vendredi, juin 03, 2011

L'art de rêver




Au cours des vingt dernières années, j’ai écrit une série de livres relatant mon apprentissage avec un sorcier indien yaqui du Mexique, don Juan Matus. Dans ces ouvrages, j’ai expliqué qu’il m’avait enseigné la sorcellerie, non pas la sorcellerie telle que nous la comprenons dans le contexte de notre monde de tous les jours, c’est-à-dire la mise en ouvre de pouvoirs surnaturels à l’encontre d’autrui, ou bien l’invocation des esprits avec des amulettes, des sorts, ou des rituels destinés à produire des effets surnaturels. Pour don Juan, la sorcellerie était l’acte qui rend substantielles quelques prémisses particulières d’ordres pratique et théorique concernant la nature et le rôle de la perception dans notre saisie et notre modélisation de l’univers qui nous entoure.

Pour définir sa connaissance j’ai évité, à la suggestion de don Juan, l’usage d’une classification anthropologique, le chamanisme. Je l’ai toujours désignée par le terme qu'il utilisait pour la nommer : sorcellerie. Toutefois, après mûre réflexion, je me suis aperçu que ce nom assombrissait encore plus le phénomène déjà obscur qu’il me présentait au cours de ses enseignements.

Dans les œuvres anthropologiques, le chamanisme est décrit comme un système de croyance propre à certains peuples originaires d’Asie du Nord, mais aussi présent dans quelques tribus indiennes d’Amérique du Nord, qui soutient qu’un monde invisible de forces spirituelles ancestrales, bonnes ou mauvaises, prédomine autour de nous, et que ces forces spirituelles peuvent être invoquées ou contrôlées par les actes de praticiens qui sont des intermédiaires entre les royaumes du naturel et du surnaturel.

Sans aucun doute, don Juan était un intermédiaire entre le monde naturel de la vie de tous les jours et un monde invisible qu’il ne nommait pas le surnaturel, mais la « seconde attention ». Son rôle de maître consistait à me permettre l’accès à ce monde. Dans mes ouvrages antérieurs, j’ai décrit ses méthodes d’enseignement permettant d’atteindre ce but, ainsi que les arts de la sorcellerie qu’il me faisait pratiquer, dont le plus important se nommait « l’art de rêver ».

Don Juan soutenait que notre monde, que nous croyons être unique et absolu, n’est qu’un parmi un groupe de mondes conjoints, disposés telles les couches d’un oignon. Bien que nous ayons été énergétiquement conditionnés à percevoir exclusivement notre monde, il affirmait que nous avons encore la possibilité d’entrer dans ces autres royaumes qui sont aussi réels, uniques, complets et accaparants que l’est notre monde.

Don Juan m’expliqua que pour que nous puissions percevoir ces autres royaumes, non seulement il s’agit de les convoiter, mais il faut aussi avoir une énergie suffisante pour les saisir. Leur existence est constante et indépendante de notre conscience, disait-il, mais leur inaccessibilité résulte entièrement de notre conditionnement énergétique. En d’autres termes, simplement et uniquement suite à notre conditionnement, nous sommes contraints de présumer que le monde de notre vie de tous les jours est l’unique et seul monde possible.

Parce qu’ils croyaient notre conditionnement énergétique rectifiable, déclara don Juan, les sorciers des temps anciens développèrent un ensemble de pratiques conçues afin de reconditionner nos possibilités énergétiques de percevoir. C’est cet ensemble de pratiques qu’ils nommèrent l’art de rêver.

Avec la perspective acquise au cours du temps, je me rends compte maintenant que l’expression la plus adéquate de don Juan à propos de « rêver » consista à le nommer : le « passage à l’infinité ». La première fois qu’il utilisa cette métaphore, je lui fis remarquer que pour moi elle n’avait aucun sens. « Alors, oublions les métaphores, concéda-t-il, disons que “rêver” est pour les sorciers leur manière pratique de se servir des rêves ordinaires.
Mais comment peut-on se servir des rêves ordinaires ?
Nous nous faisons toujours piéger par les mots, répondit-il. En ce qui me concerne, mon maître tenta de me décrire “rêver” en déclarant que c’est la façon dont les sorciers disent bonne nuit au monde. Ce faisant, il ajustait évidemment sa description pour l’accorder avec ma mentalité. Avec toi, je fais de même. »

À une autre occasion, don Juan me dit :
« Rêver ne peut être qu’une expérience. Rêver ne signifie pas simplement avoir des rêves; pas plus que rêvasser ou souhaiter ou imaginer. Par l’acte de rêver, nous pouvons percevoir d’autres mondes, que nous pouvons assurément décrire. Mais nous ne pouvons pas décrire ce qui nous les rend perceptibles. Néanmoins, nous pouvons sentir comment rêver ouvre ces autres royaumes. Rêver semble être une sensation – un processus dans nos corps, une conscience dans nos pensées. »

Au cours de ses enseignements, don Juan m’expliqua minutieusement les principes, les raisons et les pratiques de l’art de rêver. Son instruction comprenait deux parties. L’une concernait les procédures pour rêver, l’autre comprenait des explications purement abstraites de ces procédures. Sa pédagogie consistait à jouer entre le fait de séduire ma curiosité intellectuelle par les principes abstraits de l’art de rêver et l’acte de me guider dans sa pratique afin que j’y découvre un exutoire.

J’ai déjà décrit tout cela de la manière la plus détaillée dont je fus alors capable. J’ai aussi dépeint le milieu des sorciers dans lequel don Juan me plaça afin de m’enseigner ses arts. Mon interaction avec ce milieu m’intéressa particulièrement, car elle se produisit exclusivement dans la seconde attention. J’entrais ici en relation avec les dix femmes et les cinq hommes qui étaient les compagnons de don Juan et avec les quatre jeunes gens et les quatre jeunes filles qui étaient ses apprentis.

Don Juan réunit ces derniers dès que j’accédai à son monde. Il m’expliqua clairement qu’ils formaient un groupe traditionnel de sorciers – une réplique de son propre groupe – et que mon rôle était de les guider. Toutefois, en travaillant avec moi, il se rendit compte que j’étais différent de ce qu’il avait prévu. Il expliqua cette différence en termes d’une constitution énergétique perceptible uniquement par des sorciers : au lieu d’avoir tout comme lui quatre compartiments d’énergie, je n’en avais que trois. Une telle constitution, qu’il avait par erreur jugée être un défaut rectifiable, me rendait tellement inapte à une interaction ou à une conduite de ces huit apprentis, qu’il devint impératif pour don Juan de réunir un autre groupe de personnes plus apparentées à ma structure énergétique.

J’ai longuement rapporté ces événements. Toutefois, je n’ai jamais fait état du second groupe d’apprentis ; don Juan me l’avait interdit. Il soutenait qu’ils appartenaient exclusivement à mon domaine, et que l’accord que nous avions passé était que je pouvais décrire uniquement ce qui concernait le sien, non le mien.

Ce second groupe d’apprentis s’avéra extrêmement compact. Il se composa de trois membres seulement ; une rêveuse : Florinda Donner, une traqueuse : Taisha Abelar, et une femme nagual : Carol Tiggs.

Nos interactions n’eurent lieu que dans la seconde attention. Dans le monde de la vie quotidienne, nous n’eûmes pas la moindre notion l’un de l’autre. Cependant, en ce qui concerne notre relation avec don Juan, tout était parfaitement clair ; il fit des efforts considérables pour nous entraîner d’égale manière. Malgré tout, vers la fin, alors que le temps de don Juan touchait à son terme, la pression psychologique exercée par son proche départ effrita les solides frontières de la seconde attention. Il en résulta un débordement de nos interactions dans le monde des affaires de tous les jours, et nous nous rencontrâmes, apparemment pour la première fois.

Pas un de nous ne connaissait, consciemment, notre profonde et laborieuse interaction dans la seconde attention. Et comme nous étions tous des chercheurs universitaires, rien ne nous choqua plus que de découvrir que nous nous étions déjà rencontrés. Bien entendu, cette situation fut pour nous intellectuellement inadmissible, et elle le demeure encore même si nous savons pertinemment qu’elle fut une partie intrinsèque de notre expérience. Par conséquent, il nous est resté l’inquiétante connaissance de savoir que le psychisme humain est infiniment plus complexe que notre raisonnement courant ou universitaire ne nous conduit à le croire.

Une fois, tous ensemble, nous demandâmes à don Juan d’éclaircir notre fâcheuse situation. Il répondit que pour l’expliquer, il disposait de deux choix. L’un consistait a satisfaire notre rationalité blessée et à la rapiécer, en disant que la seconde attention était un état de conscience aussi illusoire qu’une escadrille d’éléphants traversant le ciel et que tout ce que nous pensions avoir vécu dans cet état résultait simplement de suggestions hypnotiques. L’autre était de l’expliquer à la façon dont les sorciers rêveurs la comprennent ; comme une configuration énergétique de la conscience.

Quoi qu’il en soit, au cours de l’accomplissement de mes tâches de rêveur, la frontière de la seconde attention demeura inchangée. Chaque fois que j’accédai à rêver, j’entrais aussi dans la seconde attention, et le fait de me réveiller de rêver ne signifiait pas nécessairement que j’avais quitté la seconde attention. Des années durant, je ne pus me souvenir que de quelques miettes de mes expériences de rêver. L’ensemble de mon vécu me demeurait énergétiquement inaccessible. Il me fallut quinze années de travail ininterrompu, de 1973 à 1988, pour accumuler assez d’énergie pour réorganiser le tout de manière linéaire dans ma pensée. Je me souvins alors d’événements rêvés, séquence après séquence, et je fus enfin à même de combler certains trous de mémoire apparents. De cette manière, j’ai saisi la continuité inhérente aux leçons de don Juan dans l’art de rêver, une continuité qui m’avait échappé parce qu’il me faisait zigzaguer entre la conscience de notre vie de tous les jours et la conscience de la seconde attention. De cette réorganisation résulte cet ouvrage.

Voilà qui me conduit à la dernière partie de ma note : la raison d’écrire ce livre. Détenteur de la plupart des pièces des leçons de don Juan sur l’art de rêver, je voudrais, dans un prochain ouvrage, expliquer la position et l’action actuelles de ses quatre derniers étudiants : Florinda Donner, Taisha Abelar, Carol Tiggs et moi-même. Mais avant de décrire et d’expliquer les résultats de sa conduite et de son influence sur nous, il me faut récapituler, à la lumière de ce que je sais maintenant, les parties des leçons de don Juan sur l’art de rêver qui me demeuraient auparavant inaccessibles.

Finalement, la raison d’être de cet ouvrage fut donnée par Carol Tiggs. Elle est persuadée que dans le fait d’expliquer le monde dont il nous a fait hériter, réside l’ultime expression de notre gratitude et de notre engagement dans la quête de don Juan.

Carlos Castaneda


L'art de rêver
Les quatre portes de la perception de l'univers


Rêver ne signifie pas avoir des rêves. Rêver permet de percevoir d'autres mondes et de les décrire.
Telle est la quintessence de l'enseignement que don Juan, sorcier Yaqui du Mexique, prodigua à Carlos Castaneda. "L'art de rêver" nous entraîne au cœur du chamanisme. Nous y découvrons que par les rêves nous pouvons atteindre un état de conscience modifié qui rend possible l'accès à d'autres espaces, aussi réels et complets que celui qui nous est familier. D'où ce "passage à l'infinité" qui selon Castaneda permet à l'individu de répondre aux questions fondamentales.
Voyage dans les méandres de l'inconscient, chemin vers une réalité différente, cet ouvrage est aussi une mise en lumière des ressources incroyables et insoupçonnées de l'être humain.


Lire gratuitement « L'art de rêver ».

Les Rêves et l'Au-Delà




De nos jours, et au sein de notre civilisation, s'il est justifié de considérer le rêve comme un outil pour la connaissance de soi, il n'en a pas toujours été ainsi dans l'histoire. Certes, le rêve constitue l'une des expériences fondamentales communes à l'espèce humaine puisque, de tous les états modifiés de conscience, l'état onirique est le plus universel. Mais de nombreuses études anthropologiques ont montré que la place et la fonction du rêve dans les diverses cultures pouvaient se présenter de manière différente.

D'une façon générale, dans les sociétés dites « traditionnelles », le rêve est rattaché au domaine surnaturel et religieux. Dans de nombreuses tribus, par exemple chez les Mélanésiens, on croit que l'âme quitte le corps pendant le sommeil, voyage dans le monde des esprits et y fait des expériences qui constituent la matière première du contenu des rêves. On considère également que le rêve permet d'entrer en contact avec les esprits des parents décédés et de recevoir de leur part une information importante. Ces contacts et ces informations ne sont pas recherchés pour eux-mêmes, pour vérifier une croyance ou pour « voir » si la vie après la mort existe, mais ils aident à résoudre les problèmes quotidiens et à prendre les décisions qui s'imposent. En Haïti, par exemple, le rêve est considéré comme un véhicule privilégié par lequel les défunts adressent des messages aux vivants. Les rêveurs transmettent des consignes concernant des obligations rituelles. Il en est de même, selon l'ouvrage de Roger Caillois, pour les Indiens Hopi (pour qui le rêve est un langage sacré) et les Indiens Ojibwai d'Amérique du Nord. Ces derniers, tout particulièrement, profitent du rêve pour entrer en relation avec les Êtres de leur répertoire mythologique (le Soleil, les Vents, les entités vivantes animales et végétales, etc.). Le rêve est alors une technique de contact avec l'ordre surnaturel et invisible de l'univers.

On pourrait, dans cette optique, développer longuement la conception des aborigènes australiens. Selon l'écrivain James Cowan qui a milité pour révéler la vie spirituelle méconnue de ces tribus, le fait de rêver, avec les techniques rituelles qui accompagnent le rêve, replace le rêveur dans «le Temps du rêve ». Pour l'aborigène australien, le « voyage en rêve » est une expression métaphysique de vérités primordiales qui retracent la naissance du monde et la place que l'homme y tient. Pour eux, l'état de rêve se superpose avec le paysage primitif de leur pays. Ils n'ont donc éprouvé aucun besoin de construire des enceintes sacrées ou des temples, puisque l'environnement naturel tout entier leur était un paysage métaphysique capable d'exprimer leurs désirs spirituels les plus profonds. La terre, les rochers, les arbres, les montagnes, les plantes et les animaux, et finalement l'homme lui-même, sont des espaces sacrés. « L'événement primordial » est confondu avec le cycle du rêve. Quand les aborigènes « voyagent en rêve », ils revivent l'origine du monde et de l'homme. Ils ne se contentent pas de considérer ce voyage comme un moyen de forcer la nature à se renouveler ; ils sont hautement conscients que le fait d'accomplir ce voyage implique un renouvellement personnel pour expérimenter la compréhension plus profonde de leur propre nature sacrée, et régénérer la symbiose profonde entre l'homme et la nature. Le paysage extérieur et le paysage intérieur sont en osmose parfaite. Le voyage en rêve se répartit sur la durée de l'année et suit le cycle des saisons. Dans le continent australien, à certains endroits, il n'y a pas quatre mais six saisons qui ne commencent pas de façon formelle, mais sont changeantes selon que les événements naturels sont arrivés ou non (par exemple l'arrivée des pluies, l'apparition du soleil...).

Quand l'aborigène se déplace, il n'effectue pas un voyage de transhumance, mais un voyage d'harmonie métaphysique et de recréation du monde. Le paysage où il vit quand il effectue son « voyage » est saturé de significations puisqu'il raconte l'origine du peuple. Ce « voyage », il faut le préciser, ne s'effectue pas au cours d'un rêve en sommeil endormi, mais dans un état modifié de conscience tout particulier qui fait penser aux états de transe créatifs, poétiques, etc. Au cours de celui-ci, le « rêveur » n'est plus sensible aux stimuli extérieurs.

L'écrivain James Cowan explique que les aborigènes, s'ils ne peuvent accéder à cet état de conscience, sont voués à la mort (ou à l'alcoolisme ou à l'aliénation, ce qui revient au même) puisqu'ils ne peuvent plus vivre en harmonie ni avec le pays ni avec eux-mêmes.

Dans certaines autres tribus, le rêve est un moyen thérapeutique : il soigne, il guérit. Chez les Iroquois, les jésuites avaient déjà noté que le rêve servait à exprimer les désirs naturels cachés (vision proche de celle de la psychanalyse). Les Iroquois interprétaient individuellement les rêves en faisant appel à des medecine-men pour en dégager la signification.

L'étude de K. Stewart sur les Senoi de Malaisie montre une croyance et des pratiques semblables : l'interprétation des rêves fait partie de l'éducation des enfants qui doivent raconter leurs rêves afin que les pères et frères les analysent, les discutent et choisissent les décisions à adopter. Les techniques des Senoi se fonderaient sur l'idée que le rêve permet de faire face aux dangers, qu'il augmente la sensation de plaisir et qu'il aide à devenir créatif dans la vie.

Dans toute l'Antiquité, de l'Égypte à la Grèce, des problèmes de santé étaient traités par le moyen du rêve. Le rêveur, après rituels de purification et mise en condition par diverses techniques dites « d'incubation », dans des temples réservés à cet effet, obtenait des songes qui lui indiquaient les remèdes nécessaires à sa guérison.

De nos jours, et dans cette même ligne de pensée, la psychologue Patricia Garfield, au lieu d'envisager la fonction onirique uniquement comme un moyen de réduire l'anxiété, la considère au contraire comme un mécanisme permettant de développer l'autonomie et l'indépendance, en amenant les rêveurs, et notamment les enfants, à résoudre par les rêves les problèmes auxquels ils sont confrontés.

Le développement de telles techniques rejoint les « rêves lucides » dans lesquels le rêveur a parfaitement conscience d'être dans l'état de rêve et se sent capable, par un contrôle volontaire du contenu de ses rêves, de les orienter et de s'en servir pour son bien. Des techniques yogiques hindouistes, bouddhistes et tibétaines favorisent le développement d'une telle faculté.

Le rêve possède parfois une autre utilité, une autre fonction importante : transmettre des instructions considérées comme divines. C'est la position des juifs, par exemple, héritière en ce point d'autres traditions antiques méditerranéennes (Hittites, Babyloniens, Égyptiens, etc.) : le songe est porteur de messages divins, et celui qui le reçoit peut être chargé de modifier le cours de l'histoire.

C'est ainsi que de nombreux fondateurs de religions et plusieurs saints auront des songes célèbres.

Ce bref aperçu historique, s'il montre que le rêve n'a pas toujours été considéré, dans sa fonction et son utilité, de manière identique, prouve cependant qu'il a toujours été relié à une haute dimension spirituelle.

Et s'il est une image qui oblige le rêveur à chercher plus haut, plus loin, plus grand que lui, c'est bien celle de la mort, interrogation fondamentale de l'être humain et de sa destinée.


Hélène Renard



Les Rêves et l'Au-Delà
Étude et interprétations des rêves de mort


Dès l'Antiquité, les hommes ont vu dans les rêves un moyen de connaissance qui n'était pas réduit à une simple expression de l'inconscient. Les rêves pouvaient révéler, non seulement la part secrète de nous-mêmes, mais des informations sur la vie présente ou future, sur l'invisible, sur l'au-delà.

Ainsi la communication avec une autre réalité, les messages venus du divin ou des défunts, étaient-ils parfaitement concevables. Et cette croyance a été renforcée, au cours de l'histoire et de nos jours, par des faits, des récits, des témoignages impressionnants.

Journaliste, auteur de plusieurs ouvrages dont L'Après-Vie, devenu best-seller, Hélène Renard est spécialiste des rêves. Depuis vingt ans, elle les étudie, accumulant des milliers de récits adressés au « Bureau des Rêves », à RTL ou à France 2 où elle anime une rubrique sur le sujet. Elle est également l'auteur d'un Dictionnaire des rêves qui fait référence.

Confrontant l'expérience ainsi acquise aux interprétations traditionnelles, Hélène Renard nous livre, dans cette nouvelle édition revue et augmentée, une étude passionnante et utile pour comprendre la symbolique des rêves qui délivrent souvent un message positif au rêveur pour le guider dans son évolution personnelle.




Illustration :

jeudi, juin 02, 2011

La femme indienne



Dans l'antique société indienne, il semble que la femme était libre et avait les mêmes droits que l'homme.

Nombre de sociétés pré-aryennes observaient le matriarcat, comme le font encore de nos jours certaines tribus d'aborigènes (les Nâyar du Malabar). Avec l'avènement de la société « aryenne », la position de la femme devint progressivement subordonnée à l'autorité de l'homme, mari ou fils aîné. Les Lois de Manu (Mânavadharmashâstra) stipulent déjà que la femme doit nécessairement, toute sa vie durant, dépendre d'un homme, et c'est une des raisons pour lesquelles les mariages d'enfants devinrent pratiquement la règle générale. Selon la coutume (le plus souvent d'origine religieuse), la femme indienne doit considérer son mari comme la divinité sur terre et, en conséquence, lui être entièrement soumise. Dans les milieux musulmans de l'Inde, la femme avait également un statut inférieur (bien que tempéré par la loi musulmane), mais était astreinte au port du voile (pardâ, chadrî). Les femmes hindoues tout au moins celles appartenant aux hautes castes, devaient également se cacher le visage avec un pan de leur sari lorsqu'elles se trouvaient en public. Les exigences de la vie moderne et les progrès de l'éducation font que la dépendance de la femme envers l'homme tend actuellement à diminuer et, de plus, les femmes, toujours très respectées en tant que « mères », parviennent à s'abstraire du contexte familial traditionnel pour mener une vie plus libre, arrivant parfois même à acquérir un statut égal à celui des hommes.

Cependant, la femme a toujours été considérée en Inde et dans le sous-continent comme « celle qui transmet », non seulement les us et les coutumes, mais les arts et les secrets de la beauté. Les Indiens ont toujours admiré leurs femmes, pour leur aspect physique, d'une part, et pour leurs qualités de « mères » et de gardiennes du foyer, de l'autre. Ce qui fait que, tout en étant considérées comme dépendantes des hommes, elles n'étaient jamais traitées en « inférieures ». Symboles de l'amour (conjugal ou non), elles devaient représenter la beauté, le charme, l'élégance et la modestie. Dans les castes supérieures, les femmes s'adonnaient à la poésie, à la musique, à la peinture et aux arts de la danse. Elles étaient richement vêtues et couvertes de bijoux. Malgré leur rôle subordonné à celui des hommes, les femmes indiennes ont tenu tout au long des âges une place extrêmement importante dans la société indienne.

Louis Frédéric

Illustration :
"Bonjour les Indes"


Les saints de l'Inde



Le peuple des saints de l'Inde forme une société extrêmement mêlée. La plupart sont de braves gens inoffensifs qui ne peuvent pas grand-chose et savent encore moins. D'autres sont des déclassés ou des gens qui n'aiment pas au se fatiguer. Un de ceux-là accourt un jour pour me demander l'aumône. Ses cheveux broussailleux, son visage couvert de cendre, sa face de canaille lui donnent un aspect repoussant. Je décide de passer mon chemin, ne fût-ce que pour voir ce qui arrivera. Ma résistance fait qu'il s'accroche. A bout d'arguments il finit par m'offrir de me vendre son chapelet, un objet crasseux s'il en est mais auquel il doit tenir beaucoup, à en juger par le prix exorbitant qu'il en demande. Naturellement, je l'envoie promener.

Moins communs sont ces fous qui s'infligent en public des tortures variées. L'homme qui tient un bras levé jusqu'à ce que ses ongles aient poussé de cinquante centimètres rivalise avec celui qui se tient debout sur une jambe pendant des années. Je ne vois pas quel bénéfice ils retirent de ces dégoûtantes exhibitions en dehors des quelques annas qu'on jette dans leur sébile.

Quelques-uns pratiquent la sorcellerie. Ce sont les vaudous de l'Inde ; ils travaillent surtout dans les villages ; moyennant une petite rémunération ils jetteront un sort à votre ennemi, vous vendront une femme ou favoriseront vos ambitions en gratifiant votre rival de mal mystérieux. On raconte de singulières histoires de ces tristes individus qui ne s'en recommandent pas moins du titre de Yogi ou de fakir.

Quand on a analyse toutes ces variétés, il ne reste plus qu'un faible résidu, composé d'ascètes qui se condamnent à de longues années de méditation solitaire, de pénible reniement, qui se bannissent volontairement de toute société humaine, sans autre but que de se mettre en quête de la vérité. Leur instinct leur dit que vérité et félicité ne font qu'un, et s'il nous est permis de douter de la valeur de ce procédé cher aux Indiens, il est impossible de mettre en question la légitimité du besoin qui les y pousse.

Nous n'avons pas de temps à dépenser en Occident pour une telle recherche et il y a une excuse à notre indifférence : nous savons que si nous nous trompons nous nous trompons tous ensemble. Notre époque sceptique considère la recherche de la vérité comme une superfétation, sans paraître se douter de la vanité des objets auxquels elle consacre le meilleur de son énergie.

Il ne nous vient pas à l'idée que les quelques solitaires qui passent leur vie à la recherche du sens profond de la vie ont plus de chance de se former une juste opinion des problèmes de l'heure que la foule des gens qui usent aveuglément leurs forces à servir des intérêts contradictoires et consacrent à peine une pensée à la poursuite des vérités essentielles.

Un de nos ancêtres descendit un jour dans les plaines du Penjab dans un tout autre but que le mien : il y rencontra des hommes qui le détournèrent de sa route au point de lui faire dangereusement oublier l'objet premier de son expédition. Parti pour conquérir un vaste empire Alexandre le Grand, entré aux Indes en soldat, semblait bien destiné à en sortir philosophe. Je me demande souvent quelles pensées devaient assaillir l'esprit du roi de Macédoine lorsque son char parcourait les montagnes neigeuses et les déserts torrides de l'Inde ; conquis à son tour par les Sages et les Yogis rencontrés sur sa route il avait passé des jours à les questionner et à discuter leur philosophie : peu-être un séjour de quelques années parmi eux l'eût-il décidé à lancer l'Occident dans des voies toutes différentes de celles qu'il choisit alors.

Il y a encore parmi les Sages de nos jours quelques hommes qui consacrent leur vie à entretenir la flamme d'idéalisme et de spiritualité que leur pays garde encore comme son plus pur trésor ; qu'il y ait parmi eux une majorité d'imposteurs, cela se peut ; mais si cela est, ce n'est que le résultat déplorable de la décadence des temps ; il ne doit pas nous aveugler sur la survivance certaine de quelques rédempteurs inspirés. Malheureusement le type est si divers qu'aucune formule de louange ou de blâme ne vaut pour tous, et cela explique l'attitude de ces têtes chaudes des grandes villes qui préconisent l'extermination de ces « saints parasites » comme une bénédiction pour l'Inde. On comprend mieux les esprits plus modérés ou simplement moins enfiévrés qui nous disent que l'Inde périra le jour où elle perdra le sens du trésor qu'elle recèle.

Le problème est important pour l'Inde à d'autres points de vue, en un moment où la détresse économique appelle une révision de certaines valeurs. Les Saints de l'Inde n'exercent, bien entendu, aucune fonction proprement utile à la société. Des milliers de vagabonds s'abattent sur les villages et les villes où se tiennent les foires religieuses. Impertinents le plus souvent et toujours importuns, ces gens-là constituent pour la société une charge sans contre-partie. Mais il existe par ailleurs de grands et nobles hommes qui ont tout quitté pour marcher dans la voie de la vérité et, au terme du chemin, trouver Dieu. Ces hommes sont, partout où ils passent, un motif d'exaltation. Leur effort pour s'élever et aider les autres à s'élever vers ces sommets sublimes vaut bien le morceau de pain ou l'écuelle de riz qui sont tout ce qu'ils demandent.

Il ne faut pas se fier aux apparences, mais gratter l'écorce et juger l'arbre à ses fruits.

Paul Brunton


Illustrations :
"Bonjour les Indes", Dodo, Ben Radis, Jano. Edition épuisée.


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Baba Ramdev, un riche gourou indien, s'apprête à lancer une campagne anti-corruption...
Lire la suite :
http://inde.aujourdhuilemonde.com/l%E2%80%99univers-de-baba-ramdev-entre-yoga-business-et-politique



Baba Ramdev et le Dalaï-lama

Swami Ramdev est réputé proche des nationalistes hindous et a le soutien de plusieurs membres du Rashtriya Swayamsevak Sangh, parent idéologique du BJP, l'extrême-droite indienne.



mercredi, juin 01, 2011

Profession marabout



Pour l'Occidental, « marabout» évoque communément des images provenant de deux passés de sa culture. Les premières renvoient à l'Afrique coloniale - aujourd'hui, à l'exotisme de cette période -, où le colonisateur le compare au prêtre catholique. La colonisation diffuse en métropole la représentation d'un obscurantiste de la religion musulmane, un propagateur de superstitions archaïques et un obstacle « aux progrès de la civilisation ». En face, homme du Livre, ayant le respect du savoir dans les populations locales où il est né, le marabout se montre rebelle aux lois du colonisateur qu'il juge contraires aux enseignements de l'islam et, souvent, fomente des révoltes dont certaines ont eu quelques succès militaires. Les secondes images concernent le fonds historique de croyances en la sorcellerie, avec la figure de l'envoûteur dont le marabout serait la version noire, selon une définition fréquemment entendue. Envoûteur et marabout auraient en commun d'agir pour eux-mêmes ou pour un tiers, directement sur leur victime, à l'inverse du jeteur de sorts européen ou du « mangeur d'âme » africain qui s'attaque aux éléments constitutifs de la personne (cheptel, enfant, principe vital, etc.) pour affaiblir son potentiel énergétique de vie. Dans les deux cas. L'objectif est identique : au sein d'un groupe social restreint (famille, couple, voisins, commerces), il s'agit de rétablir l'équilibre bouleversé par un malheur en annihilant. sa cause qui est toujours personnalisée (amant, maîtresse, concurrent, jaloux). Marabout et envoûteur cherchent à contrôler le responsable et à l'éliminer s'il ne revient pas à ses engagements amoureux, ses obligations de parenté ou à ses devoirs professionnels.

Aujourd'hui, les pratiques maraboutiques s'affichent dans l'espace urbain occidental sous forme de publicités format carte de visite: «Spécialité du retour immédiat de l'être aimé ou qui vous est cher, amour perdu, guérit l'impuissance sexuelle, désenvoûtement, chance aux jeux, fidélité absolue entre époux », etc. Elles sont distribuées aux entrées du métro, sur les marchés et, en milieu rural, directement dans les boîtes aux lettres. Elles ne dévoilent jamais l'identité du marabout fondu dans la foule des travailleurs immigrés dont il a souvent le statut. Sa personne demeure dans l'ombre d'un numéro de téléphone et d'une station de métro, imposant au consultant un véritable trajet à la marge de l'inconnu et du licite. Un peu à la manière de l'envoûteur qui, s'il se signale par une plaque d'immeuble, n'écrira jamais sa véritable activité : il sera magnétiseur, astrologue ou «thérapeute quelque chose». Leur savoir-faire se présente en creux d'une profession qui ne doit pas se dire, comme la carte professionnelle sans adresse du cabinet ou la plaque sans le cuivre du diplôme en médecine. Annonciatrice du secret fondateur de la puissance, la discrétion gage et protège le «pouvoir de faire» que la place publique (justice, fiscalité, médias) est toujours prompte à dénoncer.

Étymologiquement, un marabout (murâbit) est un guerrier prosélyte de l'Islam, mais, dans l'acception courante, il est avant tout un lettré : celui qui lit le Coran. Corollaire immédiat : tout lecteur du Saint Livre peut se déclarer marabout.

Cependant, en Afrique, le titre prend beaucoup d'autres sens : directeur d'école coranique, guérisseur, devin, voyant, chef de confrérie musulmane ou encore, au Maghreb, saint homme dont le cénotaphe deviendra un lieu de culte thérapeutique. Un marabout peut combiner plusieurs de ces techniques, en acquérir de nouvelles, en rejeter d'autres au cours de rencontres, d'initiations diverses avec des tradipraticiens, des devins, des «féticheurs »..., et de lectures plus ou moins savantes. Il peut en faire profession unique, activité secondaire ou temporaire. Là comme ailleurs, il est impossible de proposer un modèle pour ces praticiens : fonctions et statuts sont en mouvement constant et en transformation perpétuelle.

Nous pouvons, malgré tout, retenir deux traits récurrents de la pratique maraboutique. D'abord, sa souplesse et son dynamisme s'accommodent parfaitement à la diversité culturelle et à l'évolution des sociétés contemporaines. Ensuite, elle met sans cesse en œuvre une continuité entre les religions de terroir africaines et l'Islam, au risque, parfois, de se voir reprocher son hétérodoxie, voire son impiété.

Le travail maraboutique recourt à une multitude de procédés :

- divinatoires : jets de cauris (coquillages), de graines sèches ou de pierres ; chapelet coranique; calcul de lignes tracées dans le sable (listikhat) ; simple voyance ou interprétation des rêves, etc.;

- apotropaïques, tels les talismans et amulettes fabriqués essentiellement à l'aide de versets du Coran recopiés sur une feuille de papier vierge à l'encre noire ou au jus de citron, repliée en un petit carré et cousue dans un étui en cuir ou scellée dans une corne de cervidé. Ils seront portés en bracelet de biceps, collier ou ceinture ventrale ;

- prophylactiques et thérapeutiques, qui reposent sur une pharmacopée à base végétale (racines, feuilles et lianes séchées), administrée en décoction, et d'eau (mélangée à du parfum) bénite par la récitation du Coran, servant à purifier le corps (par absorption et par lavage) pendant la durée du traitement. Au total, infidélité, divorce, jalousie, impuissance ou frigidité sexuelle, faillite économique, malchances répétées... sont perçus comme les symptômes sociaux du franchissement de la frontière avec le monde des forces invisibles. Le marabout est le technicien du retour : il fait retraverser, revenir ses patients dans le quotidien du visible.

André Julliard, anthropologue, université d'Aix-Marseille.


Illustration :
Marabout sénégalais. Lithographie de Jacques François Llanta tirée des Esquisses sénégalaises.


Réparation de votre PC par télépathie.

Qui a dit que le marabout (ou le mage vaudou) est un obstacle aux progrès de la civilisation ? (photo envoyée par Véronique)

Les Soixante-Douze mènent le monde


Selon plusieurs auteurs, il existe une communauté initiatique sous-jacente au mondialisme effréné imposé par les agents (conscients ou inconscients) de cette communauté véritablement démoniaque.

Le scénario de la révolution nationale allemande et de la prise de pouvoir des nazis se reproduit aujourd'hui à l'échelle planétaire, la mondialisation et la sauvegarde de la planète remplaçant le pangermanisme et le mythe du sang des hitlériens.

Le plan pangermaniste a été établi sur ses bases fondamentales dès 1895. Plus tard, écrit René Alleau, « le Kaiser, en établissant son plan pangermaniste, avait donc formellement résolu l’anéantissement de cinq grandes puissances. La disparition de l’Autriche-Hongrie était prévue par son absorption, déguisée par son entrée dans l’Union douanière allemande. L’anéantissement de la France et de la Russie devait résulter de la destruction totale de leurs forces militaires au moyen d’une guerre préventive foudroyante. La mise hors de cause de l’Angleterre devait se produire par l’effet d’une opération ultérieure qui fût devenue très aisée une fois la France et la Russie démembrées et réduites à une complète impuissance. Quant à l’Italie, destinée à devenir un simple État satellite, elle n’était pas considérée comme capable d’offrir la moindre résistance aux ambitions pangermanistes.

« Le plan pangermaniste est fondé sur la connaissance très exacte acquise par les Allemands au prix d’un travail intense, de tous les problèmes politiques, ethnographiques, économiques, sociaux, militaires et navals, non seulement de l’Europe, mais du monde entier. Or, ce travail formidable n’a pas été fait par la diplomatie officielle allemande : il a été effectué soit par des adhérents de l’Alldeutscher Verband ou Union pangermaniste, soit par des agents du service allemand secret, lequel a reçu un développement extraordinaire. Ce sont ces divers agents, rouages intermédiaires entre les espions classiques et les diplomates officiels — le baron de Schenk qui a opéré à Athènes en 1915-1916 est le type d’une catégorie de ces agents — qui ont étudié méthodiquement tous les problèmes - bases du plan pangermaniste, qui ont préparé les moyens de fausser l’opinion des neutres, de paralyser la révolte des Slaves de l’Autriche-Hongrie, de corrompre ceux des neutres (personnes ou journaux) qui pourraient l’être, etc. Les rapports de ces multiples agents, une fois contrôlés et résumés, ont été envoyés à la fois à la Wilhelmstrasse, au grand état-major allemand — dont les opérations d’ensemble sont toujours combinées de façon à correspondre aussi bien aux nécessités politiques qu’aux nécessités militaires. [...]

« La Confédération germanique de l’Europe centrale devait former un immense Zollverein ou Union douanière. Des traités de commerce spéciaux imposés aux États balkaniques et à la Turquie asservie auraient eu pour résultat de réserver ces vastes régions exclusivement à la Grande Allemagne comme débouchés économiques. » 


Le démantèlement des États-nations et le "Zollverein" mondial sont aujourd'hui une réalité qui ne profite qu'à une puissante caste (la race des seigneurs-prédateurs) devant laquelle se prosternent des politiciens, des journalistes, des intellectuels, ainsi que les instigateurs de la contestation et des révolutions dont la principale aspiration est d'obtenir plus de pouvoir d'achat.

Parmi les agents des 72 il y a aussi des gourous, notamment des maîtres lamaïstes. Gustav Meyrink écrit : « D’après les occultistes orientaux, il y aurait au Tibet une secte : les Dugpas — qui doit être considérée comme un instrument direct des forces «démoniaques» de destruction. » (Mon éveil à la voyance, Meyrink.)

L’Ordre du Dragon (ou du Dragon Vert), émanation directe des 72 Supérieurs Inconnus séthiens, a été localisé au Tibet. 
Le gourou Samaël Aun Weor prétendait appartenir à un Ordre Sacré du Tibet comptant 201 membres et un état-major formé de 72 Brahmanes. 

Dans l'Islam, des oulémas sont aussi des agents de la contre-initiation. Jean Robin écrit :

« Il faut savoir en effet que selon ‘Abd al Wahid (In memoriam René Guénon, éd. Archè), « certaines turuq [organisations initiatiques islamiques], ou tout au moins certains de leurs sièges (zuwaya) qui furent dans le passé des centres légitimes pour la propagation de l’Islam ou pour l’indépendance de certains pays islamiques, deviennent aujourd’hui les instruments plus ou moins conscients de ces mouvements activistes et militants surgis quelquefois justement de la déviation d’une tariqat particulière. » Il s’agit là en somme d’une « croisade anachronique à l’envers, marque de ce qui n’est plus que le masque du véritable Islam », et dont le dernier mot est un extrémisme « qui incite à la révolte » et au terrorisme en vue de la constitution d’un califat rénové (...) non seulement dans les pays islamiques mais dans le monde entier (...). »

« Cette perversion de la notion de Califat est à mettre en parallèle avec celle du Saint-Empire, ces deux contrefaçons devant être « l’expression de la «contre-tradition» dans l’ordre social ; et c’est aussi pourquoi l’Antéchrist doit apparaître comme ce que nous pouvons appeler, suivant le langage de la tradition hindoue, un Chakravartî (ou «monarque universel») à rebours. » (René Guénon, le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, éd. Gallimard.)





Photo :
L’Ordre du Dragon (ou du Dragon Vert), émanation directe des 72 Supérieurs Inconnus séthiens, a été localisé au Tibet. Cette information se trouve dans le livre de Jean Robin, Hitler, l'Élu du Dragon :
http://www.scribd.com/doc/18944424/h...-Elu-Du-Dragon





mardi, mai 31, 2011

Hitler et l'Ordre du Dragon



« Il émanait d'Hitler un froid glacial. Personne ne m'a donné comme lui l'impression qu'il lui manquait quelque chose. Qu'au plus profond de lui-même il n'y avait que néant. »

Cette phrase est tirée d'une interview qu'accorda Albert Speer à Playboy, et qui parut dans ce magazine en juin 1971.

Le lieutenant colonel Eugène K. Bird, commandant US de la prison de Spandau de 1964 à 1972, écrit :

J 'avais apporté à Hess, dans sa cellule, une coupure de cette interview de Speer et je venais de lui lire le passage ci-dessus, lorsqu'il m'interrompit.

« C'est Hitler tout craché. Ce que dit Speer de lui ne pourrait être plus exact. Mais je me demande bien pourquoi il a accordé une interview à un magazine qui ne publie que des photos de nus. J'avoue que cela me dépasse.

« Ce qu'il exprime au sujet du Führer, je l'ai ressenti moi aussi. J'en ai discuté une fois avec Speer et nous sommes tombés d'accord, tous les deux, qu'il y avait avec Hitler un certain point de familiarité qu'on ne pouvait dépasser.

« L'impression qu'on se heurtait à un mur. Il y a eu des moments où je me suis senti proche d'Hitler, mais ils ont été bien rares. Il ne se dégageait de lui aucune chaleur humaine. Il nous restait volontairement étranger. Hitler se croyait destiné à accomplir de grandes choses. A mon avis, il se sentait supérieur à tous ceux qui l'entouraient, et à plus forte raison aux gens du commun. Et c'est parce qu'il éprouvait ce sentiment de supériorité qu'il est devenu ce qu'il était.

« Ainsi, je ne l'ai jamais tutoyé. Je l'ai toujours vouvoyé. Oui, nous en sommes toujours restés au “vous”. Même au moment où nous nous sommes connus, et même pendant la guerre où nous avons travaillé en étroite collaboration. Comme le dit justement Speer, seules quatre personnes le tutoyaient: Roehm, Julius Streicher, Christian Weber et Hermann Esser. Et, bien entendu, Eva Braun.

« D'ailleurs il ne faisait pas bon de se trop lier avec lui. Pensez à ce qui s'est passé avec Roehm.

« Speer, reprit Hess en pesant ses mots, s'était acquis l'admiration du Führer par ses dons et son génie, mais plus encore peut-être par ce talent qu'il avait de répondre à ses désirs, et parfois même de les précéder. Bien entendu Hitler n'était qu'un architecte amateur, mais il avait néanmoins l'impression que Speer et lui parlaient le même langage. Dans ce domaine dont j'ignorais à peu près tout, Hitler n'avait aucune considération pour moi. Que de fois j'ai vu Speer arriver dans mon bureau, après que j'eus pris rendez-vous pour lui avec le Führer, les bras chargés de plans et d'esquisses ! Il désirait discuter avec Hitler de quelque important édifice auquel je ne m'intéressais guère. Je n'avais pas, non plus, le sens des couleurs et le Führer estimait même qu'à ce point de vue j'étais une totale nullité. »

Le vieil homme assis sur son lit, dans son costume de treillis tout froissé, sa chemise blanche à moitié sortie de son pantalon retenu par des bretelles, se tut; ses yeux profondément enfoncés dans leurs orbites et à demi dissimulée par ses épais sourcils étaient pleins de nostalgie et je compris qu'il évoquait le passé.

« Hess, lui dis-je, rompant le silence, si vous pouviez revenir en arrière, agiriez-vous de même ?

- Que voulez-vous dire ?

- Étudieriez-vous à nouveau cette science qu'est la géopolitique et vous y plongeriez-vous au point de la mettre au service d'un homme tel qu'Adolf Hitler ?

- Sans aucun doute, me répondit-il vivement. J'aurais suivi la même voie et j'aurais fini ici, à la prison de Spandau. Et je serais certainement parti en avion pour l’Écosse. J'avais des idées bien arrêtées et un seul moyen de les mettre en pratique. Quand je me suis pleinement rendu compte que nous étions en train de perdre la guerre, et ce qu'il en résulterait pour l'Allemagne, j'ai compris qu'il n'y avait plus qu'une seule issue... conclure la paix avec l'Angleterre. Et c'était également le désir d'Hitler.

« Oui, je me suis toujours entièrement voué à la cause que je servais, parce que j'y croyais.

- Même si agrandir par la force les frontières de l'Allemagne signifiait la guerre ?

- Dès le début je n'ai eu d'autre aspiration que de rendre à l'Allemagne la grandeur qu'elle avait atteinte avant la Première Guerre mondiale. Et avant le Traité de Versailles qui fut une profonde erreur. Je voulais voir mon pays retrouver sa fierté et sa gloire. Et c'est ce que j'avais dans l'esprit lorsque tout jeune encore, en 1923, je me suis lancé dans la politique. Je commençais à y jouer un rôle lorsque...

« Dites-moi, reprit Hess en élevant la voix, existe-t-il au monde un jeune homme qui, s'il se mêle de politique, ne cherche pas à améliorer la situation de son pays... tout comme cela se passe aujourd'hui ?

- En réalité, Hess, ce que je voulais savoir, c'est ceci ; si vous pouviez revenir en arrière, vous dévoueriez vous à nouveau corps et âme à un homme tel qu'Hitler ? »

- Il me lança un regard scrutateur par-dessus ses lunettes en serrant les mâchoires. Il avait roulé les manches de sa chemise au-dessus de ses coudes et posé ses mains sur ses genoux.

« Sans aucun doute, colonel Bird. Je n'aurais pour rien au monde laissé échapper l'occasion de devenir l'adjoint d'Adolf Hitler. Je vous l'ai dit, je suis un homme qui se voue à une seule cause et à un seul homme. »

(Eugène K. Bird, Rudolf Hess dévoile son mystère.)

Le vieux détenu n'était pas assez fou pour révéler à son geôlier américain les véritables arcanes du nazisme. Selon Charles Le Brun, l'histoire occulte du nazisme est liée aux sociétés secrètes et notamment à l'Ordre du Dragon.

L'ordre du Dragon, fondé en 1418 par Sigismond de Luxembourg, véhiculait les mystères typhoniens du dieu égyptien à tête d'âne dont on sait qu'ils contiennent les secrets les plus redoutables des sciences maudites. C'est à ces secrets que Sigismond aurait été initié par des maîtres inconnus que René Guénon désigne comme les agents de la Contre-initiation.

Hitler, écrit Charles Le Brun, rêva d'une Europe allemande ; et peut-être d'un monde allemand. Ce rêve, nourri des conceptions les plus hétéroclites et les plus funestes, n'allait pas tarder à devenir le cauchemar que l'on sait.

« Quand nous voudrons créer notre grand Reich allemand dans son ampleur définitive, nous aurons le devoir d'éliminer ces peuples (ceux des États baltes, de la Bohême, de la Moravie et des régions occidentales de la Pologne). Il n'y a aucune raison pour que nous ne le fassions pas. Notre époque nous fournit les moyens techniques de réaliser avec une facilité relative tous ces plans de transplantation... Il faut chasser les Tchèques de l'Europe centrale. Car tant qu'ils y resteront ils constitueront un foyer de décomposition hussite et bolchevique. »

« C 'est seulement quand nous aurons la volonté et le pouvoir d'atteindre ce but que je serai prêt à prendre la responsabilité de sacrifier toute une génération de la jeunesse allemande. Même si tel doit en être le prix, je n'hésiterai pas un seul instant à me charger la conscience de la mort de deux à trois millions d'Allemands, en pleine lucidité du poids de ce sacrifice. »

« Pour les États baltes, la situation est différente. Nous germaniserons facilement la population. Il y a là des races qui, ethniquement, nous sont apparentées et qui seraient devenues allemandes depuis longtemps si les préjugés et l'orgueil social des barons baltes n'avaient pas dressé des obstacles artificiels. »

Après le pacte germano-soviétique, signé le 23 août 1939, le Führer, changeant brusquement de discours et abandonnant ses projets de déplacement de populations, déclara que la Pologne serait rayée de la carte des Nations. Un peu plus tard, il annonçait sa volonté de repeuplement en Silésie. Puis, en 1942, c'était la mise en place de la diabolique « solution finale ».

Sous l'Unterberg, en face du nid d'aigle de Hitler à Berchtesgaden, repose l'empereur endormi qui doit revenir disperser les ennemis du Reich et lui rendre sa gloire passée. Son règne durera mille ans. Ce rêve, depuis des siècles, hante les tréfonds de l'âme allemande.

L'aspiration millénariste s'était cristallisée vers le XIIe siècle autour des empereurs Hohenstaufen et plus particulièrement de Frédéric Ier, dit Barberousse, mort noyé en Orient en 1190 lors de la troisième croisade. Elle n'était pas sans relation avec la légende du prêtre Jean, ou celle du Mahdi islamique. Hitler la fit sienne et put dire, au cours d'une allocution prononcée à Munich le 14 mars 1936 :

« Je marche sur la Voie que m'indique la Providence avec l'assurance d'un somnambule. » A l'écrivain allemand Hans Grimm il avait déclaré un jour :

« Je sais que quelqu'un doit paraître. J'ai cherché cet homme. Je me suis levé afin d'accomplir la tâche préparatoire, car je sais que je ne suis pas Celui qui doit venir. »

L'étrangeté de ces propos laisse à penser. Associée à tous les égarements maniaques du Führer, elle a conduit bien des historiens à se poser la question de son équilibre mental. Certains ont même parlé de possession. Car, se sont-ils demandés, Hitler fut-il vraiment le maître de ses actes ? Et dans la négative, de quelle puissance redoutable fut-il l'instrument obéissant ?

Une personne de son entourage raconte que Hitler s'éveillait la nuit, poussant des cris convulsifs et appelant à l'aide. S'asseyant sur le bord de sa couche, il y restait alors prostré, comme paralysé, pendant des minutes entières. Puis l'effroi s'emparait à nouveau de lui et le faisait trembler au point de secouer le lit. Il proférait des vociférations confuses et haletait, comme sur le point d'étouffer.

« J'avais toujours été frappé, rapporte John Toland, par l'aspect de ses traits. Sa physionomie semblait composée d'éléments disparates incapables de se fondre en un tout véritable. » (J. Toland Hitler Pygmalion, 1978). Parfois, debout dans sa chambre et les yeux fixes, le chef du IIIe Reich s'écriait soudain : « C'est lui ! C'est lui ! Il est venu ici ! » Il prononçait alors des chiffres et des mots insensés. Puis à nouveau : « Là ! dans le coin : qui est là ? » Joseph Goebbels qui l'approcha fréquemment avouait qu'à de certains moments, il lui donnait le frisson.

Hitler fut-il un possédé ? À bien des visiteurs, il donna l'impression d'un être halluciné et manœuvré par une entité redoutable. Certaines forces le traversaient, des forces quasi-démoniaques dont le personnage nommé Hitler n'était que le vêtement momentané. Délivré de son démon, il retombait dans la médiocrité. On le pressait de questions, il écoutait sans rien dire ; ou bien il se mettait à parler sans écouter, à perte de vue.

En 1418, raconte Jean Robin dans son livre Hitler, l'Élu du Dragon, Sigismond, roi de Hongrie et empereur d'Allemagne, sous l'adroit prétexte de combattre les Turcs qui menaçaient ses frontières orientales (l'invasion ne se fit que plus tard), créa le mystérieux Ordre du Dragon. Pour éclairer sur les tendances de cette société, il suffit de signaler que le prince de Valachie, Vlav IV, en fut l'un des membres éminents. Or ce personnage, mieux connu sous le nom de Vlav Tepez - l'Empaleur - passa à la postérité sous celui de Dracula qui ne signifie rien d'autre que « Fils du Dragon » !

L’Ordre du Dragon transmettait ses mystères par le biais d'un recueil qui portait le titre de Magie sacrée d'Abramelin et dont on peut encore voir un exemplaire à la bibliothèque de l'Arsenal à Paris. L'enseignement qu'il contient promet la victoire sur la vie et la mort à ceux qui porteront le signe de la Bête - celle de l'Apocalypse.

La ténébreuse société secrète de la Golden Dawn (l'Aube Dorée) fondée quatre siècles plus tard à Londres en fit sa Bible. Or la plupart des auteurs qui étudièrent et répandirent les idées sur le pan-germanisme, l'aryosophie et le Mythe du Sang furent en contact avec la Golden Dawn dont il faut souligner qu'elle possédait de nombreuses succursales en Allemagne. Bien des idées circulèrent dont les dirigeants du IIIe Reich ne furent pas ignorants. Bien des idées, mais aussi et surtout des influences dont ils n'eurent pas toujours la parfaite conscience cette fois ni, conséquemment, le parfait contrôle.

Hitler répéta souvent qu'il fallait acquérir la « vision magique », que c'était là le but ultime de l'évolution de l'humanité. « Il croyait, rapporte Rauschning, qu'il était lui-même au seuil de ce pouvoir, source de ses succès présents et futurs. [...] Il ne pouvait s'expliquer autrement que par l'action de forces cachées la merveille de son propre destin. Il attribuait à ces forces sa vocation surhumaine d'annoncer aux hommes un évangile nouveau... Le surhomme vit au milieu de nous. Il est là. [...] J'ai vu le surhomme. » Où eut-il cette vision ?

Un épisode totalement inconnu de son existence est rapporté par Robert Payne dans The Life and death of Adolf Hitler. Il y est question d'un séjour qu'il fit en Grande-Bretagne en 1913 pour y rendre visite à son demi-frère Aloïs. Quand on sait qu'il n'entretenait aucun rapport avec ce dernier,on peut se demander la véritable raison de ce voyage.

Il est permis de croire, et c'est l'avis de Jean Robin, qu'il fut alors mis en contact avec les membres de la Golden Dawn.

L'affaire se situe à la limite extrême du raisonnable. Et pourtant, bien des indices donnent à croire que si quelque chose est à découvrir dans l'univers trouble de cette période, c'est dans cette direction qu'il faut aller chercher.

Source : Actualité de l'Histoire



Lire gratuitement « Hitler, l'Élu du Dragon » :

Lire gratuitement le livre de H. Rauschning, « Hitler m'a dit » :



Publié en 1939 comme un avertissement et un cri d'alarme, ce livre est un document d'histoire d'un intérêt capital, bien plus important pour la compréhension du nazisme que le très officiel Mein Kampf. C'est un Hitler en liberté qui se livre ici : à la fois politicien retors et visionnaire titubant, messianique et sentimental, fasciné par fascisme qui le délivrera de son fardeau d'anxiété. Membre du parti nazi de 1926 à 1934, Hermann Rauschning a su comprendre, avec la prescience d'un compagnon de route désabusé, ce que tant de contemporains se sont obstinés à ignorer : la dynamique de l'une des pulsions révolutionnaires les plus puissantes et les plus destructrices de notre siècle.

lundi, mai 30, 2011

Existe-t-il plusieurs races ?




Quand j'étais jeune étudiant, j'ai appris consciencieusement, comme beaucoup d'autres, et sans trop y croire, les classifications des « races humaines ». Elles étaient encore au programme, alors que le développement de la biologie au niveau microscopique en faisait déjà des catégories totalement caduques. On ne peut pas taxer de racistes toutes les tentatives de classification anciennes, au sens où, en science, c'est la différence qui fait l'information : on compare et on range en « paquets » distincts, chaque fois, qu'on peut le faire. En un siècle de découvertes, on a tout simplement vu se dessiner d'autres frontières au sein de l'humanité. Si l'on reprend le sens zoologique du mot (deux sous-espèces d'une même espèce se distinguent l'une de l'autre, mais demeurent inter-fécondes, contrairement à deux espèces), il n'y a aujourd'hui, à la surface de la Terre, qu'une « race » humaine celle de l'Homo sapiens sapiens.

Ce que la recherche paléontologique et son prolongement anthropologique essaient d'établir, entre autres, ce sont les filiations, les liens de parenté qui unissent cette humanité.

L'homme moderne est apparu dès 500 000 ans avant notre ère. Avec, déjà, des différenciations régionales : par exemple, entre des squelettes de Chinois vieux de 400 000 ans, de 200 000 ans et contemporains, on retrouve des caractères communs. Mais s'ils ont une fréquence plus grande chez les Chinois, on les retrouve aussi partout ailleurs éparpillés. Il y a continuité du peuplement, mais à l'intérieur de ce que j'appelle des « provinces bio-géographiques »?

A la surface de la Terre, il, n'y a qu'une « race » humaine connue, celle de l'Homo sapiens sapiens

En revanche, deux « races » ont parfois pu coexister dans la préhistoire. L'homme a commencé à se diversifier très tôt, voilà au moins 2,5 millions d'années, dès qu'il a bougé d'Afrique orientale, où il est né. Il s'est répandu à travers tout l'Ancien Monde : Afrique, Europe et Asie. Or, il y a 2 millions d'années, les glaciations ont fabriqué deux isolats géographiques : l'Europe, dont le nord fut entièrement recouvert de glaciers, et l'Indonésie qui, liée au continent asiatique, s'en trouva coupée à chaque période interglaciaire. Ces deux isolements ont entraîné des « dérives génétiques », et façonné deux humanités, le pithécanthrope en Indonésie, l'homme de Neandertal en Europe, très différents anatomiquement de notre ancêtre, l'homme moderne, qui vivait déjà ailleurs. Il y a 50 000 ans, celui-ci a repoussé ses frontières de tous les côtés, lors d'une deuxième vague de peuplement : en Europe, en Indonésie, en Australie, en Amérique. Neandertal et notre ancêtre l'homme moderne (Cro-Magnon) ont au moins constitué en Europe deux races distinctes. « Au moins », parce que l'on ne sait pas, aujourd'hui, si ces populations pouvaient être inter-fécondes (donc, si elles furent de la même espèce) ni si l'homme de Neandertal, comme le pithécanthrope indonésien disparu il y a environ 30 000 ans, s'est fondu dans la population des Homo sapiens sapiens ou s'il s'est éteint. C'est peut-être la seule question sur les traces humaines que la science puisse désormais se poser.

Yves COPPENS, paléontologue, professeur au Collège de France, directeur du laboratoire d'anthropologie, Muséum national d' histoire naturelle, Paris.


Une étude publiée dans la revue Science montre qu'une infime partie du génome humain provient de celui des Néandertaliens. L'auteur, Richard E. Green (Université de Californie) travaille actuellement au Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology (Leipzig, Allemagne) dans le cadre du projet de déchiffrage du génome de Neandertal dirigé par Svante Pääbo... Lire la suite :

Réchauffement climatique : La Froide Vérité

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