samedi, juillet 23, 2011

L'attentat d'Oslo





Quelques jours avant l'attentat d'Oslo, Bouddhanar a mis en ligne un texte de Philippe Baillet à propos de la révolte totale (et meurtrière) de l'extrême-droite (traditionaliste) :

http://bouddhanar.blogspot.com/2011/07/evola-la-revolte-totale-pronee-par-les.html


Photo :
SS norvégien (un Untersturmführer du régiment Norge) et Anders Behring Breivik, le fondamentaliste chrétien responsable de l'attentat d'Oslo et de
 la fusillade de l'île d'Utoya.





vendredi, juillet 22, 2011

Les estivales de la question animale





Les estivales de la question animale se dérouleront du samedi 30 juillet au samedi 6 août 2011 à Marlhes (42), à 25 km de Saint-Étienne (Voir le programme ci-dessous).

Chaque année, ces rencontres donnent lieu à des discussions passionnantes et à d'intéressantes rencontres.

Les Estivales sont des rencontres d'échange de savoirs et d'informations, d'expériences et d'opinions, ouvertes à toutes les personnes qui s'intéressent à la question animale: particuliers, représentants de diverses associations, «intellectuels» et «militants de terrain», tenants d'approches philosophiques et stratégiques différentes... LIRE LA SUITE : http://question-animale.org/fr/projet.html


Samedi 30 juillet

accueil des participants

Dimanche 31 juillet

Un point sur l’action menée en Europe, et au Canada, qui a conduit à l’adoption du règlement européen fermant les portes de l’UE aux produits issus de la chasse aux phoques et autres pinnipèdes.

La droite et les animaux.

Lundi 1 août

La question animale en Colombie, plus particulièrement à travers la relation aux ânes dans la région nord atlantique.

Projection du court-métrage « Le compagnon déloyal » :
Les chiens sont-ils devenus les nouveaux maîtres des hommes, prêts à céder à tous leurs caprices et à dépenser des fortunes pour eux ?
Au-delà des apparences, quelle est la réelle nature sociologique de notre relation avec les canidés et quel lien éthique unit notre espèce à la leur ?

Projections d’autres courts-métrages :
  • Déchirement (expérimental)
  • Laissez l’iguane tranquille (Reportage)
  • Ludique macabre (Fiction)


Mardi 2 août

Réflexion sur le rôle des élevages bio, "éthiques", développement durable, etc. en tant que secteur crucial de l'esclavage animal. 
Les poules pondeuses en France : conditions de vie, lois, recherche scientifique, situation européenne…

Mercredi 3 août

La violence sociale à l'encontre du végétarisme pour les animaux. État des lieux et analyse de la végéphobie.

L’Initiative Citoyenne pour les Droits des Végétariens

Jeudi 4 août

Débat pour l’abolition de la viande : quelle pertinence ? quelles stratégies ?

Vendredi 5 août

Réflexions et discussions sur la sentience des invertébrés

Spécisme, sexisme, racisme. Intersectionnalité des discriminations.

Illustration :


Intuition & spontanéité





En observant le spiritualisme moderne, il apparaît que la manipulation mentale est pratiquée par la plupart des organisations qui prétendent être des voies de réalisation spirituelle. La philosophie libertaire, qui est au centre de plusieurs traditions orientales, y est presque toujours ignorée ou dévalorisée.

De nos jours, des gourous, qui imposent à leurs élèves des pratiques et des rites aliénants, invoquent l'école des Nātha sans préciser que :

Les Nātha visent à se libérer durant la vie. Les mesures prises en ce but sont simples. Ils ne préconisent ni les pratiques religieuses extérieures ni la connaissance des traités. Ils insistent uniquement sur une voie directe aussi brève que possible, celle que découvre le mystique en lui-même et jusque dans son propre corps, lieu privilégié de l'expérience, que celle-ci concerne la divinité, l'énergie ou l'univers.

A cette fin les Nātha recourent à un seul moyen : l'intuition et le sahajasamâdhi, l'absorption spontanée. On les appelle en conséquence « Sahajîya » adeptes de la spontanéité. Ils se caractérisent par la simplicité du cœur et de l'esprit. Grâce a au sahajasamâdhi la pensée s'absorbe dans la félicité, l'impression erronée d'objectivité et de dualité s'estompe et finalement disparaît.

Lorsqu'un tel samâdhi se répand dans toutes les activités journalières, le yogin, quelles que soient les circonstances, n'éprouve qu'une seule et même saveur (samarasa) qui imprègne l'univers entier.

Lilian Silburn, « La kundalini ».


La kundalini
L'énergie des profondeurs

La kundalinî, cet axe dressé au centre même de la personne et de l’univers, est à l’origine de la puissance de l’homme dont elle draine et épanouit les énergies. Plutôt que sur les pouvoirs extraordinaires habituellement décrits dans nombre d’ouvrages souvent très fantaisistes, l’auteur s’est attaché ici, suivant en cela les maîtres des écoles non-dualistes du Shivaïsme du Cachemire, à mettre l’accent sur l’apaisement qu’elle confère.

Si les témoignages et les études se multiplient actuellement sur ce sujet, ils restent trop souvent sans rapport avec la réalité sur l’expérience ; la plupart des phénomènes qu’on y trouve relèvent de troubles psychiques, de fantaisies de l’imagination ou de la tension due aux efforts d’une concentration trop prolongée…

L’auteur a réuni dans cet ouvrage des extraits relatifs à la kundalini et conformes à l’enseignement des écoles non dualistes Kaula, Trika et Krama afin de proposer une vue d’ensemble cohérente. Cette étude se présente donc sous la forme de traductions et d’explications de textes ; elle s’inspire essentiellement de l’œuvre capitale du grand mystique cachemirien du Xe siècle Abhinavagupta : le Trantrâloka (Lumière sur les Tantra) et de la glose qu’en fit Jayaratha. Un tel choix concerne les plus hautes initiations intérieures d’ordre mystique.

Il est à noter qu les textes choisis diffèrent des descriptions du Hathayoga et de nombreux Tantra shivaïtes, bouddhistes ou vishnouites habituellement exposés et mieux connus.




Lilian Silburn, directeur de recherches honoraire au C.N.R.S. est une des autorités les plus éminentes, dans le domaine du Shivaïsme du Cachemire et de l’œuvre d’Abhinavagupta. Elle est l’auteur de nombreuses traductions et études dont : le Paramârthasâra, la Bhakti dans le Shivaïsme du Cachemire (1964), le Vijñâna Bhairava (1961), la Mahârthamañjarî (1968), les Hymnes de Abhinavagupta (1970), Hymnes aux Kali (1975), Sivasûtra et Vimarsinî de Ksemarâja (1980), et La Lumière sur les Tantra, chapitres 1 à 5 du Tantrâloka d’Abhinavagupta. Elle a également dirigé et publié un volume consacré au Bouddhisme (1977).


Photo :
« Les sannyāsis du Gorakha Nātha portent plusieurs symboles qui les distinguent des autres sādhus, entre autres le petit sifflet (nādî) attaché à des fils de laine. »
R. BEDI




jeudi, juillet 21, 2011

Des chanteurs mystiques et libertaires





Le terme bengali « bâül » (hindî : bardâi) désigne des groupes de bardes itinérants et mendiants qui parcourent le Bengale en chantant des poèmes religieux.

Les bâüls jouent an Bengale un rôle dont on ne saurait se passer. On peut fort bien les montrer du doigt en disant : « ...des fous enivrés de Dieu... » ou encore : « ...des mendiants illettrés à la vaine poursuite d'un rêve... », c’est néanmoins à eux que Rabindranath Tagore a emprunté maintes de ses inspirations. En effet, le grand poète a recueilli les paroles de beaucoup de leurs chants, de beaucoup de leurs airs qui sont d’une touchante simplicité. De plus il faut dire que tout en restant en dehors des grandes traditions stéréotypées de l'Inde, les bâüls n'en représentent pas moins, dans la vie spirituelle, l’un des courants souterrains restés intensément vivants. Ce courant remonte à une époque antérieure à celle même des religions védiques.

Le nom des bâüls n’apparait pourtant, dans la littérature du Bengale, qu’à partir du XVe siècle. Cette appellation semble être dérivée du mot bâtula (vâtula en sanskrit); ce mot signifie « qui est battu par les vents », c'est-à-dire celui qui s'abandonne à toutes ses impulsions. De là à la folie, il n’y a qu’un pas! Mais cette folie extatique a pour cause Dieu, et comme but Dieu encore!

Les bâüls ne doivent pas être considérés comme formant une secte particulière. Des fidèles (sâdhakas) suivant une discipline spirituelle, appartenant à toutes sortes de confréries et de groupes religieux, deviennent des bâüls si tel est leur tempérament. La Chine, qui est si près de la terre, a peut-être ce qui se rapproche le plus des bâüls, c’est-à-dire les adeptes du Chan/Zen, si friands de paradoxe. La note dominante qui fait remarquer les bâüls est leur entière liberté spirituelle, qui est une force organique sans aucune prétention. Dans la vie courante, par leur parfait non-conventionalisme, ils sont typiquement des libres-penseurs, devenus sans le vouloir une institution libre. Ils ne sont liés par rien.

On les reconnaît à ce qu’ils portent en général une longue robe - sans qu’elle soit le signe distinctif d’aucun Ordre religieux existant. Ils laissent pousser cheveux et barbe. Pour eux le Divin étant sans forme, la mythologie lettre morte, on ne les verra jamais se prosterner ni devant une image ni devant un humain, si parfait soit-il ! Ils n’appartiennent plus à aucune caste.

Il n’est aucune Écriture sacrée qui puisse formuler la philosophie du bâül. Il ne fait appel à aucune tradition. Par excellence, il se laisse conduire par l’intuition.

Le seul moyen d’expression des bâüls est leur chant extemporané qui révèle leur expérience spirituelle intime. La proportion des bâüls hindous est aussi grande que celle des bâüls musulmans. Échappant à toute forme d'orthodoxie, les uns et les autres vivent parfaitement intégrés dans la relation d’unité qui existe entre maître (gourou) et élève (shishya). En effet, on connaît des gourous musulmans initiant des hindous, et des gourous hindous initiant des musulmans. Cette intimité est ordonnée par Dieu.

Parmi les bâüls, on trouve des moines, des ascètes, des hommes mariés. Ils s’en vont en chantant de village en village avec leur ektara, un instrument très simple à une corde, et leur tambourin qui est appelé dubki. A certaines saisons et en certains lieux propices, les bâüls se réunissent périodiquement en une grande foire (mela) où les chants et les danses se suivent nuit et jour pendant la durée du rassemblement. Il n'est en ces occasions aucun culte d’adoration, aucun enseignement oral, car ces poètes mystiques n’attachent d'importance qu’à la vibration des âmes. A rien d’autre.

La discipline spirituelle des bâüls est centrée sur le culte de l’homme dans lequel Dieu est appelé Maner mânush ou « Celui qui vit dans le cœur ». Ce Dieu n’a qu’un attribut : Il est tout amour ! Il n’est ici aucune mention d’un Dieu créateur ou d’un Dieu destructeur.

L’une des manières d’atteindre Dieu est de s’en remettre à un gourou qui devient le lien entre l'homme et le divin. Ainsi le gourou est hautement vénéré et respecté, mais maître et disciple restent parfaitement libres de part et d’autre, sans condition de loyauté ou d’obéissance entre eux, sans qu’il s'établisse d'obligation ou de responsabilité.

La discipline spirituelle du bâül est uniquement la floraison de l'être intérieur, de la présence de Dieu constante, sans qu’il soit cherché aucun appui sur des valeurs extérieures. A cause de cela même, cette discipline qui commence avec le corps réclame que celui-ci, qui joue le rôle d'instrument, soit gardé extrêmement pur, car le corps est le « temple de Dieu ». « Dans ce corps vit l'Homme, si tu L'appelles, Il te répondra... » C’est en réalité une technique pour chercher Dieu en soi-même en employant l'instrument du corps que Dieu nous a donné : « Dieu Se fait homme ; dans l'homme parfait qui est le gourou, l'homme est divinisé, ainsi l'idéal de Dieu peut être atteint dans notre propre corps... » Le culte du bâül est en somme un humanisme spiritualisé.

L'attitude spirituelle du bâül a trouvé au Bengale un terrain très favorablement préparé pour l'expansion des trois idées maîtresses de sa philosophie.

L'idée de Dieu-amour a reçu des apports de tous les adeptes du bhakti-yoga et des vaïshnavas pour lesquels Krishna est « Celui qui vit dans le cœur ». L'idée d’un gourou qui soit un homme parfait, ayant atteint les buts les plus hauts tout en restant un homme, est un apport direct de l'islam. En effet, dans l'hindouisme, le gourou est plus grand que tous les dieux, divin lui-même. Pour le bâül, le culte dû au gourou (guruvâda) plonge ses racines très profondément dans l’histoire ancienne du Bengale, qui connaissait ce culte bien avant l'apparition du bouddhisme, c'est-à-dire dans le culte des siddhas. Ce qu'il est advenu de nos jours de ce culte des siddhas, du bouddhisme et de l'islam, est une harmonieuse composition transmuée, où les bâüls touchent l'Absolu par l'amour extatique. L'idée du corps comme temple de Dieu est un apport direct du culte natha qui est à la base du hata-yoga. Les bâüls, en effet, connaissent une science parfaite du corps appelée dehatatva (qui n’est autre que la science de la kundalinî et des chakras des hatha-yogins) qu'hindous et musulmans pratiquent également.

Ces particularités des bâüls qui de nos jours associent hindous et musulmans, sont le pur produit des anciennes écoles non conformistes bouddhistes qui accordaient une énorme importance aux aspirations métaphysiques : « Qu’est-ce que la vérité première ? » (shunya), et à l'expérience pure : « Qu'est-ce qui est né en moi ? » (sahaja). Ces notions sont toujours vivantes chez les bâüls, qui parlent très librement et très volontiers de sahaja. L'expérience pure est le grand motif de leur vie. C'est ainsi que le mysticisme non orthodoxe de l'Inde médiévale forme l'arrière-plan des bâüls modernes, et que les saints du nord de l'Inde, tels que Kabir et Dadu, sont pleinement des bâüls. Si nous remontons plus haut encore le courant, nous pouvons rattacher les bâüls directement au mystérieux culte du Vrâtya de l'Atharva Vêda.

La plupart des bâüls sont des illettrés et se recrutent parmi les plus miséreux de la société. Mais ils groupent aussi des brahmanes savants qui ont été rejetés de leur caste et des musulmans excommuniés par leur orthodoxie. Beaucoup de soufis aussi sont devenus des bâüls par peur des persécutions, en disant : « Nous échappons à l'orthodoxie (shariat) pour suivre la Vérité (Haqiqat). »

Ces bâüls couvrent tout le pays. Récemment, un bâül musulman est venu jusque dans les montagnes d'Almora. Il pinçait son ektara en répétant à chaque respiration les saints Noms de Rima, d'Allah, de Krishna, du Bouddha. Quand les gens marquaient quelque surprise, il se mettait à chanter :

« Tous ces Noms sont Le même
le seul qui vit dans le cœur
ô mes frères, pourquoi se quereller ?
Il est partout, Lui sans Nom
Lui, partout Le même... »

et, ajoutait-il avec quelque ironie : « Maintenant, je vais vous dire ce qui se passe dans le vaste monde... » Et sur-le-champ, il composait quelque couplet satirique brocardant les nouvelles politiques du jour ! « Pourquoi chantes-tu toujours ? » lui demanda-t-on. Il répondit :

« Parce que nous sommes nés oiseaux chanteurs pour chanter ;
nous ne savons pas marcher sur le sol,
les ailes ouvertes, dans le ciel, nous volons... »

Lizelle Reymond.





Le cœur éternel de la voie

Parmi les thèmes traités : la réalisation de la non-dualité, l'illumination déjà présente, la primauté de l'extase naturelle, l'innocence organique, les tapas (austérités) de la sadhana (le sacrifice, le service, le sanctuaire, la communauté, la discipline, la pratique et le travail sur soi), la dualité illuminée, etc. Tout cela dans un contexte de lâcher-prise radical par rapport au guru et de soumission à la Volonté de Dieu. 



Lee Lozowick est un témoin occidental de la " folle sagesse " des bâüls du Bengale.

Photo :

mercredi, juillet 20, 2011

Nietzsche et la « mort de Dieu », ou la libre-pensée absolue




Nietzsche. qui rejetait violemment la « bêtise raciste », n'a strictement rien à voir avec l'atroce récupération de sa philosophie par les nazis. Le fait que cette récupération ait eu lieu, loin de montrer la nocivité de l'œuvre de Nietzsche, prouve au contraire, que si le nazisme a pu prendre, c'est aussi parce qu'il a révélé une faiblesse, secrète et essentielle, de notre culture. Une culture en crise et se fermant à la vie, laissant ainsi la voie à toutes les aventures au goût de sang. Une culture que Nietzsche, avec violence, désespoir, amour, appelait à s'ouvrir au vent du large.

Le jeune Nietzsche renonce à la carrière de pasteur, à laquelle il se destinait, pour s’intéresser à la philosophie. Il fréquente les cafés, se passionne pour le théâtre et l'opéra, et contracte une syphilis qui le fera souffrir jusqu’à sa mort. Il se lie intimement à Richard et Cosima Wagner, avec qui il finira par se brouiller.

Une vie d’errance en solitaire à travers l’Europe commence à partir de 1879, et il écrira alors ses plus beaux textes. Amoureux déçu de Lou Andreas-Salomé (la future maîtresse de Rilke et la future psychanalyste), se brouillant avec ses amis, il se retirera, un temps, dans le petit village suisse de Sils Maria. Il traversera plusieurs crises de délire. Il embrassera dans les rues de Turin un cheval battu par son maître. Une attaque de paralysie l'emportera.

Une quête désespérée de la santé

Quelques thèmes ont fait la réputation de Nietzsche : la mort de Dieu, le surhomme, l'éternel retour. On passera toutefois à côté de son œuvre si, la morcelant, on ne saisit pas le mouvement, la passion qui la porte. Nietzsche n’est pas un penseur au sens deleuzien de fabricant de concepts ou à celui, cartésien, de chercheur de longues chaînes de raison. Il renoue avec la philosophie présocratique, qui, ne s'embarrassant pas de système, s’élaborait dans la fulgurance poétique. Nietzsche, c’est la liberté, la libre-pensée s'arrachant à la médiocrité et s'égarant parfois dans la passion.

Stefan Zweig a écrit que toute la philosophie de Nietzsche se comprend comme une recherche forcenée de la santé. Cela non pas parce que Nietzsche était de santé maladive et qu’il faudrait donc expliquer son œuvre par sa vie ; mais parce que la philosophie de Nietzsche cherche à nous guérir de notre tristesse, de notre résignation congénitale. Nietzsche fut non seulement un poète comme Héraclite mais encore une sorte de mage comme Empédocle. Les obscurantistes qui essaient de le récupérer oublient non seulement son mépris pour la bêtise (comme le racisme) mais que sa démarche s'établit entièrement sur un présupposé : l'adéquation entre la lucidité et la santé morale.

La mort de Dieu

Nietzsche rejette toute religion ; c’est pour lui (comme pour Marx ou pour Freud) un alibi de la conscience malheureuse, de la faiblesse humaine. Il méprise ceux qui ont accolé le Nouveau Testament, « ce monument de goût rococo », à l'Ancien Testament, qui nous laisse « saisis d’effroi et de respect ». Il s’en prend à la morale ascétique prônée par les Églises. Nietzsche rejette ce Dieu de la crainte inventé pour contraindre l'espèce humaine à se résigner.

Mais, plus extraordinaire encore, Nietzsche croit annoncer la nouvelle de la mort de Dieu comme les Évangiles annonçaient la venue du Christ.

« N’avez-vous jamais entendu parler de cet homme fou, écrit-il, qui, en plein jour, allumait une lanterne et se mettait à courir sur la place publique en criant sans cesse : "Je cherche Dieu ! Je cherche Dieu !" Comme il se trouvait là beaucoup de ceux qui ne croient pas en Dieu, son cri provoqua une grande hilarité. A-t-il donc été perdu ? disait l'un. S'est-il égaré comme un enfant ? demandait l'autre. [...] Le fou sauta au milieu d’eux et les transperça de son regard "Où est allé Dieu, s'écria-t-il, je veux vous le dire ! Nous l'avons tué, vous et moi. Nous tous, nous sommes des assassins ! [...] Je viens trop tôt. [...] Cet événement énorme est encore en route, il marche – et il n’est pas encore parvenu à l'oreille des hommes. [...] Cet acte-là est encore plus loin d’eux que l’astre le plus éloigné et pourtant ce sont eux qui l'ont accompli." »

Par-delà le bien et le mal

Si Dieu est mort, tout reste permis. Et comme il n’y a que deux types de morale : celle des esclaves et celle des maîtres, il faut choisir. Il faut passer par-delà le bien et le mal, il faut dépasser l'humain et atteindre le surhomme, qui affirme son vouloir-vivre par le courage et la création.

Nietzsche est en révolte contre la résignation des pauvres (des « esclaves »), mais aussi des savants, des vertueux, « honnêtes et gras champions de la médiocrité », des nationalistes à la « bêtise tantôt antifrançaise, tantôt antisémite, ou antipolonaise, ou romantico-chrétienne, ou wagnérienne, ou teutonique, ou prussienne ». Rien ne trouve grâce à ses yeux qui n'est pas jouissance de la création ou de l'autocréation. « Ma passion et ma compassion, qu'importe d’elles. Est-ce que je cherche le bonheur ? Je recherche mon œuvre. »

Si la libre-pensée rencontre nécessairement une image de Dieu sur son trajet, une image dont elle doit se débarrasser pour se constituer, Nietzsche rencontra, lui, la source de toutes les images de Dieu. Fut-il alors happé par le gouffre qui s'ouvrit sous ses pas ? Fut-il un héros et un martyr de la libre-pensée ? Le problème n'est pas près d'être résolu, car le message de Nietzsche est encore en route, il n’a pas, pour le moment, atteint les oreilles des hommes.

André Nataf, « Les libres-penseurs ».









lundi, juillet 18, 2011

Evola & la révolte totale prônée par les traditionalistes




...Les traditionalistes - nous parlons ici de ceux qui jugent encore nécessaire d'exercer une action politico-culturelle dans la société - étaient passés à côté de Chevaucher le tigre, (écrit par Julius Evola), ne l'avaient pas compris. Vingt ans plus tard, donc aujourd'hui, ces mêmes milieux ne le comprennent pas plus. 


Héritiers conscients de tout le courant de pensée contre-révolutionnaire qui a procédé, après 1789, à une critique systématique des idéologies modernes, les traditionalistes s'arrêtent presque toujours à la phase défensive de cette critique, oubliant ainsi qu'elle est passée à l'offensive avec Nietzsche, qui parle déjà pour ce qui viendra après le monde moderne, mais sans le moindre espoir de changer quoi que ce soit au présent état de choses. Près d'un siècle avant Chevaucher le tigre, le « philosophe au marteau » avait en effet compris que la subversion moderne ne devait pas être freinée, mais accélérée, afin de laisser l'espace libre à la restauration d'un véritable Rangordnung : « O mes frères, suis-je donc cruel ? Mais je vous le dis : ce qui tombe, il faut encore le pousser. Tout ce qui est d'aujourd'hui tombe et succombe : qui voudrait le retenir ? Mais moi, je veux encore le pousser. » ( Friedrich Nietzsche) L'impasse du traditionalisme se résume à une attitude viscéralement passéiste, qui confond constamment l'attachement illégitime à des formes traditionnelles, par définition sujettes au devenir et à la mort puisque manifestées, et le rattachement légitime et indispensable au noyau interne, purement doctrinal, intangible et indestructible, de la Tradition.

Cette confusion engendre à son tour une compréhension pessimiste de la doctrine des cycles - interprétée sur un plan exclusivement horizontal, temporel et historique -, qui débouche sur une sorte de « catastrophisme historique » totalement paralysant. De fait, il est peu de milieux aussi profondément désespérés que celui des traditionalistes dont nous parlons. Leur situation ressemble à celle d'un homme qui, voyant un ami très cher sur le point de se noyer, chercherait bien sûr à le sauver, mais sans disposer d'aucun moyen pour y parvenir. Les meilleurs d'entre eux sont voués, s'ils ont quelque talent, à jouer le seul rôle qui leur ait été assigné, semble-t-il : celui de Cassandre, et à rabâcher que tout va mal et que tout ira de plus en plus mal si on ne les écoute pas. Par la haine même qu'ils vouent au monde moderne, et qui est trop passionnelle chez eux pour ne pas receler un conditionnement, ils prouvent qu'ils lui accordent ce qu'il ne mérite pas du tout : une réalité absolue. Ils oublient ainsi au passage - ce qui est logique chez des gens qui passent en réalité plus de temps à suivre l'actualité qu'à lire des traités de métaphysique - l'enseignement de ceux qu'ils ont élus, un peu rapidement peut-être, leurs maîtres à penser. Le « point de vue » ultime, en effet, bannit toute crainte : « ….si l'on veut aller jusqu'à la réalité de l'ordre le plus profond, on peut dire en toute rigueur que la "fin d'un monde" n'est jamais et ne peut jamais être autre chose que la fin d'une illusion » (René Guénon) ; « ...le destin du monde moderne n'est nullement différent ni plus tragique que l'événement sans importance d'un nuage qui s'élève, prend forme et disparaît sans que le libre ciel puisse s'en trouver altéré ». (Julius Evola)

Ces virtuoses du dégoût - état qui n'est pas forcément mauvais en soi, mais qui n'est qu'une étape - ressemblent en fait étrangement à un personnage que Nietzsche avait imaginé : celui que le « peuple » avait appelé le « singe de Zarathoustra », car il avait dérobé à ce dernier « quelque chose du ton et du rythme de son discours ». Ce « fou écumant » se plaçait toujours aux portes de la Grand-Ville pour y faire entendre ses imprécations furieuses contre la pourriture environnante, mais Zarathoustra, le jour où il le rencontra, le fit taire et lui lança : « Pourquoi t'es-tu arrêté au bord du marécage jusqu'à devenir toi-même grenouille ou crapaud ? N'as-tu pas dans tes propres veines le sang putride et spumeux des marécages, pour avoir si bien appris à coasser et à blasphémer ? (...). Ton mépris, je le méprise ; et puisque tu m'as averti, que ne t'es-tu plutôt averti toi-même ? » Et en guise d’adieu, Zarathoustra lui laissa la maxime suivante, que bien des traditionalistes devraient méditer : « Où il n'y a plus rien à aimer, passe ton chemin ! »

Paradoxalement, on pourrait dire, pour employer un langage religieux, que les traditionalistes cherchent à tout prix à « sauver » des gens qui ne demandent désormais qu'a être « perdus ». C'est notamment le cas d'un certain nombre de traditionalistes italiens qui se sentent une vocation que nous qualifierons de « franciscaine ». Ils manquent en somme de détachement et d'une forme particulière de « cynisme » ; un cynisme qui, malgré les coupes d'amertume qu'il faut boire, a appris, devant les innombrables illusions du monde moderne, non seulement à ricaner, mais aussi à rire.

Cependant, il y a plus grave. Quand les « franciscains » s'aperçoivent un peu tard que le monde mauvais les rejette ou les ignore purement et simplement, ils tombent parfois dans l'excès inverse du nihilisme. La société actuelle, que leur imagination non bridée a transformée en une sorte de monstre qui les hante jour et nuit, devient alors l'objet de leur rage destructrice. Seulement, c'est le combat du pot de terre contre le pot de fer, dont l'issue ne fait pas le moindre doute. Pour ceux qui n'ont vu dans Chevaucher le tigre qu'une sorte de manuel de la révolte totale - alors que son seul objet est la mise à nu du problème existentiel et sa résolution -, le malentendu a pesé très lourd. En Italie - puisque c'est dans ce pays qu'est apparu le phénomène en question -, il s'est traduit par une répression impitoyable qui a jeté en prison des centaines de traditionalistes, dont ils ne sont pas prêts de sortir, car on sait que de nos jours tous ceux qui sont taxés, à tort ou à raison, de « fascisme », n'intéressent aucunement, quel que soit leur sort, les bonnes âmes de la conscience universelle et les professionnels de la pétition.

Dès l'apparition de ces formes d'« anarchisme de droite », Evola avait d'ailleurs pris position d'une manière claire et d'autant plus chargée de sens qu'elle ne faisait aucune concession « modératrice ». Au sujet des possibilités de « révolution », il affirmait : « Il se s'agirait pas de "contester" et de polémiquer, mais de tout faire sauter : ce qui, à l'époque actuelle, est évidemment fantaisie et utopie, n'en déplaise à un anarchisme sporadique. » Sur un activisme d'inspiration vaguement traditionnelle, il portait le jugement suivant : « Certes, si l'on pouvait organiser aujourd'hui une sorte de Sainte-Vehme agissante, capable de tenir les principaux responsables de la subversion contemporaine dans un état d'insécurité physique constant, ce serait une excellente chose. Mais ce n'est pas une chose que des jeunes puissent faire ; par ailleurs, le système de défense de la société actuelle est trop bien construit pour que de semblables initiatives ne soient pas brisées dès le départ et payées à un prix trop élevé. »

Certains affirment pourtant de façon péremptoire que, pour un type humain actif qui a fait siennes les valeurs de la Tradition, il n'est d'autre moyen, aujourd'hui, d'être « cohérent » avec soi-même que de lutter ouvertement contre toutes les expressions - y compris les expressions politiques – du monde contemporain, quelles qu'en soient les conséquences. Ce point de vue terriblement limitatif fait donc du courage le seul critère de la valeur d'un individu, ce qui est une façon bien romantique de voir les choses, car on ne peut pas nier que certains représentants des courants modernes les plus subversifs sont aussi capables de faire preuve d'un grand courage. La vérité, c'est que, passé un certain stade, l'obstination aveugle, si « héroïque » soit-elle, confine à la bêtise. Il faut donc répondre à ceux qui, affectés d'une mentalité un peu inquisitoriale, voient dans tout refus de l'action extérieure l'alibi de la peur et de la faiblesse, que la voie de la connaissance, elle aussi, n'est pas une fuite : « ...quand on s'est assimilé certaines vérités, on ne peut ni les perdre de vue ni se refuser à en accepter toutes les conséquences ; il y a des obligations qui sont inhérentes à toute connaissance, et auprès desquelles tous les engagements extérieurs apparaissent vains et dérisoires ; ces obligations, précisément parce qu'elles sont purement intérieures, sont les seules dont on ne puisse s'affranchir. » (René Guénon)

Un dernier point qu'il importe de souligner. parce qu’il est une des raisons de l'incompréhension témoignée par les traditionalistes devant un livre comme Chevaucher le tigre, c'est le conformisme de ces milieux. Autant leurs idées sont effectivement à contre-courant par rapport aux dogmes de notre temps, autant leur comportement dans la vie de tous les jours possède souvent les caractères de l'existence petite-bourgeoise, comme n'a pas manqué de le leur reprocher Evola : « ...si l'on parle d'anticonformisme, de rejet du système bourgeois, très fréquemment j'ai pu relever, chez les jeunes, une singulière inconséquence : alors qu'ils prônent, politiquement et idéalement, une attitude révolutionnaire, trop souvent, sur le plan existentiel, dans la vie pratique individuelle, ils finissent par succomber de façon désolante aux routines de la vie bourgeoise détestée (pour donner un exemple : en se mariant bien tranquillement), se trouvant par-la même encore plus obligés de "s'installer" dans la société actuelle, et ainsi de suite. Franchement, le type du beat authentique (...) bien qu'inférieur, me semble à cet égard plus cohérent. Et j'apprécie beaucoup la cohérence. »

S'arrêtant trop souvent à une réaction qui dégénère en crispation, nostalgiques des formes traditionnelles appartenant au passé, conformiste à l'égard des structures résiduelles du monde bourgeois, les traditionalistes sont donc mal placés pour saisir le sens et la portée de Chevaucher le tigre.

L'esprit encombré de notions et de pseudo-certitudes agissant comme un poids mort, il leur est difficile d'accéder au dénuement intérieur de l’« homme différencié », qui a su se débarrasser à jamais de l'accessoire pour ne s'appuyer que sur l'essentiel, et qui s'est délibérément interdit de regarder en arrière (et « en avant », doit-on ajouter, car la perspective d’Evola est résolument étrangère à tout messianisme, à toute téléologie, et ne s'intéresse qu’à l’« ici et maintenant »). Prisonniers d'un style comportemental rigide. les traditionalistes ne possèdent pas la « souplesse » existentielle nécessaire pour « passer leur chemin » parmi les décombres de cette fin de cycle.

Philippe Baillet, préface de l'édition de 1982 de "Chevaucher le tigre".


Chevaucher le tigre



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Breivik, la tuerie de masse et la mort de Dieu

Quand André Breton, encore tout jeune, déclara que l'acte surréaliste le plus simple serait de descendre dans la rue et de tirer au hasard sur les passants, il anticipait sur ce que quelques représentants des dernières générations devaient réaliser plus d'une fois après la seconde guerre mondiale, passant ainsi de la théorie à la pratique, et cherchant à atteindre, à travers l'action absurde et destructive, le seul sens possible de l'existence, après avoir refusé de voir dans le suicide une solution radicale pour l'individu métaphysiquement seul... LIRE la suite :


Revenir au naturel




Quand l'action conforme au Principe dépérit (quand les hommes cessèrent d'agir spontanément avec bonté et équité), on inventa les principes artificiels de la bonté et de l'équité), et ceux de la prudence et de la sagesse qui dégénérèrent bientôt en politique.

Quand les parents ne vécurent plus dans l'harmonie naturelle ancienne, on tâcha de suppléer à ce déficit par l'invention des principes artificiels de la piété filiale et de l'affection paternelle.

Quand les États furent tombés dans le désordre, on inventa le type du ministre fidèle.

Rejetez la sagesse et la prudence (artificielles, conventionnelles, la politique, pour revenir à la droiture naturelle primitive), et le peuple sera cent fois plus heureux.

Rejetez la bonté et l'équité (artificielles, la piété filiale et paternelle conventionnelles), et le peuple reviendra (pour son bien, à la bonté et à l'équité naturelles), à la piété filiale et paternelle spontanées.

Rejetez l'art et le lucre, et les malfaiteurs disparaîtront. (Avec la simplicité primordiale, on reviendra à l'honnêteté primordiale.)

Renoncez à ces trois catégories artificielles, car l'artificiel ne suffit pour rien.

Voici à quoi il faut vous attacher : être simple, rester naturel, avoir peu d'intérêts particuliers, et peu de désirs.


Lao-Tzeu

Illustration :
Tan Xiaochun, « The I CHING, an Illustrated Guide to the Chinese Art of Divination ».



The I CHING
An Illustrated Guide to the Chinese Art of Divination



dimanche, juillet 17, 2011

Existentialisme spirituel & Sâmkhya




Le sâmkhya est par excellence la philosophie pratique transmise par Kapila.

Le sâmkhya donne une notion claire du Purusha-esprit et de la prakriti représentée par la « grande Nature ». Cette dernière se manifeste essentiellement d'une manière mécanique, comme du reste toutes les lois cosmiques qui nous régissent.

Je sais combien il est difficile de transmettre des valeurs spirituelles profondes à ceux qui ont été élevés dans une tradition différente. A cause de cela, je pense que la meilleure approche, pour relier les choses de l'au-delà avec les choses du monde, est celle de la psychologie pratique. La psychologie parle un langage universellement connu.

Le sâmkhya est la seule philosophie religieuse utilisant un langage psychologique qui est, de ce fait, un langage scientifique. On peut tout expliquer du point de vue sâmkhya. Il est à la base des Pitakas bouddhiques aussi bien que des préceptes soufis. Pas plus que les Upanishads, il ne parle de rites, ou de dogme.

Ceux font pénétrer ces idées très larges dans le courant de la pensée accomplissent une chose importante. En cela, Georges Ivanovitch Gurdjieff, qui a suivi cette méthode dénuée de tout artifice, est un pionnier en Occident. Il est très en avance sur son temps, de là les attaques virulentes dont il est l'objet.

Il n’existe rien, dans aucun domaine, qui ne procède par déduction à partir d’une loi supérieure. A un moment donné, il faut accepter d'entrer dans ce processus déductif et aller vers un existentialisme spirituel. Ce processus est pur sâmkhya ; il est la descente en prakriti, inéluctable, sous la pression d’en-haut, du Vouloir unique. A partir de ce moment-là, tout devient mécanique : l'intelligence supérieure (buddhi), l'âme, l'ego, tous les centres de l'être humain avec chacun leur partie d'intelligence naturelle. La mécanicité fonctionne à partir du moment où des rapports s'établissent entre les différents plans de l'être, ses organes internes de perception (indryas), ses sens, ses éléments constitutifs et ses densités.

Quand la descente est accomplie volontairement par « celui qui sait », quand le point le plus bas, c'est-à-dire le nadir est touché, l’« être » du chercheur resplendit. A ce moment-là, il entre consciemment dans la discipline de la remontée consciente avec une lucidité et une plasticité constantes.

L’homme, par nature, est inductif ; il marche à tâtons, il s’en va à l'aveuglette. La femme au contraire, par sa nature, est toute passivité active car sa fonction est de créer l'enfant. C’est d'elle que sont nés le mari et le père. Tout ce qui est manifestation : esprit, âme, matière, est venu d'elle. C’est en cela qu’elle est la « Mère divine », la base d'où partir pour monter lentement vers la source.

Dans le védanta et pour les védantins, le chemin vers le haut n’est qu’un long renoncement, un retrait et une constante frustration si le point de félicité, en pleine passivité de tous les centres, n’est pas atteint.

La science spirituelle du sâmkhya peut faire un saint d'un homme qui n'a plus de foi, ni en Dieu, ni en lui-même.

Au début le sâmkhya apparaît d'une effroyable sécheresse et manquer d'amour, car l'imagination et les émotions de toutes sortes sont rigoureusement mises de côté. Mais quand l'être intérieur a retrouvé l'équilibre perdu ou découvert l'équilibre jusque-là jamais entrevu, il se nourrit d'un amour très pur qui n'a plus aucune racine dans l'amour humain.

Lizelle Reymond, « La vie dans la vie, pratique de la philosophie du sâmkhya d'après l'enseignement de Shrî Anirvân ».


La vie dans la vie
Pratique de la philosophie du sâmkhya d'après l'enseignement de Shrî Anirvân

La première partie de ce livre nous montre la vie quotidienne dans un ermitage de l'Himalaya auprès d'un Maître, vie dans laquelle chaque geste révèle la tentative d'établir un équilibre profond dans l'être intérieur. Les données strictes de la connaissance de soi sont la constante mesure de la discipline spirituelle envisagée.

La deuxième partie nous met en présence des principes de la philosophie du Sâmkhya.

Le maître Baul, Shrî Anirvân (1896-1978), parle aux élèves groupés autour de lui dans un ashram en Inde. Il répond à leurs questions en utilisant toujours leurs propres expériences de vie, pour les amener à concevoir le " Vide " qui est à la fois le " tout " et le " rien ", la relation du Purusha avec la Prakriti et l'intelligence des grandes lois cosmiques. Dans cet enseignement, il n'y a pas place pour la sensibilité ou pour la dissection intellectuelle, mais on y découvre une discipline intérieure s'appuyant sur les découvertes scientifiques modernes en psychologie. Cette discipline acceptée permet à l'élève de prendre place dans l'univers et de savoir ce qu'est l'amour véritable dans une vision objective des relations humaines : un contact journalier avec la Vie consciente peut alors s'établir.


Télécharger gratuitement « Secret of Sankhya : Acme of Scientific Unification » :




Anirvân était Baul, les Bauls et les Janghâmâs (ci-dessus, photo de Rajesh Bedi), sont des ménestrels. En hindi, les Bauls sont appelés bardaï, mot probablement de la même origine que le mot barde (ci-dessous un célèbre barde gaulois).


Ils veulent nos âmes

  Henry Makow : "Ils veulent nos âmes. Les mondialistes veulent nous faire subir à tous ce que les Israéliens font aux Palestiniens. Et...