dimanche, août 14, 2011

La religion du « nouveau peuple d'Israël »





Le dollar, image pieuse

Le billet de banque américain d'un dollar, à l'effigie de George Washington, est un symbole religieux.

Cette affirmation surprendra peut-être les lecteurs. Elle pourra sembler à certains extravagante, paradoxale, si ce n'est purement blasphématoire car elle associe la plus haute expression du monde sacré - la religion - à l'objet le plus commun du monde profane – l’argent ; d'autres penseront que l'auteur a voulu faire allusion, de manière métaphorique, au dollar comme symbole de l'argent-roi. C’est en réalité au sens littéral qu'il faut entendre le caractère religieux attribué au billet d'un dollar. Pour preuve, observons le verso du billet.

Au centre, cette inscription: «In God We Trust » (« Nous avons foi en Dieu »). C'est la devise nationale des États-Unis, adoptée officiellement le 30 juillet 1956 sous la présidence de Dwight D. Einsenhower, mais dont la première apparition remonte à l'année 1862 sur une monnaie de deux centimes, tandis qu'une version légèrement différente, « In God Is Our Trust », figurait dans le chant patriotique The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée), en vogue depuis 1814 et qui deviendra en 1931 l'hymne national des États-Unis.

Autour de la devise sont représentées les deux faces du Grand Sceau des États-Unis, choisi en 1776 par Benjamin Franklin, Thomas Jefferson, John Adams, et approuvé par le Congrès après une laborieuse délibération, le 20 juin 1782. À droite, l'aigle américaine aux ailes déployées tenant entre ses serres les flèches de la guerre et un rameau d'olivier, tandis qu’elle a dans son bec un ruban sur lequel s'inscrit une autre devise nationale : « E Pluribus Unum » (« De plusieurs un seul »). La phrase est composée de treize lettres équivalant au nombre de colonies à l'origine de la nouvelle République. L'aigle, en outre, est dominée par une constellation de treize étoiles entourée d’une auréole scintillante. À gauche, une pyramide tronquée, constituée de treize rangées de blocs de pierre carrés qui symbolisent l'auto-gouvernement tandis que l'inachèvement de la construction invite de nouveaux États à se joindre à la République américaine. Sur la première rangée de blocs, gravée en chiffres romains, la date de la Déclaration d'indépendance : MDCCLXXVI. La base de la pyramide est ornée d'un ruban qui porte une inscription extraite d'un vers de Virgile : «Novus Ordo Seculorum » (« Un nouvel ordre des siècles »). Le sommet est dominé par le triangle sacré et l'œil divin que surplombe encore une phrase de treize lettres, extraite elle aussi de Virgile, plantée dans le ciel, comme si elle était prononcée par une voix céleste : « Annuit Coeptis » (« Il a favorisé notre entreprise »).

Le billet d'un dollar est donc effectivement le symbole d'une religion : il exprime une profession de foi qui conifère un halo de sacralité au peuple de la République étoilée, à son origine, à son histoire à ses institutions, à son destin dans le monde. Mais si ses devises et ses images ont incontestablement une signification religieuse, il n'est pas évident d’identifier la religion dont ils témoignent.

Les États-Unis sont peut-être le plus religieux des pays modernes industrialisés, tant ils abritent de confessions religieuses. Cependant, la République étoilée n’est pas un État confessionnel et n'accorde à aucune religion, ni à aucune Église, une place privilégiée dans ses institutions. La Constitution des États-Unis, adoptée en 1787, ne fait aucunement référence à Dieu ou à la divine providence. En outre, le premier amendement, en 1791, garantit la liberté à toutes les confessions religieuses mais refuse explicitement de faire de l'une d'entre elles une religion d'État.

Cela n'empêche pas les États-Unis, nous l'avons vu,de professer officiellement leur foi en Dieu. Depuis l'époque de la Révolution, la nation américaine est convaincue d'entretenir avec l’Éternel un lien particulier et mystique, scellé par un pacte sacré : le peuple américain aurait été élu pour accomplir une mission historique au profit de l'humanité tout entière. La Déclaration d'indépendance, approuvée par le Congrès le 4 juillet 1776, affirme en premier lieu que le peuple américain prétend assumer, « parmi les autres puissances de la Terre, la place séparée et égale à laquelle les lois de la nature et du Dieu de la nature lui donnent droit », et se conclut par un appel « au Juge suprême de l'univers de la droiture de nos intentions », manifestant une « ferme confiance dans la protection de la divine Providence ».

La formule du gage de fidélité au drapeau des États-Unis (The Pledge of Allegiance), institué à la fin du XIXe siècle dans les écoles comme une prière à réciter avant le début des leçons, rappelle ce lien d'élection qui unit la nation américaine à Dieu. Le14 juin 1954, le Congrès a décidé d’y ajouter que les États-Unis constituent «one nation under God », « une nation soumise à Dieu ». Cette référence imprègne aussi les déclarations plus solennelles des présidents des États-Unis. Depuis George Washington, tous les présidents de la République étoilée ont, lors de leur intronisation, conclu leur serment de fidélité à la Constitution par « So help me, God » (« Que Dieu me vienne en aide »), après avoir invoqué la bienveillance de Dieu ou du Tout-Puissant. Lors de son discours d'intronisation, John Fitzgerald Kennedy, premier président catholique, invoqua devant le peuple américain et devant Dieu Tout-Puissant la bénédiction divine sur la nation américaine, consciente d'« avoir fait sienne l'œuvre de Dieu sur cette terre ».

Y a-t-il, dès lors, contradiction entre le principe de séparation de l'État et de l’Église établi par la Constitution, et la profession de foi religieuse que révèlent les devises, symboles et rites politiques des États-Unis ?

Non, car la foi en Dieu ou dans le Tout-Puissant qu’ils expriment est la manifestation d'une forme particulière de religion, qui ne coïncide avec aucune des confessions religieuses professées par les citoyens des États-Unis : c'est une religion civile, c'est-à-dire un système de croyances, de valeurs, de mythes, de rites et de symboles qui confèrent à l'entité politique États-Unis, à ses institutions, son histoire, son destin dans le monde, un caractères sacré.

La religion civile américaine a ses « écritures sacrées » : la Déclarations d'indépendance et la Constitution, protégées et vénérées comme les Tables de la Loi ; elle a ses prophètes, comme les Pères Pèlerins ; elle célèbre ses héros sanctifiés, comme George Washington, le « Moïse américain », qui a libéré de l'esclavage anglais le « nouveau peuple d'Israël », c’est-à-dire les Américains des colonies, et l'a guidé vers la Terre promise de la liberté, de l'indépendance et de la démocratie ; elle vénère ses martyrs, tel Abraham Lincoln, victime sacrificielle assassinée le Vendredi saint de 1865, tandis que la nation américaine était en proie au feu régénérateur d’une cruelle guerre civile pour expier ses fautes et consacrer à nouveau son unité et sa mission. À la figure de Lincoln se sont ensuite ajoutées, dans le martyrologe de la religion civile, celles de John Kennedy et Martin Luther King. À l'instar des autres religions, la religion civile a également ses temples, comme le monument à Washington, le Lincoln Mémorial, le cimetière d'Arlington où est vénérée la tombe du Soldat inconnu, symbole des citoyens morts pour la nation. Enfin, elle a ses sermons et sa liturgie, dont les discours présidentiels d'inauguration, le 4 juillet, fête de l'Indépendance, le Thanksgiving Day, le jour de remerciement, le Memorial Day, en mémoire des hommes tombés au combat, et d'autres cérémonies collectives qui célèbrent figures et événements de l'histoire américaine, mythologiquement transfigurée en l'« histoire sacrée » d’une nation élue par Dieu pour accomplir une mission dans le monde.

Même si la religion civile des États-Unis dérive du protestantisme et en a subi, pendant plus d’un siècle, la forte influence dans son rapport au puritanisme et à la tradition biblique, elle s'est détachée, avec le temps, de cette référence explicite et concrète pour devenir un credo purement civique coexistant avec les confessions chrétiennes ou non chrétiennes. Dans la liberté que reconnait l'État à toutes les religions, elle respecte les religions traditionnelles, chrétiennes ou non, tandis que celles-ci, pour leur part, rendent hommage à la sacralité de la nation, à ses institutions et à ses symboles : le drapeau des États-Unis est exhibé dans nombre d'églises, au-dessus de l'autel ou de la chaire.
Emilio Gentile, « Les religions de la politique ».


Les religions de la politique

La sacralisation de la politique est un phénomène quasi universel à l'époque moderne. Elle survient chaque fois qu'une entité politique - la nation, la démocratie, l'État, le parti, la classe... - se transforme en entité sacrée et devient objet de dévotion et de culte, véritable moteur d'un système de croyances, de mythes, de rites et de symboles, qui subordonne le destin de l'individu et de la collectivité à une instance suprême. C'est alors que naissent de véritables religions de la politique qui ne sont pas l'apanage exclusif de certaines idéologies ou de certains régimes : on peut aussi bien sacraliser la démocratie que l'autocratie, l'égalité que l'inégalité, la nation que l'humanité. Ce sont ces diverses formes de religions politiques que ce livre explore, avec pour perspective de démarquer les religions civiles propres aux démocraties des religions politiques autoritaires, intolérantes ou intégristes. Une analyse, particulièrement d'actualité, qui renouvelle la réflexion sur le fanatisme de masse, les idéologies et le lien politique.


Emilio Gentile enseigne l'histoire contemporaine à l'université de Rome La Sapienza. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont, traduits en français : La Religion fasciste, Perrin, 2002 ; Qu'est-ce que le fascisme ? folio-histoire, 2004 ; La Voie italienne au totalitarisme, Éditions du Rocher, 2004.

Le dalaï-lama à Toulouse


There is nothing left to lose



Au Zénith de Toulouse (capacité 9 000 places), le dalaï-lama ne fait pas salle comble, 2 000 sièges sont vides

Malgré la terrible crise qui secoue la société française, l'art du bonheur enseigné par le dalaï-lama à Toulouse n'attire pas massivement les bouddhistes de France. La communauté bouddhique comprend plus de 700 000 personnes, asiatiques et "Français de souche" confondus, et compte plus de cinq millions de sympathisants.

Seulement 7 000 personnes se sont déplacées pour aller à la rencontre du gourou tibétain qui bénéficie pourtant du soutien des médias. Les bouddhistes d'origine asiatique sont loin de manifester le même enthousiasme que les néo-bouddhistes occidentaux à l'égard du dalaï-lama.

Les néo-bouddhistes, qui amalgament souvent les recettes du lamaïsme et les techniques du Nouvel Age, sont animés par des sentiments affectifs qu'ils projettent sur ce « père » venu du mystérieux Tibet pour enseigner l'art d'être heureux et distribuer de nombreuses bénédictions tantriques. Le papa-gâteau des néo-bouddhistes est vêtu de rouge comme le Père Noël que les petits enfants invoquent afin d'obtenir des cadeaux et des confiseries.

Le néo-bouddhisme est un phénomène occidental qui baigne dans l'infantilisme chrétien : "Si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux." (Évangile selon Saint Matthieu). Or le véritable bouddhisme ne préconise pas ce genre de régression.




Prix Nobel de la paix, le dalaï-lama, abrité sous sa toge safran, incarne le martyre d'un Tibet soumis au joug chinois. Symbole de sagesse, il rassemble les foules partout dans le monde. Sacralisé, adulé: qui remettrait en cause ce dieu vivant qui prétend porter avec lui l'espoir de liberté de tout un peuple?

Maxime Vivas ose s attaquer au mythe: et si le dalaï-lama était un théocrate qui remplit d'or les coffres de ses palais tandis que les Tibétains n'étaient que des serfs auxquels on refuse toute éducation? Et si, en bon opportuniste, il tenait un discours changeant à l'égard des Chinois, tantôt amis, tantôt ennemis? Et s'il faisait le jeu des Américains et de la CIA davantage que celui des Tibétains qu'il prétend défendre ?

S'appuyant sur les propos mêmes du dalaï-lama, sur les témoignages de prosélytes ainsi que sur son propre voyage au Tibet, l'auteur dresse un portrait au vitriol de «Sa Sainteté» et nous démontre que tout n'est pas si zen au royaume de Bouddha.



Maxime Vivas, journaliste, est coadministrateur du site d'information alternative legrandsoir.info. Il anime également une émission culturelle sur Radio Mon Païs et a été référent littéraire d'ATTAC-France. Il a publié La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux faucons du Pentagone (Aden, 2007).

samedi, août 13, 2011

Le nouvel ordre mondial autoritaire





Les idées politiques du Nouvel Age

Au premier abord, le Nouvel Age semble se situer en dehors de la politique. Il n'a pas de visibilité institutionnelle. Il ne se réclame d’aucun parti. On a l'impression qu’il s’adresse à des individus désincarnés, délivrés de toute attache sociale, professionnelle, civile, syndicale, familiale, et qui sont occupés exclusivement de leur vie intérieure. Mais derrière l'arbre de l'apolitisme se cache la forêt des ambiguïtés et des non-dits. Ainsi, on ne tarde pas à deviner la silhouette d’un ordre mondial autoritaire.

A la base des idées politiques du Nouvel Age, il y a derechef le holisme. Le holisme est la pierre de touche qui permet de juger, en premier lieu, la valeur de la politique actuelle, et le diagnostic est accablant. Quel est le défaut de cette politique ? Le manque de vision globale. La politique menée par les gouvernements actuels n’est holistique ni dans ses finalités, ni dans ses moyens. Or, les vraies questions d’aujourd’hui, souligne le Nouvel Age, sont d’échelle planétaire. C’est le monde dans sa globalité qui est en péril, en raison des problèmes écologiques, de l'épuisement des ressources, de la surpopulation, du fossé économique entre les deux hémisphères, du gigantesque arsenal nucléaire et de l'instabilité politique. Le sort des générations futures est incertain et l'extinction complète du genre humain fait désormais partie du possible. Face à ces enjeux, il faudrait une prise de conscience globale, une politique de sauvegarde de la planète, une volonté ferme de prendre les commandes du «vaisseau spatial Terre». Mais la politique actuelle, enfermée dans l'horizon de ses petites questions, n'est pas à la hauteur de ces exigences. Les gouvernants ont des conceptions périmées, ils n'ont pas atteint un degré de conscience suffisant, ils ne sont pas assez «illuminés ». Il est donc suicidaire, estime le Nouvel Age, de continuer à leur confier les intérêts de la planète.

De plus, nos institutions politiques sont archaïques. Tributaires du vieux paradigme, elles en sont encore au stade du morcellement et de la séparation, et c’est la raison de leur inefficacité. En mettant en avant le holisme, en disant non à la politique fragmentée et «séparatiste», le Nouvel Age dit non à la démocratie. Après tout, le dogme holistique contredit sur un point capital le principe même qui est à la base des régimes démocratiques : je veux parler de la «séparation des pouvoirs » législatif, exécutif et judiciaire qui est la clé de voûte de notre démocratie représentative. Elle n’a évidemment aucune valeur pour une idéologie qui préconise le dépassement de l'état de séparation... Le non à la démocratie se double d’ailleurs d'un non tout aussi catégorique à l'État-nation et au principe de la souveraineté nationale. Le puzzle de cent quatre-vingt-dix nations composant le tissu international ne donne-t-il pas une pitoyable impression de morcellement ? Prisonniers de leurs frontières, les États s'avèrent incapables de faire face aux grands enjeux planétaires.

Il faut donc mettre en place un nouvel ordre politique, et le Nouvel Age indique les deux piliers sur lesquels il devra reposer : ce sont d’une part le moi, tel qu’il résulte de la transformation personnelle, et d'autre part Gaïa, dont l'unification est scellée par l'apparition du Cerveau global.

La fin du citoyen

Le moi, d’abord. L'un des axiomes les plus constants du Nouvel Age énonce que toute vraie politique découle en dernière instance de la source de l'intériorité. La politique n’est pas une pièce qui se joue sur la scène publique, sur une agora, dans des Assemblées, dans des cabinets gouvernementaux. Le seul facteur de changement global, c'est le changement individuel. « Si la conscience individuelle change, le monde lui-même changera. » Tel est l’un des principes directeurs de la politique du Nouvel Age. Les individus engagés dans leur transformation personnelle n'ont pas à formuler de projet de société ; ils n'ont pas à élaborer de doctrine politique, économique, sociale. Ils n’ont pas à se préoccuper d'agir en citoyens ordinaires, à militer dans la société civile, car le véritable changement de société s'opérera d'une manière indirecte : c'est en transformant leur propre conscience qu'ils transformeront ipso facto la civilisation. Loin d'exclure les problèmes de la cité, le travail sur la conscience est le seul moyen efficace de leur apporter une solution. Un adepte qui «entre en méditation» n’éprouve donc pas le sentiment qu’il fuit la réalité, et les maîtres spirituels du Nouvel Age l'encouragent dans la voie de l'intériorité, à l'instar de Graf von Dürckheim qui introduisait les séances de méditation par ces mots : « Nous pratiquons la méditation pour que, là où nous sommes assis, le monde soit un peu plus en ordre. »

N’importe quel problème politique peut être résolu ainsi, par la mise en œuvre de la transformation personnelle et de la méditation. Soit par exemple le problème de la guerre. D'où viennent les conflits entre les hommes ? La réponse est simple : de l'illusion de l'état de séparation, qui fait croire aux hommes qu’ils sont des êtres distincts les uns des autres. Pour peu qu’ils arrivent à dissiper cette illusion et à percevoir le monde d’une manière holistique, la violence disparaîtra comme un mauvais nuage. Il n'y a que grâce à la descente en ondes alpha qu’on surmonte les divisions et qu’on désamorce les conflits, car le moi se confond alors avec autrui dans une unité essentielle, de sorte qu'il n'y a plus d'agressivité ni d'antipathie. Notons que le Nouvel Age se garde de condamner la guerre au nom de l'éthique. Son approche n’est pas moralisatrice.

Il ne s'agit pas de mettre en œuvre une politique volontariste en faveur de la paix. On ne dit pas «tu dois », «vous devez», «faites ceci», car des injonctions de ce type impliqueraient un dualisme de l'être et du devoir-être, et un tel dualisme contredirait le principe de la non-séparation. La solution est beaucoup plus simple : grâce à la transformation personnelle, c’est la réalité même de la guerre qui s'évanouit : « Avec le nouveau paradigme, affirme Marylin Ferguson, la guerre devient impossible.» Partant de ce principe, la secte Méditation transcendantale proposa au président Bush, en 1991, une méditation collective afin de mettre fin à la guerre du Golfe. A la même époque, Jacques Castermane, animateur d’un centre de développement personnel très connu, déclarait à propos du plan américain de Nouvel Ordre mondial : « Seule la transformation de la personne individuelle représente la matière première du Nouvel Ordre tant espéré. »

Comment expliquer une telle action du changement intérieur ? D'où ce dernier tient-il le pouvoir de catalyser le changement extérieur ? L’explication réside dans la correspondance entre la partie et le tout, entre l’homme et l'Univers, qui est postulée par le holisme. Le corps politique que constitue la planète des humains est comparable à un hologramme où chaque partie contient l'ensemble des informations relatives à l'image complète. Les individus qui le composent sont autant de fragments de ce grand hologramme planétaire de sorte que chacun d'eux récapitule toute la planète. Chaque homme est donc en droit de dire : « Je suis un résumé de tout l’Univers », et il n'a plus qu'à se recueillir en lui-même pour découvrir non seulement la clé de la connaissance universelle mais aussi le pouvoir d'agir sur le tout. En vertu de la théorie de l'homme-microcosme, avoir le souci de soi, c'est avoir le souci du monde.

Les conséquences d'un tel point de vue sont faciles à prévoir. La politique du Nouvel Age est aspirée avec une force irrésistible vers la sphère étroite du moi. Plus rien ne peut freiner la dérive vers le solipsisme. Le holisme encourage les comportements de repli, et prononce ainsi l'acte de décès de toute vie politique et sociale digne de ce nom. Dès lors que le principe du changement réside dans l'intériorité, pourquoi participer au débat public, pourquoi agir, lutter ? Il est clair que l'engagement de l'individu dans la méditation va de pair avec le désengagement vis-à-vis de la politique et de la société civile. A mesure que la « conscience s'élargit », le champ politique et social se réduit comme une peau de chagrin. Que reste-t-il même de la notion de citoyen ? Car un citoyen est un individu qui ne perd pas de vue le fait qu’il est distinct de ses semblables, et la conscience de cette altérité lui permet d’accomplir les actes politiques essentiels que sont la discussion, la négociation, la lutte, le compromis. A l'évidence, cette conception de la polis, définie il y a près de deux mille cinq cents ans en Grèce, disparaît avec le Nouvel Age. Dans la perspective holistique, cela n'a aucun sens, non plus, d'analyser les rapports sociaux en termes de contrat entre citoyens. Le Nouvel Age nous montre donc une fois de plus qu’il remplit dans notre société une fonction éminemment idéologique : de même qu’il légitime les excès de la culture du moi, il couvre d’un voile flatteur certaines évolutions qui minent la démocratie moderne, en donnant sa caution à la déresponsabilisation politique.

Un gouvernement mondial

Gaïa constitue le second principe de la politique du Nouvel Age. Ainsi tient-on les deux extrémités de la chaîne. D’un côté, on a des individus libérés de leurs liens politiques, déchargés des obligations du contrat social. De l'autre se déploie l'immense champ de conscience planétaire formé par la coagulation des consciences individuelles. Étonnante synthèse de l’individualisme intégral et du collectivisme intégral ! Tout se passe comme si, aussitôt après avoir arraché les individus à la politique fragmentée, le Nouvel Age se hâtait de les jeter dans le grand chaudron du Cerveau global. Et, entre les deux, il n’y a plus rien ! Il n’y a plus d'étage intermédiaire, plus de «corps intermédiaire» entre le territoire du moi et la fusion planétaire. L'espace public qui s'étend entre la sphère privée et le Cerveau global se trouve pour ainsi dire évidé. La sphère du politique se referme sur du néant. Le citoyen disparaît, avec ses traditions, sa culture, sa patrie, ses fidélités, ses devoirs, pour faire place au nouvel Homo politicus, l’homme planétaire, voué corps et âme au service de Gaïa.

En faisant de la fusion dans Gaïa le principe directeur du nouvel ordre humain, le Nouvel Age planétarise définitivement la politique. Et cela conduit tout naturellement à préconiser la création d'institutions à l'échelle planétaire. Il faut donner au Cerveau global des organes de décision, de gestion, d'administration, autrement dit un gouvernement mondial. Seul un gouvernement mondial sera à même de piloter ce que la littérature du Nouvel Age se plaît à appeler le «vaisseau spatial Terre» (une belle métaphore techniciste, au demeurant...). Ces idées sont partagées, notons-le, par un grand nombre de leaders de sectes. Leur projet est un directoire mondial des affaires planétaires, qui serait assuré par les personnalités et les sectes parvenues au degré de conscience le plus élevé. On retrouve quelque chose d'identique chez World Goodwill (Bonne Volonté mondiale), qui formule un programme combinant l'idée d’un gouvernement mondial avec l'annonce d'un proche retour du Christ sur la Terre. L'unification politique du globe sous la houlette du messianisme religieux...

Pour faire face aux problèmes de notre temps, le Nouvel Age rêve d'une aristocratie spirituelle dans le style de la République de Platon, d'un magistère de sociétés secrètes, d'une synarchie planétaire. Le mondialisme autoritaire, la coagulation des individus dans le Cerveau global, l'enrôlement dans la conscience mystico-planétaire, n'ont-ils pas quelques points communs avec les grandes cérémonies fascistes où le cœur d'un peuple entier vibrait a l'unisson ? Si les « new-agers » sont souvent des individualistes cultivant leur moi, il n'en reste pas moins vrai que la mystique de Gaïa s'apparente aux mythes collectifs de l'époque totalitaire. L'échelle est différente, car ce n’est pas une race qui est exaltée, ni un peuple, ni un État, mais la masse humaine tout entière, réunie dans le culte de Gaïa. Cependant, c'est la même ferveur collective, le même besoin de fusion, le même vertige de la dissolution individuelle.

Si, demain, un gouvernement mondial voyait le jour, il aurait besoin de s'appuyer sur une idéologie pour assurer sa légitimité, et il y a toutes les chances pour que le Nouvel Age constitue cette idéologie... On peut sourire et se rassurer en se disant qu'on n'en est pas encore là. Mais prenons garde : ces fantasmes planétaires ne sont pas d'innocentes rêveries, car, comme nous l'avons rappelé [...] le Nouvel Age est une réserve d'idées pour les sectes. En attendant la révolution mondiale tant espérée, ces fantasmes autour de Gaïa servent d'alibi pour maintenir, à une plus petite échelle, la cohésion de ces sectes. Celles-ci utilisent le Nouvel Age pour construire méthodiquement leur microfascisme. Au nom des intérêts supérieurs de la planète, au nom du futur ordre mondial, les adeptes qui ont eu l'imprudence de se laisser enrôler sont pressés de se soumettre à la loi inflexible que leur dicte un maître, qui connaît le Vrai et le Bien. La vision holistique et les plans de salut planétaire servent cyniquement à légitimer l'embrigadement et l'exploitation.

Une nouvelle forme de totalitarisme

L’hypothèse que nous formulons est que le Nouvel Age est en train d'inventer une nouvelle forme de totalitarisme. Essayons d'en préciser la nature. Ce totalitarisme résulte de la conjugaison de deux idées majeures que le Nouvel Age place au centre de sa doctrine : la formation d'un champ de conscience planétaire d'une part, la crise écologique d'autre part. En joignant ces deux idées l'une à l'autre, on aboutit à l'affirmation suivante : le champ de conscience global est l'instrument qui va permettre de sauver la Terre.

Quel sort est réservé à la pensée dans cette doctrine qui met au premier plan le salut de Gaïa ? Il n'y a plus, pour la pensée humaine, d'autre impératif, d’autre horizon, que cette exigence de survie. Les valeurs vitales se trouvent désormais au sommet de l’échelle des valeurs. «Tout faire pour préserver la vie de Gaïa ! » Certes, en recevant un tel ordre de mission, les « new-agers » éprouvent la satisfaction de savoir qu'ils ne sont pas « jetés-dans-le-monde » sans raison. Leur vie a de nouveau du sens, mais ils ne tarderont pas à sentir combien la plénitude de sens peut être étouffante. Car l'impératif de survie met en place un implacable asservissement de l'esprit. La mission de sauver la Terre constitue une lettre de cadrage qui s'impose rigoureusement à toute réflexion humaine. Dans le monde que dessine l'idéologie du Nouvel Age, la pensée ne reconnaît plus qu’un seul maître : l'instinct vital. La loi suprême de l'esprit, c’est maintenant le primum vivere. La notion même d'humanité ne se trouve-t-elle pas, de ce fait, gravement atteinte ? La loi du primum vivere nous dépouille de notre qualité d’hommes : dans le nouvel ordre biologique, il n’y a plus d'hommes à proprement parler, il n’y a que des humains (le concept d’homme implique l'idée de l'universel, tandis que l'humain est un genre du vivant), c’est-à-dire une espèce luttant, au même titre que les autres, pour survivre. Le totalitarisme du Nouvel Age est un mélange de biologisme et d'antihumanisme.

Dans les années 20, Julien Benda dénonça dans La Trahison des clercs l'attrait des intellectuels pour les valeurs d’action, qu'incarnait alors le fascisme. Les clercs trahissaient l'universel au profit du pragmatisme. Le Nouvel Age ne répète-t-il pas, à sa manière, cette trahison ? Ce n’est plus comme autrefois à la force qu’il soumet la pensée, mais à l'impératif de survie. Toute activité mentale qui n'apporte pas de contribution au salut de Gaïa perd sa raison d’être. Dans ce cortex planétaire, dans ce grand organisme neuroélectronique, il n’y a donc pas de place pour la liberté de l’esprit. Immergé dans le transpersonnel, l'individu n’a pas plus d'indépendance que la cellule nerveuse parmi les dix milliards de neurones de la boîte crânienne. Gaïa indique à ses neurones le contenu de toute pensée possible, et l'injonction s’adresse particulièrement aux hommes de pensée... Aucun philosophe, écrivain, poète, artiste, expert, journaliste, homme de science, intellectuel, ne saurait se dérober à sa responsabilité planétaire. Nul autre objet n'est digne de retenir l'attention. Il est interdit de laisser divaguer sa pensée et son imagination, alors que l’état d’urgence est proclamé dans le village planétaire, interpellant chacun de ses habitants. Dans le champ de conscience global, il n’y a pas de place pour le libre examen, pour l’esprit critique. Aucune petite voix n'a le droit de faire entendre un son discordant dans le grand unisson planétaire. La loi du primum vivere sonne le glas de la pensée solitaire et de l'intelligence contestatrice. Une pensée qui a reçu la mission de gérer le réel peut-elle revendiquer le droit de dire non à ce réel ? Dans le nouvel ordre biologique, il n'est plus permis de s'évader vers l’idéal, de se rebeller au nom d’une utopie quelconque, bref de porter témoignage d'un autre monde, car il n'y a plus que ce monde-ci. Le monde devient unidimensionnel. La pensée est détournée des choses célestes et ramenée inexorablement aux choses terrestres. Il faut qu'elle renonce à ses penchants idéalistes. Elle n’est plus que la servante du réalisme.

Il y a deux mille cinq cents ans, les Grecs inventèrent la skholê, c'est-à-dire le loisir, pour ouvrir à l'esprit l'espace de la morale, du débat politique, de la philosophie, de l'esthétique, de la science désintéressée. Ainsi la pensée occidentale prit-elle son essor. Or le Nouvel Age s’oppose à cette notion de loisir. Il interrompt la tradition de la vita contemplativa. Il ne connaît que la pensée opérationnelle, la pensée gestionnaire, fonctionnarisée, soumise à la loi de l'efficacité. N'est-ce pas d'ailleurs cette suprématie de l'utile qu'exprime le slogan familier du Nouvel Age : « Penser de façon positive» ? La pensée positive est présentée par le Nouvel Age sous un jour flatteur, mais il se pourrait bien que cette positivité soit la négation même de la pensée. Car que reste-t-il de l'essence de la pensée si on lui ôte le loisir, la gratuité, et si on lui demande de rendre compte de ses résultats ? Cette «obligation de résultats» constitue, pensons-nous, un véritable désastre philosophique. Le règne de la liberté de l'esprit, commencé sous le ciel de la Grèce antique, risque de prendre fin dans le cockpit du «vaisseau spatial Terre», avec la conscience humaine asservie aux instruments de bord, branchée sur les mécanismes régulateurs de la Terre et servant de timonier spatial...

Telle est la forme inédite de totalitarisme qu'invente le Nouvel Age.

Michel Lacroix, « L'idéologie du New Age ».


 L'idéologie du New Age

L'entrée prochaine dans une ère de paix et de spiritualité, la vision globalisante du monde, ainsi que la nécessité d'une transformation personnelle, sont les thèmes majeurs du New Age qui, loin d'être un " fourre-tout " ésotérique, forme une idéologie cohérente.

Selon le philosophe Michel Lacroix, cette pensée fait peser de graves dangers sur l'individu et sur la société. Une idéologie de la totalité ne risque-t-elle pas de devenir une idéologie totalitaire ?



illustration :

vendredi, août 12, 2011

L'Ordre Nouveau ne date pas d'aujourd'hui




Les populations veulent que cesse le terrorisme financier des spéculateurs qui détruisent les économies et brisent le rêve capitaliste. Des mouvements populistes montent au créneau pour réclamer la fin de l'anarchie financière. Naguère, le fascisme était le sauveur providentiel du grand capital (illustration ci-dessus). Et, comme dans les années 1940, l'Allemagne est au centre de l'Ordre Nouveau qui succédera à l'Union européenne moribonde.

L'Ordre Nouveau du siècle dernier

Le premier caractère de l'Ordre Nouveau réside dans la subordination des États européens à la « Grande Allemagne » de 100 millions d'habitants, agrandie des conquêtes de 1938-1939 et de l'annexion de territoires germanophones, considérés comme « Allemands », Eupen et Malmédy, le Luxembourg, l'Alsace-Lorraine, la Slovénie du nord, la Styrie. Selon leur caractère plus ou moins « aryen », leur participation plus ou moins grande à la «croisade contre le bolchevisme », les divers États européens connaissent des statuts variés au sein de l'Empire allemand.

- Au bas de l’échelle, les Protectorats, peuplés de Slaves et jugés indignes de l'annexion au Reich, Bohême-Moravie, Gouvernement général de Pologne, territoires conquis de Russie. Ce sont de simples réservoirs de main-d'œuvre et de matières premières destinés à servir de zone d'expansion à l'Allemagne.

- Les États vassaux se subdivisent en deux catégories, ceux qui subissent l'occupation militaire allemande et dont le statut est incertain (Belgique, France occupée, Grèce, Serbie) et ceux qui ont conservé un gouvernement doté de pouvoirs administratifs mais dont la liberté politique est limitée par la pression allemande (France de Vichy, Danemark, Norvège ou Pays-Bas).

- Les Alliés enfin qui se sont rangés volontairement dans le camp allemand et dont les contingents combattent en U.R.S.S. : Finlande, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Croatie et Italie. En fait seule cette dernière a connu quelque temps un statut d’égalité avec l'Allemagne. Ses défaites de Grèce et d'Afrique le lui ont fait perdre et dès 1942 elle est placée comme les autres alliés dans une situation subordonnée.

Dans toute l’Europe, l’Ordre Nouveau se manifeste par trois caractères : l'oppression politique, l'exploitation économique et la répression raciale. En Allemagne même, la guerre a conduit à un renforcement de la dictature hitlérienne : un décret d'avril 1942 donne au Führer droit de vie et de mort sur la population. Tout manquement à l'obéissance est considéré comme un manquement envers la nation en guerre et la Gestapo traque tous ceux qui sont simplement soupçonnés de tiédeur envers le nazisme et sa guerre. Emprisonnements par milliers, exécutions sommaires, déportations sont le lot des victimes. Les pressions des autorités allemandes s’efforcent de contraindre les autres territoires de l’Empire nazi à adopter les mêmes pratiques. C'est chose aisée là où les Allemands sont les seuls maîtres. Ailleurs, on demande aux gouvernements des pays vassaux et alliés de «collaborer» avec l’Allemagne. Si un Quisling en Norvège se prête volontiers à cette attitude, la plupart des gouvernements concernés se montrent réticents et tentent d’appliquer cette politique avec des réserves.

L’Ordre Nouveau c'est aussi l’exploitation économique de l'Europe, soigneusement organisée selon des plans dressés par le ministère des Affaires Étrangères, le ministère de l’Économie, l'administration du Plan de quatre ans ou l'industrie privée (I.G. Farben). L'objet est, au nom de l'Ordre nouveau, de faire fonctionner l'économie européenne en fonction des besoins allemands.

Enfin l’Ordre nouveau se marque par l'extension à très grande échelle à l'Europe des pratiques de persécution raciale et en particulier de persécution des juifs qui sont en honneur dans le Reich hitlérien. La politique nazie trouve ici un appui dans l’antisémitisme qui règne dans un certain nombre de pays européens (Pologne, Hongrie, France), antisémitisme qui facilite l’adoption de «statuts des juifs». Ceux-ci, séparant les Israélites du reste de la population et les recensant, permettront la mise en œuvre de la «Solution finale». Mais la persécution raciale frappe également les tziganes et, à grande échelle, les Slaves, considérés comme des «sous-hommes» et promis à l'esclavage ou à la destruction.

Serge Berstein, « Le nazisme ».


mercredi, août 10, 2011

OVNI & religion




Roland de Villeneuve écrit : « En dépit de ses remarquables facultés d’adaptation, l'intelligence humaine dont les limites ont reculé sans cesse, se trouve réduite au concept de la troisième dimension. Sa compréhension de l'Univers, de l'espace, de l'éternité même est, de ce fait, souvent abusée par les vaines images du monde extérieur qu'elle conçoit empiriquement, mais dont-elle ne saurait pénétrer certains mystères insondables. Bien qu'il imagine que derrière l'infini, un infini se cache, ce roseau pensant, cet atome spirituel qu’est l'homme n’a toutefois pas, comme l'ange, la faculté de contempler les choses en elles-mêmes. Dans le domaine transcendantal, le pragmatisme si intimement lié à son entendement cède le pas à la révélation dont il attend la vérité. L'interprétation de cette dernière est souvent des plus ardues, surtout lorsqu'il s’agit de l'annonce de phénomènes qui se produiront à une époque volontairement indéterminée. A cet égard, la bévue la plus grossière est assurément celle que commirent nos aïeux de l’an mil, en interprétant sricto sensu cette prédiction johannite : « Les justes régneront avec Jésus-Christ pendant mille ans et au bout de ce temps, Satan sera déchaîné et combattra les nations pour combattre les peuples de Dieu » (saint Jean, Apocalypse, ch. XX, vers. 1 à 7). Les pluies miraculeuses, les chutes d'aérolithes, l'apparition de comètes géantes, la vision d'armées célestes, ont ensuite paru comme autant de signes apocalyptiques ne se manifestant, selon les termes de Raoul Glaber, que pour annoncer aux hommes quelque événement merveilleux et terrible. Est-ce ainsi qu'il faut interpréter l'apparition des «soucoupes volantes » qui, depuis 1947, préoccupe si vivement l'esprit de nos contemporains ? La plaisante désignation générique qui leur a été donnée s'applique à d'étranges bolides, masses énormes, îles flottantes, dont la photographie est venue prouver l'existence matérielle. L'hallucination collective ne saurait être évoquée et il est maintenant de fait que les «soucoupes volantes » ne sont ni des ballons ni des armes secrètes.

Il faut donc admettre que ces engins sont guidés par une force inconnue ou mieux encore, par des êtres mystérieux, semblables à ces esprits de la Lune qui, au visionnaire Pietro d'Albano, apparaissaient « avec un grand corps souple et mou, de couleur semblable à celle d’une nuée obscure et ténébreuse, le visage enflé, les yeux rouges et pleins d’eau, la tête chauve ». Dans l’état actuel de nos connaissances, rien n’empêche de penser que des êtres doués de raison, voire de facultés supérieures aux nôtres, puissent habiter certaines planètes où tous les éléments de la vie se trouveraient réunis. [...] Ces notions ne sont, d'ailleurs, pas contraires aux données de la Foi puisque saint Augustin, dans son Commentaire de la Genèse (liv. II, ch. 17), parle d'êtres qui : «connaissent certaines vérités, soit parce que leurs sens sont plus vifs et plus subtils, soit parce que leurs corps eux-mêmes sont plus subtils ». La Genèse (ch. VI, vers 4) ne nous enseigne-t-elle pas que les géants dont les crimes furent à l’origine du Déluge, en tous points très supérieurs aux autres hommes, étaient nés du commerce des fils de Dieu avec les filles des hommes ? Tertullien, quant à lui les considère comme des incubes, des anges corporels qui se laissèrent glisser dans le péché de luxure avec les femmes. L’Antéchrist serait-il un de ces êtres, dont Marie de Sains affirmait qu'il serait le fils d'une juive et d'un incube ? En ces matières métaphysiques peut-on rejeter une quelconque opinion ? C'est en fait une conception purement terrestre et la marque même d’un immense orgueil que de vouloir tout ramener à cet être unique : l'homme, centre de l'Univers. Comme si le créé, comme dit saint Thomas, pouvait poser des limites de l'incréé !

Or, il semble actuellement établi, d’après des travaux sérieux, que des êtres vivants conduisaient les soucoupes qui sont tombées ou qui ont déjà pu être atteintes; Ces êtres seraient de petite taille, de couleur claire ; certains auraient des poils très fins ressemblant à un duvet de pêche ; rien ne les distinguerait des hommes, si ce n’est la stature et l'absence de barbe. Description qui ressemble étrangement au récit de saint Jérôme dans lequel un petit homme s'adresse en ces termes à saint Antoine, ermite : « Je suis mortel et l’un des habitants du Désert, que la gentilité dans son erreur capricieuse honore sous les noms divers de Faunes, de Satyres et d’Incubes ; je suis envoyé en mission par mon troupeau, nous venons te demander de prier pour nous le Dieu commun que nous savons être descendu pour le salut du monde et dont les louanges retentissent dans toute la Terre (cf. Sinistrari d'Ameno, De la démonialité...) ».

En face de certains phénomènes qui demeurent jusqu'ici inexplicables - tout au moins très difficilement contrôlables -, l’Église qui ne veut pas prendre l'inconnu pour le connu, a adopté l'attitude prudente de l'expectative. Le texte immuable des deux Testaments ne lui permet, a priori, ni d'affirmer ni de rejeter quoique ce soit et il n’est, en outre, que le reflet de la partie de la Sagesse que dieu a bien voulu nous révéler. Elle laisse donc à chacun la parfaite liberté de croire ou de ne pas croire à l'existence d'habitants sur d'autres planètes, attendant des progrès scientifiques la confirmation des vérités révélées. Cette attitude n'est,d'ailleurs, pas nouvelle, puisque Léon XIII, dans l'encyclique Providentissimus Deus, déclarait déjà :

« Ainsi la connaissance des faits naturels sera-t-elle d'un secours efficace pour celui qui enseignera l’Écriture sainte ; grâce à elle, en effet, il pourra plus facilement découvrir et réfuter les sophismes de toutes sortes dirigés contre les Livres sacrés. »

S'il existe effectivement d'autres êtres que nous sur ces planètes, quelle peut être leur nature ? Il semble que leurs attributs, puissent nous permettre de les classer dans quatre catégories distinctes.

Il peut s’agir de créatures ayant reçu de Dieu une destinée surnaturelle qui, sans forcément descendre d'Adam et Ève, aient également succombé au péché. Elles seraient de la sorte susceptibles de béatitude et de damnation, à condition, évidemment, qu'une émanation de la Trinité, une Incarnation du Verbe, soit venue rédimer les effets d’un péché, comparable au péché originel. Rien n’empêche de le supposer et ces créatures seraient assimilables à celles auxquelles l’Évangéliste faisait allusion, en disant :

« J'ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène et elles entendront ma voix, et il n'y aura plus qu'une seule bergerie et qu'un seul berger » (Évangile de saint Jean, ch. 10, v. 1-6).

Sont-ce des êtres extraterrestres, créés à l'état de nature, dépourvus d'attributions surnaturelles et dont le sort est semblable à celui des enfants morts sans baptême ? Des êtres susceptibles de connaître la félicité éternelle mais incapables de pouvoir jamais contempler Dieu en face ? Plus grave hypothèse : ce pourraient être des anges déchus irrévocablement exclus de l'ordre de la grâce ; mauvais génies, doués d'une intelligence exceptionnelle, bien supérieure à la nôtre, et désireux de commettre le mal. Ils ne le pourraient, doit-on ajouter, qu'autant que Dieu le leur permettrait, afin d'éprouver l'endurance des hommes et l'affection qu'ils lui portent. A la suite du grand Combat dans le ciel, ou encore, après la mort du Christ, ils auraient pu gagner des sphères, des astres inconnus, et continuer à y exercer un pouvoir qui n’a pas été anéanti parce qu’il cessait d’être conforme à la volonté divine. Il ne faut jamais perdre de vue que les démons peuvent nous accabler tout comme ils ont autrefois criblé les Apôtres et que, s’ils ont perdu leurs dons surnaturels, ils sont toujours très puissants sur le plan naturel. […]

Roland de Villeneuve fait le rapprochement entre le phénomène OVNI et des entités peu avenantes : « les esprits planétaires, on désigne sous ce nom les anges déchus qui, selon Hénoch, se virent contraints de vivre sur des astres errants, à l’issue du Grand Combat céleste. De son côté, Anna Katharina Emmerich, célèbre mystique, visionnaire et stigmatisée de Dülmen (1774-1824), écrivait : « J’ai vu souvent, dès mon enfance et à un âge plus avancé que trois chœurs d'anges, qui étaient plus élevés que les archanges tombèrent tout entiers, mais que tous ne furent pas précipités en enfer. Ce sont les esprits habitant les planètes qui viennent sur la terre pour égarer les hommes. Au dernier jour ils doivent être jugés et condamnés... » Certains ont cru devoir conclure à partir d'une telle citation que les anges en question n'étaient autres que les conducteurs d'objets volants non identifiés, doués d’intentions néfastes à l'égard des humains. D’autres ont dit le contraire. Cependant l'apparition de Bay-Side (New York, 13 avril 1974) tendrait à confirmer les propos de Katharina Emmerich : « C’est Satan qui envoie ces véhicules devant vos yeux. Leur but est de vous embrouiller. Ces objets qui volent dans l’espace de votre terre viennent de l’enfer. Ils ne sont que les faux miracles de notre époque. Ils ne sont inventés par l’imagination de l’homme ; ils sont présents dans votre atmosphère et leur présence se fera plus dominante... Sachez maintenant qu’ils sont l’effet d'une illusion, une tromperie pour les hommes. » (Roland de Villeneuve, « Dictionnaire du Diable »)

De son côté, Jean-Louis Bernard pense que le phénomène des OVNI amorce le retour des dieux qui seront le futur gouvernement mondial. D'après R. A. Boulay, ce sont les dieux serpents qui régnaient sur terre durant la période précédant le Déluge :

« A travers les siècles, l'apparition d'objets volants non identifiés (OVNI) indiquerait ou bien que leurs vaisseaux spatiaux réapparaissent à intervalles ou qu'ils sont encore ici mais invisibles à nos yeux. S'ils sont ici depuis des siècles, où trouveraient-ils un endroit sûr loin des centres de population ?

Il est aussi possible que les mers et les lacs cachent l'entrée de ces bases clandestines qui peuvent être plus répandues que nous le pensons. Par exemple, les activités étranges dans l'Océan Atlantique dans la région connue comme le Triangle des Bermudes, avec l'apparition que l'on rapporte de «soucoupes » sous-marines, pourraient être en rapport avec l'entrée d’une telle base sous-marine. »
(R.A. Boulay, « Le passé reptilien de l'humanité »)


Dictionnaire du Diable

Il est celui dont «la plus grande ruse est de faire croire qu'il n'existe pas» (Baudelaire). Il apparaît ou se dissimule sous les aspects les plus divers. Ses noms eux-mêmes sont innombrables.

Il est le Diable –
Celui qui divise, en grec – ou Satan –l'Adversaire, en hébreu – mais aussi Asmodée, Astaroth, Belzébuth, le Démon, Lucifer, le Malin, Méphistophélès, le Moloch... Il est l'Ange des Ténèbres, le Serpent de la Genèse, le Séducteur, il fait du genre humain l'enjeu de son éternel combat avec Dieu.

Se faisant l'héritier des grands démonologues, Roland Villeneuve a tenté de dresser l'inventaire de ses manifestations. Il les a traquées à travers l'histoire, la littérature, l'architecture, la musique, les livres savants comme le savoir populaire, scrutant lieux, personnages célèbres, procès en sorcellerie, possessions, pactes sataniques – sans ignorer le monde d'aujourd'hui. 

Son livre, par son ampleur (plus de 2 000 entrées) et sa manière à la fois sérieuse et divertissante, est aujourd'hui un monument. Complété dans la présente édition d'une liste des œuvres citées (plus de 700), d'un index des lieux, de multiples renvois d'un article à l'autre, de 140 illustrations in texte, il met à la portée de tous un savoir réservé jusque-là au monde des initiés.

Roland Villeneuve (1922-2003) est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages dont
Gilles de Raysune grande figure diaboliqueLe Diable dans l'artL'Univers diabolique; Les procès de sorcellerie; La Mystérieuse Affaire Grandier; La Beauté du Diable



Dessin :




lundi, août 08, 2011

L'économie, les sectes et le nouvel ordre mondial




Au début du mois d'août, la crise financière est entrée dans une phase décisive. Depuis 2008, aucun pouvoir politique n'a pris les mesures pouvant mettre un terme à la dictature des marchés. En réalité, les États sont contrôlés par une oligarchie financière qui provoque sciemment le chaos.

Le marasme économique, la fin des États-nations, les révoltes populaires seraient programmés par une synarchie qui œuvre à l'avènement du nouvel ordre mondial. Ordre qui séduira le plus grand nombre car l'équilibre économique sera restauré. La monnaie elle-même, ou ce qui en tiendra lieu, aura de nouveau un caractère qualitatif... (Guénon). Cette synarchie apparaîtra publiquement. Après l'« égalitarisme » de nos jours, il y aura de nouveau une hiérarchie affirmée visiblement, mais une hiérarchie inversée, c'est-à-dire proprement une contre-hiérarchie, dont le sommet sera occupé par l'être qui, en réalité, touchera de plus près que tout autre au fond même des « abîmes infernaux ». (Guénon)

La destruction de la souveraineté des nations n'était possible qu'après la disparition de l'autorité spirituelle telle qu'elle existait au Moyen Age. Au contraire des clichés qui veulent faire du Moyen Age une période d'obscurantisme, il faut y voir un monde lumineux, à la fois pacifique et violent, intellectuel et positif, spirituel et industriel. Gustave Cohen intitule un de ses livres la « Grande Clarté du Moyen Age » et chante la gloire de cette époque. Le mot « Renaissance » fit un moment supposer que l'art n'existait plus depuis l'époque classique des antiquités grecque et romaine, que cet art avait sommeillé durant le Moyen Age, époque méconnue et même méprisée.

Nous devons, pour notre part, considérer l'époque gothique dans son milieu originel, l'art n’étant que le reflet de la culture d’une époque. L'artiste - marqué par des valeurs sacrées - devance le goût de ses concitoyens, mais il prend son inspiration dans les forces vives qui l’entourent ainsi que dans les valeurs symboliques du passé ; il équilibre ainsi son imagination créatrice et apaise sa verve. A une époque où le sacré se mêle intimement à l'activité journalière, l’Église est la gardienne des valeurs traditionnelles.

Le Moyen Age est une époque de grands troubles, mais rayonne par sa franchise et sa gaieté. Les esprits hardis soutiennent une révolution en faveur des droits de l’intelligence et s'affranchissent des doctrines établies ; ils réclament pour l’individu le droit de juger et de critiquer. C’est un monde neuf, où chacun donne et reçoit. L’homme du XIIe siècle est libre, d’une franchise que nous ne connaissons plus ; il sait se révolter contre le pouvoir établi, fût-il royal ou ecclésiastique. (Jean-Pierre Bayard, « La Tradition cachée des cathédrales ».)

Si l'on en croit Guénon, le nouvel ordre mondial sera religieux, mais sa religion sera une grande parodie ou une spiritualité à rebours. Imposer une religion inversée est aujourd'hui possible car, depuis la fin du moyen Age, un courant occulte, que Guénon nomme la « contre-initiation, dénature les valeurs spirituelles authentiques et inspire de nombreuses sectes.

Les sectes en Afrique, Amérique, Asie et Europe 

AFRIQUE

Ce n'est qu'à la fin du siècle dernier (19ème siècle) que les sectes, les mouvements religieux et ce que certains appellent les Églises indépendantes commencèrent à proliférer en Afrique sub-saharienne. [...] Il faut admettre aujourd'hui qu’il est difficile de déterminer avec précision mathématique leur nombre, et qu’il est encore plus difficile de connaître le nombre de leurs membres. Chaque jour de nouvelles sectes apparaissent, qui donnent à leur tour naissance à différents autres mouvements. »
Cardinal Alexandre do Nascimento, Angola.

AMÉRIQUE

Les sectes chrétiennes sont les plus nombreuses : la plupart sont pentecôtistes ; mais on trouve des baptistes, des adventistes et des dénominations indépendantes. Presque tous ces groupes s'autodéfinissent Églises évangéliques. Les sectes pseudo-chrétiennes les plus répandues sont les Témoins de Jéhovah et les Mormons. Les moins diffusées sont les sectes d’origine orientale [...]. Il existe en outre des sociétés au comportement sectaire.
Cardinal Emesto Corripio Ahumada, Mexique.

La définition de ce phénomène religieux n’est pas une tâche facile, ainsi aujourd’hui on parle techniquement de sectes, de cultes, et certains préfèrent les appeler, de façon plus générale, mouvements religieux. Si l’on examine ce phénomène à partir de sa présence sur notre continent latino-américain, nous le voyons comme un mouvement ou un groupe religieux séparatiste, né dans un pays du nord - les États-Unis – ou bien, dans de nombreux cas, au niveau local, et dont la caractéristique est toujours de faire appel de façon exclusive et exagérée à la Bible, bien sûr interprétée dans un sens fataliste, orientée généralement vers la recherche d’une façon de vivre exclusive et une sécurité psychique, grâce à un culte émotionnel dans une rigueur moraliste, accompagnée d'attitudes anticatholiques extrêmement agressives, dans un effort démesuré d'expansion et de prosélytisme.
Cardinal Miguel Obando Bravo, Nicaragua.

ASIE

(Parlant de la prolifération de groupes fondamentalistes et évangéliques aux Philippines) :
Le besoin de revitalisation est devenu encore plus urgent depuis que ces groupes appelés fondamentalistes ont commencé à s'insinuer également dans des familles et des institutions traditionnellement catholiques, et parmi les jeunes, qui constituent la majorité de notre population.
Cardinal Ricardo J. Vidal, Philippines.

EUROPE

Nous devons porter notre attention sur le phénomène de la prolifération des sectes et des nouveaux mouvements religieux. La plupart d'entre eux sont nés en Occident et dérivent principalement de secteurs chrétiens et de mouvements orientaux ; d'autres proviennent du monde de l'occulte et de l'irrationnel. Dans l’ensemble, ils sont donc d'esprit syncrétiste, puisqu’ils insèrent dans leurs idéaux des contenus dérivant de différentes religions et d’autres éléments cosmovitaux."
Cardinal Angel Suquia Goicoechea, Espagne.


La Tradition cachée des cathédrales

Majestueuses et orgueilleuses, les cathédrales médiévales se dressent depuis des siècles comme un hymne à toutes les forces de l’univers. Défiant le temps et les lois de la pesanteur, elles parlent à l'âme humaine. Jean-Pierre Bayard, nous fait revivre cet élan créateur à travers un texte abondamment documenté, nous invitant ainsi à retrouver nos racines. Plus de 300 photos et schémas ! Au Moyen Âge, l'Église est la gardienne des valeurs traditionnelles. Dans les différentes phases de sa construction, tout était orchestré pour donner une parfaite unité à la réalisation finale ; un chantier de cathédrale était avant tout l'union de créateurs anonymes qui œuvraient pour le beau et le sacré, un chant d'amour au Divin. Jean-Pierre Bayard nous fait entrer dans ce monde d'union entre le matériel et le spirituel et retrouver l'intelligence intuitive de ces compagnons qui vivaient les symboles, évoquant pour nous ces merveilleux tracés régulateurs, les mesures harmoniques et le module, la richesse symbolique de la décoration, toute la grandeur et la beauté sensuelle de ces navires de pierre édifiés à la gloire de Dieu.




Dessin :
Frank Loon
http://frankloon.wordpress.com/







vendredi, août 05, 2011

Le Baphomet




Dans son livre « La vengeance des Templiers », Stanislas de Guaïta, rénovateur de la Rose-Croix kabbalistique, soutient la thèse d'un patient complot templier ourdi par une redoutable franc-maçonnerie. « Pour nous écrit, Stanislas de Guaïta, notre but est de faire voir la fille du temple proscrit, cette Maçonnerie occulte, se déguisant, insaisissable et multiforme, derrière les mille sectes d'illuminés qu'elle a su grouper autour d'elle, et préparant dans l'ombre, - per fas et nefas, elle aussi – la réplique vengeresse et souveraine aux bulles de Clément V, comme aux ordonnances de Philippe le Bel ».

De nos jours, la spéculation financière se livre à une effrayante entreprise de destruction des États et de soumission des peuples. La finance est-elle l'arme de la Maçonnerie occulte incriminée par Gaïta ? Des réseaux maçonniques, qui sont particulièrement actifs dans l'économie, la banque et la politique, utilisent-ils la puissance financière que confère le Baphomet pour assouvir la vengeance des Templiers ?


Le Baphomet, talisman de la finance

Baphomet, le secret des Templiers, est un terme d'étymologie complexe. On a cru y voir la corruption de « Mahomet » - ce prophète ayant fait figure de diable dans la mentalité médiévale - et le Baphomet passait pour une idole diabolique !

Le 11 avril 1309, au cours du procès des templiers, un jurisconsulte fit état de la déposition du templier Gervais, avouant qu’il existait au sein de l’ordre un arcane « tellement secret, que si le roi de France lui-même le voyait, il serait mis a mort par les templiers tenant le chapitre. »

L'ordre a possédé deux arcanes scandaleux : il reniait Jésus en tant que Christ (Robert Ambellain) ; il détenait le Baphomet... Celui-ci fut décrit comme une tête presque rouge, de taille à peu près humaine (déposition du templier Taylafer de Gênes du 14 avril 1309). Après son initiation, ce chevalier reçut un bout de cordelette ayant touché cette tête énigmatique (Jean Marques-Rivière). Les renseignements nets s'arrêtent à ce témoignage ; tout le reste demeure spéculatif.

Il est vraisemblable que « Baphomet » dérivait de Ptah ou Phtah, le dieu égyptien de l'alchimie. Et les templiers se seraient intéressés à l'alchimie. Or, ce mystérieux Ptah, l'un des ancêtres-dieux des Égyptiens, semble avoir appartenu à une humanité différente - celle des chèvrepieds, des caprinés humanisés; voire divinisés, qui furent identifiés par la suite aux dieux cornus de la sorcellerie ; puis, abusivement, le christianisme identifia leur chef, dit le Cornu, à Satan. Cette évolution régressive des symboles explique que le Baphomet a pu être représenté en Cornu, inscrit dans un triangle, pointe en bas (symbole de déchéance). La plupart des ésotéristes voient d'ailleurs le Baphomet sous cette optique satanique qui n’est pas forcément péjorative. Le grand œuvre du Baphomet consiste à muter le plomb en or, par l'alchimie, et en monnaie le travail et les passions humaines... A ce second titre, il peut être considéré comme un talisman : celui de l’argent dont il serait l'aimant ! Son secret, les templiers l'auraient reçu en Orient, sans doute des Druzes ; Mais sous quelle forme ? Celle d'un rituel secret, gravitant autour d'une statuette au symbolisme précis ? Des ésotéristes pensent que le Baphomet était de caractère androgyne et que, par conséquent, son support humain (il en fallait un aussi) devait avoir réalisé en soi cet état.

Comme par hasard, les templiers se recyclèrent en banquiers, après l'échec de la croisade ! Ils pratiquèrent la lettre de change, des l'époque des grands pèlerinages ; par la suite, ils assurèrent la police des routes européennes menant vers les ports ou- vers les mines (Louis Charpentier). Ils entreprenaient de réaliser l'Europe par la finance et la diplomatie. C’est à Lyon, cité semi-libre où ils possédaient une enclave autonome, que se décida la destruction de leur ordre. Mais les sbires de Philippe le Bel ne trouvèrent guère d’argent liquide dans les nombreux châteaux templiers... Le talisman de la finance s'était entre-temps volatilisé. Sans doute pourtant maint trésor fut discrètement déterré en cours d'histoire. Mais c'est à Lyon que les « chasseurs d’énigmes » situent le cœur des mystères templiers, notamment de celui du Baphomet. Le visage de l'« idole » y est sculpté sur les bas-reliefs de la cathédrale Saint-Jean, en tête satanique... On le retrouve à l'hôtel Gadagne (un musée) qui fut édifié par un financier de ce nom, détenteur du secret, à l'intérieur, dans la cage d’escalier, vers l'étage supérieur. Et il y a la légende locale de ce Christ à tête d’or – un Christ ou le Baphomet ? - qui fut jadis enterré à la périphérie, là où s’étend aujourd’hui le parc de la Tête d'Or... Une tête d’or sur une statue de métal vulgaire ou de pierre, n'est-ce pas là un symbole de la transmutation, de la magie des métaux, donc du Baphomet ?

Mais qui posséda, après les templiers, le « talisman de l'argent » ? On a soupçonné les financiers Fugger d'Allemagne, Jacques Cœur et les Rothschild qui, en leur temps, furent des « rois de denier » dont la chance ne s’explique pas vraiment par des arguments rationnels. Le secret du Baphomet, quant à sa nature réelle, à ses effets sur la haute finance et aux sectes très fermées qu‘il embrasse, est l'un des secrets les mieux gardés.

Jean-Louis Bernard

Les Templiers :
http://bouddhanar.blogspot.com/2011/08/les-templiers.html



Photo du film Arn, chevalier templier.







"L'Occident moderne est la chose la plus dégoûtante de l'histoire du monde"

Une performance d'art moderne occidental : Être traîné avec une bougie dans l'anus sur un sol inondé et sale. La Russie est en train...