samedi, février 18, 2012

Une conception de vie à refaire





Le sentiment de privation envahit le quotidien : privation par rapport à un passé injuste qui n'a pas donné son tribut d'affection, privation par rapport à un avenir sans avenir, privation par rapport à un milieu extérieur qui n'offre ni appartenance ni sécurité, privation par rapport à un milieu intérieur fait d'incertitude et de culpabilité. Privé d'un avant nourrissant et d'un après prometteur, d'un dehors rassurant et d'un dedans qui soit fort, chacun de nous, à des degrés divers, éprouve la difficulté de vivre son présent et d'occuper son espace.

Le sentiment de privation accentue avec le temps des impressions de vide, de lourdeur et de fermeture qui constituent pour l'essentiel exactement le contraire d'une vie vivante.

Impression de vide

Le vide intérieur est difficile à décrire précisément parce qu'il n'est rien. Il se reconnaît au fait que rien n'est ressenti. C'est le constat qu'il ne se passe rien. Alors il faut agir. Il faut que quelque chose arrive, il faut rencontrer des circonstances qui vont occuper ce vide car, sans cet extérieur à soi, il se produit une sorte de néant.

L'individu a donc tendance à se concevoir comme un vide à remplir : il fume, boit et mange, non par plaisir mais par une sorte de fatalité. Il s'installe dans la vie en adoptant le point de vue du contenant. Il reçoit des images, des sons, des stimulations. Il entend des opinions, il assimile de l'information. Il voit sur l'écran les rêves des autres, il regarde vivre.

Son manque à être se dissimule aussi dans l'envie insatiable de posséder, d'obtenir des privilèges, d'avoir du prestige et du pouvoir.

Son manque à être se dissimule aussi dans le bavardage et la turbulence. Il se remplit de mots. Il se laisse intoxiquer par les abstractions. Il fait siennes les modes qui passent, qu'elles soient vestimentaires ou religieuses.

Ce sont là des formes de consommation qui trouvent leur origine dans la peur du vide, dans l'appréhension de mort que laissent le silence et l'inaction.

C'est ainsi que, par difficulté à tolérer cette apparence de néant, certaines personnes en viennent à se croire privées de vie intérieure. Elles se conçoivent comme des êtres de surface qui se feront l'écho de leur environnement. Le sentiment global de privation induit la personne à se considérer inapte à vivre de sa propre inspiration, ce qui la convainc de laisser aux autres et aux institutions la conduite de son existence.

L'impression de vide laisse tout l'espace nécessaire à une philosophie de vie dans laquelle l'être humain devient un objet. Il fait partie de la civilisation de l'objet. Les chercheurs en psychologie n'ont pu échapper à la tentation de le décrire comme un être extérieur. Il est la réponse à un stimulus. Le schème de comportement stimulus-réponse contient implicitement le postulat que l'action vient du milieu et que l'individu est un être de réaction.

Chacun en devient tellement convaincu qu'il attend presque constamment une consigne pour agir. Ceux qui ont l'expérience de l'animation de groupes savent quel désarroi entraine chez les participants l'absence d'une structure et d'une définition claire de ce qu'il faut faire.

Toutes ces consignes et ces conventions prennent leur pouvoir dans la philosophie de l'homme objet, de l'homme sans intériorité qui finit par ignorer ses désirs et ses impulsions.

La division tayloriste du travail a non seulement fragmenté l'ouvrage de l'artisan en une multitude de gestes insignifiants, mais elle a réussi de plus à imposer une définition strictement mécaniste de l'homme. L'être humain devient dans ce contexte un ensemble de comportements qu'il s'agit d'ajuster aux caractéristiques technologiques de la production. Cette situation élimine pratiquement toute idée de vie intérieure.

On ne saurait soupçonner combien les modes industrielles influencent nos philosophies de vie. Nous avons été successivement depuis quelques décennies homme machine, homme ordinateur, homme cybernétique et maintenant homme de l'astrophysique. L'être humain est devenu de la vibration, de la bioénergie et de la lumière qui irradie. Ce sont là des modèles scientifiques qui alimentent la recherche en psychologie. Que dire alors de l'imagination populaire qui raffole des exploits de l'homme bionique, de l'homme qui a incorporé des circuits électroniques à son système nerveux ? Que dire aussi du phénomène inverse où des robots se mettent à éprouver des sentiments humains ? La grande popularité que connaît le cinéma de l'occultisme et de la possession rend compte également de cet homme objet. Ces conceptions, qu'elles soient expérimentales ou fictives, expriment unanimement que nous sommes vides et que la qualité de notre existence tient à des apports extérieurs.

Nous subissons l'humiliation de tous ces livres qui nous disent comment vivre, comment s'alimenter, comment cesser de fumer, comment se maintenir en forme, comment se faire des amis, comment respirer, comment méditer, comment mener un groupe, comment s'exprimer, comment faire l'amour, comment vaincre l'obésité, comment rester jeune, comment améliorer sa mémoire, comment dialoguer avec ses enfants, comment réussir son divorce, comment ne pas déprimer, comment contrôler ses rêves, comment planifier sa retraite, comment se relaxer, comment programmer son subconscient. Cette liste a quelque chose d'interminable. Elle véhicule le message que ce sont là des comportements qu'il faut apprendre, et qui ne sont pas naturels. Et nous devenons, à notre insu, persuadés que nous sommes vides, que nous n'avons pas ces ressources et que nous devons les acquérir. Nous allons donc apprendre à jouir, à toucher, à sentir, à imaginer, à créer. Nous allons apprendre à aimer, à être tendre, à nous mettre en colère, à écouter les autres, à communiquer.

Serions-nous à ce point aliénés de nos désirs que nous ne saurions plus agir spontanément, à ce point qu'aucun instinct ne puisse nous guider ? La vie aurait-elle son mode d'emploi ?

On cherche à faire avec l'homme ce qu'on fait avec la matière : découvrir des lois pour les reproduire à volonté. L'utopie scientifique voudrait, en ce qui concerne l'individu, comprendre, disons, les « mécanismes » du « processus » de création pour pouvoir inventer sur commande ou encore décomposer l'ascendance qu'exerce une personne en propriétés observables et reproductibles, de sorte que quiconque puisse l'exercer.

Reproduire le phénomène en dehors de son contexte naturel, en dehors des motivations qui l'engendrent et de la philosophie qui le sous-tend, voilà ce que veut le spécialiste du comportement : le plaisir en dehors d'une femme qui inspire, la création en dehors du rêve qui la porte, le leadership en dehors d'une cause qui passionne.

Si nous arrivons à nous concevoir sans l'ombre d'un doute comme des êtres de désir et d'intention, nous ne pourrons tolérer cette panoplie de laboratoire qui désespère finalement ceux qui en font l'usage, car ils ne feront jamais un chef-d'œuvre avec de la peinture au numéro.

Cette conception de l'homme en tant qu'il est un objet peut même empêcher l'individu de s'éprouver directement et c'est là sans doute la conséquence la plus troublante du vide intérieur. Ronald Laing, l'antipsychiatre anglais, rapporte dans le Moi divisé comment un de ses anciens professeurs expliquait la manie qu'avait un patient de se regarder dans un miroir. C'est la seule façon pour lui, disait-il, de savoir qu'il existe.

Certains croient sincèrement que le bonheur consiste à être content de soi. Il n'est pas dans la volupté d'un corps, dans le charme d'une musique ou dans l'excitation de la course, non, il est dans la satisfaction de l'image de soi. Cela veut dire qu'on met parfois son existence à se doter d'attributs personnels et de qualités qui pourront ultimement plaire aux autres et à soi. Cela veut dire que l'individu, quoi qu'il fasse, se préoccupe de ce qu'il a l'air d'être plutôt que de ce qu'il expérimente. Il fait abstraction du plaisir ou du déplaisir qu'implique tel comportement ou telle situation, pour ne considérer que l'adéquation de ce qu'il fait avec l'idéal qu'il a de lui-même et qui correspond presque invariablement à ce qui est souhaité par l'entourage. Il ne s'éprouve pas directement. Il ne connaît de lui que des images. Il ne sait pas qu'il est triste. Pour le savoir il faudra qu'un autre le lui révèle, et cela ne garantit pas pour autant qu'il parviendra à percevoir son propre sentiment.

Son identité est toute relative. Elle ne surgit pas de l'intérieur comme la certitude absolue et radicale que ce qu'il éprouve, il l'éprouve vraiment, que personne ne pourra nier que ce qu'il ressent, il le ressent comme tel. Cette identité relative fait qu'il n'est jamais sûr de ce qu'il vit, de ce qu'il désire, de ce qu'il craint. Il se devine, il se déduit logiquement, il s'explique, mais il ne s'appartient pas. Il existe à travers les perceptions que les autres ont de lui.

Au lieu de connaître intimement la jouissance d'être, il ne tire de la vie que la satisfaction symbolique d'être quelqu'un d'estimable. Il y a connaissance de soi et connaissance de soi. Le malentendu consiste à se faire une identité en collectionnant des images et des explications plutôt qu'en exprimant des états intérieurs et des convictions.

L'être intérieur, l'homme sujet de son expérience sent qu'il existe absolument, qu'il est une fin en soi, qu'il devient d'autant plus lui-même, d'autant plus réel qu'il éprouve plus intensément et plus totalement ce qu'il vit.

Denis Pelletier

Dessin :

vendredi, février 17, 2012

Qu'est-ce qu'une société riche ?





Qu'est-ce qu'une société riche ? Est-ce simplement une société dont le PIB est très élevé, c'est-à-dire dans laquelle les échanges marchands sont considérablement développés, même si la consommation est extrêmement mal répartie et les écarts de revenus très importants, même si l'accès de tous aux biens premiers n'est pas assuré, même si coexistent dans l'ignorance mutuelle une petite proportion de personnes très riches et de plus en plus de pauvres, même si la violence se répand et que les riches s'enferment dans des ghettos, même si des biens et services de plus en plus nombreux sont payants et si les conditions quotidiennes de vie (le transport, le cadre de vie, la sécurité physique) deviennent de moins en moins supportables, même si la xénophobie se développe et si la simple idée d'intérêt général fait sourire ? La réponse est bien évidemment non. […] Une société riche, est-ce une société dont le seul lien est réduit à l'échange marchand et à la coexistence sur un même sol ? Et dans une telle société, que peut signifier le taux de croissance du PIB ?

Nous vivons les yeux rivés sur des indicateurs qui nous disent qu'une société riche est une société dont la production est élevée et majoritairement échangée sur un marché. Une certaine théorie économique ose même soutenir que si l'on ne peut changer la situation de l'un (par exemple celle du pauvre) sans « aggraver » la situation de l'autre (par exemple celle du riche), alors nous nous trouvons dans une situation d'optimum social. On peut donc avoir un optimum social dans une société où une petite minorité de personnes riches, qui serait à l'origine d'une grosse production, regarderait la majorité de la population se débattre dans la misère. Mais le PIB ne fait place à aucun autre critère de mesure, à aucune autre valeur : la répartition des biens, le degré de violence, la qualité des services publics, la cohésion sociale...

Il nous faudra revenir sur cette dernière notion, qui n'est que l'avatar de ce que l'on appelait auparavant le lien social. En effet, une bonne société n'est-elle pas d'abord celle où le lien social est fort et dense et, par conséquent, où les inégalités sont peu développées, l'accès aux biens premiers donné à tous, les risques pris en charge de façon commune ? Certes, le degré de cohésion sociale est difficile à mesurer, et plus encore à « fabriquer » : on se souvient des invitations de Rousseau à multiplier les fêtes de village où les citoyens se retrouveraient et se distrairaient ensemble, rendant ainsi vivante leur communauté et plus solides leurs liens, en dehors de toute opération de nature économique. Cela nous fait sourire aujourd'hui. On ne peut pour autant éviter de penser que la force du lien social, c'est-à-dire le sentiment d'appartenir à une même société, liée par des droits et des devoirs, des institutions politiques, des valeurs et une histoire, donc par une solidarité qui doit sans cesse être mise à l'épreuve, est un élément essentiel d'une bonne société, et constitue à l'évidence l'une de ses richesses. Autrement dit, la densité réelle du lien social aussi bien que l'attachement affectif et théorique à l'idée de société et de solidarité constituent des facteurs qu'il faut absolument prendre en compte dans une recherche sur les composants de la richesse sociale.

Intuitivement, et sans doute au terme d'un petit effort de réflexion qui nous ferait sortir de la gangue des mots et des significations dans laquelle nous sommes enfermés, nous serions capables de dire qu'une société vraiment riche est une société dont tous les membres mangent à leur faim, habitent un logement décent, ont accès aux soins, peuvent se vêtir correctement, s'intéressent à la chose publique, une société dont le cadre de vie n'est pas dévasté, dont les ressources naturelles, comme l'eau et l'air, sont protégées, où les libertés publiques et individuelles sont parfaitement respectées, où le niveau d'éducation est élevé et répandu, où l'égalité des conditions est largement réalisée... Or, de tout cela, notre indicateur ne retient rien, puisqu'il ne s'intéresse qu'aux produits et aux services échangeables sur le marché.

Dominique Méda, Qu'est-ce que la richesse ?


Ces Sociétés transnationales qui tirent les ficelles


Trois chercheurs suisses de l’École polytechnique fédérale de Zurich  (Suisse), spécialistes des réseaux complexes, viennent de déterminer (dans une passionnante étude publiée par la revue scientifique en ligne PlosOne) qui contrôle l’économie mondiale, en travaillant, avec trois modèles spécifiques (notamment en fonction de la détention de participations minoritaires ou indirectes) sur une base informatisée de 37 millions d’entreprises, commençant par déterminer 66 508 sociétés pouvant être considérées comme internationales, puis les 43 060 sociétés dites « transnationales » en analysant ensuite les 1 006 987 liens, en particulier dans l’actionnariat qui existaient entre elles.

Apparaît alors un premier « nuage » de 737 sociétés qui contrôlent 80% du PIB mondial. Puis à l’intérieur de ce « nuage », un noyau dur de seulement 147 firmes qui contrôlent 40% du PIB mondial (et trois quarts des échanges commerciaux). Mais les participations croisées entre ces 147 firmes, font qu’il s’agit, selon les auteurs, d’une « super entité économique dans le réseau global des grandes sociétés », où l’on ne peut déterminer en dernier ressort qui contrôle l’autre.

Le plus inquiétant est que sur ces 147 firmes, les trois quarts appartiennent au secteur financier

Il existe donc un véritable « syndicat caché », un « État profond » de la finance apatride et cosmopolite, qui contrôle l’essentiel de l’économie alors même que les activités bancaires et financières sont des activités purement parasitaires (elles ne produisent rien par elles-mêmes).

Les liens entre ces dirigeants, ces « traders » vedettes et les gouvernements font qu’il s’agit d’un petit milieu très étroit, où les modes, les erreurs, les alliances font qu’une seule décision (en particulier une mésestimation ou une erreur) peut savoir des conséquences colossales sur l’ensemble du système.

Bref,  cette concentration est par elle-même à l’origine d’un risque systématique.

Pour l’essentiel anglo-saxon, les vingt plus importantes sociétés financières ( fonds de pension, assurances, banques, etc.), qui contrôlent ou sont actionnaires d’autres sociétés, sont bien souvent connues des seuls financiers.

Il s’agit (dans l’ordre de leur degré de contrôle du capital des multinationales) de :
Barclays,
Capital Group,
EMR Corporation,
AXA,
State Street Corporation,
JP Morgan Chase & Co,
Legal & General Group,
Vanguard Group,
UBS,
Merill Lynch,
Wellington Management,
Deutsche Bank,
Franklin Ressources,
Crédit suisse,
Walton Entreprise,
Bank of New York Mellon Corp,
Natixis,
Goldman Sachs,
T Rowe Price,
Legg Mason.

Article extrait de la revue Faits & Documents – du 15 décembre 2011 au 15 janvier 2012.



Qu'est-ce que la richesse ?




Dessin :
Gérard Mathieu pour Alternatives économiques

jeudi, février 16, 2012

183 jours dans la barbarie ordinaire





Nicolas Sarkozy est au pouvoir depuis plus de deux années quand Marion Bergeron est embauchée par Pôle Emploi (CDD de 183 jours) et plonge dans la barbarie ordinaire.

25 ans, graphiste, étudiante chômeuse, free-lance, Marion est à l'image de la jeunesse française : énergique et motivée, mais trop jeune pour le marché du travail.

Au cœur de la crise qui explose, une jeune femme franchit la porte de Pôle Emploi, fraîchement embauchée par ce nouvel organisme qui se charge de l'indemnisation et du conseil des chômeurs. Plongée dans les entrailles du système, les deux mains dans la boue, elle raconte l'envers du décor. La violence de la misère. L'apprentissage de l'impuissance. Le naufrage d'une administration qui détruit, sans remords, ses usagers et son personnel. Prisonnière de son guichet d'accueil, méprisée et épuisée, elle raconte ce travail qui balaie sa vie privée, emporte ses principes et brûle ses dernières illusions. Ce livre n'est pas une compilation d'anecdotes. Ce n'est pas un ultime état des lieux du marché de l'emploi et de l'Administration française. C'est le récit de six mois de travail précaire. Une réalité crue, bouillonnante de souffrance et de désespoir. Bienvenue en enfer. Bienvenue à Pôle Emploi.

« ...La personne suivante n'arrive finalement pas. Et je peux recevoir mon troisième rendez-vous à l'heure. Je décide de laisser la trame d'entretien dans la corbeille et de tester sur le tas une nouvelle façon de procéder en commençant par demander à la jeune femme où elle en est. Mes rendez-vous d'aujourd'hui sont tous inscrits depuis deux mois, ils ont donc eu le temps de se confronter à leurs difficultés et de soulever de nouvelles interrogations. La jeune femme est venue avec son petit garçon. Il dort tranquillement dans son landau. Après son congé maternité, elle n'a pas pu reprendre son poste car elle n'a pas trouvé de garde pour son nouveau-né. Son employeur a fini parla licencier. Elle n'est pas un cas isolé. De nombreuses mamans se retrouvent dans cette situation. Il faudra l'expliquer à Rachida Dati, qui pointait fièrement sa silhouette de haricot vert au Conseil des ministres cinq jours après son accouchement, remettant ouvertement en cause le congé maternité. Le petit garçon commence d'ailleurs à se faire remarquer. Il gazouille, les yeux grands ouverts. Elle n'a pas de qualification. Elle faisait le ménage dans un hypermarché. Je lui crée son espace emploi. Elle n'a pas d'adresse mail. Je ne l'abonne pas aux offres, tant pis pour les chiffres de l'agence. Son petit garçon commence à s'impatienter. Elle m'explique que sa seule prétention concerne ses horaires de travail. Sa mère lui a offert de garder son petit le soir et le week-end pour lui permettre de retrouver un emploi. Je fais une rapide recherche sur le site. Et je trouve une offre. Une seule. Sur toute l'Île-de-France. Avec mon baratin sur pole-emploi.fr, la plus grande base d'offres en ligne du pays, j'ai l'air d'une cruche. Il s'agit d'assurer le service du dîner dans une maison de retraite. Aucun diplôme n'est demandé. Aucune expérience n'est exigée. Les horaires collent. Elle est toute contente et commence à me remercier lorsque je me rends compte qu'il s'agit d'une mission intérimaire de deux jours. Et qui n'a donc aucun intérêt. Je lui demande si elle souhaite quand même postuler, et son petit garçon se met à pleurer. Je jette l'offre à la corbeille et évoque la possibilité de postuler chez McDonald's, le roi de la flexibilité, qui propose des horaires de week-end et de soirée. À cette jeune femme qui doit assumer une vie de famille, je propose un travail que certains qualifient encore de job étudiant, et je l'expédie rapidement car son petit garçon me vrille les tympans. Elle repart sans abonnement aux offres et avec un espace emploi sur lequel elle ne retournera jamais pour la simple et bonne raison qu'elle ne sait pas se servir d'un ordinateur. Je n'ai même pas la curiosité d'aller consulter le montant de ses allocations. Je me doute bien qu'elle est en dessous du seuil de pauvreté.

Le suivant est un petit monsieur au visage tout rond. Il ne lit pas le français. Il est à des années-lumière du site pole-emploi.fr. Je laisse le pilote automatique prendre le contrôle : création d'espace, ouverture d'un compte mail, abonnement aux offres. Tout en sachant que c'est complètement ridicule. Mais je suis complètement démunie. Je n'ai rien à lui proposer. Je ne peux même pas l'orienter sur un accompagnement spécifique car je suis un faux conseiller, j'ignore s'il existe quelque chose qui correspond à ses besoins. Il doit attendre le mois prochain. Il doit attendre le suivi mensuel et son vrai conseiller. Je ne devrais pas remplir les objectifs de l'entretien. Je fais passer un pauvre bougre illettré pour un type branché qui fait ses courses sur Internet. Mais pour me donner une posture professionnelle, pour que personne ne puisse s'apercevoir que je pédale dans la choucroute, je n'ai rien trouvé de mieux que d'aller repêcher dans la corbeille la pathétique trame d'entretien approuvée par Pôle Emploi.

Je tente tout de même une action utile en recherchant des offres. Il est manœuvre pour le bâtiment. Une offre correspond. Le lieu de travail est juste à côté de chez lui. « Travaux de déblaiement, démolition, tranchées à effectuer à la pelle manuelle. Résistance physique. Travail de chantier. » C'est un recrutement pour une bête de somme. Mission intérimaire de quinze jours. SMIC horaire. Et il faut postuler par télécandidature. Ce qui signifie que tout se passe en ligne. À travers une succession d'écrans qui détaillent votre profil : expérience, formation, motivation, et qu'il faut remplir consciencieusement. La candidature parvient au conseiller responsable de l'offre. Qui la valide ou non en fonction de critères définis par l'employeur. Et vous invite, dans le cas d'une décision positive, à envoyer votre CV et votre lettre de motivation directement à l'employeur. Vous obligeant alors à refaire votre candidature, à l'envoyer à nouveau, et à attendre, encore, une réponse. Tout ce bazar pour quinze jours d'esclavage. Je renonce. C'est trop. De toute manière, mon petit monsieur est incapable de faire une télécandidature. Il n'a même pas de CV. Je ne peux d'ailleurs pas lui proposer de suivre un atelier CV. Ils sont réservés à ceux qui maîtrisent le français parlé, lu et écrit. Je ne sers à rien. Et le petit monsieur repart en me saluant gentiment.

Les deux derniers convoqués de la matinée ne se présentent pas. Je lambine une heure durant en les attendant. Le facteur va leur apporter un sympathique avertissement avant radiation. Qui est normalement généré automatiquement par DUO, notre logiciel interne. Mais comme ces entretiens sont tout nouveaux, ils n'existent pas dans DUO. Tout sera fait à la main, et je vais transmettre la liste des absents au Pôle Appui, le service secrétariat de l'agence, qui va rédiger les avertissements. Je suis tentée par ma bonne conscience de gauche de faire comme s'ils étaient tous venus. Mais je ne peux pas. Impossible d'afficher cent pour cent de présence, ce serait suspect. Et je ne veux pas. Je ne veux pas excuser ceux qui m'ont posé un lapin. Qui ont estimé que c'était sans importance et qu'il n'était pas nécessaire de me prévenir. Je les ai attendus. J'ai préparé les entretiens. J'ai épluché leurs dossiers. Je me suis renseignée sur leurs métiers. Je leur ai accordé mon temps et mon attention. Ils ont fait comme si je n'existais pas. Il ne leur reste plus qu'à se débrouiller pour justifier leur absence.

Mon déjeuner est un peu amer. Ces entretiens sont bidons. Parmi ceux que j'ai reçus aujourd'hui, aucun n'avait émis le désir d'être informé des services du site Internet. Il s'agit clairement d'un accompagnement imposé sans rapport avec les besoins de chacun, et donc, forcément, d'une perte de temps. C'est tout aussi stupide que si je convoquais cent personnes pour leur parler de la création d'entreprise sans qu'elles aient formulé le projet d'en créer une. De ce point de vue, je peux comprendre que l'on ne se présente pas. Parce que c'est humiliant, finalement, de se déplacer pour passer une demi-heure à écouter le soliloque d'un conseiller au seul prétexte que l'on est sans emploi. Et c'est là tout le problème de ce nouvel entretien qui, quoi qu'on en dise, relève de la même logique que le tristement célèbre SMP.

Le Suivi Mensuel Personnalisé. Le 5 juillet 2005, Dominique de Villepin, alors Premier ministre, venait discourir devant les cadres de la regrettée ANPE de la priorité d'apporter des réponses au chômage. Convaincu que l'ANPE avait « la capacité de faire mieux, de faire plus, et surtout de faire plus vite », notre cher Dominique avait concocté tout un catalogue de « moyens appropriés et mieux gradués afin de faire respecter les obligations des demandeurs d'emploi ». Le décret d'application allait suivre. Les entretiens obligatoires avaient auparavant lieu tout les six mois, il y en aurait dès lors un par mois. Le Suivi Mensuel Personnalisé était né. Dans la douleur. Les syndicats et les associations de chômeurs s'étaient mobilisés contre la nouvelle machine à radier. En vain.

Si le principe du suivi mensuel peut paraître louable, apporter une aide plus régulière semble aller dans le bon sens, il n'en est pas moins une vaste fumisterie. La logique est toute mathématique. Les convocations génèrent des absences. Les absences, des radiations. Plus de convocations entraînent plus d'absences. Donc plus de radiations. Donc moins de chômeurs au compteur. Et Dominique a la joie d'annoncer une baisse du chômage à Noël. Un sujet qui le préoccupait d'ailleurs beaucoup et dont il s'était confié aux cadres de l'ANPE avec une vive émotion : «Il faut que les résultats de cet engagement puissent être vus rapidement par nos compatriotes. » Pour un peu, nous verserions même une petite larme devant tant d'abnégation. Mais la logique de la radiation ne s'est pas cantonnée à une simple épuration statistique. La teneur même du métier de conseiller s'en est retrouvée altérée. Devant la nouvelle charge de travail générée par la multiplication des rendez-vous, les conseillers ont vite été débordés. Et je travaille aujourd'hui dans une agence où il est presque impossible d'être reçu par son conseiller en dehors du SMP, où mes collègues ont du pain par-dessus la planche et pas une minute pour approfondir un cas. Où les entretiens sont le plus souvent des coquilles vides qui se succèdent à des cadences infernales. Et où il n'est plus question que de faire le point, toute action à long terme étant inimaginable. Ceux qui ont besoin d'un vrai coup de main sont traités sur le même mode que ceux qui sont parfaitement autonomes et qui ne trouvent pas d'emploi pour la seule et unique raison qu'il n'y en a pas. Vous ne pouvez plus débarquer dans votre agence et demander de l'aide pour répondre à une offre précise ou vous entraîner pour votre entretien d'embauche. Les conseillers n'ont plus une minute pour vous recevoir au débotté. Si le suivi est bien devenu mensuel, il n'est pas du tout personnalisé. Dans la bataille entre la quantité et la qualité, c'est la quantité qui a décroché le pompon. Les demandeurs finissent par ne plus vouloir se plier à cette mascarade Ils ne viennent pas à nos convocations de pacotille. Ils ont peut-être raison. »

Marion Bergeron, 183 jours dans la barbarie ordinaire.


183 jours dans la barbarie ordinaire



Dessin :

mardi, février 14, 2012

No Brain Inside





Dans La fabrication du consentement, Noam Chomsky et Edward Herman écrivent :

« Des années de recherches consacrées aux médias nous ont convaincus que les médias sont utilisés pour mobiliser un vaste soutien aux intérêts particuliers qui dominent les sphères de l'État et le secteur privé. Leurs choix de mettre en avant un sujet ou d'en occulter d'autres s'expliquent souvent beaucoup mieux dans un tel cadre d'analyse, et dans certains cas avec la force de l'évidence. Il n'aura échappé à personne que le postulat démocratique affirme que les médias sont indépendants, déterminés à découvrir la vérité et à la faire connaître ; et non qu'ils passent le plus clair de leur temps à donner l'image d'un monde tel que les puissants souhaitent que nous nous le représentions. Ceux qui dirigent les médias crient haut et fort que leurs choix éditoriaux sont fondés sur des critères impartiaux, professionnels et objectifs — ce que cautionnent les intellectuels. Mais s'il s'avère effectivement que les puissants sont en position d'imposer la trame des discours, de décider ce que le bon peuple a le droit de voir d'entendre ou de penser, et de « gérer » l'opinion à coups de campagnes de propagande, l'idée communément acceptée du fonctionnement du système n'a alors plus grand-chose à voir avec la réalité. »

Ils concluent leur livre ainsi :

« Dans notre conclusion à la première édition, nous insistions sur le fait suivant : dès lors que les aspects les plus négatifs de l'attitude des médias résultent principalement de leur structure même et de leurs objectifs, toute évolution réelle repose sur des changements de l'organisation qui les sous-tend et de ses objectifs. Les changements structurels survenus depuis 1988 n'ont certainement pas été de nature à améliorer l'attitude des médias. Il n'en demeure pas moins fondamental que la mise en place de politiques démocratiques passe nécessairement par une démocratisation des sources d'information, et par la création de médias plus démocratiques. Tout en s'efforçant de freiner, voire d'inverser la concentration croissante des médias les plus influents, les mouvements de base et intermédiaires qui représentent en très grand nombre les citoyens ordinaires devraient s'investir beaucoup plus activement et financièrement dans la création et le développement de leurs propres médias — tout comme ils sont parvenus à le faire avec les centres de médias indépendants crées ex nihilo lors des manifestations de Seattle et Washington. Ce type de structures et de stations de TV et radio-diffusion associatives et à but non lucratif, ainsi qu'un meilleur usage de l'audiovisuel public, d'Internet, et de l'édition indépendante sont des outils indispensables pour qui veut prétendre à de réelles conquêtes démocratiques, sociales et politiques. »

Le créateur de No Brain Inside participe à sa façon à la démocratisation des sources d'information souhaitée par Chomsky et Herman.

No Brain Inside


« Journal parodique de l'actualité, écrit son créateur, No Brain Inside est une émulation artistique dénuée d'intelligence, en respectant ce dogme, j'ai voulu créer un journal d'information qui en soit la marque de fabrique ( si c'est intelligent on a pas fait exprès, désolé), son coté parodique me permet (nous) de toucher là où la main de l'homme n'a jamais mis de vase Aline...

Il nous reste que l'humour alors autant s'en servir pour dire aussi... Non ?

Vous pouvez nous retrouver par ici :
http://www.yergla.com/blog/2012/02/13/nobraininside-news-le-journal-de-fevrier/

Et tout bientôt par là:
http://www.nobraininside.fr/


La fabrication du consentement 

Les médias constituent un système qui sert à communiquer des messages et des symboles à la population. Ils ont vocation à distraire, amuser, informer, et à inculquer aux individus les croyances et codes comportementaux qui les intégreront aux structures sociales au sens large. Dans un monde où les richesses sont fortement concentrées et où les intérêts de classe entrent en conflit, accomplir cette intégration nécessite une propagande systématique.

Une modélisation de la propagande se focalise sur la prodigieuse inégalité dans la capacité de contrôle des moyens de production ; et ce qu'elle implique tant du point de vue de l'accès à un système de médias privés que de leurs choix et fonctionnements. Le modèle permet de reconstituer par quels processus le pouvoir et l'argent sélectionnent les informations.

 


Economiste, Edward S. Herman est professeur émérite à la Wharton School of Business (Pennsylvanie), Co-fondateur de Znet, réseau américain d'informations alternatif, il s'intéresse notamment à la domination industrielle et aux réglementations financières relevant des conflits d'intérêts.

Linguiste, Noam Chomsky est professeur émérite au Massachusetts Institute of Technology (MIT, Boston). Parallèlement à sa prestigieuse carrière universitaire, il est mondialement connu pour son engagement politique et sa critique de la politique étrangère des États-Unis.


dimanche, février 12, 2012

L'idéal libertaire




"L'anarchie est la plus haute expression de l'ordre."


"Penser, parler, agir librement" en toutes choses ! L'idéal de la société future, en contraste et cependant en continuation de la société actuelle, se précise donc de la manière la plus nette. Penser librement ! Du coup l'évolutionniste, devenu révolutionnaire, se sépare de toute église dogmatique, de tout corps statutaire, de tout groupement politique à clauses obligatoires, de toute association, publique ou secrète dans laquelle le sociétaire doit commencer par accepter, sous peine de trahison, des mots d'ordre incontestés. Plus de papes pour mettre les écrits à l'index ! Plus de rois ni de princes pour demander un serment d'allégeance, ni de chef d'armée pour exiger la fidélité au drapeau; plus de ministre de l'Instruction publique pour dicter des enseignements, pour désigner jusqu'aux passages des livres que l'instituteur devra expliquer. Plus de juges pour forcer un témoin à prêter un serment ridicule et faux, impliquant de toute nécessité un parjure par le fait même que le serment est lui-même un mensonge. Plus de chefs, de quelque nature que ce soit, fonctionnaire, instituteur, patron ou père de famille, pour s'imposer en maître auquel l'obéissance est due.

Et la liberté de parole ? Et la liberté d'action ? Ne sont-ce pas là des conséquences directes et logiques de la liberté de penser ? La parole n'est que la pensée devenue sonore, l'acte n'est que la pensée devenue visible. Notre idéal comporte donc pour tout homme la pleine et absolue liberté d'exprimer sa pensée en toutes choses, science, politique, morale, sans autre réserve que celle de son respect pour autrui ; il comporte également pour chacun le droit d'agir à son gré, de « faire ce qu'il veut », tout en associant naturellement sa volonté à celle des autres hommes dans toutes les œuvres collectives : sa liberté propre propre ne se trouve point limitée par cette union, mais elle grandit au contraire, grâce à la force de la volonté commune.

Elisée Reclus

Elisée Reclus


Géographe, théoricien du mouvement libertaire et militant anarchiste. Issue d'une famille protestante, Élisée Reclus (1830-1905) fait des études de géographe.

En 1871, il prend une part active à la Commune de Paris. Arrêté les armes à la main, il est condamné à la déportation en Nouvelle Calédonie. Sa peine sera commuée à dix ans de bannissement. Il rejoint alors son frère Élie en Suisse, et participe activement à la Fédération Jurassienne, avec Bakounine et James Guillaume, puis Pierre Kropotkine.

Après la Suisse, c'est en Belgique qu'Élisée Reclus s'installe. Très actif, c'est sous son impulsion qu'une Université Nouvelle est créé, ainsi qu'un Institut des Hautes Études dans lequel il enseignera.

Auteur prolifique, Élisée Reclus a participé à de nombreuses revues, brochures et journaux. Mais il est surtout l'auteur de l'extraordinaire "Géographie Universelle" (19 volumes), et de "L'Homme et la Terre" (6 volumes).

« Mais là où la pratique anarchiste triomphe, c’est dans le cours ordinaire de la vie, parmi les gens du populaire, qui certainement ne pourraient soutenir la terrible lutte de l’existence s’ils ne s’entraidaient spontanément, ignorant les différences et les rivalités des intérêts ».


samedi, février 11, 2012

Washington la nouvelle Jérusalem





« La religion civile américaine a ses « écritures sacrées » : la Déclarations d'indépendance et la Constitution, protégées et vénérées comme les Tables de la Loi ; elle a ses prophètes, comme les Pères Pèlerins ; elle célèbre ses héros sanctifiés, comme George Washington, le « Moïse américain », qui a libéré de l'esclavage anglais le « nouveau peuple d'Israël », c’est-à-dire les Américains des colonies, et l'a guidé vers la Terre promise de la liberté, de l'indépendance et de la démocratie ; elle vénère ses martyrs, tel Abraham Lincoln, victime sacrificielle assassinée le Vendredi saint de 1865, tandis que la nation américaine était en proie au feu régénérateur d’une cruelle guerre civile pour expier ses fautes et consacrer à nouveau son unité et sa mission. »



Pour beaucoup d'Américains, Washington est la Nouvelle Jérusalem. Et « The House of the Temple », le siège du Suprême Conseil de la franc-maçonnerie (rite écossais ancien et accepté, REAA), est le nouveau Temple de Salomon édifié sur Hérédom, le « mont » sacré des francs-maçons.

Hérédom

Hérédom est un « mot mystérieux, presque « magique » de la tradition maçonnique, le mot « Hérédom » est aussi l'un des plus difficiles à élucider. Son étymologie et donc sa signification essentielle sont l'objet de controverses : en fait personne ne peut rien avancer de certain.

Une hypothèse fréquente y voit la déformation d'un mot hébreu, harodim. On semble qualifier ainsi, dans la Bible, les « surveillants » ou les « contremaîtres » des travaux du Temple de Salomon (I Rois, 5, 16). Mais il pourrait aussi s'agir d'une allusion aux termes latins haeres (= hériter) ou haeredom (= héritage).

Toujours est-il que vers le milieu du XVIIIe siècle, un ordre maçonnique dénommé Ordre Royal d'Heredom de Kilwinning, prolongeait une légende qui faisait d'Hérédom une montagne sacrée d'Écosse - non identifiée à ce jour -, lieu mythique où la franc-maçonnerie était née...

Dans la pratique maçonnique anglo-saxonne, un grade important du REAA, celui de Rose-Croix (18e grade) est dit « Rose-Croix d'Hérédom ». Du reste, la revue d'études maçon-niques du REAA aux États-Unis, parmi les plus prestigieuses se nomme simplement Heredom.

Tel le mont Salvat, Hérédom est un lieu mythique où les légendes maçonniques ont concentré la pure essence des révélations mystiques de la maçonnerie. Le fait de localiser Hérédom à Washington et le « Mont » à l'endroit de la Maison de Temple témoigne bien de la conviction d'un certain nombre d'Américains - et pas seulement des francs-maçons : les États-Unis sont une nouvelle Terre Sainte et Washington une nouvelle Jérusalem. « Heredom » est son surnom maçonnique, en quelque sorte.

La leçon majeure du Symbole perdu (du roman de Dan Brown) semble être là : Washington, au cœur de l'Amérique, est un rébus sacré. À l'instar des deux sphinx qui ornent l'entrée de la Maison du Temple, il délivre un message secret : à celui qui le décryptera, appartiendra le monde... »
Alain Bauer et Roger Dachez, Le Symbole Perdu décodé.


Le Symbole Perdu décodé

L’intrigue du roman de Dan Brown Le Symbole perdu (5 millions d’exemplaires aux USA) se déroule à Washington, qui, dans son urbanisme et son architecture est fortement imprégnée de symboles maçonniques. L’intrigue du roman se déroule sur douze heures et explore les secrets de la franc-maçonnerie américaine. Robert Langdon y croise des personnages louches dont un certain Mal’akh, nouvellement initié, et à la recherche d’un secret qui lui procurerait un pouvoir immense s’il le trouvait. Celui-ci est caché dans Washington…


Seuls de véritables spécialistes, à la fois de la franc-maçonnerie américaine et des enquêtes policières, sont à même de décoder les arcanes du roman de Dan Brown. Alain Bauer et Roger Dachez sont ceux-là.

Mettant leurs compétences complémentaires au service de ce décodage, ils nous entraînent dans les arcanes de la franc-maçonnerie américaine et de son histoire, dans le labyrinthe du Washington maçonnique qu’ils explicitent, et explorent les problèmes de cryptologie qui tiennent un grand rôle dans le Symbole Perdu.


Photos

Ci-dessus :
http://solvedcases.free.fr/index/Livres/Dan_Brown/Le_Symbole_Perdu/symbole_perdu_en_dix_questions.html

Ci-dessous, deux francs-maçons posent avec un portrait d'Albert Pike situé en face du sphinx "Sagesse" à la Maison du Temple.
La fausse lettre de Pike à Mazzini révélant le plan luciférien de gouvernement mondial est commentée par de nombreux conspirationnistes.




vendredi, février 10, 2012

Henri Michaux & la mescaline





Le poète Henri Michaux est un explorateur de la pensée. Il multiplie les expériences pour connaître le fonctionnement de son esprit, les possibilités de son être, les limites de son imagination. « J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure de la vie ». Il n'hésite pas à étudier sur lui l'effet de la mescaline.

Sous l'effet de la drogue, le poète, être fermé sur lui-même, a l'illusion de s'ouvrir à l'infini.

D'abord, désintégration de sa personnalité qui se transforme en torrent; mais l'homme est à la fois mouvement, objet qui subit, intelligence qui dirige. Secoué par une tornade qui le nettoie de son individualité, en le disloquant. Des sensations disparates se mêlent : le patient devient lumière, transparence, douleur, cris dont la portée est infinie.

Parfois le mouvement est ascensionnel, par un escalier de cristal, dans un monde de lumière. Plus d'ombre autour de lui, en lui. Puis, reprise de la navigation sur des rapides et lutte contre des araignées surnaturelles qui contrarient l'élan.

Un arrêt involontaire. Capturé par une étoile de mer avec laquelle il se confond. De nouveau, la course irrésistible.

A la mescaline, Michaux demande non une évasion dans la folie, un bonheur artificiel, mais une approche de la sagesse. « Les drogues nous ennuient avec leur paradis ; qu'elles nous donnent plutôt un peu de savoir. »
Roger Mathé


Misérable miracle

Ce jour-là fut celui de la grande ouverture. Oubliant les images de pacotille qui du reste disparurent, cessant de lutter, je me laissai traverser par le fluide qui, pénétrant par le sillon, paraissait venir du bout du monde. Moi-même j'étais torrent, j'étais noyé, j'étais navigation. Ma salle de la constitution, ma salle des ambassadeurs, ma salle des cadeaux et des échanges où je fais entrer l'étranger pour un premier examen, j'avais perdu toutes mes salles avec mes serviteurs. J'étais seul, tumultueusement secoué comme un fil crasseux dans une lessive énergique. Je brillais, je me brisais, je criais jusqu'au bout du monde. Je frissonnais. Mon frissonnement était un aboiement. J'avançais, je dévalais, je plongeais dans la transparence, je vivais cristallinement.

Parfois un escalier de verre, un escalier en échelle de Jacob, un escalier de plus de marches que je n'en pourrais gravir en trois vies entières, un escalier aux dix millions de degrés, un escalier sans paliers, un escalier jusqu'au ciel, l'entreprise la plus formidable, la plus insensée depuis la tour de Babel, montait dans l'absolu. Tout à coup je ne le voyais plus. L'escalier qui allait jusqu'au ciel avait disparu comme bulles de champagne, et je continuais ma navigation précipitée, luttant pour ne pas rouler, luttant contre des succions et des tiraillements, contre des infiniment petits qui tressautaient, contre des toiles tendues et des pattes arquées.

Par moments, des milliers de petites tiges ambulacraires d'une astérie gigantesque se fixaient sur moi si intimement que je ne pouvais savoir si c'était elle qui devenait moi, ou moi qui étais devenu elle. Je me serrais, je me rendais étanche et contracté, mais tout ce qui se contracte ici promptement doit se relâcher, l'ennemi même se dissout, comme sel dans l'eau, et de nouveau, j'étais navigation, navigation avant tout, brillant d’un feu pur et blanc, répondant à mille cascades, à fosses écumantes et à ravinements virevoltants, qui me pliaient et me plissaient au passage. Qui coule ne peut habiter.

Le ruissellement qui, en ce jour extraordinaire, passa par moi était quelque chose de si immense, inoubliable, unique que je pensais, que je ne cessais de penser : « Une montagne malgré son inintelligence, une montagne avec ses cascades, ses ravins, ses pentes de ruissellement serait dans l’état où je me trouve, plus capable de me comprendre qu’un homme…

Henri Michaux, Misérable miracle.



Publié en 1956 aux éditions du Rocher, Misérable Miracle, sous-titré « La Mescaline », est le premier d'une série d'ouvrages d'Henri Michaux (1899-1984) consacrés aux drogues. Suivront L'Infini turbulent (1957), Connaissances par les gouffres (1961) et Les Grandes Épreuves de l'esprit (1966). Le texte fera l'objet, en 1972, chez Gallimard, d'une nouvelle édition « revue et corrigée », c'est-à-dire pour l'essentiel complétée d'addenda qui constituent à la fois un bilan et un congé donné à l'expérience commencée dans les années 1950. Si les livres sur la drogue occupent, on le voit, une place bien circonscrite dans l'œuvre de l'écrivain, celui-ci avait déjà, à plusieurs reprises, évoqué ou abordé le thème dans ses premières œuvres (allusion à l'éther et à l'opium dans Ecuador en 1929, au haschisch dans La nuit remue, en 1935). Il y reviendra, de loin en loin, jusqu'à la fin de sa vie (« Le Jardin exalté », en 1983). On ne peut donc nier la permanence d'une préoccupation : de là à conclure à une aliénation, il y a un pas que Michaux, dès la fin de Misérable Miracle, décourageait par avance quiconque de franchir : « Aux amateurs de perspective unique, la tentation pourrait venir de juger dorénavant l'ensemble de mes écrits comme l'œuvre d'un drogué. Je regrette. Je suis plutôt du type buveur d'eau. Jamais d'alcool. »



Misérable Miracle s'ouvre sur un Avant-propos (chapitre I) qui expose les difficultés auxquelles l'auteur a été confronté, et qui justifie la forme originale du livre. Suivent quatre chapitres : « Avec la mescaline » (II) restitue d'aussi près et aussi fidèlement que possible les états où se trouve tour à tour plongé le sujet. Plus distants, « Caractères de la mescaline » (III) analyse de façon clinique les effets de la drogue et leur évolution, tandis que « Le Chanvre indien » (IV) compare la mescaline et le haschisch. Enfin, « L’Expérience de la folie » (V) rapporte comment une erreur de dosage à fait basculer l'auteur dans le gouffre d'une […]



Illustration :
Henri Michaux, Dessin « mescalinien ».

jeudi, février 09, 2012

Inégalité des civilisations & inégalité des conditions





Le député de Martinique Serge Letchimy a évoqué les « camps de concentrations » et le « régime nazi » au sujet des déclarations du ministre de l'intérieur, Clause Guéant, concernant l'inégalité des civilisations.

L'inégalité des civilisation de Guéant rappelle l'inégalité des races d'Arthur de Gobineau et les théories racistes de Houston Stewart Chamberlain, d'Alfred Rosenberg, d'Adolf Hitler. En réalité, le Sarkozysme et l'ultra-libéralisme véhiculent 
une idéologie de caste, un nazisme de classe

Ce nazisme et sa race des seigneurs (saigneurs), c'est-à-dire la classe des riches, contrôlent la France, l'Europe ainsi qu'une grande partie du monde. L'oligarchie au pouvoir a recours à une vieille méthode qui consiste à diviser la population pour mieux la dominer. Cette fois-ci, les juifs sont épargnés, ce sont les musulmans qui font figure d'ennemis intérieurs et focalisent toutes les frustrations et les haines des populations progressivement ravalées au rang de serfs.


Le président des riches

Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, la France est devenue l’un des champs de cette « guerre des classes » où les combats se font nombreux et âpres. Dans la nuit du 6 au 7 mai 2007, un grand conseil de guerre se réunit au Fouquet’s Barrière, un nouveau palace parisien. Nicolas Sarkozy y fête son élection au milieu de ses amis du CAC 40. Une victoire qui est aussi celle de patrons de presse, de politiciens, de vedettes du showbiz et de sportifs célèbres. Deux points communs dans ce patchwork surprenant : la richesse des participants et leurs liens avec l’ancien maire de Neuilly.


Le ton est donné. Dans les semaines et les mois qui suivent, les cadeaux pleuvent. Symboliques, avec une généreuse distribution de médailles de la Légion d’honneur. Plantureux, avec un renforcement du bouclier fiscal et la défiscalisation des droits de succession. Opérationnels, avec des nominations stratégiques au gouvernement et dans les entreprises publiques. Indirects, en supprimant les recettes publicitaires de la télévision publique avec l’espoir de leur transfert sur les chaînes privées.

Les puissances d’argent menant le combat, Nicolas Sarkozy s’attaque aux poches de résistance. La politique d’ouverture induit des défections dans le camp de la gauche. Les réformes mettent à mal les collectivités locales. L’indépendance de la presse et celle de la justice sont touchées. Le prolongement de La Défense menace le territoire de Nanterre, le Grand Paris est convoité par les entreprises économiques et financières.

Mais le conquérant se heurte à des oppositions, parfois même dans son camp, comme à Neuilly lors des élections municipales de 2008, où il veut imposer le futur maire. Les facilités accordées à la famille de l’émir du Qatar pour une rénovation importante de l’hôtel Lambert à Paris vont mettre en émoi le monde du patrimoine historique. Si la candidature de Jean Sarkozy, fils cadet de Nicolas Sarkozy, à la tête de l’établissement public qui gère le plus grand centre d’affaires européen, La Défense, a été si mal accueillie, y compris parmi les électeurs de droite, c’est peut-être parce qu’il ne faut jamais vendre la mèche… L’arbitraire de la domination et le népotisme ne doivent pas apparaître au grand jour pour laisser aux classes dominées l’illusion que les qualités et le mérite sont bien à la base des choix du président de la République.


La guerre sur le terrain s’accompagne d’une guerre psychologique, avec des discours contradictoires et un double langage permanent renforcé à l’occasion de la crise financière de 2008. Elle connaît quelques échecs, lorsque le discours apparaît comme trop en contradiction avec la réalité. Les fanfaronnades de celui qui prétendait vouloir « refonder » le système capitaliste n’ont guère été suivies de mesures. Au contraire, les paradis fiscaux, les fonds spéculatifs, les bonus des traders et les cadeaux aux banques ont permis au capital financier de retrouver de sa superbe.

Mais la France, dont l’opinion est mesurée par les sondages, manifeste son mécontentement. Le faible taux de participation aux élections révèle un désarroi d’autant plus profond que l’on descend dans l’échelle sociale. Les belligérants sont inégalement préparés au combat. Les classes populaires, désarmées et désabusées par la désindustrialisation, voient leurs états-majors politiques et syndicaux hésitants et divisés.

UNE « DRÔLE DE GUERRE »

Le brouillage idéologique n’est-il pas total ? Le capitalisme est proclamé comme indépassable depuis les échecs du socialisme des pays de l’Est. La loi du marché semble être devenue la forme sociale la plus achevée que puisse atteindre l’humanité. La phase actuelle de cette guerre n’est-elle pas semblable à celle de la « drôle de guerre » de 1939-1940, alors que, le conflit n’étant pas déclaré, les forces populaires attendent, peu disposées à retourner au carnage, tandis que les dominants s’entraînent et préparent l’assaut final ?

Parmi les armes dont disposent les puissants, il faut ajouter, à la force physique et à la propriété des moyens de production, le savoir et notamment celui de la finance mathématisée. Le glaive et l’usine perdent de leur efficacité au profit des logiciels, des mathématiques et des ordinateurs. Financiarisé et mondialisé, le système économique ne profiterait-il plus qu’à ceux qui possèdent les codes d’accès à cette nouvelle planète, unifiée sous l’impérialisme de l’argent ? Les dirigeants français alignent leurs revenus sur les plus élevés à l’échelle du monde, tout en délocalisant les emplois industriels, puis tertiaires vers les zones où le travail est payé au plus bas. Les ouvriers chinois ou philippins sont la référence et les travailleurs français licenciés se voient proposer des emplois de remplacement à des centaines ou des milliers de kilomètres de chez eux, au tarif local, celui de la misère. 

Mais, pour que cela soit accepté et acceptable, il faut encore que les puissants du monde investissent dans les médias pour contrôler les cerveaux. Dans le magma indistinct de la pensée contemporaine, la lutte des classes est renvoyée aux poubelles de l’histoire. La notion de classe sociale disparaît du langage politiquement correct. Les mouvements sociaux sont dénoncés comme archaïques. Les droits arrachés de haute lutte par les travailleurs, dans les combats du passé, deviennent des privilèges inadmissibles pour les jongleurs de la finance qui, sur un coup de Bourse, peuvent engranger quelques millions au détriment de l’économie réelle.

Les effets d’annonce et les manœuvres populistes d’un adversaire qui se présente comme porteur d’un avenir meilleur brouillent les cartes. Dans cette phase, Nicolas Sarkozy ne joue-t-il pas le rôle d’un sauveur qui va pouvoir apporter par la « rupture » les moyens de faire reculer les nuées menaçantes ? Cette bonne volonté simulée a pu séduire quelques personnalités de la gauche que les errements du leader ont sans doute bien vite refroidies. Il reste que ces dévoiements ont accentué le trouble et les interrogations dans une opposition de gauche quelque peu déroutée par l’agitation sarkozyste. Et inquiétée par une personnalisation du pouvoir inusitée. La parole du chef de l’État s’infléchit et se contredit selon les circonstances. Mais les ruptures ne vont-elles pas toujours dans le même sens, celui d’un grignotage systématique des libertés et des acquis sociaux ?


Le temps est lourd de menaces, mais on ne sait quand et comment l’orage va éclater. La guerre des tranchées, celle de la société industrielle où patrons et ouvriers étaient dans un face-à-face constant, parfois violent, mais qui avait le mérite de permettre à l’échange d’exister, a laissé la place à un conflit où ceux qui contrôlent la mondialisation, ses échanges multiples et ses flux financiers dominent sans partage. L’arme atomique a remplacé le fantassin. La suprématie aérienne de la haute finance, bien au-dessus de l’économie réelle, empêche d’identifier l’ennemi, puissant mais insaisissable. Ce sont les marchés qui attaquent. Mais qui sont les marchés ? La force de frappe est impressionnante, mais on ne sait d’où vient le coup.

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Le président des riches.



Le président des riches 
Enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy 

Depuis la parution du Président des riches en septembre 2010, les relations incestueuses entre le pouvoir politique et le monde de l'argent ont engendré de nouveaux rebondissements dans l'affaire Woerth-Bettencourt et dans l'incroyable feuilleton Lagarde-Tapie. Par ses amitiés et ses réseaux, Nicolas Sarkozy est toujours concerné. Ce qui est encore le cas dans la tourmente qui affecte les tableaux de la famille Wildenstein, ou le Mediator des laboratoires Servier. La violence des rapports sociaux atteint des sommets La réforme rétrograde des retraites, le mépris affiché envers les enseignants et les magistrats, l'appel à la xénophobie en sont des expressions. L'allégement de l'impôt de solidarité sur la fortune est emblématique de cette guerre des classes menée par les plus riches alors que les déficits et les dettes leur servent d'armes et de moyens de chantage pour que le peuple accepte la baisse du pouvoir d'achat et la destruction des services publics. Décidément, Nicolas Sarkozy est bien toujours le président des riches. Ce nouveau livre continue à apporter des faits, des analyses et des arguments qui justifient de mettre à bas la puissance de la finance et des spéculateurs sans foi ni loi qui règnent sans partage.



Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, sociologues, anciens directeurs de recherche au CNRS, ont notamment publié Grandes Fortunes. Dynasties familiales et formes de richesse en France (Pavot, 1996), Sociologie de la bourgeoisie (La Découverte, "Repères", 2000) et Les Ghettos du Gotha (Seuil, 2007).

Le président des riches en ligne :

http://www.editions-zones.fr/spip.php?id_article=116&page=lyberplayer









Dessins : 


Sarkozy http://karikaturler.in/hitler-sarkozy/ 


Guéant & Sarkozy http://www.urtikan.net/n-35/gueant-tient-haut-le-flambeau-de-la-civilisation/






Des apparitions et d'autres phénomènes surnaturels

Hologramme de dragon projeté dans le ciel lors d'un match de baseball en Corée du Sud. Fox News : "Le Vatican s'apprête à publi...