jeudi, octobre 25, 2012

L'empoisonnement des populations





Existe-t-il un programme d'extermination d'une grande partie de la population mondiale ?

Des sites conspirationnistes affirment que les chemtrails, la nourriture industrielle, des médicaments ont pour but de tuer lentement un grand nombre de personnes. S'agit-il de délires paranoïaques ?

En tout cas, en Afrique du sud, un tel plan d'extermination a bien été conçu, comme l'affirme Tidiane N'Diaye, un anthropologue mondialement connu.


« Jusque vers la fin du XXe siècle, écrit Tidiane N'Diaye, l'Afrique du Sud se singularisait par un impitoyable régime politique d'intolérance et d'exclusion. La majorité noire était mise à l'écart et dépouillée de la totalité de ses droits. Les Blancs (ou Afrikaners), descendants d'immigrants européens, généralement néerlandais ou français, y avaient toujours vécu leur particularité ethnique comme celle d'une race à part et supérieure aux Noirs — le genre de comportement présent chez beaucoup de groupes humains, ethniquement constitués et tant soit peu conscients de leur singularité, dans un monde qui bouge. Devenus économiquement le groupe le plus puissant, ces Afrikaners soumirent leurs compatriotes noirs à un système de ségrégation raciale dit de l'apartheid , et qui devait les plonger, des décennies durant, dans les ténèbres de l'oppression et de l'humiliation.

Apartheid, ce mot afrikaans ou néerlandais, est emprunté au français. Il signifie : « tenir à part » ou « développement séparé ». C'est en 1948 qu'une telle idéologie fascisante et fondée sur la race fut appliquée en programme de gouvernement, avec la venue au pouvoir du Parti national de Daniel François Malan. La plupart des leaders de cette formation politique extrémiste avaient fait leurs classes au sein des écoles nazies en Allemagne dans les années 1930. Particulièrement fascinés par la « pureté raciale », ils mirent en avant le thème du « péril noir » et de la « perte d'identité» pour justifier leur politique. Le délire de ces futurs Führers ne connaissait ni mesure ni humanité.

Avec la découverte des crimes nazis, le monde entier pensait pourtant avoir pris la mesure exacte de la cruauté de l'homme et de la fragilité de sa condition. Mais selon G. Aschkinasi, longtemps après la fin du second conflit mondial, il existe « un bon nombre de mouvements néonazis en Afrique du Sud. L'un d'eux, le Broederbond, compte seulement onze mille membres parce qu'il ne veut recruter que l'élite. Or 80 % des députés du Parti nationaliste actuellement au pouvoir font partie de ce Broederbond dirigé par un certain Meyer, lui-même chef de l'African Broadcasting Corporation. Ce Meyer a nommé son fils "Izan" (anagramme de nazi)... ». D'une manière générale, dans ce pays, la minorité blanche extrémiste ou modérée restait invariablement persuadée que toute autorité est d'essence divine. Elle avait soigneusement conservé son héritage du calvinisme des premiers immigrants, longtemps restés à l'écart de l'évolution doctrinale de l'Europe protestante.

Dans leur lecture « fondamentaliste» de la Bible, l'État est né de Dieu et son devoir est de protéger ses sujets (même de manière sélective) des menaces extérieures. Surfant sur cette ligne ténue qui sépare la raison de l'absurde, ces illuminés prétendaient encore, au XXe siècle, « assurer la sécurité de la race blanche et de la civilisation chrétienne par le maintien honnête des principes de l'apartheid ». Ainsi, au début des années 1980, ils ressentirent comme une catastrophe la perspective de la libération de Nelson Mandela et de l'inévitable instauration d'une démocratie électorale. Ce bouleversement attendu fit réaliser au pouvoir blanc combien une révolution politique de l'Afrique du Sud lui était défavorable. La règle un homme = un vote = une voix était une véritable menace pour le poids politique de la communauté afrikaner.

Dès lors l'analyse était simple pour les plus extrémistes d'entre eux; moins il y aurait de Noirs à voter, moins la minorité blanche serait menacée. Dans un premier temps, le Freedom Front, une organisation politique de droite, envisageait l'établissement d'un territoire afrikaner autonome. Mais certains milieux plus extrémistes pensaient pouvoir en finir autrement avec la « question noire ». L'un des aspects les moins connus des horreurs de la politique d'apartheid fut le projet criminel, ourdi par le pouvoir blanc, tendant à l'extermination partielle ou totale de la population noire. En août 1986, peu de temps après son investiture à la magistrature suprême, le plus communautariste des hommes d'État afrikaners, le président Pieter Botha, annonçait la couleur Voici l'effrayante allocution (publiée par le Sunday Times) qu'il prononça devant un public sélectionné pour expliquer, le plus naturellement du monde, comment il comptait s'y prendre pour «génocider » les Noirs d'Afrique du Sud :

« Mes Afrikaners blancs bien-aimés.

« Je souhaite la grandeur à vos frères et sœurs au nom de notre sang tout entier. Au nom de notre précieux pays et en mon nom personnel, moi, Botha, président de la république d'Afrique du Sud, je profite de cette occasion pour vous remercier et vous féliciter pour votre courage et votre détermination du fait que vous m'avez investi pour porter haut le destin des Afrikaners. Nous sommes en train de traverser des moments difficiles. J'ai donc décidé de vous assurer de mon dévouement et de ma solidarité envers vous aussi bien dans le feu que dans la tempête.

« Nous vivons au milieu de grands sauvages, qui en veulent à notre sang, et qui nous haïssent et qui veulent nous arracher ce que nous avons acquis. Mais n'oubliez pas que nous sommes un peuple solide et uni. [...] Ne me regardez pas simplement comme Botha, comme son nom l'indique, mais plutôt comme un véritable esprit vivant et une promesse pour vos frères et sœurs blancs. En vérité, en vérité, je vous le dis, voici une terre donnée par Dieu et pour laquelle nous devrons nous battre jusqu'à la dernière goutte de notre sang. [...] Nous ne pouvons pas rester là, debout, à regarder ce que nous avons créé s'effriter et être démoli par ces barbares et paresseux "Kaffirs". Pretoria a été conçue et créée par les Blancs et pour les Blancs. Nous ne sommes pas obligés de prouver à quiconque, et encore moins aux Noirs, que nous sommes un peuple supérieur. Nous l'avons démontré aux Noirs mille et une fois.

« La République sud-africaine, telle que nous la connaissons, n'a pas été créée par une pensée fantaisiste. Nous l'avons créée par notre intelligence et au prix de notre sueur et de notre sang. Le sang de mis pères s'est versé sur cette terre pour notre salut. Nous avons dès lors la lourde responsabilité de sauvegarder notre patrimoine, notre histoire et notre fierté. Celui qui lutte pour sa survie et pour son droit n'a pas tort. Bien-aimés, vous êtes au courant, vous, de tout le non-sens propagé dans le monde entier à notre sujet. On nous a collé sur le dos tout ce qu'il y a de mauvais ; alors que nous ne sommes pas pires que d'autres. Pensez-y, mes honorables citoyens, le racisme dont ils parlent n'a pas commencé avec les Afrikaners blancs. Il a toujours été un fait dans cette vie.

« J'essaie simplement de vous prouver qu'il n'y a rien d'inhabituel que nous fassions et que les soi-disant mondes civilisés n'aient fait ou qu'ils ne soient en train de faire. [...] Nous sommes tout simplement un peuple honnête et qui a une philosophie claire sur la façon dont il veut vivre sa vie de peuple blanc. Nous n'affirmons pas, comme les autres Blancs, que nous aimons les nègres. Le fait que les nègres ressemblent aux êtres humains et agissent de même ne fait pas nécessairement d'eux des êtres très doués d'intelligence. Les crapauds ne sont pas des porcs-épics et les lézards ne sont pas des crocodiles tout simplement parce qu'ils se ressemblent. Si Dieu avait voulu que nous soyons égaux aux nègres, il nous aurait créés uniformément avec la même couleur, avec la même intelligence. Mais il nous a créés différents : BLANCS, NÈGRES, JAUNES.

« Les dominateurs et les dominés. Intellectuellement, nous sommes supérieurs aux nègres, cela a été prouvé sans équivoque depuis plusieurs années. Je crois que l'Afrikaner est un homme honnête et une personne qui craint Dieu, et qui a démontré de manière pratique la vraie façon de vivre. Il ne s'engage pas dans l'hypocrisie de tous les autres qui prétendent aimer, en scandant l'atmosphère politique en substance, ou qui font croire au monde qu'ils sont meilleurs et qu'ils s'intéressent plus que nous à l'avenir de l'humanité. Pourtant, nous donnons aux nègres des emplois et mille et une indemnités. De toute façon, il est réconfortant de savoir que, derrière ce scénario, l'Europe, l'Amérique, le Canada, l'Australie sont les uns et les autres avec nous en dépit de ce qu'ils disent.

« En ce qui concerne les relations diplomatiques, nous savons tous quel langage il faut utiliser et où nous devons l'utiliser. Pour justifier mon point de vue, je vous demande de me dire s'il y a un seul pays blanc qui n'ait pas investi ou qui n'a pas d'intérêts en Afrique du Sud. Qui achète notre or ? Qui achète nos diamants ? Qui fait du commerce avec nous ? Qui nous aide à développer l'arme nucléaire ? La vraie raison est que nous sommes leur peuple et qu'ils sont notre peuple. C'est là un grand secret. La force de notre économie repose sur l'Amérique, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, etc. Et j'ai sur ma liste un certain nombre d'États nègres et pas des moindres ! Camarades Afrikaners, le désir de puissance n'a pas commencé avec nous. Il n'est pas dans le destin d'un poussin de manger un épervier. Il est naturel que le poussin soit mangé par l'épervier. Mais ne sont-ils pas tous des oiseaux ? La loi de la nature veut que le petit poisson soit mangé par le gros poisson.

« Nous sommes dès lors intimement convaincus que le nègre est une matière première pour le Blanc. Ainsi, Frères et Sœurs, unissons ensemble nos efforts pour combattre le diable noir. J'exhorte tous les Afrikaners à mettre leur esprit de créativité au service de cette guerre. Dieu ne peut assurément pas se détourner de son peuple que nous sommes. Depuis toujours, chacun d'entre nous a pu constater, à la lumière de faits, que les nègres sont incapables de se diriger eux-mêmes ! Donnez-leur des fusils, ils vont s'entre-tuer les uns les autres. Ils sont tous des bons à rien, sauf quand il s'agit de faire du bruit, danser, épouser plusieurs femmes et se livrer à la débauche. Vous n'avez qu'a regarder autour de vous pour voir ce que les États nègres indépendants ont réalisé jusqu'à présent.

« Ne savons-nous pas ce qui arrive au Ghana, au Mozambique, au Soudan, en Ouganda, au Nigeria, en Égypte, pour ne citer que ceux-là. Rien d'autre que le chaos, le carnage, la corruption, la famine comme c'est le cas en Éthiopie. Acceptons donc que le nègre soit le symbole de la pauvreté, de l'infériorité mentale, de la paresse et de l'incompétence émotionnelle. N'est-il pas plausible, dès lors, que le Blanc a été créé pour commander le nègre. La nourriture, en tant que support du génocide que nous allons perpétrer à l'encontre des Noirs, devra être utilisée. Nous avons développé d'excellents poisons qui tuent à petit feu (poisons à mettre dans la nourriture) et qui possèdent, en plus, la vertu de rendre les femmes stériles. Notre seule crainte est qu'une telle arme ne tombe entre leurs mains puisqu'ils seront prêts à l'utiliser contre nous, si nous considérons ces innombrables nègres qui travaillent pour nous en tant que domestiques.

« Quoi qu'il en soit, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous garantir que cette arme restera exclusivement entre nos mains. Par ailleurs, la plupart des Noirs sont corruptibles par l'argent. Je dispose d'un fonds spécial pour exploiter cette situation. La vieille règle qui consiste à diviser pour mieux régner est encore valable aujourd'hui. Nos experts devront travailler jour et nuit pour opposer le nègre à son frère nègre. Son sens inférieur de la morale doit être exploité intelligemment. Voici une créature qui n'a aucune vision lointaine des choses. Nous nous devrons de le combattre avec des projets s'étendant dans une si longue durée qu'il ne puisse même pas l'imaginer. Le nègre ne planifie jamais sa vie au-delà d'une année. Cette opportunité par exemple doit être exploitée.

« Mon service spécial mène un travail contre la montre en vue d'une opération à long terme. J'adresse une requête spéciale aux mères afrikaners leur demandant de doubler les naissances. Il est nécessaire de déclencher un boom de naissances à l'échelle industrielle, en créant des centres où nous employons et encourageons des jeunes hommes et des femmes blanches qui produisent des enfants pour la Nation. Nous étudions aussi la possibilité des inséminations artificielles comme moyen pour faire augmenter notre population à travers des mères volontaires. Pour le moment, nous devons être vigilants pour nous assurer que les hommes noirs sont séparés de leurs femmes, et imposer des pénalités aux femmes qui portent un enfant illégitime, on ne peut avoir un enfant qui n'est pas le sien. [...] J'ai un comité qui travaille à la mise au point des meilleurs moyens pour dresser les nègres les uns contre les autres en encourageant les meurtres entre eux.

« Les cas de meurtres entre nègres devront être légèrement punis afin de les encourager. Mes hommes de science ont découvert un moyen qui, en versant dans leur breuvage un produit approprié, permet d'obtenir un empoisonnement à petit feu et une stérilisation complète. En travaillant sur les boissons et leur manufacture, on pourrait ainsi réduire leur population. Notre combat pour l'unité entraîne l'utilisation de jeunes filles blanches en vue de l'utilisation de ce poison qui tue à petit feu. Notre guerre ne consiste pas à utiliser la bombe atomique pour détruire le nègre ; nous devons plutôt utiliser notre intelligence à cette fin, Il est plus efficace d'entreprendre l'opération personne par personne.

« Comme on raconte qu'un Noir meurt en allant au lit avec une Blanche, nous avons là une opportunité unique. Nos mercenaires du sexe devront en sortant être accompagnées de combattants de l'apartheid camouflés pendant qu'elles feront tranquillement leurs opérations, en administrant le poison en question et en endommageant les grossesses de ces négresses auxquelles ils se seraient liés d'amitié. Nous sommes en train de réformer l'escadrille des mercenaires du sexe en y introduisant des hommes blancs qui auront pour tâche de courtiser les femmes noires vulnérables. Nous avons reçu des requêtes de prostituées d'Europe et d'Amérique qui sont désespérées et qui sont prêtes à être utilisées. L'argent peut faire quelque chose pour vous et, comme nous en disposons, nous pouvons en faire meilleur usage. Pendant ce temps, bien-aimés citoyens blancs, ne prenez pas à cœur ce que le monde dira et n'ayez pas honte d'être appelés racistes.

« Je ne suis pas le genre d'être appelé l'Architecte et le Roi de l'Apartheid. Je ne deviendrai jamais un singe parce qu'une personne m'a appelé singe. Je serai toujours votre star lumineuse, Son Excellence Botha. Mon dernier appel est que les opérations dans les maternités devront être intensifiées. Nous ne payons pas les responsables des services hospitaliers pour qu'ils aident les jeunes enfants noirs à venir dans ce monde, mais pour qu'ils les éliminent à la naissance. Si ce service travaillait efficacement une grande tâche serait achevée. Mon gouvernement a mis de côté un fonds spécial afin que ce programme soit exécuté de façon sournoise dans les hôpitaux et cliniques. » *

Ce délire effrayant de Pieter Botha, qu'on dirait sorti tout droit de Mein Kampf, n'est pas resté au stade de projet. Après le démantèlement de l'apartheid, la commission « Vérité et réconciliation » mise en place par Nelson Mandela, et présidée par l'archevêque Desmond Tutu, devait auditionner ses exécuteurs. À l'issue d'un grand déballage à huis clos, on apprendra qu'un certain Wouter Basson, alias « docteur La Mort», a été pendant plus de dix ans à la tête d'un programme connu sous le nom de code : Project Coast. Selon Tristan Mendès-France, journaliste et documentariste, auteur du livre Dr La Mort, enquête sur un bioterrorisme d'État en Afrique du Sud : « Certains dirigeants du pouvoir sud-africain décidèrent d'œuvrer, afin de contrecarrer les votes noirs. Le gouvernement de l'apartheid mit sur pied une unité spéciale chargée du Chemical and Biological Warfare, nom de code : Project Coast. Le docteur Wouter Basson, surnommé "Dr La Mort", fut chargé de l'exécution de ce sinistre projet. Le but était de procéder à des recherches ultra-secrètes, pour concevoir une molécule mortelle, sensible à la mélanine qui pigmente la peau des Noirs. En somme une arme de destruction massive, pour exterminer la population noire. »

En effet, à cinquante-deux ans, fils de cantatrice, brillant chimiste et ardent patriote, Wouter Basson eut pour mission d'exécuter l'un des projets politico-militaires les plus effroyables de l'après-guerre. Il était médecin dans l'armée et général de brigade. L'homme était bien connu dans de nombreux pays pourtant démocratiques tels que les États-Unis, l'Angleterre, Israël, la Suisse et la France, qui avaient bénéficié de ses services. Leurs milieux militaires spécialisés dans la guerre biochimique avaient régulièrement collaboré à ses travaux. Il semble que, pour contourner les traités de non-prolifération des armes de destruction massive, plusieurs démocraties occidentales aient fait sous-traiter leurs recherches par le régime de l'apartheid. Elles avaient pour la plupart signé des conventions leur interdisant les expérimentations de ce genre d'armes. Or leur précieux partenaire économique, l'Afrique du Sud, disposait de laboratoires sophistiqués et, surtout, d'un terrain d'expérimentation humaine favorable. En outre, les services secrets de ces « États propres », qui profitaient des travaux du « Mengele sud-africain », voulaient éviter que son savoir-faire et ses stocks ne tombent entre les mains d'« États voyous », en fait plus voyous qu'eux I Ce projet d'élimination des Noirs bénéficiait d'un budget assez important, alloué par le gouvernement sud-africain. L'objectif était de créer un laboratoire militaire technologiquement suréquipé, dans la banlieue proche de Pretoria, à Roodeplaat.

Quant au programme, il visait à mettre sur pied un arsenal biochimique comprenant plusieurs volets. D'abord il prévoyait le développement d'armes spécifiques et leur stockage. Ces « produits » devaient générer ou amplifier des pandémies comme le choléra, le virus Ébola et le VIH. Selon certains spécialistes africains ayant témoigné devant la commission «Vérité et réconciliation », le VIH avait été introduit jusque dans les préservatifs, pour augmenter les risques de contamination. Des travaux étaient menés pour concevoir des produits destinés à stériliser en masse la population noire. Le « docteur La Mort» fabriquait aussi des cigarettes à l'anthrax pour inoculer le virus par voie pulmonaire à ses victimes. Des témoignages l'attestent : « Le docteur Wouter Basson inoculait du poison à des détenus, dont Nelson Mandela. Il créait des vaccins spéciaux pour chaque "race", stérilisait des cobayes noirs et inondait les centres-villes de drogue comme l'ecstasy. » Enfin, le dernier volet consistait à créer une substance mortelle uniquement pour les Noirs. Il s'agit de poisons ethniquement sélectifs, qui ne devaient réagir qu'à la mélanine qui pigmente leur peau. Ils auraient à ce titre été fabriqués et diffusés à l'aide d'aliments de grande consommation comme le lait, le chocolat, le sucre, le tabac, la bière, etc. Pendant les auditions de la commission «Vérité et réconciliation », plusieurs anciens membres des forces spéciales du régime de l'apartheid ont avoué avoir contribué à la propagation des éléments criminels fabriqués par Wouter Basson. Ce dernier fut arrêté et inculpé de quarante-six chefs d'accusation (meurtre, escroquerie, trafic de drogue, etc.).

Devant la Haute Cour de Pretoria, l'homme n'a pas nié les faits qui lui étaient reprochés. Pour sa défense, Basson prétendait qu'il n'avait travaillé que pour endiguer la vague du communisme. Un argument bien pratique pendant la guerre froide. Il devait ajouter que son arsenal criminel avait été mis au point avec l'aide technique, matérielle et financière de puissances occidentales, dont la France, l'Allemagne et les États-Unis. À la stupeur générale, le 12 avril 2002, la cour qui le jugeait conclut : « Le ministère public n'a pas prouvé de manière irréfutable que le docteur Basson avait participé à un complot, en vue de fournir des produits dangereux à des populations noires. » Basson fut acquitté et aucun des pays occidentaux accusés d'avoir collaboré à ses travaux n'a voulu présenter la moindre excuse ou envisager des dédommagements.

Desmond Tutu devait parler d'un « jour sombre pour l'Afrique du Sud ». En fait Basson n'était qu'un lampiste. Il se chuchotait depuis longtemps que le programme criminel dont il avait la charge était financé par le gouvernement sud-africain avec la complicité de nombreux pays étrangers. »

Tidiane N'Diaye, Par-delà les ténèbres blanches.





mardi, octobre 23, 2012

L'antitradition et ses agents





Paul-Georges Sansonetti reprend des thèses de René Guénon et critique le cosmopolitisme et le nomadisme modernes. Toutefois, rappelons que René Guénon, immigré français converti à l'islam, a terminé sa vie en Égypte.

Il est maintenant certain que des événements marquants ne sont pas le fait du hasard mais résultent d'une action secrète menée par des personnages qui, la plupart du temps, demeurent prudemment dans l'ombre : « inconnus parmi les inconnus mais puissants parmi les puissants », pour reprendre ici une formule entendue jadis dans un célèbre feuilleton télévisuel français (Il s'agissait d'une série tragi-comique intitulée Les Compagnons de Baal). On dénomme « conspirationnisme » ou encore « théorie du complot» ce soupçon d'instrumentation de l'Histoire.

Croire à un complot ou simplement se poser des questions sur l'existence possible de manipulations dans les coulisses de la politique mondiale vous rendra obligatoirement suspect aux yeux de ce que nous conviendrons de nommer l'« idéologiquement correct ». Toutefois, malgré cela, nombre de personnes font preuve de scepticisme à l'égard des versions gouvernementales concernant des faits particuliers. Pour s'en convaincre, il suffit de voir quelle polémique prend actuellement de l'ampleur au U. S. A. sur la tragédie du 11 septembre 2001 ; et ce, à la suite de révélations et d'enquêtes qui contredisent gravement la thèse officielle. Il serait loisible de citer d'autres exemples, moins dramatiques heureusement, qu'illustrent de colossaux scandales financiers. De chaque côté de l'Atlantique, des citoyens se disent « on nous ment » et la fameuse phrase affirmant que « la vérité est ailleurs »(Devise de la célébrissime série télé X Files.) rallie tous les esprits rebelles au « nouvel ordre mondial » concocté par ceux qui, sous couvert d'organismes officiels (et officieux, sont fréquemment les agents d'une« centrale» totalement secrète dont nous allons parler. Des agents, précisons-le, pas obligatoirement conscients du plan général élaboré par la centrale en question. Dotés de pouvoirs décisionnaires à l'échelon international, ces individus apparaissent d'autant plus motivés qu'ils sont convaincus du bien fondé de la «mondialisation» : l'avenir des peuples ne pouvant, selon eux, que s'inscrire dans le contexte d'une éradication des identités ethnoculturelles afin de laisser place à une société planétaire dont l'unique finalité consisterait à « faire tourner » un système économico-financier. Le citoyen d'un futur proche ne serait enraciné nulle part mais trouverait sa banque partout.

En vérité, ces stratégies mondiales ne sont que la « couverture extérieure » d'un projet d'envergure faisant référence à des concepts d'autant plus redoutables qu'ils conduisent à tenter de contrecarrer par les moyens les plus divers (y compris le terrorisme et le déclenchement de guerres) la marche des événements telle que l'explicitait la Tradition. Pour comprendre quels sont les enjeux, c'est la conception cyclique de l'Histoire qu'il faut aborder à présent.

LES QUATRE ÂGES ET L'INVOLUTION

Selon les sociétés antiques, le cycle de l'Humanité actuelle se partage en quatre périodes principales. Ce thème est présent dans les textes sacrés de différents peuples, principalement indo-européens, des écrits védiques jusqu'à ceux des Vikings. La civilisation hellénique, par la voix d'Hésiode (qui vivait au VIIIe siècle avant notre ère) associait chacun des Âges à un métal.

En premier, l'Or symbolisait la perfection lumineuse d'une humanité supérieure. Puis, au fur et à mesure que se succédèrent les Âges d'Argent, d'Airain et de Fer, l'espèce humaine, perdant progressivement les prodigieuses capacités qui étaient siennes aux commencement du cycle, entra dans une longue phase involutive et non pas évolutive comme se plaisent à le croire paléontologues et historiens. À la fin de l'Âge de fer, l'immense majorité des êtres se retrouve privée du souvenir des temps premiers et, en conséquence, de ce qui pouvait encore constituer une référence d'ordre spirituel capable de faire obstacle à la disparition des spécificités nationales et régionales.

En effet, déraciné du sol ancestral, « nomadisé » (selon le souhait de Jacques Attali) par sa profession ou ses loisirs qui l'envoient d'un bout à l'autre de la planète, un tel être perd obligatoirement les repères ethnoculturels inhérents à son éducation et qui, bien que souvent succincts, faisaient écho à des thèmes fondateurs. Ainsi, autrefois, sur les bancs de l'école, un Français de souche découvrait ses lointains ancêtres: d'abord mystérieux constructeurs de mégalithes, puis celtes, gallo-romains, francs et, à partir de ces derniers, le monde médiéval où, recueillant le savoir, des monastères enseignaient aux chevaliers à n'exister que par une droiture pareille à l'épée tandis et que des fraternités du travail érigeaient basiliques et cathédrales rassemblant toute la société. Sur la base de ces connaissances élémentaires, des données plus énigmatiques pouvaient transparaître ; telles, entre autres, que la fameuse « ligne rouge » (réactivée par les Mérovingiens) devenue le méridien de Paris et dont le rôle secret - mais lisible pour toute personne s'intéressant à l'ésotérisme et à l'œuvre de René Guénon en particulier - consistait à rappeler l'existence du « Centre suprême ». Situé dans l'extrême nord du monde, jouxtant le Pôle, ce lieu aurait vu, durant l'Âge d'Or, l'épanouissement d'une supra humanité à l'origine des civilisations que devait porter notre continent. Inutile de dire que ce concept est proprement inadmissible pour les historiens officiels.

Comme le montrent Guénon et les principaux penseurs de la Tradition, le Centre suprême ayant disparu avec l'Âge premier, des « centres secondaires » furent créés de façon à faire en sorte que le souvenir de ce qui existait au commencement perdure dans les esprits. C'est ainsi que le cœur sacré du monde grec antique, Delphes, constituait un « centre secondaire » symboliquement relié à l'Âge d'Or par la lumineuse figure d'Apollon. Avaricum (Bourges) en Gaule, Rome pour le monde italique, Toletum (Tolède) avec les Celtibères ou le mont Om chez les Daces (devenus des Roumains) en sont d'autres exemples européens. Cette «géographie sacrée» (selon la formule de Jean Richer), ou « géographie symbolique » (pour Guénon), sinon «secrète» (dirait Robert Maestracci) « et désormais clandestine » (ajouterait Pierre-Émile Blairon) jointe à tout un légendaire local et régional, enracinait des images fondamentales - puisque répondant aux fondements de l'être ainsi qu'à ceux, occultés, de la civilisation - offrant, en certaines circonstances, la possibilité de retrouver les véritables origines de l'Humanité ou, pour le moins, d'une partie d'entre elle car tous les peuples n'ont pas le même destin.

C'est donc la mise en mémoire de l'Âge d'Or qu'une certaine idéologie en révolte contre l'ordre divin et qui allait devenir prédominante dans le monde modernes c'est efforcée d'effacer. René Guénon a dénommé « antitradition » cette idéologie. Mais quelle en est donc l'origine ?

DE L'HYBRIS A L'ANTITRADITION

Hésiode nous dit que l'Hybris, l'infatuation du « moi » humain, l'orgueil, serait apparu dès l'Âge d'Argent. Les individus, «ne pouvant détourner leur immense violence les uns des autres » et « privant les dieux immortels de leur culte », furent donc saisis par l'« égoïté » qui suscite l'antagonisme et, conséquemment, ils se détournèrent du respect qu'implique l'ordre divin.

L'Hybris devait s'accentuer encore à l'Âge d'Airain et marquer si fortement les populations vouées à subir le dernier Âge placé sous le signe du Fer que, prévient Hésiode.« chacun détruira la ville de l'autre » et, en un temps où l'on honorera « le fauteur d'injustice»,« le mal n'aura plus de remède ».

Évoquant l'engloutissement de l'Atlantide dans son Critias, Platon précise que c'est l'orgueil de ses princes qui fut à l'origine de cette catastrophe. En effet, nous dit-il, «tant que la nature du dieu se fit sentir suffisamment en eux, ils obéirent aux lois et restèrent attachés au principe divin auquel ils étaient apparentés ». Ainsi, «ils n'étaient pas enivrés par le plaisir de la richesse( ... ) Mais quand la portion divine qui était en eux s'altéra par un fréquent mélange avec un élément mortel considérable et que le caractère humain prédomina ( ... ) ils se conduisirent indécemment ( ... ) tout infectés qu'ils étaient d'injuste convoitise et de l'orgueil de dominer ».

Comme on le voit, la prédominance de l'humain développe l'Hybris et, conséquemment, provoque le rejet de la dimension spirituelle - et des lois divines qui lui sont indissociables - tandis que surgit un irrépressible désir de richesse matérielle annonciateur de l'obsession affairiste et bancaire du présent monde. Là serait la source ténébreuse de l'antitradition.

Si l'on fait correspondre les quatre Âges de la tradition védique indienne qui, en tout, durent 60.000 ans – un manvantara – à ceux que mentionne Hésiode, 24.000 ans seraient dévolus à l'Or, 18.000 à l'Argent, 12.000 à l'Airain et 6000 au Fer. À en croire certains auteurs, l'Atlantide aurait été engloutie environ moins 10.000 ans avant notre ère, date qui situerait l'événement au milieu de l'Âge d'Airain.

Durant les millénaires qui suivirent ce cataclysme, les civilisations en gardèrent le souvenir et, à partir de centres secondaires et de mythes spécifiques, des autorités spirituelles s'efforcèrent d'éviter que les influences pernicieuses, cause du désastre atlante, ne contaminent les mentalités. Ce qui explique, dans l'Égypte antique, l'omniprésence du « dieu » redoutable, Seth, symbolisant l'état d'esprit qui, en chaque individu, s'oppose avec virulence aux puissances divines. On peut en dire autant de Loki, équivalent de Seth dans la religion des Vikings. Ces deux entités renvoient à un même concept de verrouillage et d'en fermement, de barrage et d'arrêt. En effet, l'initiale hiéroglyphique du nom Seth représente un verrou exprimant l'idée de « fermeture » que manifeste ce « dieu » associé à l'aridité (donc à l'absence de vie) du désert et, selon certains philologues, le nom de Loki aurait donné en français un mot dérivé du germanique, «loquet», tandis qu'en anglo-saxon fock signifie « serrure», « fermeture ». Pour la tradition chrétienne, le diable, étymologiquement, est celui qui coupe le chemin, sous entendu qui fait obstacle au sacré. On pourrait dire que le « blocage » représenté par ces figures maléfiques va prendre corps dans la pensée humaine - principalement européenne - à travers des interprétations matérialistes et « mécanistes » de l'existence et de l'univers.

Guénon et d'autres penseurs montrent que l'antitradition est indissociable de la « matérialisation du monde ». De fait, les anciens peuples et ceux qu'un certain Occident scientiste et imbu de lui-même a qualifié de « primitifs » percevaient la dimension spirituelle de toute chose. Ainsi l'individu n'était pas réduit, comme actuellement, à sa seule existence physiologique – matérielle – puisqu'il se savait possesseur d'un « Double », corps de nature subtile et, disent tous les enseignements initiatiques, support d'états par lesquels émergerait l'immortalité d'une personne. Selon la pensée matérialiste les êtres et les choses n'ont d'existence que par leur densité. Désormais, tout se ramenant à la substance, les humains ne sont que des corps périssables et rien ne survit lorsque la physiologie entre en décomposition. Dans ces conditions comment le divin aurait-il une existence ? À cet égard, il est pour le moins significatif qu'un nombre important de scientifiques proclament haut et fort leur athéisme.

Pour autant, n'allons pas croire que c'est également le cas des individus formant le sommet de l'antitradition. Ces derniers savent parfaitement à quoi s'en tenir, tant sur la notion de divin que sur celle de cycle et c'est précisément parce qu'ils ont connaissance de cela qu'on les devine farouchement déterminés à réaliser leur projet planétaire de suppression des diversités ethnoculturelles reliant chaque peuple à son fondement originel.

« LE RÈGNE DE LA QUANTITÉ » ET LA FINANCE

Au cours des siècles, les personnages dont nous parlons apprirent à se servir avec une rare habileté des situations sociétales qu'engendraient obligatoirement les lois de l'involution. En particulier, pour ne prendre que l'une de ces lois, ce que Guénon a précisément nommé - titre de l'un de ses ouvrages les plus magistraux - Le Règne de la Quantité. Un règne qui, de nos jours, a pour effet le développement exponentiel de la population mondiale, entraînant la nécessité de productions pléthoriques dans tous les domaines, aussi bien pour le nécessaire que pour le superflu puisque l'impératif prioritaire de la présente civilisation se résume à un verbe: vendre ! Nous vivons dans un monde marchand et la monnaie s'impose comme l'expression la plus évidente de la quantification. Tout est désormais subordonné aux flux monétaires et chaque personne en est dépendante. li est alors évident que la finance internationale (pléonasme !) joue un rôle essentiel dans le conditionnement des individus en les rendant dépendants d'un réseau complexe et contraignant de servitudes matérielles qui, la vie durant, les écarteront de toute perception de concepts susceptibles de rappeler les origines. Annonçant à saint Jean l'écroulement de la Babylone symbolique – sorte de nouvelle Atlantide par l'orgueil et la richesse – un ange, en apostrophant la cité maudite, proclame la raison de cette destruction : « parce que tes marchands étaient les potentats de la terre, parce que tes maléfices ont jeté toutes les nations dans l'égarement ».

En outre, un second barrage a été mis en place sous l'apparence d'un mouvement informel apparu voici quelques décennies et dénommé new age. Ses multiples expressions - et certaines sectes en émanent – constituent une sorte d'exutoire spiritualisant en regard du matérialisme ambiant. De l'alimentation « bio » à des séances de méditation (mêlant yoga, Zen et techniques dites « relaxantes » utilisant des fonds sonores) en passant par des dérivés de la psychanalyse, le new age se propose d'adoucir les contraintes du monde moderne. Une façon aussi d'insinuer qu'il n'y a pas incompatibilité entre les sociétés traditionnelles et la nôtre tandis que l'on assiste à la constitution d'une sorte de patchwork élaboré à partir de fragments de traditions diverses récupérées aux quatre coins de la planète et répondant à une volonté de mondialiser le sacré ; ce qui ajoute encore à la confusion générale et, on l'aura compris, n'a pas d'autre but que de gommer les spécificités propres à chaque ethnie. Pour les personnes choisissant cette voie en espérant s'extraire de la sécheresse utilitariste régissant les actuelles sociétés, il ne faut donc pas s'attendre à d'éventuelles retrouvailles avec les origines. Le new age n'est qu'une annexe sournoise (et, là encore, souvent très lucrative) de la modernité.

DÉMASQUER L'ANTITRADITION

l'espoir de certains, une élite spirituelle parvenait à émerger, elle ne pourrait en aucun cas inverser le courant puisque la masse des peuples demeurerait imperméable à tout ce qui ne relève pas de préoccupations bassement matérielles et cantonnées dans l'étroitesse humaine. L'actuel spectacle d'une civilisation en pleine confusion et déliquescence pourrait faire croire que l'antitradition et ses agents sont parvenus à leurs fins.

Cependant, au début de cette brève étude, nous disions que, malgré les efforts déployés par l'antitradition pour occulter ses manœuvres de politique internationale, une partie du public se montre de moins en moins dupe. C'est en déchirant progressivement un rideau de leurres que des individus déterminés parviendront à entrevoir ce qui a été dissimulé aux peuples de la planète. Alors on découvrira que sous prétexte d'établir la mondialisation il s'agissait en réalité d'arracher ces peuples (quelle qu'en soit l'ethnie, faut-il le préciser) à leurs terres ancestrales, physiquement mais surtout moralement, afin de leur imposer une existence uniquement fondée sur la dévotion de l'argent ... et la crainte d'en être dépourvu ! Le sentiment tenace qu'il existe une organisme directeur secret contrôlant toute la haute finance afin de remodeler le monde – en défaisant ou refaisant des nations lorsque nécessaire – conduira inévitablement à l'interrogation suivante : dans quel but ? La réponse est déjà connue des esprits rebelles qui, parallèlement aux orchestrateurs de l'antitradition, possèdent une vision cyclique (et non point, redisons-le, progressiste) de l'Histoire : faire en sorte qu'au moment où le dernier Âge s'achèvera, les conditions requises pour le retour de la Tradition ne soient plus réunies et que les peuples se révèlent dans l'incapacité d'exister selon des valeurs – non cotées en Bourse ! – qui constituaient la normalité du monde traditionnel et sont maintenant en exil des consciences. Des valeurs nommées droiture, honneur, humilité (inverse de l'Hybris), fidélité, don de sa personne et, au sens médiéval du terme, « cœur », c'est-à-dire le courage inséparable de la générosité. Alors, même si, selon l'espoir de certains, une élite spirituelle parvenait à émerger, elle ne pourrait en aucun cas inverser le courant puisque la masse des peuples demeurerait imperméable à tout ce qui ne relève pas de préoccupations bassement matérielles et cantonnées dans l'étroitesse humaine.

Mais, ainsi que le précisent les textes sacrés, ce serait oublier que le triomphe d'un pareil cosmopolitisme voué à la quantité ne sera que de courte durée. L'achèvement du cycle devant obligatoirement marquer l'éviction de tout ce qui ne s'inscrit pas dans la procédure d'un retour de l'Âge d'Or. Car, selon l'analyse pertinente de René Guénon, « Le redressement de l'instant ultime doit apparaître, de la façon la plus exacte, comme un renversement de toute chose par rapport à l'état de subversion dans lequel elles se trouvaient immédiatement avant cet instant même ». Reste que, par l' Hybris qui les aveugle, les hauts responsables de l'antitradition ne peuvent qu'ignorer ces propos et se condamnent à une dramatique fuite en avant.

Paul-Georges Sansonetti 


N° 6 de la revue « Hyperborée », éditée par le CRUSOE, Centre de Rechercha Universitaire Sur les Origines de l'Europe.

lundi, octobre 22, 2012

Les sociétés secrètes, le Tibet & Hitler



La guerre de Shambhala

Dans une vidéo intitulée « La vérité sur Adolf Hitler », le néonazi Vincent Reynouard dit : « Hitler était un génie du bien. (…) Le national-socialisme : un paradis... » ( La vidéo est censurée par You Tube mais pas par Dailymotion.) Reynouard participe à l'entreprise de relèvement du nazisme qui touche l'édition, une certaine presse et surtout Internet.

Depuis des décennies, des individus répandent l'idée qu'Hitler était un maître spirituel, un authentique initié. Savitri Devi, de son vrai nom Maximine Portas, voyait en lui le terrible Kalki annoncé par les textes sacrés hindous. Kalki est l'incarnation guerrière du dieu Vishnou qui doit mettre fin à l'actuel cycle de décadence et rétablir l'âge d'or en exterminant les ennemis de la « bonne loi ». Ce thème guerrier est au cœur de l'initiation de Kalachakra délivrée par le dalaï-lama lui-même. Pour les initiés de l'école tibétaine, Kalki devient Raudra Chakrin et c'est le vingt-cinquième roi de Shambhala.

Selon plusieurs auteurs, des sociétés secrètes, notamment une mystérieuse loge tibétaine, ont déterminé le destin de l'Allemagne et de l'Europe durant la première moitié du 20e siècle. Aujourd'hui, ces société secrètes influencent-elles l'Union européenne ? Nous voyons bien que l'Europe actuelle évoque d'avantage un ordre synarchique qu'une construction démocratique.

Mais revenons au 20e siècle. « Nous sommes à Paris en 1929, écrit Jean-Michel Angebert, au n° 36 de l'avenue Junot. Montons l'escalier de ce bel immeuble et arrêtons-nous au palier du premier étage. Nous voici dans l'appartement qui tient lieu de temple et de sanctuaire initiatique à la mystérieuse et très restreinte Société des Polaires, dont le nom rappelle curieusement les préoccupations hyperboréennes d'un certain parti extrémiste d'outre-Rhin.

Que recouvre au juste ce nom étrange, et d'abord, quelle peut être l'origine de ce groupe occulte ? Pour expliquer la genèse de cette troublante affaire qui nous entraînera fort loin, il faut remonter à l'année 1918, la même qui vit Adolf Hitler se lancer dans l'agitation politique.

A cette époque, un certain M. A... d'origine italienne, très versé dans l'ésotérisme, et de son métier directeur d'une importante firme industrielle, fit la connaissance d'un mystérieux personnage dont il vaut mieux taire le nom. La rencontre eut lieu en Égypte, terre prédestinée aux échanges magiques, s'il en fut.

Voici ce qu'apprit M. A... : lors d'un séjour en Italie, en 1908, notre personnage, que nous appellerons pour plus de commodité M. X..., eut la chance de rencontrer, dans un petit village de la région de Viterbe, un envoyé de la « Grande Loge blanche » du Tibet, plus connu dans le pays sous le nom de « père Julien ». Cet ermite peu orthodoxe vivait en marge des habitants du village avec qui il frayait peu et se faisait remarquer en n'allant pas à la messe... et pour cause, ajouterons-nous ! Cet homme, par son origine, disposait de grands pouvoirs. Il se présenta comme un envoyé de la Fraternité d'Héliopolis, cette confrérie de sages composée d'authentiques Rose-Croix, c'est-à-dire d'hommes ayant atteint le degré suprême dans la hiérarchie spirituelle. Ce « maître » eut tellement confiance dans son interlocuteur qu'il alla jusqu'à lui confier une méthode secrète de communication avec les maîtres de sagesse du Tibet groupés dans la loge de l'Agartha, cette cité mystique située au cœur de l'Himalaya, à l'abri de toutes investigations des profanes, et guidant les « grands» de ce monde dans leur tâche écrasante auprès des peuples de la Terre.

Cette méthode, M. X... avoua l'avoir expérimentée avec succès : il s'agissait d'une forme de communication télépathique transmise par le biais de l'écriture : véritable code cryptographique analogue à celui qu'utilisent les services secrets. Les messages ainsi transmis devaient, pour devenir intelligibles, être traduits au moyen d'une « clé » chiffrée dévoilée par le père Julien. Le nom de ce procédé éclairera peut-être le lecteur féru de sciences occultes, puisqu'il s'intitulait ORACLE DE FORCE ASTRALE. Le premier essai de communication révéla que le « maître » Rose-Croix « avait regagné son couvent de l'Himalaya ». Pressé de questions, l'oracle voulut bien dévoiler que le « centre ésotérique rosicrucien de l'Himalaya)) jugeait opportun de voir se constituer « l'avènement de l'esprit sous le signe de la rose et de la croix ». A cette fin devait se reconstituer la vieille FRATERNITE DES POLAIRES.

Les Polaires sont les continuateurs de la tradition boréale. A travers les siècles, ils se sont divisés en trois branches qui ont pris trois noms différents. Pendant un certain temps, le vieux tronc a continué à vivre, dédaignant tout pouvoir, toute évolution. Les derniers Polaires Rose + Croix furent obligés de se retirer en Asie. Maintenant, les POLAIRES SE REFORMENT ET REVIENNENT SUR LA SCENE DU MONDE.

Or, que se passe-t-il en Allemagne en 1929 ? Hitler, le « favori » du groupe Thulé, le disciple de Hörbiger et de ses théories de la GLACE, est en train de remporter un immense succès auprès des foules, et, bientôt, le 14 septembre 1930, cent sept députés nazis entrent au Reichstag. La croix gammée étend son ombre sur l'Allemagne, centre de l'Europe et pôle mystique d'innombrables sociétés secrètes. Mais, pour les Polaires, il s'agit de faire vite :

« Car les temps sont proches, disent encore les sages, où les verges de feu frapperont à nouveau certains pays de la Terre, et il faudra alors reconstruire tout ce que la soif de l'or et l'égoïsme de l'homme auront contribué à détruire. »

On pense immédiatement à la Seconde Guerre mondiale et à son cortège de catastrophes, et cette prédiction n'est pas la moins inquiétante.

Les sages qui dictent ces conseils sont, selon leurs propres dires, au nombre de trois. Ils s'intitulent eux-mêmes les « trois petites lumières », par rapport aux grandes lumières que sont les BODHISATTVA et qui participent de l'illumination suprême du Soleil noir. A la tête de ces « trois lumières » serait placé un « chevalier sage », un Occidental — retenons bien ce mot — qui s'appelle lui-même CELUI QUI ATTEND... Le pouvoir temporel, sans doute (estimerons-nous), afin de réunir dans ses mains le glaive de l'action et le glaive de l'esprit. Hitler, en tout cas, n'agira pas autrement, en se proclamant le chevalier de la nouvelle Allemagne destiné à instaurer un règne de mille ans.

C'est pourtant à Paris que se noue l'intrigue. De hautes personnalités bien connues des milieux ésotériques mordent à l'hameçon et s'enthousiasment pour les Polaires et leur « oracle de force astrale ». Parmi ces occultistes distingués, on retrouve les noms de René Guénon, champion de la GRANDE TRADITION HYPERBORÉENNE, Jean Marqués-Rivière et Fernand Divoire, alors directeur d'un très grand quotidien parisien. Si l'on ajoute à ce triumvirat le nom de Maurice Magre, l'écrivain inspiré et le chantre de l'épopée cathare, nous aurons fait un panorama complet des personnages plus ou moins compromis avec le groupe qui nous intéresse.

Les choses ne devaient pas en rester là, puisque M. A... décida de révéler dans un livre une partie du message des Polaires. A cette fin, il adopta le pseudonyme de Zam Bothiva et publia, sous le titre significatif d'Asia mysteriosa, le contenu de ses méditations. Fernand Divoire, Jean Marqués-Rivière et Maurice Magre fournirent tous les trois d'élogieuses préfaces. Il est intéressant d'en citer quelques extraits :

Pour Maurice Magre :

« L'existence de cette confrérie qu'on a appelée tour à tour l'Agartha et la Grande Loge blanche est connue depuis bien longtemps, sans qu'elle soit cependant prouvée par ces « preuves matérielles » dont est avide l'esprit occidental. C'est pour l'atteindre qu'Apollonius de Tyane (cet initié du Soleil) se rend dans l'Inde, dans ces montagnes « où les arbres ont des pommes de couleur bleue, comme le calice de l'hyacinthe ». C'est d'elle qu'il reçoit la mission pour laquelle il parcourt les rivages de la Méditerranée et qui lui fait dire : « Je me souviens toujours de mes maîtres et je voyage à travers le monde, enseignant ce que j'ai appris d'eux. » Christian Rosenkreutz, dont on ne sait presque rien, si ce n'est qu'il est allé chercher en Orient le message de vérité, semble ne s'être mis en marche de son monastère d'Allemagne que pour communiquer avec les maîtres, dont il connaissait l'existence par une ancienne tradition et dont il rencontra les envoyés à Damas. »

Et Jean Marques-Rivière déclare pour sa part au sujet du retrait des « maîtres en Orient » et de leur retour possible :

« Il est dit par une tradition constante que les derniers représentants de ces centres occidentaux, dont l'aspect extérieur a été souvent décrit sous le nom de ROSE+CROIX, s'enfuirent en Orient à cette époque XVIIIe siècle) ; il est dit également qu'ils s'établirent en Asie centrale abandonnant « pour un temps », l'Europe à sa misère. »

Et l'écrivain s'interroge : « Le temps est-il révolu ? »

Asia Mysteriosa paraît en 1929. A la même date s'installe à Berlin un moine tibétain surnommé « l'homme aux gants verts », par allusion à l'énigmatique « Société des Verts » à laquelle il aurait appartenu. Ce lama, qui rencontra plusieurs fois Hitler, annonça avec une étonnante précision le nombre de députés nazis devant être élus au Reichstag. « L'homme aux gants verts », chuchotait-on parmi les « initiés » hitlériens, était un envoyé de l'Agartha. Le réseau qui devait couvrir l'Europe commence dès lors à se tisser. [..]

Les Polaire doivent travailler activement à préparer la venue de l'ENVOYÉ : « Travaillez avec acharnement et ténacité jusqu'à ce que vous connaissiez « Celui qui attend »... Aujourd'hui il est inconnu et lointain, mais demain ce sera un GRAND de par la volonté du Très-Haut. » (En 1925, Hitler, inconnu en France, purge une peine de prison dans la forteresse de Landsberg.)

« Il ne pouvait pas y avoir de doutes possibles, affirme Zam Bothiva : l'homme envoyé par l'Inconcevable et Celui qui attend » étaient deux définitions de la même entité. »

Zam Bothiva et ses amis brûlaient de connaître « homme providentiel ». Il leur fut répondu simplement : « Beaucoup et beaucoup de lunes passeront avant que vous ne rencontriez Celui qui attend.» Évidemment, ON NE POUVAIT PAS DÉVOILER L'IDENTITÉ DU MAÎTRE.

Les « trois petites lumières » du Tibet voulurent bien préciser, toutefois, que Celui qui attend ne serait pas le futur MANU de l'humanité. Expliquons-nous : en théosophie le MANU est « l'intelligence qui doit présider au prochain cycle humain et lui donner sa loi » et qui, dans aucun cas, ne saurait être un homme.

Il ne s'agirait donc que d'une « petite lumière », terme qui s'applique exactement à l'« initié » Adolf Hitler, « guide de la race aryenne pour le présent cycle ». [...]

Après la publication de ce livre (Asia Mysteriosa), il ne restait plus qu'à organiser la « secte » autour de la révélation oraculaire : ce qui fut fait.

Zam Bothiva devint le chef du groupe très fermé des Polaires, les douze articles des statuts véritables restèrent secrets « à cause de leur caractère ésotérique ». Pour être Polaire, il fallait être possesseur des « vibrations rouges », seules susceptibles d'établir la communication avec l'oracle du Tibet, c'est du moins ce que laissait croire le guide de la « Fraternité ».

On choisit également, ainsi le voulait l'oracle, un grand maître de l'ordre secret... Le premier à occuper ce poste fut un prélat de haut rang, camérier secret de Pie XI et Polaire de la première heure. Cet ecclésiastique peu orthodoxe eut une très belle carrière, puisqu'il finit à la Curie romaine. Ce que l'histoire officielle ne dit pas, c'est qu'il portait, sous l'habit rouge de cardinal, une croix gammée en sautoir.

Lui succéda un évêque de l'Église cathare et gnostique et enfin un prince cambodgien très versé dans la magie.

Ajoutons, pour en terminer, que Zam Bothiva, très porté vers le catharisme, explora le château de Montségur dans l'espoir secret d'y retrouver le Graal ; il était accompagné d'une dame affiliée à l'Église gnostique, descendante de l'albigeoise Esclarmonde de Foix. Le fondateur de la Fraternité des Polaires rencontra-t-il Otto Kahn, cet envoyé du sacré collège hitlérien », lors de son voyage dans le pays cathare ? Nous ne saurions l'affirmer, quoique la chose n'ait rien d'invraisemblable si l'on songe que Rahn était un ami de l'instituteur Gadal, spécialiste du catharisme ésotérique, et membre de la Rose+Croix (2), initiation dont se réclamaient les Polaires. Les Pyrénées et le château de Montségur auraient été dans ce cas un lieu de rencontres mystérieuses entre les diverses mailles du filet occulte qui se resserrait sur l'Europe sous le signe de la croix gammée. »

Jean-Michel Angebert


(1) "La « Rose + Croix d'or », pour être précis, affiliée à la Golden Dawn britannique", ajoute Jean-Michel Angebert.

Un maître de la Rose-Croix d'Or, Jan van Rijckenborgh (1896-1968), est l'auteur de Lumière sur le Tibet. Lumière sur le Tibet est un texte écrit par un iconoclaste qui n'hésite pas à démolir le mythe du Tibet, pays sacré de prétendus maîtres bienveillants et protecteurs de l'humanité des fables théosophistes. Jan van Rijckenborgh n'est pas un provocateur en mal de publicité. Il est crédité d'une étonnante faculté de clairvoyance, l'éclairage qu'il apporte sur le Tibet semble sincère. Toutefois, Rijckenborgh a recours à une phraséologie ésotérique qui déconcertera les personnes qui ne se sont pas familiarisées avec ce genre d'écrits. En réalité, Lumière sur le Tibet ne s'adresse pas à un large public, c'est un document interne, dactylographié et ronéocopié (le Ronéo est l'ancêtre de la photocopieuse).

Bouddhisme tibétain et nazisme, le cas Jean Marquès-Rivière :

dimanche, octobre 21, 2012

SIAL, mon cancer !




Le Salon international de l'agroalimentaire (SIAL) s'ouvre aujourd'hui à Paris (du 21 au 25 octobre). Il est boycotté par l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA) qui ne digère pas une nouvelle taxe sur la bière.

Des scientifiques ont démontré le rôle de l'alimentation dans la genèse de nombreux cancers et de beaucoup de maladies. Ce n'est pas une simple taxe sur la bière qu'il faut imposer aux industriels de l'agroalimentaire, un gouvernement légitime (du peuple par le peuple) leur aurait présenté la facture de toutes les maladies occasionnées par la malbouffe.

Il y a quelques mois, sans doute sous la pression du lobby agroalimentaire, la Commission européenne a proposé de lever partiellement (pour commencer) l'interdiction des farines animales.

Souvenez-vous, les farines animales étaient responsables de la maladie de la vache folle. « Spielberg ou Stephen King n'auraient pas fait mieux, écrit le docteur Frédéric Saldmann. Exercice pratique pour une science-fiction qui tourne au reality show : imaginez un minuscule détail capable de créer une menace qui toucherait tout le monde. Par exemple, tout le monde mange du bœuf. Imaginez une contamination, mortelle pour l'homme, de la viande de bœuf par un agent infectieux virulent. Par exemple, un prion. Faites le lien avec une maladie connue sous un nom savant, Creutzfeld-Jakob. Une maladie horrible, qui transforme notre cerveau en éponge. Une maladie sans traitement ni vaccin. Une maladie que les médecins ne savent même pas détecter avant son apparition. C'est-à-dire avant qu'il ne soit trop tard. Une maladie qui vous condamne à mort sans autre forme de procès.

Évoquez la menace d'un lien probable entre cette maladie et la consommation de viande de bœuf. Entre l'horreur et le quotidien. Racontez alors comment l'homme a rendu les vaches cannibales en les nourrissant de farines animales. Mais, direz-vous, pourquoi rendre ces gentils herbivores complètement carnivores ? Pour une très bonne raison : les protéines des farines animales accroissent la production de lait de la vache. Notre brouteuse d'herbe donnait en moyenne 2 500 kg de lait par an. Elle atteint 5 000 à 7 000 kg de lait par an avec une alimentation complémentée en protéines. Expliquez enfin comment les farines animales sont faites à partir de ce qui reste des carcasses de mouton et de bœuf une fois que le boucher s'est servi. La part de l'équarrisseur qui a trouvé là un moyen judicieux de se rembourser du service qu'il rend gratuitement à la communauté en la débarrassant de ses déchets de boucherie et des animaux morts de vieillesse ou — c'est là où le bât blesse — de maladie. Faites une parenthèse technique pour expliquer que, dans l'idéal, ces farines devraient être chauffées pendant vingt minutes à une température d'au moins 133° C et sous une pression de trois bars, le triple de la pression atmosphérique normale, pour être sûr de les stériliser à fond. Évoquez alors les problèmes de chauffage de nos voisins anglais. Ils ont distribué aux vaches européennes des farines mal chauffées, infectées par les prions de l'ESB, l'encéphalopathie spongiforme bovine, imitation bovine de la tremblante du mouton. Une maladie qui se caractérise par une dégénérescence du système nerveux et que les vétérinaires connaissent depuis deux siècles et demi. Concluez en disant : « C'est ainsi que les vaches sont devenues folles. »

Un trait de génie, ce nom de « vaches folles ». Car, si c'est le bœuf qui nous rendra tous fous, c'est la vache folle qui nous a tous affolés. La brave vache de nos prairies, figure débonnaire et rassurante de notre imaginaire agricole. Celle que nous avons tous gardée ensemble. La vache nourricière qui nous prodigue son lait, nous donne ses veaux, et, un peu plus loin, la viande de bœuf. Car la vache n'est pas un animal d'abattoir. C'est une brave bête que nous n'avons pas besoin de tuer pour obtenir de quoi manger. L'animal écologique par excellence. Et voilà que l'homme l'a rendue malade et folle au risque de devenir malade et fou lui-même. »


Dr Frédéric Saldmann, Les nouveaux risques alimentaires. 









samedi, octobre 20, 2012

La récupération individuelle





Peut-il exister une société vraiment juste ? Je ne sais, je me contente de l'espérer. Ce que je sais, par contre, c'est que la nôtre a érigé l'injustice en système. Comment peut-on oser parler de justice alors qu'il existe des riches et des pauvres et que la loi, ainsi que les tribunaux, s'efforcent de préserver les privilèges des premiers ? Comment peut-on oser punir de prison les menus larcins alors que notre système social et économique repose sur l'exploitation de l'homme par l'homme ? De quel droit appelle-t-on délit le fait de soustraire un objet, et honnête activité le fait de ne pas payer à son prix normal le travail d'un ouvrier ? La sueur de l'homme et son ennui devant la machine vaudraient-ils moins que ce qu'il produit ?

Dois-je avouer que, personnellement, lorsque je lis dans mon journal qu'un cambrioleur d'occasion a réussi à dérober dans un luxueux appartement un tableau de maître, des bijoux et des fourrures, j'ai tendance à penser qu'il n'a fait que procéder à une sorte de récupération ? (La reprise individuelle d'Élisée Reclus) Ce que je n'aime pas, par contre, c'est que les pauvres se volent entre eux, mais, malheureusement, c'est ce qui se produit le plus souvent, car la fortune des riches, comme tout ce qui est mal acquis, est trop bien gardée pour qu'on puisse s'y attaquer.

Que l'on ne vienne pas me faire un mauvais procès en me disant qu'il y a des riches honnêtes, qui ont amassé leur fortune peu à peu, à la sueur de leur front. Personne, par son seul travail, ne peut devenir vraiment et « honnêtement » riche. C'est en faisant trimer les autres et en ne rétribuant pas leur travail au prix qu'il vaut, ou en vendant des produits à un taux nettement supérieur à leur valeur, que l'on peut faire fortune. Comment appeler cela autrement que du vol ou de l'escroquerie ?

Oh, bien sûr, il y a des degrés et c'est sur ces nuances que joue le pouvoir en faisant croire à certains pauvres qu'ils sont riches et qu'ils auraient beaucoup à perdre dans un bouleversement politique. Ceux-ci s'accrochent alors à leur voiture, à leur maison de campagne ou à leur petit bateau que personne ne songe sérieusement à leur arracher.

La plus grande habileté des possédants consiste en effet à faire assurer leur protection par ceux qui sont en fait leurs victimes. (La justice n'est-elle pas d'ailleurs rendue officiellement au nom du peuple français, alors qu'elle s'exerce souvent contre lui ?)

Le respect pour la loi et les tribunaux constitue le stade le plus avancé de cette imposture. Dès le plus jeune âge, on apprend aux citoyens que la loi est toujours juste et que les tribunaux sont tous impartiaux. Or, il suffit d'un peu d'expérience et de réflexion pour s'apercevoir que c'est là une monstrueuse hypocrisie. Pourquoi une société fondamentalement injuste se doterait-elle d'institutions visant à sa disparition ? Pourquoi les privilégiés se suicideraient-ils collectivement ? La fameuse nuit du 4 août 1789 a montré qu'on ne renonce en fait qu'aux privilèges que l'on a déjà perdus.

Alors que faire ? Je pourrais, en tant qu'avocat, disserter longuement sur les réformes souhaitables ; parler, puisque c'est la mode, de la détention préventive, du secret de l'instruction ou de la législation sur les chèques sans provision. Mais je sais que l'on ne corrige ni ne répare une balance qui penche toujours du même côté, parce qu'elle a été construite précisément pour pencher de ce côté.

Mon livre, Les dossiers noirs de la justice française, n'a pas pour but de proposer les solutions qui permettraient d'arrondir les angles et de perpétuer tant bien que mal, quelque temps encore, le système. Il vise simplement à dénoncer ce système par des exemples précis, à dire et à répéter : « Voyez lucidement l'injustice là où elle se trouve, elle a le visage familier de votre vie de tous les jours. » Et si je pouvais ainsi contribuer, tant soit peu, à la montée de la légitime révolte de tous les brimés, de tous les humiliés, de tous les opprimés, j'en serais heureux.

Denis Langlois, Les dossiers noirs de la justice française.



Du 26 octobre au 4 novembre 2012, Denis Langlois participera au Salon du livre francophone de Beyrouth qui fête son vingtième anniversaire.

Le blog de Denis Langlois



vendredi, octobre 19, 2012

Coluche & le Coluchisme





Représentation unique au Gymnase. Le 30 octobre 1980, Coluche donne une « matinée » exceptionnelle, pour un parterre choisi. Il vient de s'asseoir derrière un guéridon posé sur le devant de la scène. Il porte sa salopette, mais pas le nez rouge. Il a ajouté à sa tenue une chemise à carreaux jaunes et noirs, un foulard et des mocassins jaunes. Coluche est en civil.

Il ne propose pas non plus son spectacle habituel. Ce qu'il a à dire aux journalistes, aux équipes de télévision qui occupent les premiers rangs, tient en peu de mots. Il est officiellement candidat à l'élection présidentielle. Il vient « semer la merde ». Précipiter sa « plaisanterie à caractère social » dans le débat national. (...)

A partir de la mi-octobre, la presse a publié les premières déclarations de Coluche. Trop caricaturales encore pour être tout à fait crédibles. « Les hommes politiques, c'est quatre mousquetaires des cinq doigts de la main : un pour tous, tous pourris ! » Le 29 octobre, Cavanna a fait paraître dans Charlie un entretien dans lequel le futur candidat expose ses motivations. « Je me présente pour tous ceux, affirme-t-il, qui subissent la politique, qui bossent toute leur vie, sont exploités jusqu'à la moelle, et n'ont que le droit de regarder de loin comment ça se passe (...). » Son programme ? « Faire un bras d'honneur à tous, aux malfrats de la droite, aux rigolos de la gauche. » Pour l'avoir trop attendue, il en veut d'ailleurs plus à la gauche qu'à la droite. Cavanna s'inquiète qu'on puisse détecter dans la croisade coluchienne des relents poujadistes. Coluche ignore toujours le sens de ce mot, et apprend l'existence, à cette occasion, de Pierre Poujade, parti en guerre, en 1956, contre l'impôt et l’État, avec, précise Cavanna, « un paquet de petits commerçants et de vieux fachos ». Leurs deux noms seront souvent réunis, dans les semaines à venir. Celui du gosse de Montrouge et celui du papetier de Saint-Céré.

« J'en ai rien à foutre, répond Coluche, j'étais pas né. J'ai pas besoin de Poujade pour savoir qu'en France, on ne demande qu'à bosser, mais (...) qu'on en a marre de payer des impôts pour nourrir des flics qui nous regardent comme si on était des étrons de chien et qui nous tapent sur la gueule. » Suit un rêve étrange : « Un flic, ça devrait être un pote qui te ramène à la maison quand il te trouve bourré dans la rue. (...) On devrait se dire : chouette, voilà le gars (...) qui va me dépanner, qui va me sourire et sécher mes larmes. Un flic, ça devrait être la Providence. » Cavanna opine, quand même dubitatif.

Coluche réaffirme qu'il s'adresse aux abstentionnistes, aux non-inscrits, aux mal-aimés du système électoral et social. Il devrait réaliser un score supérieur à 2 %. Au second tour, il conseillera à ses électeurs « d'aller tirer un coup ou d'aller à la pêche ». Il ne se désistera pas. Pas même pour le candidat socialiste. Cavanna s'inquiète encore : ne dit-on pas que cette candidature de la dérision serait « un moyen de diversion, un pipe-voix manipulé en sous-main » ? « Leurs magouilles, rien à foutre, tonne le candidat. Mon seul objectif : leur fourrer le doigt dans le cul à tous ! »

C'est encore un peu court. En dernière page de son numéro, Charlie publie l'appel solennel du candidat. Un « avis à la population », sur fond jaune, encadré de tricolore. « J'appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les tau-lards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus, tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques à voter pour moi, à s'inscrire dans leur mairie et à colporter la nouvelle. Tous ensemble pour leur foutre au cul avec Coluche ! » Un peu juste, toujours. Plusieurs journaux ont donné l'information, mais cette déclaration tonitruante et très libertaire fait, pour quelques heures encore, figure de blague.

Juste pour quelques heures, car le jeudi 30 octobre 1980, vers 15 heures, Coluche provoque le brusque réveil de la campagne électorale. Il est arrivé dans sa Buick 1956 — l'année du poujadisme — rouge et blanc. Paul Lederman a réuni la presse, des journalistes incongrus au théâtre : les spécialistes de la politique. Chez lui, sur sa scène, l'artiste s'est assis derrière le guéridon qui supporte quelques notes. « Je sais ce que vous voulez savoir: c'est sérieux ou c'est pour rigoler ? Aura ou aura pas les cinq cents signatures ? » Dès son entrée, Coluche fait rire la plus difficile des salles. En coulisses, Paul se frotte les mains. Ça prend !

« Je m'adresse à ceux qui ont voté à gauche pendant trente ans pour rien (...) Je m'adresse aussi à ceux qui ont voté à droite pendant trente ans pour rien non plus. Vous en connaissez, des promesses tenues ? » Il se présente pour « rappeler qu'on existe aux marchands d'espoir et de courants d'air ». Il invite à peu près tous les exclus à le rejoindre. Il sera le candidat « des faiseurs de patins à roulettes, des pédés, des nègres, des vieux qui ont une retraite de merde, des chômeurs qui sont un million et demi, des crasseux, des chevelus, des consommateurs de politique, ceux qui la subissent et pour qui on ne fait rien ». Comme prévu, Coluche brasse au plus large, à gauche, et à droite, loin derrière les partis de gauche et ceux de droite. Effectivement néo-libertaire et populiste, démagogue et généreux. Il renvoie, ce jour-là, tous les camps dos à dos. (...)

La plupart des commentateurs profitent du coup d'éclat de Coluche pour critiquer l'usure des institutions elles-mêmes, la rigidité de ce système présidentiel qui exclut de plus en plus de citoyens, les condamnant à des « candidatures de fantaisie ». Ces dernières sont déjà près d'une trentaine, dûment déclarées, dont celles de Michel Debré et de Marie-France Garaud. Aucune n'a soulevé le moindre intérêt. Le « coluchisme » naît, spontanément, parce que, comme le notera L'Express, « Coluche doit avoir une tête de symptôme ». Il a pointé son gros doigt sur la première tare de la démocratie formelle : son cynisme mathématique. (...)

Comme il est plus représentatif, plus percutant que l'ensemble des « petits candidats » réunis, Coluche sert de pôle à une analyse sans complaisance pour cette Ve République apparemment exsangue. Tous les titres, quelle que soit leur tendance, y vont de leurs éditoriaux. « L'exécutif règne sans partage, écrit Edmond Bergheaud dans Le Figaro. Si bien que le citoyen moyen estime n'avoir d'autre moyen de contester l'omnipotence du pouvoir que de rechercher d'autres intermédiaires, quitte à tomber sur un Coluche. » Dominique Jamet, dans Le Quotidien de Paris : «Malheur aux petits partis en voie de constitution ou d'extinction ! Malheur aux pauvres ! Malheur aux individus ! Est désormais décrété marginal dans la vie politique tout ce qui n'appartient pas aux grandes formations. Tout a été délibérément, froidement, cyniquement organisé pour assurer la perpétuation de la bande des quatre .» (...)

Les experts en communication politique assurent désormais que Coluche, malgré l'intervention du C.I.C. (le Centre d'Intervention Civique hostile à la candidature de Coluche), et les inévitables pressions préfectorales, n'aura aucun mal à recueillir ses cinq cents signatures. D'autant qu'il a été rejoint, dès le début du mois de novembre, par une poignée d'intellectuels et que cela fait aussi quelque bruit dans Landerneau. Maurice Najman a ramené, un soir, rue Gazan, Félix Guattari, l'homme de l'antipsychiatrie, l'auteur, avec Gilles Deleuze, de L'Anti-Œdipe. Le philosophe de l'après-68, sympathisant des « autonomes » italiens jusqu'à l'assassinat d'Aldo Moro, favorable à la dépénalisation du haschisch, trouve immédiatement, à travers Coluche, l'exutoire de ses dernières désillusions politiques. En adhérant spontanément à un phénomène confus, que Coluche croit être encore une plaisanterie, l'intellectuel ne peut s'empêcher de parer cette campagne au nez rouge d'une dimension dialectique.

« Dans ce que j'appelle la révolution moléculaire, explique-t-il, les luttes de désir, comme on voudra, les gens ne se séparent pas forcément en droite et gauche. Les chauffeurs de taxi, le bistrot sont pour Coluche? Le degré zéro du politique n'est pas forcément stupide. Il révèle quelque chose. Déjà, du temps de la gauche prolétarienne, au début des années soixante-dix, les petits commerçants et les révolutionnaires s'étaient retrouvés. Coluche est un homme de média, un professionnel. A côté de lui, Marchais et Mitterrand sont des amateurs. Ce mouvement un peu populiste, il vaut mieux le voir à gauche qu'à droite. Autrement, c'est le fascisme. Aider Coluche, c'est ce qu'on peut faire de moins con. » Les copains de Coluche comprennent de ce raisonnement un peu hautain que le psychanalyste se dévoue pour faire contrepoids à Gérard Nicoud. Renvoyer le plateau de la balance à gauche. Ils sont plutôt pour. Coluche n'a rien à y redire : il est, comme il le répète, « une boîte vide », et la remplit à peu près qui le souhaite. Mais sa première rencontre avec l'intellectuel laissera quelques souvenirs amusés, rue Gazan. « Je pige pas tout ce que tu dis, a répondu Coluche, mais je suis d'accord. Amène tes potes. »

Félix Guattari amène ses potes. Gilles Deleuze, bien sûr, mais aussi le sociologue Pierre Bourdieu, les universitaires Gérard Soulier et Jean Chesneaux ; Maurice Nadeau, Jean-Pierre Faye. Un soir, Yves Lemoine, membre du syndicat de la magistrature, vient dîner lui aussi. « Je n'en reviens pas, lâche Coluche, un juge... qui condamne. » Le juge se lance dans un beau discours : « Coluche, comme d'autres, a vocation de représenter le pays. Tout le problème avec sa candidature est de savoir si le pays réel l'emportera ou non sur le pays légal tel qu'on le trouve notamment dans la réglementation qui préside à l'élection du président de la République .» Les copains, à table, se regardent. Coluche devrait s'énerver, ou pousser son fameux « cri du cochon ». Or, le candidat ne bronche pas. Il opine, gravement, de la tête. Pour l'ironie, il sera toujours temps. Il a décidé de respecter tous ceux qui viennent à lui. Mais les plissements de son front laissent deviner un gros rire intérieur.

Il est aussi flatté, au fond. Lui, l'exclu du certif, le théoricien de l'anticulture, reçoit à sa table le Gotha de l'intelligentsia parisienne. Il vient de s'offrir des conseillers bardés de diplômes, des auteurs de livres qu'il ne lira jamais. Ces déçus des utopies refont, rue Gazan, la révolution, pour se consoler de la défection de Michel Rocard, de l'agonie du P.S.U., de leur jeunesse perdue. Il faut fédérer les comités, assurent.ils, lancer un journal, organiser un gala au Larzac. Pourquoi ne pas servir, clés en main, à Coluche un groupuscule néo-gauchiste ? Celui-ci refrène leur fougue d'adolescents retrouvée.

Philippe Boggio, Coluche.


C'est l'histoire d'un môme né en 1944. Déjà, en classe, il fait rire les copains parce qu'il tient tête à l'instituteur.
Ensuite, c'est l'histoire d'un mec qui tire sur tout ce qui dépasse, bouscule les tabous, ridiculise les bourgeois, les beaufs et les princes.
C'est, aussi, l'histoire d'un acteur qui nous fait pleurer avec Tchao Pantin. Bouleversant de vérité, il offre au personnage de Lambert sa propre fragilité, sa souffrance de la drogue et de l'alcool.
C'est, enfin, l'histoire d'un homme qui luttera sans relâche contre l'intolérance et la bêtise. Avec la plus efficace des armes : la dérision. Et parce qu'il n'oublie pas qu'il a connu la dèche, il se lance dans la plus généreuse des aventures : les Restos du Cœur...
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