“Nous,
les Sceptiques, frères des Kâlâmâ, qui pouvons n’avoir aucune
croyance, aucune “foi”, aucune opinion, aucune certitude, il
n’est qu’une VOIE pour nous satisfaire, nous réjouir, la Voie du
Dharma … qui supprime l’insatisfaction, la peine, la frustration,
le malheur, le mal de vivre qui accablent le “moi” illusoire
construit par les cerveaux obscurcis, par la psyché aveuglée, par
le cœur obnubilé ”, nous
dira notre Instructeur. Dans le Kâlâmâ Sutta de l’Anguttata-Nikâya
le Bouddha félicite et encourage les Kâlâmâ, les Sceptiques de
son temps, qui peuvent demeurer sans aucune croyance, sans aucune
“foi”, sans aucune opinion, sans aucune certitude, qui
n’affirment rien sans l’avoir vérifié par eux-mêmes :
“Kâlâmâ, il vous est
propre de douter, d’être incertains. L’incertitude s’est
élevée en vous à propos de ce qui est douteux …… Kâlâmâ,
quand vous connaissez par vous-mêmes…
…
Le disciple Arya dont le cœur est
sans haine, sans oppression, sans souillure et pur dans cette vie
même, il atteint les quatre soulagements ”.
Après
la mort du Bouddha, le Dharma, dans son infinie tolérance, par sa
grande capacité d’adaptation aux divers environnements, est
absorbé par les cultures des peuples avec lesquels il entre en
contact et qui l’adoptent sous la forme de ce qu’il est convenu
de nommer les écoles ou modalités bouddhiques, si différentes que
nous connaissons. Les salmigondis pseudo-Dharmiques sont parfois très
éloignés du Dharma du Bouddha. Normalement, toute modalité
bouddhique connaît et enseigne le “Noyau de la Doctrine”. Si ce
Noyau, toujours cohérent et rationnel, pour le “transrationnel”
n’est plus enseigné, ce n’est plus le Dharma qui est proclamé.
C’est ainsi que bien des amuïssements, des déformations, des
affadissements de la Doctrine se retrouvent ici et là. Aucun pays
n’est épargné. Les remémorations du Dharma, les Dharmânusmrti,
disent pourtant : “Le
Dharma du Bhagavat est bien proclamé, compréhensible, atemporel,
vérifiable par l’expérience, conduisant au but, à connaître par
les éveillés en eux-mêmes”.
Ecoutons
les propos d’un Instructeur authentique du Dharma : “A
l’origine, le bouddhisme est vigoureux, porte-greffe, mais les
greffons sont de plus en plus éloignés de la nature du
porte-greffe : dégradations métaphysiques par extériorisation,
conditions extérieures, visible par occultation des résultats
subtils, difficulté d’atteindre des états de Sagesse élevés
…”.
La
connaissance du Dharma en vérification de la Voie du Bouddha résulte
de la pratique du Noble Sentier Octuple. “Le don du Dharma surpasse
tous les dons” mais reste concomitant à l’expérience
personnelle dans la vérification des hypothèses
dharmiques. Le dharma du Buddha procède par “déblaiement”,
démontant méthodiquement les mécanismes des illusions qui
maintiennent encore les existences humaines dans l’ignorance,
avidyâ, “l’absence de vue” des choses telles qu’elles sont.
Ce don du Dharma n’est possible que par et pour le receveur du don,
et le chemin perdu retrouvé : la connaissance de la
connaissance métaphysique, la Prajñâ, conduit le Bodhisattva,
“l’être d’éveil”, vers l’Absolu au-delà des relatifs. Le
dharma se tient “au-milieu”, antérieur à l’affirmation et à
la négation. Le bodhisattva, “non-différent”, équanime,
Vigilant au détachement pour l’abandon, connaissant profondément
que “nul” n’est libre, expose les hypothèses de ce dharma. La
pratique de l’Octuple Sentier développe Samatha, la
tranquillisation du cœur et Vipasyanâ, la Vue des choses telles
qu’elles sont, pour l’extinction des âsrâva, les purulences.
L’Amour
Dharmique, seul, est “pur” par Pâragate et Pârasamgate, libéré
du désir, par Prajñâ, la Connaissance transcendante, l’Intuition
métaphysique dans ses quatre aspects qui culminent par upekshâ :
la Vue sereine, l’équanimité.
Dans
la mesure où
l’irrationnel, les divagations et le non-essentiel sont reconnus,
vus, les Canons bouddhiques offrent ce qui est suffisant à la
compréhension, même si un amuïssement du “sens” du Dharma
existe dans ses différentes modalités, étant donné qu’elles
sont des “expressions” du Dharma, touchées par anitya,
l’impermanence. Le dharma est atemporel et les dharmacârins, hors
écoles, hors systèmes, adoptent le principe “d’unicité des
véhicules” : ekayâna,
proposé par le Buddha. D’autre part et plus profondément, le
dharma ne peut être compris qu’en pro-gnose, Prajñâ noétique
certes, mais à l’acmé, Prajñâ anoétique donc sans
explications, sans mots, mode complètement étranger à ceux qui ne
considèrent que le physiologique et le psychologique. Traduire
Prajñâ par sagesse ou wisdom est une erreur.
A
29 ans le Bouddha rencontre et découvre la maladie, la vieillesse,
la mort … et un ascète errant. La Prajñâ, qui est en chacun de
nous, vient de s’éveiller en Lui et le pousse à comprendre. Il
quitte son environnement familial et son clan des Sakyas pour se
consacrer à une recherche qui le mènera bientôt à la
compréhension de la souffrance et à son extinction.
Il
rencontre deux Brâhmanes instructeurs du Yoga Traditionnel Hindou.
Pendant 6 années il apprend et pratique sous leur direction. Au
terme de ces 6 années, ces deux maîtres souhaitent qu’il leur
succède. Il refuse. Insatisfait, il n’a pas trouvé ce qu’il
cherche. Il les quitte. Ses cinq condisciples sont mécontents. Il a
compris que les excès ascétiques n’apportent rien de valable et
dans un état d’affaiblissement physiologique extrême, seul, il
continue son cheminement et trouve enfin cette “Voie du Milieu”,
au-delà des extrêmes. Il retrouve alors la Chaîne
des origines interdépendantes,
Pratityasamutpâda,
sous ses deux aspects, dans l’ordre de construction de l’errance
puis dans l’ordre d’extinction de l’errance, et quelques
semaines plus tard : “les 4
Nobles Vérités ou 4 Nobles Propositions Essentielles,
Catvâryâryasatyâni”,
qu’accompagne la notion du “sans-moi :
Anâtman”,
qui caractérise spécifiquement le Buddha-Dharma, la “Via
Negativa” par excellence.
Ces
trois enseignements seront rejoints ensuite par l’exposition des
deux hypothèses principales
suivantes :
1. Celle
d’un Transphénoménal, d’un Absolu, d’un Inconditionné :
Asti
ajâta-abhuta-akrta-asamskrtam : “Il
est un sans-naissance, sans-devenir, sans-création,
sans-conditions”.
2. Celle
du “moi” illusoire :
N’etam
mama, N’eso’hamasmi, na me so attâ : “(Quoi que ce soit)
Ceci n’est pas mien, je ne
suis pas cela, cet ego n’est pas à moi”.
Autrement dit : “je ne suis ni le corps ni le mental”.
Le
Bouddha n’écrira rien. Dès le premier Sangha constitué des 8
Nobles Personnalités, Ashtâryapudgalâh,
nous sommes dans la continuité de la tradition orale. Environ 2
siècles avant notre ère, les moines décident de fixer par écrit
le Buddha-Dharma mémorisé par le Sangha, pour le conserver, le
protéger, afin qu’il ne disparaisse pas car beaucoup de moines
viennent de mourir au cours d’une famine sans précédent. A partir
de ce moment, les Docteurs de la Doctrine ne cesseront de se
déployer et de construire autour des notions d’origine nommées
ci-dessus, une psychologie très profonde, l’Abhidharma, éclairée
par l’Intuition Métaphysique ou Connaissance transcendante. Ces
notions qui constituent le corpus de ce Noyau du Dharma donneront par
exemple les 37 auxiliaires de l’éveil. Nous ne pouvons pas donner
ici la liste complète de ce corpus qui devrait être connu pour
servir la Vigilance de chaque instant et imprégner le subconscient
et le conscient. Le disciple cherchera par lui-même dans les
Ecritures Dharmiques et auprès de son Instructeur.
L’Enseignement
bouddhique n’est pas un système de pensée mais il permet de
réfléchir, ni dogmatique, ni athée, ni théiste, ni sectaire, ni
religieux au sens monothéiste, pas philosophique au sens moderne, ni
pessimiste, ni optimiste, ni idéaliste, ni réaliste, ni
psychologique au sens lui aussi moderne, mais bien plutôt
psychologique au sens de l’Abhidharma, ni syncrétiste, ni
sentimentaliste, ni panthéiste, ni prosélyte, ni propagandiste, ni
moraliste mais éthique vers la délivrance, gnostique et
prognostique, thérapeutique par ses 4 Nobles Vérités à comprendre
en Prajñâ.
A
quoi sert-il de prendre les Refuges ?
A
quoi sert la connaissance du Dharma et la pratique de ses
psychotechniques, dont le 118ième
Sutta du majjhima-Nikâya expose la technique “ânâpânasmrti :
Vigilance remémoratrice appliquée à l’inspiration et à
l’expiration”, technique pratiquée et recommandée par le
Bouddha lui-même ?
Un
instructeur éveillé vous propose des hypothèses à vérifier. Vous
seul pouvez comprendre ou pas, car cela dépend maintenant de vous.
Les hypothèses clairement exposées ainsi que les “moyens”
d’éveil vous sont proposés pour leur vérification. Il vous est
possible d’essayer de les vérifier mais sans jamais affirmer quoi
que ce soit avant qu’elles ne soient justement vérifiées. Il
n’est jamais question dans cette démarche de recherche de
sacrifier à la raison ni jamais de se laisser aller à des
divagations irrationnelles. Ce Dharma, que l’on soit moine ou laïc,
apporte une aide incomparable aux difficultés de la vie quotidienne
par les soulagements, l’apaisement et la joie qu’il donne.
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Notre
instructeur du Dharma fut sollicité par le Député Alain Vivien
pour l’aider à rédiger son rapport sur les sectes présenté à
l’Assemblée Nationale en 1983.
Voici
un court extrait du second Rapport fait plus tard au nom de la
Commission d’enquête sur les sectes, Assemblée nationale, n°2468,
1996 :
“Déstabilisation
mentale, caractère exorbitant des exigences financières, rupture
induite avec l’environnement d’origine, atteinte à l’intégrité
physique… et mentale …”.
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Notre
Instructeur nous dira :
“Le “moi”, c’est la plus grande stupidité qui soit ! Ce
qui est amusant, c’est que ce n’est pas difficile… mais c’est
ardu. Ce n’est pas compliqué, mais c’est trop simple ! Il
faut aller au-delà de la compréhension dialectique : vijñâna,
ce cinquième agrégat qui compose l’individualité
physio-psychologique.
(NB :
Le lecteur nous excusera de l’absence des signes diacritiques
conformes pour certains mots en Sanskrit et en Pâli)
Anonyme
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