samedi, juillet 02, 2011

Comment on devient immortel ?



On fait de Strauss-Khan un nouveau Dreyfus ou un Edmond Dantès rescapé de son château d'If new-yorkais à plus de 30 000 euros par mois. DSK, victime d'une menteuse, retrouvera un rôle de premier plan pour se servir des Français, peuple qui donne facilement le pouvoir à des hommes sans moralité, parfois condamnés par la justice (Balkany, Bédier, Bernardini, Cuvilliez,  Dugoin, Emmanuelli...), mais célèbres.

Il y a quelques années, Joël Labruyère a analysé, selon des considérations ésotériques peu connues, le phénomène des célébrités et des immortels :

Comment on devient immortel ?

Il y a deux façons de procéder. La première est de suivre la voie régulière qui permet à l’âme de retrouver ses facultés divines originelles. La seconde est la voie anormale qui pousse un être à se hisser dans les degrés supérieurs de la hiérarchie qui contrôle la dimension terrestre.

Sur la première voie, celle du Retour au cœur du Père, on sort définitivement du système des dimensions déconnectées de l’Univers interne, alors que sur la voie irrégulière, on prend un titre de Maître ou de demi-dieu qui ne dure que le temps d’un cycle, après quoi, on retourne à la case départ. Les vrais spirituels empruntent la voie régulière, ils sortent du circuit de l’incarnation et de la souffrance, alors que les initiés des basses hiérarchies entretiennent la roue du monde, perpétuant l’exploitation et la douleur ici-bas.

Qui sont ces initiés irréguliers ?

On le devient lorsqu’on veut s’élever par la volonté, la recherche du pouvoir, la célébrité et la gloire en ce monde. On peut emprunter une voie de fausse sainteté comme les initiés de la « main droite » qui ont cultivé une personnalité raffinée, ou au contraire - mais cela revient au même – on peut prendre la voie de la « main gauche » en développant la puissance qui vous hisse au dessus de l’humanité ordinaire. Dans les deux cas, si l’on va assez loin dans le développement choisi, on peut s’octroyer un poste dans la hiérarchie terrestre, au service d’un égrégore.

Peut-on devenir un immortel irrégulier par l’art ou la science ?

Tout à fait. Depuis le développement de la médiatisation, un être qui devient célèbre au plan international prend naturellement, grâce à son charisme, une place de choix dans la hiérarchie planétaire. C’est ainsi que des chanteurs de rock ou des vedettes de cinéma ont gagné une promotion sur une dimension invisible. L’artiste peut être totalement dépravé, ou bien au contraire, il peut s’agir d’un grand humanitariste. Le résultat est sensiblement le même car grâce à son charisme médiatique, la personnalité est devenue si lumineuse sur le plan astral, qu’elle règne sur la portion de l’humanité accordée à sa fréquence. Ici, bien et mal ne sont que les deux faces du jeu de la dualité terrestre. Mais, bien entendu, les humains qui se sont hissés au rang de demi-dieux grâce à leur talent ou leur action, sont aux yeux des masses des êtres divins. Le système politique les identifie par des médailles, des décorations, des prix, afin d’authentifier leur pouvoir occulte. Ainsi, lorsqu’un personnage de la scène médiatique reçoit une décoration au niveau national ou international, cela symbolise sa promotion dans la hiérarchie invisible. Ces décorations ont une fonction magique, à l’image des titres ronflants qu’on confère aux initiés de la hiérarchie ecclésiastique ou maçonnique. Chaque grade maçonnique symbolise un degré atteint dans les basses hiérarchies invisibles, mais il faut avoir fait preuve de ses mérites au service du « prince de ce monde » pour gagner une place de choix dans son administration.

Un chanteur de rock, par exemple, peut-il obtenir cette gratification ?

Prenons les exemples célèbres, comme Mick Jagger, Paul Mc Cartney ou Bob Dylan - sans oublier Elvis Presley qui est une idole qui reçoit un culte religieux. Ainsi, aujourd’hui, lorsqu’un américain sait qu’il va mourir, il dit qu’il va rejoindre Elvis !

Mick Jagger, le provocateur des Rolling Stones qui chantait « sympathie pour le diable » a été décoré du titre de Lord d’Angleterre. Symboliquement, c’est recevoir en héritage un domaine sur la face invisible de l’empire britannique. (Idem pour le Beatle Paul Mc Cartney)

Bob Dylan, le prince des poètes de la génération rock, a été promu à un rang élevé par les autorités maçonniques américaines et internationales. On se souvient de son accolade avec Jean-Paul II, après que Dylan soit d’abord passé à la synagogue de Rome. Nombre de pays l’ont décoré du titre de chevalier des arts et des lettres, ce qui témoigne de l’honneur qui lui est accordé sur la dimension occulte.

Ces artistes médiatisés et idolâtrés ont travaillé pour gonfler certains égrégores, et chaque travail reçoit son salaire. Rien n’est laissé au hasard. Que l’on s’appelle Mère Térésa ou Madonna, c’est le même combat professionnel pour la promotion dans la hiérarchie luciférienne. Il n’y a qu’une faible nuance entre la bonté ostentatoire des grands humanitaristes, et la sensualité des stars. Il faut avoir rendu de bons et fidèles services aux basses hiérarchies, que l’on en soit conscient ou pas. A un certain moment, l’initié sait qu’il est un élu car les pouvoirs qui lui sont octroyés en ce monde sont exorbitants – célébrité, richesse, honneur, pouvoir. Toutefois, l’élu qui ne marche pas droit risque d’être jeté aux oubliettes.

Qu’arrive t-il aux célébrités assassinées ou qui meurent prématurément ?

Généralement, elles sont expédiées de l’autre côté pour être utilisées comme médiums afin de transmettre aux loges occultes des informations sur le futur. Tout a un sens dans l’économie des hiérarchies planétaires. Comme on dit : « chaque cheveu est compté ».

Un élu du système hiérarchique planétaire est un être qui dispose de qualités spirituelles particulières. Il a signé un pacte pour obtenir son pouvoir, son talent, et sa fortune anormale. Il s’est engagé à être un serviteur. Il peut focaliser l’énergie de millions d’êtres afin de redistribuer cette énergie astrale sur d’autres dimensions, au bénéfice des basses hiérarchies.

L’immortalité des grands personnages est donc factice et relative ?

Oui, elle ne dure que le temps d’un cycle, et seulement si l’entité qui a été élue est capable de gérer habilement sa « carrière magique ».
Le fantôme d’Elvis Presley ne sera pas éternellement une idole à laquelle l’Amérique rendra un culte. D’autre part, il n’est pas certain que l’entité Elvis Presley soit capable de diriger consciemment sa carrière magique dans l’au-delà. Son image est utilisée, mais l’entité n’avait pas atteint un niveau de maîtrise occulte suffisante. C’est un instrument. Peu à peu l’image astrale s’estompe et disparaît.

Quoi qu’il en soit, la fonction ésotérique de la gloire en ce monde c’est de constituer autour de personnalités charismatiques des foyers d’alimentation énergétique. Les stars sont des esclaves de la Grande Babylone. Les grands personnages politiques sont au dessus des célébrités dans la hiérarchie car les stars ne sont que leurs serviteurs, leurs bouffons, éventuellement leurs prostituées. C’est pourquoi, aucune célébrité du show business n’attaque le système qui la fait vivre, et qui pourrait la faire mourir. Certaines vedettes jouent les révoltés dans un cadre contestataire délimité, mais jamais ils ne dévoileront les secrets initiatiques - à condition qu’ils comprennent comment ça fonctionne !

Le système est protégé. Un artiste peut prendre un profil de rebelle avant d’accéder au succès, mais dès qu’il est célèbre, il joue le jeu comme un enfant obéissant, ou il est renvoyé en bas.

Brigitte Bardot a égratigné le système, mais pas jusqu’aux responsabilités supérieures, car elle en est un produit, dès avant sa naissance.

Elle dispose d’un certain égrégore, et possède une petite niche de « sainteté » dans la hiérarchie, quoique seulement pour le reflet astral de ses années glorieuses. Elle est donc dans le coup, même si le système l’épingle pour ses positions politiquement incorrectes, lesquelles ne lui vaudront pas un titre d’éternelle comme d’autres stars conscientes des mécanismes ésotériques, et qui sont des initiés. Bardot est protégée pour son image astrale, encore vivace mais qui s’effrite.

Pour tenir un égrégore, il faut avoir développé une conscience luciférienne puissante au service de l’ordre mondial. Bardot sera récupérée après sa mort si elle ne choisit pas de sortir du système.
Ces entités peuvent-elles échapper un jour au désir de briller et d’être reconnues ? Accède t-on au plus haut niveau de la célébrité si on ne le désire pas depuis de nombreuses incarnations ?

Et les grands noms du passé ?

Ces êtres dont la gloire fut posthume n’étaient pas médiatisées de leur vivant, et seule leur image astrale peut être utilisée par les entités occultes qui gèrent la circulation énergétique à leur profit.

C’est comme de racheter les droits d’un auteur en faisant fructifier la valeur commerciale de son nom. Certains égrégores exercent un droit d’exploitation sur l’image de tel saint ou personnage historique et captent ainsi les sentiments attachés à son nom, mais l’âme du personnage n’est plus dans ce circuit.


Par exemple, François d’Assise aurait refusé de servir de stimulant pour entretenir un culte de sa personnalité, mais cela n’empêche pas l’égrégore catholique romain d’utiliser son image de sainteté pour vampiriser les adorateurs du « poverello ».

Cette organisation de vampirisation astrale est la « Grande Babylone », avec ses dieux et ses héros. C’est une mafia occulte qui gère les images des grands personnages mondiaux, lesquels ne sont pas impliqués dans ce syndicat, soit qu’ils sont sortis définitivement du circuit des renaissances, ou sont incarnés à nouveau sur la terre dans le plus grand anonymat.

Par exemple, lorsque Platon s’est réincarné pour la dernière fois, c’est dans la personnalité d’un écrivain du 19° siècle totalement inconnu. Les grands rôles ne sont pas obligatoirement ceux que l’histoire enregistre. Tout ceci est très aléatoire. Par exemple, Vincent van Gogh est mort pauvre et inconnu. Or, l’une de ses peintures est la plus chère du monde. Dès lors, on parle beaucoup de lui, et l’on a construit un mythe autour de son image, sans qu’il soit impliqué dans ce cirque.

Il s’est formé un culte autour de l’image astrale de van Gogh. Il est peu probable qu’il découvre qu’il n’a été durant son périple ici-bas qu’un peintre raté, mystérieusement devenu le plus cher du monde ! Tout cela est très occulte. Pourquoi un homme qui n’aurait pas vendu une croûte de son vivant, devient-il un mort richissime ? Le monde invisible détourne à son profit les œuvres puissantes. On pourrait citer Mozart et nombre de génies, maudits durant leur existence, mais que le système récupère pour son ambiance culturelle qui sinon serait stérile et creuse.

Certains médiums racontent aux gens qu’ils ont été tel personnage du passé. Selon les modes, c’est un prêtre égyptien ou une princesse celtique. C’est de la sottise. Il faut se souvenir que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.

Qui gère le circuit de la célébrité  ?

Des entités irrégulières se sont octroyées une place dans les basses hiérarchies grâce à un développement occulte qui leur permet de ne pas revenir en incarnation. Ces entités sont organisées en concessions exploitant les réserves énergétiques de l’âme humaine. Ce commerce malsain remonte à une très haute antiquité. Ces entités ont parfois usurpé l’identité et même l’apparence des dieux qui coiffent au le circuit du système solaire. Ces faux dieux et ces entités irrégulières forment les basses hiérarchies planétaires. C’est un circuit fermé rejeté hors du monde divin.

Il s’entretient par la récupération de l’énergie de l’âme humaine qui seule peut synthétiser la force universelle fondamentale. C’est pourquoi, la méthode privilégiée pour capter l’énergie de l’âme demeure les rites et la prière. Du fait que les religions ont perdu le monopole du culte des divinités, il s’est développé un système médiatique international qui pompe une énergie énorme quoique d’un taux vibratoire déprécié. Ce système permet donc aux célébrités d’accéder au statut de demi dieux aux yeux des foules qui veulent des idoles à adorer à la place des divinités démodées.

Cette crise nécessitera au final de faire apparaître un personnage messianique qui se présentera comme le sauveur, l’avatar divin descendu sur la terre. Les loges orientales et occidentales se disputent à ce sujet, sans compter le messianisme juif qui voudrait imposer son roi David.

Un consensus sera adopté, si ce n’est déjà fait. Que le spectacle commence !

Nous avons parlé de la pseudo immortalité des « maîtres » de la hiérarchie planétaire. Nous voyons que pour parvenir à s’élever dans ces degrés il faut avoir développé un pouvoir occulte spécial. Ce pouvoir est lié à la kundalini inférieure, et ne présente aucun caractère libérateur au sens spirituel. Dès lors, comment un être qui n’emprunte pas ce chemin de puissance, peut-il sortir du circuit terrestre ?

La condition pour sortir du circuit c’est de ne pas s’y enchaîner d’avantage. Par conséquent, il faut comprendre que le développement de nos pouvoirs naturels – comme le recommande l’occultisme - est une entrave plutôt qu’une aide.

Nous n’avons pas à rechercher plus de pouvoir si nous voulons sortir d’un circuit planétaire où l’on se hisse précisément en développant une puissance anormale.
Si l’on ne recherche ni la célébrité, ni les pouvoirs occultes, ni la gloire, ni la fortune en ce monde, alors, on est déjà à moitié sorti d’affaire, car nous n’intéressons plus les basses hiérarchies qui vivent de l’exploitation des ambitions mondaines. On nous considèrera alors comme des créatures sans importance, des minables, des ratés, ce qui est tout à notre avantage, car les entités lucifériennes qui surveillent le circuit planétaire, ne peuvent imaginer qu’on puisse rechercher une autre lumière que celle qui illumine leur univers d’illusion.

On devient intérieurement des petits enfants, et l’air de rien, on sort du bac à sable sans se faire remarquer. Bien entendu, il faut couper les liens avec les séductions de la Grande Babylone, ses passions, ses tentations et ses illusions – tout ce qui mobilise les hommes ordinaires.

Ce n’est évidemment pas facile lorsqu’on a une personnalité développée, car celle-ci veut devenir toujours plus grande, plus intelligente, plus forte, plus douée, etc…

Il faut traverser et vaincre les trois tentations dans le désert : l’orgueil, le pouvoir et l’attachement aux richesses. C’est dire qu’il faut prendre le chemin inverse de ceux qui deviennent importants, et qui sont dès lors récupérés par les basses hiérarchies qui les tentent avec l’appât de la gloire, du pouvoir et de la richesse.

Comment un être doté d’une personnalité développée peut-il se libérer ? Celui qui brille d’un certain charisme, qui est ambitieux, peut-il échapper à la tentation de la célébrité, du pouvoir et de la richesse ?

Il doit prendre conscience que le développement de ses pouvoirs personnels le conduiront à pactiser avec des puissants - au plan visible ou invisible - qui pourraient faire de lui leur allié ou un serviteur, s’ils détectent en lui un potentiel. Les monastères et les loges maçonniques sont remplis d’esclaves qui plient l’échine, à cause de l’orgueil spirituel ou mondain qui les dévore.

Si l’on a une personnalité ambitieuse, volontaire ou téméraire, il est évident qu’on ne doit pas refouler ce que l’on est. Il faut convertir nos défauts en vertus en restituant à l’univers l’essence de nos pouvoirs individuels. Que celui qui a le sens de l’organisation, trouve sa place dans un groupe spirituel de bonne foi où il pourra faire profiter les autres de ses capacités. Que celui qui est ambitieux recherche un but spirituel élevé à la mesure de son désir. Que celui qui est un meneur, aide les autres à avancer vers la lumière, en montrant l’exemple du dévouement et de l’ardeur. Alors, celui qui a des défauts liés à l’orgueil, le goût du pouvoir ou le désir d’expansion, les mettra au service de son désir de vérité et de libération.

Les serviteurs de la vérité ne sont ni indécis, ni dénués de volonté. Leur volonté ardente est convertie en volonté de servir.

Sur la voie spirituelle régulière, on agit avec volonté et détermination, mais on ne cherche pas de profit personnel, alors que sur la voie irrégulière, on recherche uniquement le pouvoir pour soi-même.

Les deux immortalités, la vraie et la fausse, découlent de deux attitudes inverses : servir Dieu ou servir le monde.

Les idées new age, confuses et complaisantes, ainsi que la religiosité mondaine, tentent de conjuguer ces tendances inconciliables. Mais il n’y a qu’une voie d’immortalisation, c’est sortir du circuit de la mort.

Alors, comment devient-on immortel ?

Sur la voie régulière, il faut le désir sincère et conscient de revenir à notre origine - pour autant que l’on ait conservé la nostalgie de ce paradis perdu.

Sur la voie des anormaux des basses hiérarchies, il faut le désir de devenir un dieu en enfer - parce qu’on ne sait plus d’où l’on est venu, et qu’on ne voit pas d’autre façon d’avancer que la fuite en avant.

Entre les deux, il y a les tièdes, ceux qui se demanderont toujours quel chemin est le plus sécurisant, ou pour la majorité, qui ne se demandent rien du tout. 

Joël Labruyère, Undercover n° 16
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Illustration :

vendredi, juillet 01, 2011

Les guerriers bouddhistes d'Hitler


Au cours de la Seconde Guerre mondiale, pas moins de 8 000 bouddhistes, appartenant à l'ethnie kalmouke de la région semi-autonome de Kalmoukie soviétique, ont rejoint les forces nazies. Les cérémonies religieuses étaient assurées par des lamas qui avaient échappé aux purges de Staline de 1930.

Les Kalmouks sont les descendants de Mongols occidentaux qui émigrèrent durant le XVIIe siècle de différentes régions de l'ouest de la Mongolie, du nord ouest de la Chine et du Kazakhstan dans la région de la basse Volga, au nord de la mer Caspienne. Avec leur longue tradition de bergers et d'artisans habiles, les Kalmouks ont aussi apporté le bouddhisme tibétain de la secte Gelug.


Source :




Qui nous asservit ?




Le bouddhisme dit que c’est nous qui nous asservissons nous-mêmes dans le filet de nos idées, de nos paroles, de nos actes, individuels et collectifs. Ceci s’applique à tous les aspects allant des névroses individuelles aux oppressions des masses, des souffrances que l’on s’inflige à soi-même à celles que l’on inflige à ses voisins. De plus, on a remarqué que ces idées, ces paroles, ces actes, surgissent d’attitudes subtiles ou de postures mentales, qui inconsciemment les renforcent et assurent leur répétition.

Du fait que ces attitudes sont rarement passées au crible de l'examen critique conscient, masquées par leur propre subjectivité, la source de l’asservissement, à partir du développement des inclinations caractéristiques que ces attitudes internes favorisent et encouragent leur renforcement, cela est appelé en terminologie zen : « sans corde, s’attacher soi-même. »

Du point de vue du Zen, le problème sous-jacent aux diverses manifestations d’asservissement est constitué par un état de confusion fondamentale. En terminologie classique zen, on désigne cet état par « prendre le serviteur pour le maître ou prendre l’invité pour l’hôte. » Même des formes d'asservissement évident, comme celles que l’on constate dans les formes d’esclavage politique ou économique, commencent et se développent dans des cycles de répétition provenant de la domination de l’esprit par des idées, des mots ou des actes. La pensée bouddhique reconnaît la susceptibilité de l’esprit à la suggestion et au conditionnement, d’où le proverbe : « Soyez maître de votre esprit, ne le laissez pas devenir votre maître. »

Alors que l’on comprend que l’on ne peut rien dire sur l’absolue objectivité qui, dans sa totalité, se situe au-delà de l’esprit qui la suppose, le bouddhisme, libre des penchants et des préjugés qui dégradent les relations humaines et empêchent l’humanité de se voir telle qu’elle est, s’efforce à la plus grande objectivité possible dans la compréhension de l’humanité. Dans cet objectif, le bouddhisme examine, sous tous les angles possibles, la relation qu’entretiennent la subjectivité et l'objectivité afin d’atteindre les limites de ce qui peut être distingué entre vrai et faux.

Tant que l’on n’a pas atteint le point où se fait ce discernement critique, la réalisation zen n’est pas réellement possible. Certains peuvent se sentir libérés alors que tout ce qu’ils ont connu n’est rien d’autre qu’un changement de leurs intérêts. Certains peuvent se croire légitimés alors qu’ils n’ont fait qu’acquérir la conviction qu’ils ont raison, et il est possible que cela leur suffise. D’autres encore peuvent se sentir dispensés d’avoir des choses à faire, à penser, à discuter, sans que cela les satisfasse réellement ou les nourrisse intérieurement. En terminologie zen, ils sont remplis mais non accomplis. D’aucuns peuvent être incités par leur conscience à agir d’une manière qui ne répond pas à ce qu’ils envisageaient parce qu’ils ne peuvent pas maîtriser la volonté et le savoir dont leurs impulsions sont l’écho. Tous les problèmes de non-authenticité psychologique ou spirituelle sont placés sous l’œil scrutateur du zen. Le Zen conduit à la réelle liberté et non à l’image de la liberté.

Une ancienne observation zen a révélé que tout ce qui stimule ou motive quelqu’un, sur les plans économique, politique, social, psychologique ou religieux, risque en réalité de l'empêcher de combler les véritables besoins et désirs qui ont été à l’origine de la stimulation ou de la motivation. En termes zen, cela ne signifie pas que l’objet en lui-même vient contrecarrer la personne mais que la conception individuelle de l’objet et l’attitude a qu’il inspire sont incapables de combler l’être.

C’est là le point crucial du Zen dans son approche de la libération.

Les chaînes de la pauvreté et de l’oppression sont visibles au regard ordinaire et il n’est pas difficile d’éprouver de la sympathie pour les affligés. Mais souvent, les individus et les peuples, sont pris dans des chaînes qu’en fait ils chérissent comme un trésor. Comme le disait un maître zen : « Il est difficile de voir ce qui ne va pas dans ce que l’on aime et de voir ce qui va bien dans ce que l’on n’aime pas ».

Un autre maître zen a fait remarquer qu’il y a chez les êtres humains une tendance à aimer ce qui est familier. Ce qui signifie que les goûts et les habitudes avec lesquels les gens se sentent à l’aise dans un premier temps, peuvent en fait les priver d’une plus grande capacité de progrès et d’accomplissement.

A l’instar du taoïsme, son prédécesseur, le Zen a depuis longtemps remarqué que le désir pour des résultats visibles et rapides est une attitude de prédilection qui est contraire à un progrès véritable du développement tant social qu’individuel. Des études sans nombre ont montré que les résultats de la précipitation ont les mêmes effets, dans les affaires sociales et politiques que dans les situations psychologiques : dépression, ressentiment, regret et nostalgie, qui risquent de consumer tous les progrès qui avaient pu être faits.

Ce qui reste après tout ce processus, une fois que les émotions sont épuisées, c’est une collection de rationalisations aussi inefficaces en elles-mêmes que les émotions.

On se demande parfois pourquoi, en dépit des excédents économiques et des législations complexes établies par les gouvernements, persistent tant de famine et d’oppression dans notre monde. Pour trouver la réponse à cette énigme, un penseur politique pourrait souligner l’interaction conflictuelle des intérêts matériels des différents pays et l'influence de la corruption. Un sociologue pourrait présenter des théories selon lesquelles les particularités culturelles et historiques expliquent la persistance de schémas de récession. Un observateur zen devra, lui, considérer de manière impartiale, l’ensemble de l’interrelation des conditions, sans isoler un seul élément qui pourrait avoir avec lui une résonance émotionnelle.

En vue de comprendre dans la plus claire vérité ce qui est réellement possible dans une situation donnée, celui qui se veut illuminé doit se maintenir à l’écart des idéaux reçus et sacrifier toute compassion sentimentale. C’est un aspect de la « grande mort » par laquelle doivent passer les disciples du Zen, afin de rendre clairs leurs esprits pour être en mesure de voir ce qui est en face d’eux, de manière impersonnelle et impartiale. C’est ainsi qu’ils peuvent mener une vie fraîche, sans porter le fardeau des illusions passées.

Croire que l’on peut acquérir la liberté et la sécurité par le seul fait de systèmes d'organisation gouvernementaux est un mythe populaire et une des illusions les plus entretenues à notre époque.

Alors qu’un système peut, en certaines conditions, se révéler plus efficace qu’un autre, il reste le fait que certains continuent à créer et à faire fonctionner les systèmes, faisant le développement individuel humain critique à tout processus de progrès social. La pensée politique bouddhique admet cela.

L’accent, mis par le bouddhisme sur la libération individuelle, même au sein d’écoles dont le but affirmé est la libération collective, a donné lieu à un contresens selon lequel le bouddhisme serait une religion passive qui encourage l’évasion du monde. Il est un fait que cet encouragement à la fuite et à la passivité sont des aspects bien connus d’une forme de corruption de certaines pratiques. Ces attitudes sont très éloignées de l’esprit du bouddhisme qui considère le bien de tous comme le fait le plus important, même dans les écoles qui soulignent en premier lieu la nécessité de la libération individuelle. La libération de chaque individu fait partie intégrale du bien-être social dans la mesure où elle réduit les sources de conflit et permet à des gens dépouillés d’ambition personnelle de travailler pour le bien des autres.

Selon l'enseignement du bouddhisme, même un acte de générosité n’est pas réellement authentique dans la mesure où il est teinté de sentiments personnels que sont le désir ou la satisfaction de donner.

Cela ne veut pas dire que le bouddhisme n’autorise pas l’action sociale avant d’avoir atteint l’ultime objectivité, mais les bouddhistes ne se servent pas de l’action sociale pour apaiser leurs sentiments humains.

Le bouddhisme se sert plutôt de l’action comme moyen de connaissance et se sert de la connaissance pour guider l’action. Selon Le Livre des Dix Étapes, que l’on trouve dans le soutra de L’Ornementation fleurie, un des textes les plus riches du bouddhisme universel, quand les pratiquants atteignent le stade du perfectionnement de la méditation, ils « pratiquent tout ce qui dans le monde pourrait faire du bien aux êtres vivants ». Parmi les activités mentionnées dans les Écritures, on trouve : écriture, enseignement, mathématiques, sciences naturelles, médecine, pratique des arts, ingénieur, horticulture et psychologie.

L’Histoire montre, en Asie, des traces d’activité bouddhique dans un large éventail d’activités qu’elles soient culturelles, sociales, économiques ou politiques. Les contributions bouddhiques aux beaux-arts et aux arts appliqués, à la littérature, à la philosophie, à la médecine et à l’éducation sont bien reconnues. Les bouddhistes ont aussi joué un rôle dans la revendication et la conservation de la terre, de l’eau, de ressources humaines, tout autant que dans le développement d’activités bancaires, du commerce, de l’artisanat, de l’hôtellerie, des communications, de l’imprimerie et de l’édition. À tous les niveaux, les bouddhistes ont participé aux gouvernements, et particulièrement dans les administrations locales, mais ils sont aussi intervenus de l'extérieur, quelquefois en défendant, avec des groupes d’amnistie, des prisonniers politiques et même en fomentant des rébellions armées contre des régimes oppressifs. Le bouddhisme a également mis au point des moyens acceptables socialement afin que les femmes puissent demander le divorce, ainsi que les premières mesures favorables aux orphelins issus de la politique de clans de l'Asie ancienne.



jeudi, juin 30, 2011

Psychisme & guérison




En médecine, l’action la mieux étudiée du psychisme sur le corps se nomme l’effet placebo. Il est très utilisé en pratique médicale et en recherche pharmacologique pour évaluer l'activité chimique réelle d'un médicament. Le placebo est un faux médicament, une substance inactive administrée à un malade qui croit prendre un vrai médicament, Dans certains cas, le résultat est tel que le placebo soigne de façon satisfaisante, mais induit également les mêmes conséquences indésirables (nausées, vertiges...) que le produit qu'il remplace. Ce phénomène existe, chez les très jeunes enfants, y compris les bébés, et même chez des animaux domestiques. En plus de cet effet spécifique, orienté par le thérapeute qui attend d'une substance inerte un résultat précis, il existe un effet psychique dont l’origine est inconnue, Il fonctionne pour n'importe quelle maladie, c’est la guérison inexpliquée, le miracle. Les placebos antalgiques (antidouleur), le sport, le rire et plus généralement les sources de plaisir stimulent chez l’homme la sécrétion de morphines naturelles - les endorphines -, susceptibles de soulager. Par ailleurs, des expériences prouvent que le psychisme influe sur des paramètres organiques tels que la tension artérielle, l'acidité de l'estomac ou le nombre de globules blancs. Le psychisme aurait même un rôle important, complémentaire des thérapeutiques, en matière de cancérologie. Une de ces expériences consiste à enfermer dans trois cages différentes des rats de la même espèce, à qui une tumeur cancéreuse a été greffée.

Dans la cage n° 1, on laisse évoluer les rats et leurs cancers sans intervenir. Dans la cage n° 2, les rats reçoivent des chocs électriques d'intensité, de durée et de survenue aléatoires, de sorte qu’ils ne savent jamais ni quand ni combien de temps ils vont avoir mal. Dans la cages n° 3, l'expérimentateur envoie les mêmes décharges électriques que dans la cage n° 2, mais les rats ont à leur disposition une manette leur permettant d'interrompre à tout moment le choc, ce qu'ils font très rapidement. Au bout d’un mois, 50 % des rats de la cage n° 1 ont rejeté la tumeur ; dans la cage n° 2, ils sont seulement 34 %. Conclusion : le stress incontrôlable est cancérogène. En revanche, dans la cage n° 3, 64 % des rats rejettent la tumeur : le stress maîtrisé aurait donc, un effet anticancéreux.

En médecine, un des meilleurs facteurs de guérison du cancer du sein semble être la réaction, au diagnostic. Les femmes qui décident rapidement de lutter sont plus nombreuses à guérir que celles qui se croient "fichues". Certains chercheurs pensent que le psychisme commanderait à notre organisme de sécréter massivement des substances anticancéreuses, comme les interférons par exemple. Ces molécules, utilisées en thérapeutique, existent aussi à l’état naturel dans nos cellules. C'est pourquoi de plus en plus d'hôpitaux mettent en place dans les services de cancérologie des psychothérapies ou travaillent en collaboration avec des psychothérapeutes.

Patrick Lemoine, psychiatre, Centre hospitalier spécialisé Le Vinatier, Bron.

mercredi, juin 29, 2011

Les homosexuels interdits de séjour céleste


Toutes les religions ont dressé des interdits quant à l'homosexualité entre adultes, pour ces censeurs le plus évident des comportements qui mettent en péril la procréation. Ce qui, de toujours, a été stigmatisé - parce qu'au départ hostile au développement démographique - c’est le plaisir gratuit associé au désordre. Les couches laborieuses ont d’ailleurs attribué l'homosexualité aux riches oisifs. Quand elle se développe chez les pauvres, elle est jugée comme sexualité de compensation, pis-aller, voire moyen vénal de suppléer à la misère - grâce justement aux sollicitations des pervers des classes favorisées. Il est donc absurde de proclamer que l’homosexualité, était plus tolérée en France dans la première moitié du XXe siècle, comme de regretter la grande liberté de mœurs des peuples sous-développés et de s’étonner de la répression sexuelle qui s’installe dès qu'un pays tente de moderniser ses structures économiques.

Homosexualité et politique

Qu’on le veuille ou non, n’en déplaise aux nostalgiques, l'homosexualité adulte (dont la désignation d’ailleurs n’intervient qu’à la fin du XIXe siècle, en même temps que la suprématie de la médecine) n’existe, comme mode de vie explicite, dans aucun groupe social. Les façons qu’ont tenté - et que tentent - les sociétés d’en régler la présence et l'éternel attrait sont de deux ordres : soit (comme chez les Perses, par exemple, ou chez les Grecs et dans certains groupes ethniques qui préservent ainsi les rites de la puberté) en canalisant, sous forme de cérémonies initiatiques, le désir que peuvent avoir des adultes mâles pour de jeunes adolescents ; soit, de nos jours en Occident où le surpeuplement inquiète, en autorisant les relations homosexuelles entre adultes. Si, dans le premier
cas, les bases de la société patriarcale ne sont pas ébranlées, il en va bien autrement dans le deuxième cas où est remise brutalement en question la famille traditionnelle.

Ce long préliminaire est nécessaire. Il faut détruire une illusion que les homosexuels eux-mêmes entretiennent et qui est aussi préjudiciable que de vouloir définir l'homosexualité comme immanente, donnée à la naissance par un gène rédhibitoire : à savoir que l’homosexualité aurait bénéficié dans le passé d’un âge d’or ! L’homosexualité adulte, telle que nous la définissons aujourd’hui, a été de tout temps refoulée.

Nombre d'homosexuels voudraient que la religion, qui est affaire d’âme disent-ils, n’ait pas à se préoccuper d’autre chose que de l'âme et d'argumenter longuement sur les vertus de générosité et de courage que les homosexuels partagent avec les hétérosexuels. C’est éliminer un élément majeur et décisif. Les religions se créent et s’entretiennent dans des sociétés données. Elles renforcent les lois - parfois les corrigent - et il serait inefficace de s’en tenir, par exemple, au message de Jésus qui n’est que parole dans un monde qui ne se préoccupait que d’argent. Que les homosexuels le sachent : quand on parle de religion, ce n’est pas de la parole supposée du Christ, de Bouddha, d’Allah ou de Jéhovah qu’il s’agit mais des commandements qui, au cours des siècles, ont élaboré les pratiques de la religion qui régularisent - en la restreignant - la florissante et polymorphe effervescence du désir. Les religions interdisent et limitent l’épanouissement individuel dans le but aujourd’hui contestable de favoriser l’évolution collective.

Jouissance et homosexualité

Refuser l’homosexualité, c'est refuser la passivité du mâle. C’est en même temps refuser le plaisir, la jouissance, l’égalité des sexes ; c’est surtout cantonner la femme au rôle de servante d’un homme qui inscrit sa virilité dans le vide creusé par sa soumission, réduite qu’elle est au rôle de porteuse de petits d’hommes, de mère et de putain, en fait une sorte d’envers nécessaire et troublant de cela seul qui compte parce qu’il fallait en protéger la survie : l’homme actif, dispensateur de semence. L’homosexualité (masculine) est d'abord condamnée de crainte qu’elle se développe et écarte l’homme de ses devoirs. Ce qui est annulé, ce ne sont pas les égarements occultes de l’homosexualité mais sa reconnaissance sociale. Elle est inversion, monstruosité puisqu’elle désigne des hommes qui, non seulement se veulent femmes - donc inexistants - mais n'ont même pas le
privilège de couver des petits d’hommes. On retrouve donc dans ce schéma initial – très simple en définitive - tout ce qui hante la société : l'effémination de l'homme, la sodomie (déni primaire de la transmission de l'espèce), le travestissement et le grand tabou de notre époque, la pédophilie masculine, dont la peur rejoint l'angoisse de l’inceste et bloque la relation père-fils qui s’interdit la tendresse dans l’obsession de la virilité.

La religion, dans sa réalité temporelle, ne peut passer outre ces angoisses fondamentales puisque ses règles et sa pratique ont précédé la morale laïque quand elles ne l’ont pas annulée ou déterminée. Avec de nos jours une crispation particulière: sorti de la misère, l'homme occidental se détache des oukases religieux pour prôner la morale individuelle. Les religions sont face à une homosexualité gênante puisqu’elle ne peut plus s’insérer dans une condamnation globale de la jouissance que la contraception, l'avortement et l’émancipation des femmes ont déclarée indépendante de la procréation.

Bouddhisme et homosexualité

Le bouddhisme basé sur l’évolution intérieure de l’individu devrait ne se préoccuper en rien de l'homosexualité qui n’est qu’un épiphénomène de l'incarnation. A partir du bouddhisme, il nous faut considérer pourtant les sectes qui s'en réclament comme l'implantation en France de la NSF (Nichiren Shoshu française), une communauté d’inspiration bouddhique qui attire beaucoup d’homosexuels. Soucieuse de garder ses membres et sachant combien le développement du sida en inquiète certains et les perturbent, elle affronte la question. Dans Dialogue pour l’Europe, l’alternative bouddhisme/homosexualité est clairement posée : « Question : comment le bouddhisme considère-t-il l'homosexualité ? L’homosexuel doit-il lutter contre son propre destin ou bien peut-il accepter sa condition comme étant naturelle ? »

La réponse est formulée dans la question !
Réponse : En fait le bouddhisme ne dit pas que l’homosexualité est bonne ou mauvaise. Comme vous le savez, le bouddhisme est la philosophie de la vie, donc concerne la vie... Quant à l’homosexualité, c’est un problème qui se situe à un niveau différent ; par conséquent, le bouddhisme ne la considère pas comme un vice et ne la juge pas comme tel. En renforçant de jour en jour la pratique bouddhique, l’homosexuel parviendra à se comprendre clairement et à saisir à la lumière du bouddhisme si ses actes quotidiens correspondent à l’attitude la plus digne de l’homme. Donc, il faut veiller à ne pas con- sidérer l’homosexuel comme un déséquilibré. Il faut éviter de penser que s’il est homosexuel, cela prouve que sa croyance est faible ou incorrecte. Il est important de veiller sur lui. En tant que membre, nous devons l'encourager inlassablement, de façon apparente ou non, afin que sa conviction s’approfondisse ; nous devons également souhaiter son développement. Si nous agissons ainsi, un tel homme arrivera à s’engager sur le chemin de la vie, conscient de sa mission qui est de vivre pour la propagation du bouddhisme.

Ce texte malhabilement conciliant ne pose pas différemment la... différence que le catholicisme : il y a la bonne sexualité et la déviante.

L’homosexuel juif

La situation est plus ambiguë lorsqu’il s'agit de la religion juive. Un regard superficiel peut envisager que les persécutions dont ont été victimes les juifs les prédisposent à l’indulgence. Les homosexuels juifs se heurtent pourtant à un triple opprobre : celui de la religion, celui de la famille, et peut-être surtout celui de la communauté. La Thora, qui, dans ses 613 règles, définit précisément ce que l’on peut faire et ce qui est interdit, rappelle que le couple doit se former comme Dieu l’a formé au départ, composé d’un homme et d’une femme et non de deux hommes (ce qui présuppose que cela peut exister !). Quant au chapitre 18 du Lévitique, il donne la liste des mariages interdits, et mentionne l’homosexualité au même titre que l’inceste ou la zoophilie. Comme pour la religion catholique, c’est la cellule familiale qui est dominante et si la condamnation à la lapidation des homosexuels et la mise en garde de la dépravation que pouvaient subir les jeunes juifs dans les gymnases grecs n’est plus en vigueur, l’hostilité résolue des religieux à l'homosexualité persiste aujourd’hui.

Aux États-Unis, certains rabbins affichent leur homosexualité, un juif gay, ne sera pas exclu par la communauté. La famille juive, moins hostile que la famille pratiquante chrétienne, se montre néanmoins accablée. Mais il s’agit moins de vice que de ne pas pouvoir perpétuer des fils. En Israël aujourd’hui, l'homosexualité est punissable mais les sanctions sont rarissimes. Elle reste un motif d’exclusion de l’armée chez les officiers, elle est tolérée chez les simples soldats. Dans le vécu individuel, il peut, bien sûr, y avoir souffrance : une minorité dans la minorité. Là où la communauté juive est importante, l’homosexualité est en voie d’intégration. A New York, deux synagogues gaies accueillent homos et lesbiennes avec leurs amis et familles.

L’islam face à l'homosexualité

A la différence de la religion catholique encombrée d'un Christ chaste et qui a perpétué la culpabilité sexuelle, le Coran se fait le défenseur d’une sexualité presque hédoniste. Mais, dans les faits, elle se cantonne à une hétérosexualité de reproduction. La question sexuelle est absolument centrale dans le Coran. Mais l’homosexuel est un « sous-être ». Comme toutes les religions, l'islam est anti-eugéniste. L’homosexuel qui ose s’affirmer en tant que tel, affronte d’emblée deux codes hégémoniques fondamentalement répressifs : la parole divine qui est absolument fondatrice dans l'islam, et puis la société bâtie sur des bases normatives étouffantes. La société islamique se voue au culte de la virilité. A travers l’homosexualité, l’homme se déclassé et retourne au rang de la femme. La notion d’androgyne est donc récupérée par l'imaginaire et la pratique effective de l'homosexualité chez les jeunes n’est pas nommée. On revient à ce qui domine ce profond refoulement commun à toutes les religions : l’homme actif dans sa relation sexuelle avec un autre homme n’est pas déconsidéré, et au-delà d’une homosexualité de découverte réciproque entre jeunes gens, il y a une homosexualité de domination ou de revanche envers plus jeune que soi ou envers l’Occidental. L’homosexualité de plaisir choisie comme telle est vilipendée. […]

Les successeurs de Jésus

Les homosexuels entretiennent une équivoque entre ce que l’on suppose être la parole du Christ et le christianisme tel qu’il s’est figé au cours des siècles, et notamment à partir des Xe et XIIe siècles où les moines célibataires se sont livrés à un travail de sape et de déformation des évangiles. Jusqu’à l’invention du mot « homosexuel », ce qui fut réglementé sous la forme d’interdits draconiens c’est, nous le répétons, la jouissance. La mise au jour récente de textes répressifs montre que Jésus ne s’est en rien préoccupé de condamner l'homosexualité en tant que telle. Mais sa légende d’homme célibataire né d’une femme vierge a forgé une haine du sexe dont nous portons encore les conséquences. Il peut paraître aujourd’hui invraisemblable que les ecclésiastiques aient pu s’épuiser pendant des siècles à tenter de construire toute une morale sur cette incongruité physiologique : une femme engendre un dieu de chair sans qu’un homme la pénètre. D’où l'abomination des menstrues qui signalent la réalité chamelle du cycle fécondateur, d’où refus du corps - surtout féminin - qui doit voiler tout ce qui provoque la concupiscence, d’où exégèses sans fin pour savoir à partir de quel moment il y a plaisir, donc péché. L’homosexualité s’inscrit dans le droit de cet interdit du plaisir sexuel qui n’aurait pas, en dernier recours, l’excuse de la procréation. Hors du vase naturel, point de salut. Onanisme, sodomie quel que soit le sexe du partenaire, contraception, adultère, et bien sûr avortement sont toutes actions infamantes, au même titre et pour longtemps.

Hugo Marsan



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Les interdits de l'islam




Mahomet a déclaré : « Évitez les sept périls que sont le polythéisme, la magie, le meurtre, le vol des orphelins, la fuite lors de la guerre sainte, la calomnie des femmes mariées, l'usure. »

Le théologien Ibn Abbas, suivi par la tradition musulmane, a précisé : « Ils sont plus près de 70 que de 7. » Voici la liste de ces 70 grands péchés, adaptée d'un livre justement intitulé Al-Kabaïr (Les grands péchés). L’auteur, Adh-Dhahabi, a passé la majeure partie de sa vie à Damas où il est né en 673 de l’Hégire (1274 de l’ère chrétienne). Son ouvrage a été réédité par les Éditions Dar el Fiker (Beyrouth), dans une version bilingue, arabe et française, établie par Saïd Al-Laham.

1. Le polythéisme.
2. Le meurtre.
3. La magie.
4. La négligence de la prière.
5. La non-acquitation de l'aumône.
6. La rupture du jeûne, lors du mois de Ramadan, sans excuse valable (maladie, voyage...).
7. La négligence du pèlerinage alors qu'on est matériellement en mesure de le faire.
8. L’ingratitude envers son père ou sa mère.
9. Le refus d'aider des parents proches dans le besoin.
10. L'adultère.
11. L’homosexualité.
12. L’usure.
13. L’oppression d’un orphelin, et le détournement de ses biens.
14. L’invention de mensonges sur Dieu et son messager.
15. La fuite du combat lors de la guerre sainte.
16. Le gouvernement injuste, qui ne suit pas les prescriptions de l’islam.
17. L’orgueil, la magnificence.
18. Le faux témoignage.
19. La consommation de boissons alcoolisées, la toxicomanie en général (haschich compris).
21. La calomnie des femmes mariées.
22. La fraude, devant le trésor public ou avec les biens des aumônes.
23. Le vol.
24. Le banditisme de grand chemin, le gangstérisme.
25. Le faux serment.
26. L’injustice en général, le fait de ne pas suivre la charia (les lois de l’islam).
27. La dîme, pratique anté-islamique de ceux qui prélevaient un dixième du montant des marchandises lors du passage d’un village, d’un pont..
28. L’acquisition de biens par des moyens illicites : faux serment, vol, escroquerie, jeu de hasard...
29. Le suicide.
30. Le mensonge.
31. Le jugement non conforme aux révélations de Dieu.
32. Le pot-de-vin.
33. L’imitation des femmes par les hommes, et réciproquement, le travestisme et, a fortiori, le transsexualisme.
34. Le proxénétisme.
35. Le mariage blanc, mariage de pure convention conclu par intérêt.
36. La souillure, en particulier par l’urine.
37. L'hypocrisie, en particulier la simulation de la foi.
38. La dissimulation de la révélation divine, ou la manipulation des textes révélés, par des gens du Livre.
39. La trahison.
40. Le reproche joint à l’aumône.
41. La négation du destin décidé par Dieu, l’« existentialisme ».
42. L’espionnage de personnes privées, l’indiscrétion.
43. La calomnie, la diffamation.
44. La malédiction.
45. La perfidie.
46. La croyance aux devins, aux astrologues, aux cartomanciennes...
47. L'insubordination de la femme, si le mari est juste.
48. Les représentations figurées, les idoles, les sculptures.
49. L’affliction exagérée et non sincère lors d’un décès (référence aux « pleureuses » anté-islamiques).
50. L’iniquité, la rébellion sans justification.
51. L’oppression (et les mauvais traitements) des faibles : esclaves, pauvres, femmes, concubines, orphelins et aussi animaux.
52. La méchanceté envers son voisin.
53. L’offense et la calomnie des musulmans.
54. L’empiètement sur les droits des pauvres.
55. L’arrogance, aussi bien dans le port de riches vêtements que dans la démarche.
56. Le port, par les hommes, de vêtements en soie et de bijoux en or.
57. La fuite pour un esclave, si le maître est juste.
58. Le sacrifice adressé à un autre qu’à Dieu.
59. Le reniement de son père, en particulier par l'adoption d’un autre nom.
60. La vaine querelle, la discussion malhonnête, le goût de la dispute.
61. Le refus de donner de l’eau.
62. La fraude, pour un marchand, dans la mesure des marchandises.
63. Le doute de la toute puissance de Dieu sur le cœur des hommes.
64. Le préjudice causé à de bons serviteurs de Dieu.
65. L’abandon de la prière en groupe pour prier seul.
66. La persistance de l’abandon de la prière en groupe, en particulier celle du vendredi.
67. Le tort causé à un héritier, par l’invention de dettes imaginaires ou tout autre moyen.
68. La ruse, la tromperie.
69. L’espionnage des autres musulmans et la révélation de leurs faiblesses.
70. L’injure, en particulier aux compagnons du Prophète.



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mardi, juin 28, 2011

Prêtre & anar



Jean Meslier (1664-1729)

Fils d'un marchand, Jean Meslier entre au séminaire de Reims à l'âge de vingt ans. Il est ordonné prêtre quatre ans plus tard et nommé à la cure d’Étrépigny, où il mène une carrière paisible. Il ne se fait remarquer qu’une seule fois : lorsqu’il dénonce en chaire le seigneur du village, qui maltraite ses paysans. Le reste du temps, il semble s’être fait oublier.

Hypocrisie ou ruse de guerre ?

Cette vie aurait été d'une extrême banalité si l'abbé Meslier n’avait laissé un « testament » qui fit beaucoup de bruit. Et pour cause ! On y découvre un tout autre personnage. Il y dénonce la religion avec une virulence inouïe. Il s'affirme résolument matérialiste. Et il se montre socialiste avant la lettre.

A-t-on donc affaire à un hypocrite ? Ou à une sorte de Dr. Jekill et Mr. Hyde ? Il faut d’abord remarquer que Meslier n’est pas un cas unique, il le sera seulement par son talent et par l'influence souterraine qu’il exercera sur les Encyclopédistes. Voltaire, par exemple, eut connaissance de ce testament et en publia un résumé.

L'abbé Meslier fait partie de ces « dissidents de campagne », plus nombreux qu’on ne le croit. La persistance d'un tel phénomène s'explique soit par le fait que l'Église ne vint réellement à bout du paganisme que relativement fort tard, soit par la persistance d’une influence janséniste. Sedan, qui est proche d'Étrépigny, passe, d'autre part, pour être la « Genève du Nord ». Il faut enfin souligner que Meslier ne fait que tirer les conséquences du message de l'Évangile. Et s’il prône carrément une révolution (le fait est pour son époque assez extraordinaire), s’il dénonce avec vigueur « abus et impostures », il compte sur ses collègues, les curés de campagne, pour éclairer le peuple, c'est-à-dire pour le dessiller et le conduire vers la révolution. Ne possèdent-ils pas le savoir et les lumières de la foi ?

Un matérialisme moderne

L'abbé Meslier est donc un prêtre, et il compte bien le rester. Comme les prêtres qui, ultérieurement, prêteront serment à la Révolution.

Il laissa plusieurs copies de son manuscrit qui circulèrent clandestinement. N’oublions pas qu'au XVIIIe siècle une littérature clandestine était acheminée par des colporteurs jusqu'aux provinces les plus reculées. Mais, comme nous l'apprend R. Desné (cité par B. Didier, le Siècle des Lumières, M.A., éd.) : « Le "Mémoire" de Meslier était une des vedettes de la littérature clandestine, puisque le colporteur La Barrière, arrêté en janvier 1743, est convaincu d'avoir "vendu dans son temps l'ouvrage du curé d'Étrépigny". »

Meslier est, en droite ligne, issu de Descartes, qu’il a poussé à l'extrémité de sa logique. Il distingue spontanément chez ce dernier le libre-penseur du philosophe encore sous l'emprise d’une métaphysique religieuse. Descartes avait posé l'existence du monde objectif, il avait donc révélé sa dignité. Il avait montré que c’était la scène de nos actions... Meslier jeta par-dessus bord le cadre dans lequel s'effectua la démarche de Descartes en quête de libre-pensée. Il n’eut pas besoin, lui, de faire appel à un malin génie ou à un dieu créateur.

Meslier établit en effet que la matière se suffit à elle-même. Il n’est pas nécessaire d'imaginer une « chiquenaude initiale », comme le fit Pascal, pour la mettre en mouvement. Elle se meut d'elle-même. C'est, si l'on veut, du spinozisme ; mais plus encore le « rêve de d’Alembert », voire le « matérialisme dialectique » d’Engels avant la lettre. C'est surtout la croyance en cette idée tout à lait moderne, et sur laquelle se fonde, par exemple, la relativité d’Einstein, selon laquelle matière et mouvement sont indissociables parce que le second est le mode de la première. La matière n'existe qu’en mouvement.

Un communisme avant les théories du XIXe siècle

Meslier dit qu’il ne sera pas satisfait avant « que tous les grands de la terre et que tous les nobles fussent pendus et étranglés avec les boyaux des prêtres ». On se demande comment un homme si tranquille a pu faire preuve d’une telle violence. Il faut croire que la passion qui donnera naissance à la Révolution couvait depuis longtemps déjà.

Meslier est un radical. Il démystifie la religion, qui, dit-il, obscurcit les esprits, empêche la raison d'être et maintient le peuple dans l'ignorance, le servage et l'humiliation. Il dénonce donc l’« imposture » religieuse comme étant la base - la racine, le terreau - des idéologies d’aliénation. Il prône enfin un communisme résultant d’une sorte de grève générale qui obligera les nantis à se démettre de leur pouvoir et de leurs privilèges. La révolution finira par « tout mettre en commun dans chaque paroisse pour jouir tous en commun des biens de la terre ». Meslier prône un communisme radical. Celui-ci s'apparente davantage à l'anarchisme de Bakounine qu’au communisme de Marx. L'unité de base du projet révolutionnaire de Meslier, la paroisse, rappelle en effet celle de Bakounine, la commune.

André Nataf

Extraits :

Dans l'esprit du curé Meslier, politique et religion s'épaulent mutuellement :

Elles s’entendent comme deux coupeurs de bourse. […]
La religion soutient le gouvernement politique, si méchant qu’il puisse être. Le gouvernement politique soutient la religion, si sotte et si vaine qu'elle puisse être.

Le curé compte beaucoup sur l'assassinat politique pour débarrasser le bon peuple de ses dirigeants :

Où sont ces généreux meurtriers de tyrans que l’on a vus dans les siècles passés ? Où sont les Brutus ou les Cassius? Où sont les généreux meurtriers d’un Caligula et de tant d’autres semblables monstres ? [...] Où sont les Jacques Clément et les Ravaillac de notre France ? Que ne vivent-ils encore dans notre siècle, [...] pour assommer ou pour poignarder tous ces détestables monstres et ennemis du genre humain et pour délivrer par ce moyen tous les peuples de la terre de leur tyrannique domination !

Meslier tempête également contre l'appropriation individuelle des biens et des richesses de la terre et il préconise le communisme social. Il se livre alors, dans son écrit, à un véritable appel au peuple, qui doit agir :

Votre salut est entre vos mains. Votre délivrance ne dépendrait que de vous, si vous saviez bien vous entendre tous. [...] Unissez-vous donc, peuples, si vous êtes sages. [...] Commencez d’abord par vous communiquer secrètement vos pensées et vos désirs. Répandez partout, et le plus habilement que faire se pourrait, les écrits semblables à celui-ci, par exemple, qui fassent connaître à tout le monde la vanité des erreurs et des superstitions de la religion et qui rendent partout odieux le gouvernement tyrannique des princes et des rois de la terre.


Le testament de Jean Meslier



Illustration :

lundi, juin 27, 2011

Drukpa künleg


« Un cul puissant raccourcit la corde du Samsara ! » 
 Drukpa künleg 


Drukpa künleg, littéralement « Dragon parfaitement bon », est un des « fous saints » les plus connus du Tibet (1455-1570). Il reçut une formation religieuse selon la tradition de la branche Drugpa de l'école Kagyüpa, mais ne tarda pas à embrasser le destin peu orthodoxe d'ascète errant.


Drukpa künleg est considéré comme la réincarnation de deux Mahâsiddha indiens : Saraha et Shavaripa ; à leur exemple, il composa des chants d'inspiration spirituelle. Il joua un rôle important dans la conversion du Bhutan à la doctrine bouddhique. Il doit sa popularité auprès du peuple tibétain à son grand amour des jeunes filles et de la bière *.

Les gens disent...
Les gens disent que Drukpa Künley est complètement fou ;
Dans la folie, toutes les voies sensorielles sont la Voie !
Les gens disent que le sexe de Drukpa Künley est immense ;
Son membre apporte la joie au cœur des jeunes filles !
Les gens disent que Drukpa Künley aime trop le sexe ;
Le résultat de ses congrès est une armée de beaux enfants !
Les gens disent que Drukpa Künley a un cul étonnant et fort;
Un cul puissant raccourcit la corde du Samsara !
Les gens disent que Drukpa Künley a une veine rouge vif ;
Une veine rouge rassemble un nuage de Dakinis ;
Les gens disent que Drukpa Künley ne fait rien que bavarder ;
Ce bavard a quitté son pays natal !
Les gens disent que Drukpa Künley est extraordinairement beau ;
Sa beauté le rend cher au cœur des filles de Mon !
Les gens disent que 
Drukpa Künley est un véritable Bouddha ;
Quand on soumet les ennemis de la sagesse, la conscience grandit !

Un jour qu'il était en visite au monastère de Dressing, il eut l'idée de jouer un tour au Gardien de la Morale.
- Je voudrais devenir novice, lui dit-il.
- D'où viens-tu ?
- Je suis un Drukpa.
- Est-ce que les Drukpas savent chanter ?
- Personnellement, je n'ai pas une très belle voix, répondit-il innocemment, mais j'ai un ami qui est un très bon chanteur.
- Eh bien, amène-le demain.
 
Le lendemain, alors que les moines étaient assemblés, le Lama arriva traînant par l'oreille un âne couvert d'une robe rouge qu'il fit asseoir à l'alignement des moines.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? hurla le Gardien de la Morale, en fureur.
- C'est l'ami dont je t'ai parlé, celui qui a une belle voix, dit Kunley en donnant un coup de pied à l'âne pour le faire braire.

Le Gardien les chassa à coups de trique. Alors, Künley tourna la tête par-dessus son épaule et cria :

- Voilà bien des gens qui s'intéressent plus au chant qu'à la méditation !

Comme il s'en allait, deux moines le rejoignirent et lui demandèrent à quel endroit il était rattaché.
- Drunkpa Künley n'a ni maison ni destination, répliqua-t-il ; je n'ai plus ma place à Drepung que je ne l'ai en enfer.
- Quel crime as-tu commis pour que l'enfer ne soit pas assez profond pour toi ? demandèrent-ils en riant.
- Ici-bas, je fais ce qui me passe par la tête mais, ce faisant, j'entre en conflit avec le désir des autres hommes. J'ai bien pensé aller passer quelques jours en enfer, mais des moines du monastère de Sera m'en ont interdit l'accès. Alors, j'ai voulu être moine à Drepung mais je n'y ai trouvé que jalousie, envie et colère ; aussi, n'ai-je pas pu y trouver ma place.

Ce disant, il repris la route de Lhassa.

La Béatitude et la Vacuité indivisibles, la Conscience Ultime, renouvellent le lien qui unit le Lama au Divin.
Le souffle vital de ceux qui violent les vœux dans les Dix Sphères, renouvelle l'engagement des Protecteurs et des Gardiens.
La morve, les crachats et les crottes de nez, satisfont le fabricant de crachoirs.

Après son retour à Sakya, le Lama séjourna quelque temps dans le voisinage d'une femme extrêmement belle que l'on appelait Loleg Buti. Künley voulait la posséder, mais n'essuyait que des rebuffades. Il était perplexe :

- Comment une telle femme peut-elle exister ? hurla-t-il en fureur ; et il tapa violemment du pied sur une pierre plate, y laissant une empreinte comme dans de la boue. Le bruit de cet exploit se répandit dans la contrée, et Loleg Buti, se repentant de sa vivacité première, apporta de la bière délicieuse en offrande au Lama.

- Ô, Grand Adepte, dit-elle, la première fois que je t'ai rencontré, je n'ai pas su voir que tu es un Bouddha. Pardonne-moi, je t'en prie, et prends mon corps maintenant.

- Retrousse ta jupe et ouvre les jambes. Ô, remarqua Künley regardant entre les cuisses et sortant son sexe, il semble que nous ne soyons pas faits l'un pour l'autre ; tu as besoin d'une verge triangulaire, et moi d'un trou rond. A l'évidence, cela ne colle pas.

Alors, tout à coup, le monde donna la nausée à la superbe fille :

- Précieux Maître de la Vérité, si tu me considères comme une femme supérieure, s'il te plaît, prends moi avec toi ; si tu penses que je suis médiocre, envoie-moi dans un ermitage ; si tu me considères comme inférieure, rase-moi le crâne et donne-moi un nom religieux.

- Tu n'es pas une femme que je peux prendre avec moi, et tu n'es pas faite pour être ermite ; aussi ne te reste-t-il que la troisième solution. Quel nom veux-tu porter ?

- Donne-moi un nom commun.

- Sauveur de l'eau, du feu, de l'air et de la terre, proposa-t-il.
- Non, non, pas un nom comme cela, un nom musical.
- Rédemptrice de la vina, de la flûte et du luth.
- Cela me portera tort, donne-moi un nom effrayant.
- Je pourrais t'appeler Sauveur du léopard, de l'ours et du serpent.
- Non! Je préfère un nom tendre.
- Sauveur de brocard et de soie!
- Cesse de me taquiner, donne-moi un nom qui me convienne.
- Sauveur du sucre et du miel ?
- Non, pas un nom comme cela! Je suis lasse du monde et j'ai décidé de me consacrer à la vie religieuse. S'il te plaît, donne-moi un nom qui montre que j'ai cherché refuge en Bouddha.
- Sauveur du refuge de la dévote dégoûtée.
- Je ne suis toujours pas satisfaite.
- Alors, je te nomme Sauveur licencieux et sans honte de l'enseignement divin.
- Enlève les qualificatifs et laisse-moi le reste, supplia-t-elle : Sauveur de l'enseignement divin ( Lhacho Drölma).

Le Lama accepta. Il l'envoya méditer pendant trois ans sur le Jomo Lhari. Pendant ces trois années, elle ne mangea rien, se nourrissant de sa propre concentration, et garda les yeux toujours ouverts. Enfin, par la grâce du Lama, Lhacho Drölma atteignit la bouddhéité dans un corps de lumière. Des cinq mille femmes que connut Künley, treize furent ses favorites, et parmi elles, Lhacho Drölma fut la plus chère à son cœur.


*) Dictionnaire de la sagesse orientale.


Illustration :
https://picasaweb.google.com/herferra/LamasDelBudismoTibetano

Des apparitions et d'autres phénomènes surnaturels

Hologramme de dragon projeté dans le ciel lors d'un match de baseball en Corée du Sud. Fox News : "Le Vatican s'apprête à publi...