dimanche, août 15, 2010

Pièges de la méditation et du spiritualisme moderne


"La méditation réduit la sensibilité à la douleur" affirment des chercheurs de l’Université de Montréal dans une étude publiée dans la revue Emotion, éditée par l’Association américaine de psychologie. Les premiers médecins à avoir utilisé la méditation dans les hôpitaux viennent des Etats-Unis. Parmi ces pionniers, le plus connu est sans doute Jon Kabat-Zinn, le créateur de la MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction)…

Les néo-bouddhistes et des scientifiques (durant le crépuscule du Kali Yugä, les hommes de science sont presque tous achetés, d’après le « Lingä Purânä »*) font beaucoup de tapage pour inciter les gens à pratiquer en toute confiance la méditation et des exercices mentaux censés apporter de nombreux bienfaits.

La sagesse traditionnelle de l’Orient a toujours dénoncé les dangers de la méditation. La pratique de cette technique spirituelle n’était autorisée qu’après de longues années de préparation. « Les dangers de la méditation » : http://bouddhanar.blogspot.com/2007/02/les-dangers-de-la-meditation.html

Contrairement aux idées répandues, l’Occident possède aussi une véritable connaissance pratique des forces mises en jeu lors des exercices spirituels.

L’histoire de la chrétienté ne se réduit pas aux crimes de la papauté et au fanatisme religieux, qu’il soit protestant ou catholique. Durant des siècles, des ascètes, des ermites, des anachorètes se sont livrés à des pratiques spirituelles qui n’ont rien à envier au techniques du Yoga ou du Zen.

Le « Précis de Théologie Ascétique et Mystique » d’Adolphe Tanquerey fait état d’une science spirituelle pratique. « On l'appelle la science des saints, et avec raison ; car elle nous vient des saints qui l'ont vécue encore plus qu'ils ne l'ont enseignée, et elle est destinée à faire des saints, en nous expliquant ce qu'est la sainteté et quels sont les moyens d'y parvenir. » (A. Tanquerey).

A notre époque, des lecteurs ont découvert « Le Nuage de l'inconnaissance », ce traité de la mystique médiévale « est une invitation à abandonner toute forme de savoir, et même toute quête positive de Dieu, pour se laisser conduire jusqu'au mystère au-delà de tout nom ». Toutefois, l’auteur anonyme du traité condamne le vide intégral et « met en garde, écrit M.C. Sadrin, contre ceux qui confondent effort spirituel (simple élan de l’âme) et tension des forces physiques intellectuelles et spirituelles « au point de tomber en démence » : comprenant les mots charnellement et faute de la grâce, ils brutalisent leurs veines et par les violences faites à la nature pendant le temps de ce travail non point spirituel mais hostilement bestial, ils obtiennent de voir enflammées (leurs poitrine) d’une chaleur hors nature dont la cause sera ce dérèglement du corps ou… le démon, leur ennemi spirituel.

Et peut-être cependant iront-ils s’imaginer que c’est là le feu de l’amour obtenu et mérité de la grâce et de la bonté du Saint-Esprit… « Et bien vite après cette expérience et ce sentiment pareillement faux, viendra une fausse science et connaissance (venant) du démon, car je te le dis, en vérité, le diable a ses contemplatifs comme Dieu a les siens. » (« Le Nuage de l'inconnaissance », chapitre 45) […]

« Rentrer au-dedans de soi, ne doit pas être entendu comme un travail corporel. Ce serait là le plus court chemin vers la mort du corps et de l’âme car ce serait folie qui conduirait l’homme en démence… » (« Le Nuage de l'inconnaissance », chapitre 51)

Les termes « démon », « diable » des textes chrétiens désignent-ils les prédateurs de l’humanité des auteurs modernes, les êtres hyperdimensionnels, aliens, « flyers », et autres entités reptiliennes ?



(*) "Des savants seront au service d'hommes médiocres, vaniteux et haineux." ( Lingä Purânä)

Photo : une statue du Vigeland Park d’Oslo. Forum de David Icke http://www.davidicke.com/forum/showthread.php?t=100043

samedi, août 14, 2010

Déformé par un maître




Partout où il se trouvait Le Second Patriarche du Zen (Chan) donnait des enseignements, et tous ceux qui l’entendaient, atteignaient la conscience véritable. Il n’usait pas de formules et ne discourait pas sur les causes et les effets de la pratique et de la réalisation.

A cette époque, un professeur de méditation avait envoyé un de ses meilleurs disciples auprès du Patriarche. Le disciple ne revint jamais. Furieux, le professeur de méditation saisit l’occasion d’un congrès pour reprocher sa déloyauté à son ancien disciple. Ce dernier répondit : « A l’origine, ma perception était juste mais elle a été déformée par un maître. »

Plus tard, quelqu’un interrogea un maître zen : « Où est ma puissance de perception ? » Le maître répondit : « On ne l’obtient pas d’un maître. »

Telle est la manière d’atteindre le Zen. Un ancien disait encore : « La Voie accompagne toujours les hommes mais les hommes, eux, poursuivent toujours des phénomènes. »

Maître Foyan (1067 – 1120), « Zen, Liberté intérieure », textes rassemblés par Thomas Cleary.

***

Village bédouin et tombes musulmanes, Israël rase tous azimuts :

vendredi, août 13, 2010

Végétarisme et intolérance



Le végétarien Adolf Hitler était obsédé par les juifs. La végétarienne Brigitte Bardot n’hésite pas à montrer ses crocs quand on lui parle des musulmans et du ramadan. « Je m'en fous, le ramadan, je m'assieds dessus », déclare-t-elle le 12 août 2010, au micro d'Europe 1.

Le végétarisme peut être la cause de comportements fanatiques, d’obsessions et de maladies.

« L’alimentation végétarienne, quand elle n’est pas un régime thérapeutique, exige de l’organisme humain plus d’effort, mais libère en même temps une plus grande somme de forces pour notre vie psycho-spirituelle. Autrement dit : « Certaines forces matérielles se transforment en forces spirituelles. » Mais l’important, c’est que ces forces soient employées et mises en jeu là où elles le doivent. Car si on ne les emploie pas, … « elles peuvent même compromettre l’activité du cerveau (1) ». Ces paroles nous mettent en garde contre un danger. Car s’il est pratiqué avec étroitesse d’esprit, le végétarisme risque parfois d’entraîner des anomalies psychiques. Alors fleurissent le fanatisme, le dogmatisme, l’obsession, les fantasmes. On peut même observer des tendances à la brutalité et un égoïsme sans bornes, etc.

C’est pourquoi Rudolf Steiner, ayant passé en revue ces dangers, donna le conseil suivant : « Ainsi, le végétarien doit en même temps s’adonner à une discipline spirituelle ; sinon, il ferait mieux de rester carnivore. » Il faut prendre une telle maxime très au sérieux, surtout en notre temps où le végétarisme est redevenu à la mode, en liaison avec d’anciennes traditions orientales. Mais les usages alimentaires de l’Orient, aussi bien que leurs motivations, sont largement périmés en ce qui concerne l’organisme actuel de l’homme. La vie spirituelle qu’on prêche là-bas a un caractère passif. Elle conduit facilement à fausser l’âme et ne confère qu’une santé apparente au corps. Bien que Rudolf Steiner ait adopté le végétarisme pour son usage personnel dès l’instant où commença son apostolat spirituel (1905), il a déclaré dès cette époque : « Le régime végétarien sans la contrepartie d’un effort spirituel mène à la maladie. » C’est aussi ce que nous enseigne l’histoire de l’alimentation humaine, où le régime végétarien apparaît toujours comme une condition préalable à un entraînement spirituel. »

Docteur Gerhard Schmidt, « Alimentation dynamique selon Rudolf Steiner ».

Un maître spirituel carnivore est probablement un imposteur. Un végétarien équilibré est certainement un spiritualiste accompli.


(1) Rudolf Steiner : conférence du 22 octobre 1906 à Berlin.


Ellen White



Vous n’avez pas le moral, les catastrophes naturelles se succèdent, la crise économique n’en finit pas. A cela s’ajoutent les rumeurs de guerre, la mesquinerie des voisins ou des collègues de travail, la hausse du prix du blé…


Retrouvez un peu de joie en lisant l’Apocalypse, c’est en quelque sorte le conseil que prodiguait Ellen White :

« Heureux celui qui lit ! » dit le prophète. Cette bénédiction n’est donc pas pour les personnes qui se refusent à lire. Il ajoute : « Et ceux qui entendent ». Elle n’est pas non plus pour les personnes qui ne veulent pas entendre parler des prophéties. Le prophète dit encore : « Et qui gardent les choses qui y sont écrites ». Or, aucun de ceux qui ne veulent pas prendre garde aux avertissements et aux exhortations de l’Apocalypse ne peut se réclamer de la bénédiction promise. Tous ceux qui tournent ces sujets en dérision et se moquent des symboles inspirés des livres prophétiques ; tous ceux qui refusent de changer de vie et de se préparer pour la venue du Fils de l’homme, renoncent au bonheur attaché à ces études.

Ellen White « La tragédie des siècles ».

La tragédie des siècles :


mercredi, août 11, 2010

Bible et végétarisme



« La cruauté envers les animaux, écrit Victor dans son dernier Email, est inscrite dans la Bible !

Voilà pourquoi il est très difficile de changer les mentalités et les habitudes car elles sont inscrites dans nos gènes depuis plus de 2000 ans.

Si vous êtes un(e) bon(ne) chrétien(ne) vous devez impérativement tuer et manger les animaux comme il le fut ordonné par la voix de Dieu ou d'un ange, avec insistance (par trois fois) à l'apôtre Pierre (fondateur de l'Eglise Chrétienne) dans le Nouveau Testament (traduction Louis Second).

Ces mots sont lourds de conséquences et ce texte conditionna notre rapport avec les animaux pour toute une civilisation. Nous constatons que les chrétiens ne se font pas prier d'obéir à ces commandements à toutes les fêtes : dinde, foie gras pour Noël, sacrifices d'agneaux pour la Pâques, du poisson pour le vendredi, etc., etc.

La cruauté envers les animaux est dans le Nouveau Testament, poursuit Victor :

ACTES 10

Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centenier dans la cohorte dite italienne.
Cet homme était pieux et craignait Dieu, avec toute sa maison ; il faisait beaucoup d'aumônes au peuple, et priait Dieu continuellement.
Vers la neuvième heure du jour, il vit clairement dans une vision un ange de Dieu qui entra chez lui, et qui lui dit : Corneille !
Les regards fixés sur lui, et saisi d'effroi, il répondit : Qu'est-ce, Seigneur ? Et l'ange lui dit : Tes prières et tes aumônes sont montées devant Dieu, et il s'en est souvenu.
Envoie maintenant des hommes à Joppé, et fais venir Simon, surnommé Pierre ;
il est logé chez un certain Simon, corroyeur, dont la maison est près de la mer.
Dès que l'ange qui lui avait parlé fut parti, Corneille appela deux de ses serviteurs, et un soldat pieux d'entre ceux qui étaient attachés à sa personne ;
et, après leur avoir tout raconté, il les envoya à Joppé.
Le lendemain, comme ils étaient en route, et qu'ils approchaient de la ville, Pierre monta sur le toit, vers la sixième heure, pour prier.

Il eut faim, et il voulut manger. Pendant qu'on lui préparait à manger, il tomba en extase.
Il vit le ciel ouvert, et un objet semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, qui descendait et s'abaissait vers la terre,
et où se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel.

Et une voix lui dit : Lève-toi, Pierre, tue et mange.

Mais Pierre dit : Non, Seigneur, car je n'ai jamais rien mangé de souillé ni d'impur.
Et pour la seconde fois la voix se fit encore entendre à lui : Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé.
Cela arriva jusqu'à trois fois ; et aussitôt après, l'objet fut retiré dans le ciel.
Tandis que Pierre ne savait en lui-même que penser du sens de la vision qu'il avait eue, voici, les hommes envoyés par Corneille, s'étant informés de la maison de Simon, se présentèrent à la porte,
et demandèrent à haute voix si c'était là que logeait Simon, surnommé Pierre.
Et comme Pierre était à réfléchir sur la vision, l'Esprit lui dit : Voici, trois hommes te demandent ;
lève-toi, descends, et pars avec eux sans hésiter, car c'est moi qui les ai envoyés.
Pierre donc descendit, et il dit à ces hommes : Voici, je suis celui que vous cherchez ; quel est le motif qui vous amène ?
Ils répondirent : Corneille, centenier, homme juste et craignant Dieu, et de qui toute la nation des Juifs rend un bon témoignage, a été divinement averti par un saint ange de te faire venir dans sa maison et d'entendre tes paroles.

Dans l'Ancien Testament :

A tous les vrais végétariens et amis des animaux, voici un des textes fondateurs de notre civilisation. Le Dieu de la Bible a conditionné les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans pour être de parfaits prédateurs.

Certains chrétiens qui se disent "amis des animaux" sont obligés d'ignorer ou de falsifier les textes de base car leur seul but est de convertir de nouveaux fidèles ou adeptes.

La plupart des chasseurs, des vivisecteurs, des bouchers sont de "bons" chrétiens, ils vont à la messe et sont fiers d'appliquer les préceptes de la bible. Voilà pourquoi il est très difficile de changer les mentalités et les habitudes basées sur la crainte et la punition. Il faudrait un jour s'attaquer à la racine du mal.

La Bible de Jérusalem, Genèse, chapitre 9 :

Dieu bénit Noé et ses fils et il leur dit : Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre.

Soyez la crainte et l'effroi de tous les animaux de la terre et de tous les oiseaux du ciel, comme de tout ce dont la terre fourmille et de tous les poissons de la mer : ils sont livrés entre vos mains.

Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture, je vous donne tout cela au même titre que la verdure des plantes.

Seulement, vous ne mangerez pas la chair avec son âme, c'est-à-dire le sang.

Mais je demanderai compte du sang de chacun de vous. J'en demanderai compte à tous les animaux et à l'homme, aux hommes entre eux, je demanderai compte de l'âme de l'homme.
Qui verse le sang de l'homme, par l'homme aura son sang versé. Car à l'image de Dieu l'homme a été fait.

Pour vous, soyez féconds, multipliez, pullulez sur la terre et la dominez.

Dieu parla ainsi à Noé et à ses fils :
Voici que j'établis mon alliance avec vous et avec vos descendants après vous,
et avec tous les êtres animés qui sont avec vous : oiseaux, bestiaux, toutes bêtes sauvages avec vous, bref tout ce qui est sorti de l'arche, tous les animaux de la terre.
J'établis mon alliance avec vous : tout ce qui est ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n'y aura plus de déluge pour ravager la terre.
Voici le signe de l'alliance que j'institue entre moi et vous et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à venir :
Je mets mon arc dans la nuée et il deviendra un signe d'alliance entre moi et la terre.
Lorsque j'assemblerai les nuées sur la terre et que l'arc apparaîtra dans la nuée,
je me souviendrai de l'alliance qu'il y a entre moi et vous et tous les êtres vivants, en somme toute chair, et les eaux ne deviendront plus un déluge pour détruire toute chair.
Quand l'arc sera dans la nuée, je le verrai et me souviendrai de l'alliance éternelle qu'il y a entre Dieu et tous les êtres vivants, en somme toute chair qui est sur la terre.
Dieu dit à Noé : Tel est le signe de l'alliance que j'établis entre moi et toute chair qui est sur la terre.
Les fils de Noé qui sortirent de l'arche étaient Sem, Cham et Japhet; Cham est le père de Canaan.
Ces trois-là étaient les fils de Noé et à partir d'eux se fit le peuplement de toute la terre.
Noé, le cultivateur, commença de planter la vigne.
Ayant bu du vin, il fut enivré et se dénuda à l'intérieur de sa tente.
Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père et avertit ses deux frères au-dehors.
Mais Sem et Japhet prirent le manteau, le mirent tous deux sur leur épaule et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père; leurs visages étaient tournés en arrière et ils ne virent pas la nudité de leur père.
Lorsque Noé se réveilla de son ivresse, il apprit ce qui lui avait fait son fils le plus jeune.
Et il dit : Maudit soit Canaan ! Qu'il soit pour ses frères le dernier des esclaves !
Il dit aussi : Béni soit Yahvé, le Dieu de Sem, et que Canaan soit son esclave !
Que Dieu mette Japhet au large, qu'il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit son esclave !
Après le déluge, Noé vécut trois cent cinquante ans.
Toute la durée de la vie de Noé fut de neuf cent cinquante ans, puis il mourut. »

Le Manifeste anarchiste chrétien

Félix Ortt (1866 – 1959) était Chrétien, anarchiste et… végétarien. Comme Victor, il a constaté la violence biblique et a tenté d’y remédier dans son « Manifeste anarchiste chrétien », rédigé en 1903 :

« Anarchiste chrétien, écrit Félix Ortt, veut dire : 1° disciple du Christ ; 2° négateur de toute autorité (extérieure).

Est disciple du Christ quiconque cherche en toute droiture vivre selon l’esprit du Christ, n’importe la secte à laquelle il appartient ou le dogme auquel il se rattache.

Vivre selon l’esprit du Christ, c’est :

Aimer Dieu de toute son âme, autrement dit : rechercher l’amour parfait et la sainteté parfaite, y tendre.

Aimer son prochain comme soi-même, et la mise en pratique de cette règle de vie est incompatible avec toute convoitise, toute domination ou, si l’on veut, tout égoïsme. Dans la réalité, « chrétien » et « anarchiste » sont synonymes.

Pierre, les apôtres, étant chrétiens, étaient anarchistes, c’est ce qu’indique leur réponse aux injonctions des autorités : « il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes ». Et, de même, l’anarchie, la délivrance de toute autorité, ne sera possible que lorsque l’amour régnera dans la conscience humaine, c’est-à-dire lors que les hommes vivront selon l’esprit du Christ.

Il va sans dire qu’une foi basée sur la Bible n’est pas nécessaire pour atteindre ce but.

Un disciple de Bouddha ou de Lao-Tseu (Confucius), un hindou, un israélite, un musulman, un athée qui recherche la perfection pour lui-même et l’amour pour le prochain, celui-là vit dans l’esprit du Christ.

Les paroles de Bouddha : « Subjuguez la méchanceté par la bienveillance, le mal par le bien », procèdent du même esprit que celles de Jésus : « Mais je vous dis, moi, de ne pas résister au méchant ».

Lao-Tseu disant : « Celui qui vainc les autres est fort, mais celui qui se vainc lui-même est tout-puissant », fait montre d’une recherche de la sainteté semblable à celle que Jésus indiquait par les mots : « Soyez parfaits comme votre Père est parfait ». Les deux esprits sont les mêmes.

Deux disciples de cet esprit-là ont exprimé en deux phrases les aspirations de ceux qui ne se satisfont pas de la théorie ni des bavardages, mais qui veulent mettre leurs théories à l’épreuve et traduire les paroles en actes, les voici :

« L’amour n’est l’amour que lorsqu’il se donne lui-même en sacrifice ». (Tolstoï).

« N’aimons pas par nos paroles et avec notre langue, aimons par nos actes et en vérité ». (Saint Jean).

Dans le langage courant, cela veut dire : « Ne pactisons pas plus longtemps avec l’oppression capitaliste ou de la propriété – le meurtre de nos semblables ou le militarisme – les jugements iniques ou les tribunaux – l’alcoolisme ou la dégradation physique – la prostitution ou l’amour vénal – le meurtre des animaux (carnivorisme, chasse, vivisection, etc.).

En un mot, rompons avec tout ce qui fait souffrir n’importe quelle créature
dans le simple but de nous assurer à nous-mêmes une jouissance passagère quelconque. »

***

Félix Ortt était antimilitariste. Les militaires sont-ils une erreur de la nature ?

Nos amis les animaux


- Témoignage
- Vidéo Ohio Dairy Farm Brutality
- Entretien avec Elisabeth de Fontenay


Témoignage d'une étudiante en médecine vétérinaire en stage dans un abattoir.
Vécu et écrit par Christiane M. Haupt

" Seuls les animaux transportés conformément à la Loi sur la protection des animaux (LPA) et possédant une marque d'identification en règle sont acceptés ". C'est l'inscription qui figure au-dessus de la rampe en béton. Au bout de cette rampe gît raide et blafard un cochon mort. " Oui, certains meurent déjà durant le transport. Par collapsus cardiaque ".

J'ai emporté une vieille veste ; bien m'en a pris. Pour un début d'octobre, il fait un froid glacial. Ce n'est pourtant pas pour cette seule raison que je frissonne.

J'enfonce les mains dans mes poches, m'efforce de montrer un visage avenant pour écouter le directeur de l'abattoir m'expliquer qu'on ne procède plus depuis longtemps à un examen complet de chaque bête, seulement à une inspection. Avec 700 cochons par jour, comment cela serait-il possible ?

" Ici, il n'y a aucun animal malade. Si c'est le cas, nous le renvoyons tout de suite, avec une amende salée pour le livreur. S'il le fait une fois, il ne le fera pas une deuxième ". Je baisse la tête comme pour m'excuser - tenir, simplement tenir, tu dois tenir ces six semaines - que deviennent les porcs malades ?

" Il y a un abattoir tout à fait spécial ". Je possède une certaine expérience concernant les règlements relatifs au transport et sais à quel niveau la protection des animaux est à présent reconnue. Ce mot, prononcé dans un tel endroit, a une résonance macabre. Dans l'intervalle, un gros camion d'où s'échappent des cris stridents et de lugubres grognements est venu se ranger face à la rampe. Dans la pénombre du matin, on distingue mal les détails ; toute la scène revêt un aspect irréel et rappelle quelque sinistre reportage de guerre montrant des rangées de wagons gris et les visages blêmes et terrorisés d'une masse de gens humiliés, sur la rampe de chargement, embarqués par des hommes en armes. Tout d'un coup, je m'y trouve en plein cœur, et c'est comme quand on fait un cauchemar dont on se réveille couvert de sueurs froides : au milieu de ce brouillard, par un froid glacial, dans ce demi-jour sale du bâtiment immonde, bloc anonyme de béton, d'acier et de catelles blanches, tout derrière, à la lisière du bois recouvert d'une légère gelée ; ici se passe l'indicible, ce dont personne ne veut rien savoir.

Les cris, c'est la première chose que j'entends chaque matin lorsque j'arrive pour obtenir mon certificat de stage de pratique. Un refus de ma part d'y participer aurait signifié pour moi cinq années d'études perdues et l'abandon de tous mes projets d'avenir. Mais tout en moi - chaque fibre, chaque pensée - n'est que refus, répulsion et effroi, et la conscience d'une insurmontable impuissance : devoir regarder, ne rien pouvoir faire, et ils vont te forcer à coopérer et te souiller de sang. De loin déjà, quand je descends du bus, les cris des cochons me transpercent comme un poignard. Pendant six semaines, des heures durant, sans répit, ces cris retentiront à mes oreilles. Tenir. Pour toi, cela aura une fin. Pour les animaux, jamais.

Une cour déserte, quelques camions frigorifiques, des moitiés de cadavres de cochons pendus à des crochets, aperçus à travers une porte, dans un éclairage aveuglant. Tout ici est d'une propreté méticuleuse. Cela, c'est la façade. Je cherche l'entrée ; elle est située de côté. Deux bétaillères passent devant moi, ses phares jaunes allumés dans la brume matinale. La lumière blanche des fenêtres éclairées me montre le chemin. Après avoir monté quelques marches, je me retrouve à l'intérieur, où tout est carrelé en blanc. Pas d'âme humaine en vue. Ensuite un corridor, blanc lui aussi, et le vestiaire pour les dames. Il est bientôt 7 heures, et je me change : du blanc, du blanc, du blanc ! Mon casque d'emprunt oscille d'une façon grotesque sur mes cheveux raides. Mes bottes sont trop grandes. Je retourne dans le corridor et me range du côté des vétérinaires. Aimables salutations.

"Je suis la nouvelle stagiaire". Avant de continuer, les formalités. "Enfilez un vêtement chaud, allez chez le directeur et remettez-lui votre certificat de santé. Le Dr XX vous dira alors où vous commencerez ".

Le directeur est un homme jovial, qui me parle d'abord du bon vieux temps où l'abattoir n'était pas encore privatisé. Puis s'interrompant à regret, il décide de me faire visiter personnellement les lieux. C'est ainsi que j'arrive sur la rampe. A ma droite des enclos de béton fermés par des barres en fer. Quelques-uns sont prêts, remplis de cochons. "Nous commençons ici à 5 heures du matin". On les voit se bousculant ici ou se traînant là ; quelques groins curieux arrivent à passer à travers la grille ; des petits yeux méfiants, d'autres fuyants ou en plein désarroi. Une grande truie se jette sur une autre ; le directeur se saisit d'un bâton et la frappe plusieurs fois sur la tête. " Autrement, ils se mordent méchamment ".

En bas de la rampe, le transporteur a abaissé le pont du camion, et les premiers cochons, apeurés par le bruit et la raideur de la pente, se poussent vers l'arrière ; mais entre-temps un convoyeur est monté à l'arrière et distribue des coups de trique en caoutchouc. Je ne m'étonnerai pas, plus tard, de la présence de tant de meurtrissures rouges sur les moitiés de cochons.

" Avec les cochons, il est interdit d'utiliser le bâton électrique " explique le directeur. Certains animaux tentent quelques pas hésitants, en trébuchant parfois. Puis les autres suivent. L'un d'entre eux glisse et sa patte se coince entre la rampe et le pont ; il remonte et continue en boitant. Ils se retrouvent à nouveau entourés de barres de fer qui les mènent inévitablement à un enclos encore vide. Lorsque les cochons se trouvant à l'avant arrivent dans un coin, ils s'y entassent en bloc et s'y cramponnent avec fermeté, ce qui fait pousser à l'employé des jurons de colère et cravacher les cochons de l'arrière qui, pris de panique, essaient de grimper par-dessus leurs compagnons d'infortune. Le directeur hoche la tête : "Ecervelé, simplement écervelé. Combien de fois ai-je déjà dit qu'il ne servait à rien de frapper les cochons se trouvant à l'arrière !".

Pendant que j'assistais, pétrifiée, à cette scène - rien de tout cela n'est réel, tu rêves - le directeur se retourne pour saluer le convoyeur d'un autre transport, arrivé en même temps que le précédent et qui s'apprête à décharger. La raison pour laquelle tout est allé ici beaucoup plus vite, mais avec beaucoup plus de cris, je l'ai tout de suite vu : derrière les porcs qui trébuchent, un deuxième homme apparu dans l'aire de déchargement assène, pour accélérer l'opération, des chocs électriques. Je regarde l'homme, ensuite le directeur : " Vous savez pourtant que c'est interdit avec les porcs ". L'homme regarde étonné, puis range l'instrument dans sa poche.

Par derrière, quelque chose se frotte à moi à la hauteur des genoux ; je me tourne et j'aperçois deux yeux bleus vifs. Je connais de nombreux amis des animaux qui s'enthousiasment pour les yeux animés de sentiments si profonds des chats, pour le regard indéfectiblement fidèle des chiens. Mais qui parle de l'intelligence et de la curiosité perceptibles dans les yeux d'un cochon ? Bientôt, j'apprendrai à les connaître, ces yeux, mais d'une autre manière : muets de peur, abattus de douleur, puis vidés, brisés, exorbités, roulant sur un sol maculé de sang.

Une pensée me traverse l'esprit comme un couteau acéré, et elle me reviendra des centaines de fois au cours des semaines suivantes : Manger de la viande est un crime - un crime...

Après un tour rapide de l'abattoir, je me retrouve dans la salle de pause. Une fenêtre qui s'ouvre sur la salle d'abattage laisse voir des cochons couverts de sang, suspendus, défilant dans une chaîne sans fin. Indifférents, deux employés prennent leur petit déjeuner. Du pain et du saucisson. Leurs tabliers blancs sont couverts de sang. Un lambeau de chair est accroché à la botte de l'un d'eux. Ici, le vacarme inhumain qui m'assourdira lorsque je serai conduite dans la salle d'abattage est atténué. Je reviens en arrière, car une moitié de cadavre de cochon a tourné le coin à vive allure et a heurté la moitié suivante. Elle m'a frôlée, chaude et molle. Ce n'est pas vrai - c'est absurde - impossible.

Tout me tombe dessus en une fois. Les cris perçants. Le grincement des machines. Le bruit métallique des instruments. La puanteur pénétrante des poils et des peaux brûlés. L'exhalaison de sang, et d'eau chaude. Des éclats de rire, des appels insouciants des employés. Des couteaux étincelants passant au travers des tendons pour pendre aux crochets des moitiés d'animaux sans yeux dont les muscles sont encore palpitants. Des morceaux de chair et d'organes tombent dans un caniveau par où du sang s'écoule en abondance, et ce liquide écoeurant m'éclabousse. On glisse sur des morceaux de graisse qui jonchent le sol. Des hommes en blanc, sur les tabliers desquels le sang dégouline, avec, sous leurs casques ou leurs képis, des visages comme on peut en voir partout : dans le métro ou au supermarché.

Involontairement, on s'attend à voir des monstres, mais c'est le gentil grand-père du voisinage, le jeune homme désinvolte qui déambule dans la rue, le monsieur soigné qui sort d'une banque. On me salue aimablement. Le directeur me montre encore rapidement la halle d'abattage des bovins, vide aujourd'hui." Les bovins sont là le mardi ". Il me confie alors à une employée en déclarant qu'il a à faire. "Vous pouvez tranquillement visiter seule la halle d'abattage". Trois semaines s'écouleront avant que je trouve le courage d'y aller.

Le premier jour n'est encore pour moi qu'une sorte de quart d'heure de grâce. Je vais m'asseoir dans une petite pièce à côté de la salle de pause et heure après heure, je découpe en petits morceaux des chairs provenant d'un seau d'échantillons qu'une main tachée de sang remplit régulièrement dans la halle d'abattage. Chacun de ces petits morceaux - un animal. Le tout est alors haché et réparti en portions, auxquelles on ajoute de l'acide chlorhydrique et que l'on fait cuire, pour le test de trichine. L'employée qui m'accompagne me montre tout. On ne trouve jamais de trichine, mais le test est obligatoire.

Le jour suivant, je me rends donc seule dans une partie de la gigantesque machine à découper les morceaux. Une rapide instruction - " Ici, retirer le reste des os du collier de l'arrière-gorge et séparer les noeuds des glandes lymphatiques. Parfois, un sabot pend encore à une patte, il faut l'enlever ". Alors, je découpe, il faut faire vite, la chaîne se déroule sans répit.

Au-dessus de moi, d'autres morceaux du cadavre s'éloignent. Mon collègue travaille avec entrain, tandis que dans le caniveau tant de liquide sanguinolent s'accumule que j'en suis éclaboussée jusqu'au visage. J'essaye de me ranger de l'autre côté, mais là une énorme scie à eau coupe en deux les corps des cochons ; impossible d'y rester, sans être trempée jusqu'aux os. En serrant les dents, je découpe encore, mais il faut que je me dépêche, pour pouvoir réfléchir à toute cette horreur, et par-dessus le marché il faut que je fasse diablement attention de ne pas me couper les doigts. Le lendemain, j'emprunterai d'une collègue stagiaire qui a terminé son stage une paire de gants en métal. J'arrête de compter les cochons qui défilent devant moi, ruisselants de sang. Je n'emploierai plus de gants en caoutchouc. Il est vrai qu'il est répugnant de fouiller à mains nues dans des cadavres tièdes, mais si l'on se retrouve plein de sang jusqu'aux épaules, le mélange poisseux des liquides corporels pénètre de toute façon à l'intérieur des gants et rend ces derniers superflus. Pourquoi tourner des films d'horreur, quand tout cela se trouve ici ?

Le couteau est bientôt émoussé. " Donnez-le-moi, je vais vous l'aiguiser ". Le brave grand-père, en réalité un ancien inspecteur des viandes, me lance un clin d'œil. Après m'avoir rapporté le couteau aiguisé, il se met à faire la causette ici et là, me raconte une blague puis se remet au travail. Il me prend désormais un peu sous son aile et me montre quelques trucs qui facilitent quelque peu le travail à la chaîne. " Ecoutez ! Ici tout cela ne vous plaît pas. Je le vois bien. Mais cela doit se faire ". Je ne peux pas le trouver antipathique. Il se donne beaucoup de mal pour me rassurer. La plupart des autres aussi s'efforcent de m'aider ; ils s'amusent certainement à observer ces nombreux stagiaires, qui vont et viennent ici, qui sont d'abord choqués, puis qui poursuivent en serrant les dents leur période de stage. Toutefois, ils demeurent bienveillants. Il n'y a pas de chicaneries.

Il me vient à penser que - à part quelques exceptions - les personnes qui travaillent ici ne réagissent pas de façon inhumaine ; elles sont juste devenues indifférentes, comme moi aussi avec le temps. C'est de l'autoprotection. Non, les vrais inhumains sont ceux qui ordonnent quotidiennement ces meurtres de masse, et qui, à cause de leur voracité pour la viande condamnent les animaux à une vie misérable et à une lamentable fin, et forcent d'autres humains à accomplir un travail dégradant qui les transforme en êtres grossiers.

Moi-même, je deviens progressivement un petit rouage de ce monstrueux automatisme de la mort. Au bout d'un certain temps, ces manipulations monotones commencent à devenir automatiques, mais elles restent aussi très pénibles. Menacée d'étouffement par le vacarme assourdissant et l'indescriptible horreur omniprésente, la compréhension reprend le dessus sur les sens hébétés et se remet à fonctionner. Faire la différence, remettre de l'ordre, essayer de discerner. Mais cela est impossible.

Lorsque pour la première fois - en fait, le deuxième ou troisième jour - j'ai pris conscience que le corps saigné, brûlé et scié de l'animal, palpitait encore et que sa petite queue remuait toujours, je n'étais plus en mesure de me mouvoir. " Ils... ils bougent encore! ", dis-je, même si en tant que future vétérinaire j'avais appris que c'était les nerfs. J'entends marmonner : " Mince alors, il y en a un qui a fait une faute, il n'est pas tout à fait mort ". Un frémissement spectral agite de partout les moitiés de bêtes. C'est un lieu d'horreur. Je suis glacée jusqu'à la moelle.

Rentrée à la maison, je me couche sur mon lit, les yeux au plafond. Passer les heures, les unes après les autres. Chaque jour. Mon entourage réagit avec irritation. " N'aie pas l'air si renfrognée ; fais donc un sourire. Tu voulais absolument devenir vétérinaire ". Vétérinaire, oui, mais pas tueuse d'animaux. Je ne peux pas me retenir. Ces commentaires. Cette indifférence.

Cette évidence de meurtre. Je voudrais, je dois parler, dire ce que j'ai sur le cœur. J'en étouffe. Je voudrais raconter ce que j'ai vu sur le cochon qui ne pouvait plus marcher, progressant tant bien que mal sur son train arrière, jambes de côté ; sur les cochons qui reçoivent des coups de trique et de pied jusqu'à ce qu'ils finissent par entrer dans le box d'abattage. Ce que j'ai vu en me retournant : comment l'animal est scié devant moi et accroché en oscillant : morceaux de muscles partagés en deux parties égales à partir de l'intérieur des cuisses. Nombre d'abattages par jour 530, jamais je ne pourrai oublier ce chiffre. Je voudrais parler de l'abattage des bovins, de leurs doux yeux bruns, remplis de panique. De leurs tentatives d'évasion, de tous les coups et les jurons, jusqu'à ce que la misérable bête soit finalement prisonnière de l'enclos fermé par des barres de fer et une serrure à double tour, avec vue panoramique sur la halle où ses compagnons d'infortune sont dépouillés de leur peau et coupés en morceaux ; puis l'avancée mortelle, et dans le moment qui suit la chaîne que l'on accroche à une patte arrière et dont l'animal tente vainement de se débarrasser en la projetant vers le haut, tandis que, déjà, par en-dessous, sa tête est tranchée. Des flots de sang qui giclent à profusion du corps sans tête, tandis que les pattes se recroquevillent... Raconter à propos des bruits atroces de la machine qui arrache la peau du corps, du geste du doigt, circulaire et automatisé, pour ôter le globe de l'œil de son orbite - artère sectionnée, saignante, coulant à flot à l'extérieur - et le jeter dans un trou à même le sol, où il disparaîtra parmi tous les " déchets ". Le bruit provenant des envois sur le dévaloir en aluminium usé, des abats retirés du cadavre décapité et qui ensuite, sauf le foie, le cœur, les poumons et la langue - destinés à la consommation - sont aspirés dans une sorte de collecteur d'ordures.

C'est vrai que je voudrais raconter qu'il arrive toujours qu'au milieu de ces montagnes visqueuses et sanguinolentes se trouve un utérus gravide, et que j'ai vu des petits veaux déjà tout formés, de toutes les tailles, fragiles et nus, les yeux clos, dans une enveloppe utérine qui n'est plus en mesure de les protéger - le plus petit aussi minuscule qu'un chat nouveau-né, et quand même une vache en miniature, le plus grand au poil tendre et soyeux, d'un blanc cassé, avec de longs cils autour des yeux, dont la naissance devait avoir lieu quelques semaines plus tard. " Est-ce que ce n'est pas un miracle, ce que la nature crée ? " constate le vétérinaire de service cette semaine-là, en jetant l'utérus avec le foetus ensemble dans le gargouillant moulin à déchets. J'ai maintenant la certitude qu'aucun dieu ne peut exister puisqu'aucun éclair ne vient du ciel pour punir tous ces forfaits commis ici-bas, et que ceux-ci se perpétuent interminablement. Ni pour soulager la vache maigre et pitoyable qui, à mon arrivée à 7 heures le matin, se traîne à bout de force, au prix d'efforts désespérés, dans le couloir glacé, plein de courants d'air, et s'allonge juste devant le box de la mort ; pour elle, il n'existe aucun dieu, ni personne d'ailleurs, pour lui donner une petite tape pour l'aider. Avant tout, il faut traiter le reste des animaux prévus pour l'abattage.

Quand je quitte à midi, la vache est encore couchée et tressaille ; personne, en dépit d'instructions répétées n'est venu la délivrer. J'ai alors desserré le licou qui lui tranchait impitoyablement la chair et lui ai caressé le front. Elle m'a regardé avec ses grands yeux, et j'ai alors appris en cet instant que les vaches pouvaient pleurer.

Mes mains, ma blouse, mon tablier et mes bottes sont barbouillés du sang de ses congénères : pendant des heures, je suis restée à la chaîne, en train de couper des cœurs, des poumons et des foies. J'ai déjà été prévenue : " Avec les bovins on est toujours totalement immergé ! ". C'est cela que je voudrais communiquer, afin de ne pas porter seule le fardeau, mais dans le fond il n'y a personne qui veuille m'écouter. Ce n'est pas qu'au cours de cette période on ne m'ait pas souvent assez posé la question : " Et à l'abattoir, comment ça va ? Moi, en tout cas, je ne pourrais pas le faire ".

Avec mes ongles enfoncés dans les paumes des mains je gratte les lunules jusqu'au sang pour ne pas frapper ces visages apitoyés, ou pour ne pas jeter le téléphone par la fenêtre ; pleurer, voilà ce que je voudrais faire, mais depuis que j'ai vu ce spectacle quotidiennement, chaque cri s'est étouffé dans ma gorge. Personne ne m'a demandé si je pouvais tenir.

Les réactions à des réponses si parcimonieuses trahissent le malaise à ce sujet. " Oui, cela est tout à fait terrible, aussi nous ne mangeons plus que rarement de la viande ". Souvent je m'encourage : "Serre les dents, tu dois tenir, bientôt tout cela sera derrière toi ". Pour moi, que le massacre continue jour après jour est l'une parmi les pires manifestations d'indifférence et d'ignorance. Je pense que personne n'a compris que ce ne sont pas ces six semaines à surmonter qui sont importantes, mais bien ce monstrueux meurtre de masse, qui se renouvelle des millions de fois, et dont sont responsables tous ceux d'entre nous qui mangent de la viande. En particulier, tous ceux qui se prétendent amis des animaux et mangent de la viande : ils ne sont pas dignes de confiance.

" Arrête, ne me coupe pas l'appétit ! ". C'est aussi avec ce type de réaction que plus d'une fois je suis restée muette. Parfois le ton monte : " Mais tu es une terroriste, toute personne normale doit rire de toi ".

Comment s'en sortir seule dans de tels instants ? Il m'arrive d'aller regarder le petit fœtus de veau que j'ai ramené à la maison et que j'ai mis dans du formol. " Memento mori ". Et laisser en rire les " gens normaux ".

Les choses deviennent abstraites quand on est entouré de tant de morts violentes ; la vie à titre individuel apparaît alors comme infiniment dénuée de sens. Quand je regarde les rangées anonymes de cochons transportés sous la même forme à travers la halle, je me demande : " Les choses seraient-elles différentes si à la place de cochons, il y avait des humains ? ". D'autant plus que l'anatomie de la partie arrière de l'animal, épaisse, parsemée de pustules et de taches rouges, rappelle étrangement ce que l'on peut voir sur les plages ensoleillées des vacances : des amas de graisse débordant des maillots de bain trop étroits. En outre, les cris qui retentissent interminablement dans la halle d'abattage quand les animaux sentent approcher la mort pourraient provenir de femmes et d'enfants. Ne plus faire la différence devient inévitable. Il y a des moments où je pense: Arrêter, cela doit s'arrêter. Pourvu qu'il fasse vite avec la pince électrique, pour qu'enfin cela s'arrête. " Beaucoup d'animaux ne crient pas " a dit une fois l'un des vétérinaires, " alors que d'autres se figent comme des statues en se mettant à crier sans aucune raison ". Je me demande pour ma part comment ils peuvent rester immobiles et " crier sans aucune raison". Plus de la moitié du temps de stage est écoulé lorsque je pénètre enfin dans la halle d'abattage pour pouvoir dire : " j'ai vu ". Ici se termine le chemin qui débute à la rampe de déchargement. Le lugubre corridor sur lequel débouchent tous les enclos se rétrécit jusqu'à une porte ouvrant sur un box d'attente ayant une capacité de 4 ou 5 cochons. Si je devais décrire en image le concept de "peur", je le ferais en dessinant des cochons blottis les uns contre les autres contre une porte fermée, et je dessinerais leurs yeux. Des yeux que plus jamais je ne pourrai oublier. Des yeux que chacun d'entre nous qui veut manger de la viande devrait avoir regardé. Les cochons sont séparés à l'aide d'une trique en caoutchouc. L'un d'entre eux est poussé en direction d'un espace fermé de tous côtés. Il crie, et comme souvent le gardien a encore autre chose à faire, l'animal essaye de reculer et s'évader par l'arrière jusqu'à ce qu'enfin, à l'aide d'un clapet électrique, il puisse verrouiller l'issue. Par une pression sur un bouton, le sol de l'enclos est remplacé par une sorte de traîneau mobile sur lequel le cochon se retrouve à califourchon, ensuite une deuxième coulisse s'ouvre devant lui et le traîneau avec l'animal glisse vers l'avant dans un autre box. Là une brute de boucher chargé de l'abattage - je l'ai toujours appelé en moi-même Frankenstein - branche les électrodes. Une tenaille d'étourdissement à trois points, comme le directeur me l'a expliqué. On voit dans le box le cochon qui tente de se cabrer, puis le traîneau est brusquement retiré et la bête, palpitante, s'affaisse dans un flot de sang en agitant nerveusement les pattes. Ici l'attend une autre brute de boucher, qui sûr de sa cible, enfonce le couteau en-dessous de la patte avant droite du cochon ; un flot de sang foncé gicle et le corps s'affaisse vers l'avant.

Quelques secondes plus tard, une chaîne de fer se referme sur une des pattes arrière de l'animal qui est hissé vers le haut ; la brute de boucher dépose alors son couteau, s'empare d'une bouteille de cola souillée, déposée à même le sol recouvert d'une couche de sang d'au moins un centimètre, et en boit une gorgée.

Je décide de suivre les cadavres qui, balancés à leur crochet, et saignant abondamment, sont dirigés vers "l'enfer". C'est ainsi que j'ai dénommé la pièce suivante. Celle-ci est haute et noire, pleine de suie, de puanteur, de fumée. Au terme de plusieurs virages au cours desquels le sang se déverse encore à flots, la rangée de cochons arrive à une sorte d'immense four.

C'est là que la soie du porc est éliminée. Les corps des animaux tombent par une sorte d'entonnoir à l'intérieur de la machine. On peut y voir à l'intérieur. Les flammes jaillissent et, pendant quelques secondes, les corps sont secoués de tous côtés, et semblent accomplir une danse grotesque et trépidante. Ils sont ensuite largués de l'autre côté sur une grande table où ils sont immédiatement attrapés par deux grosses brutes de bouchers qui commencent par enlever les parties de la soie qui n'ont pas été éliminées, puis grattent les orbites oculaires et séparent les sabots des pattes. Tout cela se déroule très rapidement, le travail s'effectue en plein accord. Pendues aux crochets par le tendon des pattes postérieures, les bêtes mortes sont alors dirigées vers un châssis métallique contenant une sorte de lance-flammes. Dans un bruit assourdissant, le corps de l'animal est soumis à un jet de flammes qui l'espace de quelques secondes l'enveloppe tout entier. La chaîne mobile se met alors à nouveau en mouvement et emporte les corps dans la halle suivante, celle-là même où je me suis trouvée durant les trois premières semaines. Là les organes sont retirés et apprêtés sur la bande mobile supérieure. La langue est palpée, les amygdales et l'œsophage détachés et jetés, les ganglions lymphatiques coupés, les poumons mis aux déchets, la trachée-artère et le cœur ouverts et les échantillons pour l'examen de trichine prélevés, la vésicule biliaire extirpée, et le foie examiné à cause de la présence possible de poches de vers. Beaucoup de porcs ont des vers et si leur foie en est rempli, il doit être jeté. Tous les autres organes, comme l'estomac, les intestins, l'appareil génital, sont envoyés au rebut. Sur la bande mobile inférieure, le reste du corps est apprêté: divisé en morceaux; les articulations coupées; l'anus, les reins et les parties graisseuses entourant les reins enlevés ; le cerveau et la moelle épinière retirés, etc., et ensuite une marque est imprimée sur l'épaule. Le cou, le bas du dos, l'abdomen et les cuisses sont préparés pour la pesée, puis dirigés vers la chambre froide. Les animaux jugés impropres à la consommation sont "provisoirement écartés". Pour le marquage, qui est une opération effectuée dans la sueur sur des cadavres tièdes et visqueux qui pendent très haut en fin de bande, il faut faire très vite quand on n'a pas l'habitude: on risque de se faire assommer par les moitiés de bêtes qui arrivent en force devant la balance et s'entassent les unes sur les autres avec violence.

Je ne dirai pas le nombre de fois que j'ai laissé mon regard errer sur l'horloge murale de la salle de pause ! Mais ce qui est sûr, c'est qu'en aucun autre endroit au monde le temps ne passe plus lentement qu'ici. Un temps de pause est octroyé au milieu de la matinée, et c'est essoufflée que je me précipite aux toilettes, et que tant bien que mal je me nettoie du sang et des lambeaux de chair ; c'est comme si cette souillure et cette odeur allaient s'accrocher à moi pour toujours. Sortir, seulement sortir d'ici. Je n'ai jamais pu avaler quoique ce soit comme nourriture dans ce bâtiment. Soit je passe mon temps de pause, aussi froid qu'il puisse faire dehors, à courir jusqu'à la clôture en fils de fer barbelés et regarde au loin les champs et l'orée du bois, et j'observe les corneilles. Ou alors je traverse la rue et me rends au centre commercial où je peux me réchauffer en buvant un café dans une petite boulangerie. Vingt minutes après, on est de nouveau à la chaîne. Manger de la viande est un crime. Jamais plus ceux qui mangent de la viande ne pourront être mes amis à nouveau. Jamais, jamais plus. Je pense que tous ceux qui mangent de la viande devraient être envoyés ici, et voir ce qui s'y passe, du début à la fin.

Je ne suis pas restée ici parce que je veux devenir vétérinaire, mais parce que les gens veulent manger de la viande. Et pas seulement cela : mais parce qu'en plus ce sont des poltrons. Leur escalope blanchie, stérile, achetée au supermarché, n'a plus les yeux qui déversent des flots de larmes de frayeur devant la mort, pas plus qu'elle ne hurle quand le couteau va frapper. Vous tous qui vous nourrissez des cadavres de la honte, cela vous est soigneusement épargné, vous qui dites : " Non, moi, cela je ne pourrais pas le faire ".

Un jour, un paysan est venu, accompagné de son fils, âgé de 10 ou 11 ans, pour faire analyser un échantillon de viande pour la trichine. En voyant l'enfant aplatir son nez contre la vitre, j'ai pensé que si les enfants pouvaient voir toute cette horreur, tous ces animaux tués, il y aurait peut-être un espoir de changement. Mais j'entends encore l'enfant crier à son père : " Papa, regarde, là, quelle énorme scie ! ? ".

Le soir, à la télévision, on annonce aux informations : " mystère non encore résolu à propos du meurtre perpétré sur une jeune fille, assassinée et coupée en morceaux et je me rappelle la frayeur générale et le dégoût de la population devant cette atrocité. Je dis : " Des atrocités semblables, j'en ai vu 3700 rien qu'en une semaine ".

Maintenant, je ne suis plus seulement une terroriste, mais encore je suis malade, là-haut, dans ma tête. Car je ressens non seulement de l'effroi et de la répugnance envers le meurtre commis sur un être humain, mais aussi envers ceux commis sur des animaux des milliers de fois en une seule semaine et dans un seul abattoir. Etre un humain, cela ne signifie-t-il pas dire non et refuser d'être le commanditaire d'un meurtre à grande échelle - pour un morceau de viande ? Etrange nouveau monde. Il est possible que les tous petits veaux trouvés dans l'utérus déchiré de leur mère, et qui sont morts avant même d'être nés, ont encore connu le moins mauvais sort d'entre nous tous.

D'une manière ou d'une autre, le dernier de ces interminables jours est enfin arrivé et j'ai reçu mon certificat de stage, un chiffon de papier, cher payé si tant est que j'ai jamais payé cher quelque chose. La porte se referme ; un timide soleil de novembre m'accompagne depuis la cour de l'abattoir jusqu'à l'arrêt du bus. Les cris des animaux et le bruit des machines s'estompent. Je traverse la rue alors qu'un gros camion à remorque amenant du bétail prend le virage pour entrer dans l'abattoir. Il est rempli sur deux étages de cochons, serrés les uns sur les autres.

Je pars sans un regard en arrière car ai porté témoignage et, à présent, je veux essayer d'oublier et de continuer de vivre. A d'autres de lutter maintenant ; moi, ce sont ma force, ma volonté et ma joie de vivre qui m'ont été pris et remplacés par un sentiment de culpabilité et de tristesse paralysante. L'enfer est parmi nous, des milliers et des milliers de fois, jour après jour.

Une chose nous reste pourtant, et pour toujours, à chacun : Dire Non. Non, non et encore non !

(texte envoyé par Victor)

Vidéo « Ohio Dairy Farm Brutality »

Avertissement de « Signes des Temps » http://www.futurquantique.org/ :
Psychopathie : un film tourné en caméra caché par un enquêteur de Mercy For Animals (pitié pour les animaux) dans une ferme de l’Ohio révèle des actes d’une cruauté inouïe commis envers des veaux et des vaches. Cette vidéo, filmée en avril et mai 2010, montre des éleveurs de bovin en train de frapper des vaches à la face avec des pieds de biche, de les poignarder avec des fourches et de leur couper la queue, et de brutaliser des veaux. (Attention, cette vidéo est d’une violence insoutenable).



Le vivant et l'animal

Entretien avec Elisabeth de Fontenay à propos de son livre « Le silence des bêtes, la philosophie à l’épreuve de l’animalité ».

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