Alexandre Douguine a posté le 7 Octobre 2023 sur X :
Une escalade en Israël pourrait déclencher une réaction en chaîne. Les Palestiniens n’ont aucune chance dans une telle guerre, car ils ne peuvent pas détruire Israël ni lui infliger une défaite militaire significative, mais Israël n’a non plus aucune raison de se battre. La Palestine est techniquement un territoire israélien, qu’elle ne contrôle pas et ne peut en aucun cas contrôler. Il est également impossible de détruire physiquement tous les Palestiniens.
Si nous étions dans une situation internationale différente, les Palestiniens pourraient compter sur la compassion de la gauche internationale, mais les États-Unis sont dirigés par des néoconservateurs et des mondialistes. Ils ne se soucient certainement pas des Palestiniens, même s’ils ne sont pas non plus très proches de la politique nationaliste d’Israël.
Mais c’est la réaction en chaîne – et en particulier le comportement des États islamiques (principalement l’Iran, la Turquie, l’Arabie saoudite, d’autres États du Golfe et l’Égypte) – qui pourrait en être la suite logique. Ou du moins, c’est ce que les stratèges du Hamas pouvaient avoir en tête lorsqu’ils ont décidé de déclencher le conflit.
Le multipolarisme se renforce, l’intensité de l’hégémonie occidentale dans le non-Occident collectif s’affaiblit. Les alliés de l’Occident dans le monde islamique – en particulier la Turquie et les Saoudiens – ne suivent pas automatiquement tous les ordres de Washington. C’est dans cette situation que le pôle islamique, qui a récemment rejoint les BRICS de manière provocante, sera mis à l’épreuve.
Bien entendu, le conflit pourrait s’étendre à d’autres territoires. L’implication de l’Iran et du Hezbollah ne peut être exclue, ce qui signifie un transfert potentiel des hostilités vers les territoires du Liban et de la Syrie. En Israël même, il y a suffisamment de Palestiniens qui détestent farouchement les Juifs. Tout cela pourrait avoir des conséquences imprévisibles.
À mon avis, les États-Unis et les mondialistes vont essayer de tout arrêter maintenant, car ils ne peuvent rien obtenir de bon d’une nouvelle escalade.
Encore une chose : les analogies entre séparatisme, irrédentisme, etc. dans différentes régions du monde ne sont plus valables. L’Occident reconnaît à la fois l’unité territoriale et le droit des peuples à faire sécession lorsque cela leur profite et ne les reconnaît pas lorsqu’ils ne leur sont pas bénéfiques. Il n'y a pas de règles. En fait, nous devrions traiter la question de la même manière (et c’est effectivement le cas). Ce qui nous est favorable est juste.
Dans le conflit israélo-palestinien, il est difficile – du moins pour l’instant – pour la Russie de choisir un camp. Il y a des avantages et des inconvénients dans chaque configuration. Les liens avec les Palestiniens sont anciens (et, bien sûr, les Palestiniens sont des victimes), mais le flanc droit d’Israël tente également de poursuivre une politique neutre et amicale à l’égard de la Russie et, ce faisant, s’écarte de la russophobie sauvage et sans équivoque de l’Occident collectif.
Beaucoup dépendra désormais de la façon dont les événements se dérouleront à l’avenir.
Oui, et bien sûr il ne faut pas perdre de vue la dimension eschatologique des événements. Les Palestiniens ont qualifié leur opération de « Tempête Al-Aqsa », c'est-à-dire la tension autour de Jérusalem et l'horizon messianique (pour Israël) de la construction du Troisième Temple sur le Mont du Temple (impossible sans démolir la mosquée Al-Aqsa, un important sanctuaire musulman) est à nouveau en développement. Les Palestiniens tentent d’enflammer les sensibilités eschatologiques des musulmans – aussi bien les chiites, de plus en plus sensibles à cette question, que les sunnites (après tout, ils ne sont pas étrangers aux raisons de la fin du monde et de la bataille finale). Israël et le sionisme sont le Dajjal pour les musulmans.
Dans quelle mesure cela est grave, nous le verrons bientôt, mais de toute façon il est clair que ceux qui ignorent l’eschatologie ne comprendront rien à la grande politique moderne. Et pas seulement au Moyen-Orient, même si cela y est plus évident.
Alexandre Douguine, ancien conseiller de Poutine et traducteur russe de Julius Evola et de René Guénon.
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René Guénon, écrit le journaliste Jean-Yves Camus, "son intérêt pour la Kabbale n’a d’égal que sa suspicion à l’égard des juifs sortis de la Tradition, au point qu’il a des mots très durs envers l’engagement des juifs dans le mouvement communiste, fait dans lequel il voit une source de la méfiance intrinsèque de l’islam envers le bolchevisme".
PDF gratuit "René Guénon et le Judaïsme", de Paul B. Fenton.
