samedi, septembre 22, 2012

Laïcité intégrale & identité nationale





Dans un contexte de tensions suscitées par Innocence of Muslim, le film anti-islam, et les caricatures de Charlie-Hebdo, Marine Le Pen a fait une rentrée fracassante la veille du lancement de l'université d'été du Front National à La Baule (Loire-Atlantique).

Dans un entretien au journal Le Monde publié vendredi, la présidente du FN a réclamé l'interdiction du port du voile et de la kippa dans les espaces publics « dans les magasins, les transports, la rue ». Au pouvoir, Marine Le Pen assure qu'elle prendrait des mesures pour un respect strict de la loi de 1905, pas de financement des lieux de culte, « plus de prières de rue, plus de spécificités alimentaires dans les écoles publiques », casher ou hallal. Marine Le Pen annonce également qu'elle modifierait la Constitution pour y écrire que « la République ne reconnaît aucune communauté » (http://www.rewmi.com). 

La « laïcité intégrale » de Marine Le Pen fait dire à l'historien et sociologue de la laïcité Jean Baubérot : « C'est aller vers une société totalitaire qui dicte aux gens une manière de s'habiller dans la rue et là, il n'y a plus de limite ». 

Mais, c'est le calcul politique de Marine Le Pen (18 % des suffrages à la présidentielle de 2012), la peur du fanatisme musulman renforcera l'identité nationale, le cheval de bataille du FN.

L'identité française et le FN

par Gérard Noiriel

Entre 1981 et 1984, le parti socialiste au pouvoir abandonne la référence à la lutte des classes au profit d'une stratégie centrée sur la défense des « valeurs républicaines ». C'est à ce moment-là que les « travailleurs immigrés » disparaissent de l'espace public, au profit d'un nouveau système de représentations, privilégiant l'origine des personnes et non plus leur position sociale, système avalisé tant par la droite que par la gauche. La « deuxième génération d'origine maghrébine », désignée aussi par le terme « beurs », est ainsi brutalement placée sur le devant de la scène publique et devient le jouet des affrontements politiques. A partir de ce moment, il n'est plus possible d'espérer gagner les élections sans produire un discours dénonçant le « communautarisme » islamiste. La gauche exalte les « valeurs républicaines » en vantant les mérites de la « laïcité » à la française et de l'intégration républicaine ; la droite dénonçant, pour sa part, la menace islamiste et l'incompatibilité de l'islam avec l'identité française. Le consensus droite/gauche sur cette question apparaîtra clairement au moment de I'« affaire du voile islamique », ce qui explique certainement l'incroyable durée de cette affaire : quatorze ans !

L'effondrement des organisations qui représentaient auparavant les classes populaires et la désignation de ces dernières à partir du critère de l'origine, au détriment du Critère social, a ouvert un espace politique dans lequel s'engouffre le Front national à partir de 1983. Pour comprendre les raisons qui expliquent le retour de l'extrême droite dans le jeu politique français, il faut abandonner les références au fascisme des années 1930. À la différence de l'Action française, qui voulait supprimer la République pour rétablir la monarchie, le parti de Jean-Marie Le Pen affiche son respect pour les institutions républicaines. De même, alors que l'ancienne extrême droite privilégiait l'action violente, agressant quotidiennement les militants de gauche, le Front national s'est adapté au contexte pacifié dans lequel nous vivons aujourd'hui (ce qui n'empêche pas les comportements agressifs de certains de ses militants). Enfin, il faut préciser que le programme que défend ce parti ne peut pas être qualifié d'« antisémite,) ou de « raciste ». Ces termes ont été forgés entre les années 1880 et les années 1930 pour dénoncer des discours ou des pratiques politiques qui désignaient les « Juifs », les « Noirs » ou les « Jaunes » comme les responsables des malheurs du peuple français et qui prônaient des mesures destinées à les éliminer. Ce type de discours politique est désormais interdit par la loi. Il ne s'agit pas, évidemment, de minimiser la gravité des propos qui ont valu à certains responsables du Front national d'être condamnés par la justice. Mais il est important de mieux les caractériser pour comprendre leur efficacité par rapport aux enjeux de notre temps.

La raison principale de son succès tient au fait qu'il a été le premier parti à s'adapter aux nouvelles règles du système politico-médiatique. Dans un tel univers, il faut « faire le spectacle » en multipliant les provocations calculées. C'est pourquoi l'extrême droite ne défend plus un programme politique explicitement raciste mais procède par jeux de mots ou par petites phrases qui ne font que suggérer le sens du message. Le soin est laissé aux commentateurs de l'actualité d'achever le travail, en expliquant au public ce que les dirigeants des partis d'extrême droite ont vraiment voulu dire. La percée politique de Jean-Marie Le Pen tient au fait qu'il a axé sa stratégie de communication sur la réception des messages, conformément aux canons de la publicité. II a compris que l'information était devenue une véritable industrie de masse, qu'il fallait alimenter chaque jour, en donnant du grain à moudre aux entreprises de sondages et aux commentateurs de l'actualité.

Mais pour faire le spectacle il fallait franchir une ligne rouge (en s'efforçant toutefois de ne pas tomber sous le coup de la loi) en rompant avec les normes de la bienséance politique que les professionnels de la parole publique avaient fixées collectivement depuis la Seconde Guerre mondiale. Le rejet de la xénophobie et du racisme étant la principale de ces normes, c'est sur ce thème que Le Pen a centré sa propagande. Seul un « outsider » pouvait prendre ce genre de risques. Mais il a été servi par son long passé de militant nationaliste. Comme tous les spécialistes de cette question, il savait que les préjugés xénophobes étaient restés vivaces dans la société française. La marginalisation du discours sur la lutte des classes, dans un contexte de désenchantement à l'égard de la gauche, ne pouvait que faciliter une stratégie réhabilitant l'exaltation du « nous » français contre les immigrés.

Mais pour réussir, il était indispensable que ce discours soit largement diffusé par les médias. Alors que, dans les décennies précédentes, les journalistes avaient ignoré la propagande xénophobe de l'extrême droite, désormais ils lui accordent une large place. Davantage que les élections municipales de mars 1983, qui ont permis aux candidats du Front national de réaliser des scores honorables ici et là, le moment-clé dans l'ascension de Le Pen, c'est le 13 février 1984. Invité à rémission de la chaîne Antenne 2, Le Pen réalise ce jour-là le meilleur score à l'audimat pour ce genre d'émissions. Grâce à ce résultat médiatique, le leader de l'extrême droite s'impose dans le « paysage audiovisuel français ». La concurrence féroce qui oppose les chaînes et les organes de la presse écrite oblige désormais les journalistes à parler de lui et donc à relayer ses thèses, même si c'est sur le mode réprobatif. À partir de ce moment-là s'effondrent les auto-contraintes que les élites s'étaient imposées depuis 1945 pour ne plus exploiter les réflexes nationalistes dans l'espace public.

Le simple fait que les arguments de Le Pen, considérés jusque-là comme indignes d'une démocratie, aient été présentés à la télévision a été perçu par beaucoup de Français comme la preuve qu'ils étaient légitimes. En dénonçant le « racisme anti-français », Le Pen a pu ainsi flatter l'identité majoritaire, libérant du même coup la mauvaise conscience de ceux qui considèrent, depuis toujours, que les immigrés sont la cause de leurs problèmes. Pour la fraction la moins politisée de l'électorat, celle qui possède le plus faible capital scolaire, le fait que les partis républicains et les journalistes aient constamment dénoncé le « racisme » de l'extrême droite a été un argument supplémentaire en sa faveur. Le Front national a réussi ainsi à récupérer à son profit la « fonction tribunicienne » du PCF en captant les suffrages de ceux qui cherchent des moyens radicaux pour exprimer leur rejet d'une société qui ne leur fait pas de place, ceux qui soutiennent, en conséquence, les candidats qui leur paraissent les plus éloignés du discours dominant.

Le programme du Front national s'inscrit dans le prolongement direct du discours nationaliste construit sur l'idée que l'identité française est menacée par l'afflux des étrangers. « L'immigration massive que nous subissons porte atteinte à notre identité et par voie de conséquence à l'existence de la France. » On ne saurait dire les choses plus clairement. Mais désormais, le clivage entre « nous » et « eux » est désigné en opposant les « Européens » et les « musulmans ». Les partisans de Jean-Marie Le Pen affirment aujourd'hui que les immigrants venus d'Europe dans la première moitié du ne siècle se sont intégrés facilement, alors que l'immigration actuelle « détruit » l'identité française car les nouveaux venus pratiquent une religion, l'islam, qui est « une théocratie incompatible avec notre civilisation ». Selon eux, les réseaux islamistes s'activent dans l'ombre pour encourager la ghettoïsation communautaire et empêcher l'assimilation. Ces « colonies de peuplement [...] sont pour notre identité nationale une menace
mortelle : [elles] modifient en profondeur la substance du peuple français. La formation de communautés fermées, constituées sur des bases ethniques, s'oppose évidemment à toute l'histoire de la société française ».

L'actualité terroriste a donné la possibilité à l'extrême droite de réactiver le discours qu'elle avait développé contre les « Arabes » pendant la guerre d'Algérie, un peu comme l'actualité des années 1930 avait permis à l'Action française de donner une nouvelle jeunesse au discours antisémite des années 1880. L'« affaire Kelkhal » (ou plus récemment l'affaire Mohamed Merah) est mentionnée comme une preuve que les jeunes issus de l'immigration maghrébine sont de plus en plus attirés par le terrorisme, et l'« affaire du voile islamique » démontre que les musulmans refusent d'accepter « nos valeurs » et la laïcité. Le Front national appelle donc les Français à combattre énergiquement le « communautarisme » en refusant l'« islamisation de la France ».

Une bonne partie des mesures qu'il propose dans son programme ont pour but d'éradiquer la menace. Il prône l'abrogation du regroupement familial, l'interdiction de la double nationalité, l'application effective de la loi sur la déchéance de la nationalité, tout en exigeant que l'État accorde la priorité aux nationaux dans le domaine de l'emploi, du logement et de l'aide sociale. Le parti de Jean-Marie Le Pen demande aussi une politique énergique afin de « démanteler les ghettos ethniques », « interdire la subversion islamiste », « expulser les condamnés étrangers », « supprimer la carte de séjour de dix ans tacitement reconductible ». Il précise toutefois qu'il n'a rien contre les immigrés, car ils sont eux-mêmes des victimes de l'immigration. Il prône donc une nouvelle politique de « co-développement » avec les pays ceux-ci sont originaires, de façon à ce qu'ils restent chez eux.

Gérard Noiriel, A quoi sert  « l’identité nationale », Editions Agone, Marseille, 2007. L’auteur est un fondateur du Comité de vigilance face aux usages publics de l’Histoire et membre démissionnaire du Conseil scientifique de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration.

Exclusion, intégration...
Gérard Noiriel

Les migrations ont toujours joué un rôle essentiel dans la diffusion des techniques, des religions et des cultures, permettant le développement des contacts entre les hommes, le brassage des peuples et les métissages. Aujourd’hui, c’est l’immigration qui a pris une dimension centrale. En effet, l’Etat-nation devenu peu à peu, d’abord en Europe, puis dans le monde entier, la « cellule de base » de la société moderne, fait de l’immigration une dimension fondamentale des relations internationales. Cet atlas est centré sur l’histoire de l’immigration en France de 1789 à nos jours afin de comprendre comment cette logique s’est progressivement mise en place et quelles sont ses conséquences économiques, sociales et culturelles. Trois parties présentent les vagues d’immigration successives depuis le XIXe siècle, les caractéristiques sociales, culturelles et religieuses des populations issues de l’immigration. Qui se fait naturaliser ? Quelles sont les formes de métissage ? Quelles sont les formes de mobilité sociale et géographique ? Les problèmes posés par l’immigration sont également abordés de front ; d’abord le rejet de l’autre : xénophobie, racisme, antisémitisme, mais aussi les « pathologies » propres aux milieux sociaux ayant connu le déracinement. Parmi ces questions, souvent à la une de l’actualité, dominent les conflits entre les valeurs des parents marqués par leur culture d’origine et leurs enfants désireux de se conformer aux normes véhiculées par la jeunesse du pays dans lequel ils vivent ; le problème de la violence comme mode d’expression de ceux qui se sentent rejetés par la société d’accueil. Grâce à ses nombreux graphiques et cartes et à son approche historique, cet atlas propose une image nouvelle du phénomène d’immigration. Image qu’il convient de prendre en compte puisque tout le monde s’accorde à penser que, comme par le passé, la prospérité des pays les plus développés nécessitera le recours à de nouveaux groupes d’immigrants.

vendredi, septembre 21, 2012

Les babas pas cool et Charlie-Hebdo, même combat




Sans-culotte de l'hindouisme armé d'un sabre

Devant la violence des musulmans et des sectes extrémistes, des sâdhus, ascètes hindous vénérés, s'organisèrent en régiments de sâdhus nâgâs ou nâgâs babas, les babas pas cool de l'Inde.

Les sâdhus nâgâs suivent un mode d'ascétisme unique : ce sont les combattants religieux de l'hindouisme, les défenseurs de la foi, organisés en compagnies (anîs) et en « gymnases » (akhâdâs).

Formés pour être des sâdhus guerriers, les nâgâs babas sont les hommes saints hindous les plus vénérés.

Dans notre monde interconnecté où les informations circulent à la vitesse de la lumière, les multiples antagonismes entre les religions peuvent rapidement s'exacerber et enflammer des nations entières. Les religions intolérantes et haineuses provoqueront-elles la guerre de tous contre tous ?

Ce qui est certain, la presse libre et impertinente restera toujours une arme de la démocratie.

Il ne faut pas emmerder Charlie-Hebdo

Lettre de Charlie Hebdo à M. Mohammed Moussaoui, Président du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman)

Monsieur Moussaoui,

La publication du numéro de "Charlie Hebdo" représentant Mahomet vient de donner lieu une fois encore à des représailles lamentables de la part d'individus décidément bien peu éclairés que, au titre de Président du CFCM, vous avez le devoir de canaliser.

Je vous tiens pour quelqu'un d'intelligent et de cultivé, vous devez donc savoir qu'en France la caricature est une tradition très ancienne et un art très prisé, qu'aucun sujet n'y échappe et surtout pas un sujet d'actualité, et l'instauration de la charia sur un sol resté longtemps laïque est un sujet suffisamment grave et inquiétant pour ne pas faillir à la règle. La charia, l'islam, n'ont pas à faire exception à cette règle.

Dans "Le Monde" paru ce mercredi vous affirmez ne pas voir de lien entre les élections en Tunisie et en Libye et l'outrage caricatural nous rappelant tant bien que mal ce qu'est la charia, ou tout au moins sa partie la plus spectaculaire pour le citoyen français de base peu au fait de ce qui se passe sur son sol.

La charia est un système archaïque fondé il y a 14 siècles, profondément odieux, sexiste, rétrograde, discriminant et antidémocratique. Dénoncer ce système par la caricature est un procédé visant à en montrer toute l'abjection

Condamner la charia, Monsieur, est un acte de salubrité publique nécessaire à la démocratie dont vous profitez puisque c'est en France que vous vivez en toute liberté.

Jouiriez-vous de la même liberté au Maroc ? J'en doute fort sinon comment expliquer la présence aussi énorme de Marocains abandonnant le Maroc pour la France ? C'est bien que l'air y est plus doux et plus libre ici.

Cette charia prônée par Le Coran et faisant partie intégrante de l'islam (Le Coran est la base de l'islam, l'islamisme n'en étant que son expression la plus spectaculairement virulente) il est hautement souhaitable de s'en inquiéter, d'autant qu'une bonne partie de ceux qui ont permis ce désastre antidémocratique vivent sur notre sol et que des élus «dhimmis» comme les nomme votre dogme appellent de leurs vœux le droit de ces promoteurs chariamistes de se présenter à des élections avec les conséquences terribles qu'on imagine.

Vous déclarez que «Pour les musulmans, le simple fait de caricaturer le prophète est, en soi, inacceptable et blessant». Blessant je le conçois mais inacceptable ?

- Ce qui est inacceptable c'est d'interdire le divorce, y compris en France ;
- Ce qui est inacceptable c'est d'autoriser la polygamie, y compris en France ;
- Ce qui est inacceptable c'est de considérer que la femme est inférieure à l'homme, y compris en France ;
- Ce qui est inacceptable c'est d'enfermer les femmes sous des linceuls noirs, y compris en France ;
- Ce qui est inacceptable c'est de refuser à la femme d'épouser l'homme de son choix pour lui faire épouser celui que sa famille a choisi pour elle, y compris en France ;
- Ce qui est inacceptable c'est qu'il existe un « Conseil Européen de la Recherche et de la Fatwa décrétant les fatwas ayant pour vocation d'être appliquées en France ».

En France aucune loi ne punit le blasphème, comme l'a d'ailleurs démontré la récente affaire du Coran brûlé et qui a vu la relaxe de l'incendiaire. En conséquence en France, Monsieur Moussaoui, il est permis de brûler un coran si on le souhaite et de caricaturer et de se moquer d'un prophète, fût-il le vôtre.

Les différentes manifestations hostiles à cette publication de Charlie Hebdo n'ont pas manqué de fleurir sur les forums, certains insultant copieusement les Français, d'autres réclamant à grands cris des caricatures de « juifs de 40 », ce qui semble assez loin de votre souhait d'un « désaccord exprimé dans le respect des Lois et de l'intégrité des personnes ».

Vous devriez d'ailleurs rappeler à vos coreligionnaires si bienveillants et aimants envers les citoyens qui les accueillent, que la fête de l'Aïd al-Adha qu'ils vont fêter dans quelques jours est un vibrant hommage à Abraham, un Juif ! A mon avis certains doivent ignorer ce détail au vu du niveau intellectuel remarquablement bas de leurs commentaires.

Dans votre interview une phrase m'interpelle tout particulièrement «Dans Le même temps, ils doivent accepter et comprendre que dans nos sociétés le rapport au sacré n'est pas le même pour tous». J'aimerais savoir de quelle société vous parlez ? Est-ce la société musulmane, la société française, la société marocaine ?

Si c'est la société marocaine, c'est que vous ne vous sentez pas français. Si c'est la société musulmane c'est que vous ne vous sentez pas démocrate et si c'est la société française, je vous rappelle qu'elle n'a aucun rapport au sacré puisque séparée du religieux depuis qu'une célèbre loi de 1905 en a décidé ainsi, ce que manifestement, malgré votre récente naturalisation, vous ne semblez pas avoir encore bien intégré.

D'ailleurs dans votre document répertoriant les différents abattoirs pour l'Aïd vous illustrez parfaitement la difficulté que vous -et vos coreligionnaires- avez à vous considérer comme des citoyens français à part entière puisque vous adressez vos vœux aux «musulmans de France» et non pas aux musulmans français.

Je vous invite donc - vous et vos coreligionnaires «de France» - à vous interroger sur votre rôle dans notre société française, sur votre capacité à adhérer à nos valeurs laïques et démocratiques et sur votre capacité à pratiquer l'auto-dérision car décidément, je vous trouve très coincés du turban.

J'attends avec impatience votre rapport sur les actes islamophobes que vous avez recensés et je ne manquerai pas de compiler de mon côté les actes francophobes que je me ferai un plaisir de vous transmettre à mon tour.

Par ailleurs, en cherchant (vainement) vos coordonnées je tombe à l'instant sur un article du site cfcm.tv particulièrement insultant pour les citoyens français. Je suis très choquée par les relents de xénophobie de cet article dans lequel il est question de la France qualifiée de «République malade et satanisée», de «protection bienveillante d'un pouvoir occulte qui trouve toute sa jouissance dans le spectacle du malheur d'une frange indésirée de sa population», de «la France victime de son arrogance et de son orgueil».

En tant que représentant des musulmans en France vous seriez bien inspiré de veiller à ce que le pays qui vous accueille et qui vous a accepté comme citoyen ne soit pas insulté et traîne dans la boue par votre communauté, car si la loi sur le blasphème n'existe pas, la loi sur la diffamation existe bel et bien.

Je vous prierais donc de faire en sorte que cet article injurieux soit rectifié afin de ne pas créer davantage de tensions.

Veuillez agréer, Monsieur Moussaoui, mes salutations définitivement laïques.

Caroline Alamachère.


Le dalaï-lama et d'autres représentants religieux demandent l'interdiction du blasphème


mardi, septembre 18, 2012

Les yippies & la révolution rock




Do It, le livre de Jerry Rubin (jadis jeune américain sage), est considéré comme le manifeste du mouvement « yippie », synthèse entre le courant hippie et le gauchisme des jeunes révolutionnaires américains.

Jerry Rubin (1938-1994), un enfant de l'Amérike

Je suis un enfant de l'Amérike.
Si un jour ils me collent au poteau pour mes «crimes» révolutionnaires, je veux un hamburger-frites avant de mourir, et un Coca.
Les grandes villes, ça me botte.
La page des sports et les potins dans leurs journaux, les programmes radio, la télé-couleur, j'adore ça.
Et aussi les grands magasins, les supermarchés géants, les aérogares. Ça me rassure de voir un restauroute Howard Johnson [équivalent des Jacques Borel], y compris les jours où je n'ai pas faim.
Je suis dingue des films de Hollywood, même les plus cons.
Je ne parle qu'une langue, l'anglais.
J'aime le rock.

Tout gosse, je collectionnais les photos de baseballeurs et je voulais devenir deuxième base dans les Cincinnati Reds.
Seize ans, ma première bagnole, je loupe mon permis — j'ai pleuré pendant huit jours avant de réessayer.
Je suis admis dans un de ces collèges où ils vous font d'abord passer un examen d'entrée. J'en sors en queue de liste.
On élit le type le « plus populaire» de la boîte, c'est moi.
J'avais les cheveux courts, courts, ultra-courts.
L'Attrape-cœur [roman de J.D. Salinger] m'a fait de l'effet.
Je n'ai jamais eu d'acné.

Je deviens un jeune as du reportage au Post and Times Star de Cincinnati. « Mon petit, me dit le patron, tu seras un jour un reporter du tonnerre, peut-être le plus formidable qu'il y ait jamais eu à Cincinnati. »

J'étais de tout cœur pour Adlai Stevenson [politicien super-libéral et chouchou de la petite bourgeoisie].
Mon père livrait du pain avec son camion. Plus tard il devint permanent du Syndicat des camionneurs de boulangerie. Il ne pensait que du bien de Jimmy Hoffa (moi aussi). [ Jimmy Hoffa : leader populiste du Syndicat.]
Il [le père de Jerry] est mort à cinquante-deux ans d'une crise cardiaque.
Ma mère avait été à l'université. Elle jouait du piano. Elle est morte d'un cancer à cinquante et un ans.
Je me suis occupé de mon frère Gil depuis qu'il a eu treize ans.
Je me suis fait réformer par piston.
Un an à Oberlin College, diplômé de l'université de Cincinnati, je passe un an et demi en Israël et me fais inscrire à Berkeley.
J'ai tout plaqué.
J'ai plaqué la race blanche et la nation amérikaine.
J'aime vivre sans entraves.
J'aime la défonce.
De complet-veston, de cravate, je n'en ai plus jamais portés.
Tout pour la révolution.
Je suis un yippie !
Je suis un orphelin de l'Amérike.

La révolution par le rock

Enfant promis à une existence furibarde, la Nouvelle Gauche est sortie du pelvis ondulant d'Elvis Presley.

En apparence, le monde des années 50 avait la bonne placidité d'Eisenhower. Satisfait et béat comme un grand reportage sur les « Fans d'Ike», papa-gâteau.
Par en dessous, la masse silencieuse des opprimés avait saisi ses chaînes à deux mains. Un drame se préparait : répression contre mécontents.
L'Amérikkke était coincée dans ses contradictions.

Papa regardait avec fierté sa maison et sa voiture, sa pelouse taillée au ciseau à Ongles. Tout ces biens qui justifiaient sa vie.
Il essayait de nous donner une bonne éducation : il voulait nous apprendre à marcher droit sur la route de la Réussite.

Travaille ne joue pas
Étudie ne traîne pas
Obéis ne pose pas de questions
Intègre-toi ne te fais pas remarquer
Sois sérieux ne te drogue pas
Fais de l'argent ne fais pas d'histoires

On nous obligeait à nous renier :
On nous apprenait que faire l'amour était mal, parce qu'immoral.
Et aussi, à cette époque d'avant la pilule, une fille en cloque vous barrait la route de la Respectabilité et de la Réussite.
On nous disait que la masturbation rendait fou et donnait des boutons.
On savait plus où on en était. Comment arriver à comprendre qu'il fallait bosser dur pour acheter des baraques toujours plus hautes ? des bagnoles toujours plus longues ? des pelouses taillées au ciseau toujours plus grandes ?
On en devenait fous. On ne pouvait plus tenir.
Elvis bousilla l'image papa-gâteau d'Eisenhower en secouant à mort nos jeunes corps emmaillotés. L'énergie sauvage du rock gicla en nous, toute bouillante, et le rythme libéra nos passions refoulées.
De la musique pour libérer l'esprit.
De la musique pour nous unir.
Buddy Holly, les Coasters, Bo Diddley, Chuck Berry, les Everly Brothers, Jerry Lee Lewis, Fats Domino, Little Richard. Ray Charles. Bill Haley, et les Cornets, Fabian, Bobby Darin, Frankie Avalon : tous nous ont donné vie / rythme et nous ont libéré.
Elvis nous disait let go ! let go ! let go ! let go !

La civilisation d'abondance, en fabriquant une voiture avec radio pour chaque famille bourgeoise, a fourni ses troupes à Elvis.
Pendant que la radio, à l'avant, gueulait Turn Me Loose, les gosses se déchaînaient sur la banquette arrière.
Beaucoup de nuits passées à baiser dans le noir au rythme du rock, sur des routes désertes.
Les banquettes arrière déclenchèrent la révolution sexuelle et les radios étaient le médium de cette subversion.
Nos vieux désespérés se servaient de la voiture comme d'un moyen de pression : « Si tu ne fais pas ce que je te dis, tu n'auras pas la voiture samedi soir. »
C'était cruel de s'en prendre ainsi à nos gonades, à notre seul moyen d'être ensemble.
La banquette arrière fut le premier terrain où s'affrontèrent les générations.

La révolution a commencé avec le rock.

[…]

Nos dirigeants ont sept ans.

L'Amérike dit : Ne fais pas ça.
Les yippies disent : Fais-le !
Toutes les actions des yippies sont destinées aux gosses de 3 à 7 ans.
Nous dévergondons les enfants.
Notre message, c'est : ne grandissez pas. Grandir, c'est abandonner ses rêves.

Nos parents mènent une guerre de génocide contre leurs propres enfants. Le système économique n'a rien à foutre de la jeunesse, il n'en a pas besoin. Tout a déjà été construit. Notre seule existence est déjà un crime.
En toute logique, ils devront nous éliminer.
Alors, l'Amérike envoie ses « nègres de jeunes » se faire crever la peau au Vietnam.
L'école a pour unique fonction d'empêcher les jeunes des classes moyennes d'être à la rue. Les lycées et les universités sont des crèches pour jeunes, sous leurs noms à la gomme.
Le Vietnam et l'école sont les deux fronts principaux où se livre la guerre de génocide de l'Amérike contre sa jeunesse, juste avant les prisons et les asiles.

L'Amérike dit : l'Histoire est finie. Intégrez-vous. On a découvert le meilleur système de toute l'histoire de l'humanité — c'est le nôtre. On n'aura jamais rien de mieux, parce que l'homme est égoïste, avaricieux, parce qu'il porte le stigmate du péché originel. Et si nous ne voulons pas nous intégrer, ils nous bouclent.
Mais pour les masses du monde entier, l'histoire ne fait que commencer. Et nous, les mômes, nous voulons aussi tout recommencer à partir de presque rien. Nous voulons être des héros, comme ceux des livres d'histoire. Nous n'avons pas vécu la Première Révolution amérikaine. Ni la Deuxième Guerre mondiale.
Nous avons manqué les révolutions chinoise et cubaine. Allons-nous passer notre vie à faire des grimaces béates en regardant la télé ?
Une société qui abolit toute aventure, fait de l'abolition de cette société la seule aventure possible. (Vaneigem)

Jerry Rubin, Do It.




Quand il était jeune, Rubin disait : « ne fais jamais confiance aux plus de quarante ans ». Ironie du sort, après la fin de la guerre du Vietnam, à un âge approchant la quarantaine, il renia totalement son idéal yippie pour se consacrer au business et adhéra à la contre-révolution conservatrice de Reagan.

Le livre en anglais :


Scenarios of the Revolution

lundi, septembre 17, 2012

L'innocence des musulmans




Innocence of Muslim sur Radio Libre Expression

L'innocence des musulmans est un « film créé pour jeter de l'huile sur le feu », affirme l'animateur de Radio Libre Expression dont l'analyse n'est pas dénuée d'intéressantes réflexions, notamment sur les croyances religieuses et l'au-delà.

Le film est coproduit par un copte égyptien Nakoula Basseley Nakoula, alias Sam Bacile (?), et des évangélistes de la mouvance extrémiste du pasteur Terry Jones. Le réalisateur est un auteur de films pornographiques nommé Alan Roberts.

L'innocence des musulmans permet aux fondamentalistes, comme les Wahhabites et les salafistes, de passer à l'action. Ils se sont rassemblés illégalement à Paris, pratiquement sous les fenêtres de l’Élysée.

Pour Ian Hamel, journaliste spécialiste du terrorisme et des services secrets, le wahhabisme et le salafisme ont un objectif commun : l'assaut du monde musulman.

« Le wahhabisme est un dogme musulman spécifique apparu au XVIIIe siècle dans la péninsule Arabique. C'est une variante d'une des quatre écoles juridiques reconnues chez les musulmans sunnites, l'école hanbalite, considérée comme la plus rigoriste et la plus puritaine. Parmi les trois autres écoles juridiques, le rite hanafite prédomine dans l'ancien l'Empire ottoman, dans les républiques musulmanes d'Asie centrale, ainsi qu'en Inde. Le rite malakite est, lui, implanté dans le Maghreb et en Afrique occidentale. Tandis que les shafi'ites sont majoritaires en Asie, et les hanbalites en Arabie Saoudite.

Le wahhabisme est un islam intransigeant. Lorsqu'en 1924 Ibn-Séoud, ardent défenseur du wahhabisme, s'empare de La Mecque, il fait détruire les tombes des Hachémites, descendants du Prophète (et grands rivaux des Séoud), sous prétexte qu'il est interdit de révérer quiconque autre que Dieu, même pas le Prophète. Peu après, le roi rase la tombe d 'Ève à Djedda pour « mettre fin aux superstitions ». Toutefois, les partisans de cette secte refusent le mot « wahhabite ». Ils s'appellent eux-mêmes Muwahhidun (Unitariens).

C'est Ibn Abd Al-Wahhab (1703-1792) qui fonde ce mouvement politico-religieux dans la région du Nadjd, le centre désertique de la péninsule. « Il a ensuite conquis toute l'Arabie jusqu'aux confins du Golfe, grâce à l'alliance indéfectible, conclue vers les années 1744-1745, avec Ibn saoud "au nom de Dieu et de son prophète". C'est le pacte de Nadjd », résume Hamadi Redissi, professeur à la faculté de droit de Tunis . C'est la version islamique du sabre et du goupillon.

Le chef de tribu Mohamed Ibn Séoud, ancêtre et homonyme du futur roi d'Arabie Saoudite, donne sa fille à marier au théologien Ibn Abd Al-Wahhab, la condamnant à une ascèse extrême. La jeune épouse se voit interdire la musique, la poésie, le port de la soie, la sculpture, et même le rire.

Le marché passé entre le guerrier impitoyable et le prédicateur illuminé se résume ainsi : les Séoud imposent le wahhabisme sur leurs territoires et, « en échange, les wahhabites garantissent l'obéissance des fidèles au pouvoir ». Le puritanisme extrême se double d'un conservatisme tout aussi inébranlable.


Deux siècles plus tard, en 1932, lors de la création de l'Arabie Saoudite, le pacte de Nadj est toujours en vigueur. Les mœurs et la religion sont immuables. Ibn-Séoud confine ses sujets dans leurs traditions : « Il interdit les films et la musique de jazz sur toute l'étendue de son territoire. Il demanda aux directeurs américains de ne pas embaucher de Juifs », raconte Jacques Benoist-Méchin . Néanmoins, les oulémas (docteurs de la loi musulmane) les plus conservateurs jugent Ibn-Séoud encore trop progressiste. L'automobile, l'avion, le téléphone, la radio, sont tout de même des inventions sataniques... Les châtiments corporels s'appliquent toujours. On continue à couper la main des voleurs. Sous la pression des Américains, le roi tolère que le sabre du bourreau soit désinfecté, et que le moignon, après l'amputation, soit badigeonné au Mercurochrome. Le 3 août 2005, quand les grands oulémas prêtent serment d'allégeance au nouveau roi Abdallah, sixième monarque de la dynastie, c'est Abdelaziz Al-Cheikh, grand mufti et descendant d'Ibn Abd Al-Wahhab, qui conduit la délégation.

Dans Les Filles de Riyad, un roman interdit en Arabie Saoudite, traduit en français en 2007, la Saoudienne Rajaa Alsanea, vingt-cinq ans, installée à Chicago, aborde le sujet sensible des relations entre les filles et les garçons. Lamis et Ali, sans liens de parenté et non mariés, commettent l'impensable : ils se retrouvent ensemble dans un café. Ils sont aussitôt arrêtés par la brigade pour la prévention du vice et la protection de la vertu. Quelques heures d'interrogatoire plus tard, des responsables de la brigade alertent le père de Lamis et l'informent que sa fille « était à présent en état d'arrestation [...] et qu'il fallait qu'il vienne la chercher après avoir signé une déclaration selon laquelle il s'engageait à ne pas la laisser recommencer à porter atteinte aux bonnes mœurs ». Quant à Ali, « son châtiment serait autrement plus dur ». Pour la brigade, Ali est un « hérétique », car il est... chiite.»


L'Arabie Saoudite, précise Ian Hamel, « avec des comités de la commanderie de la vertu et de l'interdiction du vice, composés de mutawaa (contrôleurs des mœurs), qui interviennent à tout instant dans la vie quotidienne, on y est fouetté si l'on oublie l'une des cinq prières quotidiennes, si on ne respecte pas le jeûne du ramadan, si le voile féminin laisse échapper une mèche de cheveux. Les femmes demeurent mineures à vie, n'ont ni papiers d'identité ni permis de conduire, et doivent obtenir le consentement de leurs tuteurs avant d'être hospitalisées (dans ce dernier cas, la situation vient juste de changer, une femme peut dorénavant décider seule d'entrer en clinique). [...]

Les Frères musulmans apparaissent moins sectaires, plus pragmatiques, plus politiques que les wahhabites. Mais existe-t-il une différence fondamentale entre eux ? Pas vraiment. Ce sont des salafistes, des adeptes d'une doctrine religieuse qui s'inspire exclusivement des textes juridiques des pieux ancêtres (salaf sâlih) : les oulémas des premiers siècles de l'islam et les compagnons du Prophète . Selon eux, l'islam a connu à cette époque une gloire et un rayonnement inégalés. Pour retrouver cet âge d'or, il faut revenir à l'islam des origines, et faire table rase de toutes les évolutions novatrices. Frères musulmans et wahhabites font du Coran et de la Sunna (la vie du Prophète) une lecture fondamentaliste, voire littéraliste. Tout effort d'interprétation fondé sur la raison humaine est « perçu comme une altération du message religieux qui doit exclusivement se référer, selon la tradition salafiste, à la raison divine », souligne Dominique Thomas, spécialiste des questions islamistes et du Proche-Orient. »

Ian Hamel

Ian Hamel a écrit La vérité sur Tariq Ramadan : Sa famille, ses réseaux, sa stratégie. Il est l'auteur de L'énigme Oussama Ben laden, Et si la Suisse ne servait plus à rien, Sarko et Cie, la République des copains...




samedi, septembre 15, 2012

Survivalisme




Survivre à l'effondrement économique

Michel Drac, essayiste, responsable des éditions Scriptoblog, ancien membre du bureau national d’Égalité & Réconciliation, prédit l'effondrement de notre société :

« La crise commencée en 2008 avec l'implosion de la bulle des subprimes n'est pas une crise ordinaire. Intuitivement, tous les observateurs l'ont compris. Quelque chose s'est déréglé dans notre monde, quelque chose qui gisait tout au fond de notre manière de vivre, de notre manière de produire, de notre manière de consommer - et même de notre manière de penser.

Ce quelque chose qui vient de rompre, c'est notre foi dans le messianisme millénariste du Progrès.

Depuis trois siècles, l'homme occidental s'était fait à l'idée qu'il n'avait pas besoin de Dieu, puisqu'il était son propre sauveur. L'humanité était le Messie de l'humanité : voilà ce que proclamait la religion nouvelle. Une religion entrée dans le monde catholique sur la pointe des pieds, avec Descartes. Une religion, aussi, qui avait fini par se substituer, partout, à l'antique croyance.

On rit parfois du Djoutché, cette assez ridicule idéologie nord-coréenne dont l'unique article est que l'homme peut transformer la nature indéfiniment. On a tort : sous des formes bien sûr plus sophistiquées, tous les systèmes contemporains sont appuyés sur ce postulat de toute-puissance humaine. La Chine a brisé la maison de Confucius et s'est convertie avec frénésie à la religion de la croissance. L'Inde éternelle, même l'Inde, s'est mise à penser l'avenir sous la forme d'une courbe ascendante.

Toute l'humanité, progressivement, est entrée dans la communion naïve d'une nouvelle religion, bien moins rationnelle qu'elle ne le semble : la techno-science pour accomplir les miracles, la banque pour servir de temple à l'idole monétaire. Ultime idéologie, victorieuse sur les cadavres du jacobinisme, du libéralisme . classique, de la social-démocratie, du communisme et du fascisme, le néolibéralisme monétariste conduisait l'humanité au Millénium, vers le Paradis terrestre, depuis longtemps perdu, et bientôt retrouvé.

Fausse promesse. Attention : piège. On aurait dû se méfier. Depuis quelques décennies, la façade du temple progressiste commençait à se fissurer...

Dès les années 70, de mauvais coucheurs avertissent : on ne peut pas développer un projet de croissance indéfinie dans un monde fini. On balaye leurs arguments : ils ne prennent pas en compte les perspectives scientifiques.

Dans les années 80, l'effondrement de l'URSS, faisant suite à la catastrophe de Tchernobyl, donne à réfléchir à tous ceux qui le veulent bien : ainsi, les très grands systèmes sur-intégrés logistiquement peuvent imploser d'un seul coup, une fois un certain seuil de fragilité dépassé? Là encore, on refuse de tirer les leçons de l'événement : on préfère mettre l'implosion sur le dos de l'idéologie communiste, sans poser la question du principe de concentration et d'intégration, en lui-même.

Dans les années 90, l'Occident s'enivre de son triomphe. Ce sont les années folles de la bulle Internet. Peu importe que le monde matériel humain soit fini : le capitalisme envahira des univers virtuels qu'il fabrique lui-même. Mais le rêve s'achève brutalement, quand le « modèle » introuvable de la « nouvelle économie » révèle sa nature profonde : un mirage, une illusion. S'il y eut une chute vertigineuse au tournant du millénaire, ce ne fut pas celle des tours jumelles, mais bien l'effondrement des espérances placées dans le virtualisme, porte de sortie des contradictions internes de plus en plus insurmontables d'un système capitaliste rendu fou par la confusion permanente entre la carte monétaire et le territoire économique.

On décida, une fois de plus, de ne rien voir, de ne rien savoir. Pour maintenir coûte que coûte l'illusion que l'utopie millénariste pouvait construire le sens de l'histoire, les oligarchies financières mirent le système économique sous perfusion, shootant littéralement l'économie des États-Unis avec de la dette, encore et encore. Ce fut une entreprise absurde, et qui en outre dénonçait toute l'absurdité de la machine sémantique produite par le monétarisme néolibéral parvenu à maturité...

Cette absurdité ne pouvait avoir qu'un temps. À l'automne 2008, ce temps prit fin.

Un grand frisson parcourut l'échine de l'animal aux cent mille têtes - les classes dirigeantes et supérieures. En catastrophe, on réinjecta du dollar dans le système, comme autant de signe qui ne recouvrait rien, mais qui permettrait encore, pour quelques années peut-être, de faire tourner la machine sémantique, coûte que coûte.

Ultimes manœuvres dilatoires, qui ne changeront, au final, rien ou presque : c'en est fait de l'illusion. Peu importe qu'on maintienne artificiellement les indices boursiers en ramenant à zéro les taux d'intérêt. Casser le thermomètre n'a jamais fait tomber la fièvre.

La seule rationalité économique n'est pas capable de fonder le sens de l'histoire. La techno-science ne peut pas tout. On ne peut pas conduire un projet de développement infini sur une planète finie. L'homme ne peut pas avoir tout ce qu'il veut. Il doit vouloir ce qu'il peut.

Retour à la limitation.

L'humanité ne sera pas son propre Messie : la religion humaniste est un échec.

L'animal aux cent mille têtes se comporte réellement comme une bête - et, en particulier, il est aussi dangereux qu'une bête blessée, lorsqu'il sent que son heure est proche. Renvoyés à l'échec du système de croyance qui servait d'habitation idéologique à leur domination, les puissants et leurs kapos vont à présent, pour sauver leur pouvoir, s'efforcer de maintenir la fiction messianique en la restreignant progressivement à eux-mêmes. D'un côté, une humanité supérieure, qui se voudra son propre Messie - pour elle-même et pour elle seule. Et de l'autre côté, une humanité inférieure, renvoyée dans les ténèbres symboliques de l'absence de pensée, c'est-à-dire de l'inexistence du sens - au vrai, dans la négation pure et simple de son statut de sujet autonome, dans l'interdiction même de définir un espace mental d'indétermination à l'égard de ses contraintes. Une humanité à qui l'on aura ôté la peau de l'esprit.

Tel sera le schéma génératif des prochaines décennies. L'avenir est sinistre, autant le savoir : la religion humaniste va se transformer en idéologie antihumaine.

Ce retournement, qui fera la Bête par ceux-là qui voulaient faire l'Ange, a commencé progressivement dès les années 1970. Mais les années 2010 vont marquer une accélération très sensible dans ce processus. Et la vie, en conséquence, sera très difficile, bientôt, pour beaucoup d'entre nous.

Dans ce contexte, l'enjeu de la lutte, pour les hommes véritables, sera bien souvent de survivre. Juste cela : survivre.

Rejoindre les rangs des dominants fous n'est pas une option : on y gagne peut-être l'illusion enivrante d'une supériorité apparente, et à coup sûr des conditions de vie plus décentes ; mais on y perd son âme.

Se résigner à végéter dans la masse des dominés est à peine moins déprimant. Au sein de cette masse opprimée et appauvrie, la violence sera de règle. Nos contemporains ont trop profondément intégré les logiques perverses de la société de consommation pour se convertir, du jour au lendemain, à une simplicité volontaire salvatrice.

La survie se jouera presque certainement à l'écart, dans des refuges qu'il faudra savoir aménager et défendre. Survie matérielle, bien sûr. Mais survie psychologique et spirituelle aussi.

Nous n'avons certes pas là un idéal exaltant. Seulement voilà, c'est ainsi : à ce stade, résister à la machine inhumaine qui est en train de se mettre en branle, ce sera, souvent, être capable de nous soustraire à sa vue, et d'abord savoir nous passer d'elle.

Un combat modeste, mais certainement pas médiocre.

Car un jour, quand cette machine aura épuisé les possibilités de son élan initial, elle vacillera et tombera. Il suffira alors d'être là, nombreux, soudés, pour reprendre ensemble le contrôle de notre terre, après avoir défendu âprement nos quelques territoires de repli. C'est pour être là, à ce moment décisif, qu'en attendant nous devons survivre.

Alors pas de honte : bâtissons nos refuges ! Souvenons-nous qu'un résistant gagne, s'il tient une heure de plus que son adversaire : organisons-nous pour tenir.

Et donc, mon ami...

On m'efface ce sourire crispé et triste. On lève les yeux, qu'on a si longtemps baissés. On regarde droit devant soi, le regard à l'horizon. On redresse la tête.

Voilà.

Ta vie a un sens : survivre une heure de plus que la machine.
Passe le mot : camarade, nos enfants comptent sur toi. »

Michel Drac, Avant-propos de Survivre à l'effondrement économique.


Survivre à l'effondrement économique 
de Piero San Giorgio

Les problèmes auxquels le monde doit faire face dans les 10 prochaines années sont considérables :

surpopulation, pénurie de pétrole et de matières premières, dérèglements climatiques, baisse de la production de nourriture, tarissement de l'eau potable, mondialisation débridée, dettes colossales...

La convergence de ceux-ci aura comme probable conséquence un effondrement économique qui ne laissera personne indemne, riche ou pauvre. Comment se préparer ? Comment survivre à ces prochaines années de grands changements qui seront à la fois soudains, rapides et violents ? Etes-vous prêts ? Avez-vous accès à de l'eau potable si rien ne sort de votre robinet et si les supermarchés sont vides ? Et dans ce cas, comment allez vous défendre votre famille de votre voisin affamé, du gang de racailles local ou d'un état devenu mafieux et totalitaire ? Comment allez-vous protéger votre fortune dans un monde où la finance n'existe plus ? Vous croyez que ces questions sont absurdes ? Tentez votre chance alors ! Au moins, les lecteurs de ce livre auront à leur disposition les plans, les outils et les solutions, basées sur des exemples pratiques et sur l'expérience de ceux qui l'ont déjà fait, pour survivre et commencer à se préparer progressivement...






Un rabbin affirme que les Juifs sont des extraterrestres venus pour « conquérir » la Terre.

Le rabbin Michael Laitman est l'auteur de "Kabbalah, Science and the Meaning of Life". Le livre retrace les étapes de l'év...