avancera davantage dans sa voie. Les moyens ainsi employés ne peuvent avoir d'efficacité que s'ils correspondent à la nature même des êtres auxquels ils s'appliquent ; et, comme il faut nécessairement procéder du plus accessible au moins accessible, de l'extérieur à l'intérieur, il est normal de les prendre dans l'activité par laquelle cette nature se manifeste au-dehors. Mais il va de soi que cette activité ne peut jouer un tel rôle qu'en tant qu'elle traduit réellement la nature intérieure ; il y a donc là une véritable question de « qualification », au sens initiatique de ce terme ; et, dans des conditions normales, cette « qualification » devrait être requise pour l'exercice même du métier. Ceci touche en même temps à la différence fondamentale qui sépare l'enseignement initiatique de l'enseignement profane : ce qui est simplement « appris » de l'extérieur est ici sans aucune valeur ; ce dont il s'agit, c'est d'« éveiller » les possibilités latentes que l'être porte en lui-même (et c'est là, au fond, la véritable signification de la « réminiscence » platonicienne).

On peut encore comprendre, par ces dernières considérations, comment l'initiation, prenant le métier pour « support », aura en même temps, et inversement en quelque sorte, une répercussion sur l'exercice de ce métier. L'être, en effet, ayant pleinement réalisé les possibilités dont son activité professionnelle n'est qu'une expression extérieure, et possédant ainsi la connaissance effective de ce qui est le principe même de cette activité, accomplira dès lors consciemment ce qui n'était d'abord qu'une conséquence tout « instinctive » de sa nature ; et ainsi, si la connaissance initiatique est, pour lui, née du métier, celui-ci, à son tour, deviendra le champ d'application de cette connaissance, dont il ne pourra plus être séparé. Il y aura alors correspondance parfaite entre l'intérieur et l'extérieur, et l'œuvre produite pourra être, non plus seulement l'expression à un degré quelconque et d'une façon plus ou moins superficielle, mais l'expression réellement adéquate de celui qui l'aura conçue et exécutée, ce qui constituera le « chef-d'œuvre » au vrai sens de ce mot.

Ceci, on le voit, est bien loin de la prétendue « inspiration » inconsciente, ou subconsciente si l'on veut, où les modernes veulent voir la marque du véritable artiste, tout en regardant celui-ci comme supérieur à l'artisan, suivant la distinction plus que contestable dont ils ont pris l'habitude. Artiste ou artisan, celui agit sous une telle « inspiration » n'est en tout cas qu'un profane; il montre sans doute par là qu'il porte en lui certaines possibilités, mais, tant qu'il n'en aura pas pris effectivement conscience, même s'il atteint à ce qu'on est convenu d'appeler le « génie », cela n'y changera rien ; et, faute de pouvoir exercer un contrôle sur ces possibilités, ses réussites ne seront en quelque sorte qu'accidentelles, ce qu'on reconnaît d'ailleurs communément en disant que l'« inspiration » fait parfois défaut. Tout ce qu'on peut accorder, pour rapprocher le cas dont il s'agit de celui où intervient une véritable connaissance, c'est que l'œuvre qui, consciemment, ou inconsciemment, découle vraiment de la nature de celui qui l'exécute, ne donnera jamais l'impression d'un effort plus ou moins pénible, qui entraîne toujours quelque imperfection, parce qu'il est chose anormale; au contraire, elle tirera sa perfection même de sa conformité à la nature, qui impliquera d'ailleurs, d'une façon immédiate et pour ainsi dire nécessaire, son exacte adaptation à la fin à laquelle elle est destinée.

Si maintenant nous voulons définir plus rigoureusement le domaine de ce qu'on peut appeler les initiations de métier, nous dirons qu'elles appartiennent à l'ordre des « petits mystères », se rapportant au développement des possibilités qui relèvent proprement de l'état humain, ce qui n'est pas le but dernier de l'initiation, mais en constitue du moins obligatoirement la première phase. Il faut, en effet, que ce développement soit tout d'abord accompli dans son intégralité, pour permettre ensuite de dépasser cet état humain ; mais, au-delà de celui-ci, il est évident que les différences individuelles, sur lesquelles s'appuient ces initiations de métier, disparaissent entièrement et ne sauraient plus jouer aucun rôle. Comme nous l'avons expliqué en d'autres occasions, les « petits mystères » conduisent a la restauration de ce que les doctrines traditionnelles désignent comme l'« état primordial » ; mais, dès que l'être est parvenu a cet état, qui appartient encore au domaine de l'individualité humaine (et qui est le point de communication de celle-ci avec les états supérieurs), les différenciations qui donnent naissance aux diverses fonctions « spécialisées » ont disparu, bien que toutes ces fonctions y aient également leur source, ou plutôt par cela même ; et c'est bien à cette source commune qu'il s'agit en effet de remonter pour posséder dans sa plénitude tout ce qui est impliqué par l'exercice d'une fonction quelconque. .

Si nous envisageons l'histoire de l'humanité telle que l'enseignent les doctrines traditionnelles, en conformité avec les lois cycliques, nous devons dire que, à l'origine, l'homme ayant la pleine possession de son état d'existence, avait naturellement les possibilités correspondant à toutes les fonctions, antérieurement à toute distinction de celles-ci. La division de ces fonctions se produisit dans un stade ultérieur, représentant un état déjà inférieur à l'« état primordial », mais dans lequel chaque être humain, tout en n'ayant plus que certaines possibilités déterminées, avait encore spontanément la conscience effective de ces possibilités. C'est seulement dans une période de plus grande obscuration que cette conscience vint à se perdre ; et, des lors, l'initiation devint nécessaire pour permettre à l'homme de retrouver, avec cette conscience, l'état antérieur auquel elle est inhérente ; tel est en effet le premier de ses buts, celui qu'elle se propose le plus immédiatement. Cela, pour être possible, implique une transmission remontant, par une « chaîne » ininterrompue, jusqu'à l'état qu'il s'agit de restaurer, et ainsi, de proche en proche, jusqu'à l'« état primordial » lui-même; et encore, l'initiation ne s'arrêtant pas là, et les « petits mystères » n'étant que la préparation aux « grands mystères », c'est-à-dire à la prise de possession des états supérieurs de l'être, il faut remonter au-delà même des origines de l'humanité. En effet, il n'y a pas de véritable initiation, même au degré le plus inférieur et le plus élémentaire, sans intervention d'un élément « non humain », qui est, suivant ce que nous avons exposé précédemment en d'autres articles, l'« influence spirituelle » communiquée régulièrement par le rite initiatique. S'il en est ainsi, il n'y a évidemment pas lieu de rechercher « historiquement » l'origine de l'initiation, question qui apparaît des lors comme dépourvue de sens, ni d'ailleurs l'origine des métiers, des arts et des sciences, envisagés dans leur conception traditionnelle et « légitime », car tous, à travers des différenciations et des adaptations multiples, mais secondaires, dérivent pareillement de l'« état primordial », qui les contient tous en principe, et, par là, ils se relient aux autres ordres d'existence, au-delà de l'humanité même, ce qui est d'ailleurs nécessaire pour qu'ils puissent, chacun à son rang et selon sa mesure, concourir effectivement à la réalisation du plan du Grand Architecte de l'Univers.

René Guénon, « Mélanges ».


Mélanges

Selon Guénon, le monde moderne est un monde finissant qui ne saurait échapper à son destin, car la marche descendante du présent cycle temporel est inexorable.

La seule issue possible pour ceux qui veulent réagir contre cette tendance est la voie initiatique, quelles qu'en soient les difficultés. En effet, celle-ci implique deux conditions essentielles : un accord intellectuel fondamental sur les principes métaphysiques des doctrines traditionnelles et une transmission initiatique authentiquement valable, c'est-à-dire fort éloignée des multiples contrefaçons et pseudo-initiations qui foisonnent à notre époque.

Là-dessus, le message de Guénon n'a jamais varié et ses avertissements sont toujours aussi présents en 2011 qu'au début du 20ème siècle.




Illustration : blason des tourneurs


samedi, avril 02, 2011

Elizabeth II, lézard couronné ?



Klaus Wagner (1958-2007) était convaincu que la Reine Elizabeth II (née le 21 avril 1926), qu'il appelait Elizardbeast, est la bête de l'Apocalypse. Il avait conçu une théorie conspirationniste et prophétique d'après une herméneutique fondée sur le calcul mathématique. En outre, il estimait que Diana Spencer (1961-1997), princesse de Galles, était la femme attaquée par le dragon au chapitre 12 du texte biblique (le dragon est le symbole de la City de Londres).


Par l'intermédiaire du Daily Mirror, Klaus Wagner déclara à la princesse de Galles : « Vous êtes le seul espoir pour ce pays. La guerre de l'establishment contre vous a franchi une nouvelle étape. »





Photo : Klaus Wagner à Londres (6 mars 1996).



Camille Flammarion, serviteur de Belzébuth ou savant indigne ?




En 1869, l'astronome Camille Flammarion rédige et prononce l'éloge funèbre d'Allan Kardec, le fondateur du spiritisme et déclare : « Car, Messieurs, le spiritisme n'est pas une religion, mais c'est une science dont nous connaissons à peine l'a b c. ... En quoi consiste le mystère de la vie ? par quel lien l'âme est-elle attachée à l'organisme ? par quel dénouement s'en échappe-t-elle ? sous quelle forme et en quelles conditions existe-t-elle après la mort ? quels souvenirs, quelles affections garde-t-elle ? Ce sont là, Messieurs, autant de problèmes qui sont loin d'être résolus et dont l'ensemble constituera la science psychologique de l'avenir. »

Camille Flammarion appelle de ses vœux une science psychique nouvelle fondée sur l'étude des phénomènes parapsychologiques. Mais les idées scientifiques et philosophiques de l'astronome soulèvent des critiques. « Elles viennent, précise Flammarion, de deux antipodes extrêmes : les spiritualistes cléricaux et les matérialistes radicaux. (La rime est riche dans cette association singulière.) »

En voici deux exemples :

Lettre adressée à Camille Flammarion le 15 juillet 1900 :

Vous servez Lucifer, Satan, Belzébuth, Astaroth, comme les Francs-maçons.

« Cher et illustre Maître,

C'est ainsi que l'on vous qualifie autour de moi, et en Espagne vous êtes vénéré comme un dieu par des hommes incroyants. Le voyage triomphal que vous venez d'y faire pour l'éclipse du soleil en est une preuve.

Or, vous n'êtes pas un Maître; mais plutôt l'esclave du diable.

Il est inouï de voir un savant si célèbre perdre un temps qui pourrait être mieux employé, à chercher ce qui nous a été révélé depuis près de deux mille ans.

Notre sort, après la mort, n'est douteux pour personne. Il faut être d'une ignorance totale, permettez-moi de vous le dire, pour ne pas savoir que les bons vont au ciel, les méchants en enfer, les médiocres, c'est-à-dire le grand nombre, au purgatoire. Si ces derniers peuvent se manifester, ce ne peut être que par la permission de Dieu. Autrement, ce sont des anges déchus.

N'avez-vous donc jamais lu l'Évangile? Ignorez-vous que notre Sauveur est descendu aux limbes le Vendredi Saint, après avoir versé son sang pour le salut du monde ?

Qu'avez-vous donc besoin de chercher ? L’Église a reçu du Saint-Esprit la mission, d'enseigner, et elle seule en a le droit. Vous êtes un renégat, comme Julien l'Apostat, et vous finirez comme lui, avec votre culte du Soleil.

Vous jetez le trouble parmi les âmes. Laissez-les donc dormir sur l'oreiller de la foi.

Oui, vous servez Lucifer, Satan, Belzébuth, Astaroth, comme les Francs-Maçons ; vous êtes esclave en vous croyant libre et Maître.

Renoncez donc à des recherches stériles qui ne peuvent vous mener à rien et qui compromettent votre réputation de savant. C'est le vœu que vous adresse un ancien admirateur, bien déçu par votre personne.
Canonnico Della Ventura.


Lettre du 10 décembre 1900 :

Si les morts pouvaient réapparaître, ils le feraient tout nus...

« Monsieur,

Je n'ai point répondu à vos invitations publiées par les journaux, relatives aux prétendus phénomènes psychiques, parce que je voyais avec une grande tristesse un homme de science tel que vous chercher à recommencer un De prodigiis de Julius Obsequens, et ce faire avec la pire des méthodes, celle qui consistera à provoquer les élucubrations de tous les farceurs, de tous les imposteurs, de tous les fumistes, de tous les névrosés, de tous les hystériques, de tous les esprits faibles, hallucinés et détraqués de l'univers (1). A moins que vous n'y cherchiez un succès de librairie que vous obtiendrez sûrement, mais au prix de votre dignité de savant, je ne m'explique nullement ce que vous pouvez espérer.

Je n'ai pas l'honneur de vous connaître, mais j'ai attentivement suivi vos travaux depuis votre premier livre, à l'époque où j'étais moi-même étudiant à Paris, logé au dépôt de la librairie de mon père, 5, rue de Tournon, où Allan Kardec (M. Rivail) y tenait la comptabilité. Il était en même temps comptable au journal L'Univers, incognito, bien entendu. C'était un excellent homme, mais absolument timbré (2), en dehors de son travail, et avec lequel j'aimais beaucoup à causer. Les ecclésiastiques et les prélats qui fréquentaient beaucoup la maison à cause de la nature des affaires de mon père, croyaient fermement au spiritisme, à1'existence des esprits, des manifestations d'outre-tombe, mais assuraient que tous ces phénomènes étaient des manifestations du démon. Il y avait là, vous le comprenez, un antagonisme professionnel en même temps qu'une foi aveugle et voulue en des affirmations qu'on se gardait, aussi bien d'un côté que de l'autre, de contrôler sérieusement, de peur d'ébranler le lucratif échafaudage des deux professions, beaucoup plus associées que rivales.

Ces fréquentations appelèrent, dès ma jeunesse, mon attention et ma curiosité vers les phénomènes dits psychiques ou surnaturels.

Mais la tournure éminemment critique de mon esprit ne me permettait pas de rien croire sans preuves. Personne n'a jamais pu m'en fournir aucune. Toutes les fois que j 'ai voulu contrôler scientifiquement un récit, une apparition, une évocation ou quelque prétendu phénomène que ce fût qui sortit du cadre des lois naturelles connues, je me suis trouvé en présence du néant, d'un néant lamentable et souvent douloureux (3). Tantôt je n'avais « pas de fluide, tantôt la présence d'un incrédule arrêtait les « esprits », tantôt je n'étais pas préparé à recevoir leurs communications, tantôt on m'avouait loyalement, comme Blavatsky et les théosophes, qu'il fallait se torturer, se détraquer, s'hypnotiser l'entendement pendant de longues années pour se mettre en un état d'... d'abrutissement... capable de vous ,mettre en communication avec les mahatmans... Bref, j'ai entendu raconter d'admirables choses, mais chaque fois que je suis allé au fond de ces récits, j'ai toujours trouvé ou des illusions grossières, ou des farces, ou des témoignages de seconde main acceptés sans contrôle par des esprits faibles ou détraqués, ou des mensonges auxquels leurs propres auteurs finissaient par ajouter sérieusement foi après les avoir racontés, phénomène très fréquent. Je ne parle pas des impostures calculées et, voulues, comme celle de la supérieure des sœurs de la commune de... (4) qui, pour cacher ses rendez-vous nocturnes avec le maître maçon qui avait bâti la maison d'école, terrorisa pendant dix-huit mois tout le village, et jusqu'à l'archevêché, qui ne savait plus à quels exorcismes se vouer.

Plus tard, j'ai voyagé en Orient, pour suivre des recherches d'histoire naturelle et d'histoire des religions et là, des fakirs indiens m'ont montré des choses absolument surprenantes, le coup du manguier, la lévitation, le transport invisible de certains objets en un lieu désigné, etc. Mais une différence capitale sépare tous ces prodiges de l'étude des nos prétendues manifestations psychiques en Occident. Ils sont indéfiniment reproductibles à la volonté de l'opérateur et rentrent immédiatement par cela même dans les applications scientifiques des lois naturelles (5). Assurément, nous ne connaissons pas les forces en vertu desquelles on les exécute, mais nous voyons clairement qu'ils s'opèrent, non par l'opération d'un être capricieux et inconnaissable, mais par le jeu d'une loi naturelle générale. Ce caractère est même le meilleur critérium qui puisse nous permettre de distinguer le vrai du faux, les phénomènes d'ordre scientifique à étudier et les impostures à confondre, les supercheries à dévoiler.

Si les morts pouvaient réapparaître, tous le feraient, et surtout le feraient pour des choses utiles à ceux qu'ils ont aimés, pour sauver des innocents injustement accusés, pour indiquer les trésors qu'ils ont cachés, les secrets qu'ils savent utiles à ceux qu'ils ont aimés et qui souffrent; ces apparitions ne se borneraient pas à de très rares personnes et pour leur dire des niaiseries. Quant aux dettes à payer, l'intérêt de la supercherie est par trop grossier : is fecit cui prodest, sans compter que Mgr Pavie a fort bien pu imaginer ce moyen de rendre service sans la froisser à une personne qu'il savait déjà digne d'intérêt (6). D'autre part, il est bien évident que si les morts pouvaient réapparaître, ils le feraient tout nus. 0ù se procureraient-ils des vêtements, depuis longtemps pourris, avec lesquels on prétend les voir ? Ces apparitions ne peuvent être que subjectives et se passer dans le cerveau de ceux qui les voient. Alors, comment laissent-elles des traces matérielles sur les meubles, sur les plaques photographiques ? Il y a là un dilemme dont il est impossible de sortir. En résumé, il n'y a dans tout cela, absolument rien de sérieux, rien de digne d'un homme de science, et quant à ceux qui se complaisaient ou qui se complaisent aux puériles niaiseries de cette espèce, ils en trouveront bien davantage encore dans les Acta sanctorum, dont il paraît tout à fait superflu de compiler une nouvelle édition.

Aussi, monsieur, n'est-ce pas là le but, mais simplement le prétexte de cette lettre. déjà très longue. Ce dont je veux vous entretenir, c'est d'une question exclusivement scientifique et pour laquelle vous pourriez, si vous le voulez, rendre à la science où vous êtes maître, un service incomparable. »...

M. E. Pélagaud, président de la Société d'anthropologie de Lyon, docteur ès lettres et en droit.





Notes de Camille Flammarion :

(1) Laquelle de ces épithètes pourrait être appliquée à l'une quelconque des relations publiées ? Quant au livre d'0bsequens, mes lecteurs savent depuis longtemps comment je l'ai traité.

(2) Ce n'est pas mon opinion. Je l'ai connu personnellement (1861-1869).

(3) Lois naturelles connues ?Où s'arrêtent-t-elles ? Cette affirmation suppose que tous les hommes de science qui ont constaté la réalité des phénomènes psychiques n'ont pas su observer ! Déclarer que ces phénomènes n'existent pas est contraire à la vérité.

(4) Je supprime le nom donné par mon irascible correspondant.

(5) Erreur que j'ai souvent réfutée. C'est confondre l'observation avec l'expérience, l'astronomie, la météorologie, avec la chimie et la physique. Est-ce que l'on peut reproduire à volonté les phénomènes spontanés, tels qu'une chute d'aérolithe, l'apparition d'une étoile nouvelle, une éruption solaire magnétique, un coup de foudre qui déshabille un homme sans le tuer, etc. ?

(6) L'auteur commente là un article que j'avais publié dans La revue des revues du 15 juillet 1899.

Illustration :

Ils veulent nos âmes

  Henry Makow : "Ils veulent nos âmes. Les mondialistes veulent nous faire subir à tous ce que les Israéliens font aux Palestiniens. Et...