samedi, novembre 03, 2012

Le Scrameustache & Lobsang Rampa





Le néo-spiritualisme n'existerait pas sans l'infantilisation de la société. L'art de faire fantasmer des personnes spirituellement immatures sur le voyage hors du corps ou les pouvoirs surnaturels explique le succès de certains gourous.

Gos, auteur de bandes dessinées, a créé le Scrameustache pour un public d'enfants. Le Scrameustache est un extraterrestre dont le nom signifie :

  • Sujet
  • Créé par
  • Radiations
  • Artificielles et
  • Manipulations
  • Extra-
  • Utérines
  • Sans
  • Toucher
  • Aux
  • Chromosomes
  • Héréditaires
  • Endogènes.

Dans le Scrameustache et la caverne tibétaine (1992), le petit extraterrestre est l'ami des moines de la lamaserie de Thabamboché, précise Gos. Lamas dont les propos (troisième œil, vision de l'aura, archives secrètes, etc.) rappellent les idées d'un célèbre narrateur de contes de fée pour spiritualistes attardés, le lama Lobsang Rampa.

Lobsang Rampa était peut-être moins cupide que les gourous actuels :

« Si quelqu'un vous dit qu'il ou elle peut aller dans l'astral pour vous et consulter l'Akashique moyennant une certaine somme d'argent, ce quelqu'un est un fumiste, parce que ces choses là ne se font pas pour de l'argent. » (Lobsang Rampa, Les clés du nirvana.)

Lobsang Rampa vivait de ses livres qui se vendaient comme des petits pains. C'était le conteur préférés de tous les passionnés de merveilleux et de voyages interplanétaires. Rampa a écrit un livre sur ce thème : My Visit To Venus. Il était intarissable sur les extraterrestres. Dans Les clés du nirvana, Rampa présente les supposés extraterrestres comme des êtres positifs (d'aimables Jardiniers de la Terre) et affirme la supériorité raciale des Sumériens-Hébreux, les autres peuples étant dégénérés à cause de la consanguinité.

« Je vous l'affirme, écrit-il dans Les clés du nirvana, il y a des gens venus dans des vaisseaux spatiaux, qui observent notre monde. Ils surveillent la terre, pour voir ce qui se passe. « Alors, me demanderez-vous, pourquoi ne descendent-ils pas pour bavarder avec nous ? Ce serait plus raisonnable ! » Je répondrai qu'ils le sont, justement. Les humains cherchent à les abattre, ils essayent par tous les moyens de chasser ces soucoupes volantes, ou plutôt ces Objets Volants Non Identifiés, et si les passagers des OVNIS sont assez intelligents pour franchir les espaces intersidéraux, ils sont suffisamment évolués pour construire des appareils leur permettant d'écouter la radio terrestre, de voir la télévision terrestre, et s'ils regardent notre télé, il est bien normal qu'ils croient être arrivés au-dessus d'un vaste asile de fous, car que peut-il y avoir de plus insensé que les programmes infligés aux malheureux téléspectateurs ? De plus inimaginable que ces émissions qui glorifient la saleté, ces criminels qui enseignent l'égoïsme, qui font des cours d'éducation sexuelle mal à propos et hors de propos, les gens qui paraissent pour se gargariser de mots ?

Plongeriez-vous dans un aquarium pour vous entretenir avec quelques vers qui gigotent dans le fond ? Pénétreriez-vous dans une fourmilière pour bavarder avec les fourmis, ou avec un insecte, quel qu'il soit ? Visiteriez-vous une serre pour discuter des problèmes de l'heure avec quelques plantes rares, leur demander comment elles vont et leur déclarer : « Conduisez-moi à votre chef »? Non, bien sûr ! Vous observez, et si une fourmi vous pique vous protestez, et vous prenez bien soin de ne plus jamais vous approcher d'une fourmilière.

Ainsi, les peuples de l'espace, dont les enfants en savent plus à l'âge d'un an que les plus grands savants de la terre, se contentent d'observer cette colonie.

Il y a quelques années, j'habitais Montevideo, la capitale de l'Uruguay, un pays d'Amérique du Sud situé entre l'Argentine et le Brésil. Montevideo se trouve au bord du rio de la Plata et les navires du monde entier, descendant de Rio de Janeiro vers Buenos Aires, font escale dans la rade de Montevideo. De la fenêtre de mon appartement du neuvième étage, je voyais au-delà de l'immense estuaire les eaux de l'Atlantique Sud. Il n'y avait aucun obstacle, rien n'obstruait le panorama.

Toutes les nuits, avec ma famille, j'observais les OVNIS arrivant du pôle Sud qui passaient juste au-dessus de notre immeuble en amorçant leur descente pour aller se poser dans le Mato Grosso, au Brésil. Toutes les nuits, avec une régularité monotone, ces « soucoupes volantes » apparaissaient. Nous n'étions pas les seuls à les voir, une multitude de gens les observaient et en Argentine elles avaient été officiellement reconnues, sous le nom d'Objets Volants Non Identifiés. Le gouvernement argentin savait très bien que ces objets n'étaient pas le produit d'une imagination enfiévrée, niais qu'ils existaient réellement.

Le jour où nous avons atterri à Buenos Aires, un OVNI arrivait justement, et s'est posé sur une des pistes. Il est resté plusieurs minutes en bout de piste, et puis décolla à une vitesse incroyable. J'ajouterai que le récit de cet événement peut encore se lire dans les journaux de l'époque, mais ce n'est pas une preuve car trop souvent la presse publie n'importe quoi afin d'attirer davantage de lecteurs, et je ne crois pas un mot de ce que je lis dans les quotidiens. Je préfère signaler que l'atterrissage de cet OVNI a fait l'objet d'un rapport officiel du gouvernement argentin.

Ayant vu, nuit après nuit, les arrivées de ces « soucoupes volantes », et comment elles manœuvrent et changent de cap, je puis certifier qu'il ne pouvait absolument pas s'agir de satellites passant dans le ciel. L'heure de passage des satellites est connue, à la seconde près ; le temps de passage de ces autres objets était différent, et d'ailleurs nous avons pu aussi voir des satellites. Le ciel de Montevideo est d'une remarquable limpidité, et j'avais un télescope très puissant, du même type que ceux qu'emploient les douanes suisses, qui peut agrandir de quarante à trois cent cinquante fois n'importe quel objet.

Notre monde est donc sous observation, mais nous ne devons pas nous en inquiéter. Il est bien regrettable que tant de gens aient toujours peur de ces peuples de l'espace et imaginent qu'ils veulent nous faire du mal. C'est faux, entièrement faux, ils nous veulent du bien, au contraire. Souvenez-vous que, au cours des millénaires des civilisations, des cultures sont apparues, et ont disparu presque sans laisser de traces. Rappelez-vous Sumer, ou la civilisation minoenne. Qui a jamais pu expliquer les énigmatiques statues de l'île de Pâques ? On a écrit beaucoup de livres, mais ils ne sont pas nécessairement véridiques. Ou, si vous voulez un autre exemple, que sait-on du peuple Maya ? Qui peut nous dire ce qu'est devenue sa civilisation ?

Chacune de ces civilisations était une culture nouvelle, placée sur la terre pour ranimer un peuple en voie d'extinction, je dirais même « dénaturé ».

Il existe aussi un très, très ancien récit, une légende si vous voulez, selon lequel un vaisseau spatial est descendu sur notre terre, il y a des milliers d'années ; le vaisseau est tombé en panne, et n'a pas pu décoller. Alors les passagers, des hommes, des femmes et des enfants, se sont installés ici, et ont fondé une nouvelle forme de civilisation.

Nous devons nous féliciter que les livres hébreux de l'Ancien Testament aient été traduits en grec avant le christianisme, car les premiers chrétiens, tout comme ceux d'aujourd'hui, avaient la fâcheuse habitude de tout transformer, et de changer les choses à leur profit. Ainsi, nous pouvons apprendre de nombreux détails sur l'histoire ancienne, grâce à ces livres hébreux que le christianisme n'a pas altérés, mais ils ne nous disent rien sur les Mayas, l'île de Pâques ou les Étrusques. Ces civilisations étaient florissantes plus de 3000 ans av. J.-C. Nous le savons, Car les hiéroglyphes égyptiens remontent au moins à 3000 av. J.-C., et certains textes, gravés sur les murs des temples ou des tombeaux, nous donnent des indications précieuses sur les premières grandes civilisations. Malheureusement, vers le IIe siècle de notre ère, après le développement du christianisme, toutes ces connaissances ont été perdues parce que les chrétiens ont transformé l'Histoire selon leurs propres besoins, et qu'ils ont fermé les temples égyptiens, si bien qu'il n'existait plus de prêtres instruits capables de déchiffrer les hiéroglyphes. Ainsi, pendant des siècles, l'Histoire est restée dans l'ombre.

Des études plus récentes indiquent qu'il y a plusieurs millénaires, une grande race apparut soudain dans le « pays des deux fleuves ». Ces gens-là, les Sumériens, n'ont pour ainsi dire pas laissé d'archives. Selon le Dossier Akashique, les Jardiniers de la Terre estimèrent que les terriens s'affaiblissaient, que leur race souffrait de consanguinité, et ils placèrent alors sur terre d'autres gens qui devaient aussi s'instruire. C'étaient les Sumériens ; une de leurs tribus, presque une famille, devint les Sémites, qui à leur tour donnèrent naissance à la race des premiers Hébreux. Tout cela se passait il y a près de quatre mille ans. »

Lobsang Rampa, Les clés du nirvana.


Bernard Bidault, auteur du livre « OVNIS attention danger ! » ne partageait pas l'enthousiasme de Lobsang Rampa à l'égard des extraterrestres.

Interview de Bernard Bidault sur FR3 Aquitaine,  le16 mai 2003. Il décédera 3 ans plus tard :
http://www.dailymotion.com/video/x2ldct_ovnis-attention-danger-bernard-bida_news














vendredi, novembre 02, 2012

Une société schizophrène



Les polluants sont des poisons. Quand les exploitants agricoles et les responsables de l'industrie agroalimentaire seront-ils jugés et condamnés pour empoisonnement ?


Les profiteurs du système (banques, multinationales...) trembleront-ils quand internet se structurera en véritable agora numérique ? Une vox populi, renouant avec le bon sens, pourra-t-elle résister aux décisions de ceux qui imposent aux populations un mode de vie suicidaire afin d'augmenter les dividendes d'actionnaires insatiables ?

Il y a urgence : « des affections cardiovasculaires à la stérilité masculine en passant par le diabète, l'asthme... nombre de maux dont nous souffrons ne sont plus d'origine naturelle mais artificielle, fabriqués en quelque sorte par l'homme. A court terme, c'est la survie de l'espèce humaine qui pourrait être mise en cause. » (Ces maladies créées par l'homme)

Selon le Professeur Dominique Belpomme, « il y a trois façons d'envisager la fin de l'espèce humaine. La première est sa disparition spontanée, que celle-ci soit génétiquement programmée ou qu'elle soit liée à une cause environnementale, telle que l'épuisement des ressources planétaires. Ce type de disparition est attendu. Il s'inscrit dans les lois de l'Évolution naturelle. Dans ce cas, il est certain que l'espèce humaine disparaîtra un jour, dans de nombreuses années, mais sans qu'on puisse prédire quand, comment et pourquoi. La deuxième possibilité est sa disparition accidentelle. Celle-ci est toujours naturelle et liée à l'environnement, mais elle n'est pas attendue. Elle s'apparenterait à celle des dinosaures. La cause pourrait en être, par exemple, une météorite géante entrant en collision avec la Terre. Un tel événement, qui peut être prévisible, n'est pas biologiquement programmé. L'homme n'en serait pas responsable. Une troisième possibilité est la disparition prématurée de l'espèce humaine, provoquée par l'homme. Il en serait pleinement responsable. Soit l'homme sera parvenu à modifier si profondément son environnement qu'il l'aura rendu invivable —l'augmentation de température de la planète par effet de serre en est l'exemple le plus évident —, soit il aura provoqué prématurément sa propre mort, en induisant de nouvelles maladies, non contrôlables par la médecine. Dans les deux cas, la disparition de l'homme serait purement artificielle. C'est ce troisième type de disparition potentielle que j'envisage, car c'est celui qui est devenu le plus probable. En effet, jusqu'à maintenant on pouvait considérer que les maladies que l'homme avait à traiter étaient d'origine purement naturelle. Celles-ci étaient causées par des bactéries, des virus ou des parasites existant spontanément dans la nature. Notre médecine a pu enrayer la plupart d'entre elles, grâce aux progrès spectaculaires qu'elle a accomplis. La situation a changé. C'est nous qui fabriquons nos maladies. Celles-ci ne sont, en effet, plus naturelles comme jadis, mais artificielles, car elles sont liées à notre civilisation, ou plus exactement à la pollution environnementale que nous induisons. »

Dominique Belpomme envisage un certains nombre de reformes qui pourraient « rompre le cercle infernal généré et qui consiste à fabriquer artificiellement de nouvelles maladies ». « Mais, précise-t-il, ces réformes constituent en réalité une véritable révolution conceptuelle. Elles remettent en cause les nombreux préjugés actuels, en s'opposant parfois radicalement à certains lobbies économiques ou industriels et même à ce qui est considéré comme le fonctionnement normal de nos institutions. Car notre société est en crise, une crise multiforme. Elle se traduit par la perte des valeurs morales, le non-respect du droit, l'inadéquation de notre système sanitaire, social, économique et financier aux problèmes posés. C'est ce que pensent nombre de nos concitoyens, en particulier les jeunes, dont beaucoup se sentent désespérés, sans projet, sans espoir, sans avenir, et dont certains ne trouvent, malheureusement, une solution que dans la drogue ou la violence.

Cette crise est considérée comme essentiellement économique et financière, alors qu'elle est en réalité idéologique, morale et comportementale. Parler de crise de la santé et de déficit de la Sécurité sociale, c'est ne voir que la partie émergée de l'iceberg, car la crise concerne la façon dont nous entrevoyons le progrès, l'organisation de notre société et le développement de notre civilisation. C'est pourquoi il est nécessaire d'aller plus loin. Répondre à la crise de santé proprement dite par une démarche technocratique ou financière, en limitant la consommation des soins, est voué à l'échec. Les dépenses de santé ne peuvent que croître car nous sommes dans un système de libre entreprise non régulé. C'est donc un problème structurel lié à notre système économique.

Notre société est malade. Elle est devenue schizophrène. La schizophrénie est caractérisée par un dédoublement de la personnalité et une rupture avec la réalité. C'est exactement la façon dont se comporte notre société. Le dédoublement de comportement est la base de son fonctionnement. D'un côté, elle sait ce qu'il faut faire, et de l'autre, elle occulte la situation en raison d'intérêts financiers. Ce dédoublement la conduit à se déconnecter de l'environnement, à ne plus tenir compte de la réalité. Refusant de voir celle-ci en face, elle se condamne à sombrer et à disparaître. »

Dominique Belpomme, Ces maladies créées par l'homme.


de Dominique Belpomme


Depuis la seconde guerre mondiale, le nombre de décès provoqués par le cancer a doublé en France 150 000 par an ! Le tabac, premier accusé, n'en explique que 30 000. Les autres sont essentiellement liés à la dégradation de notre environnement. Le cancer est devenu une " maladie de civilisation ". Ce phénomène s'observe dans l'ensemble des pays industrialisés. " On soigne les malades atteints du cancer, constate le professeur Dominique Belpomme, président de l'Association française pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (Artac), et non l'environnement qui est lui-même malade. " Des affections cardiovasculaires à la stérilité masculine en passant par le diabète, l'asthme... nombre des maux dont nous souffrons ne sont plus d'origine naturelle mais artificielle, fabriqués en quelque sorte par l'homme. A court terme, c'est la survie de l'espèce humaine qui pourrait être mise en cause

mercredi, octobre 31, 2012

Gouverner c'est paraître





Le pouvoir appartient aux « plus apparents ».

De tout temps les « plus apparents » ont occupé le devant de la scène politique, économique, mais aussi littéraire ou religieuse. Seuls les moyens pour devenir les « plus apparents » ont changé. La télévision notamment a bouleversé les règles du jeu traditionnel.

L'homme politique ne devient pas le « plus apparent» parce qu'il a accumulé des mandats électifs, il est élu parce que sa capacité à communiquer lui a permis d'être le « plus apparent ».

Dans le domaine politique, les sociétés fonctionnent depuis toujours sur le principe de l'autorité et de l'obéissance. Autorité des gouvernants, obéissance des gouvernés. Le mystère de l'obéissance si chère à Rousseau passe par la confiance accordée aux gouvernants, aux « plus apparents ».


De multiples théories ont tenté d'expliquer les raisons de ce transfert de confiance et de cette acceptation de l'obéissance. Les constituants ont tenté de rationaliser le processus, en décrivant soigneusement dans quelles conditions devrait s'exercer la relation autorité-obéissance. Il n'en demeure pas moins que la part d'irrationnel est encore très grande. Freud a tenté de décrire les éléments qui permettent à l'homme charismatique d'exercer son pouvoir. Dans nos sociétés dominées par l'audiovisuel l'homo cathodicus émerge d'une foule d'hommes sans qualités. La télévision lui a permis de mettre en valeur ses qualités les plus apparentes. La télévision lui permet d'exercer le pouvoir. Ce sont ces évolutions que nous souhaiterions retracer dans ce livre.

Dans notre société, des bouleversements importants s'opèrent dont il est difficile d'évaluer les conséquences sur la vie quotidienne de nos enfants et de nos petits-enfants. Après une période où les prophètes de la communication ont annoncé à la fois des révolutions bénéfiques et des désastres irréversibles, tout le monde s'est mis à la communication sans se poser de questions. Aujourd'hui, « communiquer » est devenu probablement un des mots les plus fréquemment utilisés de la langue française. Mais que signifie « communiquer » ? La multiplication de l'usage de ce terme en a dilué le sens et augmenté la polysémie. Quel rapport entre la communication de deux amoureux, des hommes politiques, du gouvernement et la communication paradoxale au sein de la famille ?

Deux sens peuvent être donnés à « communiquer » le plus traditionnel consiste dans l'échange d'un message entre un émetteur et un récepteur. C'est parfois la vision caricaturale de l'information. Cette dernière passe de l'émetteur au récepteur sans retour. C'est dans cette acception que l'on dit que le cuivre communique la chaleur. Ce sens demeure toujours mais a correspondu surtout à la période de la deuxième guerre mondiale et de l'après-guerre. C'est un sens souvent lié à la notion de propagande.

Dans la communication il y a aussi retour du récepteur à l'émetteur. D'où le deuxième sens : communiquer, c'est mettre en commun.

En communiquant je peux rechercher trois effets transmettre de l'information, modifier l'opinion, changer le comportement de mon interlocuteur. Ces trois effets sont soit distincts soit complémentaires. Cela posé, il est indispensable de savoir ce que je veux.

Transmettre de l'information consiste à donner des connaissances par exemple sur une institution : le Conseil régional est élu à la représentation proportionnelle. C'est le passage obligé et premier de la communication.

Modifier l'opinion permet soit de renforcer une opinion existante, soit de l'infirmer. En reprenant l'exemple précédent je peux affirmer que le Conseil régional est utile à la construction des lycées dans la région.

Changer le comportement de mon interlocuteur, en l'occurrence l'électeur, est plus délicat. Il doit comprendre :

1. qu'il existe un Conseil régional ;

2. que ce Conseil régional est utile pour l'éducation de ses enfants ;

3. qu'il n'a pas voté aux dernières élections, mais que cette fois il doit se rendre aux urnes.

Ce cheminement montre clairement qu'il est inutile de demander à un électeur d'aller voter au Conseil régional s'il ignore son existence, et qu'une fois cette dernière prouvée il doit comprendre son utilité.

Avec le changement de comportement on atteint le point crucial de la communication. Modifier le comportement, c'est agir sur l'axe autorité-obéissance. Communiquer participe du pouvoir. Et l'on saisit immédiatement l'importance de la communication pour le pouvoir politique. Dans l'expression la plus simple le pouvoir politique est un rapport autorité-obéissance entre gouvernants et gouvernés. Mais le citoyen obéit s'il reconnaît la légitimité de celui qui commande. Toute l'évolution de ces rapports s'est faite pour que celui qui obéit sache pour quelle raison il le fait.

Quel moyen plus idéal que la communication pour ce faire ? Dès lors on comprend pour quelles raisons la communication est devenue un tel enjeu pour ceux qui veulent exercer leur autorité. En effet le gouvernement doit être attentif aux attentes des citoyens comme il doit expliquer les raisons de sa décision.

La justification du rapport autorité-obéissance passe par la légitimation du pouvoir grâce aux élections et au système représentatif qui en découle. Cette procédure de légitimation est constitutionnalisée, les acteurs en connaissent les règles du jeu.

La légitimation du pouvoir aujourd'hui - autorité-obéissance - passe aussi par la capacité des gouvernements à communiquer. Ce processus de légitimation échappe le plus souvent aux règles écrites et soumet les gouvernements et les gouvernés à des rapports de force dont ni les uns ni les autres ne maîtrisent parfaitement le fonctionnement. [...]

Pour Rousseau, le régime représentatif est incompatible avec la souveraineté populaire. En effet, si la souveraineté réside dans le peuple, c'est-à-dire l'ensemble des citoyens, ces derniers l'exercent eux-mêmes sans recours aux représentants. La volonté générale ne saurait être ni aliénée ni représentée. Il n'y a donc pas d'élection. Mais Rousseau, qui n'en est pas à un paradoxe près, va apporter des correctifs à cette vision idéaliste. Constatant que l'expression directe de la volonté générale est impossible dès que la collectivité est de quelque dimension, il admet l'élection mais avec deux précisions.

D'abord, le député n'agit que sur les instructions impératives de ses électeurs, ensuite la loi votée par le Parlement n'est parfaite qu'une fois ratifiée par le peuple. Telle est, résumée en peu de mots, la pensée rousseauiste sur le sujet.

Jean-Marie Cotteret, Gouverner c'est paraître


Aujourd'hui, grâce au numérique, la volonté générale (d'une collectivité considérable) peut s'exercer directement sans parasites politiques :

Tous cyberparlementaires...





Jean-Marie Cotteret


Pour réussir en politique, faut-il faire partie de ceux qui sont les plus apparents ? L'élection n'est plus la seule source de la légitimité des hommes politiques au pouvoir. Ceux qui possèdent l'aptitude à communiquer, la maîtrise des moyens audiovisuels, bénéficient d'une autorité sans égale : Le pouvoir appartient aux plus apparents. Mais les règles du jeu cathodique échappent à toute norme. Ce livre permet de mieux comprendre pourquoi les discours politiques se vident de leur sens, pourquoi les hommes politiques se battent pour être en tête des sondages, pourquoi le pouvoir politique cherche à s'imposer à la télévision. Il plaide pour une remise en cause de la vie politique et propose des solutions concrètes comme une modification des fonctions du Parlement. 

Jean-Marie Cotteret, agrégé des Facultés de Droit, professeur émérite au Département de Science politique de la Sorbonne (Paris I), est ancien membre du Conseil supérieur de l'Audiovisuel.

mardi, octobre 30, 2012

La fuite







La fuite de Rousseau et de Cioran

Le goût de la marche réunit deux penseurs aussi différents que Rousseau et Cioran. Cela semblerait indiquer que cette activité physique n'a pas grand rapport avec les idées. Tous deux marchent longuement et heureusement mais ils pensent et défendent des idées très différentes. Imagine-t-on Cioran rédiger un Contrat social, disserter sur la pitié propre à tout homme ou encore faire l'éloge de la nature ? Cioran est un penseur de la ville, renvoyant chacun à sa solitude essentielle et moquant la complaisance dont nous nous enveloppons. Même si Rousseau n'a pas ménagé sa critique à l'égard du monde, il a toujours pensé une issue vers une amélioration de notre sort. Pour Cioran, c'est la condition même d'homme dont il faudrait pouvoir se libérer ; n'écrit-il pas : « L'homme sécrète du désastre. » (Syllogismes de l'amertume.)

Ces deux piétons ne piétinaient donc pas les mêmes obsessions et envisageaient le réel à la lumière d'un tempérament et de convictions sans commune mesure. Bien qu'opposés sur le plan intellectuel, Rousseau et Cioran auraient cependant pu faire un bout de chemin ensemble, marquant leurs dissensions mais avançant d'un pas égal, ne cédant pas un pouce dans leurs batailles d'idées et pourtant mêlant leurs souffles, aspirés vers un même sommet.

Jolie image mais trompeuse image. Aucune chance de voir Rousseau et Cioran se tenir par la main au cours d'une promenade car ce sont deux promeneurs solitaires. Si l'un le déplore quand l'autre s'en félicite, toujours est-il qu'ils marchent seuls. D'ailleurs, cette solitude n'est pas indépendante de leurs idées, ce pour quoi nous avons sans doute trop rapidement affirmé que la marche et la pensée occupent des parts de notre être étrangères l'une à l'autre.

En effet, si Rousseau se retrouve promeneur solitaire en proie à des rêveries, c'est bien comme il le précise parce qu'il n'a « plus de frère, de prochain, d'ami, de société que [lui-même] ». Or ce cruel destin lui est échu en raison des idées qu'il faisait profession de défendre et qui lui ont finalement attiré moins de considération que d'inimitié. Rousseau est donc un promeneur solitaire malgré lui, subissant sa condition comme un châtiment dont ses frères ont voulu l'accabler : « Ils ont brisé violemment tous les liens qui m'attachaient à eux. » (Rêveries du promeneur solitaire.)

Sa marche ressemble alors à un exil, à une retraite forcée hors du monde des hommes, en marge de leur affection et de leur reconnaissance. Rousseau se promène le long des malentendus qui le tiennent à distance des autres alors qu'il n'aspirait qu'a se fondre dans une communauté de semblables soudée par des sentiments et un idéal partagés. Ses pas suivent et approfondissent la frontière invisible et infranchissable que ses idées ont tracée entre lui et les autres.

Cioran ne marche pas sur la même ligne ni selon les mêmes motifs que Rousseau. Il marche pour s'éloigner, pour fuir et cherche volontairement cet exil qui lui découvrirait une terre sans hommes. Il lâche au détour de l'un de ses livres ce jugement définitif : « Il est possible que les hommes n'aient pas été chassés du Paradis, il est possible qu'ils aient toujours été ici. Ce soupçon, qui a sa source dans la connaissance, me les fait fuir. Comment respirer à l'ombre d'un être qui ne souffre pas des souvenirs célestes ? On arrive ainsi à calmer sa tristesse ailleurs et oublier avec dégoût d'où vient l'homme. » (Le Crépuscule des pensées.)

Son drame est de ne jamais échouer sur aucun continent inhabité et il maudit cet homme qui partout a laissé son empreinte. Cependant, quelques heures lui rendent un monde d'où l'homme a disparu : ce sont les heures abandonnées à la nuit, et aussi au silence, à la disparition. Cioran passe ces heures noires à marcher pour explorer ce no man's land, à la recherche du néant, ce néant que les hommes ont fait fuir loin des feux de leurs désirs et de leurs néons.

Durant ses nuits d'insomnie, il poursuit l'absence et presse les ombres qui fondent le réel en une nouvelle totalité. Le monde lui est rendu sous ses couleurs premières, il y distingue les signes d'une origine proche et insaisissable, d'un temps d'avant la Chute. Mais l'aube pointe finalement, et la foule agitée des êtres humains est en marche vers d'autres rendez-vous avec le dérisoire. Cette marche mécanique et accessoire ne ressemble pas à celle de Cioran, il ne met pas ses pas dans ces pas. Il n'a d'autre souci que de s'égarer, d'autre urgence que de se perdre, d'autre impératif que d'oublier.

Rousseau marche loin des autres mais n'aspire qu'à rejoindre les autres ; Cioran marche loin des autres mais n'aspire qu'à rejoindre le tout autre. En même temps, fidèles l'un et l'autre à leur nature d'être humain, ils sont soumis à la loi de la contradiction. Rousseau, lui, reconnaît un goût foncier pour la solitude et organise ses fuites loin des hommes : « Quand j'étais chez quelqu'un à la campagne, le besoin de faire de l'exercice et de respirer le grand air me faisait souvent sortir seul, et m'échappant comme un voleur, je m'allais promener dans le parc ou dans la campagne [...]. » (Rêveries du promeneur solitaire.) Cioran, de son côté, n'observe pas toujours ses semblables avec consternation et même, ils lui inspirent parfois des commentaires avenants : « Il est des regards féminins qui ont quelque chose de la perfection triste d'un sonnet », ou encore : « Les femmes déçues qui se détachent du monde revêtent l'immobilité d'une lumière pétrifiée », ou encore : «Le XVIIIe siècle français n'a dit aucune banalité. La France a d'ailleurs toujours considéré la bêtise comme un vice, l'absence d'esprit comme une immoralité. Un pays ou l'on ne peut croire en rien, et qui ne soit pas nihiliste !... Les salons furent des jardins de doutes. Et les femmes, malades d'intelligence, soupiraient en des baisers sceptiques... Qui comprendra le paradoxe de ce peuple qui, abusant de la lucidité, ne fut jamais lassé de l'amour ? Du désert de l'amertume et de la logique, quels chemins aura-t-il trouvés vers l'érotisme ? Et, naïf, par quoi fut-il poussé vers le manque de naïveté ? A-t-il jamais existé en France un enfant ? » (Le Crépuscule des pensées.)

Ainsi nos pas et nos idées, comme chez Rousseau et Cioran, s'entremêlent bien souvent et les uns et les autres s'entrecroisent pour former et ébaucher une trame singulière qui dit notre vie. Si nous marchons seul ou ensemble, seul et ensemble, le jour ou la nuit, le long de la mer ou en vue d'un sommet, vite ou lentement, ce n'est pas anodin. Nous traçons sur le monde et sa terre un sillon singulier que le vent, petit à petit, effacera mais nous aurons remué un peu de poussière, quelques idées et d'étranges rêves.

Christophe Lamour, Petite philosophe du marcheur.


Petite philosophe du marcheur

Si l'on en croit l'Histoire, les philosophes se sont très tôt révélés de grands marcheurs : Socrate dans les rues d'Athènes, Aristote et ses disciples qui se nommaient les péripatéticiens (d'un mot grec qui signifie lieu de promenade) parce qu'ils philosophaient en se promenant.



Cioran & le bouddhisme :

lundi, octobre 29, 2012

Putain d'usine




TOUS les jours pareils.

J'arrive au boulot (même pas le travail, le boulot) et ça me tombe dessus, comme une vague de désespoir, comme un suicide, comme une petite mort, comme la brûlure de la balle sur la tempe.

Un travail trop connu, une salle de contrôle écrasée sous les néons — et des collègues que, certains jours, on n'a pas envie de retrouver.

Même pas le courage de chercher un autre emploi. Trop tard. J'ai tenté jadis, j'aurais pu faire infirmier à l'HP, prof de lycée technique, et puis non, manque de courage pour changer de vie. Ce travail ne m'a jamais satisfait, pourtant je ne me vois plus apprendre à faire autre chose, d'autres gestes. On fait avec, mais on ne s'habitue pas. Je dis « on » et pas « je » parce que je ne suis pas seul à avoir cet état d'esprit: on en est tous là.

On en arrive à souhaiter que la boîte ferme. Oui, quelle délocalise, qu'elle restructure, qu'elle augmente sa productivité, qu'elle baisse ses coûts fixes. Arrêter, quoi. Qu'il n'y ait plus ce travail, qu'on soit libres. Libres, mais avec d'autres soucis.

On sait que ça va arriver, on s'y attend. Comme pour le textile, les fonderies..., un jour, l'industrie chimique lourde n'aura plus droit de cité en Europe.

Personne ne parle de ce malaise qui touche les ouvriers qui ont dépassé la quarantaine et qui ne sont plus motivés par un travail trop longtemps fait, trop longtemps subi. Qu'il a fallu garder parce qu'il y avait la crise, le chômage et qu'il fallait se satisfaire d'avoir ce fameux emploi, garantie pour pouvoir continuer à consommer à défaut de vivre.

Personne n'en parle. Pas porteur. Les syndicats le cachent, les patrons en profitent, les sociologues d'entreprise ne s'y intéressent pas : les prolos ne sont pas vendeurs.

On a remplacé l'équipe d'après-midi, bien heureuse de quitter l'atelier. C'est notre tour, maintenant, pour huit heures.

On est installés, dans le réfectoire, autour des tasses de café. Les cuillères tournent mollement, on a tous le même état d'esprit et aussi, déjà, la fatigue devant cette nuit qui va être longue.

Qui parlera de l'enfer salarial ?

Non pas obligatoirement pour la pénibilité, mais pour toute cette vie bouffée, une vie déjà trop petite que le salariat grignote encore davantage.

[…]

Un quart de siècle auparavant...

Dans mes archives, j'ai retrouvé ce tract, qui date d'il y a longtemps (1977 -78), que j'avais écrit avec un copain, Bernard, et que nous avions distribué lors d'une manif du ler Mai. Ce tract avait été très remarqué, même par la presse locale. Comme quoi, déjà, le travail me préoccupait...


1er MAI : DÉ-FÊTE DU TRAVAIL
C'EST-Y PAS L'TURBIN QUI T'USE ?

Tu « acceptes » de perdre un tiers de ton temps en travaillant et de gâcher les deux tiers restant à t'en remettre.

Tous les jours, jusqu'à la retraite, il faudra te lever à la même heure, faire le même trajet, les mêmes gestes, voir la même gueule du contre-maître gueulard, la même gueule de l'ingénieur qui joue le copain... Et le soir, il te faudra courir, abêti, pour rattraper ces huit heures perdues. En fait, tu le sais, ces huit heures répétées, tu ne peux plus les rattraper. Elles ont enrichi « ton » patron, mais toi, elles t'ont bousillé le corps et l'esprit. Ce à quoi tu as renoncé ne t'est jamais rendu.

Ce temps perdu, tes désirs non réalisés te sont échangés contre un salaire. Cette carotte qu'on te refile pour ta participation à produire des marchandises ne te permet que d'être un consommateur : pas de rendre ta vie passionnante.

Que ton turbin signifie peine, effort, harassement, cadences infernales, c'est vrai. Il est aussi ennui, inutilité, inefficacité, dissimulation. Que tu sois derrière un guichet, sur une chaîne, à sourire et à répondre sur commande, à monter la garde devant des usines, des manomètres, des pelouses, des enfants, des psychiatrisés, c'est toujours « plus tard», « après » que tu pourras VIVRE, AIMER, FAIRE L'AMOUR, RIRE, CRÉER, JOUER, TE BALADER.... Au bout du compte, tu t'aperçois bien que « ça ne vient pas », que ta vie c'est la survie.

On t'a dressé à produire car il n'y a que ce qui est produit qui est appropriable par tes maîtres. Ton plaisir ne les intéresse pas. Ne les intéressent que les semblants de plaisir : c'est ce qu'ils appellent ton temps de loisir : décervelages télévisés, week-ends, vacances Trigano, jeux patriolympiques, tiercé, loto, consommation de spectacles, etc.

Chômeur(se) ou toi qui n'as jamais bossé et qui cherches de quoi assurer ta survie, tu n'as pas à culpabiliser : le travail n'ennoblit pas !

Il est maintenant considéré à sa juste valeur : dans les usines et les bureaux, le ras l'bol s'amplifie. La CGT s'en est elle-même aperçue (pour préparer son 40e congrès, les militants posaient des autocollants : « Travailler en liberté surveillée, ne te laisse pas faire » et « Toute ta vie le même geste, ne te laisse pas faire», proposant comme solution d'adhérer à la CGT, ah récupération quand tu nous tiens !!!).

Les patrons aussi s'en sont aperçus, comme le prouve leur publicité : « On ne peut pas exiger des gens qu'ils aiment le travail, mais on peut rendre agréable leur lieu de travail. »

L'absentéisme gagne du terrain, les vols de matériel, les sabotages de pointeuses ou de la production sont de plus en plus fréquents.

L'outil de travail (ou plutôt d'exploitation) n'est plus préservé dans les conflits durs : en 1976, à Fos, les grévistes arrêtaient les machines en laissant solidifier l'aluminium dans les cuves chez Renault, des presses ont été mises hors d'état de nuire lors d'une grève; chez Évian, les bouteilles plastiques pleines ont été crevées sur les chaînes.

De la General Motors, aux USA, à la Fiat de Turin, le sabotage devient une pratique qui monte.

Les mouvements de résistance au travail, qu'ils soient individuels ou collectifs, se multiplient, en particulier chez les jeunes, et ça n'ira , qu en s aggravant...

Aujourd'hui, rien ne justifie que notre activité reste enfermée dans le travail. La solution n'est pas dans le retour à la vie primitive, mais dans l'utilisation maximum du machinisme, de l'automatisation liée à une réduction massive du temps de travail.

DEUX HEURES PAR JOUR AUJOURD'HUI
C'EST POSSIBLE !

TANT VA LE PROLO AU BOULOT
QU'À LA FIN IL SE LASSE !

TRAVAILLEURS DE TOUS LES PAYS,
UNISSONS-NOUS
ET ARRETONS DE TRAVAILLER !

Groupe Contre le Génocide par le Travail et
Contre la Fatigue et la Détresse dues au Travail


Jean Pierre Levaray, Putain d'usine.

Putain d'usine 

Ouvrier dans l'agglomération rouennaise, Jean Pierre Levaray ne fait pas secret de son travail d'auteur cherchant à s'évader du monde qu'il décrit : celui de l'exploitation quotidienne du travail posté dans une usine de produits chimiques. 

samedi, octobre 27, 2012

Souffrance animale, rendez-vous à Guéret





Aujourd'hui, le ciel est gris, il fait froid et il pleut. Mais je vais aller en Creuse, à Guéret, pour y manifester contre l'horrible mort des animaux.

Les religieux sont parvenus à imposer leur barbarie à la France. Dans notre État laïc, une partie importante du cheptel est égorgée sans étourdissement préalable au nom de croyances d'un autre âge. Maintenant, dans un grand nombre d'abattoirs, les bêtes agonisent durant 14 minutes.

Carte de France des abattoirs qui pratiquent l'égorgement rituel :


jeudi, octobre 25, 2012

L'empoisonnement des populations





Existe-t-il un programme d'extermination d'une grande partie de la population mondiale ?

Des sites conspirationnistes affirment que les chemtrails, la nourriture industrielle, des médicaments ont pour but de tuer lentement un grand nombre de personnes. S'agit-il de délires paranoïaques ?

En tout cas, en Afrique du sud, un tel plan d'extermination a bien été conçu, comme l'affirme Tidiane N'Diaye, un anthropologue mondialement connu.


« Jusque vers la fin du XXe siècle, écrit Tidiane N'Diaye, l'Afrique du Sud se singularisait par un impitoyable régime politique d'intolérance et d'exclusion. La majorité noire était mise à l'écart et dépouillée de la totalité de ses droits. Les Blancs (ou Afrikaners), descendants d'immigrants européens, généralement néerlandais ou français, y avaient toujours vécu leur particularité ethnique comme celle d'une race à part et supérieure aux Noirs — le genre de comportement présent chez beaucoup de groupes humains, ethniquement constitués et tant soit peu conscients de leur singularité, dans un monde qui bouge. Devenus économiquement le groupe le plus puissant, ces Afrikaners soumirent leurs compatriotes noirs à un système de ségrégation raciale dit de l'apartheid , et qui devait les plonger, des décennies durant, dans les ténèbres de l'oppression et de l'humiliation.

Apartheid, ce mot afrikaans ou néerlandais, est emprunté au français. Il signifie : « tenir à part » ou « développement séparé ». C'est en 1948 qu'une telle idéologie fascisante et fondée sur la race fut appliquée en programme de gouvernement, avec la venue au pouvoir du Parti national de Daniel François Malan. La plupart des leaders de cette formation politique extrémiste avaient fait leurs classes au sein des écoles nazies en Allemagne dans les années 1930. Particulièrement fascinés par la « pureté raciale », ils mirent en avant le thème du « péril noir » et de la « perte d'identité» pour justifier leur politique. Le délire de ces futurs Führers ne connaissait ni mesure ni humanité.

Avec la découverte des crimes nazis, le monde entier pensait pourtant avoir pris la mesure exacte de la cruauté de l'homme et de la fragilité de sa condition. Mais selon G. Aschkinasi, longtemps après la fin du second conflit mondial, il existe « un bon nombre de mouvements néonazis en Afrique du Sud. L'un d'eux, le Broederbond, compte seulement onze mille membres parce qu'il ne veut recruter que l'élite. Or 80 % des députés du Parti nationaliste actuellement au pouvoir font partie de ce Broederbond dirigé par un certain Meyer, lui-même chef de l'African Broadcasting Corporation. Ce Meyer a nommé son fils "Izan" (anagramme de nazi)... ». D'une manière générale, dans ce pays, la minorité blanche extrémiste ou modérée restait invariablement persuadée que toute autorité est d'essence divine. Elle avait soigneusement conservé son héritage du calvinisme des premiers immigrants, longtemps restés à l'écart de l'évolution doctrinale de l'Europe protestante.

Dans leur lecture « fondamentaliste» de la Bible, l'État est né de Dieu et son devoir est de protéger ses sujets (même de manière sélective) des menaces extérieures. Surfant sur cette ligne ténue qui sépare la raison de l'absurde, ces illuminés prétendaient encore, au XXe siècle, « assurer la sécurité de la race blanche et de la civilisation chrétienne par le maintien honnête des principes de l'apartheid ». Ainsi, au début des années 1980, ils ressentirent comme une catastrophe la perspective de la libération de Nelson Mandela et de l'inévitable instauration d'une démocratie électorale. Ce bouleversement attendu fit réaliser au pouvoir blanc combien une révolution politique de l'Afrique du Sud lui était défavorable. La règle un homme = un vote = une voix était une véritable menace pour le poids politique de la communauté afrikaner.

Dès lors l'analyse était simple pour les plus extrémistes d'entre eux; moins il y aurait de Noirs à voter, moins la minorité blanche serait menacée. Dans un premier temps, le Freedom Front, une organisation politique de droite, envisageait l'établissement d'un territoire afrikaner autonome. Mais certains milieux plus extrémistes pensaient pouvoir en finir autrement avec la « question noire ». L'un des aspects les moins connus des horreurs de la politique d'apartheid fut le projet criminel, ourdi par le pouvoir blanc, tendant à l'extermination partielle ou totale de la population noire. En août 1986, peu de temps après son investiture à la magistrature suprême, le plus communautariste des hommes d'État afrikaners, le président Pieter Botha, annonçait la couleur Voici l'effrayante allocution (publiée par le Sunday Times) qu'il prononça devant un public sélectionné pour expliquer, le plus naturellement du monde, comment il comptait s'y prendre pour «génocider » les Noirs d'Afrique du Sud :

« Mes Afrikaners blancs bien-aimés.

« Je souhaite la grandeur à vos frères et sœurs au nom de notre sang tout entier. Au nom de notre précieux pays et en mon nom personnel, moi, Botha, président de la république d'Afrique du Sud, je profite de cette occasion pour vous remercier et vous féliciter pour votre courage et votre détermination du fait que vous m'avez investi pour porter haut le destin des Afrikaners. Nous sommes en train de traverser des moments difficiles. J'ai donc décidé de vous assurer de mon dévouement et de ma solidarité envers vous aussi bien dans le feu que dans la tempête.

« Nous vivons au milieu de grands sauvages, qui en veulent à notre sang, et qui nous haïssent et qui veulent nous arracher ce que nous avons acquis. Mais n'oubliez pas que nous sommes un peuple solide et uni. [...] Ne me regardez pas simplement comme Botha, comme son nom l'indique, mais plutôt comme un véritable esprit vivant et une promesse pour vos frères et sœurs blancs. En vérité, en vérité, je vous le dis, voici une terre donnée par Dieu et pour laquelle nous devrons nous battre jusqu'à la dernière goutte de notre sang. [...] Nous ne pouvons pas rester là, debout, à regarder ce que nous avons créé s'effriter et être démoli par ces barbares et paresseux "Kaffirs". Pretoria a été conçue et créée par les Blancs et pour les Blancs. Nous ne sommes pas obligés de prouver à quiconque, et encore moins aux Noirs, que nous sommes un peuple supérieur. Nous l'avons démontré aux Noirs mille et une fois.

« La République sud-africaine, telle que nous la connaissons, n'a pas été créée par une pensée fantaisiste. Nous l'avons créée par notre intelligence et au prix de notre sueur et de notre sang. Le sang de mis pères s'est versé sur cette terre pour notre salut. Nous avons dès lors la lourde responsabilité de sauvegarder notre patrimoine, notre histoire et notre fierté. Celui qui lutte pour sa survie et pour son droit n'a pas tort. Bien-aimés, vous êtes au courant, vous, de tout le non-sens propagé dans le monde entier à notre sujet. On nous a collé sur le dos tout ce qu'il y a de mauvais ; alors que nous ne sommes pas pires que d'autres. Pensez-y, mes honorables citoyens, le racisme dont ils parlent n'a pas commencé avec les Afrikaners blancs. Il a toujours été un fait dans cette vie.

« J'essaie simplement de vous prouver qu'il n'y a rien d'inhabituel que nous fassions et que les soi-disant mondes civilisés n'aient fait ou qu'ils ne soient en train de faire. [...] Nous sommes tout simplement un peuple honnête et qui a une philosophie claire sur la façon dont il veut vivre sa vie de peuple blanc. Nous n'affirmons pas, comme les autres Blancs, que nous aimons les nègres. Le fait que les nègres ressemblent aux êtres humains et agissent de même ne fait pas nécessairement d'eux des êtres très doués d'intelligence. Les crapauds ne sont pas des porcs-épics et les lézards ne sont pas des crocodiles tout simplement parce qu'ils se ressemblent. Si Dieu avait voulu que nous soyons égaux aux nègres, il nous aurait créés uniformément avec la même couleur, avec la même intelligence. Mais il nous a créés différents : BLANCS, NÈGRES, JAUNES.

« Les dominateurs et les dominés. Intellectuellement, nous sommes supérieurs aux nègres, cela a été prouvé sans équivoque depuis plusieurs années. Je crois que l'Afrikaner est un homme honnête et une personne qui craint Dieu, et qui a démontré de manière pratique la vraie façon de vivre. Il ne s'engage pas dans l'hypocrisie de tous les autres qui prétendent aimer, en scandant l'atmosphère politique en substance, ou qui font croire au monde qu'ils sont meilleurs et qu'ils s'intéressent plus que nous à l'avenir de l'humanité. Pourtant, nous donnons aux nègres des emplois et mille et une indemnités. De toute façon, il est réconfortant de savoir que, derrière ce scénario, l'Europe, l'Amérique, le Canada, l'Australie sont les uns et les autres avec nous en dépit de ce qu'ils disent.

« En ce qui concerne les relations diplomatiques, nous savons tous quel langage il faut utiliser et où nous devons l'utiliser. Pour justifier mon point de vue, je vous demande de me dire s'il y a un seul pays blanc qui n'ait pas investi ou qui n'a pas d'intérêts en Afrique du Sud. Qui achète notre or ? Qui achète nos diamants ? Qui fait du commerce avec nous ? Qui nous aide à développer l'arme nucléaire ? La vraie raison est que nous sommes leur peuple et qu'ils sont notre peuple. C'est là un grand secret. La force de notre économie repose sur l'Amérique, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, etc. Et j'ai sur ma liste un certain nombre d'États nègres et pas des moindres ! Camarades Afrikaners, le désir de puissance n'a pas commencé avec nous. Il n'est pas dans le destin d'un poussin de manger un épervier. Il est naturel que le poussin soit mangé par l'épervier. Mais ne sont-ils pas tous des oiseaux ? La loi de la nature veut que le petit poisson soit mangé par le gros poisson.

« Nous sommes dès lors intimement convaincus que le nègre est une matière première pour le Blanc. Ainsi, Frères et Sœurs, unissons ensemble nos efforts pour combattre le diable noir. J'exhorte tous les Afrikaners à mettre leur esprit de créativité au service de cette guerre. Dieu ne peut assurément pas se détourner de son peuple que nous sommes. Depuis toujours, chacun d'entre nous a pu constater, à la lumière de faits, que les nègres sont incapables de se diriger eux-mêmes ! Donnez-leur des fusils, ils vont s'entre-tuer les uns les autres. Ils sont tous des bons à rien, sauf quand il s'agit de faire du bruit, danser, épouser plusieurs femmes et se livrer à la débauche. Vous n'avez qu'a regarder autour de vous pour voir ce que les États nègres indépendants ont réalisé jusqu'à présent.

« Ne savons-nous pas ce qui arrive au Ghana, au Mozambique, au Soudan, en Ouganda, au Nigeria, en Égypte, pour ne citer que ceux-là. Rien d'autre que le chaos, le carnage, la corruption, la famine comme c'est le cas en Éthiopie. Acceptons donc que le nègre soit le symbole de la pauvreté, de l'infériorité mentale, de la paresse et de l'incompétence émotionnelle. N'est-il pas plausible, dès lors, que le Blanc a été créé pour commander le nègre. La nourriture, en tant que support du génocide que nous allons perpétrer à l'encontre des Noirs, devra être utilisée. Nous avons développé d'excellents poisons qui tuent à petit feu (poisons à mettre dans la nourriture) et qui possèdent, en plus, la vertu de rendre les femmes stériles. Notre seule crainte est qu'une telle arme ne tombe entre leurs mains puisqu'ils seront prêts à l'utiliser contre nous, si nous considérons ces innombrables nègres qui travaillent pour nous en tant que domestiques.

« Quoi qu'il en soit, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous garantir que cette arme restera exclusivement entre nos mains. Par ailleurs, la plupart des Noirs sont corruptibles par l'argent. Je dispose d'un fonds spécial pour exploiter cette situation. La vieille règle qui consiste à diviser pour mieux régner est encore valable aujourd'hui. Nos experts devront travailler jour et nuit pour opposer le nègre à son frère nègre. Son sens inférieur de la morale doit être exploité intelligemment. Voici une créature qui n'a aucune vision lointaine des choses. Nous nous devrons de le combattre avec des projets s'étendant dans une si longue durée qu'il ne puisse même pas l'imaginer. Le nègre ne planifie jamais sa vie au-delà d'une année. Cette opportunité par exemple doit être exploitée.

« Mon service spécial mène un travail contre la montre en vue d'une opération à long terme. J'adresse une requête spéciale aux mères afrikaners leur demandant de doubler les naissances. Il est nécessaire de déclencher un boom de naissances à l'échelle industrielle, en créant des centres où nous employons et encourageons des jeunes hommes et des femmes blanches qui produisent des enfants pour la Nation. Nous étudions aussi la possibilité des inséminations artificielles comme moyen pour faire augmenter notre population à travers des mères volontaires. Pour le moment, nous devons être vigilants pour nous assurer que les hommes noirs sont séparés de leurs femmes, et imposer des pénalités aux femmes qui portent un enfant illégitime, on ne peut avoir un enfant qui n'est pas le sien. [...] J'ai un comité qui travaille à la mise au point des meilleurs moyens pour dresser les nègres les uns contre les autres en encourageant les meurtres entre eux.

« Les cas de meurtres entre nègres devront être légèrement punis afin de les encourager. Mes hommes de science ont découvert un moyen qui, en versant dans leur breuvage un produit approprié, permet d'obtenir un empoisonnement à petit feu et une stérilisation complète. En travaillant sur les boissons et leur manufacture, on pourrait ainsi réduire leur population. Notre combat pour l'unité entraîne l'utilisation de jeunes filles blanches en vue de l'utilisation de ce poison qui tue à petit feu. Notre guerre ne consiste pas à utiliser la bombe atomique pour détruire le nègre ; nous devons plutôt utiliser notre intelligence à cette fin, Il est plus efficace d'entreprendre l'opération personne par personne.

« Comme on raconte qu'un Noir meurt en allant au lit avec une Blanche, nous avons là une opportunité unique. Nos mercenaires du sexe devront en sortant être accompagnées de combattants de l'apartheid camouflés pendant qu'elles feront tranquillement leurs opérations, en administrant le poison en question et en endommageant les grossesses de ces négresses auxquelles ils se seraient liés d'amitié. Nous sommes en train de réformer l'escadrille des mercenaires du sexe en y introduisant des hommes blancs qui auront pour tâche de courtiser les femmes noires vulnérables. Nous avons reçu des requêtes de prostituées d'Europe et d'Amérique qui sont désespérées et qui sont prêtes à être utilisées. L'argent peut faire quelque chose pour vous et, comme nous en disposons, nous pouvons en faire meilleur usage. Pendant ce temps, bien-aimés citoyens blancs, ne prenez pas à cœur ce que le monde dira et n'ayez pas honte d'être appelés racistes.

« Je ne suis pas le genre d'être appelé l'Architecte et le Roi de l'Apartheid. Je ne deviendrai jamais un singe parce qu'une personne m'a appelé singe. Je serai toujours votre star lumineuse, Son Excellence Botha. Mon dernier appel est que les opérations dans les maternités devront être intensifiées. Nous ne payons pas les responsables des services hospitaliers pour qu'ils aident les jeunes enfants noirs à venir dans ce monde, mais pour qu'ils les éliminent à la naissance. Si ce service travaillait efficacement une grande tâche serait achevée. Mon gouvernement a mis de côté un fonds spécial afin que ce programme soit exécuté de façon sournoise dans les hôpitaux et cliniques. » *

Ce délire effrayant de Pieter Botha, qu'on dirait sorti tout droit de Mein Kampf, n'est pas resté au stade de projet. Après le démantèlement de l'apartheid, la commission « Vérité et réconciliation » mise en place par Nelson Mandela, et présidée par l'archevêque Desmond Tutu, devait auditionner ses exécuteurs. À l'issue d'un grand déballage à huis clos, on apprendra qu'un certain Wouter Basson, alias « docteur La Mort», a été pendant plus de dix ans à la tête d'un programme connu sous le nom de code : Project Coast. Selon Tristan Mendès-France, journaliste et documentariste, auteur du livre Dr La Mort, enquête sur un bioterrorisme d'État en Afrique du Sud : « Certains dirigeants du pouvoir sud-africain décidèrent d'œuvrer, afin de contrecarrer les votes noirs. Le gouvernement de l'apartheid mit sur pied une unité spéciale chargée du Chemical and Biological Warfare, nom de code : Project Coast. Le docteur Wouter Basson, surnommé "Dr La Mort", fut chargé de l'exécution de ce sinistre projet. Le but était de procéder à des recherches ultra-secrètes, pour concevoir une molécule mortelle, sensible à la mélanine qui pigmente la peau des Noirs. En somme une arme de destruction massive, pour exterminer la population noire. »

En effet, à cinquante-deux ans, fils de cantatrice, brillant chimiste et ardent patriote, Wouter Basson eut pour mission d'exécuter l'un des projets politico-militaires les plus effroyables de l'après-guerre. Il était médecin dans l'armée et général de brigade. L'homme était bien connu dans de nombreux pays pourtant démocratiques tels que les États-Unis, l'Angleterre, Israël, la Suisse et la France, qui avaient bénéficié de ses services. Leurs milieux militaires spécialisés dans la guerre biochimique avaient régulièrement collaboré à ses travaux. Il semble que, pour contourner les traités de non-prolifération des armes de destruction massive, plusieurs démocraties occidentales aient fait sous-traiter leurs recherches par le régime de l'apartheid. Elles avaient pour la plupart signé des conventions leur interdisant les expérimentations de ce genre d'armes. Or leur précieux partenaire économique, l'Afrique du Sud, disposait de laboratoires sophistiqués et, surtout, d'un terrain d'expérimentation humaine favorable. En outre, les services secrets de ces « États propres », qui profitaient des travaux du « Mengele sud-africain », voulaient éviter que son savoir-faire et ses stocks ne tombent entre les mains d'« États voyous », en fait plus voyous qu'eux I Ce projet d'élimination des Noirs bénéficiait d'un budget assez important, alloué par le gouvernement sud-africain. L'objectif était de créer un laboratoire militaire technologiquement suréquipé, dans la banlieue proche de Pretoria, à Roodeplaat.

Quant au programme, il visait à mettre sur pied un arsenal biochimique comprenant plusieurs volets. D'abord il prévoyait le développement d'armes spécifiques et leur stockage. Ces « produits » devaient générer ou amplifier des pandémies comme le choléra, le virus Ébola et le VIH. Selon certains spécialistes africains ayant témoigné devant la commission «Vérité et réconciliation », le VIH avait été introduit jusque dans les préservatifs, pour augmenter les risques de contamination. Des travaux étaient menés pour concevoir des produits destinés à stériliser en masse la population noire. Le « docteur La Mort» fabriquait aussi des cigarettes à l'anthrax pour inoculer le virus par voie pulmonaire à ses victimes. Des témoignages l'attestent : « Le docteur Wouter Basson inoculait du poison à des détenus, dont Nelson Mandela. Il créait des vaccins spéciaux pour chaque "race", stérilisait des cobayes noirs et inondait les centres-villes de drogue comme l'ecstasy. » Enfin, le dernier volet consistait à créer une substance mortelle uniquement pour les Noirs. Il s'agit de poisons ethniquement sélectifs, qui ne devaient réagir qu'à la mélanine qui pigmente leur peau. Ils auraient à ce titre été fabriqués et diffusés à l'aide d'aliments de grande consommation comme le lait, le chocolat, le sucre, le tabac, la bière, etc. Pendant les auditions de la commission «Vérité et réconciliation », plusieurs anciens membres des forces spéciales du régime de l'apartheid ont avoué avoir contribué à la propagation des éléments criminels fabriqués par Wouter Basson. Ce dernier fut arrêté et inculpé de quarante-six chefs d'accusation (meurtre, escroquerie, trafic de drogue, etc.).

Devant la Haute Cour de Pretoria, l'homme n'a pas nié les faits qui lui étaient reprochés. Pour sa défense, Basson prétendait qu'il n'avait travaillé que pour endiguer la vague du communisme. Un argument bien pratique pendant la guerre froide. Il devait ajouter que son arsenal criminel avait été mis au point avec l'aide technique, matérielle et financière de puissances occidentales, dont la France, l'Allemagne et les États-Unis. À la stupeur générale, le 12 avril 2002, la cour qui le jugeait conclut : « Le ministère public n'a pas prouvé de manière irréfutable que le docteur Basson avait participé à un complot, en vue de fournir des produits dangereux à des populations noires. » Basson fut acquitté et aucun des pays occidentaux accusés d'avoir collaboré à ses travaux n'a voulu présenter la moindre excuse ou envisager des dédommagements.

Desmond Tutu devait parler d'un « jour sombre pour l'Afrique du Sud ». En fait Basson n'était qu'un lampiste. Il se chuchotait depuis longtemps que le programme criminel dont il avait la charge était financé par le gouvernement sud-africain avec la complicité de nombreux pays étrangers. »

Tidiane N'Diaye, Par-delà les ténèbres blanches.





Crime contre la démocratie et déferlement totalitaire

Anthropologue français, spécialisé en santé publique, Jean Dominique Michel enseigna dans de nombreuses universités. Dans une courte vidéo ...