dimanche, avril 26, 2009

La magie du Bouddha

Courriel de B. :
Je vous envoie ce message pour vous demander quelques pistes à suivre, parce que voyez-vous, je suis tout frais émoulu d'une session Vipassana il y a environ 2 mois, et depuis je pratique la méditation (anapana puis vipassana) quasiment quotidiennement: ça me fait un bien fou je dois avouer, mon esprit est bien plus clair qu'avant (sans doute du fait aussi que j'ai arrêté de picoler...) et une détermination certaine naît en moi, alors que jusqu'ici j'étais d'un caractère plutôt hésitant... Bon je ne suis pas là pour vous vendre la soupe «vipassanesque», mais je voulais simplement savoir comment se protéger des malfaisants invisibles (vous en parlez dans certains posts), et savoir ce que vous pensez de la technique de méditation vipassana enseignée par Goenka.

Le Théravada, le bouddhisme des Ancien, se targue de préserver le véritable enseignement du Bouddha. D’après cette école, la libération de l’esprit nécessite l’application de trente-sept éléments faisant partie de l’Eveil, à savoir les sept facteurs suivants :

- les 4 bases de la présence d’esprit (Satipatthâna) ;
- les 4 efforts parfaits (Padhâna) ;
- les 4 voies pour parvenir au pouvoir supranormal (Iddhi-pâda) ;
- les 5 facultés spirituelles (Indriya) ;
- les 5 pouvoirs (Bala) ;
- les 7 facteurs de l’Eveil (Bojjhanga) ;
- la voie octuple (Magga).

La première catégorie, Satipatthâna, est bien connue des personnes qui pratiquent la méditation et s’efforcent de maîtriser la présence d’esprit. L’observation du corps, des sensations, de l’esprit, des phénomènes mentaux constituent les quatre bases de la présence d’esprit (Satipatthâna). Elles sont combinées avec des exercices respiratoires. La méditation préconisée par le Théravada est plus exactement un développement mental (Bhâvanâ) qui doit augmenter la connaissance transcendante. Le Bhâvanâ développe la tranquillité de l’esprit (samathabhâvana) et la vision supérieure (vipassânabhâvanâ). Samatha, la tranquillité d’esprit, peut culminer avec les absorptions méditatives (samadhi). La concentration (samadhi) est la condition fondamentale de la vision intérieure profonde de la nature réelle de tous les phénomènes physiques et mentaux (vipassâna).

Vipassâna, qui est au cœur de la formation monastique du Théravada, n’est rien de moins que la sagesse qui permet d’atteindre les fruits du nibbhana (nirvana) et l’extinction des «feux» des Trois Poisons, la cessation de la souffrance par la cessation de la haine, de la convoitise et de l’illusion.

Dans la réalité, les figures les plus illustres du monachisme du Sud-est asiatique, où s’est développé le Théravada, n’incarnent pas toujours le détachement enseigné par le Bouddha Gautama. Certains religieux, en totale contradiction avec l’enseignement du Bouddha, sont des experts en magie et se livrent sans la moindre vergogne au commerce des talismans, onguents et philtres. Tous les monastères thaïlandais vendent des gris-gris.

Kunzang Namdjial, collectionneur d’amulettes et adepte du lamaïsme, a réuni une intéressante documentation sur les pratiques occultes du bouddhisme. Il écrit :

Un aspect surprenant et fascinant du bouddhisme thaïlandais tient à la croyance de la population thaïlandaise dans les pouvoirs magiques de certains de leurs maîtres et dans le fait que certains de ces maîtres se livrent parfois à toutes sortes de démonstrations de ces pouvoirs !
De nombreux maîtres fabriquent des amulettes ayant des pouvoirs variés (et parfois surprenants !), et les distribuent à leurs disciples ou les proposent dans la boutique de leur temple pour financer l'entretient du temple, ses agrandissements ou divers projets charitables. Egalement il existe des maîtres en magie "laïcs" qui se livrent à la même occupation. Il ne se passe pas en Thaïlande de semaine sans que plusieurs anecdotes en rapport avec les amulettes et les fantômes ne fassent la «une» des journaux nationaux. Il existe d'ailleurs une vingtaine de magazines spécialisés qui informent les collectionneurs sur les événements à venir (bénédiction d'un Temple, cérémonie, venue d'un grand maître...).
Ce monde est en grande partie caché et voire même interdit aux "farang" (les étrangers), il convient en effet d'avoir certaines connaissances pour comprendre et apprécier cet univers si spécial, où les miracles sont quotidiens et où l'extraordinaire est normal...

Le bouddhisme du Sud-est asiatique est imprégné d’occultisme. Ce constat remet en question l’efficacité de la pratique du développement mental (Bhâvanâ), qui comprend samatha et vipassâna. Le clergé théravadin, habile dans la commercialisation de la magie, fait douter de l’efficacité de la méditation. Malgré les efforts de certains enseignants comme Goenka, évoqué dans le courriel de B., il est difficile de croire que vipassâna ouvre obligatoirement les «portes» du nirvana aux maîtres bouddhistes et aux grands méditants.

Rappelons que Samatha, «chiné» en tibétain, peut introduire l’esprit à un état de clarté, de repos et de paix, et la pratique de vipassâna, «lhagtong» en tibétain, permet de reconnaître la nature même de l’esprit. Mais rien n’est acquis aussi longtemps que l’on n’a pas stabilisé la faculté de se «poser» quotidiennement dans la nature de l’esprit. La «connaissance» de l’esprit originel (la nature de l’esprit) est une expérience totalement non conceptuelle, libre de toute référence et de toute fabrication mentale. Elle se situe à un niveau différent des forces psychiques et des influences occultes. En accédant à cette dimension de l’esprit, le contemplatif se prémunit des aléas du spiritualisme décadent et des entités parasitaires. Mais les niveaux élémentaires de vipassâna ne protègent pas les méditants des dangers de l’occultisme.

Les maîtres théravadins, comme leurs homologues lamaïstes, jouissent d’un incontestable prestige auprès des populations, notamment dans les zones rurales. La pratique mécanique et routinière de la méditation ne les rend pas insensibles aux honneurs, à l’argent, à la séduction… Certains bonzes se comportent de la même manière que les sorciers. Ils se livrent à des actes dignes des sabbats du Moyen Age. Par exemple, des moines bouddhistes fabriquent une répugnante «huile» magique. Un reportage thaïlandais montre le rituel de récupération de cette «huile», en réalité la graisse d’un nourrisson mort, qui permet de faire croître en puissance une sorte de spectre, un khuman thong. La pratique des khuman thong remonte à khunpen qui tua une femme enceinte. Il retira le fœtus de son ventre et décida, à l’aide de la magie, d’en faire une entité soumise qui doit combler son propriétaire en lui assurant le bonheur matériel et affectif.

Voir la vidéo (déconseillée aux âmes sensibles) :
http://www.youtube.com/watch?v=dh-h7lx_j7E

Le site de Kunzang Namdjial est particulièrement informatif en matière de bouddhisme ésotérique. Les surprenantes pratiques magiques des moines théravadins y sont largement exposées :
http://magiedubouddha.com/

Voir aussi les biographies des maîtres théravadins :
http://magiedubouddha.com/p_thai-venerables.php

Dans son courriel B. exprime son désir de connaître des pistes à suivre pour ne pas trop se fourvoyer dans la mouvance spiritualiste.
La traduction de Tchouang-tseu par Jean Lévi, intitulée «Les Œuvres de Maître Tchouang», éditions de l’Encyclopédie des Nuissances, ne le décevra pas. Deux autres livres écrits par Jean-François Billeter apportent une intéressante approche de la pensée du philosophe chinois : «Etudes sur Tchouang-tseu» et «Leçons sur Tchouang-tseu». Les deux livres de Billeter sont édités par Allia.
« Tchouang-tseu conteste, dénonce, bouscule, provoque et détruit. Mais d’une destruction qui prépare à une reconstruction dont il donne aussi le secret.
De tous les penseurs chinois Tchouang-tseu est celui dont on peut dire qu’il a le plus réfléchi et mené une recherche philosophique en tant que celle-ci concerne la possibilité ou non d’établir une vérité et éventuellement de persévérer dans cette recherche. Il met en question les codes de base du langage et du savoir en montrant qu’ils sont inconscients, et entachés d’arbitraire. Il remet en cause les structures mentales nécessairement communes à un ensemble social pour qu’il y ait communication, non pas en les balayant, car il s’en sert pour s’exprimer, mais en revendiquant pour l’esprit la liberté de s’en dégager dans une activité de production dynamique inépuisable et quasi informelle. »
Isabelle Robinet, «Comprendre le Tao», éditions Albin Michel.





La photo montre un khuman thong

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