Les
textes de Jean Rousselet sur le travail (travail & pensée chrétienne (I), travail & pensée libérale (II), travail & pensée socialiste, utopique et marxiste (III) sont accompagnés de
vidéos extraites du film documentaire De la servitude moderne.
De
la servitude moderne dénonce l'odieux système totalitaire
marchand actuellement ratifié
par les politiciens de tous les partis politiques. Ce système
serait-il inspiré par le tréfonds infernal de la psyché collective
ou, comme de croyait René Guénon, par un inquiétant inframonde ?
« De
la servitude moderne est un livre et un film documentaire de
52 minutes produits de manière totalement indépendante ; le
livre (et le DVD qu’il contient) est distribué gratuitement dans
certains lieux alternatifs en France et en Amérique latine. Le texte
a été écrit en Jamaïque en octobre 2007 et le documentaire a été
achevé en Colombie en mai 2009. Il existe en version française,
anglaise et espagnole. Le film est élaboré à partir d’images
détournées, essentiellement issues de films de fiction et de
documentaires.
L’objectif
central de ce film est de mettre à jour la condition de l’esclave
moderne dans le cadre du système totalitaire marchand et de rendre
visible les formes de mystification qui occultent cette condition
servile. Il a été fait dans le seul but d’attaquer frontalement
l’organisation dominante du monde.
Dans l’immense
champ de bataille de la guerre civile mondiale, le langage constitue
une arme de choix. Il s’agit d’appeler effectivement les choses
par leur nom et de faire découvrir l’essence cachée de ces
réalités par la manière dont on les nomme. La démocratie libérale
est un mythe en cela que l’organisation dominante du monde n’a
rien de démocratique ni même rien de libérale. Il est donc urgent
de substituer au mythe de la démocratie libérale sa réalité
concrète de système totalitaire marchand et de répandre cette
nouvelle expression comme une traînée de poudre prête à incendier
les esprits en révélant la nature profonde de la domination
présente.
D’aucuns
espéreront trouver ici des solutions ou des réponses toutes faites,
genre petit manuel de « Comment faire la révolution ? ».
Tel n’est pas le propos de ce film. Il s’agit ici de faire la
critique exacte de la société qu’il nous faut combattre. Ce film
est avant tout un outil militant qui a pour vocation de faire
s’interroger le plus grand nombre et de répandre la critique
partout où elle n’a pas accès. Les solutions, les éléments de
programme, c’est ensemble qu’il faut les construire. Et c’est
avant tout dans la pratique qu’elles éclatent au grand jour. Nous
n’avons pas besoin d’un gourou qui vienne nous expliquer comment
nous devons agir. La liberté d’action doit être notre
caractéristique principale. Ceux qui veulent rester des esclaves
attendent l’homme providentiel ou l’œuvre qu’il suffirait de
suivre à la lettre pour être plus libre. On en a trop vu de ces
œuvres ou de ces hommes dans toute l’histoire du XXe siècle qui
se sont proposés de constituer l’avant-garde révolutionnaire et
de conduire le prolétariat vers la libération de sa condition. Les
résultats cauchemardesques parlent d’eux-mêmes.
Par ailleurs, nous condamnons toutes les religions en cela qu’elles sont génératrices d’illusions nous permettant d’accepter notre sordide condition de dominés et qu’elles mentent ou déraisonnent sur à peu près tout. Mais nous condamnons également toute stigmatisation d’une religion en particulier. Les adeptes du complot sioniste ou du péril islamiste sont de pauvres têtes mystifiées qui confondent la critique radicale avec la haine et le dédain. Ils ne sont capables de produire que de la boue. Si certains d’entre eux se disent révolutionnaires, c’est davantage en référence aux « révolutions nationales » des années 1930-1940 qu’à la véritable révolution libératrice à laquelle nous aspirons. La recherche d’un bouc émissaire en fonction de son appartenance religieuse ou ethnique est vieille comme la civilisation et elle n’est que le produit des frustrations de ceux qui cherchent des réponses rapides et simples face au véritable mal qui nous accable. Il ne peut y avoir d’ambiguïté sur la nature de notre combat. Nous sommes favorables à l’émancipation de l’humanité toute entière, sans aucune forme de discrimination. Tout pour tous est l’essence du programme révolutionnaire auquel nous adhérons.
Les références
qui ont inspiré ce travail et plus généralement ma vie sont
explicites dans ce film : Diogène de Sinoppe, Étienne de La
Boétie, Karl Marx et Guy Debord. Je ne m’en cache pas et ne
prétend pas avoir inventé l’électricité. On me reconnaîtra
simplement le mérite d’avoir su m’en servir pour m’éclairer.
Quand à ceux qui trouveront à redire sur cette œuvre en tant
qu’elle ne serait pas assez révolutionnaire ou bien trop radicale
ou encore pessimiste n’ont qu’à proposer leur propre vision du
monde dans lequel nous vivons. Plus nous serons nombreux à diffuser
ces idées et plus la possibilité d’un changement radical pourra
émerger.
La crise
économique, sociale et politique a révélé la faillite patente du
système totalitaire marchand. Une brèche est ouverte.Il s’agit
maintenant de s’y engouffrer sans peur mais de manière
stratégique. Il faut cependant agir vite car le pouvoir, parfaitement informé sur l’état des lieux de la radicalisation de
la contestation, prépare une attaque préventive sans commune mesure
avec ce que nous avons connu jusqu’à maintenant. L’urgence des
temps nous impose donc l’unité plutôt que la division car ce qui
nous rassemble est bien plus profond que ce qui nous sépare. Il est
toujours très commode de critiquer ce qui se fait du côté des
organisations, des individus ou des différents groupes qui se
réclament de la révolution sociale. Mais en réalité, ces
critiques participent de la volonté d’immobilisme qui tente de
nous convaincre que rien n’est possible. Il ne faut pas se tromper
d’ennemis. Les vieilles querelles de chapelle du camp
révolutionnaire doivent laisser la place à l’unité d’action de
toutes nos forces. Il faut douter de tout, même du doute.
Le texte et le
film sont libres de droits, ils peuvent être copiés, diffusés,
projetés sans la moindre forme de contrainte. Ils sont par ailleurs
totalement gratuits et ne peuvent en aucun cas être vendus ou
commercialisés sous quelque forme que ce soit. Il serait en effet
pour le moins incohérent de proposer une marchandise qui aurait pour
vocation de critiquer l’omniprésence de la marchandise. La lutte
contre la propriété privée, intellectuelle ou autre, est notre
force de frappe contre la domination présente.
Ce film qui est
diffusé en dehors de tout circuit légal ou commercial ne peut
exister que grâce à l’appui de personnes qui en organisent la
diffusion ou la projection. Il ne nous appartient pas, il appartient
à ceux qui voudront bien s’en saisir pour le jeter dans le feu des
combats. »
Jean-François
Brient et Victor León Fuentes
De
la servitude moderne
Chapitre
I :
Épigraphe
«
Mon optimisme est basé sur la certitude que cette civilisation va
s’effondrer.
Mon
pessimisme sur tout ce qu’elle fait pour nous entraîner dans sa
chute. »
Chapitre
II :
La
servitude moderne
"Quelle
époque terrible que celle où des idiots dirigent des aveugles."
William
Shakespeare
La
servitude moderne est une servitude volontaire, consentie par la
foule des esclaves qui rampent à la surface de la Terre. Ils
achètent eux-mêmes toutes les marchandises qui les asservissent
toujours un peu plus. Ils courent eux-mêmes derrière un travail
toujours plus aliénant, que l’on consent généreusement à leur
donner, s’ils sont suffisamment sages. Ils choisissent eux-mêmes
les maîtres qu’ils devront servir. Pour que cette tragédie mêlée
d’absurdité ait pu se mettre en place, il a fallu tout d’abord
ôter aux membres de cette classe toute conscience de son
exploitation et de son aliénation. Voila bien l’étrange modernité
de notre époque. Contrairement aux esclaves de l’Antiquité, aux
serfs du Moyen-âge ou aux ouvriers des premières révolutions
industrielles, nous sommes aujourd’hui devant une classe totalement
asservie mais qui ne le sait pas ou plutôt qui ne veut
pas le savoir. Ils ignorent par conséquent la révolte qui devrait
être la seule réaction légitime des exploités. Ils acceptent sans
discuter la vie pitoyable que l’on a construite pour eux. Le
renoncement et la résignation sont la source de leur malheur.
Voilà
le mauvais rêve des esclaves modernes qui n’aspirent finalement
qu’à se laisser aller dans la danse macabre du système de
l’aliénation.
L’oppression
se modernise en étendant partout les formes de mystification qui
permettent d’occulter notre condition d’esclave.
Montrer
la réalité telle qu’elle est vraiment et non telle qu’elle est
présentée par le pouvoir constitue la subversion la plus
authentique.
Seule
la vérité est révolutionnaire.
Chapitre
III :
L’aménagement
du territoire et l’habitat
«
L’urbanisme est cette prise de possession de l’environnement
naturel et humain par le capitalisme qui, se développant
logiquement en domination absolue, peut et doit maintenant refaire
la totalité de l’espace comme son propre décor. »
La
Société du Spectacle, Guy Debord.
À
mesure qu’ils construisent leur monde par la force de leur travail
aliéné, le décor de ce monde devient la prison dans laquelle il
leur faudra vivre. Un monde sordide, sans saveur ni odeur, qui porte
en lui la misère du mode de production dominant.
Ce
décor est en perpétuel construction. Rien n’y est stable. La
réfection permanente de l’espace qui nous entoure trouve sa
justification dans l’amnésie généralisée et l’insécurité
dans lesquelles doivent vivre ses habitants. Il s’agit de tout
refaire à l’image du système : le monde devient tous les jours un
peu plus sale et bruyant, comme une usine.
Chaque
parcelle de ce monde est la propriété d’un État ou d’un
particulier. Ce vol social qu’est l’appropriation exclusive du
sol se trouve matérialisé dans l’omniprésence des murs, des
barreaux, des clôtures, des barrières et des frontières… ils
sont la trace visible de cette séparation qui envahit tout.
Mais
parallèlement, l’unification de l’espace selon les intérêts
de la culture marchande est le grand objectif de notre triste époque.
Le monde doit devenir une immense autoroute, rationalisée à
l’extrême, pour faciliter le transport des marchandises. Tout
obstacle, naturel ou humain doit être détruit.
L’habitat
dans lequel s’entasse cette masse servile est à l’image de leur
vie : il ressemble à des cages, à des prisons, à des cavernes.
Mais contrairement aux esclaves ou aux prisonniers, l’exploité des
temps modernes doit payer sa cage.
«
Car ce n’est pas l’homme mais le monde qui est devenu un anormal.
»
Antonin
Artaud
Chapitre
IV :
La
marchandise
«
Une marchandise paraît au premier coup d'œil quelque chose de
trivial et qui se comprend de soi-même. Notre analyse a montré au
contraire que c'est une chose très complexe, pleine de subtilité
métaphysique et d'arguties théologiques. »
Le
Capital, Karl Marx
Et
c’est dans ce logis étroit et lugubre qu’il entasse les
nouvelles marchandises qui devraient, selon les messages
publicitaires omniprésents, lui apporter le bonheur et la plénitude.
Mais plus il accumule des marchandises et plus la possibilité
d’accéder un jour au bonheur s’éloigne de lui.
«
A quoi sert à un homme de tout posséder s’il perd son âme. »
Marc
8 ; 36
La
marchandise, idéologique par essence, dépossède de son travail
celui qui la produit et dépossède de sa vie celui qui la
consomme. Dans le système économique dominant, ce n’est plus
la demande qui conditionne l’offre mais l’offre qui détermine la
demande. C’est ainsi que de manière périodique, de nouveaux
besoins sont créés qui sont vite considérés comme des besoins
vitaux par l’immense majorité de la population : ce fut d’abord
la radio, puis la voiture, la télévision, l’ordinateur et
maintenant le téléphone portable.
Toutes
ces marchandises, distribuées massivement en un lapse de temps très
limité, modifient en profondeur les relations humaines : elles
servent d’une part à isoler les hommes un peu plus de leur
semblable et d’autre part à diffuser les messages dominants du
système. Les choses qu’on possède finissent par nous posséder.
Chapitre
V :
L’alimentation
«
Ce qui est une nourriture pour l’un est un poison pour l’autre. »
Paracelse
Mais
c’est encore lorsqu’il s’alimente que l’esclave moderne
illustre le mieux l’état de décrépitude dans lequel il se
trouve. Disposant d’un temps toujours plus limité pour préparer
la nourriture qu’il ingurgite, il en est réduit à consommer à la
va-vite ce que l’industrie agrochimique produit. Il erre dans les
supermarchés à la recherche des ersatz que la société de la
fausse abondance consent à lui donner. Là encore, il n’a plus que
l’illusion du choix. L’abondance des produits alimentaires ne
dissimule que leur dégradation et leur falsification. Il ne s’agit
bien notoirement que d’organismes génétiquement modifiés, d’un
mélange de colorants et de conservateurs, de pesticides, d’hormones
et autres inventions de la modernité. Le plaisir immédiat est la
règle du mode d’alimentation dominant, de même qu’il est la
règle de toutes les formes de consommation. Et les conséquences
sont là qui illustrent cette manière de s’alimenter.
Mais c’est face au dénuement du plus grand nombre que l’homme occidental se réjouit de sa position et de sa consommation frénétique. Pourtant, la misère est partout où règne la société totalitaire marchande. Le manque est le revers de la médaille de la fausse abondance. Et dans un système qui érige l’inégalité comme critère de progrès, même si la production agrochimique est suffisante pour nourrir la totalité de la population mondiale, la faim ne devra jamais disparaître.
« Ils se sont persuadés que l’homme, espèce pécheresse entre toutes, domine la création. Toutes les autres créatures n’auraient été créées que pour lui procurer de la nourriture, des fourrures, pour être martyrisées, exterminées. »
Isaac
Bashevis Singer
L’autre conséquence de la fausse abondance alimentaire est la généralisation des usines concentrationnaires et l’extermination massive et barbare des espèces qui servent à nourrir les esclaves. Là se trouve l’essence même du mode de production dominant. La vie et l’humanité ne résistent pas face au désir de profit de quelques uns.
Chapitre
VI :
La
destruction de l’environnement
«
C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le
genre humain ne l’écoute pas. »
Victor
Hugo
Le
pillage des ressources de la planète, l’abondante production
d’énergie ou de marchandises, les rejets et autres déchets de la
consommation ostentatoire hypothèquent gravement les chances de
survie de notre Terre et des espèces qui la peuplent. Mais pour
laisser libre court au capitalisme sauvage, la croissance ne doit
jamais s’arrêter. Il faut produire, produire et reproduire
encore.
Et ce sont les mêmes pollueurs qui se présentent aujourd’hui comme les sauveurs potentiels de la planète. Ces imbéciles du show business subventionnés par les firmes multinationales essayent de nous convaincre qu’un simple changement de nos habitudes de vie suffirait à sauver la planète du désastre. Et pendant qu’ils nous culpabilisent, ils continuent à polluer sans cesse notre environnement et notre esprit. Ces pauvres thèses pseudo-écologiques sont reprises en cœur par tous les politiciens véreux à cours de slogan publicitaire. Mais ils se gardent bien de proposer un changement radical dans le système de production. Il s’agit comme toujours de changer quelques détails pour que tout puisse rester comme avant.
Et ce sont les mêmes pollueurs qui se présentent aujourd’hui comme les sauveurs potentiels de la planète. Ces imbéciles du show business subventionnés par les firmes multinationales essayent de nous convaincre qu’un simple changement de nos habitudes de vie suffirait à sauver la planète du désastre. Et pendant qu’ils nous culpabilisent, ils continuent à polluer sans cesse notre environnement et notre esprit. Ces pauvres thèses pseudo-écologiques sont reprises en cœur par tous les politiciens véreux à cours de slogan publicitaire. Mais ils se gardent bien de proposer un changement radical dans le système de production. Il s’agit comme toujours de changer quelques détails pour que tout puisse rester comme avant.
Chapitre VII :
Le
travail
Travail,
du latin Tri Palium trois pieux, instrument de torture.
Mais
pour entrer dans la ronde de la consommation frénétique, il faut de
l’argent et pour avoir de l’argent, il faut travailler,
c'est-à-dire se vendre. Le système dominant a fait du travail sa
principale valeur. Et les esclaves doivent travailler toujours plus
pour payer à crédit leur vie misérable. Ils s’épuisent dans le
travail, perdent la plus grande part de leur force vitale et
subissent les pires humiliations. Ils passent toute leur vie à une
activité fatigante et ennuyeuse pour le profit de quelques
uns.
L’invention du chômage moderne est là pour les effrayer et les faire remercier sans cesse le pouvoir de se montrer généreux avec eux. Que pourraient-ils bien faire sans cette torture qu’est le travail ? Et ce sont ces activités aliénantes que l’on présente comme une libération. Quelle déchéance et quelle misère !
Toujours pressés par le chronomètre ou par le fouet, chaque geste des esclaves est calculé afin d’augmenter la productivité. L’organisation scientifique du travail constitue l’essence même de la dépossession des travailleurs, à la fois du fruit de leur travail mais aussi du temps qu’ils passent à la production automatique des marchandises ou des services. Le rôle du travailleur se confond avec celui d’une machine dans les usines, avec celui d’un ordinateur dans les bureaux. Le temps payé ne revient plus.
Ainsi, chaque travailleur est assigné à une tache répétitive, qu’elle soit intellectuelle ou physique. Il est spécialiste dans son domaine de production. Cette spécialisation se retrouve à l’échelle de la planète dans le cadre de la division internationale du travail. On conçoit en occident, on produit en Asie et l’on meurt en Afrique.
L’invention du chômage moderne est là pour les effrayer et les faire remercier sans cesse le pouvoir de se montrer généreux avec eux. Que pourraient-ils bien faire sans cette torture qu’est le travail ? Et ce sont ces activités aliénantes que l’on présente comme une libération. Quelle déchéance et quelle misère !
Toujours pressés par le chronomètre ou par le fouet, chaque geste des esclaves est calculé afin d’augmenter la productivité. L’organisation scientifique du travail constitue l’essence même de la dépossession des travailleurs, à la fois du fruit de leur travail mais aussi du temps qu’ils passent à la production automatique des marchandises ou des services. Le rôle du travailleur se confond avec celui d’une machine dans les usines, avec celui d’un ordinateur dans les bureaux. Le temps payé ne revient plus.
Ainsi, chaque travailleur est assigné à une tache répétitive, qu’elle soit intellectuelle ou physique. Il est spécialiste dans son domaine de production. Cette spécialisation se retrouve à l’échelle de la planète dans le cadre de la division internationale du travail. On conçoit en occident, on produit en Asie et l’on meurt en Afrique.
Chapitre
VIII :
La
colonisation de tous les secteurs de la vie
« C’est l’homme tout entier qui est conditionné au comportement productif par l’organisation du travail, et hors de l’usine il garde la même peau et la même tête. »
Christophe
Dejours
L’esclave moderne aurait pu se contenter de sa servitude au travail, mais à mesure que le système de production colonise tous les secteurs de la vie, le dominé perd son temps dans les loisirs, les divertissements et les vacances organisées. Aucun moment de son quotidien n’échappe à l’emprise du système. Chaque instant de sa vie a été envahi. C’est un esclave à temps plein.
Chapitre IX :
La
médecine marchande
« La médecine fait mourir plus longtemps. »
Plutarque
La
dégradation généralisée de son environnement, de l’air qu’il
respire et de la nourriture qu’il consomme ; le stress de ses
conditions de travail et de l’ensemble de sa vie sociale, sont à
l’origine des nouvelles maladies de l’esclave moderne.
Il est malade de sa condition servile et aucune médecine ne pourra jamais remédier à ce mal. Seule la libération la plus complète de la condition dans laquelle il se trouve enfermé peut permettre à l’esclave moderne de se libérer de ses souffrances.
La médecine occidentale ne connaît qu’un remède face aux maux dont souffrent les esclaves modernes : la mutilation. C’est à base de chirurgie, d’antibiotique ou de chimiothérapie que l’on traite les patients de la médecine marchande. On s’attaque aux conséquences du mal sans jamais en chercher la cause. Cela se comprend autant que cela s’explique : cette recherche nous conduirait inévitablement vers une condamnation sans appel de l’organisation sociale dans son ensemble.
De même qu’il a transformé tous les détails de notre monde en simple marchandise, le système présent a fait de notre corps une marchandise, un objet d’étude et d’expérience livré aux apprentis sorciers de la médecine marchande et de la biologie moléculaire. Et les maîtres du monde sont déjà prêts à breveter le vivant.
Le séquençage complet de l’ADN du génome humain est le point de départ d’une nouvelle stratégie mise en place par le pouvoir. Le décodage génétique n’a d’autres buts que d’amplifier considérablement les formes de domination et de contrôle.
Notre corps lui-aussi, après tant d’autres choses, nous a échappé.
Chapitre X :
L’obéissance
comme seconde nature
« À force d’obéir, on obtient des réflexes de soumission. »
Anonyme
Le
meilleur de sa vie lui échappe mais il continue car il a l’habitude
d’obéir depuis toujours. L’obéissance est devenue sa seconde
nature. Il obéit sans savoir pourquoi, simplement parce qu’il sait
qu’il doit obéir. Obéir, produire et consommer, voilà le
triptyque qui domine sa vie. Il obéit à ses parents, à ses
professeurs, à ses patrons, à ses propriétaires, à ses marchands.
Il obéit à la loi et aux forces de l’ordre. Il obéit à tous les
pouvoirs car il ne sait rien faire d’autre. La désobéissance
l’effraie plus que tout car la désobéissance, c’est le risque,
l’aventure, le changement. Mais de même que l’enfant panique
lorsqu’il perd de vue ses parents, l’esclave moderne est perdu
sans le pouvoir qui l’a créé. Alors ils continuent
d’obéir.
C’est la peur qui a fait de nous des esclaves et qui nous maintient dans cette condition. Nous nous courbons devant les maîtres du monde, nous acceptons cette vie d’humiliation et de misère par crainte.
C’est la peur qui a fait de nous des esclaves et qui nous maintient dans cette condition. Nous nous courbons devant les maîtres du monde, nous acceptons cette vie d’humiliation et de misère par crainte.
Nous disposons pourtant de la force du nombre face à cette minorité qui gouverne. Leur force à eux, ils ne la retirent pas de leur police mais bien de notre consentement. Nous justifions notre lâcheté devant l’affrontement légitime contre les forces qui nous oppriment par un discours plein d’humanisme moralisateur. Le refus de la violence révolutionnaire est ancré dans les esprits de ceux qui s’opposent au système au nom des valeurs que ce système nous a lui-même enseignés.
Mais le pouvoir, lui, n’hésite jamais à utiliser la violence quand il s’agit de conserver son hégémonie.
Chapitre XI :
La
répression et la surveillance
« Sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la place de l’homme juste est aussi en prison. »
La
désobéissance civile, Henry David Thoreau
Pourtant,
il y a encore des individus qui échappent au contrôle des
consciences. Mais ils sont sous surveillance. Toute forme de
rébellion ou de résistance est de fait assimilée à une activité
déviante ou terroriste. La liberté n’existe que pour ceux qui
défendent les impératifs marchands. L’opposition réelle au
système dominant est désormais totalement clandestine. Pour ces
opposants, la répression est la règle en usage. Et le silence de la
majorité des esclaves face à cette répression trouve sa
justification dans l’aspiration médiatique et politique à nier le
conflit qui existe dans la société réelle.
Chapitre
XII :
L’argent
« Et ce que l’on faisait autrefois pour l’amour de Dieu, on le fait maintenant pour l’amour de l’argent, c’est-à-dire pour l’amour de ce qui donne maintenant le sentiment de puissance le plus élevé et la bonne conscience. »
Aurore,
Nietzsche
Comme
tous les êtres opprimés de l’Histoire, l’esclave moderne a
besoin de sa mystique et de son dieu pour anesthésier le mal qui le
tourmente et la souffrance qui l’accable. Mais ce nouveau dieu,
auquel il a livré son âme, n’est rien d’autre que le néant. Un
bout de papier, un numéro qui n’a de sens que parce que tout le
monde a décidé de lui en donner. C’est pour ce nouveau dieu qu’il
étudie, qu’il travaille, qu’il se bat et qu’il se vend. C’est
pour ce nouveau dieu qu’il a abandonné toute valeur et qu’il est
prêt à faire n’importe quoi. Il croit qu’en possédant beaucoup
d’argent, il se libérera des contraintes dans lesquels il se
trouve enfermé. Comme si la possession allait de paire avec la
liberté. La libération est une ascèse qui provient de la maîtrise
de soi. Elle est un désir et une volonté en actes. Elle est dans
l’être et non dans l’avoir. Mais encore faut-il être résolu à
ne plus servir, à ne plus obéir. Encore faut-il être capable de
rompre avec une habitude que personne, semble-t-il, n’ose remettre
en cause.
Chapitre XIII :
Pas
d’alternative à l’organisation sociale dominante
Acta
est fabula
(La pièce est jouée)
(La pièce est jouée)
Or l’esclave moderne est persuadé qu’il n’existe pas d’alternative à l’organisation du monde présent. Il s’est résigné à cette vie car il pense qu’il ne peut y en avoir d’autres. Et c’est bien là que se trouve la force de la domination présente : entretenir l’illusion que ce système qui a colonisé toute la surface de la Terre est la fin de l’Histoire. Il a fait croire à la classe dominée que s’adapter à son idéologie revient à s’adapter au monde tel qu’il est et tel qu’il a toujours été. Rêver d’un autre monde est devenu un crime condamné unanimement par tous les médias et tous les pouvoirs. Le criminel est en réalité celui qui contribue, consciemment ou non, à la démence de l’organisation sociale dominante. Il n’est pas de folie plus grande que celle du système présent.
Chapitre XIV :
L’image
« Sinon, qu’il te soit fait connaître, ô roi, que tes dieux ne sont pas ceux que nous servons, et l’image d’or que tu as dressé, nous ne l’adorerons pas. »
Ancien
Testament, Daniel 3 :18
Devant
la désolation du monde réel, il s’agit pour le système de
coloniser l’ensemble de la conscience des esclaves. C’est ainsi
que dans le système dominant, les forces de répression sont
précédées par la dissuasion qui, dès la plus petite enfance,
accomplit son œuvre de formation des esclaves. Ils doivent oublier
leur condition servile, leur prison et leur vie misérable. Il suffit
de voir cette foule hypnotique connectée devant tous les écrans qui
accompagnent leur vie quotidienne. Ils trompent leur insatisfaction
permanente dans le reflet manipulé d’une vie rêvée, faite
d’argent, de gloire et d’aventure. Mais leurs rêves sont tout
aussi affligeants que leur vie misérable.
Il existe des images pour tous et partout, elles portent en elle le message idéologique de la société moderne et servent d’instrument d’unification et de propagande. Elles croissent à mesure que l’homme est dépossédé de son monde et de sa vie. C’est l’enfant qui est la cible première de ces images car il s’agit d’étouffer la liberté dans son berceau. Il faut les rendre stupides et leur ôter toute forme de réflexion et de critique. Tout cela se fait bien entendu avec la complicité déconcertante de leurs parents qui ne cherchent même plus à résister face à la force de frappe cumulée de tous les moyens modernes de communication. Ils achètent eux-mêmes toutes les marchandises nécessaires à l’asservissement de leur progéniture. Ils se dépossèdent de l’éducation de leurs enfants et la livrent en bloc au système de l’abrutissement et de la médiocrité.
Il y a des images pour tous les âges et pour toutes les classes sociales. Et les esclaves modernes confondent ces images avec la culture et parfois même avec l’art. On fait appel aux instincts les plus sordides pour écouler les stocks de marchandises. Et c’est encore la femme, doublement esclave dans la société présente, qui en paye le prix fort. Elle en est réduite à être un simple objet de consommation. La révolte elle-même est devenue une image que l’on vend pour mieux en détruire le potentiel subversif. L’image est toujours aujourd’hui la forme de communication la plus simple et la plus efficace. On construit des modèles, on abrutit les masses, on leur ment, on crée des frustrations. On diffuse l’idéologie marchande par l’image car il s’agit encore et toujours du même objectif : vendre, des modes de vie ou des produits, des comportements ou des marchandises, peu importe mais il faut vendre.
Il existe des images pour tous et partout, elles portent en elle le message idéologique de la société moderne et servent d’instrument d’unification et de propagande. Elles croissent à mesure que l’homme est dépossédé de son monde et de sa vie. C’est l’enfant qui est la cible première de ces images car il s’agit d’étouffer la liberté dans son berceau. Il faut les rendre stupides et leur ôter toute forme de réflexion et de critique. Tout cela se fait bien entendu avec la complicité déconcertante de leurs parents qui ne cherchent même plus à résister face à la force de frappe cumulée de tous les moyens modernes de communication. Ils achètent eux-mêmes toutes les marchandises nécessaires à l’asservissement de leur progéniture. Ils se dépossèdent de l’éducation de leurs enfants et la livrent en bloc au système de l’abrutissement et de la médiocrité.
Il y a des images pour tous les âges et pour toutes les classes sociales. Et les esclaves modernes confondent ces images avec la culture et parfois même avec l’art. On fait appel aux instincts les plus sordides pour écouler les stocks de marchandises. Et c’est encore la femme, doublement esclave dans la société présente, qui en paye le prix fort. Elle en est réduite à être un simple objet de consommation. La révolte elle-même est devenue une image que l’on vend pour mieux en détruire le potentiel subversif. L’image est toujours aujourd’hui la forme de communication la plus simple et la plus efficace. On construit des modèles, on abrutit les masses, on leur ment, on crée des frustrations. On diffuse l’idéologie marchande par l’image car il s’agit encore et toujours du même objectif : vendre, des modes de vie ou des produits, des comportements ou des marchandises, peu importe mais il faut vendre.
Chapitre XV :
Les
divertissement
«
La télévision ne rend idiots que ceux
qui la regardent, pas ceux qui la font. »
qui la regardent, pas ceux qui la font. »
Patrick
Poivre d’Arvor
Ces
pauvres hommes se divertissent, mais ce divertissement n’est là
que pour faire diversion face au véritable mal qui les accable. Ils
ont laissé faire de leur vie n’importe quoi et ils feignent d’en
être fiers. Ils essayent de montrer leur satisfaction mais personne
n’est dupe. Ils n’arrivent même plus à se tromper eux-mêmes
lorsqu’ils se retrouvent face au reflet glacé du miroir. Ainsi ils
perdent leur temps devant des imbéciles sensés les faire rire ou
les faire chanter, les faire rêver ou les faire pleurer.
On
mime à travers le sport médiatique les succès et les échecs, les
forces et les victoires que les esclaves modernes ont cessé de vivre
dans leur propre quotidien. Leur insatisfaction les incite à vivre
par procuration devant leur poste de télévision. Tandis que les
empereurs de la Rome antique achetaient la soumission du peuple avec
du pain et les jeux du cirque, aujourd’hui c’est avec les
divertissements et la consommation du vide que l’on achète le
silence des esclaves.
Chapitre
XVI :
Le
langage
«
On croit que l'on maîtrise les mots, mais ce sont les mots qui nous
maîtrisent. »
Alain
Rey
La
domination sur les consciences passe essentiellement par
l’utilisation viciée du langage par la classe économiquement et
socialement dominante. Étant détenteur de l’ensemble des moyens
de communication, le pouvoir diffuse l’idéologie marchande par la
définition figée, partielle et partiale qu’il donne des mots.
Les
mots sont présentés comme neutres et leur définition comme allant
de soi. Mais sous le contrôle du pouvoir, le langage désigne
toujours autre chose que la vie réelle.
C’est
avant tout un langage de la résignation et de l’impuissance, le
langage de l’acceptation passive des choses telles qu’elles sont
et telles qu’elles doivent demeurer. Les mots travaillent pour le
compte de l’organisation dominante de la vie et le fait même
d’utiliser le langage du pouvoir nous condamne à l’impuissance.
Le
problème du langage est au centre du combat pour l’émancipation
humaine. Il n’est pas une forme de domination qui se surajoute aux
autres, il est le cœur même du projet d’asservissement du système
totalitaire marchand.
C’est par la réappropriation du langage et donc de la communication réelle entre les personnes que la possibilité d’un changement radical émerge de nouveau. C’est en cela que le projet révolutionnaire rejoint le projet poétique. Dans l’effervescence populaire, la parole est prise et réinventée par des groupes étendus. La spontanéité créatrice s’empare de chacun et nous rassemble tous.
C’est par la réappropriation du langage et donc de la communication réelle entre les personnes que la possibilité d’un changement radical émerge de nouveau. C’est en cela que le projet révolutionnaire rejoint le projet poétique. Dans l’effervescence populaire, la parole est prise et réinventée par des groupes étendus. La spontanéité créatrice s’empare de chacun et nous rassemble tous.
Chapitre
XVII :
L’illusion
du vote et de la démocratie parlementaire
« Voter, c’est abdiquer. »
Élisée
Reclus
Pourtant, les esclaves modernes se pensent toujours citoyens. Ils croient voter et décider librement qui doit conduire leurs affaires. Comme s’ils avaient encore le choix. Ils n’en ont conservé que l’illusion. Croyez-vous encore qu’il existe une différence fondamentale quant au choix de société dans laquelle nous voulons vivre entre le PS et l’UMP en France, entre les démocrates et les républicains aux États-Unis, entre les travaillistes et les conservateurs au Royaume-Uni ? Il n’existe pas d’opposition car les partis politiques dominants sont d’accord sur l’essentiel qui est la conservation de la présente société marchande. Il n’existe pas de partis politiques susceptibles d’accéder au pouvoir qui remette en cause le dogme du marché. Et ce sont ces partis qui avec la complicité médiatique monopolise l’apparence. Ils se chamaillent sur des points de détails pourvu que tout reste en place. Ils se disputent pour savoir qui occupera les places que leur offre le parlementarisme marchand. Ces pauvres chamailleries sont relayées par tous les médias dans le but d’occulter un véritable débat sur le choix de société dans laquelle nous souhaitons vivre. L’apparence et la futilité dominent sur la profondeur de l’affrontement des idées. Tout cela ne ressemble en rien, de près ou de loin à une démocratie.
La
démocratie réelle se définit d’abord et avant tout par la
participation massive des citoyens à la gestion des affaires de la
cité. Elle est directe et participative. Elle trouve son expression
la plus authentique dans l’assemblée populaire et le dialogue
permanent sur l’organisation de la vie en commun. La forme
représentative et parlementaire qui usurpe le nom de démocratie
limite le pouvoir des citoyens au simple droit de vote, c'est-à-dire
au néant, tant il est vrai que le choix entre gris clair et gris
foncé n’est pas un choix véritable. Les sièges parlementaires
sont occupés dans leur immense majorité par la classe
économiquement dominante, qu’elle soit de droite ou de la
prétendue gauche social-démocrate.
Le
pouvoir n’est pas à conquérir, il est à détruire. Il est
tyrannique par nature, qu’il soit exercé par un roi, un dictateur
ou un président élu. La seule différence dans le cas de la «
démocratie » parlementaire, c’est que les esclaves ont l’illusion
de choisir eux-mêmes le maitre qu’ils devront servir. Le vote a
fait d’eux les complices de la tyrannie qui les opprime. Ils ne
sont pas esclaves parce qu’il existe des maîtres mais il existe
des maitres parce qu’ils ont choisi de demeurer esclaves.
Chapitre XVIII :
Le
système totalitaire marchand
«
La nature n’a créé ni maîtres ni esclaves,
Je ne veux ni donner ni recevoir de lois. »
Je ne veux ni donner ni recevoir de lois. »
Denis
Diderot
Le
système dominant se définit donc par l’omniprésence de son
idéologie marchande. Elle occupe à la fois tout l’espace et tous
les secteurs de la vie. Elle ne dit rien de plus que : « Produisez,
vendez, consommez, accumulez ! » Elle a réduit l’ensemble des
rapports humains à des rapports marchands et considère notre
planète comme une simple marchandise. Le devoir qu’elle nous
impose est le travail servile. Le seul droit qu’elle reconnaît est
le droit à la propriété privée. Le seul dieu qu’elle arbore est
l’argent.
Le
monopole de l’apparence est total. Seuls paraissent les hommes et
les discours favorables à l’idéologie dominante. La critique de
ce monde est noyée dans le flot médiatique qui détermine ce qui
est bien et ce qui est mal, ce que l’on peut voir et ce que l’on
ne peut pas voir.
Omniprésence de l’idéologie, culte de l’argent, monopole de l’apparence, parti unique sous couvert du pluralisme parlementaire, absence d’une opposition visible, répression sous toutes ses formes, volonté de transformer l’homme et le monde. Voila le visage réel du totalitarisme moderne que l’on appelle « démocratie libérale » mais qu’il faut maintenant appeler par son nom véritable : le système totalitaire marchand.
Omniprésence de l’idéologie, culte de l’argent, monopole de l’apparence, parti unique sous couvert du pluralisme parlementaire, absence d’une opposition visible, répression sous toutes ses formes, volonté de transformer l’homme et le monde. Voila le visage réel du totalitarisme moderne que l’on appelle « démocratie libérale » mais qu’il faut maintenant appeler par son nom véritable : le système totalitaire marchand.
L’homme,
la société et l’ensemble de notre planète sont au service de
cette idéologie. Le système totalitaire marchand a donc réalisé
ce qu’aucun totalitarisme n’avait pu faire avant lui : unifier le
monde à son image. Aujourd’hui, il n’y a plus d’exil
possible.
Chapitre
XIX :
Perspectives
A
mesure que l’oppression s’étend à tous les secteurs de la vie,
la révolte prend l’allure d’une guerre sociale. Les émeutes
renaissent et annoncent la révolution à venir.
La destruction de la société totalitaire marchande n’est pas une affaire d’opinion. Elle est une nécessité absolue dans un monde que l’on sait condamné. Puisque le pouvoir est partout, c’est partout et tout le temps qu’il faut le combattre.
La réinvention du langage, le bouleversement permanent de la vie quotidienne, la désobéissance et la résistance sont les maîtres mots de la révolte contre l’ordre établi. Mais pour que de cette révolte naisse une révolution, il faut rassembler les subjectivités dans un front commun.
C’est à l’unité de toutes les forces révolutionnaires qu’il faut œuvrer. Cela ne peut se faire qu’à partir de la conscience de nos échecs passés : ni le réformisme stérile, ni la bureaucratie totalitaire ne peuvent être une solution à notre insatisfaction. Il s’agit d’inventer de nouvelles formes d’organisation et de lutte.
L’autogestion dans les entreprises et la démocratie directe à l’échelle des communes constituent les bases de cette nouvelle organisation qui doit être antihiérarchique dans la forme comme dans le contenu.
Le pouvoir n’est pas à conquérir, il est à détruire.
La destruction de la société totalitaire marchande n’est pas une affaire d’opinion. Elle est une nécessité absolue dans un monde que l’on sait condamné. Puisque le pouvoir est partout, c’est partout et tout le temps qu’il faut le combattre.
La réinvention du langage, le bouleversement permanent de la vie quotidienne, la désobéissance et la résistance sont les maîtres mots de la révolte contre l’ordre établi. Mais pour que de cette révolte naisse une révolution, il faut rassembler les subjectivités dans un front commun.
C’est à l’unité de toutes les forces révolutionnaires qu’il faut œuvrer. Cela ne peut se faire qu’à partir de la conscience de nos échecs passés : ni le réformisme stérile, ni la bureaucratie totalitaire ne peuvent être une solution à notre insatisfaction. Il s’agit d’inventer de nouvelles formes d’organisation et de lutte.
L’autogestion dans les entreprises et la démocratie directe à l’échelle des communes constituent les bases de cette nouvelle organisation qui doit être antihiérarchique dans la forme comme dans le contenu.
Le pouvoir n’est pas à conquérir, il est à détruire.
Chapitre
XX :
Épilogue
« O Gentilshommes, la vie est courte… Si nous vivons, nous vivons pour marcher sur la tête des rois. »
William
Shakespeare
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De la servitude moderne :