samedi, janvier 21, 2023

Vue des choses telles qu’elles sont



Yuval Noah Harari, conseiller scientifique de Klaus Schwab, médite deux heures par jour, une heure le matin et une heure le soir. Il pratique Vipassana depuis plus de vingt ans. Chaque année, il fait une retraite de méditation de deux mois dans l'un des centres de méditation S. N. Narayan Goenka. Satya Narayan Goenka est un professeur de méditation Vipassana dans la tradition de Sayagyi U Ba Khin, de Birmanie





VIPASYAN 
Vue des choses telles qu’elles sont

Par Nirodha 


L’équivalent pâli, langue des écritures bouddhiques des origines de la Tradition Primordiale, du mot sanskrit Vipasyanâ, est VIPASSANA. Pasyana veut dire « VUE », du verbe pasyati = il Voit. « VI » indique une séparation, une discrimination, une profondeur, aussi une pénétration. « Insight » en anglais conviendrait ; en français on pourrait proposer « VUE pénétrante », Vue profonde, perspicacité, voir à travers, ces deux mots compris au sens étymologique, Vue sage, vue différente de celle de l’homme ignorant, aveuglé, qui est certain de la réalité des choses, de leur aspect satisfaisant qui maintient dans la « servitude volontaire ». Cet homme ne VOIT ni l’impermanent, ni l’insatisfaisant, par purulence de son « vouloir ignorer ». Vipasyanâ est une VUE intuitive métaphysique, au-delà de l’intellectuel, impersonnelle, directe, immédiate. Vipasyanâ va avec « la tranquillité parfaite » : SAMATHA.

Par SAMATHA, le cœur va vers l’abandon des désirs en Connaissance-compréhension des besoins. Par VIPASYANÂ, l’Intuition Métaphysique, toute ignorance est abandonnée.

Ces deux mots-clés du Dharma résument et sont l’aboutissement de toute ascèse calme, réfléchie, équilibrée, sans tension, sans croyances, sans irrationnel, sans rationalisme, sans scientisme, au-delà des mensonges qui nourrissent cette « servitude volontaire ».

Après cette introduction nécessaire rappelons ce que l’humanité vit depuis ces 3 années passées … à travers 4 mensonges qui sont de plus en plus révélés aux humains.

1 – Mensonge du Covid et ses mensonges associés : fausse pandémie, faux tests, faux vaccins et ses conséquences meurtrières exponentielles y compris psychologiques …

2 – Mensonge du réchauffement climatique, dénoncé par les plus grands scientifiques climatologues au monde qui sont interdits de paroles.

3 – Mensonge sur le CO2 qui est indispensable à la vie, mensonge de ceux qui veulent une taxe carbone pour appauvrir les peuples et dénoncé par les mêmes savants et médecins-biologistes.

4 – Mensonge sur les pénuries d’énergie dénoncé par des géologues compétents.

Le « Courage de réfléchir » demande donc une énergie mentale, morale, un ferme propos du cœur lucide qui « sans baisser la garde » pousse à « sortir » de cette peur et complaisance dans l’instinct de troupeau. Ceux qui n’ont pas ce courage ne peuvent que souffrir et faire souffrir, la souffrance étant toujours l’indicateur symptomatique qui doit conduire par la vigilance vers la VUE des choses telles qu’elles sont, c’est-à-dire l’éveil, Bodhi.

Parlons de ces menteurs corrompus pseudo-scientifiques, psychopathes pervers narcissiques comme Yuval Noah Harari, historien du monde médiéval et conseiller scientifique de Klaus Schwab, créateur du Forum économique mondial de Davos. Voici ce qui est propagé le concernant : « Yuval Noah Harari médite deux heures par jour, il pratique Vipassana depuis plus de 20 ans. Chaque année, il fait une retraite de méditation de deux mois dans l’un des centres de méditation de Satya Narayam Goenka, professeur de méditation Vipassana dans la tradition de Birmanie ! ». Nous connaissons cette technique car nous la pratiquons depuis 40 années mais, pour nous, éclairée par le Dharma des origines. Il est impossible compte-tenu de ce que dit Harari qu’il ait compris quoi que ce soit au Dharma. : « La majorité des humains sont des inutiles et doivent être éliminés ». Cet homme n’est pas humain, il n’a aucune empathie, aucune compassion, aucun amour digne envers les humains. Ses interviews le prouvent. Il est fou voire dément tout simplement, mais comme Laurent Alexandre il a une influence sur les politiques de Davos. Nous avons connu ce mouvement de Goenka, laïc mort en 2013, lors de nos séjours à Bombay. Ce mouvement n’est pas représentatif du Dharma authentique enseigné en Birmanie. C’est de la part de Harari une usurpation, une recherche ignominieuse, une récupération perverse et dévoyée. Vipassana relève d’une technique antique du Yoga de l’Inde traditionnelle que nous connaissons, technique qui sera clairement enseignée par le Bouddha ; c’est un ART (grec : Technê : Art) de concentration-composition-synthèse, Samâdhi, qui nécessite une éthique fonctionnelle sans aucun mensonge. Cet Art est toujours accompagné de Bienveillance et d’Amour métaphysique. L’éthique est incontournable et reste le « dénominateur commun » de tous les religieux véritables, quels qu’ils soient, moines et laïcs éclairés, dont l’intuition métaphysique, Prajñâ, est en cours de développement. Harari n’est pas éclairé mais obscur dans ses intentions.

Le mot « méditation » est un mot valise, « un fourre-tout confus ». Le terme sanskrit BHÂVANÂ signifie : entraînement, concentration, pour développer la connaissance de soi par investigation des données du Dharma mis en pratique par la concentration, dhyâna, qui nécessitent une vigilance constante à observer ses comportements aberrants, (sans identification) pour s’en libérer par un mode d’existence adapté et orienté vers l’Inconditionné.


vendredi, janvier 20, 2023

Découverte macabre dans une loge maçonnique



Une fillette sacrifiée ?

A droite, photo du cadavre de la fillette d'environ 7 ans
Source : Les Documents maçonniques.


Commis par M. le procureur de l’Etat français, M. le docteur Roulaud, médecin légiste, se rendit le 19 décembre 1941, à 16 heures, à la Loge maçonnique de Bézier et dressa un rapport.

« Le cadavre examiné, y lit-on, est celui d’une fillette mesurant cent trois centimètres, et par conséquent, âgée d’environ sept ans. »

Le médecin légiste décrit ensuite minutieusement ce cadavre qui pesait deux kilos, dont les parties molles étaient "absolument desséchées, ligneuses et légères". Les viscères avaient été enlevés. Il ne restait que le "squelette, les muscles des membres, avec des morceaux de peau parcheminée".

Les vaisseaux artériels avaient été "colorés en rouge vif", et les veines "injectées en bleu". On avait conservé "la vessie et le rectum béants et parcheminés".

Deux trous pratiqués dans le vertex permettaient de suspendre ce cadavre au mur, ajoutant à l’horreur du spectacle.

On avait, détail horrible, "respecté les paupières qui portaient encore leurs cils longs et blonds" et les lèvres qui bordaient "d’un mince liseré desséché une rangée presque intacte de petites dents jaunies".

On pourra trouver deux reproductions photographiques du cadavre de la loge de Béziers dans Les Documents maçonniques d’août 1942, p. 23.

Toutes les loges n’avaient sans doute pas les moyens de pousser l’usage de l’horrible aussi loin que la loge de Béziers, mais dans tous les cabinets de réflexion, on trouve des crânes, des tibias, des tentures de deuil, des transparents lumineux faisant apparaître un corps d’homme, des silhouettes en matières luminescentes, des squelettes en fer forgé peint, etc…

De toute manière, il s’agit d’inspirer l’horreur.

La découverte du cadavre de la loge de Béziers indigna, à l’époque, un public qui ignorait tout des cérémonies initiatiques dans la Franc-maçonnerie. "Sans aucune nécessité scientifique, écrivaient Les Documents maçonniques, sans aucun droit, contrairement aux lois, la Maçonnerie s’est appropriée le malheureux cadavre d’une petite fille pour le faire figurer dans ses cérémonies macabres afin d’impressionner les Frères." Le but était, évidemment, de placer ses adeptes dans un "état spécial d’hypnose intellectuelle et d’énervement physique", nécessaires à la préparation à l’initiation." Jacques Ploncard d’Assac 


La maçonnerie vampire du christianisme


La première fois que je pénétrai dans les locaux de la Grande Loge Ecossaise de Paris, rue de Puteaux, mon regard se porta sur un tableau étrange qui se trouvait au milieu de la salle du Conseil : un Christ d'ivoire assez beau, fixé sur un fond de velours sombre, entouré d'un cadre du XVIIIe siècle, lui-même décoré de divers insignes maçonniques.

Que faisait, au milieu de ce temple maçonnique, l'image du Sauveur ? En l'examinant, il était facile de voir que ce Christ était un Christ janséniste, c'est-à-dire un de ces crucifix comme on en faisait au XVIIIe siècle, qui, au lieu d'avoir les bras étendus perpendiculairement au corps, avaient les bras levés au-dessus de leur tête. Ainsi , la secte janséniste voulait signifier que le sacrifice du Christ était consacré non pas à toute la foule humaine, mais à un petit nombre d'élus ; le Christ mourant n'avait pas ouvert ses bras à l'humanité entière, mais il les avait entr'ouverts pour ceux que la grâce avait spécialement choisis. Telle était la doctrine janséniste. Comment pouvait-elle se concilier avec l'esprit démocratique des maçons ? Au point de vue historique, la conjonction entre les deux sectes, jansénistes et maçons, est un fait prouvé.

Les jansénistes, durement poursuivis, persécutés, par les éléments orthodoxes de l'Eglise catholique au XVIIIe siècle, en étaient arrivés, comme les protestants et comme les maçons, à former une secte secrète. Cette secte qui s'appuyait sur une partie du reste très pieuse de la bourgeoisie et sur un groupe très influent dans les parlements, désira, prépara et fomenta la Révolution ; pour ce, elle se mit d'accord avec les protestants et les maçons. L'abbé Grégoire, prêtre janséniste, ami de La Fayette et du pasteur Rabaud Saint-Etienne, fut l'agent de liaison principal. Il aida à entraîner les éléments parlementaires ; il poussa le bas clergé, qui était très largement janséniste, à s'associer au Tiers État contre les ordres privilégiés ; il fut 1'un des tribuns les plus actifs pour entraîner la majorité de l'Assemblée nationale en faveur de la Constitution civile du clergé.

Le crucifix de la Grande Loge, avec son Christ janséniste et ses insignes maçonniques, est le rappel et le symbole de cette union. Mais celle-ci avait aussi une base doctrinaire. Tandis que le catholicisme est une religion du salut universel, la maçonnerie, dans son véritable sens, est une religion du salut de l'élite. Si le Christ a ouvert ses bras à toute l'humanité souffrante pour l'appeler au ciel, la maçonnerie a ouvert ses bras aux initiés qui seuls sont ses fils légitimes. Sans doute par eux prétend-elle améliorer le sort de l'humanité entière, mais c'est eux seuls qui jouissent de la plénitude maçonnique.

Nous touchons là à l'un des mystères essentiels de la maçonnerie.

Quand elle fut créée, en 1717, par les savants et les politiciens anglais, elle fut conçue par eux comme la fille directe du protestantisme et le grand instrument de guerre, afin d'éliminer le catholicisme en prenant sa place. Dans les Constitutions d'Anderson (1723), la première charte maçonnique et celle qui donne l'esprit de la maison), la maçonnerie est désignée nettement comme la religion catholique. L'introduction historique à ce manuel d'Anderson comprend une partie imitée de la Bible, dont le style, la langue, tous les termes, sont empruntés aux premiers livres de notre Ancien Testament. De même, il est bien signifié dans ce manuel que tout maçon, une fois initié, reste maçon quoi qu'il arrive, quelles que soient ses erreurs, ses fautes et ses crimes.

Ainsi, la maçonnerie est bien, de son propre aveu, une religion et une religion "catholique'', LA religion catholique. Ses efforts pour pénétrer dans les milieux ecclésiastiques anglais et français témoignent qu'elle n'oublia pas ses origines et son but ; on trouve au XVIIIe siècle diverses loges entièrement composées d'ecclésiastiques ou de religieux (en particulier une loge à Fécamp), et dans chaque loge du XVIIIe siècle, il y a un ou plusieurs prêtres. La devise "liberté, égalité, fraternité", que les loges ont reprise, et la doctrine universellement acceptée dans la maçonnerie du XVIIIe siècle que l'on allait vers une renaissance paradisiaque de l'humanité, sont encore des emprunts faits au catholicisme.

Ces emprunts ont du reste le caractère particulier, que, prenant des termes d'une valeur spirituelle et mystique, la maçonnerie les emploie dans un sens social et matériel. La liberté du chrétien est une liberté morale, celle du maçon, une liberté politique ; la charité du chrétien est spirituelle, la fraternité du maçon est une solidarité sociale ; l'égalité du chrétien est l'égalité mystique devant Dieu, l'égalité du maçon est l'égalité politique devant la loi ...

Ainsi, la maçonnerie, consciente de la force du catholicisme, et renonçant à la briser directement, a voulu plutôt saper et confisquer à son avantage les immenses ressources des religions révélées. Pour y parvenir, elle a créé un monde de symboles, d'ornements, de liturgie, dérivant de nos vieux cultes et revêtant tous un sens nouveau et matérialiste. Ainsi installée au milieu de notre civilisation chrétienne et au cœur même de notre vie morale, elle a pu tenter cet escamotage formidable qui devait amener le frère maçon matérialiste à se poser comme le dernier défenseur des "valeurs spirituelles" et l'école sans Dieu, patronnée par la maçonnerie, à réclamer l 'héritage de nos églises.

Bernard Faÿ, Les documents maçonniques (PDF gratuit).


jeudi, janvier 19, 2023

L'énigme de la servitude volontaire


En 1548, Etienne de la Boétie (1530-1563) posait, dans son discours de la servitude volontaire, la question suivante : « Quel malheureux vice a donc pu tellement dénaturer l'homme, seul vraiment né pour vivre libre, jusqu'à lui faire perdre souvenance de son premier état et le désir même de le reprendre ? »



Près de 450 ans plus tard, l'énigme de l'origine et de la permanence de la servitude volontaire, n'est toujours pas résolue...

Ecartant d'un revers de main, tous les discours religieux, politiques, syndicaux ou associatifs proclamant l'existence de la liberté et du pouvoir du peuple, nous prétendons, au contraire, qu'il existe un état de fait de servitude volontaire quasi généralisée.


Ayant perdu jusqu'au souvenir de l'indépendance de comportement et d'esprit, à défaut de liberté, dont avait pu bénéficier leurs ancêtres paysans ou artisans, les ouvriers modernes comme tous les salariés d'état ou d'entreprises privées acceptent dans leur large majorité leurs conditions de soumission et d'exploitation à l'ordre établi.



Dépossédés de leur vie, ils sont agis et n'agissent plus eux-mêmes, l'espace-temps social de leur activité, les conditions et devenir de ce qu'ils produisent comme de ce qu'ils consomment ne leur appartiennent plus.

Si les dirigeants économiques, politiques ou syndicaux (appelés décideurs selon la nouvelle terminologie) conservent un certain nombre de privilèges relatifs, c'est à condition de se soumettre aux dictats de la logique capitaliste qu'ils servent en se rendant complices du renouvellement des lois et décrets assurant la perpétuation de la structure démocratico-capitaliste.

Il n'y a pas d'opposition entre les étatistes (de gauche ou de droite) et les libéraux, tous sont d'accord sur l'essentiel : la conservation de l'État et la perpétuation du salariat. Tout le reste n'est qu'amusement pour les citoyens consommateurs du spectacle démocratique (démocratisme en fait).

La soumission est d'autant mieux acceptée qu'elle est généralisée et s'accompagne d'une confirmation périodique par la masse démocratique dans laquelle les esclaves salariés de même que les artisans, commerçants ou professions libérales et paysans soumis eux aussi au capitalisme financier sont invités à abandonner la parcelle de pouvoir individuel dont ils disposent dans un acte totalement irresponsable qui remet à d'autres aussi irresponsables qu'eux le soin de les soumettre à une organisation économique, politique et sociale que plus personne ne veut maîtriser. Ainsi se développe une hétéro-organisation (organisation étrangère) qui croît d'autant mieux que la soumission est large et profonde et qui aboutit à la constitution d'une société d'irresponsabilité face à la guerre économique qui sévit.

Comment l'espèce humaine a-t-elle pu en arriver à ce stade avancé de décomposition où l'autodomestication généralisée à la logique marchande et financière, provoque simultanément la misère sociale et la dégradation des espèces végétales et animales qui assurent et accompagnent la vie humaine ?

Dans la manière de présenter l'énigme de la servitude volontaire, La Boétie nous fournit de nombreuses indications laissant à penser qu'il n'était pas si éloigné, que certains le prétendent, de la solution.

Il avait eu connaissance d'hommes et de femmes ayant appartenu à des sociétés sans État et ne connaissant ni hiérarchie ni obéissance ni servitude. Ainsi, il savait que l'homme avait été « dénaturé ». Quand et comment ce processus de dénaturation avait pu se produire ?

La Boétie ne pouvait répondre à ces nouvelles questions. Cependant, dans son discours il imagine les moyens qui ont pu être utilisés « car pour que les hommes, tant qu'il reste en eux vestige d'homme, se laissent assujettir, il faut de deux chose l'une, ou qu'ils soient contraints ou qu'ils soient abusés ».

Aujourd’hui, nous pouvons fournie un commencement de réponse à l'énigme de la servitude volontaire.

Pour comprendre l'origine de la servitude volontaire nous devons résolument nous placer dans une période de l'évolution humaine antérieure à l'institution étatico-religieuse. Nous voulons combler le fossé établi entre préhistoire et histoire sans nous laisser troubler par l'opinion très répandue de l'immuabilité des comportements humains et de la permanence de la soumission du plus grand nombre au plus petit.

Nous comprenons fort bien cette unanimité entre dirigeants et dirigés qui comme mari et femme protègent pour des raisons dissemblables une institution. Les uns, les dirigeants, ont tout à perdre dans cette révélation, à la fois leurs pouvoirs et leurs vies, les autres, les dirigés, veulent conserver le bénéfice douteux de la protection que leur procure leur maître mais surtout l'apparence du respect de soi qui masque l'humiliation qu'ils subissent et le mépris d'eux-mêmes pour hier, aujourd’hui et demain.

Avant leur sédentarisation les hommes ont acquis l'usage de la parole, du feu, des outils et entamé une représentation imagée d'eux-mêmes et de leurs milieux, prélude à l'invention de l'écriture. A noter, ici, la principale différenciation sociologique entre les animaux sociaux et les hommes en société, la « capacité des hommes de se donner une représentation du monde qui vient doubler leur participation effective au monde. Ils vivent en groupes nomades limitant à la fois leurs réserves et leur progéniture.

A l'intérieur du groupe communautaire, le principe antihiérarchique est rigoureusement observé et toute tentative individuel de prise de pouvoir est écarté par l'exclusion de l'individu considéré comme asocial. Car l'égalité entre les membres dans les sociétés primitives est, encore aujourd’hui, le critère même de leur humanité et la condition indispensable à l'indivision du groupe...

La tribu prélève sur le milieu naturel par la cueillette, la chasse ou la pêche, les ressources dont elle a besoin pour vivre en association avec lui.

La sédentarisation de certains groupes humains, il y a 12 000 ans au Moyen-Orient est attesté par les découvertes archéologiques. Aucune explication, changement de climat, raréfaction du gibier, isolement géographique ne permet de justifier pleinement ce choix.

Avec les premiers villages se réalise la domestication du loup comme auxiliaire du chasseur primitif et la mise en culture des graminées probablement par les femmes.

Cette organisation nouvelle de la relation de l'homme avec la nature va se poursuivre pendant 4000 ans, constituant la phase de pré-domestication de l'espèce humaine. Pré-domestication douce permettant grâce à la productivité accrue de l'activité humaine et la stabilité de l'installation une augmentation simultanée des réserves alimentaires et des populations humaines.

Ce double phénomène, accumulation et augmentation des réserves alimentaires et progression démographique provoque l'apparition de nouveaux comportements humains et simultanément de nouvelles représentations :

- pour assurer la continuité de la production alimentaire les groupes humains tendent à s'approprier une partie du territoire pour en conserver l'usage et pour protéger le produit de leur activité ;

- avec l'augmentation des populations et malgré l'expansion géographique, les groupes humains sédentaires doivent protéger passivement et activement leurs territoires et leurs produits contre les « prélèvements » des groupes humains nomades ;

- les parcelles de territoires appropriées sont la base constitutive de la division du groupe tribal avec l'apparition de la famille et de son économie domestique qui entre en contradiction avec les objectifs de l'économie tribale naturelle ;

La justification de ces nouveaux comportements, les différentes manières de résoudre les questions de production et de reproduction humaines sont à la base des usages des interdits des cultures différenciées.

Dès lors, les conflits entre groupes nomades ou sédentaires s'intensifient ou se transforment par l'échange ritualisé. Ainsi, les pygmées, chasseurs-pêcheurs-cueilleurs actuels échangent les prélèvements qu'ils opèrent dans le milieu forestier contre les produits des groupes sédentaires.

Avec la domestication des moutons et des chèvres, il y a 8 000 ans, une nouvelle étape dans la transformation de la relation homme-nature est franchie. Elle s'accompagne de la production par l'agriculture, quand l'élevage est sédentaire, des plantes fourragères pour les animaux. Plus tard, certains groupes nomades, actuellement fortement menacés de disparition, deviendront des éleveurs pastoraux.

En 3 000 ans, les hommes vont entreprendre la domestication des animaux sociaux importants, après les chèvres et les moutons, les bœufs et les cochons puis le cheval, l'âne et le chameau.

Pour bien saisir l'importance de cette nouvelle étape, il devient indispensable de définir par ses buts, ses moyens et ses conséquences, la domestication des animaux.

La domestication est un processus visant au contrôle d'une population d'animaux sociaux par l'isolement de son milieu social et naturel. Ce processus consiste à éliminer la sélection naturelle en créant des conditions de vie artificielles. Les hommes protègent les animaux contre leurs prédateurs et leurs fournissent nourriture et soins.

La domestication se poursuit par l'application d'une sélection artificielle basée sur des caractères structuraux ou comportementaux en vue d'en tirer un avantage économique.

Elle a pour conséquence, l'incapacité pour les animaux ainsi domestiqués, dans la majorité des cas, de retourner à l'état sauvage. Les modifications engendrées peuvent être comportementales, fonctionnelles, anatomiques ou chromosomiques.

Hormis le caractère social et comportemental et le fait que la reproduction des plantes n'est pas seulement sexuée, la définition de la domestication des animaux s'applique à la domestication des plantes, autrement dit à l'agriculture.

Avec la domestication des animaux et des plantes, les sociétés humaines modifient à leur profit les espèces animales et végétales et entament une coévolution qui change « l'ordre du monde ».

La curiosité et l'ingéniosité de l'animal humain sont à l'origine de ce pas décisif dans la relation de l'homme à la nature : de ce passage de l'association à la domestication, de l'indivision à la séparation.

Ce changement peut être l'objet de la part des hommes primitifs d'une forte culpabilisation vis à vis des ancêtres. Pour décharger une culpabilité si pesante, les ancêtres ont été investis des découvertes et des inventions comme s'ils en avaient été les inventeurs. C'est ainsi que procède, encore aujourd’hui, les sociétés primitives pour incorporer l'usage de nouvelles techniques ou de nouveaux outils.

Ce processus psychosocial de déplacement de la culpabilité et de reconnaissance de la dette est sans doute le fondement du culte des ancêtres et l'origine de l'attitude religieuse.

Il ne saurait y avoir de religion véritable dans les sociétés sans États, des explications et des comportements métaphysiques oui sans doute, mais qui ne permettent pas de relier les hommes entre eux, car les sociétés n'étaient pas encore divisées : seule, la dislocation des communautés primitives a pu produire ce que nous appelons aujourd'hui religion.

Insistons un instant sur cette technique de dé culpabilisation individuelle et sociale. L'individu (et le groupe) projette sur les êtres extérieurs et bien antérieurs à lui, la responsabilité de l'altération sociale et naturelle dont il est actuellement coupable.

De cette manière, il exprime sa reconnaissance envers les ancêtres et décharge sa culpabilité actuelle. En retour, il lui reste à s'identifier à la représentation à laquelle il vient de donner naissance pour être rétabli dans une intégrité apparente.

Ce mécanisme d'identification-représentation est, encore aujourd'hui, à l'œuvre dans l'ensemble des sociétés humaines.

Par ce procédé ingénieux mais pervers, l'individu (et le groupe) perd la maîtrise de son activité actuelle, la mémoire du changement et même l'idée d'une transformation possible dans le futur.

Les sociétés sans État ont acquis aux approches des premières sédentarisation un goût immodéré pour la guerre. Guerre machiste, dans laquelle les hommes qui s'y livrent mettent en jeu leur vie personnelle dans le but d'affirmer par la négation mortelle (racisme intégral) d'autres hommes qui leurs ressemblent, leurs presque semblables. L'ensemble de ces phénomènes, domestications, mécanismes d'identification-représentation et guerres tribales sont nécessaires pour entrevoir les raisons de la naissance monstrueuse de l'État dans les sociétés sans État.

Ce qui est absolument inimaginable pour les sociétés indivisées, la mise en place d'un pouvoir séparé détruisant l'unité du groupe et l'égalité-solidarité des individus a eu lieu, il y a environ 5 000 ans.

Par quelle ruse et avec quelle violence un individu est-il parvenu à faire admettre et accepter l'inconcevable pouvoir totalitaire d'une hiérarchie institutionnelle et permanente ?

Nous avons vu comment par le mécanisme d'identification-représentation, les groupes humains se sont auto-dépossédés de tout pouvoir conscient de transformation de leur vie et de leur milieu, mais aussi de tout futur par la dépossession permanente de leur passé.

Seul les asociaux osant braver les interdits et assumer la responsabilité du changement en prenant en charge la culpabilité au lieu et place des ancêtres étaient susceptibles de faire évoluer une société bloquée.

Les rois, encore aujourd'hui, occupent la place réservée aux ancêtres, ils en sont l'expression vivante mais aussi les représentants. Par un renversement prodigieux, celui qui jusqu'alors avait été exclu ou tué devient le maître absolu, le défenseur-protecteur des communautés humaines défaites qui se placent volontairement sous sa dictature et celui qui assure la continuité entre passé et l'avenir.

Avec les rois, la guerre change de nature, si l'aspect identitaire persiste, il est mis au service de l'esprit de conquête des territoires pour s'en approprier les biens et réduire les gens en esclavage...

Par cette violence contre l'espèce et la société humaines prend naissance l'histoire des historiens, autrement dit l'histoire du pouvoir séparé. Car à la même époque, l'usage du comptage des animaux domestiques permet l'invention simultanée des mathématiques et de l'écriture, conditions de la gestion écologique et totalitaire de l'eau et par conséquent les premières archives.

Porteur de la dette des ancêtres, réconciliateur apparent des contradictions familiales et tribales, protecteur de « son » peuple, augmentant grâce à la guerre de conquête la puissance de « sa » communauté, le pouvoir séparé exerce sur les hommes et les femmes une fascination active ou passive toujours actuelle.

La femme mariée, le serviteur, le soldat, le disciple, le militant ne peuvent exister que si chacun d'eux a le sentiment de participer (de manière imaginaire) au pouvoir du maître auquel il s'identifie, ultime recours contre la dépossession réelle de la parcelle de pouvoir individuel dont il était le dépositaire.

Le modèle de la domestication animale dans ses buts, ses méthodes et ses conséquences s'applique à une partie très importante de l'espèce humaine pour la réduire en esclavage. L'esclavage étant la forme contrainte de la domestication humaine, la servitude, la forme volontaire. Esclavage et servitude ne dérivent pas l'un de l'autre, mais se développent en même temps et se renforcent mutuellement. Esclavage pour les prisonniers de guerre étrangers et servitude pour les « sujets » autochtones.

De cette façon se trouvent intimement liées trois formes conflictuelles du développement des sociétés humaines entrant dans l'histoire des historiens, après la désagrégation des communautés humaines indivisées :

- conflit de l'homme sur la nature, traduit par la domestication des animaux et des plantes, modèles des deux autres formes de domination ;

- conflit horizontal et territorial (géopolitique) des hommes entre eux sur la base d'une identification-représentation des individus et des groupes permettant une justification identitaire au massacre des presque-semblables ou à leur domination-exploitation ;

- conflit vertical, hiérarchique et social autorisé par le mécanisme d'identification-représentation au chef, fondé sur une originelle escroquerie militaro-religieuse, puis économico-politique.

Les trois types de conflits ont évolués, les classes dirigeantes ont changé de nature et d'objectifs, les conflits territoriaux se sont enrichis de motifs nationalistes ou intégristes, les limites de la domestication animale ou végétale avec les implantations génétiques ont été élargies mais les hommes et les femmes réels n'ont pas encore pris en main leur vie.

Les esclaves, les serfs et les salariés sont dépossédés de toute responsabilité sur leur vie et participent à une histoire qui est de moins en moins celle des hommes en tant qu'espèce humaine pour devenir de plus en plus l'histoire de la survie d'une structure et d'une logique économique et politique étrangère à l'intérêt et aux besoins de l'espèce humaine qui lui a donné naissance.


L'Anonyme


mercredi, janvier 18, 2023

L’imposture d’une Maçonnerie dite "chrétienne et traditionaliste"



Comment ou pourquoi devient-on maçon ? Il peut y avoir de multiples raisons, je me limiterai juste à la mienne. 

Intéressé depuis des années par l’histoire et la philosophie, ne connaissant pas du tout la Maçonnerie, j’étais curieux d’en savoir plus. Une Encyclopédie m’apprend grosso modo que cette institution se définit comme « un ordre initiatique traditionnel non religieux, non politique et universel fondé sur la Fraternité ». Avec une définition aussi simpliste, il est impossible d’y voir le moindre mal.

Afin d’en savoir d’avantage, j’ai acheté deux livres qui me confirmaient que la FM pouvait m’apporter quelques réponses. Coïncidence ? Deux semaines plus tard je fais connaissance d’un maçon qui me parle de René Guénon. Aussitôt j’ai acheté son livre « La crise du monde moderne ». Cet essai m’avait beaucoup impressionné par la synthèse cohérente entre histoire et spiritualité. Guénon était et est toujours la « tête » du néognosticisme contemporain. J’ai dévoré son œuvre, ainsi que des centaines de pages de sa correspondance. Son œuvre avait aussi incité quelques hauts-dignitaires maçonniques à la fondation d’une loge « traditionnelle » d’inspiration guénonienne. C’est là où je voulais entrer, chose faite en 1980.

Un petit mot sur Guénon. Il écrivait avec le pluriel majesté « nous savons », et dénonçait sur ce ton persuasif des erreurs, comme par exemple et à juste titre, le panthéisme de Spinoza. Mais, c’est seulement après avoir quitté la FM, et avoir repris de A à Z sa doctrine et celle de la FM, que je suis arrivé à des conclusions diamétralement opposées aux siennes.

D’après le monisme métaphysique de Guénon, toute la manifestation émane du Principe, impliquant une continuité entre l’un et l’autre, concept qui s’oppose à la Création ex nihilo. La continuité entre le Principe et sa manifestation implique indubitablement le panthéisme, doctrine typiquement gnostique. Mais à cause de son panthéisme, il était inévitablement aussi transmigrationniste, comme l’atteste formellement son adhérence à la doctrine des états préhumains et posthumains avec l’Âtmâ, le « Soi », qui seul transmigre. Cette doctrine figure également dans la Kabbale de Louria ; son disciple Hayyim Vital lui a consacré un livre, le « Traité de Révolutions des Âmes ». Avec une lecture superficielle de Guénon, on risque de passer à côté de pas mal de choses, d’autant plus qu’il a toujours réfuté la réincarnation, mais quand on regarde cela de près, sa critique ne visait rien d’autre que les théories enfantines des spirites et théosophistes. En plus, son premier pseudonyme fut « Palingenius » (régénération cyclique des êtres), donc j’aurais pu le constater bien avant. Je ne peux expliquer cette défaillance de ma part autrement que par une distorsion de l’esprit qui empêche de voir les choses telles qu’elles sont…

Je ne cherche pas d’excuse, mais la confuse déclaration Nostra Ætate (1965) – la relation Église avec les autres religions –, allait pour moi dans le même sens que l’affirmation de Guénon que toutes les religions avaient une seule et la même origine, d’où leur « unité transcendante ». Je ne pouvais donc même pas supposer qu’il s’agissait là d’une imposture monumentale.

La loge guénonienne et élitiste « La Grande Triade » avait, parmi ses fondateurs (1947) le GM Michel Dumesnil de Gramont, déjà plusieurs fois Grand Maître et membre du Suprême Conseil (33ème) avant la guerre. C’est lui qui a obtenu à Alger en 1943 du Général de Gaulle l’annulation des lois antimaçonniques du Maréchal Pétain. J’ai appris plus tard que Dumesnil de Gramont avait dit : « La civilisation catholique ne comprenait pas la liberté comme la civilisation maçonnique... Il n’y a pas de conciliation possible entre des principes aussi opposés, il faudra bien que l’une ou l’autre civilisation disparaisse » !

Pourtant, je n’ai pas connu d’anticléricalisme. Comment est-ce possible ? C’est tout bêtement du « eyes wide shut » (les yeux grandement fermés). Je ne prêtais pas attention aux communiqués de l’Obédience. Je considérais l’Obédience comme une Maçonnerie dégénérée, dont les membres ne comprenaient plus le véritable enjeu. C’est Guénon qui avait introduit cette énormité, ce qui n’était pas une énormité innocente parce que Guénon savait mieux que quiconque… Il a fait croire que les maçons « opératifs » d’avant 1717 étaient de grands initiés. Il y a encore, même actuellement, beaucoup de gens qui sont convaincus du bienfondé de ce que Guénon « avance » ici. J’espère démontrer d’une manière convaincante l’inanité de tels propos.

J’ajouterais encore que chaque société actuelle a besoin de ses idiots-utiles, et les « dupés » ignorent ici non seulement l’enjeu doctrinal, mais également qu’ils sont au service de la construction de la République universelle selon le projet annoncé par le Chevalier de Ramsay en 1737. C’est la même catégorie de frères qui a encore appris récemment par la presse que 28 Obédiences maçonniques avaient encouragé la migration de masse, et parmi ces frères il y en avait aussi qui sont dans les degrés supérieurs, même très supérieurs. La FM va de concert avec le mondialisme de l’UNESCO, comme l’exemple, celui du « Planning familial et eugénique » dans les années 70 l’atteste formellement. L’immense majorité des maçons n’est jamais consultée, et apprend, a posteriori, par la presse, la « pensée profonde » de leur Obédience. Comment expliquer autrement que cet « élitisme » maçonnique est fondé sur le principe des sociétés parallèles, cloisonnées selon le modèle de Weishaupt.

Enfin, pourquoi ai-je quitté la FM ? 

Un apprenti attend forcément d’en savoir plus, puisque les « mystères » sont dévoilés degré par degré ; c’est pareil au second degré. C’est au 3ème degré que le maçon devient maître, et découvre le « secret » initiatique, à la condition de le comprendre, ce qui est rarement le cas. La maitrise constitue la « moelle » de la FM ; même si les Hauts-Grades ajoutent d’autres éléments, sans que cela accroisse l’essentiel du 3ème degré qu’on retrouve dans un autre « emballage » rituélique comme les poupées russes. Mais quand un maçon accède enfin au 3ème degré, il aura attendu quelques années, le temps de nouer des relations personnelles et de s’enraciner…Et même, quand on s’aperçoit au bout de quelques années – comme cela a été mon cas –, que la FM ne correspondait pas aux attentes, il y a d’autres raisons qui apparaissent de l’ordre d’un chantage moral, parce que la loge comptait sur toi pour… Ou, sans toi, l’effectif ne sera plus suffisant pour assurer la continuité de la loge. Que dire d’autre que c’est du chantage moral avec comme simple dilemme céder ou résister… Bref, c’est après 22 ans que l’occasion me fut offerte de claquer la porte, ce que j’ai aussitôt fait. Quel soulagement !

Maintenant, je vais vous parler de l’imposture d’une Maçonnerie dite « chrétienne et traditionaliste » s’opposant à la FM dite « laïque et progressiste ». C’est de la pseudo-opposition qui dissimule une finalité qui est la même pour tous. Non seulement les Obédiences pratiquent les mêmes rites (à quelques variantes près), mais en plus, et même avant tout, toutes les obédiences travaillent à la réalisation du Temple de la République universelle. Ce projet s’appelle le Noachisme et figure en toutes lettres dans les Constitutions depuis 1738 ! C’est le mondialisme !

La Maçonnerie moderne a été fondée en 1717, mais elle n’a strictement rien à voir avec les constructeurs dont elle prétend faussement descendre. Et en ce qui concerne sa doctrine, celle-ci vient du paganisme, du gnosticisme et surtout de la Kabbale. Enfin, et ce qui est le plus important pour la bonne adhésion à cette doctrine, c’est que le candidat passe au préalable par une illumination d’origine luciférienne.

Histoire de la Franc-Maçonnerie

J’ai dit que la FM n’avait rien avoir avec les constructeurs dont elle prétend descendre ; voyons cela. Toutes les corporations étaient réglementées au 13ème siècle, ce qui ne veut pas dire qu’il n’existait pas de réglementation avant. Le Livres des Métiers du prévôt Etienne Boileau (vers 1260) nous apprend, entre autres, que le « titre de maître n’était pas un grade dans le métier ; le maître était celui qui possédait un atelier où il commandait. De ce fait, un maître qui pour quelque raison que ce soit abandonnait son atelier, redevenait valet, c’est-à-dire ouvrier ».

Donc il n’y avait que des apprentis et des compagnons, appelés ici « valets », mais pas de maître au sens maçonnique ! Les corporations avaient leurs secrets, mais il s’agissait là des secrets de métier, comme par exemple un secret d’alliage etc… Ces secrets n’avaient donc rien à voir avec les secrets mystificateurs de la Maçonnerie. Que la Maçonnerie n’ait aucun rapport ou affinité avec les corporations apparaît manifestement avec la loi de 1791 du frère Le Chapelier, loi qui porte son nom, et qui anéantissait les corporations de métier et interdisait tout rassemblement, même paysan ! Cette loi était promulguée afin de favoriser la disparition des vrais métiers au bénéfice de l’industrie de la classe bourgeoise et maçonnique qui avait pris le pouvoir...

Il y a deux manuscrits anglais qui font référence dans la FM : le Regius (1390) et le Cook (1410). Le manuscrit Cooke recense la géométrie d’Euclide, Pythagore, les art libéraux, David, Salomon et le Temple, mais curieusement… ne parle pas du NT – un siècle avant la Réforme ! Ces manuscrits témoignent explicitement que la Renaissance avec le néoplatonisme, accompagné du néopaganisme étaient déjà bel et bien enracinés en Angleterre. On peut se poser la question si l’auteur était un catholique ou un gnostique, malgré l’affirmation dans le texte que le « maçon doit aimer Dieu et la Sainte Église ». Eu égard au doute, je signale que le Pr André Crépin, qui a étudié et traduit le Cook, ajoute en note à propos d’une correction apportée au manuscrit : « C’est ici qu’apparaît pour la première fois le Temple de Salomon ignoré du Regius et du Cooke I. » ! Ce qui n’empêche pas les maçons de se revendiquer fièrement de ces textes comme leurs « Old charges » (Anciens devoirs).

Avec la Réforme, la révolution est arrivée dans tous les domaines. Les corporations se sont divisées en catholiques et protestants, et il y a des Guildes visiblement influencées par l’hermétisme. Il y a eu des condamnations avec des procès-verbaux. Le PV de 1665 a entraîné une condamnation par la Sorbonne, ce qui nous permet de constater qu’il s’agissait d’une hérésie chrétienne. J’insiste sur « chrétienne » parce qu’il n’y avait rien de judaïque, contrairement à ce qui est le cas pour la FM. En fait, tous les corporations avaient leurs cérémonies, je dirais style « bon enfant » qui, si elles ne frôlaient pas l’hérésie s’en approchaient dangereusement.

Un exemple caractéristique est celui des Bons Cousins, qui étaient forestiers, bûcherons et transformaient au four les débits en charbon, d’où « carbonari ». Leurs réunions s’appelaient des Ventes. Pour leurs cérémonies, ils utilisaient du linge blanc, du sel, un crucifix, du feu, de l’eau, une couronne d’épines, des feuilles, des rubans et un four – chrétien et naïf ! Ce qui importe, dans cet exemple, c’est la parfaite similitude avec les origines de la FM. Cette corporation de métier, également constituée en deux degrés avec ses cérémonies propres a été récupérée à des fins politiques et mondialistes. Le Carbonarisme a été condamné en 1821par le pape Pie VII, et comptait parmi ses membres Mazzini, Garibaldi, Blavatsky et autres illustres figures, qui étaient tous également francs-maçons, martinistes etc. Un des satellites créés par les Carbonari, la société secrète « Jeune-Italie », est à l’origine de la République italienne. Remarquons que « jeune » et « printemps » sont quasiment synonymes, donc on pourrait aussi bien parler d’un « printemps italien », comme d’un « printemps turc » pour les Jeunes-Turcs sabbataïstes. Il y a une correspondance avec ce qui se passe de nos jours… Les cérémonies des Bons-Cousins, puis des Carbonari et des Compagnonnages ont été maçonnisées au 19ème siècle, et, depuis, prévaut aussi chez eux le Temple de Salomon.

Après avoir passé en revue les caractéristiques des corporations de métier, examinons maintenant les origines de la FM. Elles sont multiples : Rose-Croix, Hermétisme, Graal, Chevalerie, Kabbale… Mais, et cela importe, toutes ces organisations ou « courants de pensée » avaient un dénominateur commun : la Gnose.

La FM ou la Grande Loge de Londres a été fondée le 24 juin 1717, le jour du solstice d’été. Au solstice d’été avait lieu autrefois la fête païenne solaire, et au solstice d’hiver les Saturnales où tout était permis… Le « tout est permis », cet antinomisme, se retrouve chez Rabelais avec la loi thélémite « fais ce que tu voudras », loi perpétuée, entre autres, par l’ordre paramaçonnique Ordo Templi Orientis (O.T.O.) d’Aleister Crowley.

Les gnostiques sont des mystificateurs, qui attribuent des qualités aux choses qu’elles n’ont pas. Plutarque disait déjà « le secret ajoute de la valeur… ». Et Guénon dit à propos du solstice d’hiver qui correspond à la « porte des dieux » hindoue : « ce n’est pas sans raison que la fête de Noël coïncide avec le solstice d’hiver ». C’est faux et ahurissant ! La vérité est que le jour de la Nativité fut fixé officiellement par l’Église au 25 décembre par le pape Liberus, en l’an 354 – seulement ! Et cette date fut volontairement choisie pour se superposer à la fête païenne du solstice d’hiver – Natalis Invicti (nativité du soleil invincible) –, car le Christ seul est la véritable lumière du monde. Voilà un exemple d’une mystification ; en plus, et surtout, le christianisme n’a strictement rien à faire avec l’ordre cosmique.

Les Rose-Croix, dans leur manifeste Fama Fraternitatis en 1614, prônaient la réformation universelle de l’Église et des États, afin de les assujettir à une Super-religion ésotérique comprenant aussi l’ensemble des connaissances humaines.

Avec Francis Bacon (1561-1626) dans « La Nouvelle Atlantide » apparait le Temple de Salomon, le prototype idéal de la FM. Résumons, sur une île il y a une République exemplaire – une Communauté des Nations –, avec la « maison de la science », concept inspiré de l’ismaélisme des Fatimides. Et… cette Maison s’appelle « Maison et/ou Temple de Salomon », et les habitants de l’île s’appellent « les insulaires de Ben-Salem » – ça alors !

Voilà comment le Temple de Salomon est arrivé en Angleterre, où quelques « invisibles », des Rose-Croix, y ont ajouté certains mystères… Les fondateurs de la FM ont réussi à faire oublier la Nouvelle Alliance, et ils ont ressuscité l’Ancienne Alliance, quoique sérieusement défigurée par la Kabbale gnostique. Depuis le Christ a dit : « Tout est accompli ! » l’ancien Pacte est mort, il vit dans le Nouveau. Il est mort ostensiblement, depuis, le voile du Temple se déchira du haut en bas. Donc le Temple de Salomon est également mort depuis 2000 ans – mis à part sa destruction qui date d’avant. Je peux encore faire remarquer que la Bible en FM est appelée le Volume de la Loi Sacrée. Mais là encore, la Loi est le propre de l’Ancien Testament, comme il est écrit : « la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. ». En laissant de côté l’appellation saugrenue « volume », on voit clairement que les fondateurs préféraient la Loi à la Grâce et à la Vérité du Christ. D’ailleurs, l’ère maçonnique, pour dater son « Année de la Vraie Lumière », commence 4000 ans avant le Christ, Qui n’est pas donc la Vraie Lumière !

Pourquoi 4000 ans avant ? Parce que selon la chronologie biblique les constructeurs construisaient la Tour de Babel !

Qui étaient les fondateurs ?

Au début du 17ème siècle, les réunions publiques étaient interdites en Angleterre, d’où l’astuce de se faire « accepter » (d’où le terme de « maçons acceptés »). « À la faveur des révolutions d’Angleterre, rose-croix, savants et nobles avaient été nombreux à pénétrer dans les loges de la Maçonnerie opérative, afin d’y bénéficier du droit de réunion, dont seuls jouissaient alors les corps de métiers. Le même phénomène s’était produit en Écosse.

La première référence connue au mot « maçonnique » figure dans un poème Rose-Croix publié à Édimbourg en 1638 :

"Ce que nous présageons n’est pas à négliger,
Car nous sommes frères de la rose-croix,
Nous avons le mot « maçonnique » 
et la seconde vue 
nous pouvons prédire à l’avance les choses à venir."

Le Temple de Salomon trouva une place centrale au sein de la Royal Society fondée en 1660, dont, parmi les membres se trouvait le pasteur anglican Desaguliers, cofondateur de la FM moderne avec le pasteur calviniste Anderson. Ils étaient les fondateurs « visibles », mais derrière ou au-dessus d’eux il y avait des « invisibles », comparables aux « Supérieurs Inconnus » et aussi comparables aux « Mahatmas » de la Société Théosophique ; dans ces trois cas il y avait le même mode opératoire…

Il existe un pamphlet maçonnique, daté de 1676, qui contient cette déclaration : « Nous avertissons que la cabale moderne au ruban vert, avec l’ancienne fraternité de la rose-croix, les adeptes hermétiques et la compagnie des maçons acceptés se proposent de dîner ensemble le 31 novembre prochain ». Vient ensuite la description d’un menu comique, et ceux qui pensent venir sont priés d’apporter des lunettes, « car autrement lesdites sociétés rendront (comme d’habitude) leur apparence invisible ».

Être invisible, c’est le « Larvatos prodeo », la devise du Serpent : je m’avance masqué.

La Fama Fraternitatis de 1614 relate les voyages vers l’Est de Christian Rosenkreutz, « dont il est revenu avec un nouveau type de « Magie et de Kabbale, qu’il a incorporé dans sa propre attitude chrétienne » – on peut se faire une idée de l’épidémie. C’est confirmé, cette nouvelle Kabbale est celle d’Isaac Louria, sur laquelle je reviendrai parce qu’elle est au cœur-même de la FM.

Nommé Grand-Maître de la Grande Loge de Londres en 1719, Desaguliers rechercha les « Old Charges » (les anciens devoirs évoqués plus haut) des Guildes médiévales, à partir desquelles il conçut les règlements généraux de l’Ordre, dont il confia la rédaction à son larbin Anderson, connues sous le nom des « Constitutions d’Anderson ». À cette époque il y eut l’incendie des archives de la Loge de Saint-Paul. Cela peut arriver, mais ici, ce qui était compromettant avait brûlé, et ce qui n’avait pas brûlé n’existait pas auparavant. Les historiens sont d’accord, et même Guénon était d’accord, mais… pour d’autres raisons. Il confirmait l’incendie intentionnel : « les novateurs eux-mêmes, qui précisément n’avaient rassemblés ces anciens documents que pour les faire disparaître après en avoir utilisé ce qui leur convenait, afin qu’on ne pût faire la preuve des changements qu’ils y avaient introduits. ». Guénon en profite pour faire croire et admettre que le degré de maître avait toujours existé. Polémiste comme il était, il répondait à un historien qui niait ce fait : « mais sans doute ne peut-on pas exiger d’un pur historien une trop grande compétence pour tout ce qui touche directement au rituel et au symbolisme. ». Avec Guénon il ne faut pas se laisser intimider et surtout tout vérifier ! Le raisonnement de Guénon voulait que les trois degrés correspondent à la constitution tripartite de l’être : corps, âme et esprit (Âtmâ, l’« Étincelle divine »).

Déjà Aristote avait démontré que l’être est composé d’un corps et d’une âme, et cela d’une manière indivisible (individuum, individu). En 1312 l’Église avait condamné formellement le tripartisme gnostique, esprit, âme et corps, à cause de l’influence croissante de la pensée néo-aristotélicienne d’Averroès. Quand l’Écriture parle de l’âme et de l’esprit c’est toujours de l’âme qu’il s’agit. Par rapport au corps on l’appelle âme, par rapport à Dieu on l’appelle esprit ou raison.

Lors de sa fondation, la FM ne connaissait donc pas le degré de Maître, ce qui n’est pas étonnant parce que ce degré, comme nous l’avons vu, n’existait pas dans les corporations. Pas d’apparition de grade de maître avant 1723 selon des historiens, comme l’atteste aussi le "Dictionnaire de la FM" de Ligou. Il a donc fallu « justifier » cette apparition. Il est amusant de voir comment la FM s’y est prise. Créer un conflit, une fausse opposition peut permettre d’atteindre un but dissimulé. C’est avec la querelle entre les « Anciens » irlandais et les « Modernes » londoniens qu’ils ont pu « justifier » le degré de maître. Les Anciens prétendaient pratiquer la vraie maçonnerie. Leur porte-parole Laurence Dermott se moquait d’eux en disant qu’ils ne connaissaient que deux grades ! Mais qui était Dermott ?

En 1756 Dermott a introduit de nouveaux textes irlandais, "Ahiman Rezon". Ce n’est pas du latin mais de l’hébreux, d’où les prières hébraïques ou plus précisément talmudiques. Il raconte que 4 hommes lui sont apparus la nuit. Ils venaient de Jérusalem, ils parlaient anglais, mais il ne sait pas d’où il venaient. Ils s’appelaient : Shallum, Ahiman, Akkub et Talmon….Toute l’histoire biblique y est, sauf le Christ. Mais il y a aussi des éloges du Coran ! Il cite des gens connus, Virgile, Socrate… et dit qu’ils descendaient tous de parents modestes, comme les tailleurs des pierres. L’origine « modeste » ou « simple » est l’argument préposé ici à faire accepter son sophisme. Et Dermott ajoute que « la FM existe depuis la Création, quoique sous un autre nom ». C’est gagné, il a mis les maçons illuminés dans sa poche !

Qu’est-ce que la Gnose ?

L’hérésie gnostique a commencé dès les premiers temps du christianisme avec Simon le Magicien, qui « a toujours eu depuis ce temps-là sa suite funeste ». Cette hérésie est la seule à avoir été prédite dans l’Écriture avec ses caractères particuliers, elle constitue le vrai mystère d’iniquité » dont parle saint Paul et sera l’hérésie des derniers temps.

Je cite une belle définition d’Etienne Couvert : « La Gnose (gnosticisme) est essentiellement une végétation religieuse parasitaire, se nourrissant du Christianisme pour en tirer un certain nombre d’éléments qu’elle va détourner de leur sens naturel pour leur donner une signification nouvelle totalement opposée à l’enseignement de l’Église. La Gnose est une secte d’initiés, prétendant avoir reçu une révélation plus parfaite que celle de Jésus, réservée à des esprits d’élite qui vont être détournés de l’enseignement ordinaire de 1’Église et constituer comme un chancre rongeur à l’intérieur de la communauté chrétienne ».

La Tradition chrétienne a été accueillie oralement par les apôtres, par eux seuls ! Ils ont aussitôt prêché, et quelques décennies plus tard sont apparus les Évangiles et les Actes. Les apôtres, avec saint Pierre comme chef, avaient donc toute autorité, aussi sur l’Écriture, et c’est le Magister de l’Église qui perpétue cette tradition. Il n’y avait pas de dogmes ; ils sont venus plus tard, afin de définir par écrit la Foi contre les hérétiques, qui venaient souvent même de l’intérieur de l’Église.

Pas d’ésotérisme dans le christianisme, tout a été dévoilé comme l’a encore rappelé récemment le pape Benoit XVI à propos du Pseudo-Denys l’Aréopagite. C’est une falsification (la Gnose) calculée, par laquelle, en antidatant ses œuvres au 1er siècle, au temps de saint Paul, il voulait donner à sa production littéraire une autorité quasi apostolique, très influencé par les écrits néoplatoniciens de Proclus dont le but consistait dans une grande apologie polythéiste car les vraies forces étaient à l’œuvre dans le cosmos. En conséquence, le polythéisme devait être considéré comme plus vrai que le monothéisme, avec son unique Dieu créateur » et Denys « distinguait les voies destinées aux simples, ceux qui n’étaient pas en mesure de s’élever aux sommets de la vérité et pour qui certains rites pouvaient suffire, d’avec les voies destinées aux sages, qui devaient, eux, se purifier pour arriver à la pure lumière. » Benoît XVI conclut : On voit que cette pensée est profondément antichrétienne. » ! C’est donc officiel, il n’y a pas de christianisme ésotérique.

En quoi diffère la Gnose de l’enseignement de l’Église ?

Comme je l’avais déjà dit à propos de Guénon, les gnostiques sont des métaphysiciens monistes pour qui la manifestation émane du principe, impliquant une continuité entre l’un et l’autre. L’émanatisme aboutit inévitablement au panthéisme, concept qui s’oppose à la Création ex nihilo. Les Gnostiques sont depuis toujours confrontés au problème du bien et du mal ; difficulté qu’ils n’arrivent pas à résoudre. Cette difficulté découle de leur monisme métaphysique, puisque toute la manifestation émane entièrement du Principe, donc le mal aussi. La Bible, par contre, révèle qu’après l’achèvement de la Création, « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et cela était très bon. ». Il n’y avait donc pas de mal ; le mal arrive après, par la faute de l’homme ! [...]

Nier le péché

Nier le péché, c’est nier la Rédemption, c’est aussi ôter la raison d’être de l’Église. Le catholicisme, fidèle à la première Révélation, enseigne l’hérédité du péché. C’est biblique, c’est la Thora pour les juifs. Mais leurs descendants, influencées par le Talmud et la Kabbale, considèrent maintenant que l’âme existe avant la naissance, et que la vie commence à la naissance sans péché originel.

Le "Sepher Ha-Zohar" :

« Avec cet arbre (celui de la connaissance), Dieu créa le Monde ; mange donc de ce fruit et tu seras semblable à Dieu, connaissant le Bien et le Mal ; car c’est par cette connaissance que l’homme est Dieu. Mange donc et tu seras créateur des mondes. Dieu sait tout cela et c’est pourquoi il vous a défendu de manger de ce fruit, car Dieu est un Artisan [un Demiurge ! le Grand Architecte ?] et un Artisan déteste toujours jalousement [!] les compagnons qui exercent le même métier que lui ».

La Rose-Croix :

La Tradition primordiale du rosicrucianisme implique obligatoirement la négation du Péché, parce que selon elle, cette Tradition est encore intégralement conservée dans le Centre Suprême, Agartha, Shambhala ou Grande Loge Blanche.

La Franc-Maçonnerie :

Au 28ème degré du REAA, dénommé « Chevalier du Soleil ou Prince Adepte », les maçons sont censés être dans le jardin d’Éden, et le Maître représente Adam ! Accepter Adam, c’est nier le Péché, c’est implicitement nier la Rédemption ! C’est l’anathème pour un catholique, mais peu importe quand on est déjà excommunié du fait de l’appartenance à la FM.

À propos de la Tradition primordiale rosicrucienne, je signale que selon la Révélation il y a deux Traditions ou plus précisément deux postérités issues du Péché. En réponse à la Tentation du serpent « Vous serez comme Dieu. » (Eritis sicut Dii), Dieu dit : « Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité, et c’est la postérité de la femme qui écrasera la tête du serpent. ».

Ainsi il y a deux lignées, l’une qui a foi et attend l’accomplissement de la promesse, l’autre qui prétend pouvoir délivrer l’homme par la science (de l’Arbre). Ces deux traditions sont inconciliables, mais celle de la Science (de la Gnose des initiés) ne va pas se développer indépendamment de l’autre. Sa nature perfide consiste à détourner le sens de la Révélation en s’y mêlant sous un subterfuge, afin de la fausser, engendrant ainsi non seulement des déviations, mais aussi des contre-vérités. Ces deux Traditions ne sont même pas primordiales au sens strict du mot, parce que par le péché, l’homme a perdu, entre autres, la grâce et la science infuse (maintenant même l’homme intègre peut se tromper). De ce fait, il n’est donc même pas possible de parler d’une tradition adamique, puisqu’il n’y avait rien à transmettre, puisque tout avait été donné directement. Tout au plus peut-on admettre la transmission de la langue parlée, mais en aucun cas d’une transmission de l’amitié avec Dieu par la Grâce, qui a été perdue. Il a fallu attendre le Rédempteur afin de pouvoir prétendre à la Grâce.

L’Église et la FM

La FM a connu de multiples condamnations avec des rappels.

La première condamnation pontificale en 1738, par Clément XII, valable à perpétuité ! J’en ai compté 8, il se peut que j’en ai oublié. En 1751, 1821, 1825, 1829, 1832, 1846 et 1884. Je cite seulement quelques extraits explicites.

En 1892 Léon XIII a redit : « Que l’on se rappelle que christianisme et franc-Maçonnerie sont essentiellement inconciliables, si bien que s’agréger à celle-ci, c’est divorcer de celui-là. »

En 1985 l’Osservatore romano fait un rappel purement doctrinal, au plan de la Foi et de ses exigences morales », dont j’extrais les points suivants :

- Que le relativisme [à chacun sa vérité] caractérise fondamentalement la franc-Maçonnerie ; qu’il est renforcé par la pratique essentiellement symbolique et rituelle de cette dernière ;

- Qu’il a pour conséquence d’entraîner le catholique franc-maçon à « vivre sa relation avec Dieu d’une façon double, c’est-à-dire en la partageant en deux modalités : une humanitaire, qui serait supraconfessionnelle et une, personnelle et intérieure, qui serait chrétienne » ; que « le climat de secret comporte […] le risque pour les inscrits de devenir les instruments d’une stratégie qu’ils ignorent » ;

- Que la distinction entre initié et profane n’est pas tenable au sein de la communion chrétienne ;

- Qu’enfin, puisque ces principes sont communs à l’ensemble de la franc-Maçonnerie, il n’y a pas lieu sur ces points de distinguer entre les obédiences « malgré la diversité qui peut subsister […] en particulier dans leur attitude déclarée envers l’Église ».

La FM et l’Église

Au nom de la tolérance, la Maçonnerie s’est toujours défendue d’être anticatholique, cependant elle se dit antidogmatique, et seule l’Église catholique est dogmatique… La revue L’Acacia en 1908 : « Au lieu de la lutte par voie de législation répressive des privilèges ... il nous faudra employer la propagande ... Beaucoup de gens... considèrent encore certaines cérémonies du culte : mariage, baptême, première communion, enterrement, comme un rite social obligatoire... De cet accomplissement du rite peut résulter le maintien ou le retour à la croyance. C’est cela qu’il faut combattre... ». Et ce combat continue, écoutez par exemple le frère Vincent Peillon. La même revue en 1903 qualifiait fièrement « la FM de « contre-Église ». On ne saurait être plus clair et concis !

Après la guerre, le frère Riandey, alors Grand Commandeur Suprême Conseil de France, exprimait le souhait que se réalise l’unité de la chrétienté, « il donnait un « assentiment sans réserve... à ces efforts vers l’œcuménisme chrétien », mais en ajoutant : « il importe toutefois que le lecteur sache que pour nous ces efforts ne représentent que des pas sur le chemin d’un œcuménisme plus large. ». L’œcuménisme plus large c’est le Noachisme !

Les rituels

Le Rite Écossais Ancien et Accepté est composé de 33 degrés. L’initiation au premier degré se fait par une descente aux enfers, suivi de trois purifications par l’eau, l’air et le feu, puis le récipiendaire reçoit la lumière. C’est au 3ème degré que le maçon s’identifie avec la lumière, le maître devient l’étoile flamboyante, que le compagnon au 2ème degré a seulement « vue ». J’ai déjà dit que le 3ème degré constitue la « moelle » du Système, et que Christian Rosenkreutz était revenu de ses voyages avec la nouvelle Kabbale de Louria, doctrine perpétuée par les Rose-Croix, les fondateurs « invisibles » de la FM. Cela explique le caractère lourianique du 3ème degré, l’« élévation à la maîtrise ».

Qui est Isaac Louria ?

Il propose une relecture de la Genèse et de l’homme et de son rapport avec Dieu, et développe une doctrine de la rédemption, Tikkun Olam, la « réparation du monde ». Selon lui, Dieu suprême (Ein-Soph) se dédouble et se contracte en lui-même, devant une lumière enfermée dans des « vases » comme il dit, et laisse place à autre chose d’exister. C’est de l’émanatisme présenté d’une manière « nouvelle ». Donc il faut maintenant libérer Dieu ; c’est ainsi l’homme complète la manifestation inachevée ! Selon cette théorie « imaginale », la lumière primordiale est devenue prisonnière des qlippoth, des « écorces » ou des « coquilles ». Il faut briser les qlippoth afin que la lumière puisse se libérer. Ici naît la violence !

Par analogie, cette doctrine « illuminée » relative à l’être, le libère donc de tout, y compris des interdits de Dieu ! Cet antinomisme gnostique et radical a inspiré Sabbataï Tsevi et Jacob Frank qui poussent cette « logique » jusqu’à l’extrême avec l’anéantissement total de tout obstacle éventuel à la venue de leur Messiah. La mise en œuvre du Tikkun Olam occasionnera les guerres de destruction des peuples. Et tant mieux quand cela se passe dans la douleur, parce que c’est pour l’heureux accouchement de leur Messiah, l’Antéchrist pour les autres. Détruire pour construire, mourir pour renaître. De l’ordre renaît du chaos, c’est la devise même du Suprême Conseil : Ordo ab Chao !

La lumière primordiale est prisonnière.

Au plus profond, au plus bas de l’être réside l’« étincelle divine » en attente de sa libération. La « libération des étincelles divines » c’est le Tikkun du kabbaliste Isaac Louria. Analogiquement, la Chambre du Milieu se trouve au centre de la terre où se déroule l’« élévation à la maîtrise ».

Quelle est cette lumière au centre de la terre ? C’est Lucifer : « Comment es-tu tombé du ciel, astre brillant, fils de l’aurore ? Comment es-tu renversé par terre, toi, le destructeur des nations ? Tu disais dans ton cœur : Je monterai au ciel […], je serai semblable au Très-Haut ! Et te voilà descendu au sombre séjour, dans les profondeurs de l’abîme ! ».

Un rite est constitué d’un ensemble de symboles mis en action, afin de transmettre le « secret » de la Maçonnerie à l’aspirant. À l’élévation à la Maîtrise, l’aspirant va « vivre » par identification avec Hiram, l’architecte assassiné, le drame de la « Chambre du Milieu ». Et c’est là où Lucifer engendre la « moelle » des maîtres maçons. On lui a donné un autre nom, évidemment. Ce drame se passe donc en « Chambre du Milieu », lieu uniquement éclairé de l’intérieur, et hors de laquelle ne règnent que les « ténèbres extérieures ».

L’identification avec Lucifer se fait par la ruse, parce qu’il s’appelle à présent Hiram. C’est même subtilement confirmé par Guénon : « Dante parcourut tous les cercles infernaux en vingt-quatre heures, et atteignit alors le centre de la Terre, qu’il traversa en contournant le corps de Lucifer. N’y aurait-il pas quelque rapport entre ce corps de Lucifer, placé au centre de la Terre, c’est-à-dire au centre même de la pesanteur, « symbolisant l’attrait inverse de la nature », et celui d’Hiram, placé de même au centre de la « Chambre du Milieu », et qu’il faut aussi franchir pour parvenir à la Maîtrise ? La connaissance de ce rapport mystérieux ne pourrait-elle pas aider à découvrir la véritable signification de la lettre G ? ».

C’est donc ce « rapport mystérieux » de Lucifer-Hiram, qui « pourrait aider à découvrir » la Gnose !

Le candidat à l’élévation à la maîtrise enjambe non seulement du « pied à la tête » le cadavre de Lucifer-Hiram (concrétisé par un maçon allongé par terre), mais ensuite c’est lui-même qui va prendre la place de Lucifer-Hiram, afin de subir le même sort. Allongé, le candidat s’identifie donc totalement à Lucifer-Hiram avec lequel il va être élevé à la maîtrise. C’est ici où intervient la violence, chère à Louria. Le candidat doit mourir afin de renaître, et reçoit un coup de maillet sur le front qui, symboliquement, fracasse le crane pour que sa lumière intérieure se libère…

Subséquemment il est dit avec le relèvement du nouveau maître : « le maître est retrouvé, il reparaît plus radieux que jamais ! ». Plus radieux que jamais, parce que le maître est une nouvelle « Étoile flamboyante ». Cette doctrine continue avec les Hauts-Grades au 4ème degré, dénommé « Maître Secret », où les travaux commencent à l’« éclat du jour », au moment où l’astre de l’aurore, Lucifer, se lève. C’est l’« Aube dorée », the Golden Dawn…

Le Rite Écossais Rectifié

Il y a une maçonnerie qui revendique une doctrine chrétienne ésotérique – évidemment ! – ; c’est le Rite Ecossais Rectifié.

En Allemagne, au XVIIIe siècle, la Franc-Maçonnerie templière de la « Stricte Observance » est dirigée en arrière-plan par les « Supérieurs Inconnus », des « invisibles, si l’on préfère. En 1782 la « Stricte Observance » se scinde en deux parties : l’une pour fonder le Rite Écossais Rectifié, l’autre pour rejoindre les Illuminés de Bavière. Or 1782 est également l’année de la création de l’Ordre des Frères d’Asie, essentiellement composé de sabbataïstes et de frankistes, et ils étaient tous Rose-Croix selon l’historien Jacob Katz. Cela ne doit pas être pris dans ce sens qu’ils n’existaient pas avant cette dissociation ; bien au contraire !

Le Rite Ecossais Rectifié (RER) a été fondé en 1782 par Willermoz, et prétend être chrétien et antidogmatique… Willermoz pratiquait le magnétisme et était disciple de Martinez de Pasqually et de LouisClaude de Saint-Martin. Martinez avait fondé en 1767 l’Ordre des Élus Coën. Il était de mère maranne et son savoir en kabbale il le tenait de Juifs et de Juifs récemment convertis au Catholicisme, qui avaient les rapports les plus étroits avec le cercle frankiste de Brno (Brünn). Louis-Claude de Saint-Martin est admis dans l’Ordre des Élus Coën, comme Willermoz qui deviendra son disciple. Gershom Scholem note que les pratiques théurgiques des Élus-Coëns « rappellent étrangement les opérations magiques du Baal-Schem de Londres, le célèbre Dr. Samuel Falk ».

Pour Saint-Martin comme pour ses maîtres, Dieu, avant le temps, produisit par émanation des êtres spirituels. Une partie de ces anges tomba dans le péché d’insubordination. Alors Dieu créa un univers pour circonscrire le mal ainsi introduit et pour servir de prison aux anges déchus. En même temps, il émana l’Homme primordial, l’Adam Qadmon, androgyne au corps glorieux, vice-roi de l’univers, pour servir de geôlier à ces démons, les amener à résipiscence… Et selon lui, tout homme est un Christ en puissance. Et voici un exemple éloquent du délire irrationnel de cet illuminé, Saint Martin dit : « Chaque homme depuis la venue du Christ, peut, dans le don qui lui est propre, aller plus loin que le Christ. J’ose dire que dans le genre qui m’est propre, celui du développement de l’intelligence, j’ai été plus loin que le Christ ». Voilà des mots blasphématoires du « maître » de Willermoz, le père de la « Maçonnerie chrétienne ».

J’espère ainsi avoir répondu à la question, et je dirai peu importe la pseudo-opposition interne, là où tout est imposture !


Karl VAN DER EYKEN, « L’imposture d’une Maçonnerie dite "chrétienne et traditionaliste" s’opposant à la FM dite "laïque et progressiste" », Conférence prononcée dans le cadre d’« Illuminati et Franc-Maçonnerie – Mythes et Réalités », organisé par Culture Populaire à Nice, le 11/12/2016.


mardi, janvier 17, 2023

La vraie méditation


Méditer, ce mot a été employé, en Orient et en Occident, d’une façon malheureuse. Il existe différentes écoles et différents systèmes de méditation. Certaines écoles disent : « Observez le mouvement de votre gros orteil, observez-le, observez-le, observez-le », d’autres recommandent que l’on s’assoie dans certaines postures, que l’on respire régulièrement, ou que l’on s’exerce à être lucide. Tout cela est purement mécanique. 

Une autre méthode consiste à vous donner un certain mot et à vous dire que si vous le répétez très longtemps, vous aurez une expérience transcendantale extraordinaire. C’est une absurdité. C’est de l’auto-hypnotisme. Il est certain qu’en répétant indéfiniment Amen, Om ou Coca-cola, vous aurez une certaine expérience, parce qu’au moyen de répétitions on se calme l’esprit. C’est un phénomène bien connu en Inde depuis des milliers d’années, que l’on appelle Mantra-Yoga. Avec des répétitions vous pouvez inciter votre esprit à être aimable et doux, mais il n’en sera pas moins un petit esprit mesquin, misérable. Vous pourriez aussi bien placer sur votre cheminée un morceau de bois ramassé dans le jardin et lui présenter tous les jours une fleur en offrande. Au bout d’un mois vous seriez en train de l’adorer, et ne pas lui offrir une fleur serait un péché.

La méditation ne consiste pas à suivre un système ; ce n’est pas une constante répétition ou imitation ; ce n’est pas une concentration. 

Une des méthodes favorites de certaines personnes qui enseignent la méditation est d’insister auprès de leurs élèves sur la nécessité de se concentrer, c’est-à-dire de fixer leur esprit sur une pensée et d’expulser toutes les autres. C’est la chose la plus stupide, la plus nocive que puisse faire n’importe quel écolier, lorsqu’on l’y oblige. Cela veut dire que pendant tout ce temps on est le lieu d’un combat entre la volonté insistante de se concentrer et l’esprit qui vagabonde, tandis qu’il faudrait être attentif à tous les mouvements de la pensée, partout où elle va. Lorsque votre esprit erre à l’aventure, c’est que vous êtes intéressé par autre chose que ce que vous faites. 

La vraie méditation

Voilà ce qu’est la vraie méditation. Elle consiste à repartir des tout premiers débuts sans rien savoir. Si vous croyez déjà tout savoir, vous finirez par être envahi par le doute. Mais si vous partez en ne sachant rien d’avance, vous trouverez la vérité absolue, c’est-à-dire la certitude. Je me demande si vous saisissez bien tout cela. Nous avons d’abord dit qu’il fallait explorer ce que nous sommes, or nous ne sommes rien d’autre que le connu ; ce connu doit donc être évacué. Et quand le vide est fait, tout le reste coule de source.

Lorsqu’elle est là, cette chose plus sacrée que tout et qui est l’essence même du mouvement de la méditation, la vie prend un tout autre sens. L’existence cesse à tout jamais d’être superficielle. Quand on a cela, plus rien n’a d’importance. […]

Voici donc ce qu’est la méditation. Elle consiste à percevoir la vérité à chaque seconde, et pas « en ultime analyse », à démêler le vrai du faux à chaque instant. Percevoir qu’il est vrai de dire que la conscience et son contenu ne font qu’un – c’est cela, la vérité. Voir la vérité du fait que je ne sais pas quelle attitude adopter face à tout cela – telle est la vérité, qui n’a rien à voir avec le savoir. Par conséquent, le fait de ne rien savoir est un état vide de tout contenu.

C’est extrêmement simple. Vous pouvez refuser l’évidence et préférer des solutions astucieuses, compliquées, inventées de toutes pièces. Vous refusez de voir ce qui est pourtant extraordinairement simple, et donc extraordinairement beau.

L’esprit, c’est-à-dire le cerveau, est-il capable de voir clairement ses limites, les limites du temps, l’asservissement au temps et les limites de l’espace ? Tant que l’on vit dans le cadre étroit de cet espace limité et sous l’emprise de ce mouvement du temps, la souffrance, l’alternance d’espoir et de désespoir, et toute l’angoisse que cela suscite dans notre psyché sont inévitables. Lorsque l’esprit a perçu cette vérité, que devient le temps ? Y a-t-il alors une nouvelle dimension que la pensée ne peut ni toucher ni décrire ? Comme nous l’avons dit, la pensée, c’est la mesure, c’est donc aussi le temps. Nous vivons selon des critères de mesure ; toutes nos structures mentales se fondent sur la mesure, c’est-à-dire la comparaison. Et la pensée en tant que mesure voudrait transcender ses propres limites pour découvrir par ses propres moyens s’il existe quelque chose de non mesurable. La vérité authentique consiste à voir la fausseté d’un tel raisonnement. La vérité consiste à voir le faux, et le faux, c’est quand la pensée cherche ce qui n’est pas mesurable, qui ne procède pas du temps et n’appartient pas à l’espace qui abrite le contenu de la conscience.

Lorsque vous posez toutes ces questions, et que vous vous interrogez, alors vous apprenez en chemin, alors votre esprit et votre cerveau deviennent extraordinairement silencieux. Discipline, maître, gourou, système – vous n’avez pas besoin de cela pour faire taire votre esprit.

Il existe différents types de méditation dans le monde, de nos jours. L’homme est trop avide, trop pressé de faire l’expérience d’une chose dont il ignore tout. 

La mode est actuellement au yoga, venu d’Orient, et censé apporter à tous santé, bonheur, jeunesse, censé aider les gens à rencontrer Dieu – bref, le yoga est en ce moment la panacée. Les sciences occultes ont également le vent en poupe ces temps-ci, c’est si excitant ! Pour l’esprit qui est en quête de vérité, qui s’efforce de comprendre la vie dans sa globalité, qui voit le faux pour ce qu’il est, et la vérité au sein même du faux, tous ces phénomènes occultes sont assez évidents, et un tel esprit restera à distance de tout cela. Quelle importance que je lise dans vos pensées, ou vous dans les miennes, que je voie des anges ou des fées, ou que j’aie des visions – aucune importance, vraiment ! Nous avons soif de mystère, et nous ne voyons pas l’immense mystère de la vie, de cet amour de la vie. Cela, nous ne le voyons pas, nous nous épuisons donc en futilités sans importance.

Mais quand on a renoncé à tout cela, reste la question clé : existe-t-il une chose qui soit au-delà de toute description ? Si on la décrit, la description n’est pas la chose décrite. Existe-t-il une chose qui ne procède pas du temps, mais qui soit un espace sans frontières, un espace immense, illimité ? Lorsque votre espace est trop étriqué, cela vous rend méchant ; quand il n’y a plus du tout d’espace, vous devenez violent, vous avez envie de tout casser. L’espace, vous en avez besoin, mais l’esprit, la pensée sont incapables de vous l’offrir. il faut d’abord que la pensée se taise pour que soit cet espace qui n’a pas de frontières. Et seul un esprit tout à fait silencieux sait – ou plutôt sent – si elle existe ou non, cette chose qui est au-delà de toute mesure.

Seule cette chose est sacrée – contrairement aux images, aux rituels, aux sauveurs, aux gourous, aux visions, qui, eux, ne le sont point. Seule cette chose est sacrée, et si l’esprit l’a rencontrée, sans l’avoir demandé, c’est parce qu’il est vide, absolument vide. Et seul ce qui a cette vacuité peut être le théâtre d’un avènement nouveau. 

lundi, janvier 16, 2023

Géopolitique infernale




Géopolitique de la contre-initiation 




Si l’on récapitule toutes les données que nous a fournies à ce sujet le "Témoin de la Tradition" (René Guénon), on peut retracer schématiquement la « filiation » suivante : selon lui, la première manifestation de la contre-initiation doit être recherchée dans la perversion d’une civilisation ayant appartenu à un continent disparu. Or, il nous invite aussitôt à nous reporter au chapitre VI de la Genèse, qui écrit effectivement la déchéance de certains anges, les fameux « Veilleurs » du « Livre d’Hénoch », qui apportent aux hommes des secrets d’ordre inférieur, relatifs, selon toute vraisemblance, au monde intermédiaire.

Furent-ils de ces anges du Pardes, qui, selon la Kabbale, « ravagèrent le jardin » et « coupèrent les racines des plantes » ? Il est loisible de le penser, puisque selon le symbolisme inversé de l’Arbre du Monde, les racines sont en haut, dans le Principe, et que les couper (d’une façon tout illusoire bien sûr) revient à invoquer les anges en question non plus comme les intermédiaires célestes ou les attributs divins qu’ils sont en réalité, mais comme des puissances indépendantes, « associées » dès lors à la Puissance divine (ce qui constitue en Islam le crime du shirk) et non plus dérivées de celle-ci :

« On pourrait dire, et peu importe que ce soit littéralement ou symboliquement, que, dans ces conditions, celui qui croit faire appel à un ange risque fort de voir au contraire un démon apparaître devant lui. »

C’est là l’archétype de cette dégénérescence de la théurgie en vulgaire magie, et, à l’échelle d’une tradition, de cette déviation, par retrait de l’Esprit, qui ne laisse finalement subsister qu’un cadavre psychique – comme ce fut le cas en Égypte.

Quoi qu’il en soit, et toujours selon la Genèse, c’est la corruption issue de cette chute des anges qui provoqua le déluge. Comme Guénon nous dit encore que le déluge biblique doit être très vraisemblablement assimilé au cataclysme qui engloutit l’Atlantide, la conclusion s’impose : les crimes des géants nés du péché des « anges déchus » réfèrent à la corruption de la tradition atlantéenne – prenant la forme d’une révolte des kshatriyas – et c’est donc bien à ce moment que s’incarna la force centrifuge dès lors connue comme la « contre-initiation ».



Le démon Seth à tête d'âne





Cette révolte « nemrodienne » de la caste guerrière contre l’autorité spirituelle, ajoute Guénon, est inspirée par Seth, qui fut en Egypte, entre autres, le « dieu à la tête d’âne », et qui, sous la forme de l’âne rouge :

« était représenté comme une des entités les plus redoutables parmi toutes celles que devait rencontrer le mort au cours de son voyage d’outre-tombe, ou, ce qui ésotériquement revient au même, l’initié au cours de ses épreuves ; ne serait-ce pas là, plus encore que l’hippopotame, la “ bête écarlate ” de l’Apocalypse ?

[...] En tout cas, un des aspects les plus ténébreux des mystères “ typhoniens ” était le culte du dieu à la tête d’âne, auquel on sait que les premiers chrétiens furent parfois accusés faussement de se rattacher [...] nous avons quelques raisons de penser que, sous une forme ou sous une autre, il s’est continué jusqu’à nos jours, et certains affirment même qu’il doit durer jusqu’à la fin du cycle actuel. »

Cette part obscure de l’héritage atlantéen échut d’autant plus facilement à l’Égypte que, selon Guénon, la tradition égyptienne avait vraisemblablement servi d’intermédiaire entre l’Atlantide et la tradition hébraïque, dont la base était précisément le cycle atlantéen.


L'Europe et les « tours du diable » 


Passant de l’« histoire » à la « géographie », la connaissance directe, discrètement évoquée par Guénon, des mystères typhoniens, lui permit de dresser une carte assez étonnante des centres contre-initiatiques, qu’il confia à un correspondant le 25 mars 1937. Il faut auparavant préciser que les « tours » dont il est question ne sont autres que les « tours du diable », telles que les décrivit W. B. Seabrook, c’est-à-dire des centres de projection des influences sataniques à travers le monde.

« Celles-ci (les “tours”) semblent plutôt disposées suivant une sorte d’arc de cercle entourant l’Europe à une certaine distance : une dans la région du Niger, d’où l’on disait déjà, au temps de l’Égypte ancienne, que venaient les sorciers les plus redoutables ; une au Soudan, dans une région montagneuse habitée par une population “ lycanthrope ” d’environ 20 000 individus (je connais ici des témoins oculaires de la chose) ; deux en Asie Mineure, l’une en Syrie et l’autre en Mésopotamie ; puis une du côté du Turkestan […] ; il devrait donc y en avoir encore deux plus au nord, vers l’Oural ou la partie occidentale de la Sibérie, mais je dois dire que, jusqu’ici, je n’arrive pas à les situer exactement. » (Guénon)

Grâce à des éléments en provenance d’une autre source, nous pouvons compléter en partie ces indications. L’un au moins des deux « maillons manquants » de la chaîne contre-initiatique enserrant l’Europe – et qui réfèrent évidemment au chamanisme ouralo-sibérien – doit être localisé dans la région du fleuve Ob, forme géographique constituant pour certains « démons » un support d’activité permanent. Par une curieuse « coïncidence » Gaston Georgel y situe le « pôle d’évolution » de l’Eurasie, centre originel de la race indo-européenne avant sa “ descente ” cyclique vers les pays méridionaux ». Cette « Terre des Vivants » à l’origine fertile et peuplée, devenue une « Terre des Morts » glaciale et déserte, offre un nouvel exemple d’un centre relevant de la géographie sacrée, mais qui ne subsiste plus qu’à l’état résiduel et maléfique.

Ce n’est pas le lieu, ici, d’insister sur la parfaite continuité qui unit, dans l’arc de cercle emprisonnant l’Europe, les « tours du diable » situées en terre d’Islam et les centres « bolchevisés ». Libre à chacun d’en tirer certaines conclusions, relativement aux déviations du « Khalifat », parallèles à la corruption de l’idée du Saint-Empire, dont Moscou, la Troisième Rome des pan-slavistes, incarne partiellement l’héritage. Ces deux contrefaçons – orientale et occidentale – de l’Imperium pérenne, doivent être selon Guénon « l’expression de la “ contre-tradition ” dans l’ordre social ; et c’est aussi pourquoi l’Antéchrist doit apparaître comme ce que nous pouvons appeler, suivant le langage de la tradition hindoue, un Chakravartî (ou “monarque universel”) à rebours ».

Jean Robin, « Le problème du mal dans l’œuvre de René Guénon » (extraits), « René Guénon », Cahiers de l'Herne, 1985.




Le Saint-Empire Euro-Germanique

"Sous Ursula von der Leyen, l'UE est en train de passer d'une démocratie à une tyrannie."  Cristian Terhes, député europée...