jeudi, novembre 05, 2009

Le déclin du spiritualisme himalayen


Désillusions orientales

Des Tibétains, clercs et laïcs, n’ont pas le droit d’entrer dans les commerces, les lieux publics, dans les hôpitaux même les portes des monastères se sont fermées. Ils sont considérés comme des pestiférés par les plus hautes autorités religieuses à cause du culte qu’ils rendent à Dorje Shugden, une déité du Vajrayana. Cette nouvelle persécution religieuse ne se déroule pas en Chine mais au sein des communautés d’exilés tibétains de l’Inde.

La proscription du culte de Shugden est une violation de la constitution indienne qui garantit la liberté religieuse. Kundeling et la Shugden Society ont donc assigné en justice le dalaï-lama. Comment vont réagir les magistrats indiens de la haute cour de justice de Delhi face à la planification sur le territoire indien d’une scandaleuse tyrannie religieuse ?

Les adeptes du culte de Shugden ne croient plus que le dalaï-lama incarne la compassion d’Avalokiteshvara. Pour eux, le vieux prélat est devenu un autocrate intolérant. Ils font part de leurs griefs dans un livre intitulé « Une grande déception, la persécution, la corruption, la dictature, la trahison… » Un réquisitoire qui met à mal le lamaïsme d’opérette soutenu par l’empire anglo-américain pour des raisons géopolitiques évidentes.
http://www.westernshugdensociety.org/en/agd/toc

L’affaire Shugden sur France 24 :
http://www.france24.com/fr/20080808-inde-tibetain-dalai-lama-bouddhistes-demons-shugden-scission-schisme-moines

Désillusions en France

Le schismatiques de Shugden ne furent pas épargnés en France. Il y a une dizaine d’années, devant la violence des attaques des partisans du dalaï-lama, la revue Bouddhisme Actualités fut obligée d’intervenir et de dénoncer une véritable « chasse aux sorcières ».

Le schisme a ébranlé le lamaïsme féodal que les hiérarques tibétains n’ont pas hésité à implanter en France avec une version moderne du servage. En effet, les disciples pauvres, souvent bénéficiaires des minima sociaux, se sont résignés à travailler gratuitement pour assister à des enseignements beaucoup trop onéreux. De belles jeunes femmes sont parfois manipulées pour satisfaire les besoins sexuels de prélats vicieux.

Ce lamaïsme, qui a toujours profité de l’appui des grands médias occidentaux, n’a heureusement pas dupé tous les quêteurs d’Absolu. Des spiritualistes, familiers du bouddhisme tibétain, poursuivent leur cheminement sans se soumettre aux lamas manipulateurs, vénaux et obsédés sexuels.

Après avoir visité un centre lamaïste, l’un d’eux constate : « Ce qui est frappant, c'est ce manque de convivialité, il règne une sorte de méfiance vis à vis des "étrangers" (non bouddhistes, laïcs, curieux, etc.), et pour participer il faut toujours payer, pour tout, et je ne parle pas des retraites réservées aux seuls initiés ».

Un autre écrit :

« En fait ma démarche consiste à éclairer les traditions les unes par les autres car les zones d'ombres ne sont pas les mêmes, ce qui me donne une complète latitude par rapport aux enseignements tibétains. Du coup, j'ai une opinion des lamas qui est assez mauvaise, leur affaire c'est clairement une arnaque. Et mon opinion est d'autant plus mauvaise qu'ils ont réussi à endoctriner des millions de personnes avec des conneries. Les gens s'imaginent parvenir au corps d'arc en ciel mais on se demande bien comment. Il est clair que les lamas nous considèrent comme une bande d'idiots tout juste bons à payer les centres pour élever leurs tulkous, heureusement il y a des traducteurs qui vont gratter dans des textes "secrets", en font des publications, et le chercheur sincère peut y trouver tout ce qui lui est nécessaire. Sans initiations. C'est un patrimoine qui appartient à l'humanité entière, les chrétiens n'ont pas besoin d'initiations pour faire la même chose, et dans l'islam on considère qu'on peut être initié directement depuis le "ciel". »

Des spiritualistes occidentaux constatent, s’interrogent et cherchent. Un texte écrit par Sherlock attire notre attention. Il fait état des affres et des espoirs de ce spiritualisme qui tente de retrouver une philosophia perennis :

Pour un usage éclairé de l’Intellect et de la Sensibilité dans la voie spirituelle.

Chaque religion a ses propres vertus. Mais un assortiment habile de certaines d’entre elles peut donner naissance à un nouvel ensemble plus ouvert en tant que système de propositions et de dogmes reliés les uns aux autres de façon interdépendante. Et surtout conférer au pratiquant - qu’il soit déjà chevronné ou débutant - un arsenal pratique d’exercices méthodiques reliés entre eux de façon ordonnée et cohérente, à la place de slogans spirituels à la mode publicitaire qui prétendent que l’accession au divin coïncide avec la chute dans le moment présent saisi comme une réalité substantielle, l’impuissance mentale et l’arrêt de toute réflexion sérieuse.

Chaque religion exprime l’Infini en acte, mais est bornée par son propre système de représentations. Un système ouvert permettra de redonner de la Puissance et du dynamisme à l’Infini, en favorisant l’émergence de nouvelles combinaisons. Certes les sceptiques parleront de jouer à l’apprenti sorcier, mais la liberté a un prix. Si on est pas capable de suivre de A jusqu’à Z l’ensemble des prescriptions d’un système, de suivre un Maître unique et de s’abandonner immédiatement à Lui corps et âme, (mais qui l’est aujourd’hui, et avec quel maître ?) il faut bien trouver une méthode et une logique pour ouvrir son esprit tout en suivant certaines règles, user du dépôt inestimable des traditions tout en contournant les ornières et les pièges qui pavent et émaillent le sentier spirituel. Il s’agit de « voir » à travers les systèmes déjà existants pour véritablement passer au travers - telle une aiguille dans un maillage très serré - et de disposer ainsi d’un arsenal de méthodes - qui, mises bout à bout, permettront de déjouer les limites de chacune d’entre elles et de combler certaines lacunes.

Ainsi, les systèmes se ramènent à leurs propriétés essentielles, tout en devenant utilisables par quiconque est doté de bonne volonté et d’un semblant d’enthousiasme. Cet art combinatoire - qui ressuscite en partie les tentatives avortées au cours des siècles non plus destinées à des fins d’apologétique particulières, mais portant une intention œcuménique -, viendra renforcer la capacité de discernement du pratiquant et lui apprendra à sonder de l’intérieur les voies spirituelles. Car la capacité de pratiquer ne vient pas spontanément pour les êtres faibles que nous sommes pour la plupart d’entre nous, réduits à l’état de sevrage spirituel par l’éducation, les modes et les conditions de vie ambiantes, mais doit s’acquérir à travers un exercice régulier et systématique fondé sur la réflexion et la compréhension. Lui seul peut nous fortifier et nous redonner confiance, alors que la simple application de règles mécaniques ne fait qu’aggraver le mal. En réalité, nous sommes peut-être doués pour le détail et l’écorce, mais incapables d’en voir la substance et le fond. Nous souffrons à la base d’un manque de sensibilité, doublé d’une grande arrogance quant à nos capacités mentales.

L’acuité du regard porté sur la nature divine contribue à remédier à cet état déplorable, en ne se bornant pas à la constatation de notre dramatique impuissance, mais en offrant des solutions pratiques. Alors elle ne sera pas une simple chimère, mais une proposition concrète pour baser notre existence sur la rechercher de la vérité et de l’amour divin, plutôt que le loisir et les satisfactions éphémères. Nous ne prétendons pas à la sagesse, mais il est évident que la connaissance mystique sera vraiment bénéfique uniquement si on se dote d’un appareil pragmatique suffisamment efficace et robuste pour en intégrer les données sur le long terme. Il faut que notre intellect soit formé pour pouvoir « lire » en esprit le contenu des propositions dogmatiques, et pas seulement croire naïvement ou raisonner abstraitement à leur propos. Autrement on se prive de la vue d’ensemble nécessaire à l’intellection du Tout et on est réduit à la recherche d’expériences plus ou moins passagères qui nous laisseront sur notre faim quoi qu’il en soit. Pour éviter ce genre de famine, il faut pister les traces de l’Infini et reconnaître sa Présence partout où elle rayonne, et adapter sa pratique personnelle en conséquence. L’Absolu se révèlera alors naturellement comme spontanéité créatrice, qu’on retrouve harmoniquement dans la Nature, dans les œuvres du Cosmos et dans notre Esprit : il surgira surnaturellement dans l’action indivise de la Lumière incréée, sous l’apparence du Maître intérieur et dans l’âme régénérée en état d’enfance spirituelle.

1. Notre triste état.

Pour la plupart d’entre nous, nous ignorons même que nous évoluons dans un état pitoyable, qu’il soit subjectif ou environnemental. Stimulés par les modes de vie ambiants, nous croyons au fond que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, et que rien n’a réellement d’importance. Il suffit de se distraire avec différents hochets mentaux , la spiritualité étant le plus raffiné d’entre eux. Ce sont tous les signes d’un nihilisme en esprit. Mais si on réfléchit un tant soit peu sur le sort qui nous attend après notre existence en suivant les enseignements religieux traditionnels, on peut être pris d’une frayeur salutaire, et comprendre dans l’instant que le temps est compté. L’heure est grave : plus question de tergiverser avec des futilités qui nous accablent et les sottises auxquelles nous nous laissons prendre : en misant tout sur le sacro-saint « instant présent » censé nous délivrer du mal, on se prive de comprendre quoi que ce soit, une fois notre existence réduite à une tête d’épingle inintelligente. En contemplation devant son grille-pain ou ses tartines, il n’y a plus qu’à s’extasier devant la saveur suprême d’une tasse de thé ou de café, en croyant qu’on atteint la simplicité sérénissime, digne d’un Saint-François d’Assise ou de l’ascète Milarépa.
Sur cette base, d’honnêtes gens qui ont assisté à des enseignements et se sont plus ou moins essayés à quelques exercices spirituels, encouragés par leurs maîtres usant des fameux « moyens habiles », se sont imaginés avoir obtenu la réalisation à peu de frais. Ils ont interprété ainsi leur découverte et les enseignements: il suffit de ne rien faire et de ne rien vouloir, de ne plus avoir de tête, de se dire que tout est « là » devant soi à portée de main, ressentir un peu de bien-être et en conclure que tout est parfait. N’importe qui un peu censé verrait là le stigmate de la paresse et la marque d’une imagination trompeuse. Car l’état céphalophorique (le Saint céphalophore est celui qui tient sa tête décapitée dans ses mains tout en étant vivant) ne s’atteint pas aussi facilement. Il représente la culmination d’une vie d’austérités et de sacrifices, à l’instar de Saint-Martin ou de Saint-Denis. Avec la mise en boîte dans l’espace crânien, la réalisation deviendrait accessible à tous et presque démocratique. L’homme n’est-il pas qu’un paquet de neurones et de cellules agencés artificiellement et arbitrairement ? Pendant ce temps, les Maîtres doivent se gausser ou se désoler devant tant de naïveté, de bêtise et de candeur de la part du bon peuple, alors qu’ils cultivent pour leur propre compte et leurs propres élites des méthodes complètes raffinées, soigneusement testées et éprouvées. Et ils ont raison ; l’erreur n’est pas de jalouser qui que ce soit et de développer des émotions perturbatrices, mais de voir les choses en face et vouloir le meilleur pour soi et les autres ; pour progresser, il faut prendre conscience de sa misère existentielle et vouloir en sortir. L’homme est grand de ce qu’il se reconnaît misérable, s’il sort de son imagination trompeuse sur lui –même et ses concitoyens. Sans une volonté ascensionnelle, il reste nécessairement prisonnier du mirage de l’instant présent. Pour éviter cette duperie trop facile, il faut vouloir s’instruire en avouant sa crasse ignorance, et en ne la prenant pas pour de la docte ignorance, la véritable pauvreté en esprit dont Maître Eckhart traite dans son célèbre sermon.

2. Ere de la machine, culte de l’instant présent et virtualisation du dharma.

Aujourd’hui, la situation que l’homme moderne subit passivement depuis quelques siècles globalement sans protester est particulièrement préoccupante, en raison du conditionnement sans précédent effectué pour éradiquer jusqu’à la notion de Dieu dans les esprits. Un programme général auto-dégradant est en route, non que nous soyons adeptes des conspirations et des complots, mais force est de constater ses marques et ses effets et d’en déduire les conséquences à moyen et long terme sans gros risques de se tromper. La techno-science alliée à la société marchande tend à nous faire oublier notre humanité de base, en nous faisant croire que l’esprit peut être remplacé avantageusement par la machine, et qu’en fin de compte nous ne fonctionnons guère différemment d'un ordinateur sophistiqué. Dans la version matérialiste et nihiliste précédente, on disait que l’homme était juste un animal à peine amélioré, ce qui était déjà plus proche de la vérité, car cela rappelait l’enracinement de notre humanité dans la biologie. Mais dans le mythe actuel, l’idée d’homme et même d’animal tendent à être effacées, au profit d’une réalité virtuelle de nature computationnelle. L’homme se réduit à un système d’informations déprogrammable et reprogrammable à volonté, du moins en théorie. Cette image de soi est lourde de conséquences et a des répercussions négatives incalculables, aussi bien dans le champ social que pour l’individu. Un programme de nature politique est attaché à cette vision du monde, qui voudrait exclure a priori le risque du champ du vivant et tout contrôler et réguler par le mental. L’expression naturelle et spontanée des qualités vitales est bannie au profit de la pseudo-rationalisation mentale érigée en norme, en obligation de conformité et de résultats. Ainsi est institué un véritable esclavage, qui n’a rien à envier a celui de l’Antiquité.
La stratégie consiste à assimiler la matière vivante à la matière non vivante, à transformer les êtres en choses abstraites pour mieux les asservir et les piéger. Autrement dit, refuser d’éduquer des Personnes au sens classique du terme, en les nivelant artificiellement dans une réalité virtuelle. En langage bouddhiste, on dirait qu’on les enferme (avec leur consentement plus ou moins inconscient pendant la phase préparatoire de tous les génocides de masse) dans un « bardo », et lorsqu’ils se éveilleront, il sera trop tard ils ne pourront plus fuir. L’Histoire nous enseigne cette cruelle vérité. Le miracle de notre temps, c’est que la nouvelle spiritualité est détournée à cette fin. Pour ses complices conscients et ses idiots utiles, loin de transcender les clivages dans une Intelligence unificatrice, elle se réduit à quelques slogans bien sentis, qui doivent laver le cerveau et l’esprit critique du postulant, ou à des mystifications pseudo-ésotéristes. Par un curieux mystère, l’homme occidental rompu à l’esprit critique mais usé par son intellect mal utilisé est prêt à renoncer à sa véritable qualité et son authentique valeur, au profit d’un rêve chimérique et infantile: abolir le Réel et réécrire le Livre de Vie de l’humanité en le simulant et en le transformant en copie virtuelle.

La doctrine du Vedanta et le bouddhisme sortis de leurs contextes et mal digérés, la haine du Christianisme servent conjointement ce diabolique dessein, qui ressemble à une sorte de Suicide Assisté par Ordinateur, cime de l’individu en décomposition qui veut échapper à la souffrance et à l’interrogation métaphysique. Les Maîtres qui ne sont pas encore omniscients semblent tout ignorer de cette dramatique situation, volontairement ou non. Ils semblent croire que nous sommes comme eux et que nous pouvons encore pratiquer comme auparavant, alors que la substance de notre âme a commencé à être modifiée sans qu’on s’en soit aperçu. Seuls des êtres comme nous issus de ce terreau peuvent voir et comprendre la situation de l’intérieur. Les Maîtres au pur karma se reproduisent entre eux de façon élitiste, (Cf. l’éducation traditionnelle des tulkous) sans être en prise direct avec le bon peuple qui nage encore dans la fange, malgré le passage des Lumières.

Il est encore temps de réagir avant qu’il ne soit trop tard, que notre espèce ait muté et que nous ne soyons plus du tout capables de pratiquer le Dharma. D’aucuns se gausseront et railleront notre folie, en soutenant que la vérité ultime consiste à comprendre qu’il n’y a rien à pratiquer et que nous somme parfaits tels que nous sommes… En faisant croire que tout se réduit à un jeu de perceptions illusoires sans Dieu comme substrat, à une danse fantomatique d’atomes en changement perpétuel, la nouvelle spiritualité dissimule maladroitement son nihilisme. Elle révèle son véritable masque, dès lors qu’on s’avise des intérêts qu’elle sert inconsciemment : les malheureux et irresponsables qui profitent de leurs privilèges, refusent d’éduquer l’homme au sens le plus large, en le laissant stagner dans inculture et son ignorance. Pour effectuer la transsubstantiation machinique, l’homme doit être privé de mémoire, de culture, de modèles et de références historiques, et surtout incapable de se concentrer et de réfléchir par lui-même. Là où le mauvais penchants des religions dogmatiques a échoué, l’époque actuelle est en train de réussir en atrophiant l’Intelligence du cœur par son culte de la simulâcrisation, qui consiste à enserrer les esprits dans des réalités virtuelles sur une base non biologique. Le culte de l’instant présent, le refus de s’inscrire dans une continuité et de comprendre la raison profonde des dogmes religieux traduisent la falsification de la recherche de la pauvreté en esprit, avilissent plutôt qu’ils élèvent. La spiritualité ravalée au stade de la virtualité pré-réflexive, le refus de l’effort et de l’ascèse engendrent nécessairement la bêtise, qui exploitée aisément et adroitement peut mener jusqu’au crime envers sa propre nature qui est par essence Intelligence discriminante. On ne peut passer à la Culture ultime qu’en passant humblement par tous les stades de la pédagogie humano-divine. On ne peut pas monter au ciel en sabordant l’échelle pour éviter de la gravir. Plus profondément, le culte moderne du néant a pour modèle et idole la chimère virtuelle qui a pour objet à terme de substituer aux canaux biologiques inscrits surnaturellement dans le corps humain (infusés au moment de la conception lors de l’union de l’âme et du corps sous la forme d’une Personne unique, développée lors de l’embryogénèse sous la forme des canaux et des souffles qui se développent à partir du noyau fondamental de l’esprit et du vent très subtil indestructibles) de nouveaux canaux artificiels et démonologiques. Ainsi, les êtres croiront pratiquer le dharma, alors qu’ils ne pratiqueront plus que sa version virtuelle et tout à fait inoffensive. Ils croiront lire les textes, faire les expériences correspondantes, mais les vivront en réalité dans un univers de simulation. Une fois le dharma mis en bouteille, évoluant dans leur cage de verre, les êtres hypnotisés croiront avoir réalisé à peu de frais l’Absolu. Nous ne voulons paniquer personne, notre but est simplement de montrer comment sortir de cette bouteille à dharma.

D’où le piège de l’application des enseignements aujourd’hui. On croit comprendre et voir, alors qu’on ne comprend rien sur la base d’un esprit déjà faussé et on voit là le summum de l’Intelligence. On se croit réalisé, alors qu’on a pas encore passé la porte, car on ne s’est pas vraiment avisé qu’il y avait une porte. Et la comédie peut durer longtemps, car ceux qui sont derrière la porte laissent entendre qu’il n’y a pas de porte, pour peu qu’on «lâche prise.» L’échelle de Jacob, les dix terres du boddhisattva perdent par ce fantastique tour de passe-passe leur raison d’être. On peut avoir eu quelques « expériences », quelques aperçus du divin même authentiques, mais faute d’éducation et d’une structure psychologique solide pour les accueillir et les intégrer, ces expériences peuvent tendre à la dislocation de la personnalité et de l’unité de l’esprit humain. Les individus dont le noyau est à prégnance « psychotique », en raison de leurs canaux poreux et parfois fêlés, sont des sujets idéaux pour ce type d’expérience passagère. Le problème réside en ce qu’ils ne disposent pas de structure propre et de la clarté mentale suffisante pour les inscrire dans une continuité.

3. L’imposture des enseignements spirituels actuels.

Sans doute pour cette raison, les Maîtres authentiques qui s’adressent aujourd’hui au plus grand nombre en disent très peu et sont très avares d’enseignements véritablement efficients. Connaissant probablement l’état lamentable de nos canaux et la faiblesse de notre complexion, ils préfèrent rester discrets afin de ne pas paniquer les foules. La plupart des gens ne s’en aperçoivent même pas et sont très contents comme cela, car ils ont peu étudié et pas pratiqué le temps nécessaire pour réaliser le tragique de la situation. Il leur est donc impossible de s’aviser des raisons qui ont conduit et entretiennent leur sort. Le souci de nivellement se comprend pour assurer la paix sociale et favoriser une certaine harmonie, mais s’avère problématique pour les progrès personnels des individus. D’où notre cri de révolte, non pour faire la révolution, mais pour trouver des solutions avant qu’il ne soit trop tard. Les discours rassurants ne nous protégeront pas des affres du bardo, sujet d’ailleurs peu au goût du jour. Les enseignements collectivisés à destination des groupes nombreux négligent dans leur principe la relation directe et personnelle entre Maître et disciple, quoi qu’on en dise. Cela conduit à une relation univoque, dans laquelle le disciple donne une partie de son temps, de son argent et de lui-même, mais ne reçoit pas en retour ou très difficilement un engagement réciproque qui scelle explicitement une relation de proximité personnelle. Le Saint Esprit ou Shaktipat ne descend pas dans n’importe quelles conditions. Il doit être sollicité suivant des règles précises. Dans le Christianisme, Dieu existe sous la forme de trois Personnes distinctes mais unies et d’égale importance, où chacune dépend de l’autre dans une relation de réciprocité. Quel meilleur exemple pour comprendre la phénomène des fameuses « relations interdépendantes » ? Dans la relation entre le Maître et le disciple fondée sur l’amitié spirituelle, l’Amour surgit spontanément lorsqu’est reconnue réciproquement l’égalité fondamentale de nature entre l’élève et le professeur. Les deux demandent conjointement à Dieu sa bénédiction, afin d’ouvrir leurs cœurs à l’amour universel. L’un donne et l’autre reçoit, mais les deux participent à l’unité de l’Esprit. Cette bipolarité est indispensable. Autant Dieu peut refuser sa grâce à un personne isolée, autant la conjugaison de deux verbes implorants dans un but altruiste ne peut rester sans réponse. Tel est le principe universel du darshan, sous ses multiples formes. C’est sans doute pour cela que Jésus a dit que tout ce qui se fera en son Nom serait bon et saint. Si on refuse cette circulation en va-et-vient, le courant peinera à s’établir dans sa plénitude entre les personnes, et la pédagogie divine fait place à la scolastique mortifère.

Pour autant qu’on s’est avisé de la nécessité de la présence physique du Maître et non pas sa virtualité abstraite, il n’est pas pour autant aisé de d’aller vivre aux pieds d’un Maître dans un ermitage isolé ou un monastère. Nous manquons généralement des mérites suffisants, et ceux qui s’y sont essayés ont réalisé que la proximité se payait de conditions drastiques à respecter. Et ceux qui suivent le chemin du seva tombent pour la plupart dans une forme d’esclavage spirituel (et matériel) consenti, où ils accumulent sans doute des mérites, mais semblent se condamner à renaître pendant de nombreuses vies au service du maître sans comprendre ce qui leur arrive. Par ailleurs, l’idéologie du travail règne dans moult communautés spirituelles, où les emplois du temps minutieusement réglés donnent beaucoup de place aux travaux quotidiens, mais peu à la pratique elle-même. Mais qu’est–ce qui est le plus important en fin de compte ?

Si l'on décide de rester chez soi à pratiquer tranquillement son mantra et à faire du yoga, on risque très vite de stagner. En effet, par expérience, nous avons pu constater que le mantra ne se développait pas tout seul par génération spontanée. Il lui fallait un milieu propice impliquant une forme de communauté. Autrement, la nature spirituelle de l’individu, au départ volatile, peine à s'incarner. Il lui faut un contact avec les autres pour se stabiliser et s’amplifier. Le yoga indien a été largement dépouillé de sa sève spirituelle dans sa transmission aux occidentaux. Il est certes efficace pour une bonne santé, mais incomplet, imprécis et même très dangereux lorsqu’il est approfondi pour nous amener à la claire lumière. En effet, les méthodes efficaces ont été élaborées et testées dans un milieu profondément différent du nôtre et pour des êtres ayant une morphologie spécifique. Elles ne peuvent donc être transposées telles quelles et sans adaptations de fond, dans un souci de profond renouvellement et de bénéfice aux êtres. Nous pouvons en dire autant du bouddhisme tibétain, efficace pour les tulkous tibétains qui bénéficient d’une éducation exceptionnelle (mais pour combien de temps encore ?) mais manifestement incapable de répondre à la transmutation biologique du substrat humain formaté par la modernité. Aussi, les techniques de pointe comme le « dzogchen », l’advaïta ou les tantras supérieurs s’adressent à des pratiquants de grande capacité - et non à de pauvres hérissons comme nous. La plupart d'entre nous ont perdu une part de leurs qualités vitales et de leur scintillement naturel, au profit d'une mentalisation toujours plus compliquée qui détruit les qualités inhérentes à l’état humain. Le réceptacle sur lequel les enseignements sont censés être infusés devient inapte à une telle opération, car il tend lui-même à devenir virtuel et purement informel, à l’image de tout ce qui compose la civilisation occidentale. Compris sur la base de cette nouvelle réalité virtuelle qui s’est substituée au monde sensible, les enseignements deviennent un piège plutôt qu’un remède. Loin de réaliser la vacuité de notre esprit et des phénomènes, nous tendons vers la dissolution dans un bardo semblable à celui de l’état intermédiaire. Pratiquement, des personnes honnêtes qui s'impliquent sérieusement et avec sincérité depuis parfois plusieurs décennies dans les enseignements obtiennent peu ou pas de résultats probants. Et le drame, c’est que leurs enseignants qui ne se sont pas impliqués personnellement les laisse dans ce désarroi en esquivant le problème à sa racine, même lors d’«entretiens privé» . Il y a donc une supercherie manifeste qui appelle une réaction et des solutions, car aucune situation déséquilibrée ne peut perdurer éternellement.

4. Reconstitution de la Tradition originelle multiplicatrice.

Devant cette situation critique, nous pensons que le dialogue et la réflexion interreligieuse sont la meilleure solution. Non pas au niveau superficiel comme il est d’usage, mais au niveau profond, celui des pratiques spirituelles. En effet, nous avons constaté que toutes les voies sont incomplètes par définition, afin de rendre obligatoire la présence du Maître, et que chaque religion semble détenir un morceau d'un puzzle géant qui aurait été disloqué et nous serait arrivé par morceaux. Aucune ne dispose d'une vue d'ensemble et chacune se croit totale par elle-même, si bien que les fausses interprétations sont obligatoires et les disciples fourvoyés. L'idée d'une coopération multiplicatrice est envisagée avec suspicion et horreur. A qui profite le crime ? Comme il manque la perspective d'ensemble, les parties sont biaisées elles aussi et l'absurde devient raison. Le mythe de la Religion primordiale a donc sans doute un sens, à condition de ne pas être saisi et objectivé. Il n'y a pas eu de Tradition primordiale réalisée historiquement, (nous n'avons aucune trace dans les annales ni les récits mythiques toujours particularisés et adaptés à un peuple), mais le Nom divin de la Tradition originelle existe nécessairement dans l'Intellect divin, et nous pouvons le découvrir si nous nous appliquons.

Contrairement aux interprétations plus ou moins étranges qui ont été proposées, nous pensons qu'elle ne constitue pas une somme de données statiques, mais qu'elle est foncièrement multiplicatrice. Dynamique car essentiellement créatrice, pas fixe et immuable comme un glaçon qui aurait fondu en se dispersant à la surface de la terre. Rien à voir avec les vues fixistes et réactionnaires qui tendent à la solidifier et la rigidifier, expression d'une rigidité mentale masculine caractéristique. La Tradition primordiale existe vraisemblablement "en esprit" complète comme faculté de liaison et de multiplication entre des terres pures ou royaumes imaginaux; mais sur terre, dans sa manifestation sensible, elle apparaît en continents épars que les archéologues de la Conscience doivent reconstituer.

Chaque religion, en suivant le sillon de son fondateur, s'enferme malgré elle dans un tracé et une limite. A la fin du processus de purification, le Maître dévoile au disciple le Soi inconditionné au-delà de toutes les formes. Après des efforts harassants, il finit enfin par comprendre ce qui se passe. La méthode que nous proposons fonctionne d'emblée différemment. Elle reconstitue pas à pas le puzzle de la Tradition originelle, à travers le sceau multiplicateur. Elle est donc dans son principe une voie inclusive qui recherche la complémentarité à travers la différence, tant au niveau métaphysiqe que psychologique. C'est une voie qui marche par l'examen et l'inclusion dynamique des écarts des signifiants. Elle ne recherche pas un centre absolu mythique autour duquel graviteraient les savoirs relatifs, (ce modèle a été justement remis en cause dans les écoles de la "déconstruction" qui refusent avec raison la fable centralisatrice; cf. Derrida et consorts) pas plus qu'elle ne sombre dans le relativisme moderne et de l'agnosticisme à la mode. Elle met en lumière la source commune à partir de la différenciation du Sens; elle permet la multiplication des connaissances et des réalisations spirituelles, en suivant conjointement le trajet de plusieurs voies différenciées et en s'intéressant aux autres. L'intuition de l'essence multiplicatrice se ramène à l'intuition de la différence entre plusieurs Noms divins en inclusion réciproque.

5. Voyage salutaire de l’esprit au sein de la diversité humaine et spirituelle.

Au niveau du quotidien, cette démarche consiste tout simplement à… s’intéresser aux autres. Si l’on a une vue subtile, on sait que le rejet des étrangers et de ce qui est « autre » est parfaitement admis et encouragé, que ce soit au niveau social ou spirituel, et si ce n'est le rejet physique, c'est le rejet psychologique et spirituel. Partout, il est bon de faire semblant d'être ami, mais à un niveau plus profond, plus on rejette les autres (l'indifférence n'étant que le masque du rejet), mieux ça vaut. Chaque religion prétend détenir l’unique vérité vraie, ce qui crée automatiquement une dépréciation de toutes les autres. Chaque groupement social fonde son identité sur le rejet des autres plus que sur l’interdépendance, perçue comme une mal nécessaire. Nous nous accommodons des autres tant bien que mal, de même que les chrétiens s’accommodent des bouddhistes et que les hindous s’accommodent des musulmans. Comme le dit le proverbe, nécessité fait loi. Mais nous sommes loin de la parole du Christ « Aime ton prochain comme toi-même », qui propose une véritable voie de l’union.

Malheureusement pour tous ceux qui souhaiteraient demeurer dans leur coquille pour l’éternité, il n’y a que deux voies de réalisation : par participation et par identité. La voie par participation suppose de se fondre totalement en Dieu ou dans le gourou qui fera le travail à notre place, en abandonnant toute velléité de constituer une âme personnelle, toute différenciation, et donc toute séparation. La réalisation par identité, supérieure à notre avis, consiste à réaliser son identité à Dieu par la constitution d’une âme véritable ou personnalité divine, qui partage avec toutes les autres la même essence divine, mais qui s’exprime différemment au niveau du manifesté.

La voie de la réalisation par identité passe par l’intégration de la différence. Au niveau spirituel, les oeuvres des Avatars, à savoir les voies religieuses, étant en principe marquée au sceau d'une certaine perfection, sont des objets rêvés pour celui qui cherche l'union à l'Intellect divin. Malheureusement, notre esprit est étriqué par nature, et une seule oeuvre ne suffit pas pour obtenir une union complète, d'autant que chaque école fonctionne par exclusion. En effet, l'union complète, c'est par définition l'union à la totalité de l'Intellect divin, et donc à la totalité de l'univers manifesté dont il est la matrice. Cela ne peut survenir par un processus d'exclusion, et cela demande de se défaire de toutes nos conceptions ordinaires. L'esprit doit donc s'entraîner à ressentir la perfection d'une forme, et puis d'une autre, et puis d'une autre, et ainsi de suite, les formes générées par les Avatars étant au départ les plus propices. C'est au cours de ses métamorphoses successives qu'il doit venir à réaliser l'illusion de son existence séparée. Normalement, ce qui commence avec les formes léguées par les Avatars (méditation sur les qualités divines, les chemins spirituels, la vie des maîtres, etc) doit s'étendre au reste de nos conceptions. En effet, l'esprit acquiert une certaine plasticité qui lui permet d'en faire usage avec des concepts et représentations plus ordinaires (tout concept étant accompagné d'une représentation, qu'il s'agisse d'une image ou d'une matrice). Par exemple, si la Passion de Jésus génère un sentiment d'union, et si ce sentiment d'union est suffisamment cultivé à travers d'autres méditations du genre, il arrive un moment où le mécanisme d'union devient de plus en plus facilement identifiable. Et l'on réalise qu'il serait stupide de ne pas l'appliquer ailleurs. peu à peu, c'est tout le sentiment de séparation qui se défait. Comme l'a dit un célèbre philosophe, le monde est une représentation. A la base nous sommes séparés de cette représentation, mais en identifiant un nouveau mode de relation qui est celui de l'union, nous pouvons commencer à enlever nos voiles, et réaliser le caractère illusion de l’ego, mais non de l’âme.

Avec ce processus continu de progression, par un mouvement d'inclusions réciproques successives, notre Personnalité divine issue de l'esprit de claire lumière qui contient tous les Noms divins finira bien par s’actualiser. Elle est elle-même en relation d'intériorité réciproque avec toutes les autres Personnes divines. Nous nous préparons en nous intéressant dès maintenant aux autres et en les prenant comme finalité. C'est la voie du boddhisattva Bien comprise.

6. Solitude du véritable chercheur.

Il faut savoir que les maîtres ne vous aideront pas sur cette voie, du moins pas de manière externe ou visible. En effet, ils nourrissent quantité de disciples dont la foi est fondée sur le rejet des autres écoles, et ne peuvent se dédire. Cependant, nous ne perdons pas grand chose. En effet, les maîtres prennent des disciples qui ont des capacités variables et leur donnent en fonction de leur capacité. Mais ne les font jamais changer de capacité. En effet, pour faire progresser une personne en fonction de sa capacité, il faut qu'elle ait confiance dans le maître, ce qui signifie qu'elle n'ira pas voir ailleurs, et ne posera pas trop de questions. Elle considérera que le maître est l'alpha et l'oméga. Cela permettra à un certain aspect de la transmission de passer, celui qui lui convient. Malheureusement, elle n'aura pas accès dans cette vie à l'aspect supérieur.

A l’inverse, la démarche qui procède par union avec ses propres représentations (et donc avec le monde), possède intrinsèquement le pouvoir de nous faire changer de capacité. Pour cela, la recette est simple. Il faut repousser tous les jours les limites étriquées de notre esprit. Ce qui n’est possible qu’en allant voir ailleurs, en voyageant, physiquement ou en esprit. Le concept en est extrêmement simple, mais la pratique est difficile. L'esprit humain semble avoir une répulsion native envers la complexité. En effet, le souhait de la plupart des étudiants spirituels, c'est d'aller vers la simplicité et la table rase. Sur le plan relatif, telle est d’ailleurs l'essence du totalitarisme. Après cela, est-il étonnant que nos gouvernement cherchent eux-mêmes à conduire la planète vers cette bêtise universelle ? Une seule pensée, un seul gouvernement, une seule façon de vivre, une seule nourriture OGM, une seule médecine... Les gens refusent cela parce qu'ils sont divers, mais si l'on note qu'au delà de cette diversité ils cherchent la simplicité relative, il est donc bien normal que les gouvernements reflètent ce désir. Ils ne font que refléter le désir général de simplicité, pas avec le contenu que chacun voudrait puisque cela n'est pas possible, mais au fond ils sont en accord avec l'esprit général. Ce schéma se reflète au niveau de l’individu. Chacun induit une sorte de totalitarisme dans son esprit, en réduisant au minimum son horizon spirituel, culturel ou intellectuel. Non seulement le bouddhiste refuse de concevoir autre chose que le bouddhisme, mais s'il est zen il n'y a que le zen pour lui, idem s'il est théravada ou tibétain. D'ailleurs s'il est nyingma il ne sera pas bön et s'il est kagyu il ne sera pas nyingma. Et si son maître est untel alors ce qu'a dit un autre tel n'est pas valide (sauf s'il est dans la lignée de son maître). De même les catholiques ne veulent pas entendre parler des orthodoxes, et ensuite parmi eux, il y différentes sectes. Comme l’a dit un homme politique célèbre, d’abord moi, puis ma famille, puis mes voisins, puis ma région, puis mon pays... La peur de l’autre est absolument fondamentale.

La voie par union est la seule qui s'attaque nommément à cette peur fondamentale en invitant les « apprentis » à s'unir à ce qui est étrange et étranger dans l'appréciation de la différence, et non dans la tentative de tout ramener à une simplicité relative et totalitaire. En fait, il n'y a aucune méthode qui fonctionne par elle-même en dehors de la méthode exposée ici. Si nous refusons de nous unir à ce qui est différent, à la façon des amants dans un couple divin, nous ne voyons véritablement pas comment il est possible de réaliser sa nature puisque l'illusion fondamentale source de tous les maux est la séparation. C'est l'imposture de toutes les religions et des voies, qui se prétendent vraies en elles-mêmes, mais qui ne fonctionnent que par transmission du maître, transmission qui n'a plus vraiment lieu aujourd'hui, comme nous l'avons découvert avec tristesse.

Conclusion :

A l’heure actuelle, non seulement les enseignements spirituels sont dévoyés par simplification, mais à supposer qu’ils ne le soient pas, ils s’adressent à des pratiquants dont les caractéristiques subtiles sont différentes des nôtres. De plus, la « transmission » spirituelle, en se massifiant, est devenue une imposture. Pour le chercheur sincère, la solution ne consiste pas à s’enfermer dans sa coquille en se répétant comme un mantra que « tout est parfait », mais à faire usage de son Intellect, en comparant entre elle les différentes traditions pour retrouver les véritables principes de la pratique spirituelle grâce à une vue d’ensemble à la fois vaste et détaillée, et de sa Sensibilité, en recherchant l’union avec tout ce qui est différent, plutôt que l’enfermement dans une forteresse de certitudes et d’auto-satisfaction qui nie la valeur d’autrui et des systèmes de pensée différents.

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Photo : Le livre "Rich Brother Rich Sister" est consacré au spiritualisme utilitaire qui glorifie notamment l’abondance financière.

lundi, novembre 02, 2009

Les pièges du spiritualisme


Les pièges du spiritualisme, ou les inadéquacités, sont traités par Robert Linssen dans son livre « Bouddhisme, Taoïsme et Zen » :

Les inadéquacités sont les attitudes d’esprit qui nous empêchent de voir la nature profonde de notre être et des choses, et, par voie de conséquence, nous mettent dans l’incapacité de répondre adéquatement aux exigences de circonstances et de lieux variés qui se présentent au cours de l’existence.

Parmi elles nous attirerons plus spécialement l’attention sur les fausses concentrations, les processus d’imitation et les attachements.

1°) Les fausses concentrations :

Une abondante littérature vante les mérites de la concentration mentale. Certains auteurs ayant compris la nécessité d’un calme intérieur, nous proposent d’immobiliser le défilé continuel de nos pensées par un acte de volonté. Ils nous conseillent de fixer notre esprit sur un point à l’exclusion de tout autre. Certains comparent le processus de la concentration à l’action d’une loupe réalisant la convergence des rayons solaires en un seul point et permettant ainsi de mettre le feu à toute matière inflammable. D’autres nous suggèrent de rejeter systématiquement les images qui se présenteraient à notre esprit pour tendre vers une vacuité totale.

Ces pratiques peuvent développer la puissance du mental mais elles ne peuvent mener ni à la délivrance intérieure ni à l’Eveil total.

Le fait de discipliner l’activité mentale en fonction d’un acte de volonté engendre un état de tension psychique considérable. Un tel procédé est doublement faux.

Premièrement, les Eveillés nous demanderont « Qui » discipline ceci ou cela ? et dans quel but ? Nous devrons reconnaître que c’est la « pseudo-entité » du « moi » qui recourt à un tel stratagème pour s’affirmer. Le moi est un fait mais tel qu’il s’éprouve actuellement il est une illusion. Tout acte réalisé dans une telle attitude d’illusion psychologique ne fait que renforcer la notion illusoire d’exister en tant que distinct que possède le « moi ».

Deuxièmement, le processus essentiel que nous suggère la Sagesse consiste en un affranchissement de toutes nos tensions intérieures. Nous n’avons rien à construire mais à détruire. L’état de tension provoqué par les fausses concentrations que nous venons de décrire empêche toute possibilité de réalisation spirituelle. Le « Satori » ou Nirvâna nécessite de notre part une réceptivité, une disponibilité, une transparence intérieure, une détente totale. Toute discipline résultant d’un acte de volonté nous met dans l’impossibilité de « mourir à nous-mêmes ». Elle renforce l’action des « forces de l’habitude » dont il est essentiel que nous nous affranchissions.

Examinons l’attitude de l’homme qui rejette systématiquement les images se présentant à son esprit. Nous verrons qu’elle est fausse.

Les maîtres véritables ne nous ont jamais demandé de « rejeter » quoi que ce soit. Ils nous poseraient immédiatement la question classique des advaïstes hindous : « Qui » rejette ? et pourquoi ? Nous devrions admettre alors, qu’au delà des oppositions successives de nos rejets et de nos acquisitions, demeure un « moi » qui puise sa substance même dans les tensions inhérentes à ces oppositions elles-mêmes.

Il ne s’agit pas de rejeter quoi que ce soit, mais de comprendre profondément le processus de ses pensées et de sa propre existence. Cette compréhension profonde, ou « Vue Juste » délivre le « penseur » de l’illusion d’être une entité. Dès lors, toutes ses disciplines, ses conquêtes, ses ambitions, ses avidités s’évanouissent pour faire place à la vision du Réel. Les Sages nous font remarquer que tout rejet résulte d’un acte de choix. Par le processus du choix, le « moi » ne peut se libérer de ses limitations. Il se transforme simplement et prend d’autres aspects. Les Sages nous dénoncent clairement le stratagème : le « moi » se réserve au-delà de ses modifications successives. La Sagesse consiste à démasquer les mobiles profonds d’avidité égoïste présidant à tout acte de choix.

2°) Les processus d’imitation :

Les processus d’imitation sont des conformismes physiques ou mentaux tendant à conditionner l’esprit humain. Dans la mesure où nous donnons à notre adhésion à un système de pensée déterminée, à des croyances, à des dogmes, nous conditionnons nos esprits. La grande force du Zen d’une part, et de la position krishnamurtienne d’autre part, réside dans le fait qu’ils ne sont pas des systèmes de pensée mais des exposés d’un processus de vie affranchi de l’idéation.

Il existe un abîme entre l’attitude du chrétien qui s’en remet à son directeur de conscience, de l’hindou qui se soumet aux directives de son gourou et le processus d’auto-révélation rigoureusement individuel que nous suggère le Ch’an, le Zen et Krishnamurti. Dans les deux premiers exemples nous nous trouvons en présence des processus d’imitation nuisant à l’intégrité spirituelle de l’homme. Cette dernière réclame un affranchissement de toute autorité extérieure et par dessus tout de tout conformisme (1).

Le culte des images, des symboles, des clichés mentaux de toutes espèces entre dans le cadre des processus d’imitation.

Dans la mesure de leur ferveur, les mystiques chrétiens qui méditent sur l’image de la Vierge, aboutissent à une auto-hypnose au cours de laquelle ils contempleront, non la Vierge, mais la matérialisation de leur propre projection mentale. De même, en est-il pour les Bouddhistes qui se consacrent avec ferveur sur telle ou telle image du Bouddha.

Toute fixation de la pensée sur une image, sur un symbole, sur une idée quelconque aboutit à des phénomènes dont il n’y a pas lieu de se réjouir, contrairement à ce que font de nombreux chercheurs dont la sincérité n’est pas mise en doute. L’étude de la vie intérieure de certains Sages nous montre les luttes qu’ils ont endurées contre les images cultivées antérieurement. Le rôle des « japas » très courant aux Indes et préconisé par de nombreux auteurs tant hindous qu’occidentaux peut être aussi négatif.

Le fait de prononcer indéfiniment certaines syllabes identiques, choisies par le maître, et souvent différentes pour chaque disciple aboutit à une sorte de torpeur magnétique voisine de l’auto-hypnose. Ce processus calme le système nerveux mais il s’agit là d’authentiques intoxications mentales aboutissant à des extases mineures n’ayant aucun rapport avec la vraie spiritualité. Elles peuvent être parfois plus nocives sur le plan de l’esprit que l’alcool, les drogues et les stupéfiants sur le plan physique.

Les processus d’imitation comprennent non seulement l’adhésion aux images ou aux idées que nous suggère autrui. Ils englobent la totalité des habitudes mémorielles du passé, et par conséquent nos propres accumulations mentales.

Nous pourrions signaler à titre d’exemple, l’attitude intérieure du lecteur enthousiasmé par la notion d’un « Mental Cosmique » ou par celle de l’unité d’essence spirituelle. Cet enthousiasme l’inciterait automatiquement à l’expérience effective de la réalité dont il pressent intuitivement la grandeur et l’authenticité. Mais supposons qu’un tel homme se propose d’aller dans la nature pour tenter d’approfondir dans un cadre plus adéquat ce qu’il aurait perçu dans un éclair. Il est infiniment probable qu’il ressente à nouveau ou qu’il perçoive tout ce qui s’offre à ses regards comme étant baigné dans le « Mental Cosmique ».

Il se peut qu’il pense à la présence du « Mental Cosmique dans la terre des sentiers qu’il parcourt, dans l’air qu’il respire, qu’il l’entende à travers et au delà du chant des oiseaux, du bruissement du vent dans les arbres. S’il persiste dans une telle attitude il constatera qu’elle aboutit tôt ou tard à une impasse. Aussi longtemps que demeurera en lui l’idée du « Mental Cosmique » et l’automatisme mémoriel intervenant à tout instant entre lui et les circonstances en nommant toutes choses « Mental Cosmique », il ne pourra parvenir effectivement à l’expérience même du Réel. La représentation mentale du Réel qu’il a inconsciemment élaborée en son esprit s’interposera perpétuellement entre lui et la Réalité (2).

L’expérience ne revêtira toute son authenticité qu’à partir de l’instant où : 1° il sera délivré de l’automatisme mémoriel « nommant » ses états ; 2° et lorsque toute attente de quoi que ce soit délivrera son esprit des tensions qui s’opposent à sa parfaite plasticité.

L’observation silencieuse, la lucidité sans idée, l’attention sans « mots pensées », la vigilance dans l’instant constituent les éléments fondamentaux de la « Vue Juste ».

Par leur dénonciation du rôle nocif des « forces d’habitudes », des processus d’imagination grossiers ou subtils, les formes supérieures du Bouddhisme et du Zen permettent à la nature humaine d’épanouir ses plus hautes possibilités créatrices.

3°) Les attachements :

Par attachement nous n’entendons pas seulement les attachements psychologiques, tels la dépendance dans laquelle nous pouvons nous trouver à l’égard de certaines personnes déterminées ou de certains objets mais aussi l’attachement à nous-mêmes. Ce dernier concerne autant l’attachement à nos propres pensées que celui du corps (3).

Dans la mesure où nous nous appuyons sur autrui nous nous évadons de la réalité centrale de notre être, nous sommes littéralement en « porte à faux » sur le Réel. L’attachement à des êtres particuliers ou à des objets distincts nous met dans l’impossibilité d’expérimenter la nature réelle des choses. Toute fixation de l’esprit sur un point particulier entraîne une mobilisation d’énergie s’effectuant au détriment de la vision d’ensemble. La localisation de nos énergies psychiques autour d’un point privilégié tend à nous limiter dans la spécialisation d’une perception exclusive. L’expérience du Réel ne surgit qu’à partir de l’instant où notre esprit se libère de l’attachement à toute préférence, à toute perception distincte, à toute valeur particulière, à tout point privilégié.

Il s’agit d’une véritable déspécialisation mentale.

Encore faut-il dire que cette dernière n’aboutit nullement à une incohérence quelconque ni un rythme de vie intérieure amorphe, empreint de monotonie. Sur le plan affectif notamment, le dépassement des points privilégiés, le détachement des êtres et des objets particuliers ne peuvent être confondus avec l’inertie mortelle d’une glaciale indifférence. Nous avons insisté ailleurs sur le fait que le détachement n’est pas l’indifférence. Les formes supérieures de l’amour et de la compassion sont réalisées uniquement dans le détachement des exigences égoïstes du « moi ».

Parmi les attachements évidents du moi, nous terminerons en signalant l’identification au corps.

Une certaine maîtrise du corps est indispensable pour que puissent s’exprimer les richesses de l’esprit. L’abus des dépenses sexuelles et alimentaires rend toute acuité de perception spirituelle impossible.

Les différentes nuances sur lesquelles nous avons insisté, telle que l’influence des automatismes mémoriels, les secrètes attentes intérieures, exigent pour être perçues clairement, une vigilance, une souplesse et une acuité de perception qui sont incompatibles avec un manque de contrôle des exigences du corps.

De nombreux monastères bouddhistes attachent une grande importance à la discipline dans la question alimentaire. Dans certains centres, les moines ne prennent qu’un repas par jour ; celui du midi. Le repas du soir est interdit. D’autres, ne peuvent jamais prendre un repas après le coucher du soleil. Les raisons en sont évidentes. En vertu des l’interdépendance existant entre les facteurs physiques et psychiques, les repas pris tardivement entravent le processus normal du sommeil, non seulement du point de vue physiologique mais surtout du point de vue psychique.

La digestion étant une question de nerfs, les énergies nerveuses mobilisées par l’assimilation d’un repas copieux le soir, paralysent toute possibilité de réceptivité psychique et e repos réel durant le sommeil. Le système nerveux est en effet le seul intermédiaire entre le physique et le psychique.

Le triomphe de l’attachement à nos exigences corporelles constituent l’une des premières matérialisations indispensables à notre libération totale.

4°) Les méditations compartimentées :

Par « méditations compartimentées » nous entendons les exercices de méditation à heures fixes, auxquels s’appliquent de nombreux religieux, certaines périodes de la journées. Ce processus tend à l’établissement d’une scission entre la vie « ordinaire » et la vie dite « spirituelle ».

La plénitude de la vie est là, d’instant en instant, et nous devons la saisir au cœur de la seconde qui passe par une vigilante attention (4).

Le processus de la méditation « compartimentée » aboutit à de graves déviations ayant l’inconvénient de surestimer nos possibilités réelles (5). En effet, si nous nous entraînons à la méditation, il se peut que certaines expériences cultivées nous procurent diverses joies intérieures.

Nous donnons souvent libre cours à des projections de notre inconscient. Nous sombrons ainsi progressivement dans un processus d’évasion et d’auto-hypnose agissant comme un véritable narcotique spirituel.

Des maîtres Ch’an insistent beaucoup sur le caractère constant de la méditation.

Hsi-Yun nous conseille de la façon suivante :

« Chaque jour, en marchant, debout, assis ou couché, dans chacune de nos paroles, soyez détachés des objets du monde phénoménal. En parlant ou simplement en clignant la paupière, que chacun de vos actes soit accompli sans attachement (6). »

Un autre maître Ch’an, Shen-Hui reprochait à son disciple Teng, le caractère artificiel des méditations « arrangées » :

Teng : « Il est nécessaire tout d’abord de pratiquer la méditation en restant assis calmement les jambes croisées… »

Shen-Hui : « Quand on est engagé dans la méditation, n’est ce pas là un exercice spécialement arrangé ?

Teng : « Certes… »

Shen-Hui : « Dans ce cas, cet arrangement particulier est un acte de la conscience limitée ; comment peut-elle mener à la vision de sa propre nature ?
… Cette manière de s’exercer dans la méditation relève en fin de compte d’une recherche mal conduite de la vérité ; tant qu’il en est ainsi, de tels exercices ne sauraient aboutir à la vraie méditation (7). »

Et Houei-neng disait : « C’est une faute de penser que le fait d’être assis, tranquillement plongé dans la méditation, soit indispensable à la délivrance. »

Il est important de retenir que l’on ne « s’entraîne » pas au « satori ».

Les travaux d’entraînement peuvent être efficaces dans des domaines matériels ou techniques. On « s’entraîne » à la boxe, au football, à l’escrime ou au tennis… Il est encore possible de « s’entraîner » en vue d’une présentation d’examen de mathématique ou d’histoire. dans ces domaines, une préparation, une accumulation est nécessaire.

Mais, ainsi que le suggérait Platon, chaque travail demande des outils adéquats. Pour des besognes grossières et lourdes des outils grossiers et lourds sont requis. Un travail délicat, minutieux, léger demandera par contre des outils délicats et raffinés. L’attitude d’un entraînement spirituel comporte précisément quelque chose de « grossier et lourd » par contraste à la condition de légèreté, de jaillissement et de liberté du « Satori (8) ».

La plupart des maîtres Zen (Ch’an) insistent sur le caractère soudain du Satori. Dans la mesure où nous méditons, nous sommes soit consciemment, soit inconsciemment dans une attitude d’attente secrète. En un mot, nous nous préparons à recevoir, mais cette préparation est empreinte d’un caractère subtil d’avidité et de préfiguration. Elle est trop consciente d’elle-même.

Le « Satori » arrive à l’improviste. Il possède un caractère de spontanéité, de jaillissement incompatible avec toute préparation minutieuse. Son foudroiement spirituel ne peut atteindre que l’esprit totalement détendu, libéré de ses attentes, de ses espoirs les plus secrets (9).

L’avantage de la méditation continue, inséparable de la vie elle-même, réside dans la détente intérieure authentique qu’elle apporte à celui qui la pratique. Au début, les résultats paraissent moins spectaculaires mais ils sont plus conformes à la nature des choses. S’ils sont plus lents ils sont plus durables comme le sont les processus de la nature.

Il n’existe aucun instant particulier qui mérite davantage d’attention plutôt qu’un autre. L’éternité est là, dans sa totalité, de moment en moment, sans préférence aucune.

5°) Les interprétations erronées du « Vide » :

Ainsi que nous l’avons signalé à diverses reprise la notion du « Vide » prête souvent à confusion. Nombreuses sont les personnes qui l’interprètent à la lettre et tentent de réaliser le « vide mental » par l’exercice de concentrations intenses. Une telle vacuité est absolument négative et ne contient aucune possibilité révélatrice.

L’activité mentale est naturelle. Elle fait partie des processus de vie. Il n’est pas question d la supprimer mais de lui assigner un mode de fonctionnement différent, répondant adéquatement à la nature profonde des choses.

Le fonctionnement mental actuel est inadéquat en vertu de ses identifications et de ses attachements. Le « vide » doit être compris dans le sens d’une absence des fausses valeurs résultant de l’attachement et de l’identification. Tout autre interprétation peut conduire à de graves erreurs. Cette façon de voir se retrouve d’ailleurs confirmée dans les commentaires de la doctrine de Hsi-Yun :

« Accordez-lui juste l’attention superficielle appropriée aux circonstances »… De nombreuses personnes y compris les bouddhistes chinois, on fait l’erreur de supposer que la pratique de « dhyâna » vise à rendre le mental complètement vide. Cette doctrine a été entièrement réfutée par un moine contemporain, Yeh Ch’i, qui vit actuellement dans le Yunnan ; il mit en évidence le fait qu’un état de vide mental ne peut être maintenu continuellement… Le but de « Dhyâna » est d’éliminer du processus mental tout sentiment d’attraction ou de répulsion suscité par la croyance que les choses sont des entités indépendantes et permanentes en elles-mêmes.

Le vide mental permanent conduirait à des absurdités, telles que par exemple, le fait d’être nourri par une tierce personne, et très probablement se terminerait par la folie.

Suivant les bouddhistes de la secte « Dhyâna », il est cependant possible de réagir aux circonstances de la vie quotidienne de telle sorte que l’on soit capable d’y prendre part d’une manière satisfaisante, tandis que l’on demeure absolument détaché et essentiellement non-affecté par les circonstances (10). »

Les diverses formes de « Vide » obtenues par concentration, par une discipline du « moi » constituent une sorte de refus à la vie, empreint d’un caractère d’auto-défense et de fuite vis-à-vis des problèmes que pose l’existence. Fuir n’est pas résoudre. La solution véritable de nos problèmes ne peuvent être trouvée qu’en les affrontant et non en les fuyant.

6°) Manque de discernement :

L’exemple le plus saisissant des contradictions inhérentes au manque de discernement nous est fourni par les théologiens.

Tout en admettant que la « déité dépasse infiniment toute image sensible » et pour la voir « il faudrait qu’elle se montrât elle-même sans intermédiaire aucun » l’Eglise se pose non seulement en intermédiaire mais prétend à l’exclusivité d’un tel rôle et impose l’adhésion à des dogmes, croyances, rites constituant la négation absolue des vérités essentielles qu’elle semble parfois admettre d’autre part.

Nous avons vu ailleurs saint Thomas reconnaître que le don d’intelligence « ne nous fait certes pas voir l’essence divine mais nous montre ce qu’elle n’est pas ». Il nous dit ensuite que « nous connaissons Dieu ici-bas d’autant plus parfaitement que nous comprenons qu’il dépasse tout ce que notre esprit peut saisir ». pourquoi dès lors, non seulement proposer mais imposer aux esprits, dès leur plus tendre enfance, un ensemble de notions et d’attributs paralysant désormais toute possibilité d’une approche quelconque du divin (11).

Lorsque nous posons de telles questions à ceux qui sont rompus aux disciplines obscures des théologies, nous trouvons dans leur façon de réagir la réponse à notre enquête. La clarté de l’expérience directe, non-mentale est absente. Elle a cédé la place aux spéculations intellectuelles, à l’interprétation adroite des textes (12).

L’endroit précis où s’est produite cette coupure entre la réalité vivante elle-même et les représentations de plus en plus erronées qui nous sont rapportées par les théologies actuelles se situe à la racine même du mental. Nous retrouvons une fois de plus ici, toute la signification de cette pensée Zen nous disant qu’« une différence d’un dixième de pouce » suffit à séparer le Ciel et la Terre. La plus modeste absence d’attention, le moindre manque de discernement nous conduisent imperceptiblement sur la pente fatale des fausses valeurs.

Si nous disons que le « peuple » ne peut accéder aux enseignements abstraits, qu’il lui faut des symboles concrets nous commettons une erreur assez grave.

D’abord le Zen, n’est pas un « enseignement abstrait » puisqu’il est essentiellement pratique et tend au contraire à nous dépouiller l’esprit de toute abstraction. Ensuite, ce serait reconnaître à notre civilisation actuelle un caractère de dégénérescence inquiétant comparativement à celles qui ont existé entre la mort du Bouddha et l’avènement du Christianisme. L’histoire nous enseigne en effet, qu’à l’époque du Bouddha ainsi qu’à celle d’Ashoka les enseignements dépouillés de la doctrine étaient pleinement assimilés par le peuple.

C’est donc par manque de discernement que les organisateurs de la plupart des grandes religions ont encouragé la paresse mentale de la « masse » en tentant de rabaisser la Vérité à son niveau alors qu’il eût au contraire fallu tout mettre en œuvre pour élever la collectivité à la hauteur des purs enseignements énoncés par les Maîtres.

La force de la position du Ch’an et du Zen réside dans l’absence de spéculations métaphysiques. Le terme « Dieu » est inexistant dans les diverses formes du bouddhisme. Seul existe le « Mental Cosmique » dont tous les êtres sont parties intégrantes. Cette Réalité se suffit à elle-même. Sa réalisation en nous-mêmes et par nous-mêmes nous délivre de tout manque de discernement.




(1) « Ceux qui se connaissent par eux-mêmes ne cherchent rien d’extérieur. S’ils adhèrent à l’opinion que la libération vient par l’aide extérieure, par l’office d’un ami bon et sage, ils se trompent entièrement. Lorsque la confusion règne en vous et que des vues fausses y sont conservées, nulle somme de connaissance appartenant aux autres, si bons et sages amis qu’ils puissent être pour vous, ne servira à votre salut. » (Vimalakirti-Soutra, in Suzuki, « Bouddhisme Zen, I, p. 317.)

(2) « Là où notre intellect ne peut atteindre, en vérité je vous dis d’éviter d’en parler. » (Iueh-chan, in : Suzuki, « Bouddhisme Zen, p. 120.)

(3) « O mes amis, n’ayez aucune résidence fixe, à l’extérieur ni à l’intérieur, et votre conduite sera parfaitement libre et sans entrave. Chassez votre attachement, et votre marche ne connaîtra pas le moindre obstacle. » (Houei-neng, « Soutra de l’Estrade », in Suzuki, « Bouddhisme Zen », I, p. 316.)

(4) « Puisque nous ne faisons déjà qu’un avec l’Absolu, nous n’avons rien à pratiquer, rien à accomplir. La seule chose nécessaire est un réveil soudain à cette Unité. » (Hsi Yun « Mental Cosmique ». p. 44.)

(5) « N’imagine pas, ne pense pas, n’analyse pas, ne médite pas, ne réfléchis pas, demeure dans l’Etat naturel. » ( Les six règles de Tilopa – Bouddhisme tibétain)

(6) « Mental Cosmique », p. 131.

(7) D.T. Suzuki, « Le Non-mental », p. 41.

(8) « Lorsque la doctrine abrupte est comprise, il n’est plus besoin de se discipliner dans les choses extérieures. » (Houei-neng, in : Suzuki, « Bouddhisme Zen », I, p. 315.)

(9) « Quand nous demeurons en Dhyana nous sommes esclaves de Dhyana. Si excellents que soient les mérites de ces exercices spirituels, ils nous mènent inévitablement à un état d’asservissement. il n’y a pas là de libération. Aussi peut-on considérer toute la discipline du Zen comme consistant en un série d’efforts pour nous rendre absolument libre de toutes formes d’asservissement. » (D. T. Suzuki, « Le Non-mental », p. 40.)

(10) « Le Mental Cosmique ».

(11) « Un Dieu compris n’est plus un Dieu. » (Terstegen, in : Suzuki, « Bouddhisme Zen », II, p. 105.)

(12) « Les choses divines sont d’autant plus obscures pour nous qu’elles sont plus intelligibles et plus lumineuses en elles-mêmes. » (Aristote.)

lundi, octobre 19, 2009

Des livres


Réincarnation, karma et maya (l’illusion), la trilogie spirituelle de la nouvelle religiosité inculque l’idée de l’évolution de la personnalité, vie après vie, jusqu’à l’état d’Homme-Dieu.

L’Homme-Dieu, le magnifique titan psychique du futur, heureux et détaché, est un mythe fondé en grande partie sur le credo « tout est illusion ». Ce credo conduit à un faux détachement et à une véritable aliénation des adeptes du spiritualisme moderne. L’aliénation spirituelle débute avec l’endoctrinement qui fait croire que l’existence est une illusion. En d’autres termes, nous ne devrions pas nous offusquer des mensonges, des injustices ou de la prédation des riches, des puissants et de leurs complices des ecclésiastiques de tous bords dûment ordonnés ou des gourous autoproclamés, ce ne sont que des illusions . « Tout est illusion, sauf mon divin moi », se persuade l’adepte du nouveau spiritualisme.

« Il faut être positif » inculque aussi le spiritualisme moderne qui a remplacé les anciennes peurs religieuses (enfer, punitions divines…) par une prétendue science de l’esprit qui proscrit le discernement et la contestation.

La véritable spiritualité est très différente des fadaises que l’on sert aux béni-oui-oui du verseau et aux clients du nouveau spiritualisme mâtiné de concepts déformés du bouddhisme. Malheureusement, les textes qui permettent de démasquer les fausses voies pourraient bientôt disparaître. Un livre aussi précieux que « Les entretiens de Lin-tsi » n’est toujours pas réédité. Mais, plus grave, quand l’actuel totalitarisme économique se transformera en une impitoyable dictature mondiale, de nombreux livres seront vraisemblablement détruits. D’ailleurs, on peut se demander si les bibliothèques numériques ne seront pas utilisées pour identifier en deux ou trois clics les livres jugés dangereux par la tyrannie globale qui sortira bientôt de l’ombre.

Les sages dignes de ce nom ont toujours émis des doutes sur les techniques spirituelles et les discours religieux. Ils étaient nombreux en Chine dans la tradition Ch’an. Dans son livre, « Zen, liberté intérieure », Thomas Cleary reprend le mot japonais «zen » pour désigner le « ch’an », le « dhyâna », la contemplation . En France, l’école Zen, dépréciée par Deshimaru et ses successeurs, est très éloignée de la sagesse libertaire du Ch’an. Toutefois, Thomas Cleary préfère utiliser le mot « Zen » pour désigner l’école chinoise du Dhyana. Il est vrai que Cleary n’est pas Français et en outre il a une compréhension plus complète du véritable Zen. Peut-être aussi que l’usage du mot japonais « zen » pour désigner les enseignements et les maîtres chinois répond à une exigence des éditeurs, car le la notoriété du mot «Zen » est plus importante que son équivalent chinois, le mot « ch’an ». Donc dans son livre, « Zen, liberté intérieure », Thomas Cleary résume magistralement les enseignements de plusieurs sages parmi lesquels on trouve Huang long (1002-1069), un sage chinois de l’école Ch’an (zen) :

Connaissance sans maître

« Le corps universel de la Réalité est si subtil que lorsque vous cherchez à l’écouter, vous ne l’entendez pas et quand vous cherchez à l’écouter, vous ne l’entendez pas et quand vous cherchez à le discerner, vous ne le voyez pas. De même qu’il n’y a pas de maître pour la pure connaissance, comment pourrait-elle être atteinte par la pensée et l’étude. »

Ouvrir les yeux

« Ceux qui cherchent devraient ouvrir leurs propres yeux – ne vous préparez pas des regrets pour plus tard. Le Zen ne peut-être atteint par des pouvoirs psychiques ou par la pratique d’expériences spéciales. Le Zen ne peut être un sujet de discussion traité par les méthodes de la connaissance ou de l’intelligence ou par ce qui a été simplement appris. »
[…]

Recherche

« Aller d’école en école en cherchant des maîtres est une recherche extérieure. Considérer la propre nature de la conscience comme l’océan et considérer la connaissance silencieuse de la sagesse comme le Zen, s’appelle : recherche intérieure. Chercher à l’extérieur est fatalement sujet de préoccupation. Chercher à l’intérieur, en tenant arrêtés corps et esprit, est fatalement une entrave (1). »

« Donc, le Zen n’est ni à l’intérieur ni à l’extérieur, ni dans l’être ni dans le non-être, ni dans le vrai ni dans le faux. Ainsi, l’on dit : « Intérieure ou extérieure, les deux visions sont fausses. »

Un autre sage chinois, Fa-Yan (885-958), cité par Thomas Cleary, disait :

« Récemment, les maîtres zen ont, eux aussi, perdu les bases et les disciples n’ont plus les moyens d’apprendre. Des affrontement d’ego et des états temporaires sont pris pour des accomplissements. »

Depuis l’époque de Fa-Yan, depuis plus de mille ans, des écrits de sages chinois dénoncent les erreurs et les pièges de la fausse spiritualité. Ces textes, qui sont parfois parvenus jusqu’à nous, offrent de précieux conseils qui permettent de reconnaître un attrape-nigaud dissimulé sous l’apparence d’une voie authentique.

Les maîtres contemporains, qui se targuent d’enseigner l’Eveil, font dire à Nan Huai-Chin, l’un des derniers héritiers du véritable Ch’an : « Qu’on me présente les éveillés actuels, en un seul regard, je les défais […]. Aujourd’hui, le ch’an authentique n’est qu’un mouvement de lèvres. » Nan Huai-chin, « L’Expérience de l’éveil ».

Au 9ème siècle, Lin-tsi n’épargnait pas les prétendus maîtres : « Il semble qu’on ait affaire qu’à des maîtres de ch’an pareils à de nouvelles mariées et qui n’ont qu’une crainte, celle d’être chassés de leur monastère et de se voir privé du grain qu’on leur donne à manger, de leur sécurité et de leurs aises. Celui qui est approuvé par tout le monde, à quoi est-il bon ? ». Lin-tsi disait aussi des maîtres : « Les bons adeptes font gorge chaude de ces aveugles de vieux coquins chauves qui mettent le trouble dans le monde entier […]. Jamais ne s’arrêtent le rayonnement spirituel émanant de vos six sens ! Quiconque sait voir les choses de cette manière sera pour toute son existence un homme sans affaires […]. L’éveil et le nirvana sont des pieux à attacher les ânes. » D’après la traduction de Paul Demiéville des « Entretiens de Lin-tsi ».

Thomas Cleary consacre un chapitre à Lin-tsi (Lin ji). Il est difficile de ne pas rapporter d’autres phrases du maître chinois :

« Il y a des étudiants zen qui déjà enchaînés, se rendent auprès de maîtres. Le maître leur ajoute une nouvelle chaîne. Les étudiants sont enchantés et incapables de faire la moindre distinction entre une ou l’autre chose. On appelle cela : invité regardant un invité. »
[…]
« Il existe des aveugles au crâne rasé qui, après avoir mangé à satiété, font zazen, méditent, interrompent l’enchaînement des pensées pour les empêcher d’apparaître, fuient le bruit et recherchent le silence. Ceux-là sont des déviants du Zen. »

« Zen, liberté intérieure », textes rassemblés par Thomas Cleary :
http://bouddhanar-8.blogspot.com/2009/09/zen-liberte-interieure_16.html





(1) Huang Long critique le zazen.

samedi, octobre 17, 2009

Le néo-bouddhisme


Le 10 mai 1925, la franc-maçonne Alexandra David-Néel (1868-1969) est de retour en France après quatorze années de pérégrinations orientales. Ses conférences et ses écrits renforceront le mythe du Tibet qui se répand en Occident. Alexandra, qui était dans sa jeunesse proche de l’anarchiste Elisée Reclus (1830-1905), ne dénoncera pas l’odieux servage féodal de la société lamaïste. Elle songe à son succès. Or, le succès s’accommode mal de la triste réalité.

Le livre qui sera son chef-d’œuvre, « Mystiques et magiciens du Tibet », édité le 4 décembre 1929, accorde une large part aux prodiges. Il évoque une Thébaïde lamaïste où les ascètes maîtrisent d’étonnants pouvoirs surnaturels. Des yogis, sont capables d’élever leur chaleur corporelle jusqu’à faire fondre la neige autour d’eux. D’autres, les « loung-gom-pa », parcourent des distances de plusieurs centaines de kilomètres sans arrêt et à vive allure. Clairvoyance, lévitation, télépathie, réanimation d’un cadavre et les nombreux phénomènes insolites relatés par Alexandra David-Neel fascineront plusieurs générations de lecteurs.

La femme aux semelles de vent disposait de puissants soutiens. « Depuis son retour, écrit Jacques Brosse (1), Alexandra David-Neel n’a guère pris le temps de souffler. Il lui a fallu satisfaire d’abord les journaux qui, tous, sollicitent des articles ; elle en publie une vingtaine dans « le Matin », une agence américaine lui en commande une série qui sera diffusée dans deux cents journaux, enfin le grand éditeur new-yorquais Harper lui achète immédiatement les droits de la relation de voyage qu’elle écrira, afin de s’en assurer la priorité. La France entière veut avoir vu celle qui est devenue une héroïne nationale et elle va partout où on la réclame. En 1926, Alexandra parcourt la France pendant les mois de janvier et février, de Dijon et Clermont-Ferrand à Nice et Marseille. En mars, elle est à Paris où, reçue au Collège de France par son ami, le professeur d’Arsonval, elle donne une conférence sur la métapsychique et l’opinion scientifique ; en avril, puis encore en octobre et novembre, nouvelle tournées de conférences. En 1927, ce train d’enfer s’apaise et lui laisse enfin quelque loisir qu’elle consacre à la rédaction de ces livres que tout le monde attend. En avril, à Paris, elle donne plusieurs conférences à la Société théosophique, mais aussi au musée Guimet, où l’accueille le grand tibétologue français Jacques Bacot, et encore une fois au Collège de France. C’est son triomphe, les orientalistes ont enfin cessé de la bouder, ils sont bien obligés de reconnaître que son expérience est unique. En mai, un nouveau cycle de conférences la conduit à Tonnerre, à Dijon, à Annecy, à Genève. »

Quelques temps après la parution de « Mystiques et magiciens du Tibet », un Occidental converti au bouddhisme fait parler de lui sur la Côte d'Azur. Introduit dans le milieu bouddhiste de Nice, Grasse et Antibes sous le nom d'abbé Chao-Kung, l’ecclésiastique tondu est hébergé par Lucien Ehret, ancien capitaine au long cours et explorateur du Japon. Chao-Kung donne des conférences chez Blanche Rondeau, dans la somptueuse propriété du Cap d'Antibes où sont invités d'éminents spécialistes du bouddhisme et des intellectuels venus de l'Europe entière : Krishnamurti, le docteur Grimm de Münich, Rabindranath Tagore ou encore Lady Rothermere, la première traductrice de Gide.

L’abbé bouddhiste se nomme en réalité Trebitsch Lincoln (1879-1943), c’est un juif hongrois converti d'abord au christianisme, puis ensuite au bouddhisme. Le religieux n’est pas un innocent contemplatif, il travaille pour plusieurs services secrets et s’intéresse au nazisme et au Tibet.

Le livre d’Alexandre Grigoriantz, « Le gourou de la Riviera », retrace l’histoire d’un aventurier de haut vol. Le puissant magnétisme du gourou subjugue plusieurs dizaines de disciples et certains quittent tout pour suivre le maître bouddhiste. En 1933, seize disciples, après avoir fait vœux d’obéissance et remis leurs biens à leur gourou, s’embarquent avec lui pour Shanghai. L’aventure se terminera tragiquement, trois perdront la vie et les autres seront emportés dans la tourmente qui frappera la Chine. Pour Guénon, Trebitsch Lincoln était un « agent de la contre-initiation », c’est-à-dire un instrument de forces occultes qui contrecarrent la véritable spiritualisation de l'humanité.

Trebitsch Lincoln préfigurait les gourous qui jettent leur dévolu sur l’Occident depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui. Contrairement aux sages d’autrefois, les maîtres du néo-spiritualisme se distinguent dans l’art de parasiter leurs disciples et de mener grand train avec l’argent des plus naïfs. Ce parasitisme matériel fait écho à une prédation subtile. En effet, les pratiques méditatives et les invocations ne sont pas dénuées de risques (2). L’intérêt pour les expériences psychiques du nouveau spiritualisme supprime toutes les précautions traditionnelles à l’égard du monde psychiques et des redoutables influences errantes maquillées en Dakinis tantriques ou en maîtres ascensionnés. Des pratiques transforment des spiritualistes imprudents en pâtures vivantes. William Chittick, traducteur des œuvres de Ibn al-‘Arabi, écrit :

« Ceux qui connaissent bien les standards et normes de l’expérience spirituelle établis par des disciplines comme le Soufisme par exemple, sont généralement consternés lorsqu’ils s’aperçoivent que les Occidentaux considèrent n’importe quelle apparition étrangère à la conscience normale, comme une manifestation du « spirituel ». En fait, il existe d’innombrables mondes dans l’Invisible, et certains d’entre eux sont bien plus dangereux que la pire des jungles du monde visible. »

(1) « Alexandra David-Neel », Albin Michel.

(2) Les dangers de la méditation : http://bouddhanar.blogspot.com/2007/02/les-dangers-de-la-meditation.html

jeudi, octobre 15, 2009

Assommons les Pauvres !




Court-métrage de fiction, inspiré du texte "Assommons les pauvres" de Charles Baudelaire. Mention spéciale vidéo, festival "5 Jours Tout Court 2003".

« Celui-là seul est l'égal d'un autre, qui le prouve, et celui-là seul est digne de la liberté, qui sait la conquérir »

Pendant quinze jours je m'étais confiné dans ma chambre, et je m'étais entouré des livres à la mode dans ce temps-là (il y a seize ou dix-sept ans) ; je veux parler des livres où il est traité de l'art de rendre les peuples heureux, sages et riches, en vingt-quatre heures. J'avais donc digéré, - avalé, veux-je dire, toutes les élucubrations de tous ces entrepreneurs de bonheur public, - de ceux qui conseillent à tous les pauvres de se faire esclaves, et de ceux qui leur persuadent qu'ils sont tous des rois détrônés. - On ne trouvera pas surprenant que je fusse alors dans un état d'esprit avoisinant le vertige ou la stupidité.

Il m'avait semblé seulement que je sentais, confiné au fond de mon intellect, le germe obscur d'une idée supérieure à toutes les formules de bonne femme dont j'avais récemment parcouru le dictionnaire. Mais ce n'était que l'idée d'une idée, quelque chose d'infiniment vague.

Et je sortis avec une grande soif. Car le goût passionné des mauvaises lectures engendre un besoin proportionnel du grand air et des rafraîchissants.

Comme j'allais entrer dans un cabaret, un mendiant me tendit son chapeau, avec un de ces regards inoubliables qui culbuteraient les trônes, si l'esprit remuait la matière, et si l'œil d'un magnétiseur faisait mûrir les raisins.

En même temps, j'entendis une voix qui chuchotait à mon oreille, une voix que je reconnus bien; c'était celle d'un bon Ange, ou d'un bon Démon, qui m'accompagne partout. Puisque Socrate avait son bon Démon, pourquoi n'aurais-je pas mon bon Ange, et pourquoi n'aurais-je pas l'honneur, comme Socrate, d'obtenir mon brevet de folie, signé du subtil Lélut et du bien avisé Baillarger ?

Il existe cette différence entre le Démon de Socrate et le mien, que celui de Socrate ne se manifestait à lui que pour défendre, avertir, empêcher, et que le mien daigne conseiller, suggérer, persuader. Ce pauvre Socrate n'avait qu'un Démon prohibiteur; le mien est un grand affirmateur, le mien est un Démon d'action, un Démon de combat.

Or, sa voix me chuchotait ceci: "Celui-là seul est l'égal d'un autre, qui le prouve, et celui-là seul est digne de la liberté, qui sait la conquérir."

Immédiatement, je sautai sur mon mendiant. D'un seul coup de poing, je lui bouchai un œil, qui devint, en une seconde, gros comme une balle. Je cassai un de mes ongles à lui briser deux dents, et comme je ne me sentais pas assez fort, étant né délicat et m'étant peu exercé à la boxe, pour assommer rapidement ce vieillard, je le saisis d'une main par le collet de son habit, de l'autre, je l'empoignai à la gorge, et je me mis à lui secouer vigoureusement la tête contre un mur. Je dois avouer que j'avais préalablement inspecté les environs d'un coup d'œil, et que j'avais vérifié que dans cette banlieue déserte je me trouvais, pour un assez long temps, hors de la portée de tout agent de police.

Ayant ensuite, par un coup de pied lancé dans le dos, assez énergique pour briser les omoplates, terrassé ce sexagénaire affaibli, je me saisis d'une grosse branche d'arbre qui traînait à terre, et je le battis avec l'énergie obstinée des cuisiniers qui veulent attendrir un beefteack.

Tout à coup, - ô miracle ! ô jouissance du philosophe qui vérifie l'excellence de sa théorie ! - je vis cette antique carcasse se retourner, se redresser avec une énergie que je n'aurais jamais soupçonnée dans une machine si singulièrement détraquée, et, avec un regard de haine qui me parut de bon augure, le malandrin décrépit se jeta sur moi, me pocha les deux yeux, me cassa quatre dents, et avec la même branche d'arbre me battit dru comme plâtre. - Par mon énergique médication, je lui avais donc rendu l'orgueil et la vie.

Alors, je lui fis force signes pour lui faire comprendre que je considérais la discussion comme finie, et me relevant avec la satisfaction d'un sophiste du Portique, je lui dis: "Monsieur, vous êtes mon égal ! veuillez me faire l'honneur de partager avec moi ma bourse ; et souvenez-vous, si vous êtes réellement philanthrope, qu'il faut appliquer à tous vos confrères, quand ils vous demanderont l'aumône, la théorie que j'ai eu la douleur d'essayer sur votre dos."

Il m'a bien juré qu'il avait compris ma théorie, et qu'il obéirait à mes conseils.

Charles Baudelaire



mardi, octobre 13, 2009

« Le Symbole perdu » et les francs-maçons


Dans son dernier livre, « Le Symbole perdu », Dean Brown conduit ses lecteurs au pays de maître Hiram. Il les plonge dans la symbolique de la franc-maçonnerie et parvient à les distraire.

Cette distraction ne doit pas faire oublier que la franc-maçonnerie est l’organisation secrète la plus répandue de la bourgeoisie. Les richesses sont accaparées par des bourgeois membres de clubs fermés et de mystérieuses confréries initiatiques. Dans des sociétés mondaines ou des organisations secrètes comme la franc-maçonnerie, les riches ont habilement développé des réseaux d’influence et conclu des accords pour accroître leurs privilèges et exploiter toujours plus l’humanité. Ils montent des opérations financières très lucratives pendant que les travailleurs s’enfoncent dans la pauvreté.

La franc-maçonnerie clame partout que son rayonnement sur la société est positif. Un culot qu’a relevé un site anti-maçonnique, un site nostalgique de l’ancien régime. L’ancien régime pourchassait les usuriers (les usuriers sont prospères dans les républiques maçonniques, le taux d’intérêt du crédit renouvelable, ou crédit revolving, est supérieur à 20%).

« On ne voit pas bien en quoi une société où les écarts de richesses et d'inégalités n'ont fait que croître serait une société "plus juste et plus éclairée" ? les francs-maçons disent être "attachés à un Grand Orient fier de cette histoire, de son histoire", quid de l'histoire de la France avant 1789 ?

Les soit-disant "conquêtes de la République indivisible, laïque" auxquelles sont associés les francs-maçons ne sont qu'un accaparement oligarchique du pouvoir par une petite minorité mafieuse, la franc-maçonnerie se définissant elle-même comme "l'Eglise de la république".

La soit-disant "liberté absolue de conscience" dans la république est la liberté de penser comme la franc-maçonnerie l'exige ou la prison, elle est un prétexte mensonger totalitaire qui permet d'écraser tout ce qui lui serait opposé "au nom de la liberté", condamnations judiciaires à la clé.

La franc-maçonnerie est riche de la diversité de ses loges ouvertes à tout le monde, de la pluralité de ses rites dont la très pluraliste et ouverte loge B’Naï B’rith, bien connue pour ses pratiques démocratiques. Le serment du secret prononcé au moment de l'"initiation" et l'échange de la promesse d'entraide sont d'éminents signes d'une telle société préoccupée d'ouverture et de démocratie ! L'engagement "civique" de ses membres via le népotisme et le clientélisme sont des "acquis sociaux".

La vision de l'"homme" amputé de sa part spirituelle et de son âme, réduit à sa part matérielle animale, supprime la liberté de l'homme et supprime en particulier toute chance de développement humain intégral, social et économique. Ainsi, la crise économique et sociale mondiale, le "retour des peurs", la détérioriation des liens civiques, l'accroissement des égoïsmes sont les conséquences directes de cette vision amputée de l'homme.

Les francs-maçons sont des apprentis sorciers pyromanes qui après avoir mis le feu crient au feu. Les haines xénophobes, antisémites, racistes, sexistes, la montée des menaces sur la paix internationale sont des conséquences d'une telle société franc-maçonnique artificielle créée de toute force multi-raciale et multi-culturelle et imposée au(x) peuple(s).

L'effondrement des modèles, l'échec le plus souvent dramatique des grandes utopies politiques du XXe siècle donnent à certains le sentiment du vide, de dilution des repères, de perte de sens, de "désenchantement du monde". A qui la faute ? Qui n'a cessé de mettre en garde contre la vision d'un monde coupé de Dieu ? Qui n'a cessé de critiquer la vision de l'homme amputé de sa part spirituelle ?

L'Europe de la citoyenneté et des droits sociaux que les francs-maçons appelaient de leurs voeux se révèle "un espace de libre-échange pour les marchands". A qui la faute ?

Si "la République, pour qui toutes les femmes et tous les hommes, quelles que soient leurs origines, leur sexe, leur couleur, leurs convictions religieuses, philosophiques, politiques, naissent et demeurent libres et égaux en droit, se fragilise en doutant de son identité, de ses valeurs, de son indivisibilité" (sic), c'est en raison d'une lacune au fondement d'une telle "société" bâtie sur du vide et du sable, l'idéologie maçonnique et son irréalisme.

Si "la laïcité est partout attaquée", c'est que cette soit-disant laïcité n'en est pas une, mais une théocratie de droit occulte qui mérite toutes les critiques et toutes les attaques... Quant à censure de la liberté pour tout être humain, en particulier les femmes, "à disposer de soi-même", cette censure c'est la civilisation.

Si la société se crispe et laisse place à l'émergence de "populismes" et d'"extrémismes", l'histoire nous enseigne que sur le terreau de tels extrémismes est l'idéologie déshumanisante qui a prétendu éliminer Dieu de la société. "Dans la mentalité des Lumières,... le grand drame de l'histoire du Salut avait disparu. L'homme était resté seul: seul comme créateur de sa propre histoire et de sa propre civilisation; seul comme celui qui décide de ce qui est bon et de ce qui est mauvais... Si l'homme peut décider par lui-même, sans Dieu, de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, il peut aussi disposer d'un groupe d'hommes soit anéanti... Des décisions analogues furent prises sous le IIIe Reich,... par le parti communiste de l'union Soviétique et des pays soumis à l'idéologie marxiste" (Jean-Paul II, Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion, Mayenne 2005, p. 23-24).

Il est toujours bon de rappeler ces quelques vérités aux frères tri-ponctés totalitaires franc-maçonniques (1). »

Les loges où se développe l’affairisme bourgeois sont nuisibles mais ne sont pas les plus redoutables. Des obédiences maçonniques et paramaçonniques se vouent à la pratique de l’occultisme et à la maîtrise de pouvoirs psychiques.

Au XVIIIème siècle, l’occultiste Joseph Balsamo, alias Cagliostro (1743-1795), fonde à Lyon la loge maçonnique « la sagesse triomphante » et initie ses disciples aux rites égyptiens. Lors d’une cérémonie les francs-maçons invoquent le spectre de Prost de Royer, ancien Vénérable de la loge « La Bienfaisance ». L’apparition fut reconnue par les membres de la loge.

Papus, alias Gérard Encausse (1865-1916), co-fondateur du Martinisme et auteur prolixe, était surnommé le « Balzac de l’occultisme ». Son sulfureux « Traité des sciences occultes » est régulièrement réédité depuis plus d’un siècle.

Eliphas Lévi, Pseudonyme de l'abbé Alphonse-Louis Constant (1810-1875), initié le 14 Mars 1861, dans la Loge « Rose du parfait Silence » du Grand Orient de France était lui aussi un expert de la magie cérémonielle. Il publia en 1856 « Dogme et Rituel de la haute magie ». Les occultistes affirment qu’il fit apparaître l’esprit d’Apollonius de Thyane.

Les organisations paramaçonniques sont nombreuses et constituent des viviers dans lesquels les sociétés secrètes supérieures puisent les éléments les plus utiles à la réalisation de leur synarchie mondiale. La nébuleuse des ordres paramaçonniques comprend les rosicruciens, les martinistes, les néo-templiers, la chevalerie initiatique, la Golden Dawn, l’O.T.O. …

L’O.T.O., Ordo Templi Orientis, comptait parmi ses membres Ron Hubbard, le fondateur de la l’Eglise de Scientologie. Eglise qui bénéficie en 2009 de mystérieux appuis dans une République vermoulue par le copinage, le népotisme et la corruption.

L’O.T.O., comme beaucoup d’organisations lucifériennes, pratique la magie sexuelle. La voix que l’on entend au début de la vidéo est celle d’Aleister Crowley qui se nommait lui-même « The Great Beast 666 ». Il fut promu grand maître de l’O.T.O. par Théodor Reuss.

Vidéo, un rituel de l’O.T.O. :






(1) Source : http://christroi.over-blog.com/article-35334269.html

dimanche, octobre 11, 2009

Les élites et la magie sexuelle



Initié au sein de l'Hermetic Brotherhood of Luxor et de la Fraternité Rosae Crucis, puis fondateur de la Fraternité d’Eulis, Pascal Beverly Randolph est connu des élites affiliées aux loges secrètes qui mènent le monde.

Auteur du livre « Magia Sexualis », Randolph expose des méthodes sexuelles qui régénèrent l’énergie vitale, renforcent la puissance magnétique et développent un pouvoir qui permet d’assujettir la femme à l’homme. Bien entendu, Randolph ne livre pas l’intégralité de sa doctrine magique dans son livre destiné au public.

La magie sexuelle n’est pas un anodin et original « Kama soutra » pour libertins blasés. Ses arcanes occultes conduisent les initiés les plus ambitieux à commettre des abominations. La magie sexuelle et la recherche des pouvoirs psychiques transforment promptement les initiés en monstres pervers, pédophiles et tueurs. Des magiciens ne reculent pas devant les sacrifices humains rituels pour satisfaire leurs ambitions et accroître leurs pouvoirs magiques.

Au Tibet, une confrérie de lamas criminels enlevait des femmes et des hommes pour les sacrifier au cours de cérémonies tantriques (ganâchakra pûja : le rite de l’orgie collective). Des maîtres, comme Marpo, « le Rouge », répandaient l’idée que le yoga consistait dans l’union sexuelle et que pour obtenir des siddhis (pouvoirs magiques), il fallait mettre à mort d’innocentes victimes.

Des lamas tibétains exposent ouvertement leurs considérations magico-sexuelles. Par exemple, la pratique de la phase d’accomplissement de Yamantaka est enseignée par des lamas qui ne dissimulent pas leurs penchants pour la pédophilie :

« Un moudra effectif n'est pas simplement visualisé, c'est une yogini entièrement qualifiée avec laquelle le yogi entre en union physique. Il est indispensable d'avoir recours à une partenaire effective quand vous souhaitez produire la claire lumière dans le contexte de l'esprit isolé, sinon la claire lumière ne sera pas aussi claire qu'elle l'est pour un mourant. Donc, au début de ce yoga il est nécessaire de s'en remettre à un moudra effectif pour développer la claire lumière, mais une fois que vous avez terminé cela, vous n'avez pas besoin d'un moudra effectif pour le provoquer à nouveau, vous pourrez y arriver à l'aide d'un moudra virtuel. [...]

Les moudras effectifs sont aussi présentés en fonction de la forme de l'orifice inférieur de leur canal central :

(1) En forme de lotus : l'orifice inférieur s'ouvre facilement, comme une fleur de lotus, parmi les moudras effectifs, cette femme est la suprême. Elle est belle, son visage est rond, elle a une voix agréable, une odeur plaisante se dégage de sa bouche et de son lotus, le bout de ses pieds est rond comme le dos d'une tortue et la plante en est plat comme le ventre d'une tortue.

(2) En forme de conche : l'orifice inférieur est en spirale, comme la coquille d'une conque, l'intérieur bosselé et elle porte un nez effilé.

(3) En forme d'éléphant : l'orifice inférieur décrit des cercles de gauche à droite, et son nez penche vers la droite.

(4) En forme d'antilope : l'orifice inférieur est comme l'ombilic d'un type particulier de cervidés ; il se referme sur lui-même et s'ouvre difficilement. Le bout de son nez porte une marque et elle est enrobée.

De ces quatre, le meilleur orifice inférieur est long, étroit et ferme ; et le pire est court, large et flasque. Le moudra effectif ne doit pas être plus jeune que douze ans ni plus âgé que trente, sinon son orifice inférieur ne sera pas apte à fonctionner convenablement. D'entre les femmes entre douze et trente ans, une de douze ans est ce qu'il y a de mieux et, si elle est versée dans les soixante-quatre disciplines de l'amour, elle sera la compagne parfaite pour acquérir les siddhis.

Il est capital de s'appuyer sur un de ces types de moudra effectif pour parvenir à la claire lumière d'exemple de l'esprit isolé. »

Cette pratique a été expliquée en Angleterre par Kyabje Serkong Rinpoche, à partir des enseignements de Kyabje Ling Rinpoche (1903 - 1983), senior des tuteurs de S.S. le XIVème Dalaï Lama, 97ème Gaden Tripa ( détenteur du trône de Gaden) et chef de l'école Guélougpa, un des quatre proches disciples de Pabongka Rinpoché.

(Jacques a traduit le texte)

La pratique de Yamantaka est enseigné de nos jours par le lamaïsme orthodoxe.

En marge du lamaïsme officiel, il existe des confréries secrètes qui se livrent au Nang-tcheud, au meurtre rituel de la magie rouge. Lors du rite tantrique, l’adepte tue sa partenaire afin de s’approprier de son double énergétique.

La mobilisation d’une partie de l’intelligenstia en faveur de Roman Polanski, incarcéré en Suisse à la demande des USA pour répondre du viol d’une enfant, indique le degré de déchéance morale de la société française. La perversité des « élites » s’affiche désormais sans complexe. Il devient de plus en plus clair que les forces infra-humaines de la corruption et du mal sont parvenues à infester toutes les sphères de la société.




Illustration : Yamataka copulant avec sa parèdre.



La grippe A, le début du chaos, le Tamiflu, Kouchner et les yogourts ont inspiré une chanson à Dany Moreau :
http://bouddhanar-6.blogspot.com/2009/10/la-grippe-en-chantant.html

mardi, octobre 06, 2009

La convergence de la science et de la spiritualité


Tenzin Gyatso, le 14ème dalaï-lama, est de retour aux USA depuis le lundi 5 octobre, mais Barack Obama ignore le chef tibétain pour ne pas déplaire aux Chinois.

Matthieu Ricard, le célèbre "French lama", est lui aussi à Washington où il est convié, avec l’acteur Richard Gere, Daniel Goleman et Lobsang Negi, à une discussion sur le thème "La convergence de la science et de la spiritualité" à Emory University, une des meilleures universités américaines.

Depuis plusieurs années, des moines tibétains participent à des expériences scientifiques qui utilisent la technologie neurocérébrale de pointe (IRM imagerie à résonance magnétique et EEG électroencéphalographe) afin de mieux comprendre les processus cérébraux en jeu lors de la méditation.
Si le rapprochement de la science et de la religion enchante toujours le public, des personnes sont moins enthousiastes. En effet, l’observation scientifique des processus cérébraux des méditants est en train de réduire la spiritualité à des mécanismes psychiques et de faire naître une technologie du contrôle mental. Des machines à méditer sont déjà commercialisées. Ces appareils provoquent chez leurs utilisateurs une modification de la conscience en appliquant au cerveau des impulsions appropriées. Les machines de stimulation des facultés psychiques caricaturent la véritable spiritualité.

Un courant scientifico-spirituel est en train de concevoir la spiritualité en termes matérialistes, d’ondes mentales et de chimie cérébrale. Ce courant est insufflé par la puissance qui est en train de mettre en place le nouvel ordre mondial.

Dans "Le meilleur des monde" Aldous Huxley écrit :

"Les anciens dictateurs sont tombés parce qu’ils n’ont jamais pu donner à leurs sujets assez de pain, assez de jeux, assez de miracles, ni assez de mystères. Et ils ne possédaient pas non plus un système réellement efficace de manipulation des esprits.

Sous un dictateur scientifique, l’éducation fonctionne bien – avec pour résultat que les hommes et les femmes en viennent à aimer leur servitude et ne rêveront jamais de révolution. Il ne semble y avoir aucune bonne raison pour laquelle une dictature vraiment scientifique en viendrait à être renversée."
Aldous Huxley avait fait le lien entre les expériences mystiques de l’Orient et les effets ressentis par les consommateurs de drogues psychédéliques. Parfois perçu comme un raccourci commode vers l'expérience spirituelle, le LSD, diéthylamide d'acide lysergique, est un puissant psychotrope hallucinogène qui modifie la chimie du cerveau. Les extases chimiques de la Beat-Generation et les électroencéphalogrammes des moines tibétains ont conduit à une techno-spiritualité qui réduit la recherche de l’Ultime à la stimulation du cerveau et au bien-être mental.

La participation des lamas tibétains à la techno-spiritualité et à la connaissance de la chimie cérébrale évoque Rudolf Steiner qui avait dit qu’au Tibet survivaient les restes décadents d’une ancienne chimie occulte (conférence du 1er novembre 1915). C’est aussi Steiner qui prédit l’incarnation d’Ahriman (l’esprit du mal) à l’Ouest (Etats-Unis ?) au début du troisième millénaire (dès le 21ème siècle). Ahriman développera un occultisme matérialiste que préfigure probablement la techno-spiritualité.

La majeure partie de l’humanité adoptera un mode de vie de plus en plus matérialiste. Les sujets du nouvel ordre mondial auront-ils sur le crâne une machine qui les rendra dociles mais heureux ?

http://www.tibet.emory.edu/scienceandspirituality .

http://www.project-meditation.org/ms/meditation_machine.html

lundi, septembre 28, 2009

La grippe A, une pandémie liberticide


Alain Minc, l’homme de l’ombre de Nicolas Sarkozy, a reconnu l’existence d'un gouvernement mondial informel. "On croit qu’il n’y a pas de gouvernance mondiale, c’est faux. Il y a une forme de gouvernance mondiale sauf qu’elle n’est pas codifiée, elle est empirique, elle est implicite, mais elle est décisive." a déclaré Alain Minc au micro de Colombe Schneck, animatrice de l'émission "Les liaisons heureuses" (1). C'était le samedi 26 septembre 2009 (France Inter).

La "gouvernance mondiale décisive" d’Alain Minc n’est rien d’autre que la dictature

La gouvernance mondiale orchestre la tapageuse comédie de la grippe A qui pourrait provoquer une catastrophe sans précédent à cause des vaccins suspects. Qui plus est, la pandémie devient le moyen d'attenter aux libertés.

« La pandémie, qui a coûté la vie à relativement peu de personnes à ce jour, sera utilisée comme une excuse pour mettre en œuvre la loi martiale et un programme obligatoire de vaccination.

Le plan prévoit que les forces militaires d’interventions travailleront de concert avec l’Agence Fédérale de Gestion des Urgences (FEMA). Il n’y a aucune décision définitive sur la manière dont les efforts militaires seraient utilisés, mais une source a indiqué qu’ils seraient probablement inclus dans le personnel de toutes les branches de l’armée », affirme le rapport.

Northcom a été préparé aux pandémies massives de grippes depuis plusieurs années et, en fait, le général Victor Renuart a parlé de la menace d’une pandémie de grippe, émergeante du Mexique, quelques semaines à peine avant qu’elle arrive réellement.

Témoignant en mars, Renuart a déclaré que Northcom fournirait « l’assistance en appui aux autorités civiles » lors d’une épidémie, ajoutant que « lorsque demandé et approuvé par le Secrétaire à la Défense ou dirigé par le Président, les forces militaires fédérales contribueront au soutien fédéral. « Toutefois, Renuart a ensuite ajouté, « USNORTHCOM n’attend pas cet appel pour agir. »

Northcom n’a été équipé que relativement récemment de sa propre unité de combat, l’unité de combat de la première brigade de la Troisième Division d’infanterie de l’armée, qui a combattu en Irak pendant cinq ans avant cette date. Comme nous l’avons indiqué précédemment, le Service de Presse des Forces armées a lancé une campagne de propagande visant à convaincre le peuple américain que le déploiement de la 3e Division d’Infanterie aux États-Unis en violation avec l’Acte Posse Comitatus est une bonne chose, avec des photos de soldats de la brigade aidant dans des missions de sauvetages « humanitaires », comme des accidents automobiles. Tout ceci est conçu pour conditionner les Américains à accepter les troupes dans les rues et les autoroutes comme faisant partie de la vie quotidienne.

L’assignation de l’Équipe de Combat de la 1ière Brigade à Northcom a alarmé l’American Civil Liberties Union (ACLU). « C’est un changement radical de la séparation de l’application des lois civiles et des autorités militaires et pourrait probablement constituer une violation de la loi », a déclaré Mike German, conseiller en politiques nationales de sécurité pour l’ACLU.

La dernière fois que la garde nationale et les militaires ont travaillé avec la FEMA et l’application des lois locales sur une grande échelle aux États-Unis était lors de l’ouragan Katrina, quand ils ont aidé à la confiscation des armes à feu privées des citoyens, même ceux qui vivaient sur les hauteurs et les régions sèches et n’avaient pas été affectés par l’ouragan.

Un autre exercice qu’effectuent les militaires américains pour prendre en charge les fonctions d’application de la loi lors d’épidémies de grippes porcines a été révélé lundi. Selon la Navy, l’exercice Panamax 2009, qui se déroule à la fois à Panama et à San Antonio au Texas, est conçu pour former les soldats à « empêcher les gens d’aller au travail et à l’école » au cours d’une pandémie.

Le Pentagone cherche aussi à « accorder au Secrétaire à la Défense l’autorité nécessaire pour envoyer près de 400 000 militaires à travers les États-Unis en cas d’urgence ou d’une catastrophe majeure », écrit Matthew Rothschild pour la revue Progressive.

« En juin, le US Northern Command (USNORTHNOM) a distribué un « Un feuillet de faits au Congrès » intitulé « Proposition législative pour l’activation des forces de réserves fédérales pour les désastres ». Cette proposition vise à modifier la loi actuelle, afin « d’autoriser le Secrétaire à la Défense d’ordonner à une unité ou un membre des réserves de l’armée, de l’Air Force, de la Navy et du Corps des Marines, d’entrer en service actif pour une catastrophe majeure ou une urgence. »

Rassemblant toutes les preuves de la façon dont les militaires sont parfaitement ancrés dans la vie quotidienne des Américains au moyen de troupes en uniforme à des fonctions d’application de la loi, il ne fait aucun doute que les États-Unis sont déjà sous le coup d’une loi martiale non déclarée. Si une pandémie mortelle de grippe porcine se déclare cet automne, dont les autorités ont formellement prédit l’arrivée, les postes de contrôles militaires qui sont aujourd’hui dispersés dans le pays vont se multiplier rapidement et l’Amérique commencera à ressembler effectivement aux conditions qui existent dans les dictatures historiques de la Chine maoïste, l’Union soviétique et l’Allemagne nazie.

Ce n’est qu’en prenant conscience de tout le chemin parcouru par l’Amérique pour sombrer dans un état policier militarisé que nous pouvons commencer à inverser le conditionnement progressif qui a conduit les Américains à accepter l’arrivée des troupes sur les rues pour demander leurs papiers. »

LIRE L’INTEGRALITE DE L’ARTICLE :
http://pleinsfeux.com/alerte-maximale-troupes-americaines-occupent-maintenant-amerique/

(1) Colombe Schneck "Les liaisons heureuses" : http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/les-liaisons-heureuses/
Alain Minc évoque Simon NORA et Fernand BRAUDEL, chute du Mur de Berlin... La gouvernance mondiale informelle mais décisive est révélée en une phrase (19 : 24 mn). L’émission est en écoute à la carte pendant 7 jours.

Un rabbin affirme que les Juifs sont des extraterrestres venus pour « conquérir » la Terre.

Le rabbin Michael Laitman est l'auteur de "Kabbalah, Science and the Meaning of Life". Le livre retrace les étapes de l'év...