jeudi, mars 22, 2012

La Rose Blanche





Merah et Breivik, le tueur de Toulouse et le tueur d'Oslo, sont les créatures d'une même matrice, la matrice de la haine.

Pour Nicolas Le Pen, comme disent les Américains en parlant du président des Français, la tragédie de Toulouse représente une aubaine dans sa course au pouvoir. D'ailleurs, on peut s'interroger sur ces terroristes fondamentalistes qui nuisent toujours à leur religion et avantagent étonnamment l'oligarchie régnante. A cause de Merah, la xénophobie va redoubler et renforcer le Sarkozysme.

Comme naguère, quand la crise économique de 1929 a préparé le terrain au nazisme, l'Europe s'enfoncera-t-elle dans le nationalisme, la barbarie, le cloaque nauséabond de la haine ?

Anneliese Knoop-Graf, sœur du résistant allemand Willi Graf, exécuté par le pouvoir nazi, évoque la lutte contre le régime hitlérien des jeunes étudiants allemands de Die Weisse Rose, la Rose Blanche.

[...] Il n'est certes pas facile de transmettre aux jeunes d'aujourd'hui une image vraie de l'arrogance et du manque total de scrupules qui caractérisaient Hitler et son entourage. Dès leur arrivée au pouvoir, leur stratégie fut d'attirer la jeunesse pour la tenir bien en main. Ils voulaient, en s'appuyant sur elle, réussir l'« élevage » d'une humanité supérieure, d'une race de type nordique apte à établir un jour une hégémonie mondiale. Dans ce but, elle devait être formée physiquement, moralement et spirituellement dans l'idéologie du national-socialisme. Le mot d'ordre était : « Tu n'es rien, ton peuple est tout. » Ayant grandi dans une tradition nationaliste, les jeunes des années 30 étaient très sensibles à des valeurs comme la camaraderie, la vassalité, la mère patrie, la nation. Ils étaient façonnés dans l'esprit des associations de jeunesse, aimaient les appels, les feux de camp, les cérémonies et se laissaient facilement griser par les discours de la propagande officielle, par l'éclat des drapeaux, des fanfares.

Ce dressage froidement calculateur et dépourvu de tout scrupule prit alors des proportions qu'on a du mal aujourd'hui à imaginer. Ainsi, à l'école et à l'université, la loyauté vis-à-vis du Führer comptait plus que les connaissances ; la conviction idéologique avait plus de crédit que toute réflexion autonome. Les personnes que le parti ou l'État avaient déclarées officielles possédaient une autorité absolue à laquelle on devait aveuglément obéir.

Pour nous, adolescents de cette époque, il était extrêmement difficile de trouver notre chemin alors même qu'autour de nous professeurs, parents, hommes d'Église s'empêtraient dans les embûches des compromis, des demi-mesures et des lâchetés. Désorientés, nous les regardions boire le poison, conclure trop rapidement la paix avec ce régime - soit pour se protéger, soit parce qu'ils espéraient sincèrement un redressement de l'Allemagne. Nous les regardions accepter et soutenir plus ou moins ouvertement les nazis, sans que cela ne leur pose apparemment de cas de conscience. [...] Les paroles apaisantes des aînés assurant que la sagesse imposait des accommodements n'étaient, de toute façon, pas la bonne nourriture pour l'âme d'un adolescent.

L'engagement dans une organisation de jeunesse nationale-socialiste pouvait représenter, pour une jeune fille de la bourgeoisie, un encouragement considérable à s'émanciper des contraintes familiales de son milieu social. [...] J'avais suivi moi aussi ce mouvement et, pour m'éviter des problèmes, j'avais fini par devenir membre du BDM (l'Association des jeunes filles allemandes) où je servais d'une manière plus naïve que perspicace. Car, depuis mon plus jeune âge, j'étais habituée aux rapports de subordination : à la maison comme à l'école et à l'église. Il faut dire aussi que la conception que le national-socialisme se faisait du rôle de la femme, et tout particulièrement de la mère, correspondait dans une certaine mesure à celle que mon éducation catholique m'avait enseignée.

Mais bientôt, ce fut le désenchantement. Je réalisai que tout ce en quoi j'avais mis mes espoirs - loyauté, solidarité, aspiration à des buts communs, à des tâches et des valeurs supérieures - était en réalité exploité et perverti par un nationalisme maladivement exagéré. La liberté était remplacée par la contrainte, la vérité par le mensonge, le dialogue par le bavardage, la confiance par l'espion-nage. À tout cela s'ajoutaient le caractère unilatéral des idées politiques, la diffamation des juifs, la proscription de nos poètes et peintres préférés et, plus tard, le pressentiment et la quasi-certitude que des crimes épouvantables étaient commis.

Pour moi, la guerre mit fin à cette période peu glorieuse de suivisme, mais j'en ai conservé la peur de la corruptibilité de l'homme face à un système dément et la certitude amère de ne pas lui avoir suffisamment tenu tête. Aujourd'hui je m'interroge souvent sur ce que j'ai appris de mon frère et de ses amis de la Rose Blanche. Je crois qu'ils m'ont appris à chercher toujours à saisir à la fois les nuances et les grandes lignes, à essayer toujours d'acquérir ce pouvoir de discernement indispensable à tout jugement comme à tout acte. Ils m'ont appris qu'il est possible - et même nécessaire pour pouvoir rester fidèle à soi-même - d'accepter des contradictions. Si les circonstances l'exigent, il faut oser rompre avec l'opinion publique et sortir des voies du conformisme pour penser et agir.

Poursuivre ce que Die Weisse Rose a commencé, transmettre leurs intentions, cela signifie pour moi témoigner de leur existence et veiller à ce que leur histoire soit connue. [...] Je me sens tenue vis-à-vis de nos morts, non seulement de maintenir vivante l'inquiétude provoquée par leur disparition, mais aussi de perpétuer dans la consciences des jeunes le sentiment que, sans être personnellement responsables des événements d'alors, ils devront en assumer, sur le plan moral, les conséquences historiques. Pour cela, il ne faut pas craindre d'éclairer les coins sombres de notre passé. [...] Nous ne pouvons en effet comprendre et assumer pleinement notre présent que si nous laissons une place au passé et si nous nous autorisons à ressentir tout ce qu'il provoque en nous de honte, de douleur, de deuil.

Résister, dans le vrai sens du mot, est un défi pour chacun de nous. Résister, c'est regarder attentivement là où les autres ferment les yeux, c'est rester vigilant, sensible, garder sa conscience aiguisée, avoir la volonté ferme de comprendre, de ne pas se laisser mener. Savoir dire non, savoir tenir bon. Cela suppose aussi la résistance contre la paresse de l'esprit et l'indolence du cœur, la résistance contre la tentation de se cacher, d'éviter les conflits. J'aimerais rappeler un mot de Guenter Eich : « Tu es concerné par tout ce qui arrive. Regarde autour de toi : prison et torture, aveuglement et paralysie, la mort sous toutes ses formes, la douleur non physique et l'angoisse qui a affaire à la vie. Tout ce qui arrive : tu es concerné. »

La résistance des jeunes de Die Weisse Rose ne peut garder sa signification que si nous la prenons pour un avertissement à assumer pleinement notre responsabilité civique et à assurer autour des valeurs de liberté une vie politique digne de l'homme : « Déchirez le tissu de l'indifférence qui enferme vos cœurs ; décidez-vous avant qu'il ne soit trop tard. »

Anneliese Knoop-Graf




TRACT DE LA ROSE BLANCHE

"Salus publica suprema lex" 

Toute conception idéale de l'État est utopie. Un État ne peut pas être édifié d'une façon purement théorique ; il doit se développer et arriver à maturité comme un individu. Il ne faut cependant pas oublier qu'à la naissance de chaque civilisation préexiste une forme de l'État. La famille est aussi vieille que l'humanité, et c'est en partant de cette première forme d'existence communautaire que l'homme raisonnable s'est constitué un État devant avoir pour base la justice, et considérer le bien de tous comme une loi primordiale. L'ordre politique doit présenter une analogie avec l'ordre divin, et la "civitas dei" est le modèle absolu dont il faut, en définitive, se rapprocher. Nous en voulons émettre ici aucun jugement sur les différentes constitutions possibles : démocratie, monarchie constitutionnelle, royauté, etc.... Ceci seulement sera mis en relief : chaque homme a le droit de vivre dans une société juste, qui assure la liberté des individus comme le bien de la communauté. Car Dieu désire que l'homme tende à son but naturel, libre et indépendant à l'intérieur d'une existence et d'un développement communautaires ; qu'il cherche à atteindre son bonheur terrestre par ses propres forces, ses aptitudes originales.


Notre "État" actuel est la dictature du mal. On me répond
peut-être : "Nous le savons depuis longtemps, que sert-il d'en reparler?" Mais alors, pourquoi ne vous soulevez-vous pas, et comment tolérez-vous que ces dictateurs, peu à peu, suppriment tous vos droits, jusqu'au jour où il ne restera rien qu'une organisation étatique mécanisée dirigée par des criminels et des salopards? Êtes-vous à ce point abrutis pour oublier que ce n'est pas seulement votre droit, mais aussi votre devoir social, de renverser ce système politique ? Qui n'a plus la force de faire respecter son droit, doit, en toute nécessité, succomber. Nous mériterons de nous voir dispersés sur la terre, comme la poussière l'est par le vent, si nous ne rassemblons pas nos forces et ne retrouvons, en cette douzième heure, le courage qui nous a manqué jusqu'ici. Ne cachez pas votre lâcheté sous le couvert de l'intelligence. Votre faute s'aggrave chaque jour, si vous tergiversez et cherchez des prétextes pour éviter la lutte.

Beaucoup, peut-être la plupart des lecteurs de ces feuilles, se demandent de quelle façon rendre effective une résistance. Ils n'envisagent pas de possibilités. Nous allons vous montrer que chacun est en mesure de coopérer à l'abolition de ce régime. Ne préparons pas la chute de ce "gouvernement" par une opposition individuelle, comme des ermites déçus. Il faut au contraire que des hommes convaincus et énergiques s'unissent, parfaitement d'accord sur les moyens à employer pour atteindre notre but. Nous n'avons guère à choisir entre ces moyens, un seul nous est donné : la résistance passive.


Cette résistance n'a qu'un impératif : abattre le National-Socialisme. Ne négligeons rien pour y tendre. Il faut atteindre le nazisme partout où cela est possible. Cette caricature d'État recevra bientôt le coup de grâce ; une victoire de l'Allemagne fasciste aurait des conséquences imprévisibles, atroces. L'objectif premier des Allemands doit être la défaite des nazis, et non pas la victoire militaire contre le bolchevisme. La lutte contre le nazisme doit absolument venir au premier plan. Dans un de nos prochains tracts, nous démontrerons l'extrême nécessité de cette exigence.

Chaque ennemi du nazisme doit se poser la question : comment peut-il combattre le plus efficacement cet "État" actuel, et lui porter les coups les plus durs? Sans aucun doute par la résistance passive. Il est bien évident que nous ne saurions dicter à chacun sa ligne de conduite ; nous ne donnons ici que des indications générales. A chacun de trouver la façon de les mettre en pratique.

Sabotage dans les fabriques d'armements, les services travaillant pour la guerre, sabotage dans tous les rassemblements, manifestations, fêtes, organisations, contrôlés par le parti national-socialiste. Il faut empêcher le fonctionnement de cette machine de guerre, qui n’œuvre que pour le maintien et le succès du parti nazi et de sa dictature. Sabotage dans tous les domaines économiques et culturels, les universités, les Écoles Supérieures, les laboratoires, les instituts de recherche, les services techniques. Sabotage dans toutes les organisations de propagande qui prétendent nous imposer la "façon de voir" des fascistes. Sabotage dans toutes les branches des arts appliqués, qui dépendent du National-Socialisme et servent sa cause. Sabotage dans la presse et la littérature, contre tous les journaux à la solde du "gouvernement", qui combattent pour ses idées et tentent de répandre des mensonges. Ne donnez pas un sou aux collectes (même faites à des fins charitables), car elles ne sont qu'un camouflage. Le produit de ces quêtes ne va ni aux miséreux ni à la Croix-Rouge. Le gouvernement n'a pas besoin d'argent, la planche à billets tourne sans cesse et fabrique autant de papier-monnaie qu'il désire. Il veut seulement ne jamais relâcher l'oppression du peuple, et lui ôter toute liberté. Cherchez à convaincre vos amis et connaissances de l'absurdité d'une continuation de la guerre ; montrez-leur qu'elle n'offre aucune issue ; faites comprendre quel esclavage intellectuel et économique nous subissons par le nazisme, et de quel renversement de toutes les valeurs religieuses et morales cela s'accompagne ; incitez, enfin, à une résistance passive!

On dit dans la Politique d'Aristote :

"Une tyrannie s'arrange pour que rien ne demeure caché, de ce que les sujets disent ou font ; elle place des espions partout.... elle dresse les hommes du monde entier les uns contre les autres, et rend ennemis les amis. Il entre dans les habitudes d'une telle administration tyrannique d'appauvrir les sujets pour payer la solde des gardes du corps afin que, préoccupés seulement de toucher leur paye, ils n'aient ni le temps, ni le loisir de fomenter des conjurations.... d'établir des impôts très élevés comme ceux réclamés à Syracuse sous Dionysos, où les citoyens avaient perdu en cinq ans toute leur fortune, à payer des redevances.... Enfin le tyran désire faire de la guerre un état permanent...."

Reproduisez et répandez ce tract!




mercredi, mars 21, 2012

La pulsion de mort monothéiste





« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. »

Le tueur de Toulouse préfèrerait le Coran à "Mein Kampf". Mais Hitler, prophète de la haine raciale, diffère-t-il des prophètes fous de Dieu ?

La possibilité de prélever au choix dans les trois livres du monothéisme aurait pu produire les meilleurs effets : il suffisait de tabler sur l'interdit deutéronomique de tuer transformé en absolu universel sans jamais tolérer une seule exception, de mettre en exergue la théorie évangélique de l'amour du prochain en interdisant tout ce qui contredit cet impératif catégorique, de s'appuyer en tout et pour tout sur la sourate coranique selon laquelle tuer un homme, c'est supprimer l'humanité tout entière, pour que soudainement les religions du Livre soient recommandables, aimables et désirables.

Si les rabbins interdisaient qu'on puisse être juif et massacrer, coloniser, déporter des populations au nom de leur religion ; si les prêtres condamnaient quiconque supprime la vie de son prochain, si le pape, le premier des chrétiens, prenait toujours le parti des victimes, des faibles, des miséreux, des sans-grade, des exclus, des descendants du petit peuple des premiers fidèles du Christ ; si les califes, les imams, les ayatollahs, les mollahs et autres dignitaires musulmans vouaient aux gémonies les furieux du glaive, les tueurs de juifs, les assassins de chrétiens, les empailleurs d'infidèles ; si tous ces représentants de leur Dieu unique sur terre optaient pour la paix, l'amour, la tolérance : d'abord on l'aurait su et vu, ensuite, et alors, on aurait pu soutenir les religions dans leur principe, puis se contenter de condamner l'usage qu'en font les mauvais, les méchants. Au lieu de tout cela, ils pratiquent à l'inverse, choisissent le pire et, sauf rarissimes exceptions ponctuelles, singulières et personnelles, ils appuient toujours dans l'histoire les chefs de guerre, les sabreurs, les militaires, les guerriers, les violeurs, les pillards, les criminels de guerre, les tortionnaires, les génocidaires, les dictateurs — sauf les communistes... —, la lie de l'humanité.

Car le monothéisme tient pour la pulsion de mort, il aime la mort, il chérit la mort, il jouit de la mort, il est fasciné par elle. Il la donne, la distribue massivement, il en menace, il passe à l'acte : de l'épée sanguinolente des juifs exterminant les Cananéens à l'usage d'avions de ligne comme de bombes volantes à New York, en passant par le largage de charges atomiques à Hiroshima et Nagasaki, tout se fait au nom de Dieu, béni par lui, mais surtout béni par ceux qui s'en réclament.

Aujourd'hui, le grand rabbinat de Jérusalem fustige le terroriste palestinien bardé d'explosifs dans la rue de Jaffa, mais fait silence sur l'assassinat des habitants d'un quartier de Cisjordanie détruit par les missiles de Tsahal ; le pape conspue la pilule rendue responsable du plus grand des génocides de tous les temps, mais défend activement le massacre de centaines de milliers de Tutsis par les Hutus catholiques du Rwanda ; les plus hautes instances de l'islam mondial dénoncent les crimes du colonialisme, de l'humiliation et de l'exploitation que le monde occidental leur (a) fait subir, mais se réjouissent d'un djihad planétaire mené sous les auspices d'Al-Qaïda. Fascinations pour la mort des goys, des mécréants et des infidèles — les trois considérant d'ailleurs l'athée comme leur seul ennemi commun !

Les indignations monothéistes sont sélectives : l'esprit de corps fonctionne à plein. Les juifs disposent de leur Alliance, les chrétiens de leur Église, les musulmans de leur Oumma. Ces trois temps échappent à la Loi et bénéficient d'une extraterritorialité ontologique et métaphysique. Entre membres de la même communauté, tout se défend et justifie. Un juif — Ariel Sharon — peut (faire) exterminer un Palestinien — le peu défendable Cheikh Hiacine... —, il n'offense pas Yahvé, car le meurtre s'effectue en son nom ; un chrétien — Pie XII — a le droit de justifier un génocidaire qui massacre des juifs — Eichmann exfiltré d'Europe grâce au Vatican —, il ne fâche pas son Seigneur, car le génocide venge le déicide attribué au peuple juif ; un musulman — le mollah Omar — peut (faire) pendre des femmes accusées d'adultère, il plaît à Allah, car le gibet se dresse en son Nom... Derrière toutes ces abominations, des versets de la Torah, des passages des Évangiles, des sourates du Coran qui légitiment, justifient et bénissent...

Dès que la religion produit des effets publics et politiques, elle augmente considérablement son pouvoir de nuisance. Quand on s'appuie sur un prélèvement dans tel ou tel des trois livres pour expliquer le bien-fondé et la légitimité du crime perpétré, le forfait devient inattaquable : peut-on aller contre la parole révélée, le dit de Dieu, l'invite divine ? Car Dieu ne parle pas — sauf au peuple juif et quelques illuminés auxquels il envoie parfois un messager, une vierge par exemple —, mais le clergé le fait parler d'abondance. Quand un homme d’Église s'exprime, qu'il cite les morceaux de son livre, s'y opposer revient à dire non à Dieu en personne. Qui dispose d'assez de force morale et de conviction pour refuser la parole (d'un homme) de Dieu ? Toute théocratie rend impossible la démocratie. Mieux : un soupçon de théocratie empêche l'être même de la démocratie.

Michel Onfray


Vidéo : "A l'extrême droite du Père" :


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mardi, mars 20, 2012

Faut-il dénazifier la France ?






Dans l'école juive de Toulouse, le tueur a attrapé la fillette par les cheveux pour lui tirer une balle dans la tête. Cette évocation d'une scène de la terrible tragédie du 19 mars rappelle la froide détermination de tous les génocidaires et épurateurs ethniques qui sont animés par la haine d'un peuple ou d'une civilisation.


L'idéologie de la haine de l'autre est exaltée par le populisme nationaliste. En France, la xénophobie est au centre du discours politique de droite. Depuis que le président de la République a repris les délires xénophobes du Front National, les racistes éructent partout, des réseaux sociaux aux bistrots, leur détestation des Roms, des musulmans, des juifs, des noirs, des jaunes, des métèques... Les déclarations de Sarkozy choquent les Américains qui ont affublé notre président du sobriquet méprisant de "Nicolas Le Pen". La xénophobie de Nicolas Le Pen n'est-elle pas aussi mortifère que celle de Breivik ?


L'image de la France est ternie par le populisme de Sarkozy, la famille Le Pen, le Front National. « Le FN est nationaliste et socialiste », dit en souriant Claude Guéant, l'ambigu ministre de l'Intérieur qui avait déclaré « toutes les civilisations ne se valent pas ».


Dominique Reynié, qui étudie la montée du populisme en Europe, redoutait un « passage à l'acte » en France comme il y en a déjà eu en Italie, en Allemagne et en Norvège, dans un climat général qu'il juge « malsain ».

En juillet, un militant islamophobe norvégien de 33 ans, Anders Behring Breivik, a tué 77 personnes. Il se présente comme un "templier" en croisade contre le multiculturalisme.

En décembre, un Italien de 50 ans proche de l'extrême-droite a tué deux vendeurs de rue sénégalais et en a blessé trois autres en plein cœur de Florence. En Allemagne, des néo-nazis sont soupçonnés d'avoir tué huit immigrés turcs et un Grec.
« Quand tout le discours s'enflamme, il y a toujours des risques de favoriser le passage à l'acte », explique Dominique Reynié, même s'il estime que la fusillade de Toulouse relève sans doute plus d'une « forme de folie » que du militantisme. On est dans une pathologie meurtrière liée à des fantasmes sur l'immigration et sur l'antisémitisme, qui sont alimentés un peu par tout le monde », fait-il valoir.

« Entre les grandes controverses sur le multiculturalisme, les sorties délirantes sur le pouvoir de la finance ou l'ennemi sans visage ou « je suis le bruit, la fureur et le fracas », je renvoie tout le monde dos-à-dos », ajoute Dominique Reynié.


Yves Clarisse 





Populismes : la pente fatale

Les partis populistes et xénophobes renaissent ou fleurissent partout en Europe, rencontrant des succès électoraux surprenants et de plus en plus souvent spectaculaires.

En France et en Belgique, les lois sur la burqa sont votées. En Suisse, un référendum contre les minarets est adopté. En Italie, des émeutes anti-immigrés ont lieu... Sur le terreau d'un mécontentement généré par l'épuisement financier du système social, les Européens développent une méfiance à l'égard des réalités multiculturelles auxquelles l'immigration les confronte. L'Europe s'inquiète ! Le discours politique s'empare de ce sinistre climat : le chef du parti travailliste britannique lance le mot d'ordre : " British jobs for British workers ! "

Tour à tour, en Europe, les chefs de gouvernement annoncent l'échec du multiculturalisme. Au fur et à mesure que se déploie la globalisation, les peuples deviennent de plus en plus sensibles aux folles sirènes de la xénophobie. Il faut une réponse politique adéquate à ce puissant phénomène de portée historique et potentiellement dévastateur. Il y a urgence : en 2015, il y aura moins de naissances que de décès.

Et si l'immigration était une chance pour le Vieux Continent ?




Dominique Reynié est professeur à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l'innovation politique. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'opinion publique, la vie politique française et européenne.





Au début des années 1980, Tahar Ben Jelloun écrit :

« La couleur de la peau, le son de la langue, l'odeur d'une cuisine, le bruit d'une fête peuvent déclencher la haine raciale. En tout cas, en France, le racisme militant a tué beaucoup d'Arabes, entre janvier 1970 et janvier 1980 : 68 Arabes tués, une centaine de blessés (chiffres officiels). Beaucoup de cafés et foyers arabes ont été mitraillés ou incendiés, surtout dans le sud de la France. La plupart des meurtres sont restés impunis. Il y eut même des acquittements pour des meurtres avec préméditation (le cas de Gérard Gosset, acquitté par la cour d'assises de Guéret en janvier 1978 ; il avait tué un travailleur algérien). »




***


Au plus profond de la haine : les groupuscules d'extrême-droite


lundi, mars 19, 2012

Hospitalité française





La presse étasunienne tire à boulet rouge sur Sarkozy l'Américain version Klu Klux Klan. L'extrême droitisation et la xénophobie du président français lui valent un sobriquet méprisant dans le Wall Street Journal : Nicolas Le Pen.

« Les attaques sur l'immigration sont une tentative pour courtiser les électeurs du Front national xénophobes de Marine Le Pen, pour le premier tour le 22 avril. La discussion sur l'immigration est généralement un prétexte pour l'anxiété française à propos de leur système d’État-providence incroyablement délabré. » C'est « une pensée assez laide, pas seulement pour les sentiment laids sur lesquels cela joue, mais aussi parce que c'est un exemple parfait d'analphabétisme économique. L'immigration est une chance, notamment pour la situation démographique de la France, et pour garder une population active assez large. L'assimilation devrait être la priorité », estiment les journalistes étasuniens.

Hospitalité française

En France, « une catégorie d'immigrés semble vivre bien ; ni résignée ni soumise, elle est même acceptée ; les Français la trouvent sympathique : il s'agit des épiciers. Discrets, efficaces, bons commerçants, ils rendent service parce qu'ils restent ouverts tard. Ils ont l'air d'avoir réussi dans leur exil. Certains, enrichis, sont rentrés au pays et ont ouvert des supermarchés. Ces émigrés heureux sont à part. Ils ne sont pas nombreux et ne semblent pas prendre le travail des Français.

Rien à voir avec ceux débarqués vers 1914. Durant la Première Guerre mondiale, la mobilisation générale a eu comme effet de priver la France d'une partie de sa main-d’œuvre. La France s'est trouvée en panne industrielle ; même les travailleurs venus d'autres pays européens (les Italiens, les Belges, les Polonais) ont dû quitter la France pour rejoindre l'armée de leur pays. Le ministre de l'Armement se mit à recruter de la main-d’œuvre là où elle était disponible. Cela fut insuffisant. Il réussit à engager quelque 150 000 hommes en Grèce, en Espagne, au Portugal et même en Italie. Reste, bien sûr, le réservoir des colonies : 132 000 Maghrébins vinrent faire tourner les machines des usines françaises. A ceux-là s'ajoutent les 175 000 soldats algériens, marocains, tunisiens, envoyés en première ligne défendre la France !

Les premiers travailleurs algériens à émigrer furent des Kabyles recrutés à la hâte par des industriels français à la fin du XIXe siècle. La guerre va instituer dans toute l'Europe le système du recours à la main-d’œuvre arabe, soumise, dominée politiquement et maintenue dans une misère particulière. Ainsi le lobby colonial au Maghreb, s'il était partisan d'envoyer des Arabes sur le front pendant la guerre, protestait contre le recrutement de travailleurs de peur de voir ces derniers s'enrichir en Europe et revenir au pays en position de force. Tout sera fait pour empêcher que l'émigration ne devienne une source d'enrichissement et aussi de libération. Bien au contraire, l'émigration a été pensée et instituée comme corollaire de la colonisation. Ainsi, la domination coloniale se poursuivait « à domicile ». Les Arabes devaient subir cette exploitation sur leur terre et ailleurs. Un décret du 2 avril 1917 créa en France la carte de séjour pour les étrangers de plus de quinze ans.

L’Europe pouvait disposer en toute impunité de cette main-d’œuvre qui ne savait plus quand elle était réquisitionnée pour mourir sur le front, ou pour descendre dans les mines, ou pour briser une grève de travailleurs européens. Ainsi, en août 1913, des mineurs belges se révoltèrent contre l'embauche au rabais d'ouvriers amenés d'Algérie.

Non qualifiés, non préparés, ils étaient utilisés à toutes les tâches, particulièrement les plus pénibles.

Après la Première Guerre mondiale, l'Europe a besoin d'hommes (3 millions de travailleurs manquant). Les Arabes survivants retournent chez eux. Mais la reprise économique impose de nouveaux recrutements. Rien qu'en France, le nombre des travailleurs étrangers passe de 1 417 000 en 1919 à 3 millions en 1930. On fit donc revenir les Nord-Africains qui rejoindront les Italiens, les Portugais et les Espagnols.

Le même scénario se reproduira avec la Seconde Guerre mondiale. La France aura une politique spécifique à l'égard des Algériens. Considérant que l'Algérie et la France sont un seul et même pays, Paris accorde aux Algériens, juste après la guerre, la liberté de circuler entre les deux pays. Il y aura alors une accélération de l'émigration algérienne en France, mais pas en Europe. Ce sera le tour des Marocains d'aller travailler en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas. Mais à cause des rapports particuliers entre la France et l'Algérie, l'émigration la plus importante sera celle des Algériens après celle des Portugais.

Avec le début de la guerre de libération en Algérie, cette population, jusqu'alors docile, dominée, exploitée depuis un demi-siècle, va se politiser. La guerre d'Algérie aura aussi lieu en France. En 1957, la communauté algérienne émigrée suivra les mots d'ordre de grève (huit jours de grève) lancés par le FLN et, en 1961, elle participera en masse aux manifestations des 17 et 18 octobre. »
Tahar Ben Jelloun


17 octobre 1961 :

dimanche, mars 18, 2012

Brèves de comptoir





... la radioactivité se concentre dans les champignons, ils vont dans les bois avec un compteur, et ils en trouvent des cageots et des cageots ces connards de Tchernobyl...

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Ils font des greffes de foie de porc sur des humains, c'est au point.
- Là normalement la Sécu, elle a pas à gueuler, le foie de porc c'est quinze balles.

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L'hindouisme se cherche encore.

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C'est des moines qui marchent pieds nus sur des braises au milieu des crève-la-faim, c'est vraiment provoquer avec l'odeur...

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Attention, ils vont vous laver le cerveau !
- J'y vais juste pour demander des renseignements.
- Attention, ils vont vous laver le cerveau.
- Oui, eh ben, ça lui fera pas de mal !

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Les anges ont pas de trou du cul.
Si t'as pas de sexe t'as pas de trou du cul puisque ça va ensemble.

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Tu fous le pape dans les bois pendant un mois et s'il bouge pas trop, en dessous la robe on devrait trouver des cèpes.

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Quelqu'un qui est mort et qui ressuscite, c'est normal, mais quelqu'un qui n'a jamais existé et qui ressuscite, alors là, je sais plus.

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La philosophie dans les cafés, la violence dans les lycées, c'était mieux avant quand c'était le contraire.

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J'aime pas me promener, je me promène dans ma tête, pour la boue aux chaussures c'est pas pareil c'est pas la même boue.

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Ils ne mangent pas, ils ne boivent pas mais ils travaillent.
- Depuis un an, je fais le ramadan à l'envers.

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La philosophie, j'en fais pour le plaisir mais j'en ferais pas mon métier.
- C'est payé mes couilles en plus.

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L'homme est violent naturellement, c'est biologique, c'est les cellules du cerveau, c'est dans la tronche.
Qu'est-ce que t'en sais ?
C'est dans la tronche.
Qu'est-ce que t'en sais ?
C'est le reste de la part animale de l'homme qui reste en nous.
Ah là ! Oui ! Là d'accord ! Il faut expliquer aussi.

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Je vais arrêter de mettre des croquettes pour les chats du quartier, l'hiver est fini, je ferme, comme les Restos du cœur.

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En Chine, y a pas les droits de l'homme et ça les empêche pas d'être des milliards...
Moins t'as les droits de l'homme, plus t'as d'hommes, c'est recta.

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... avec ce qu'on mange si on finit en Alien faudra pas pleurer !

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L'astrologue de la télé, il avait le sida, il le savait pas, vous parlez d'un astrologue...

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... Ce qu'il faudrait, c'est une révolution mentale.
... Une révolution mentale, les gens ne voudront jamais.

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Les vaches sont tombées malades en mangeant du mouton, comme quoi c'est plutôt le mouton qu'y faut pas manger, quand ta femme est malade avec les fruits de mer tu fous pas ta femme dehors, tu jettes les fruits de mer, de toute façon c'est pas possible que les vaches deviennent énormes en mangeant que de l'herbe, en mangeant que de la salade, on maigrit.

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L'intellectuel, il parle, il parle, mais à la fin c'est rien qu'une bouche à nourrir.

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Hitler, un truc qu'il a fait bien c'est les costumes.

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La justice, c'est que Dieu qui peut la rendre !
- Mais non.
- Que lui.
- Mais non, les dossiers sont trop compliqués maintenant.

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Elle traite ses rosiers avec du produit à pucerons et après elle aligne ses gosses pour leur traiter la tête contre les poux, elle fait tout le monde avec le même produit, quand on n'a pas d'argent, on fait comme on peut.
- Et puis c'est bien finalement de traiter ses enfants comme les rosiers.
- Je sais pas si c'est bien, c'est comme ça.
- Les poux, c'est un genre de pucerons.
- Je sais pas si c'est un genre de pucerons, c'est comme ça... en tout cas, elle a des belles roses, je sais pas si les petits ont des bonnes notes, mais les rosiers ont des belles roses.

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En tuant des moines les Arabes vont au paradis et les curés en se faisant égorger ils montent au paradis aussi, alors franchement je vois pas le problème... c'est des histoires entre eux... entre croyants... ça nous regarde pas... nous on pique une voiture et on va en taule... alors.., les tribunes de Roland-Garros, je te foutrais ça au boulot, moi!

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Bernard-Henri Lévy, on l'appelle philosophe parce qu'il vit avec une pouffiasse et qu'il arrive à la supporter, c'est pour ça.
- Il faut de la philosophie pour une conne pareille.
- Elle est belle cette femme, je trouve.
- Les philosophes, ils ont toujours des pouffiasses, Marx, tout ça, ils se tapaient des boudins.
- Connais pas la femme de Marx.
- Toutes les Russes de l'époque, c'est des boudins.
- Maintenant avec la mafia russe elles sont belles, c'est des putes.
- La fin du mur de Berlin, résultat les Russes, c'est des belles putes.
- À la limite c'est mieux.
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Jean-Marie Gourio


samedi, mars 17, 2012

Salon du Livre 2012





Carlyle disait : « La véritable université de nos jours est une collection de livres ».

Dans Esquisses morales et littéraires, Thomas Brunton écrit : « On a souvent dit et répété que les livres se font avec les livres et que rien n'est plus facile que de copier. Mais, pour rendre utiles tous les matériaux rassemblés en vue d'une publication spéciale, avoir de la justesse dans l'esprit et ramener toutes ses pensées sur un même sujet, préciser toutes les opinions, quel est le fond et la forme que l'on doit adopter, il faut s'éclairer de toutes les divergences, de toutes les critiques, et ne publier que ce qui a un intérêt indiscutable pour créer un livre substantiel. Il ne s'agit plus seulement de copier, il faut du discernement, du goût, du travail et de l'expérience ».

Le 32ème Salon du Livre se tient Porte de Versailles jusqu'au lundi 19 mars. Les organisateurs attendent plus de 200 000 visiteurs, ainsi que 30 000 professionnels (libraires...), 1200 éditeurs et 2500 auteurs.

Du développement personnel au développement essentiel

Reçu pour la circonstance, Du développement personnel au développement essentiel de Charles Antoni (l'auteur sera au Salon du Livre le dimanche 18) traite de la véritable méditation, de la contemplation, de la liberté, de la force interne qui fait la grandeur des hommes...

La conscience et le potentiel enfoui dans le tréfonds de l'être ne doivent plus être le domaine réservé des religions et des sectes. Chacun peut se réapproprier sa vie intérieure sans se soumettre aux dogmes ou à l'autocratisme d'un gourou. Pour cela, il est nécessaire de retrouver sa confiance en soi et de refuser que les autres décident pour soi-même.

Les pouvoirs religieux et séculiers ne cessent de dévaloriser les gens. Hier, l'Eglise stigmatisait les pécheurs. Aujourd'hui, la publicité voit un crétin dans chaque consommateur (Les sketchs publicitaires mettent souvent en scène des personnages immatures et stupides). Quant aux politiciens, ce sont des manipulateurs qui perpétuent leur odieux système oligarchique, repeint en bleu ou en rose selon le parti au gouvernement, en abusant du pouvoir de décider pour autrui. L'autre c'est le citoyen à qui l'on fait croire qu'une sorte d'indignité le rend incapable de participer directement à la vie de la cité.

Le livre de Charles Antoni permet de comprendre qu'il faut « prendre sa vie en main et en être totalement responsable ». Il contient des conseils qui peuvent mettre fin à toutes les formes de sujétion. C'est une clé de la véritable liberté.






Dédicaces des auteurs de L'Originel
Le dimanche 18 mars 2O12, de 15h à 21h

Charles Antoni, auteur de Verticalité et Du développement personnel au développement essentiel.

Franck Terreaux, auteur de L’Éveil pour les paresseux et de L'Art de ne pas faire.

Don Marcelino, auteur du Voyage sacré amérindien.


vendredi, mars 16, 2012

L'idolâtrie du « salut »





Une des erreurs qui entravent le plus sûrement la réalisation intemporelle de l'homme consiste à voir à cette réalisation un caractère contraignant. Dans bien des systèmes « spirituels », religieux ou autres, l'homme a le « devoir » de faire son « salut » ; on dénie toute valeur à tout ce qui est « temporel » et on concentre toute la réalité imaginable sur le « salut ». Qu'il y ait là encore une idolâtrie est pourtant évident puisque la réalisation, vue ainsi comme une chose qui en exclut d'autres, n'est donc qu'une chose parmi les autres, limitée et formelle, et qu'elle est vue en même temps comme seule « sacrée » et incommensurablement supérieure à tout le reste. Toute la réalité déterminante, asservissante, dont l'homme dotait telles ou telles entreprises « temporelles » se cristallise maintenant sur l'entreprise du « salut », et cette entreprise devient la plus déterminante, la plus asservissante qui se puisse concevoir. Réalisation signifiant libération, on arrive à ce paradoxe absurde que l'homme est soumis au devoir contraignant d'être libre. L'angoisse de l'homme se concentre donc sur cette question de son salut ; il tremble à la pensée qu'il puisse mourir avant d'avoir atteint sa délivrance. Une si grave erreur de compréhension entraîne nécessairement inquiétude, agitation intérieure, sentiment d'indignité, crispation égotiste sur soi-même-en-tant-que-distinct, c'est-à-dire qu'elle interdit la pacification intérieure, la réconciliation avec soi-même, le désintérêt envers soi-en-tant-que-distinct, la diminution des émotions, en somme tout le climat intérieur de détente qui conditionne le déclenchement du satori (éveil).

L'homme qui se trompe ainsi pourrait cependant réfléchir un peu mieux. Il n'y a de devoir que par rapport à une autorité qui l'impose. Le fidèle de telle ou telle religion dira que « Dieu » est cette autorité qui lui impose le devoir de son salut. Mais qu'est donc ce « Dieu » qui en m'imposant quelque chose, est distinct de moi et a besoin de mon action ? Tout n'est donc pas inclus en sa parfaite harmonie ?

La même erreur se retrouve chez certains hommes assez évolués intellectuellement pour ne plus croire en un « Dieu » personnel. Ils semblent du moins ne plus y croire. Si l'on regarde de plus près, on voit qu'ils y croient encore. Ils imaginent leur satori, et eux-mêmes après le satori, et c'est là leur « Dieu » personnel, idole contraignante, inquiétante, implacable. Il faut qu'ils se réalisent, qu'ils se libèrent, ils s'effraient à la pensée de n'y pas parvenir, ils s'exaltent devant tel phénomène intérieur qui leur donne espoir. Il y a là « ambition spirituelle » qui s'accompagne nécessaire-ment de l'idée absurde du « Surhomme » qu'il s'agit de devenir, avec revendication de ce devenir, et angoisse.

Cette erreur entraîne, d'une façon fatalement logique, le besoin d'enseigner autrui. Notre attitude envers autrui est calquée sur notre attitude envers nous-mêmes. Si je crois qu'il me faut faire mon « salut », je ne puis éviter de croire qu'il me faut amener autrui à faire le sien. Si la relative vérité que je possède est associée en moi à un « devoir » de vivre cette vérité — devoir dépendant d'une idolâtrie consciente ou non — la pensée me vient nécessairement qu'il est de mon « devoir » de communiquer ma vérité à autrui. Au maximum, ceci donne l'Inquisition et les Dragonnades ; au minimum, ces innombrables églises, grandes et petites, qui, tout au long de l'Histoire, ont travaillé activement à influencer le mental d'hommes qui ne leur posaient aucune question, d'hommes qui, comme on dit familière-ment, ne leur demandaient rien. La réfutation de cette erreur que nous étudions en ce moment est parfaitement exposée dans le Zen (Ch'an), et, à notre connaissance, elle ne l'est parfaitement que là. Le Zen (Ch'an) dit à l'homme qu'il est libre dès maintenant, qu'il n'existe aucune chaîne dont il ait à s'affranchir ; il a seulement des illusions de chaînes. L'homme jouira de sa liberté dès qu'il cessera de croire qu'il a à se libérer, dès qu'il aura rejeté de ses épaules le terrible « devoir » du « salut ». Le Zen (Ch'an) montre le néant de toute croyance en un « Dieu » personnel, et la contrainte déplorable qui découle nécessairement de cette croyance. Il dit : « Ne mettez pas de tête au-dessus de la vôtre » ; il dit aussi : « Ne cherchez pas la vérité : cessez seulement de chérir des opinions. »

Pourquoi donc alors, diront certains, l'homme travaillerait-il à obtenir le satori ? Poser une telle question suppose absurdement que l'homme ne puisse s'efforcer vers le satori que sous la contrainte d'un devoir. Le satori représente la fin de cette angoisse qui est actuellement au centre de toute ma vie psychique et dont mes joies ne sont que des trêves ; est-il intelligent de me demander pourquoi je travaille à obtenir ce soulagement complet et définitif ? Si on persiste à me le demander, je répondrai : « Parce que ma vie sera tellement plus agréable ensuite. » Et, si ma compréhension est juste, je ne crains pas que la mort vienne, aujourd'hui ou demain, interrompre mes efforts avant leur aboutissement ; le problème de ma souffrance cessant avec moi, pourquoi m'inquiéterais-je de ne plus pouvoir le résoudre ?

Une juste compréhension, d'autre part, n'interdit pas plus d'enseigner autrui qu'elle n'oblige à le faire ; une telle interdiction représenterait une obligation aussi erronée que la première. Mais l'homme qui a compris que sa propre réalisation ne lui est en aucune façon un devoir se borne à répondre si on l'interroge ; s'il prend l'initiative de parler, ce sera seulement pour proposer avec discrétion telles idées, sans éprouver aucun besoin d'être compris. Il est semblable à un homme qui, possédant chez lui quelques nourritures saines en excédent, ouvrirait sa porte ; si tel passant reconnaît ces nourritures et entre pour en user, c'est bien ; si tel autre n'entre pas, c'est tout aussi bien. Nos émotions, nos convoitises et nos peurs, n'ont aucune place dans une juste compréhension.

Hubert Benoit



Le Ch'an

Le véritable Ch'an a totalement disparu des organisations contemporaines. En Chine, le Ch'an, plus particulièrement sous la dynastie des Tang, était la synthèse du bouddhisme et du taoïsme libertaire. Pour comprendre le Ch'an, il faut lire le philosophe taoïste Tchouang-tseu.

Hubert Benoit était l'ami du japonais Daisetsu Teitaro Suzuki (1870-1966), célèbre érudit du bouddhisme Zen qui était imbu du sentiment de supériorité des Nippons à l'égard de la Chine. Hubert Benoit n'aurait pas dû utiliser le mot Zen pour désigner le Ch'an chinois.

Le Zen et le mythe de la « bonne guerre »

Éliminer « l'axe du mal » disent les uns, éliminer « les ennemis du Dharma, d'Allah ou de l’Église », disent les autres. En réalité, ils disent la même chose c'est un appel à la guerre « sainte », une guerre qui, utilisant l'idéologie religieuse dominante de l'époque, défend les privilèges du pouvoir. Le Zen, école bouddhiste du Japon, connaît également ce langage depuis des siècles : « pendant six cents ans, s'est vanté un maître Zen, l'école Rinzaï a été occupée à l'amélioration de la force militaire. Pendant des siècles, le Zen a été intimement lié au meurtre ». C'est l'analyse qui ressort d'un livre richement documenté, « Le Zen en guerre » écrit par Brian Victoria, un moine Zen Sôtô de Nouvelle-Zélande et « senior lecturer » au Centre d'études asiatiques de l'université d'Adelaïde en Australie. Devenu moine Sôtô, il connut une violente fracture intellectuelle lorsqu'il fut confronté au versant sombre du Bouddhisme Zen. Nous saluons avec respect ce moine bouddhiste occidental qui a eu le courage de son engagement, intérieur et extérieur. Grâce à un travail personnel, il apprit l'implication des institutions zen dans les guerres qui ont secoué l'Asie et le monde entier au cours du siècle dernier. Ces guerres furent déclarées « justes » ou « saintes » par les plus grands patriarches des deux écoles principales du Zen nippon : Sôtô et Rinzaï. Toutes deux y ont apporté leur soutien en hommes, en armes et, surtout, en propagande idéologique. « Le bouddhisme, religion de compassion, est devenu dans le Japon moderne une religion dont les meneurs ont tous, pratiquement sans exception, accordé leur soutien au militarisme », écrit Brian Victoria. Sawaki Kodo (1880-1965), un des grand patriarches Zen du 20ème siècle, à l'instar de bien d'autres maîtres, arguait que si l'on tue sans penser, dans un état de non-pensée ou de non-ego, cet acte est alors une expression de l’Éveil de l'esprit. Servant comme soldat dans les troupes impériales, il rapportait, exalté, comment lui et ses camarades s'étaient « régalés à tuer des gens ». C'est aussi cet état de transe spirituelle que les lamas tibétains devaient atteindre lors de certains rituels tantriques qui se soldaient par des sacrifices humains et par des viols collectifs « sacrés ». Le colonel Aizama Saburo résuma cet état d'esprit par cette phrase : « J'étais dans la sphère de l'Absolu, il n'y avait plus ni affirmation, ni négation, ni bien, ni mal ». Si le Tibet a offert à l'Allemagne nazie un modèle de l'initiation guerrière, le Japon a insufflé aux jeunes nazillons l'esprit du sacrifice et du « vent divin » (ou « kamikaze »).

Shaku Sôen (1859-1919) fut un des premiers maîtres à avoir fait, avec enthousiasme, de la guerre une pratique zen. Il fut aussi le premier maître zen à se rendre aux États-Unis. En 1893, il fut invité au Parlement mondial des religions qui se tint à Chicago. Selon lui, comme tout relève d'une essence unique, la guerre et la paix sont foncièrement identiques. Il écrivait : « tout reflète la gloire du Bouddha, y compris la guerre. Comme le dessein principal du Bouddha était de soumettre le mal, et comme les ennemis du Japon étaient intrinsèquement mauvais, la guerre contre le mal était donc l'essence du Bouddhisme ». Au milieu du 20ème siècle, les ennemis du Japon étaient principalement le Parti Communiste Chinois ; et Seki Seisetsu (1877-1945), d'appeler à « l'extermination des démons rouges communistes au Japon et en Chine ». Soutenu par l'idéal du Zen, le Japon avait déjà fait des millions de morts en Chine. A ce décompte macabre devraient encore s'ajouter les centaines de milliers de morts de « l'Holocauste oublié de Nankin », comme le nomme Iris Chang. Cela faisait des décennies que les dirigeants japonais diabolisaient les Chinois, qui, selon l'expression de Soên et de son célèbre disciple, D.T. Suzuki, étaient des « païens insoumis ». « Vous ne devez pas considérer les Chinois comme des êtres humains, ils ne sont rien, moins que des chiens ou des chats », devaient entendre les soldats japonais de la part de leurs généraux. Dès lors, à la fin de l'année 1937, pendant sept semaines, les troupes nipponnes commirent « une orgie d'une cruauté rarement, voire jamais égalée dans l'histoire du monde. Ils assassinèrent, violèrent et torturèrent près de 350.000 civils chinois. Dans ce bain de sang, plus de gens moururent qu'à Hiroshima et Nagasaki réunis. Pendant des mois, la ville fut remplie d'amas de cadavres en décomposition ». Est-ce parce qu'il a touché une Chine rebelle qu'on ne parle jamais de cet holocauste ?

Élisabeth Martens  



"Tandis que l'Europe est en proie à la montée en puissance d'Hitler, à l'autre bout du monde, les Japonais ont entrepris d'envahir la Chine. Depuis 30 ans John RABE vit à Nankin où il dirige l'usine Siemens qui y construit un générateur gigantesque et un barrage, quand il apprend, qu'il est rappelé à Berlin et que l'usine de Nankin va être confiée à FLIESS, un Nazi convaincu pour lequel il n'éprouve que du mépris. Mais lors du bal donné pour son départ, Nankin est bombardé par des avions japonais. Les habitants sont terrorisés et RABE leur ouvre les grilles de Siemens pour leur offrir un refuge, sauvant ainsi la vie de plusieurs centaines de personnes.

Le lendemain, les diplomates étrangers discutent de la conduite à adopter dans ce contexte critique et décident de mettre en place une zone de sécurité pour civils à Nankin afin de protéger la population chinoise. JOHN RABE est choisi pour diriger cette zone.

Tandis que l'armée impériale japonaise se déchaîne et se livre à des brutalités, décapitations, meurtres et viols sur la population civile, 250.000 chinois affluent dans la zone de sécurité. Les Japonais projettent alors d'utiliser un prétexte pour l'attaquer. C'est le début pour RABE et ses camarades d'une lutte incessante..."

Dessins :

Reiser.

jeudi, mars 15, 2012

Chaos, apocalypse : notre fin est-elle écrite ?





Parce que de nombreuses personnes s'inquiètent de l'augmentation du nombre de catastrophes qui frappent l'humanité depuis le début de l'an 2000, 20 % de plus par rapport à la décade 1990-1999, la chaîne mercantile Direct 8 espérait attirer les téléspectateurs en diffusant un documentaire qui tente de remettre au goût du jour l'Apocalypse biblique. Mais l'interprétation du texte de Jean de Patmos n'est certainement pas le point fort de ceux qui ont réalisé « Chaos, apocalypse : notre fin est-elle écrite ? ».

Des sectes religieuses affirment que la pollution généralisée, les catastrophes nucléaires, les séismes, le dérèglement climatique, les injustices sociales, la crise économique sont les signes avant-coureurs de la grande fureur de Dieu du 21 décembre 2012.

Pour d'autres sectes, comme les Témoins de Jéhovah, l'apocalypse n'aura pas lieu en 2012 : « N'en déplaise aux chefs religieux annonçant le malheur, aux pseudoscientifiques et à tous les autres pronostiqueurs du XXIe siècle, la terre existera encore longtemps. En effet, la planète Terre ne sera pas frappée par un cataclysme en 2012, ni plus tard ». Espérons que les Témoins de Jéhovah, détenteurs du record des prédictions ratées, ne se trompent pas une fois de plus.

De son côté, Nostradamus n'a jamais prédit que la fin du monde se produira en 2012. Au contraire, les quatrains IV, 39 , X, 74 et VII, 41 du célèbre prophète révèlent que l'humanité connaîtra la paix universelle et l'Âge d'or à partir de 2025 (selon Jean-Charles de Fontbrune, Nostradamus, biographie et prophéties jusqu'en 2025).

Plus étrange, dès les années 1950, l'initié Rose-croix J. Rijchenborgh dénonce les effets négatifs des rituels tibétains sur l'humanité. Mais là aussi un dénouement heureux est envisagé : « La crise qui secoue notre époque et le cours naturel des choses dans les royaumes terrestres vont engendrer une résistance contre la magie des lamas qui est en voie d'atteindre le point culminant de sa puissance.
Ceci (le texte de dénonciation du lamaïsme de Rijchenborgh) annonce le commencement de son déclin et de son processus de désintégration. » Rijchenborgh, Lumière sur le Tibet.


Chaos, apocalypse : notre fin est-elle écrite ?



Direct 8 replay

Des apparitions et d'autres phénomènes surnaturels

Hologramme de dragon projeté dans le ciel lors d'un match de baseball en Corée du Sud. Fox News : "Le Vatican s'apprête à publi...