mercredi, avril 20, 2011

La fin d’un monde




la «fin d’un monde» n’est jamais et ne peut jamais être autre chose que la fin d’une illusion.
René Guénon termine son livre, Le règne de la quantité et les signes des temps, ainsi :
"Tout ce que nous avons décrit au cours de cette étude constitue en somme, d’une façon générale, ce qu’on peut appeler les «signes des temps», suivant l’expression évangélique, c’est-à-dire les signes précurseurs de la «fin d’un monde» ou d’un cycle, qui n’apparaît comme la «fin du monde», sans restriction ni spécification d’aucune sorte, que pour ceux qui ne voient rien au delà des limites de ce cycle même, erreur de perspective très excusable assurément mais qui n’en a pas moins des conséquences fâcheuses par les terreurs excessives et injustifiées qu’elle fait naître chez ceux qui ne sont pas suffisamment détachés de l’existence terrestre; et bien entendu, ce sont justement ceux-là qui se font trop facilement cette conception erronée en raison de l’étroitesse même de leur point de vue.
À la vérité, il peut y avoir ainsi bien des «fins du monde» puisqu’il y a des cycles de durée très diverse contenus en quelque sorte les uns dans les autres, et que la même notion peut toujours s’appliquer analogiquement à tous les degrés et à tous les niveaux; mais il est évident qu’elles sont d’importance fort inégale, comme les cycles mêmes auxquels elles se rapportent et, à cet égard, on doit reconnaître que celle que nous envisageons ici a incontestablement une portée plus considérable que beaucoup d’autres puisqu’elle est la fin d’un Manvantara tout entier, c’est-à-dire de l’existence temporelle de ce qu’on peut appeler proprement une humanité, ce qui, encore une fois, ne veut nullement dire qu’elle soit la fin du monde terrestre lui-même, puisque, par le «redressement» qui s’opère au moment ultime, cette fin même deviendra immédiatement le commencement d’un autre Manvantara.
À ce propos, il est encore un point sur lequel nous devons nous expliquer d’une façon plus précise: les partisans du «progrès» ont coutume de dire que l’«âge d’or» n’est pas dans le passé, mais dans l’avenir; la vérité, au contraire, est que, en ce qui concerne notre Manvantara, il est bien réellement dans le passé, puisqu’il n’est pas autre chose que l’«état primordial» lui-même. En un sens, cependant, il est à la fois dans le passé et dans l’avenir, mais à la condition de ne pas se borner au présent Manvantara et de considérer la succession des cycles terrestres car, en ce qui concerne l’avenir, c’est de l’«âge d’or» d’un autre Manvantara qu’il s’agit nécessairement; il est donc séparé de notre époque par une «barrière» qui est véritablement infranchissable pour les profanes qui parlent ainsi et qui ne savent ce qu’ils disent quand ils annoncent la prochaine venue d’une «ère nouvelle» en la rapportant à l’humanité actuelle. Leur erreur, portée à son degré le plus extrême, sera celle de l’Antéchrist lui-même prétendant instaurer l’«âge d’or» par le règne de la «contre-tradition» et en donnant même l’apparence, de la façon la plus trompeuse et aussi la plus éphémère, par la contrefaçon, de l’idée traditionnelle du Sanctum Regnum; on peut comprendre par là pourquoi, dans toutes les «pseudo-traditions» qui ne sont encore que des «préfigurations» bien partielles et bien faibles de la «contre-tradition» mais qui tendent inconsciemment à la préparer plus directement sans doute que toute autre chose, les conceptions «évolutionnistes» jouent constamment le rôle prépondérant que nous avons signalé. Bien entendu, la «barrière» dont nous parlions tout à l’heure, et qui oblige en quelque sorte ceux pour qui elle existe à tout renfermer à l’intérieur du cycle actuel, est un obstacle plus absolu encore pour les représentants de la «contre-initiation» que pour les simples profanes car, étant orientés uniquement vers la dissolution, ils sont vraiment ceux pour qui rien ne saurait plus exister au delà de ce cycle, et ainsi c’est pour eux surtout que la fin de celui-ci doit être réellement la «fin du monde» dans le sens le plus intégral que l’on puisse donner à cette expression.
Ceci soulève encore une autre question connexe dont nous dirons quelques mots, bien que, à vrai dire, quelques-unes des considérations précédentes y apportent déjà une réponse implicite: dans quelle mesure ceux mêmes qui représentent le plus complètement la «contre-initiation» sont-ils effectivement conscients du rôle qu’ils jouent, et dans quelle mesure ne sont-ils au contraire que des instruments d’une volonté qui les dépasse, et qu’ils ignorent d’ailleurs par là même, tout en lui étant inévitablement subordonnés?  D’après ce que nous avons dit plus haut, la limite entre ces deux points de vue, sous lesquels on peut envisager leur action, est forcément déterminée par la limite même du monde spirituel dans lequel ils ne peuvent pénétrer en aucune façon; ils peuvent avoir des connaissances aussi étendues qu’on voudra le supposer quant aux possibilités du «monde intermédiaire» mais ces connaissances n’en seront pas moins toujours irrémédiablement faussées par l’absence de l’esprit qui seul pourrait leur donner leur véritable sens. Évidemment, de tels êtres ne peuvent jamais être des mécanistes ni des matérialistes, ni même des «progressistes» ou des «évolutionnistes» au sens vulgaire de ces mots et, quand ils lancent dans le monde les idées que ceux-ci expriment, ils le trompent sciemment; mais ceci ne concerne en somme que l’«antitradition» négative, qui n’est pour eux qu’un moyen et non un but, et ils pourraient, tout comme d’autres, chercher à excuser cette tromperie en disant que «la fin justifie les moyens». Leur erreur est d’un ordre beaucoup plus profond que celle des hommes qu’ils influencent et «suggestionnent» par de telles idées, car elle n’est pas autre chose que la conséquence même de leur ignorance totale et invincible de la vraie nature de toute spiritualité; c’est pourquoi il est beaucoup plus difficile de dire exactement jusqu’à quel point ils peuvent être conscients de la fausseté de la «contre-tradition» qu’ils visent à constituer puisqu’ils peuvent croire très réellement qu’en cela ils s’opposent à l’esprit, tel qu’il se manifeste dans toute tradition normale et régulière, et qu’ils se situent au même niveau que ceux qui le représentent en ce monde; et en ce sens, l’Antéchrist sera assurément le plus «illusionné» de tous les êtres. Cette illusion a sa racine dans l’erreur «dualiste» dont nous avons parlé; et le dualisme, sous une forme ou sous une autre, est le fait de tous ceux dont l’horizon s’arrête à certaines limites, fût-ce celles du monde manifesté tout entier et qui, ne pouvant ainsi résoudre, en la ramenant à un principe supérieur, la dualité qu’ils constatent en toutes choses à l’intérieur de ces limites, la croient vraiment irréductible et sont amenés par là même à la négation de l’Unité suprême, qui en effet est pour eux comme si elle n’était pas. C’est pourquoi nous avons pu dire que les représentants de la «contre-initiation» sont finalement dupes de leur propre rôle et que leur illusion est même véritablement la pire de toutes, puisque, en définitive, elle est la seule par laquelle un être puisse, non pas être simplement égaré plus ou moins gravement, mais être réellement perdu sans retour; mais évidemment, s’ils n’avaient pas cette illusion, ils ne rempliraient pas une fonction qui, pourtant, doit nécessairement être remplie comme toute autre pour l’accomplissement même du plan divin en ce monde.
Nous sommes ainsi ramenés à la considération du double aspect «bénéfique» et «maléfique» sous lequel se présente la marche même du monde, en tant que manifestation cyclique, et qui est vraiment la «clef» de toute explication traditionnelle des conditions dans lesquelles se développe cette manifestation, surtout quand on l’envisage, comme nous l’avons fait ici, dans la période qui mène directement à sa fin. D’un côté, si l’on prend simplement cette manifestation en elle-même, sans la rapporter à un ensemble plus vaste, sa marche tout entière, du commencement à la fin, est évidemment une «descente» ou une «dégradation» progressive, et c’est là ce qu’on peut appeler son sens «maléfique»; mais d’un autre côté, cette même manifestation, replacée dans l’ensemble dont elle fait partie, produit des résultats qui ont une valeur réellement «positive» dans l’existence universelle, et il faut que son développement se poursuive jusqu’au bout, y compris celui des possibilités inférieures de l’«âge sombre», pour que l’«intégration» de ces résultats soit possible et devienne le principe immédiat d’un autre cycle de manifestation, et c’est là ce qui constitue son sens «bénéfique». Il en est encore ainsi quand on considère la fin même du cycle: au point de vue particulier de ce qui doit alors être détruit, parce que sa manifestation est achevée et comme épuisée, cette fin est naturellement «catastrophique» au sens étymologique où ce mot évoque l’idée d’une «chute» soudaine et irrémédiable; mais d’autre part, au point de vue où la manifestation, en disparaissant comme telle, se trouve ramenée à son principe dans tout ce qu’elle a d’existence positive, cette même fin apparaît au contraire comme le «redressement» par lequel, ainsi que nous l’avons dit, toutes choses sont non moins soudainement rétablies dans leur «état primordial». Ceci peut d’ailleurs s’appliquer analogiquement à tous les degrés, qu’il s’agisse d’un être ou d’un monde: c’est toujours, en somme, le point de vue partiel qui est «maléfique», et le point de vue total, ou relativement tel par rapport au premier, qui est «bénéfique», parce que tous les désordres possibles ne sont tels qu’en tant qu’on les envisage en eux-mêmes et «séparativement», et que ces désordres partiels s’effacent entièrement devant l’ordre total dans lequel ils rentrent finalement et dont, dépouillés de leur aspect «négatif», ils sont des éléments constitutifs au même titre que toute autre chose; en définitive, il n’y a de «maléfique» que la limitation qui conditionne nécessairement toute existence contingente, et cette limitation n’a elle-même en réalité qu’une existence purement négative. Nous avons parlé tout d’abord comme si les deux points de vue, «bénéfique» et «maléfique», étaient en quelque sorte symétriques; mais il est facile de comprendre qu’il n’en est rien, et que le second n’exprime que quelque chose d’instable et de transitoire, tandis que ce que représente le premier a seul un caractère permanent et définitif, de sorte que l’aspect «bénéfique» ne peut pas ne pas l’emporter finalement, alors que l’aspect «maléfique» s’évanouit entièrement, parce que, au fond, il n’était qu’une illusion inhérente à la «séparativité». Seulement, à vrai dire, on ne peut plus alors parler proprement de «bénéfique», non plus que de «maléfique», en tant que ces deux termes sont essentiellement corrélatifs et marquent une opposition qui n’existe plus car, comme toute opposition, elle appartient exclusivement à un certain domaine relatif et limité; dès qu’elle est dépassée, il y a simplement ce qui est, et qui ne peut pas ne pas être, ni être autre que ce qu’il est; et c’est ainsi que, si l’on veut aller jusqu’à la réalité de l’ordre le plus profond, on peut dire en toute rigueur que la «fin d’un monde» n’est jamais et ne peut jamais être autre chose que la fin d’une illusion."
René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps ».


Lire gratuitement « Le règne de la quantité et les signes des temps » :



Le règne de la quantité et les signes des temps



Dessin :
Mausolée de René Guénon au Qarâfa (Cité des Morts) du Caire

mardi, avril 19, 2011

Actualité de Maître Eckhart





Considérer Maître Eckhart comme un « mystique spéculatif » nous paraît doublement inadéquat. Même si le grand prédicateur rhénan affirme, comme les mystiques, l'ineffabilité absolue de l’Être divin dont aucune détermination ne saurait livrer le sens, on ne saurait parler à son sujet d'effusion ou d'extase : le néologisme d'enstase paraît au contraire créé pour lui. Quant à le qualifier de «spéculatif », c'est réduire son message à la scolastique de ses Traités latins beaucoup moins opératifs, et de loin, que ses Sermons allemands, dont le style est celui de la « monstration » la plus dépouillée et la plus directement vécue. Ce maître d'une théologie qu'on dirait aujourd'hui négative ou apophatique abonde, certes, en formules paradoxales, ou même apparemment incompatibles, dont l'exégète peut mettre en évidence la contradiction à moins qu'il ne préfère en faire passer l'interprétation par ses propres grilles, mais la négation n'est jamais ici qu'un procédé dialectique vers l'affirmation d'une réalité ontologique supérieure étrangère à toute logique du oui ou non. « Tenez-vous-en à la liberté de la nature humaine indivisée. C'est pourquoi, si vous voulez être un, abandonnez toute négation car la négation cherche et sépare. » Ou encore : « Il faut que tu sois affranchi du Non (Nicht). » On dispute sur ce qui brûle dans l'enfer. Les maîtres répondent unanimement : C'est la volonté propre. Mais j'affirme : « C'est le Non qui brûle dans l'enfer. Toute spéculation s'arrête alors aux portes de ce château de l'âme », où se produit cette mutation nécessaire de la conscience que Maître Eckhart nomme « la naissance du Fils en nous ». Situation identique à celle qui se produit à l'apparition du Moi transcendantal de Husserl ou de l'homme intérieur de saint Paul, du Soi des védantistes, du Samâdhi des bouddhistes Zen, devant lesquels toute distinction scolaire perd ses armes. Dans l'histoire de la philosophie, Maître Eckhart fut d'ailleurs l'objet de rapprochements fort divers. Dans sa présentation générale, Reiner Schürmann rappelle que Hegel voyait en lui le réconciliateur de la foi et de la science, et Schopenhauer le fondateur de l'idéalisme transcendantal. Le philosophe nazi Alfred Rosenberg, l'auteur du Mythe du XXe siècle, célébrait en l'« homme eckhartien » le lointain ancêtre du héros national-socialiste. Il n'est pas jusqu'à la littérature marxiste qui ne se soit emparée de lui pour en faire un contestataire antiféodal et l'annonciateur de la Guerre des Paysans. Dans Le Principe Espérance, Ernst Bloch en vient par exemple à manipuler la « mystique » eckhartienne et son expérience de la transcendance dans le sens d'un immanentisme anthropologique et social et d'un auto-perfectionnement utopiste de l'homme qui sont le fondement de l'eschatologie marxiste. Après avoir défini Maître Eckhart comme « l'homme qui s'est laissé lui-même et qui a laissé Dieu », ce qui marque l'extrême limite du « détachement » de Maître Eckhart et de sa « négativité » mais ne décrit que son cheminement vers la déité essentiellement positive de Dieu, Reiner Schürmann le tire à son tour vers des métaphores de style heideggérien et parle de sa « joie errante » et de son « identité pérégrinale » : ce style poétique n'ajoute rien à la gnose eckhartienne, on voit bien en revanche ce qu'il concède à certains esprits religieux séduits par les philosophies à la mode et qui, cherchant à se rassurer en s'embarquant dans tous les trains qui passent, donnent à ces philosophies d'illustres cautions. Le mot d' « errance » appartient aujourd'hui par priorité aux disciples de Derrida. Considéré jadis comme négatif par tous les théologiens, ce concept aboutit en fait à la mise en friche et en déshérence de toute pensée réglée.

Rien n'est plus efficace pour comprendre l'épochè husserlienne que de la rapporter au maître mot du gnostique rhénan, le « détachement » (Gelassenheit), ou encore le « laisser-être », le «délaissement», un détachement, qui doit être poussé au dernier état du décapage, non seulement en voyant, « les yeux ouverts, toute chose comme un néant », mais en allant jusqu'à délivrer le « château de l'âme » de la notion même de Dieu. Contrairement à ce que certains commentateurs ont pu dire, ce détachement n'est pas « central », mais constitue seulement une phase dialectique préalable à la déification de l'homme, c'est-à-dire à l'engendrement de Dieu par l'homme et la fusion del'homme dans la déité de Dieu (la Gottheit) : c'est exactement de la même façon que la « réduction phénoménologique » husserlienne est la condition préalable nécessaire de la naissance en nous du Moi transcendantal re-créateur du « monde », c'est-à-dire de notre seconde naissance. La « percée » de l'homme au-delà de Dieu (sa fusion dans la,déité) ou l'engendrement de Dieu par l'homme sont chez Maître Eckhart une seule et même opération qui donne lieu à toutes sortes de formules abruptes : « Dieu ne peut pas plus se passer de nous que nous ne pouvons nous passer de lui » (Sermon Femme, l'heure vient, trad. Schürmann), ou encore : « Si moi-même je n'étais pas Dieu, Dieu ne serait pas non plus : que Dieu soit Dieu, de cela je suis une cause. Si je n'étais pas Dieu, Dieu ne serait pas non plus » (Sermon Heureux les pauvres en esprit, trad. Schürmann). Dans son sens positif de laisser-être, le mot de Gelassenheit implique donc tout le contraire d'une négation ou d'un refus. Il ne s'agit pas de nier le monde ou de s'en évader, mais de vivre avec lui dans la totale liberté d'un Moi pur s'universalisant sans se perdre. Cette vision active du détachement est également. caractéristique de l'épohè, qui ne se délivre du monde que pour le transfigurer dans l'intimité du Moi. A notre sens, c'est même la déréalisation des objets intermédiaires liée à la transfiguration qui peut expliciter au mieux la conception eckhartienne du « néant », qu'on ne saurait confondre avec la « nullité », car, liée à un cheminement, elle présente, comme le détachement, le côté actif d'une « néantisation ». Rien en tout cas, dans l'enstase eckhartienne, qui puisse être confondu avec le spiritualisme des néoplatoniciens entièrement étranger au monde, au point qu'on a pu parler du « matérialisme » de Maître Eckhart. Rien non plus qui puisse évoquer en lui le ravissement extatique, passivement contemplatif, des mystiques, qui est un repos, une dissolution dans le divin, au point que Plotin, par exemple, lorsqu'il sort de ce repos et retombe dans le monde, se demande comment son âme a jamais pu venir à l'intérieur d'un corps. De par sa conception d'une communion dont on revient toujours et qui, dans cette retombée, est alors ressentie comme passion malheureuse, tout le christianisme occidental s'inscrit, pour le plus grand nombre, dans cette tradition d'un mysticisme obscur et doloriste où les puissances de l'âme individuelle ne sont un moment abolies que pour mieux mesurer ensuite, de façon presque masochiste, leur insuffisance. (C'est parce qu'il affirme que l'intelligence est supérieure à l'être et ne saurait ainsi jamais oublier l'être de l’Être et par conséquent jamais déchoir, que Maître Eckhart, étranger à ces conceptions dégradées, resta si longtemps incompris; « La suprême perfection [...] réside dans la puissance supérieure, à savoir l'intelligence. Jamais celle-ci ne peut trouver repos. Elle n'aspire pas à Dieu en tant que Saint-Esprit, pas plus qu'en tant que Fils. Bien au contraire, elle fuit le Fils. Pourquoi ? Parce que, en tant que tel, il porte encore un nom. Et y aurait-il mille dieux, elle percerait encore au-delà : elle le veut là où il n'a pas de nom. Elle veut quelque chose de plus noble, de meilleur que Dieu pour autant qu'il ait un nom » (sermon Celui qui hait son âme dans ce monde, trad. Schürmann). Aussi bien Maître Eckhart ne fut-il pas mieux suivi par ses disciples que Husserl par les siens. Dans son Livre des douze béguines, Ruysbroek, déjà, le répudia en le dénonçant comme « un faux prophète s'imaginant qu'il est Dieu par nature ». Chez Ruysbroek, la distinction entre l'âme et Dieu n'est pas abolie. Denis de Rougemont le souligne avec force : « L'abîme qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est la distance essentielle. » C'est la thèse inverse de celle. de Maître Eckhart qui fut au cœur de sa condamnation par le pape Jean XXII (bulle In Agro Dominica de 1329) : « Nous nous métamorphosons totalement en Dieu et nous nous convertissons en lui de la même façon que le pain, dans le sacrement, se change en corps du Christ : je suis changé en lui parce que lui-même me fait être sien. » Il s'agit d'unité et non de similitude : « Par le Dieu vivant, il est vrai qu'il n'y a là aucune distinction. » Dans l'histoire du christianisme occidental, les conséquences de ce débat et de cette condamnation furent considérables : ici, comme toujours, c'est la déviation métaphysique qui ouvre la voie aux contraintes morales : « Si l'âme peut s'unir essentiellement à Dieu, l'amour de l'âme pour Dieu est un amour heureux, il ne sera pas exprimé en termes de passion. [Au contraire] si l'âme ne peut s'unir essentiellement à Dieu comme le soutient l'orthodoxie chrétienne, il s'agira d'un amour réciproque malheureux. » Cette conception d'un amour nécessairement souffrant s'accompagne d'un sentiment de culpabilité lié à l'idée d'une impuissance, d'une déchéance de la chair. C'est cette « maladie » du christianisme qui est à l'origine des sarcasmes nietzschéens : refus de la morale chrétienne d'abord, puis, par une remontée fatale, d'une métaphysique qui ne concerne en rien la déité eckhartienne, celle-ci se tenant au-delà de toute condamnation spéculative possible comme d'ailleurs aussi de toute célébration.

La philosophie de Maître Eckhart remplit ainsi les conditions de ce que nous avons appelé la « vraie » philosophie : elle est réflexive par la prééminence des pouvoirs qu'elle donne à l'intellect; elle est opérative en ce sens que c'est par le détachement que l'homme conçoit et engendre en lui le Verbe, fils de Dieu, qui, sans l'action de l'homme détaché, ne serait pas; elle est enfin transfigurante car cette déification de l'homme fait tout ensemble « briller et resplendir » Dieu, le monde et l'homme en une « identique unité ». La coexistence des contraires (ici l'identique et le non-identique) n'est plus, comme chez les sophistes, un simple jeu de mots mais le produit d'une opération vécue : « Il y a réciprocité rigoureuse entre l'agir du Père et l'agir de l'homme détaché [...]. Il n'y a pas d'identité pure et simple, mais identité d'accomplissement [...] C'est dans l'antonymie entre “ identité opératoire ” et “ identité ontologique ” - au sens scolastique de ce mot [...] qu'on doit reconnaître l'enjeu profond du procès d'Avignon. » Il n'est pas jusqu'au caractère intemporel du Soi transcendantal, conscience constituante du temps et moteur de la « vraie ›› philosophie, qui ne se retrouve formellement dans les textes de Maître Eckhart : « Le maintenant dans lequel Dieu fit le premier homme, et le maintenant dans lequel le dernier homme doit périr, et le maintenant dans lequel je parle, ils sont tous égaux en Dieu et ne sont qu'un seul et même maintenant. » La résurrection du Fils en nous est permanente, elle se situe dans l'éternel présent, et c'est dans ce dernier que se résolvent les dualités verbales qui viennent alimenter les disputes des rhéteurs, et notamment l'opposition de l'actif et du passif ou encore de l'interne et de l'externe apparemment à l'œuvre dans les deux « phases » contraires considérées comme également décisives par le prédicateur : qu'il s'agisse de la percée que doit opérer l'âme pour atteindre le fond de Dieu ou qu'il soit au contraire question de l'enfantement du Fils au fond de l'âme, on est en train de vivre là un seul et même « événement », tout au moins au regard du Moi transcendantal pour lequel tout est interdépendant. « Dans le royaume des cieux, tout est en tout, et tout est un, et tout est nôtre. Tout cela est en moi, lorsque j'y suis. »

Les théologiens qui condamnèrent Maître Eckhart ne pouvaient que s'en tenir, de par leur formation scolastique, à la lettre de ces formulations. Reiner Schürmann signale avec raison que deux modes de vision s'opposent ici, l'une littérale, qu'il nomme indicative, l'autre transcendantale ou prophétique, qu'il nomme impérative. Par la première, on traite de substances indépendances comme on traite de phénomènes « indépendants » et de systèmes « clos » en physique classique. Par la seconde, on vit dans le présent vivant, il n'y, a plus ni archè ni telos, mais, dans le même instant, imminence, avènement, transcendance-immanente et Présence. « Efforcez-vous donc pour que non seulement l'enfant soit en voie de naître mais qu”il soit déjà né, de même qu'en Dieu le Fils est né en tout temps et est en tout temps en voie de naître. » Reiner Schürmann qui emploie le vocabulaire de Heidegger et, à aucun moment, ne cite Husserl en vient néanmoins, tout à la fin de son ouvrage, à dégager entre Maître Eckhart et Heidegger une différence essentielle. Non qu'il montre les limites de ce vocabulaire et ses apories implicites lorsqu'il dit, par exemple, que le laisser-être (la Gelassenheit) est le mode dont l'être requiert la pensée (p. 364) alors qu'à la page suivante, citant Heidegger, il déclare que ce même laisser-être prospère seulement « à partir d'un penser assidu jaillissant du cœur ». En fait, concernant le rapport entre Maître Eckhart et Heidegger, ces rapprochements verbaux trop imagés comptent peu : chez Maître Eckhart, en fait, pensée et être sont une seule et même puissance d'acte. Schürmann en revanche dégage bien qu'au contraire de chez Heidegger, la Gelassenheit, chez Maître Eckhart, ne renvoie que secondairement à la pensée : elle est d'abord affaire d'une certaine conduite parmi les choses. Il y a déjà là toute la différence entre une position spéculative et une position vécue. Heidegger est peut-être un maître à penser, rien ne prouve qu'il soit, comme Maître Eckhart, un maître à vivre. Même en matière de théologie négative, le mot Dieu reste l'index d'un regard tourné vers le haut pour une vision encore plus divine de Dieu. Or, c'est un mot qui est étranger à Heidegger. « Maître Eckhart parle de Dieu proche de l'homme, Heidegger parle de l'être proche de la pensée » et « le laisser-être reçoit un sens résolument profane ». Heidegger en vient même à temporaliser le laisser-être : pour chaque époque historique, l'être est différemment celé ou dévoilé, notre époque recevant ainsi le privilège de clore l'histoire de ce cèlement. Cette prétention est-elle fondée ? Seuls, en vérité, les siècles à venir. détiennent la réponse. Mais Heidegger ne peut pas, à cet effet, être plus initiateur que Maître Eckhart ou Husserl. Ni prophète plus inspiré. Lorsque Maître Eckhart déclare l'intellect supérieur à l'être ou la connaissance supérieure à l'amour, lorsque surtout, dans ses vingt-huit propositions condamnées, il affirme en substance: « Dieu n'est ni bon, ni mauvais, il est », ou encore, plus textuellement : « Celui qui blasphème Dieu, loue Dieu », « Si Dieu veut en quelque sorte que j'aie péché, je ne voudrais pas ne pas avoir péché, et c'est là la vraie pénitence », il renvoie d'une morale devenue dévote et lénifiante à une métaphysique exigeante, que les âmes pieuses diront subversive et les âmes philosophiques révolutionnaire, chargée d'un fantastique pouvoir de « conversion » : aussi bien la notion de péché cesse-t-elle d'y être attachée à tel ou tel acte contraire à telle ou telle loi dogmatique, elle se réfère à l'état universel d'une création en mouvement que ce « péché » lui-même dynamise. La « prière » ne peut plus être conçue comme une demande adressée à une Providence transcendante bien qu'anthropomorphe attentive à rétribuer des « mérites » ou des « œuvres », mais comme une fusion désintéressée dans cette interdépendance, cette intelligence universelle où tout acte extérieur est prédéterminé, mais dont l'invocation, l'adoration, la compréhension nous rendent libres. Que la gnose, ici, implique, comme chez Maître Eckhart, une éthique personnelle étrangère à toutes les morales sociales de coercition ou de convenance, c'est ce que nous essaierons d'examiner à la fin du présent ouvrage mais en nous demandant en outre, devant des religions tombées elles aussi en déshérence, dans quelle mesure Maître Eckhart par sa Gelassenheit et Husserl par son épochè sont justifiés d'espérer que les « conversions » individuelles puissent tendre à une métamorphose existentielle d'ensemble de l'humanité.

Raymond Abellio, « Manifeste de la nouvelle gnose »


Manifeste de la nouvelle gnose

La spécialisation actuelle des connaissances appelle de la façon la plus pressante un retour à l'unité de la connaissance, dont le fantôme, depuis vingt-cinq siècles, hante l'esprit des hommes. Mais, souvent confondu avec celui de science ou encore entaché de connotations suspectes, le mot de connaissance n'a-t-il pas aujourd'hui perdu de sa force ? On peut le craindre. C'est pourquoi, par un retour hardi aux sources helléniques de notre culture, Raymond Abellio a décidé de redonner vie au terme traditionnel de Gnose qui, pour ainsi dire remis à neuf, prend ici le sens inédit de l'ouverture de l'être à l'interdépendance universelle et à l'éternel présent.

Grâce aux notions fondamentales de cette nouvelle Gnose : structure absolue, seconde mémoire, rétrogénèse et transfiguration, Raymond Abellio, dans ce Manifeste, ouvre la voie à une réunification inouïe de tous les domaines de l'action, de la pensée et de Part : sciences, philosophies, religions, symbolisme, histoire, éthique et esthétique. C'est ainsi que les fondements d'anthropologie, de théologie, de cosmologie, d'éthique et d'esthétique, traités ou annoncés dans cet ouvrage essentiel qu'est La structure absolue, publié en 1965, prennent ici l'allure d'un programme, d'une tâche à mener à bien par l'homme ayant enfin pris cette conscience universelle de soi que réclamait l'oracle delphique : gnôti séauton, connais-toi toi-même.

Sa rédaction interrompue par la mort, le Manifeste de la nouvelle Gnose peut-il être dit pour autant inachevé ? Ou plutôt, sans cesse confrontée à la présence de l'indépassable, toute œuvre authentique n'est-elle pas vouée à la perpétuité de l'inachèvement ? En ce cas, celui-ci se fait ouverture. « Je ne moissonnerai sûrement pas tout mon champ, mais je voudrais bien l'ensemencer tout entier », disait Abellio-Dupastre dans Les yeux Ezéchiel sont ouverts. Voilà qui est fait, et la part du pauvre et de l'étranger, que la Loi dit de réserver, s'accroît à présent des futures moissons.


lundi, avril 18, 2011

Hubbard & les Thétans




L’Église de Scientologie déclare à ses membres que leur corps n'est qu'un simple véhicule destiné à des entités inter-galactiques, soi-disant de millions d'années et appelées êtres-Theta ou Thétans. Ces êtres sont extrêmement puissants mais leur force est sapée par des influences connues sous le nom d'Engrams et qui viennent de n'importe quoi, depuis les guerres inter-stellaires d'il y a des millions d'années aux autres Thétans en bonne santé. L'« implantation » d'Engrams résulte en maladies et handicaps, physique et mentaux. Pour détecter les Engrams, on se sert d'un gadget connu sous le nom de lecteur électropsychosique de Hubbard ou lecteur-E. Pour en neutraliser les effets, il faut une combinaison de psychothérapie et de confessions, méthode appelée « Audit ».

L. Ron Hubbard naquit en1911 à Tilden, Nebraska, mais fut élevé dans le Montana dans une famille très unie. Leur vie ne se déroula pas, comme l'affirment les ouvrages de scientologie, dans un grand ranch de bétail appartenant à son grand-père. Le père de Hubbard, Harry, fut brièvement un officier engagé dans la marine américaine et à deux reprises, la première en 1927 lorsqu'il était adolescent, Ron accompagna sa mère à Guam pour rendre visite à son père qui servait dans un poste côtier. L. Ron Hubbard entra à l'université George Washington où il étudia la physique moléculaire. Il la quitta avant d'obtenir son diplôme et passa le plus clair de son temps à écrire de la science-fiction, des scénarios d'aventure et des histoires de magazine médiocres. Durant la Seconde Guerre mondiale, il suivit les traces de son père et entra dans la marine où il poursuivit son service de manière tout aussi peu mouvementée. Des allégations comme quoi il fut un héros de guerre furent par la suite élaborées par la machine médiatique de la Scientologie, ce qui suggère que son passé militaire officiel fut en partie modifié. Il ne se trouva jamais face à l'ennemi et termina son service actif dans un hôpital de la marine où il était traité pour un ulcère du duodénum.

Son premier mariage se termina lorsqu'il quitta sa femme et leurs deux enfants et prit part à une cérémonie de mariage illégale avec Sara Élisabeth Northrup, l'ancienne maîtresse d'un de ses amis. L'ami en question, Jack Parsons, travaillait comme scientifique dans l'aérospatiale mais s'intéressait également aux aspects plus obscurs de la magie ainsi qu'au satanisme, et était un disciple du magicien anglais Aleister Crowley. C'est par Parsons que Hubbard développa un intérêt dans les sectes liées à la magie.

L’Église de Scientologie

Il développa un nouvel aspect dans son engouement pour une « science de l'esprit » originale en développant la Scientologie, un bric-à-brac ésotérique de théories assemblées à partir de science-fiction, de théologie et de physique, les détails de ces théories étant, dès le départ, enveloppés de mystère. C'est sur cette base quasi scientifique qu'il inventa son style particulier de religion, qui devint plus connu sous le nom d'Église de Scientologie. Fondamentalement, les scientologistes soutiennent que l'enveloppe corporelle est un véhicule temporaire pour une entité puissante du nom de Thétan, mais que l'efficacité de chaque thétan, qui parcourt la galaxie sous une forme ou une autre depuis environ soixante-quinze millions d'années, peut être diminuée par des implants appelés Engrams. Ceux-ci ont comme origine différentes sources mais leur présence peut être mesurée de manière plutôt commode par un appareil électrique (inventé par Hubbard) du nom d'E-mètre. Ces engrams peuvent être alors éliminés par la psychothérapie et la confession.

L'un des plus importants incidents de dissidence déclarée contre les activités de Hubbard survint en 1959, lorsque son fils aîné, Ron Junior, ou « Nibs ››, s'opposa à lui et fit une déclaration publique comme quoi son père était fou. [...]

Retraite

En 1967, Hubbard se consacra au développement d'une « marine » privée. Ayant démissionné de son poste de coordinateur de l'Église de Scientologie (tout en restant maître de son capital), il fonda Sea Org, une antenne maritime de la Scientologie, pourvue de trois bateaux et d'un équipage de disciples et navigua dans les Caraïbes et la Méditerranée. Il était entouré de jeunes disciples en grande partie de sexe féminin - nommés les Messagers du Commodore - qui étaient exclusivement à son entière disposition et qui devinrent les représentants de la cour d'intimes qui prit graduellement les rênes du pouvoir lorsque Hubbard commença à vieillir. Il revint sur la terre ferme en 1975, eut la première de ses crises cardiaques et s'installa, entouré de Messagers de confiance dans une propriété près de Palm Springs, en Floride.

Une tragédie le frappa. En 1976 lorsque son fils cadet, Quentin, se suicida lorsqu'il se rendit compte que son homosexualité ne serait jamais tolérée par l'Église de Scientologie. Hubbard eut sa deuxième crise cardiaque en 1978, et commença à être de plus en plus convaincu que les autorités fédérales surveillaient discrètement les scientologistes. En 1980, sa femme, Mary Sue, et d'autres membres de la secte furent mêlés à une opération bizarre de micros cachés et de vol. Une grande quantité de matériel fut volé dans des bureaux gouvernementaux. Ceci déboucha sur plusieurs arrestations et des condamnations. Mary Sue Hubbard commença une peine de prison d'un an en 1983 après qu'une série d'appels se fut révélée vaine.

En 1980, L. Ron Hubbard disparut dans l'obscurité presque totale avec un petit cercle de Messagers, menant malgré une santé affaiblie, une vie de luxe grâce aux coffres de l'Église de Scientologie. Il décéda d'une attaque en1986.

M. Jordan, "Sectes".


L. Ron Hubbard et son électromètre.



Sectes




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dimanche, avril 17, 2011

La religion face aux extraterrestres




Un chapitre du livre de François Biraud et Jean-Claude Ribes, « Le dossier des civilisations extraterrestres », traite de l'attitude des religieux dans l'hypothèse où l'arrivée d'extraterrestres serait annoncée aux populations.

Les religions, c'est évident, ne seront pas toutes secouées avec la même violence. Certaines, dans leur philosophique indifférence, ne seront même pas ébranlées. Ce pourrait être le cas du confucianisme par exemple. Cela ne signifierait nullement une incapacité de réaction, mais simplement l'acceptation d'une vérité nouvelle, d'une donnée de fait contre laquelle l'antique sagesse commande de ne pas se dresser en vain.

Bouddhisme

L'attitude du bouddhiste ne différerait pas essentiellement de celle du confucianiste. Car le bouddhisme se désintéresse des problèmes de la nature qui l'environne et, bien plus encore, de ce qui se passe ailleurs que sur la Terre.

Hindouisme

Brahmanistes et hindouistes ont déjà peuplé les astres d'une foule de divinités. Ils ont personnifié les étoiles. Ils ont tout prévu puisqu'ils ont même « mythifié » et parfois « déifié » les principaux phénomènes astronomiques. On ne voit pas comment, pour eux, la réalité dépasserait la fiction.

Islam

Pour le musulman, en revanche, le choc pourrait être plus brutal. C'est que le livre sacré sur lequel repose sa foi, le Coran, a tout prévu pour lui donner des règles de vie et, en principe, l'aider à résoudre les problèmes qui se posent à lui, mais n'a pas mentionné les extraterrestres. Il faut donc prévoir un grand bouleversement du côté des mosquées! A moins que le fatalisme enraciné dans les peuples arabes ne leur soit le plus efficace des boucliers et que, face à de nouvelles dimensions humaines et cosmiques, ils ne se réfugient dans la plus noble et souveraine indifférence.

Christianisme

Si nous avons gardé pour la fin l'attitude que la religion chrétienne pourrait avoir dans ces circonstances, c'est qu'elle devrait logiquement se trouver dans une position fort inconfortable, pour s'être fondée sur le dogme de l'Incarnation, aussi anthropocentriste que possible. Quand le géocentrisme s'écroula et que la Terre devint une planète comme les autres, le mystère de l'Incarnation fut ébranlé car on comprenait moins facilement pourquoi la Terre avait été privilégiée au point de recevoir la visite de Dieu en personne sous une enveloppe humaine.

Si l'on parvenait à la certitude de l'existence d'autres humanités, le problème de l'Incarnation ne pourrait que prendre une dimension infiniment plus grande. « Comment se fait-il que le Créateur de millions d'univers, demande ingénument A. Giret, nous ait fait l'extraordinaire honneur d'envoyer son Verbe, son Fils unique, sur notre Terre qui n'a rien d'extraordinaire et qui se classe au contraire parmi les plus minuscules globes du firmament ? »

Mais Camille Flammarion fait remarquer que « ce serait une notion fausse et incomplète de la Toute-Puissance que d'imaginer en Elle des degrés de plus ou de moins... et toutes les fois que nous prêtons à Dieu notre manière de sentir ; nous Lui attribuons implicitement les infirmités de notre nature ».

Avant même d'avoir la preuve de l'existence d'autres intelligences, certains penseurs, prenant les devants, réconcilient le dogme et ce qui sera sans doute la vérité de demain :« Or, émanant de la planète moyenne du système, peut-être parce qu'elle le réclamait davantage, pourquoi cette puissance n'aurait-elle pu s'étendre à une des races planétaires du passé lorsque le jour de leur Rédemption fût venu, et à celles de l'avenir lorsque la mesure des temps sera comblée ? », écrit Brewster. Et le père Teilhard de Chardin : « Pour être Alpha et Oméga, le Christ doit, sans perdre sa précision humaine, devenir coextensif aux immensités physiques de la Durée et de l'Espace. Pour régner sur la Terre, il doit sur-animer le monde. »

Nous ne nous risquerons pas à commenter.

Les religions, toutes les religions, ont déjà subi des crises aussi profondes. Nombreux seraient sans doute les croyants affectés dans leur foi personnelle, mais on peut présumer que les Églises n'en seraient guère ébranlées.

Sinon, la révolution des idées que les quatre ou cinq siècles passés ont vu croître, révolution moins ponctuelle mais plus fondamentale que l'arrivée d'extraterrestres, les aurait plus violemment secouées. Et notre humanité, mettant sa technologie raffinée au service de guerres saintes et de croisades idéologiques, risque d'offrir un spectacle assez cocasse à d'éventuels visiteurs...

François Biraud et Jean-Claude Ribes, « Le dossier des civilisations extraterrestres »


Le dossier des civilisations extraterrestres

Voici une mise au point d'astronomes professionnels sur plusieurs questions, objets d'ardentes controverses :

La vie existe-t-elle sur d'autres planètes ?
Des civilisations fondée sur une vie artificielle sont-elles concevables ?
Des contacts avec des êtres extraterrestres sont-ils prévisibles dans un proche avenir ?
Enfin l'irritant mystère des Soucoupes volantes est-il aussi dénué de fondement que veut bien le prétendre la science officielle ?

A ces questions François Biraud et Jean-Claude Ribes ont apporté des réponses d'une extrême clarté et, dans leur véracité, plus passionnantes que n'importe quelle supputation fantaisiste.

Les auteurs n'hésitent pas à critiquer la sclérose des milieux scientifiques universitaires français et prouvent de façon certaine que l'homme n'est pas seul dans l'Univers.



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samedi, avril 16, 2011

Durée de vie de la civilisation




L'astrophysicien allemand Von Hoerner s'était livré à des calculs de probabilités assez complexes pour tenter de déterminer la durée de vie d'une civilisation.

Ses calculs étaient fondés sur cinq éventualités :

1) L'anéantissement de toute vie sur la planète ;

2) L'anéantissement des seuls êtres hautement organisés ;

3) La dégénérescence physique ou spirituelle menant à l'extinction ;

4) La perte d'intérêt pour la science et la technique ;

5) La durée illimitée de la civilisation étudiée.

Les résultats obtenus lui permettaient de considérer qu'une civilisation a un certain nombre de chances de durée qui varient très fortement suivant les cinq cas retenus. Selon lui, toute civilisation possède :

5 pour 100 de chances d'avoir une longévité de 100 ans sa vie étant limitée par destruction complète ;

60 pour 100 de chances d'atteindre 30 ans, la vie des êtres supérieurs étant anéantie ;

15 pour 100 de chances de dégénérer en 30 000 ans ;

20 pour 100 de chances de se désintéresser de la science en 10 000 ans ;

aucune chance de durer indéfiniment.





vendredi, avril 15, 2011

La dé-professionnalisation de la médecine




A l'image de ce que fit la Réforme en arrachant le monopole de l'écriture aux clercs, nous pouvons arracher le malade aux médecins. Il n'est pas besoin d'être très savant pour appliquer les découvertes fondamentales de la médecine moderne, pour déceler et soigner la plupart des maux curables, pour soulager la souffrance d'autrui et l'accompagner à l'approche de la mort. Nous avons du mal à le croire, parce que, compliqué à dessein, le rituel médical nous voile la simplicité des actes. J'ai une amie noire de dix-sept ans qui est récemment passée en jugement pour avoir soigné la syphilis primaire de cent trente camarades d'école. Un détail d'ordre technique, souligné par un expert, lui a valu l'acquittement : ses résultats étaient statistiquement meilleurs que ceux du Service de Santé américain. Six semaines après le traitement, elle a pu faire des examens de contrôle sur tous ses patients, sans exception. Il s'agit de savoir si le progrès doit signifier une indépendance accrue ou une croissante dépendance.

La possibilité de confier des soins médicaux à des non-spécialistes va à l'encontre de notre conception du mieux-être, due à l'organisation régnante de la médecine. Conçue comme une entreprise industrielle, elle est aux mains de producteurs (médecins, hôpitaux, laboratoires pharmaceutiques) qui encouragent la diffusion des procédés de pointe coûteux et compliqués, et réduisent ainsi le malade et son entourage au statut de clients dociles. Organisée en système de distribution sociale de bienfaits, la médecine incite la population à lutter pour obtenir toujours plus de soins dispensés par des professionnels en matière d'hygiène, de prévention, d'anesthésie ou d'assistance aux mourants. Jadis le désir de justice distributive se fondait sur la confiance dans l'autonomie. Aujourd'hui, figée dans le monopole d'une hiérarchie monolithique, la médecine protège ses frontières en encourageant la formation de para-professionnels auxquels sont sous-traités les soins autrefois dispensés par l'entourage du malade. Ce faisant, l'organisation médicale protège son monopole orthodoxe de la concurrence déloyale de toute guérison obtenue par des moyens hétérodoxes. En fait, chacun peut soigner son prochain et, dans ce domaine, tout n'est pas nécessairement matière à enseignement. Simplement, dans une société où chacun pourrait et devrait soigner son prochain, certains seraient plus experts que d'autres. Dans une société où l'on naîtrait et mourrait chez soi, où l'infirme et l'idiot ne seraient pas bannis de la place publique, où l'on saurait distinguer la vocation médicale de la profession de plombier, il se trouverait des gens pour aider les autres à vivre, à souffrir et à mourir.

L'évidente complicité du professionnel et de son client ne suffît pas à expliquer la résistance du public à l'idée de dé-professionnaliser les soins. A la source de l'impuissance de l'homme industrialisé, on trouve l'autre fonction de la médecine présente qui sert de rituel pour conjurer la mort. Le patient se confie au médecin non seulement à cause de sa souffrance, mais par peur de la mort, pour s'en protéger. L'identification de toute maladie à la menace de mort est d'origine assez récente. En perdant la distinction entre la guérison d'une maladie curable et la préparation à l'acceptation du mal incurable, le médecin moderne a perdu le droit de ses prédécesseurs à se distinguer clairement du sorcier et du charlatan; et son client a perdu la capacité de distinguer entre le soulagement de la souffrance et le recours à la conjuration. Par la célébration du rituel médical, le médecin masque la divergence entre le fait qu'il professe et la réalité qu'il crée, entre la lutte contre la souffrance et la mort d'un côté et l'éloignement de la mort au prix d*une souffrance prolongée de l'autre. Le courage de se soigner seul n'appartient qu'à l'homme qui a le courage de faire face à la mort.

Ivan Illich, « La convivialité »


Némésis médicale

Lorsque leur développement dépasse certains seuils critiques, les grands services institutionnalisés deviennent les principaux obstacles à la réalisation des objectifs qu'ils visent. Ce contresens tragique, cette « contre-productivité paradoxale », version moderne du mythe grec de la Némésis, Ivan lllich nous l'a déjà fait percevoir dans ses travaux antérieurs sur l'école (Société sans école), les transports (Énergie et équité), la société industrielle en général (La Convivialité et Libérer l'avenir). Il en fait ici la théorie systématique à propos de la médecine.

La diminution de la santé des hommes par le développement morbide de l'institution médicale, Illich l'appelle : iatrogène, en empruntant ce mot au vocabulaire médical : maladie iatrogène = maladie engendrée par le médecin. Et il distingue trois niveaux de iatrogenèse :

- l'inefficacité globale et le danger de la médecine coûteuse (iatrogenèse clinique),

- la perte de la capacité personnelle de s'adapter à son environnement, et de refuser des environnements intolérables (iatrogenèse sociale),

- le mythe selon lequel la suppression de la douleur, du handicap et le recul indéfini de la mort, sont des objectifs désirables et réalisables grâce au développement sans limites du système médical - mythe qui compromet la capacité autonome des hommes de faire face justement à la douleur, à l'infirmité et à la mort en leur donnant un sens (iatrogenèse structurelle).



Né à Vienne en 1926, a fait des études de cristallographie, d'histoire et de philosophie à Florence, Salzbourg et Rome. Après avoir travaillé à New York, dirigé l'Université catholique de Porto Rico, et traversé l'Amérique latine à pied, il a fondé à Cuernavaca (Mexique) le Cidoc, centre d'initiation à la culture latino-américaine et d'analyse critique de la société industrielle.


Dessin :

jeudi, avril 14, 2011

Dieu, sexe & anarchie




Les Enfants de Dieu

La secte des Enfants de Dieu était au départ constituée d'un groupe de hippies californiens, les Adolescents du Christ, sorte de club dirigé par un fanatique de Jésus aux cheveux longs, un ancien prêcheur méthodiste, qui se nommait David Berg. Il offrait un mélange enivrant de musique pop, de drogues, de sexe, d'anarchie et de religion fait maison à une population qui fut prompte à y répondre.

Berg reprit le discours éculé des prêcheurs en brandissant le spectre du jour du Jugement dernier à une Amérique corrompue par sa politique impérialiste et son obsession du matérialisme ; le salut passait par l'adhésion aux doctrines de Moïse David ou du « Père » David, comme il aimait s'appeler. Il était, selon ses propres mots, le « Prophète de la fin des temps », qui était prêt à montrer le chemin du salut grâce à sa « Loi de l'amour ». Un tel chemin coûterait inévitablement de l'argent. Cet argent servait à maintenir le train de vie fastueux de Berg et de sa famille, tandis que ses ouailles vivaient dans la pauvreté, dans des communautés religieuses. On inculqua tout d'abord aux membres du culte les bienfaits du célibat mais, lorsque les appétits sexuels de Berg débordèrent suffisamment pour que soient impliquées les épouses des adeptes, le nouveau message fut celui de la promiscuité sans restriction. On dit que cela incluait l'homosexualité, l'inceste et la pédophilie. Presque toutes les déviances sexuelles étaient admises et les ouvrages pornographiques circulaient librement car ils entraient dans la catégorie de « l'Amour de Dieu ».

Des filles de joie pour Jésus

Dès le début des années 70, le culte avait dépassé les plages de Californie. Des communautés s'étaient installées partout aux États-Unis avec l'aide de prêcheurs itinérants.

La doctrine grossièrement travaillée de Berg, d'abord proclamée à travers une série de démonstrations pacifiques dans plusieurs villes des États-Unis, allait par la suite évoluer et adopter une stratégie de séduction pour recruter de nouveaux membres. À cette fin, Berg créa un bataillon de « Filles de joie pour Jésus », constitué de jolies femmes, mariées ou célibataires, qui avaient pour mission de « recruter » des hommes dans les clubs et les bars. Cette pratique était appelée le « Flirty Fishing » (la pêche par le flirt).

Berg vivait à l'époque en Angleterre et s'adressait à ses fidèles par l'intermédiaire d'un flux constant de lettres. Ces lettres étaient diffusées à ses acolytes et vendues au public sous forme de pamphlets et de journaux. L'argent était reversé à l'organisation et à Berg, qui était considéré par ses fidèles comme une sorte de Messie des temps modernes.

Parmi les femmes qui « recrutaient » de nouveaux membres dans les bars, beaucoup se retrouvèrent enceintes et donnèrent naissance à des enfants dont les pères n'étaient pas toujours identifiés. La secte, qui était censée s'occuper de ces jeunes victimes, manqua le plus souvent à ses obligations. Les membres qui réussirent à s'enfuir se virent menacés de la damnation éternelle et d'une vie misérable pour eux-mêmes et leur progéniture illégitime..

Enfants maltraités

Vers la fin des années 70, un peu partout dans le monde, la police fut alertée par des personnes affirmant que des enfants étaient maltraités dans le cadre des activités du culte. Berg s'employa à donner à la secte une allure plus respectable en la rebaptisant Famille d'amour - et en en modifiant le régime. Dès le début des années 90, les membres du culte reçurent des instructions strictes stipulant que les travaux internes et les adhésions devaient être tenus secrets. La police n'en continua pas moins ses recherches et il fut établi que, dans le sud de 1'Angleterre, environ un millier d'enfants avaient été recrutés sur une période de dix ans, parmi lesquels au moins 116 étaient morts de causes diverses.

Les poursuites judiciaires commencèrent en septembre 1994 et des dommages et intérêts furent versés à l'une de ces victimes. La secte continua cependant à clamer son innocence. En novembre 1995, Lord Justice Ward déclara devant la Haute Cour que Berg était un pervers sexuel et qu'il avait sacrifié les droits des enfants sur un faux autel. Il prononça un jugement à l'encontre de la secte et autorisa une adepte âgée de 28 ans à garder son enfant de 3 ans si elle acceptait de dénoncer les enseignements de Berg. A l'issue du procès, une porte-parole de la secte déclara que le verdict était une victoire.

M. Jordan, "Sectes".


« Il n'y a pas de lois contre l'inceste au Royaume de Dieu. »
David Berg




Purulence

Extrait : " - Moi j'aime bien... Le revers puissant que m'a destiné "papa" m'envoie tournoyer et brise la claire euphorie qui animait mes paroles. - Que je ne te reprenne pas à dire "moi je" ! Ça ne doit plus sortir de ta bouche. On te l'a déjà dit, non ? - Le "moi je", c'est l'ego, et c'est mal. Ton corps et ton esprit appartiennent à Jésus et à la Famille. Le "moi je", tu le fais disparaître. C'est le Seigneur à travers toi qui doit briller, explique ma mère. J'ai quatre ans et je m'oublie beaucoup. J'ai quatre ans, et "moi je" ne doit plus exister ".

Livre de la nécessité, Purulence est le récit à hauteur d'enfant d'une survivante dont la lucidité transforme le témoignage en une œuvre d'une présence effroyable.

mercredi, avril 13, 2011

La notion de temps à l'est et à l'ouest




Helmuth von Glasenapp, indologue à l'université de Tübingen, avait l'habitude de dire à ses étudiants : « A l'ouest de l'Hindou-Kouch le temps court, à l'est il se tient coi. »

En Occident, puisque notre temps « court », nous devons concevoir un commencement et une fin à notre univers. Nos religions comportent des mythes de création et nos sciences naturelles partent de cette supposition.

C'est ainsi que le judaïsme, le christianisme et l'islam sont des religions prophétiques qui attendent, ou ont attendu, leur Messie. Nous regardons vers l'extérieur, donnant la primauté à ce que nous percevons avec nos sens. Nous pensons de façon analytique, en subdivisant toujours davantage. Nous devenons tous des spécialistes, c'est-à-dire des gens qui savent de mieux en mieux de moins en moins de choses. Notre science surdéveloppée est le fruit de cette façon de penser.

Au XXe siècle seulement, notre vision mécanique du monde a commencé à être ébranlée par la théorie de la relativité d”Einstein et les découvertes des physiciens : le temps et l'espace forment une unité inséparable, l'espace est courbe et notre univers, bien que sans limite, n'est néanmoins pas infini.

Comment pouvons-nous donc nous imaginer le temps autrement ?

Les chemins de la connaissance ont toujours mené à la perception d'un temps immobile. Il est ici et maintenant. Tout ce qui est arrivé ou va arriver se produit dans l'ici, dans le moment présent. Le moment présent, «maintenant››, est la seule partie de ce que nous appelons le « déroulement » du temps à laquelle nous pouvons directement prendre part. « Avant »et « après » sont déjà des réflexions de notre cerveau. Saint Augustin décrit exactement cela quand il dit : « Le temps existe d'une triple présence : le présent comme nous le vivons, le passé comme souvenir présent et l'avenir comme attente présente. »

Il est étonnant que même un philosophe profondément matérialiste comme Wittgenstein écrive à la fin d'un de ses exposés : « Quand on comprend par « éternité » non une durée de temps infinie, mais bien la « non-temporalité », alors celui qui vit dans le présent vit éternellement. »

Peter Grieder, « Pays entre ciel et terre ».


 Pays entre ciel et terre

En guise de présentation :

Ce livre est le fruit de ma recherche de vérité. J'y présente des images et des textes qui, en se répondant, donnent naissance à une cohérence intérieure. Tout au long des pages se déroule comme un fil sur lequel les perles sont progressivement enfilées, un sutra qui graduellement conduit la méditation du lecteur de l'extérieur vers l'intérieur.

Par ce livre, je désire vous inviter à un voyage intérieur.

Le voyage commence avec des vues de fleurs, de lacs, d'enfants et de paysages. Il se termine avec le Livre des Morts tibétain. Comme dans le mandala, le chemin part de la périphérie pour aboutir au centre où est gardé le mystère.

Je ne suis pas un tibétologue scientifique de formation. Ce qui m'autorise à écrire sur le peuple du « pays entre ciel et terre », sur sa culture et sa religion, ce sont les expériences que j'ai pu rassembler comme directeur de l'Institut Monastique du Tibet à Rikon/Zurich, en Suisse, ainsi que les expériences de ma vie.

Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont accompagné sur mon chemin de vie. Sans leur aide, ce livre n'aurait jamais vu le jour.

Peter Grieder.


Ils veulent nos âmes

  Henry Makow : "Ils veulent nos âmes. Les mondialistes veulent nous faire subir à tous ce que les Israéliens font aux Palestiniens. Et...