Existe-t-il
un programme d'extermination d'une grande partie de la population
mondiale ?
Des
sites conspirationnistes affirment que les chemtrails, la nourriture
industrielle, des médicaments ont pour but de tuer lentement un
grand nombre de personnes. S'agit-il de délires paranoïaques ?
En tout
cas, en Afrique du sud, un tel plan d'extermination a bien été
conçu, comme l'affirme Tidiane N'Diaye, un anthropologue mondialement
connu.
« Jusque
vers la fin du XXe siècle, écrit Tidiane N'Diaye, l'Afrique du Sud se
singularisait par un impitoyable régime politique d'intolérance et
d'exclusion. La majorité noire était mise à l'écart et dépouillée
de la totalité de ses droits. Les Blancs (ou Afrikaners),
descendants d'immigrants européens, généralement néerlandais ou
français, y avaient toujours vécu leur particularité ethnique
comme celle d'une race à part et supérieure aux Noirs — le genre
de comportement présent chez beaucoup de groupes humains,
ethniquement constitués et tant soit peu conscients de leur
singularité, dans un monde qui bouge. Devenus économiquement le
groupe le plus puissant, ces Afrikaners soumirent leurs compatriotes
noirs à un système de ségrégation raciale dit de l'apartheid , et
qui devait les plonger, des décennies durant, dans les ténèbres de
l'oppression et de l'humiliation.
Apartheid,
ce mot afrikaans ou néerlandais, est emprunté au français. Il
signifie : « tenir à part » ou « développement séparé ».
C'est en 1948 qu'une telle idéologie fascisante et fondée sur la
race fut appliquée en programme de gouvernement, avec la venue au
pouvoir du Parti national de Daniel François Malan. La plupart des
leaders de cette formation politique extrémiste avaient fait leurs
classes au sein des écoles nazies en Allemagne dans les années
1930. Particulièrement fascinés par la « pureté raciale », ils
mirent en avant le thème du « péril noir » et de la « perte
d'identité» pour justifier leur politique. Le délire de ces futurs
Führers ne connaissait ni mesure ni humanité.
Avec la
découverte des crimes nazis, le monde entier pensait pourtant avoir
pris la mesure exacte de la cruauté de l'homme et de la fragilité
de sa condition. Mais selon G. Aschkinasi, longtemps après la fin du
second conflit mondial, il existe « un bon nombre de mouvements
néonazis en Afrique du Sud. L'un d'eux, le Broederbond, compte
seulement onze mille membres parce qu'il ne veut recruter que
l'élite. Or 80 % des députés du Parti nationaliste actuellement au
pouvoir font partie de ce Broederbond dirigé par un certain Meyer,
lui-même chef de l'African Broadcasting Corporation. Ce Meyer a
nommé son fils "Izan" (anagramme de nazi)... ». D'une
manière générale, dans ce pays, la minorité blanche extrémiste
ou modérée restait invariablement persuadée que toute autorité
est d'essence divine. Elle avait soigneusement conservé son héritage
du calvinisme des premiers immigrants, longtemps restés à l'écart
de l'évolution doctrinale de l'Europe protestante.
Dans
leur lecture « fondamentaliste» de la Bible, l'État est né de
Dieu et son devoir est de protéger ses sujets (même de manière
sélective) des menaces extérieures. Surfant sur cette ligne ténue
qui sépare la raison de l'absurde, ces illuminés prétendaient
encore, au XXe siècle, « assurer la sécurité de la race blanche
et de la civilisation chrétienne par le maintien honnête des
principes de l'apartheid ». Ainsi, au début des années 1980, ils
ressentirent comme une catastrophe la perspective de la libération
de Nelson Mandela et de l'inévitable instauration d'une démocratie
électorale. Ce bouleversement attendu fit réaliser au pouvoir blanc
combien une révolution politique de l'Afrique du Sud lui était
défavorable. La règle un homme = un vote = une voix était une
véritable menace pour le poids politique de la communauté
afrikaner.
Dès
lors l'analyse était simple pour les plus extrémistes d'entre eux;
moins il y aurait de Noirs à voter, moins la minorité blanche
serait menacée. Dans un premier temps, le Freedom Front, une
organisation politique de droite, envisageait l'établissement d'un
territoire afrikaner autonome. Mais certains milieux plus extrémistes
pensaient pouvoir en finir autrement avec la « question noire ».
L'un des aspects les moins connus des horreurs de la politique
d'apartheid fut le projet criminel, ourdi par le pouvoir blanc,
tendant à l'extermination partielle ou totale de la population
noire. En août 1986, peu de temps après son investiture à la
magistrature suprême, le plus communautariste des hommes d'État
afrikaners, le président Pieter Botha, annonçait la couleur Voici
l'effrayante allocution (publiée par le Sunday Times) qu'il
prononça devant un public sélectionné pour expliquer, le plus
naturellement du monde, comment il comptait s'y prendre pour
«génocider » les Noirs d'Afrique du Sud :
«
Mes Afrikaners blancs bien-aimés.
« Je
souhaite la grandeur à vos frères et sœurs au nom de notre sang
tout entier. Au nom de notre précieux pays et en mon nom personnel,
moi, Botha, président de la république d'Afrique du Sud, je profite
de cette occasion pour vous remercier et vous féliciter pour votre
courage et votre détermination du fait que vous m'avez investi pour
porter haut le destin des Afrikaners. Nous sommes en train de
traverser des moments difficiles. J'ai donc décidé de vous assurer
de mon dévouement et de ma solidarité envers vous aussi bien dans
le feu que dans la tempête.
«
Nous vivons au milieu de grands sauvages, qui en veulent à notre
sang, et qui nous haïssent et qui veulent nous arracher ce que nous
avons acquis. Mais n'oubliez pas que nous sommes un peuple solide et
uni. [...] Ne me regardez pas simplement comme Botha, comme son nom
l'indique, mais plutôt comme un véritable esprit vivant et une
promesse pour vos frères et sœurs blancs. En vérité, en vérité,
je vous le dis, voici une terre donnée par Dieu et pour laquelle
nous devrons nous battre jusqu'à la dernière goutte de notre sang.
[...] Nous ne pouvons pas rester là, debout, à regarder ce que nous
avons créé s'effriter et être démoli par ces barbares et
paresseux "Kaffirs". Pretoria a été conçue et créée
par les Blancs et pour les Blancs. Nous ne sommes pas obligés de
prouver à quiconque, et encore moins aux Noirs, que nous sommes un
peuple supérieur. Nous l'avons démontré aux Noirs mille et une
fois.
« La
République sud-africaine, telle que nous la connaissons, n'a pas été
créée par une pensée fantaisiste. Nous l'avons créée par notre
intelligence et au prix de notre sueur et de notre sang. Le sang de
mis pères s'est versé sur cette terre pour notre salut. Nous avons
dès lors la lourde responsabilité de sauvegarder notre patrimoine,
notre histoire et notre fierté. Celui qui lutte pour sa survie et
pour son droit n'a pas tort. Bien-aimés, vous êtes au courant,
vous, de tout le non-sens propagé dans le monde entier à notre
sujet. On nous a collé sur le dos tout ce qu'il y a de mauvais ;
alors que nous ne sommes pas pires que d'autres. Pensez-y, mes
honorables citoyens, le racisme dont ils parlent n'a pas commencé
avec les Afrikaners blancs. Il a toujours été un fait dans cette
vie.
«
J'essaie simplement de vous prouver qu'il n'y a rien d'inhabituel que
nous fassions et que les soi-disant mondes civilisés n'aient fait ou
qu'ils ne soient en train de faire. [...] Nous sommes tout simplement
un peuple honnête et qui a une philosophie claire sur la façon dont
il veut vivre sa vie de peuple blanc. Nous n'affirmons pas, comme les
autres Blancs, que nous aimons les nègres. Le fait que les nègres
ressemblent aux êtres humains et agissent de même ne fait pas
nécessairement d'eux des êtres très doués d'intelligence. Les
crapauds ne sont pas des porcs-épics et les lézards ne sont pas des
crocodiles tout simplement parce qu'ils se ressemblent. Si Dieu avait
voulu que nous soyons égaux aux nègres, il nous aurait créés
uniformément avec la même couleur, avec la même intelligence. Mais
il nous a créés différents : BLANCS, NÈGRES, JAUNES.
«
Les dominateurs et les dominés. Intellectuellement, nous sommes
supérieurs aux nègres, cela a été prouvé sans équivoque depuis
plusieurs années. Je crois que l'Afrikaner est un homme honnête et
une personne qui craint Dieu, et qui a démontré de manière
pratique la vraie façon de vivre. Il ne s'engage pas dans
l'hypocrisie de tous les autres qui prétendent aimer, en scandant
l'atmosphère politique en substance, ou qui font croire au monde
qu'ils sont meilleurs et qu'ils s'intéressent plus que nous à
l'avenir de l'humanité. Pourtant, nous donnons aux nègres des
emplois et mille et une indemnités. De toute façon, il est
réconfortant de savoir que, derrière ce scénario, l'Europe,
l'Amérique, le Canada, l'Australie sont les uns et les autres avec
nous en dépit de ce qu'ils disent.
« En
ce qui concerne les relations diplomatiques, nous savons tous quel
langage il faut utiliser et où nous devons l'utiliser. Pour
justifier mon point de vue, je vous demande de me dire s'il y a un
seul pays blanc qui n'ait pas investi ou qui n'a pas d'intérêts en
Afrique du Sud. Qui achète notre or ? Qui achète nos diamants ? Qui
fait du commerce avec nous ? Qui nous aide à développer l'arme
nucléaire ? La vraie raison est que nous sommes leur peuple et
qu'ils sont notre peuple. C'est là un grand secret. La force de
notre économie repose sur l'Amérique, la Grande-Bretagne,
l'Allemagne, etc. Et j'ai sur ma liste un certain nombre d'États
nègres et pas des moindres ! Camarades Afrikaners, le désir de
puissance n'a pas commencé avec nous. Il n'est pas dans le destin
d'un poussin de manger un épervier. Il est naturel que le poussin
soit mangé par l'épervier. Mais ne sont-ils pas tous des oiseaux ?
La loi de la nature veut que le petit poisson soit mangé par le gros
poisson.
«
Nous sommes dès lors intimement convaincus que le nègre est une
matière première pour le Blanc. Ainsi, Frères et Sœurs, unissons
ensemble nos efforts pour combattre le diable noir. J'exhorte tous
les Afrikaners à mettre leur esprit de créativité au service de
cette guerre. Dieu ne peut assurément pas se détourner de son
peuple que nous sommes. Depuis toujours, chacun d'entre nous a pu
constater, à la lumière de faits, que les nègres sont incapables
de se diriger eux-mêmes ! Donnez-leur des fusils, ils vont
s'entre-tuer les uns les autres. Ils sont tous des bons à rien, sauf
quand il s'agit de faire du bruit, danser, épouser plusieurs femmes
et se livrer à la débauche. Vous n'avez qu'a regarder autour de
vous pour voir ce que les États nègres indépendants ont réalisé
jusqu'à présent.
« Ne
savons-nous pas ce qui arrive au Ghana, au Mozambique, au Soudan, en
Ouganda, au Nigeria, en Égypte, pour ne citer que ceux-là. Rien
d'autre que le chaos, le carnage, la corruption, la famine comme
c'est le cas en Éthiopie. Acceptons donc que le nègre soit le
symbole de la pauvreté, de l'infériorité mentale, de la paresse et
de l'incompétence émotionnelle. N'est-il pas plausible, dès lors,
que le Blanc a été créé pour commander le nègre. La
nourriture, en tant que support du génocide que nous allons
perpétrer à l'encontre des Noirs, devra être utilisée. Nous
avons développé d'excellents poisons qui tuent à petit feu
(poisons à mettre dans la nourriture) et qui possèdent, en plus, la
vertu de rendre les femmes stériles. Notre seule crainte est
qu'une telle arme ne tombe entre leurs mains puisqu'ils seront prêts
à l'utiliser contre nous, si nous considérons ces innombrables
nègres qui travaillent pour nous en tant que domestiques.
«
Quoi qu'il en soit, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir
pour nous garantir que cette arme restera exclusivement entre nos
mains. Par ailleurs, la plupart des Noirs sont corruptibles par
l'argent. Je dispose d'un fonds spécial pour exploiter cette
situation. La vieille règle qui consiste à diviser pour mieux
régner est encore valable aujourd'hui. Nos experts devront
travailler jour et nuit pour opposer le nègre à son frère nègre.
Son sens inférieur de la morale doit être exploité intelligemment.
Voici une créature qui n'a aucune vision lointaine des choses. Nous
nous devrons de le combattre avec des projets s'étendant dans une si
longue durée qu'il ne puisse même pas l'imaginer. Le nègre ne
planifie jamais sa vie au-delà d'une année. Cette opportunité par
exemple doit être exploitée.
«
Mon service spécial mène un travail contre la montre en vue d'une
opération à long terme. J'adresse une requête spéciale aux mères
afrikaners leur demandant de doubler les naissances. Il est
nécessaire de déclencher un boom de naissances à l'échelle
industrielle, en créant des centres où nous employons et
encourageons des jeunes hommes et des femmes blanches qui produisent
des enfants pour la Nation. Nous étudions aussi la possibilité des
inséminations artificielles comme moyen pour faire augmenter notre
population à travers des mères volontaires. Pour le moment, nous
devons être vigilants pour nous assurer que les hommes noirs sont
séparés de leurs femmes, et imposer des pénalités aux femmes qui
portent un enfant illégitime, on ne peut avoir un enfant qui n'est
pas le sien. [...] J'ai un comité qui travaille à la mise au
point des meilleurs moyens pour dresser les nègres les uns contre
les autres en encourageant les meurtres entre eux.
«
Les cas de meurtres entre nègres devront être légèrement punis
afin de les encourager. Mes hommes de science ont découvert
un moyen qui, en versant dans leur breuvage un produit approprié,
permet d'obtenir un empoisonnement à petit feu et une stérilisation
complète. En travaillant sur les boissons et leur manufacture, on
pourrait ainsi réduire leur population. Notre combat pour
l'unité entraîne l'utilisation de jeunes filles blanches en vue de
l'utilisation de ce poison qui tue à petit feu. Notre guerre ne
consiste pas à utiliser la bombe atomique pour détruire le nègre ;
nous devons plutôt utiliser notre intelligence à cette fin, Il est
plus efficace d'entreprendre l'opération personne par personne.
«
Comme on raconte qu'un Noir meurt en allant au lit avec une Blanche,
nous avons là une opportunité unique. Nos mercenaires du sexe
devront en sortant être accompagnées de combattants de l'apartheid
camouflés pendant qu'elles feront tranquillement leurs opérations,
en administrant le poison en question et en endommageant les
grossesses de ces négresses auxquelles ils se seraient liés
d'amitié. Nous sommes en train de réformer l'escadrille des
mercenaires du sexe en y introduisant des hommes blancs qui auront
pour tâche de courtiser les femmes noires vulnérables. Nous avons
reçu des requêtes de prostituées d'Europe et d'Amérique qui sont
désespérées et qui sont prêtes à être utilisées. L'argent peut
faire quelque chose pour vous et, comme nous en disposons, nous
pouvons en faire meilleur usage. Pendant ce temps, bien-aimés
citoyens blancs, ne prenez pas à cœur ce que le monde dira et
n'ayez pas honte d'être appelés racistes.
« Je
ne suis pas le genre d'être appelé l'Architecte et le Roi de
l'Apartheid. Je ne deviendrai jamais un singe parce qu'une personne
m'a appelé singe. Je serai toujours votre star lumineuse, Son
Excellence Botha. Mon dernier appel est que les opérations dans les
maternités devront être intensifiées. Nous ne payons pas les
responsables des services hospitaliers pour qu'ils aident les jeunes
enfants noirs à venir dans ce monde, mais pour qu'ils les éliminent
à la naissance. Si ce service travaillait efficacement une
grande tâche serait achevée. Mon gouvernement a mis de côté un
fonds spécial afin que ce programme soit exécuté de façon
sournoise dans les hôpitaux et cliniques. » *
Ce
délire effrayant de Pieter Botha, qu'on dirait sorti tout droit de
Mein Kampf, n'est pas resté au stade de projet. Après le
démantèlement de l'apartheid, la commission « Vérité et
réconciliation » mise en place par Nelson Mandela, et présidée
par l'archevêque Desmond Tutu, devait auditionner ses exécuteurs. À
l'issue d'un grand déballage à huis clos, on apprendra qu'un
certain Wouter Basson, alias « docteur La Mort», a été pendant
plus de dix ans à la tête d'un programme connu sous le nom de code
: Project Coast. Selon Tristan Mendès-France, journaliste et
documentariste, auteur du livre Dr La Mort, enquête sur un
bioterrorisme d'État en Afrique du Sud : « Certains dirigeants
du pouvoir sud-africain décidèrent d'œuvrer, afin de contrecarrer
les votes noirs. Le gouvernement de l'apartheid mit sur pied une
unité spéciale chargée du Chemical and Biological Warfare, nom de
code : Project Coast. Le docteur Wouter Basson, surnommé "Dr La
Mort", fut chargé de l'exécution de ce sinistre projet. Le
but était de procéder à des recherches ultra-secrètes, pour
concevoir une molécule mortelle, sensible à la mélanine qui
pigmente la peau des Noirs. En somme une arme de destruction massive,
pour exterminer la population noire. »
En
effet, à cinquante-deux ans, fils de cantatrice, brillant chimiste
et ardent patriote, Wouter Basson eut pour mission d'exécuter l'un
des projets politico-militaires les plus effroyables de
l'après-guerre. Il était médecin dans l'armée et général de
brigade. L'homme était bien connu dans de nombreux pays pourtant
démocratiques tels que les États-Unis, l'Angleterre, Israël, la
Suisse et la France, qui avaient bénéficié de ses services.
Leurs milieux militaires spécialisés dans la guerre biochimique
avaient régulièrement collaboré à ses travaux. Il semble que,
pour contourner les traités de non-prolifération des armes de
destruction massive, plusieurs démocraties occidentales aient
fait sous-traiter leurs recherches par le régime de l'apartheid.
Elles avaient pour la plupart signé des conventions leur interdisant
les expérimentations de ce genre d'armes. Or leur précieux
partenaire économique, l'Afrique du Sud, disposait de laboratoires
sophistiqués et, surtout, d'un terrain d'expérimentation humaine
favorable. En outre, les services secrets de ces « États propres »,
qui profitaient des travaux du « Mengele sud-africain », voulaient
éviter que son savoir-faire et ses stocks ne tombent entre les mains
d'« États voyous », en fait plus voyous qu'eux I Ce projet
d'élimination des Noirs bénéficiait d'un budget assez important,
alloué par le gouvernement sud-africain. L'objectif était de créer
un laboratoire militaire technologiquement suréquipé, dans la
banlieue proche de Pretoria, à Roodeplaat.
Quant
au programme, il visait à mettre sur pied un arsenal biochimique
comprenant plusieurs volets. D'abord il prévoyait le développement
d'armes spécifiques et leur stockage. Ces « produits » devaient
générer ou amplifier des pandémies comme le choléra, le virus
Ébola et le VIH. Selon certains spécialistes africains ayant
témoigné devant la commission «Vérité et réconciliation », le
VIH avait été introduit jusque dans les préservatifs, pour
augmenter les risques de contamination. Des travaux étaient menés
pour concevoir des produits destinés à stériliser en masse la
population noire. Le « docteur La Mort» fabriquait aussi des
cigarettes à l'anthrax pour inoculer le virus par voie pulmonaire à
ses victimes. Des témoignages l'attestent : « Le docteur Wouter
Basson inoculait du poison à des détenus, dont Nelson Mandela.
Il créait des vaccins spéciaux pour chaque "race",
stérilisait des cobayes noirs et inondait les centres-villes de
drogue comme l'ecstasy. » Enfin, le dernier volet consistait à
créer une substance mortelle uniquement pour les Noirs. Il s'agit de
poisons ethniquement sélectifs, qui ne devaient réagir qu'à la
mélanine qui pigmente leur peau. Ils auraient à ce titre été
fabriqués et diffusés à l'aide d'aliments de grande consommation
comme le lait, le chocolat, le sucre, le tabac, la bière, etc.
Pendant les auditions de la commission «Vérité et réconciliation
», plusieurs anciens membres des forces spéciales du régime de
l'apartheid ont avoué avoir contribué à la propagation des
éléments criminels fabriqués par Wouter Basson. Ce dernier fut
arrêté et inculpé de quarante-six chefs d'accusation (meurtre,
escroquerie, trafic de drogue, etc.).
Devant
la Haute Cour de Pretoria, l'homme n'a pas nié les faits qui lui
étaient reprochés. Pour sa défense, Basson prétendait qu'il
n'avait travaillé que pour endiguer la vague du communisme. Un
argument bien pratique pendant la guerre froide. Il devait ajouter
que son arsenal criminel avait été mis au point avec l'aide
technique, matérielle et financière de puissances occidentales,
dont la France, l'Allemagne et les États-Unis. À la stupeur
générale, le 12 avril 2002, la cour qui le jugeait conclut : « Le
ministère public n'a pas prouvé de manière irréfutable que le
docteur Basson avait participé à un complot, en vue de fournir des
produits dangereux à des populations noires. » Basson fut acquitté
et aucun des pays occidentaux accusés d'avoir collaboré à ses
travaux n'a voulu présenter la moindre excuse ou envisager des
dédommagements.
Desmond
Tutu devait parler d'un « jour sombre pour l'Afrique du Sud ». En
fait Basson n'était qu'un lampiste. Il se chuchotait depuis
longtemps que le programme criminel dont il avait la charge était
financé par le gouvernement sud-africain avec la complicité de
nombreux pays étrangers. »
Tidiane
N'Diaye, Par-delà les ténèbres blanches.