jeudi, août 04, 2011

Les Templiers



Les Templiers était l'ordre de chevalerie le plus mystérieux du Moyen Age (au point qu'il donne lieu, aujourd'hui, à une mythomanie templière).

En apparence, son histoire ne le distingue pas des autres ordres de l'époque. Il est fondé en 1118 par Hugues de Payns et huit chevaliers, tous ayant participé à la croisade de Godefroy de Bouillon. L'ordre devient une gendarmerie de Terre sainte, protectrice des pèlerins, ce qu'indiquera son sceau deux chevaliers (dont un pèlerin) sur un même cheval. Le roi de Jérusalem Baudouin II établit ce noyau de l'ordre dans un palais attenant au site de l'antique temple de Salomon ; d’où le nom de l'ordre. C’est en 1128 que les templiers apparaissent, au grand jour politique, quand saint Bernard codifie leur règle. L'ordre comporte des castes : chevaliers (nobles obligatoirement), écuyers (les sergents), frères lais (les soldats), chapelains et prêtres.

Dès les origines, des corporations de francs-maçons et de constructeurs de ponts seront adjointes à l'ordre - dont les forteresses deviendront fameuses, car inexpugnables et bien reliées. Après la chute de l’ordre, la franc-maçonnerie et le compagnonnage prolongeront à leur façon le mystère templier auquel ces ordres ouvriers avaient participé. Le Grand Maître, élu, avait rang de prince. Les templiers adoptèrent la mode arabe de l'étendard ; le leur, blanc et noir, se nommait le « Beauséant ». Bien avant la chute de Saint-Jean-d'Acre qui consacra l'échec des croisades, les templiers s’étaient psychologiquement séparés des autres moines-chevaliers, voire de l’Église. Un ésotérisme avait germé dans l'âme de l'ordre, reliant celui-ci à un centre-Dieu (un épicentre de forces cosmiques) ; et cela poussa les templiers à rechercher le dialogue secret avec leurs homologues ennemis... Ils eurent des contacts prolongés avec le « Prince de la Montagne », c'est-à-dire le chef des Druzes - et non, sans doute, avec le « Vieux de la Montagne », chef de la secte des Assassins. Sur ce point, les historiens ont fait une regrettable confusion. Les Assassins, fanatiques musulmans, étaient volontiers des « tueurs politiques », exécutant (sous l'influence du hachisch) des personnalités qui déplaisaient à leur chef. Les templiers ne se seraient pas commis avec ce « milieu », sauf pour ce qui concerne le Baphomet... Ils eurent sans doute aussi des contacts avec les Derviches. Leur attitude vis-à-vis de la divinité de Jésus et du symbolisme de la Croix, négative, est la preuve d'une imprégnation musulmane et druze.

Très mystérieux, leur Baphomet fut la clef d’un ésotérisme temporel qui fera d’eux, dès le séjour en Orient, des maîtres de la «haute banque ». D’où reçurent-ils ce rituel – nettement satanique en essence ? La piste la plus immédiate mène à la secte irakienne des « Adorateurs du diable » - sorte de sorcellerie arabe, vouée au Shaïtan (Satan) ; une autre, aux Assassins. Toutefois, la première secte n’a jamais pratiqué cette «initiation satanique » si spéciale qui doit attirer vers son bénéficiaire l’« argent satanique » ; la seconde, par contre, s’est prolongée dans les temps modernes par une secte mystique financière celle de l'Aga Khan, secte pakistanaise - et la plupart de ses affidés sont des marchands ou des banquiers. Il y a là une piste. L’ésotérisme de l'argent, connu déjà à Carthage, comporta en certaines sectes, en plus de rites secrets, l'acte sexuel anal. Ce qui fut reproché. aux templiers, lors de leur procès... L'argent, comme l'a démontré Freud, est de nature « anale » (un engrais) encore qu'il soit imprudent de considérer toute forme d’argent comme telle. Et il est exact que l'érotisme anal a été le moteur rituel d’une louche « initiation marchande », au sein de civilisations ploutocratiques. En somme, les templiers auraient réalisé le tour de force de marier Dieu et Satan, en vue d'assurer à la longue un ordre politique sans fanatisme religieux, très réaliste (car soucieux de l’économique) et regroupant les peuples, de la Mésopotamie à l’Espagne - comme avant l'apparition des religions monothéistes qui les séparèrent. Il se peut qu’à la fin il ne soit resté au Temple que les mystères du Baphomet, après perte du contact avec le centre-Dieu qui avait longtemps télécommandé ses destinées. En ce cas, sa destruction devenait fatale. Mais il se peut aussi que les templiers furent exterminés parce qu’ils contestaient Jésus et minaient sourdement l'ordre féodal et royal de l’Europe.

Si le Temple se survécut en pays ibériques sous la forme d'ordres de chevalerie combattants (sur mer et sur terre), mais sous des dénominations dérivées, il semble qu’une fraction de son état-major secret se fixa en Angleterre et s’y recycla en une synarchie. Vengeresse, celle-ci aurait poussé le roi anglais à la guerre de Cent Ans - un inexpiable génocide ! Et l’or fameux, introuvable, des templiers aurait servi à financer cette atrocité et à la prolonger indéfiniment. Ce que laissent entendre les traditions du compagnonnage (Raoul Vergez...).

Jean-Louis Bernard



Des templiers à la franc-maçonnerie

Peut-on établir une filiation directe ou indirecte entre l’Ordre du Temple et la Francs-maçonnerie ? Pourquoi la littérature maçonnique fait-elle l’impasse sur cette transmission ? Jacques Rolland nous propose, dans ce remarquable essai, fruit d’innombrables recherches, une étude sur la lente émergence de la maçonnerie à partir du phénomène templier. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, alors que l’on croyait l’Ordre du Temple disparu dans les flammes des bûchers, il allait essaimer plus largement encore qu’il ne l’avait fait de son vivant. Il léguait en héritage pour les siècles à venir ses idéaux et ses valeurs. Si la cathédrale des tailleurs de pierres est gothique, elle est plus encore Templière, pour avoir mis les hommes debout et en état de marche, car la véritable mission que s’étaient donnés les Templiers n’était-elle pas justement de provoquer une révolution sociale et économique ? L’héritage, telle une pierre précieuse, se retrouve entre les mains des Francs-Maçons. Et c’est pourquoi « Son nom fut autre et le même pourtant ».


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Jacques Rolland est reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes français de l’Ordre du Temple. Il est l’auteur d’ouvrages de référence sur ce sujet : "L’Ordre Noir des Templiers", aux éditions Traditionnelles, "Les Templiers du Troisième Cercle", aux éditions Dervy, "L’Assassinat programmé des Templiers", aux éditions La Table d’Emeraude, "Les Grand Maîtres de l’Ordre du Temple", aux éditions Dervy et enfin, "Les Templiers – Les Archives secrètes du Vatican", et "Le véritable trésor des Templiers", aux éditions Trajectoire.

Photo :
Une boutique propose aux Francs-Maçons tout le nécessaire en décors maçonniques pour eux-mêmes ou leurs ateliers, notamment cette cape avec une croix templière au prix de 85 euros.


mercredi, août 03, 2011

Métaphysique de la conspiration




Les sites conspirationnistes traitent rarement de la véritable nature de la subversion qui détruit partout les sociétés traditionnelles pour instaurer un nouvel ordre mondial contre-traditionel.

Le thème du règne de la contre-tradition a été développé par René Guénon. Cet auteur, initié à l'ésotérisme islamique, est écarté par les conspirationnistes d'extrême-droite viscéralement islamophobes.

L'islam, en dépit de l'acculturation de beaucoup de fidèles et la disparition des oulémas qualifiés, demeure un obstacle au règne absolu de la contre-tradition. (Toutefois, des pratiques cultuelles barbares, toujours exotériques, comme l'abattage rituel des animaux, doivent être dénoncées. LIRE « L'abattage rituel » :

L'antitration (première phase à l'avènement de la contre-tradition) "a eu son expression la plus complète dans le matérialisme qu’on pourrait dire «intégral» tel qu’il régnait vers la fin du siècle dernier (XIXe siècle) ; quant à la «contre-tradition», nous n’en voyons encore que les signes précurseurs, constitués précisément par toutes ces choses qui visent à contrefaire d’une façon ou d’une autre l’idée traditionnelle elle-même.

Nous pouvons ajouter tout de suite que, de même que la tendance à la «solidification», exprimée par l’«antitradition», n’a pas pu atteindre sa limite extrême qui aurait été véritablement en dehors et au-dessous de toute existence possible, il est à prévoir que la tendance à la dissolution, trouvant à son tour son expression dans la «contre-tradition», ne le pourra pas davantage; les conditions mêmes de la manifestation, tant que le cycle n’est pas encore entièrement achevé, exigent évidemment qu’il en soit ainsi; et pour ce qui est de la fin même de ce cycle, elle suppose le «redressement» par lequel ces tendances «maléfiques» seront «transmuées» pour un résultat définitivement «bénéfique» […].

D’ailleurs, toutes les prophéties (et bien entendu, nous prenons ici ce mot dans son sens véritable) indiquent que le triomphe apparent de la «contre-tradition» ne sera que passager et que c’est au moment même où il semblera le plus complet qu’elle sera détruite par l’action d’influences spirituelles qui interviendront alors pour préparer immédiatement le «redressement» final (1) ; il ne faudra, en effet, rien de moins qu’une telle intervention directe pour mettre fin, au moment voulu, à la plus redoutable et à la plus véritablement «satanique» de toutes les possibilités incluses dans la manifestation cyclique ; mais sans anticiper davantage, examinons un peu plus précisément ce que représente en réalité cette «contre-tradition».

Pour cela, nous devons nous reporter encore au rôle de la «contre-initiation»: en effet, c’est évidemment celle-ci qui, après avoir travaillé constamment dans l’ombre pour inspirer et diriger invisiblement tous les «mouvements» modernes, en arrivera en dernier lieu à «extérioriser», si l’on peut s’exprimer ainsi, quelque chose qui sera comme la contrepartie d’une véritable tradition, du moins aussi complètement et aussi exactement que le permettent les limites qui s’imposent nécessairement à toute contrefaçon possible.

Comme l’initiation est, ainsi que nous l’avons dit, ce qui représente effectivement l’esprit d’une tradition, la «contre-initiation» jouera elle-même un rôle semblable à l’égard de la «contre-tradition»; mais, bien entendu, il serait tout à fait impropre et erroné de parler ici d’esprit, puisqu’il s’agit précisément de ce dont l’esprit est le plus totalement absent, de ce qui en serait même l’opposé si l’esprit n’était essentiellement au delà de toute opposition, et qui, en tout cas, a bien la prétention de s’y opposer, tout en l’imitant à la façon de cette ombre inversée dont nous avons parlé déjà à diverses reprises; c’est pourquoi, si loin que soit poussée cette imitation, la «contre-tradition» ne pourra jamais être autre chose qu’une parodie et elle sera seulement la plus extrême et la plus immense de toutes les parodies dont nous n’avons encore vu jusqu’ici, avec toute la falsification du monde moderne, que des «essais» bien partiels et des «préfigurations» bien pâles en comparaison de ce qui se prépare pour un avenir que certains estiment prochain, en quoi la rapidité croissante des événements actuels tendrait assez à leur donner raison.

Il va de soi, d’ailleurs, que nous n’avons nullement l’intention de chercher à fixer ici des dates plus ou moins précises, à la façon des amateurs de prétendues «prophéties»; même si la chose était rendue possible par une connaissance de la durée exacte des périodes cycliques (bien que la principale difficulté réside toujours, en pareil cas, dans la détermination du point de départ réel qu’il faut prendre pour en effectuer le calcul), il n’en conviendrait pas moins de garder la plus grande réserve à cet égard, et cela pour des raisons précisément contraires à celles qui meuvent les propagateurs conscients ou inconscients de prédictions dénaturées, c’est-à-dire pour ne pas risquer de contribuer à augmenter encore l’inquiétude et le désordre qui règnent présentement dans notre monde.

Quoi qu’il en soit, ce qui permet que les choses puissent aller jusqu’à un tel point, c’est que la «contre-initiation», il faut bien le dire, ne peut pas être assimilée à une invention purement humaine qui ne se distinguerait en rien, par sa nature, de la «pseudo-initiation» pure et simple; à la vérité, elle est bien plus que cela, et pour l’être effectivement il faut nécessairement que, d’une certaine façon, et quant à son origine même, elle procède de la source unique à laquelle se rattache toute initiation, et aussi, plus généralement, tout ce qui manifeste dans notre monde un élément «non-humain» ; mais elle en procède par une dégénérescence allant jusqu’à son degré le plus extrême, c’est-à-dire jusqu’à ce «renversement» qui constitue le «satanisme» proprement dit.

Une telle dégénérescence est évidemment beaucoup plus profonde que celle d’une tradition simplement déviée dans une certaine mesure, ou même tronquée et réduite à sa partie inférieure; il y a même là quelque chose de plus que dans le cas de ces traditions véritablement mortes et entièrement abandonnées par l’esprit, dont la «contre-initiation» elle-même peut utiliser les «résidus» à ses fins ainsi que nous l’avons expliqué (au chapitre 27 « Les résidus psychiques ») . Cela, conduit logiquement à penser que cette dégénérescence doit remonter beaucoup plus loin dans le passé; et si obscure que soit cette question des origines, on peut admettre comme vraisemblable qu’elle se rattache à la perversion de quelqu’une des anciennes civilisations ayant appartenu à l’un ou à l’autre des continents disparus dans les cataclysmes qui se sont produits au cours du présent Manvantara (2).

En tout cas, il est à peine besoin de dire que, dès que l’esprit s’est retiré, on ne peut plus aucunement parler d’initiation ; en fait, les représentants de la «contre-initiation» sont, aussi totalement et plus irrémédiablement que de simples profanes, ignorants de l’essentiel, c’est-à-dire de toute vérité d’ordre spirituel et métaphysique qui, jusque dans ses principes les plus élémentaires, leur est devenue absolument étrangère depuis que «le ciel a été fermé» pour eux (3).

Ne pouvant conduire les êtres aux états «supra-humains» comme l’initiation, ni d’ailleurs se limiter au seul domaine humain, la «contre-initiation» les mène inévitablement vers l’«infrahumain», et c’est justement en cela que réside ce qui lui demeure de pouvoir effectif; il n’est que trop facile de comprendre que c’est là tout autre chose que la comédie de la «pseudo-initiation». Dans l’ésotérisme islamique, il est dit que celui qui se présente à une certaine «porte» sans y être parvenu par une voie normale et légitime, voit cette porte se fermer devant lui et est obligé de retourner en arrière, non pas cependant comme un simple profane, ce qui est désormais impossible, mais comme sâher (sorcier ou magicien opérant dans le domaine des possibilités subtiles d’ordre inférieur) (4) ; nous ne saurions donner une expression plus nette de ce dont il s’agit: c’est là la voie «infernale» qui prétend s’opposer à la voie «céleste» et qui présente en effet les apparences extérieures d’une telle opposition, bien qu’en définitive celle-ci ne puisse être qu’illusoire; et comme nous l’avons déjà dit plus haut à propos de la fausse spiritualité où vont se perdre certains êtres engagés dans une sorte de «réalisation à rebours», cette voie ne peut aboutir finalement qu’à la «désintégration» totale de l’être conscient et à sa dissolution sans retour.

Naturellement, pour que l’imitation par reflet inverse soit aussi complète que possible, il peut se constituer des centres auxquels se rattacheront les organisations qui relèvent de la «contre-initiation», centres uniquement «psychiques», bien entendu, comme les influences qu’ils utilisent et qu’ils transmettent, et non point spirituels comme dans le cas de l’initiation et de la tradition véritable, mais qui peuvent cependant, en raison de ce que nous venons de dire, en prendre jusqu’à un certain point les apparences extérieures, ce qui donne l’illusion de la «spiritualité à rebours».

Il n’y aura d’ailleurs pas lieu de s’étonner si ces centres eux-mêmes, et non pas seulement certaines des organisations qui leur sont subordonnées plus ou moins directement, peuvent se trouver, dans bien des cas, en lutte les uns avec les autres car le domaine où ils se situent étant celui qui est le plus proche de la dissolution «chaotique», est par là même celui où toutes les oppositions se donnent libre cours, lorsqu’elles ne sont pas harmonisées et conciliées par l’action directe d’un principe supérieur, qui ici fait nécessairement défaut.

De là résulte souvent, en ce qui concerne les manifestations de ces centres ou de ce qui en émane, une impression de confusion et d’incohérence qui, elle, n’est certes pas illusoire et qui est même encore une «marque» caractéristique de ces choses; ils ne s’accordent que négativement, pourrait-on dire, pour la lutte contre les véritables centres spirituels, dans la mesure où ceux-ci se tiennent à un niveau qui permet à une telle lutte de s’engager, c’est-à-dire seulement pour ce qui se rapporte à un domaine ne dépassant pas les limites de notre état individuel (5).

Mais c’est ici qu’apparaît ce qu’on pourrait véritablement appeler la «sottise du diable»: les représentants de la «contre-initiation», en agissant ainsi, ont l’illusion de s’opposer à l’esprit même auquel rien ne peut s’opposer en réalité; mais en même temps, malgré eux et à leur insu, ils lui sont pourtant subordonnés en fait et ne peuvent jamais cesser de l’être, de même que tout ce qui existe est, fût-ce inconsciemment et involontairement, soumis à la volonté divine à laquelle rien ne saurait se soustraire. Ils sont donc, eux aussi, utilisés en définitive, quoique contre leur gré, et bien qu’ils puissent même penser tout le contraire, à la réalisation du «plan divin dans le domaine humain» (6) ; ils y jouent, comme tous les autres êtres, le rôle qui convient à leur propre nature, mais au lieu d’être effectivement conscients de ce rôle comme le sont les véritables initiés, ils ne sont conscients que de son côté négatif et inversé; ainsi, ils en sont dupes eux-mêmes, et d’une façon qui est bien pire pour eux que la pure et simple ignorance des profanes puisque, au lieu de les laisser en quelque sorte au même point, elle a pour résultat de les rejeter toujours plus loin du centre principiel, jusqu’à ce qu’ils tombent finalement dans les «ténèbres extérieures».

Mais si l’on envisage les choses non plus par rapport à ces êtres eux-mêmes, mais par rapport à l’ensemble du monde, on doit dire que, aussi bien que tous les autres, ils sont nécessaires à la place qu’ils occupent en tant qu’éléments de cet ensemble et comme instruments «providentiels», dirait-on en langage théologique, de la marche de ce monde dans son cycle de manifestation, car c’est ainsi que tous les désordres partiels, même quand ils apparaissent en quelque sorte comme le désordre par excellence, n’en doivent pas moins nécessairement concourir à l’ordre total.

Ces quelques considérations doivent aider à comprendre comment la constitution d’une «contre-tradition» est possible, mais aussi pourquoi elle ne pourra jamais être qu’éminemment instable et presque éphémère, ce qui ne l’empêche pas d’être vraiment en elle-même, comme nous le disions plus haut, la plus redoutable de toutes les possibilités.

On doit comprendre également que c’est là le but que la «contre-initiation» se propose réellement et qu’elle s’est constamment proposé dans toute la suite de son action, et que l’«antitradition» négative n’en représentait en somme que la préparation obligée; il nous reste seulement, après cela, à examiner encore d’un peu plus près ce qu’il est possible de prévoir dès maintenant, d’après divers indices concordants, quant aux modalités suivant lesquelles pourra se réaliser cette «contre-tradition»."

René Guénon, De l'antitradition à la contre-initiation, Le règne de la quantité et les signes des temps, chapitre 38.


1)  C'est à quoi se rapporte réellement cette formule: «c'est quand tout semblera perdu que tout sera sauvé», répétée d'une façon machinale par un assez grand nombre de «voyants», dont chacun l'a naturellement appliquée à ce qu'il a pu comprendre, et généralement à des événements d'une importance beaucoup moindre, voire même parfois tout à fait secondaire et simplement «locale», en vertu de cette tendance «rapetissante» que nous avons déjà signalée à propos des histoires relatives au «Grand Monarque» et qui aboutit à ne voir en celui-ci qu'un futur roi de France; il va de soi que les prophéties véritables se réfèrent à des choses d'une tout autre ampleur.

2)  Le chapitre VI de la Genèse pourrait peut-être fournir, sous une forme symbolique, quelques indications se rapportant à ces origines lointaines de la «contre-initiation».

3) On peut appliquer ici analogiquement le symbolisme de la «chute des anges» puisque ce dont il s'agit est ce qui y correspond effectivement dans l'ordre humain; c'est d'ailleurs pourquoi on peut parler à cet égard de «satanisme» au sens le plus propre et le plus littéral du mot.

4)  Le dernier degré de la hiérarchie «contre-initiatique» est occupé par ce qu'on appelle les «saints de Satan» (awliyâ esh-Shaytân), qui sont en quelque sorte l'inverse des véritables saints (awliyâ er-Rahman), et qui manifestent ainsi l'expression la plus complète possible de la «spiritualité à rebours» (cf. Le Symbolisme de la Croix, p. 186).

5)  Ce domaine est, au point de vue initiatique, celui de ce qui est désigné comme les «petits Mystères»; par contre, tout ce qui se rapporte aux «grands Mystères», étant d'ordre essentiellement «supra-humain», est par là même exempt d'une telle opposition puisque c'est là le domaine qui, par sa nature propre, est absolument fermé et inaccessible à la «contre-initiation» et à ses représentants à tous les degrés.

6) Et-tadâbîrul-ilâh'yah fî'l-mamlakatil-insâniyah, titre d'un traité de Mohyiddin ibn Arabi.


LIRE le chapitre 39, La grande parodie de la spiritualité à rebours :
http://bouddhanar.blogspot.com/2011/05/la-grande-parodie-spirituelle.html

Le complot mondial

Illustration :

Dames blanches et dakinis aux yeux verts




Les dames blanches

A l'origine, au Moyen Age, le mot "dame" désigne la fée, puis la femme-fée, enfin une femme noble ou bourgeoise. Les troubadours vouaient un culte à la Dame charnelle parce qu'elle incarnait à leurs yeux, au moins théoriquement, la muse qu'ils désiraient susciter en eux-mêmes. Le lien entre dame et fée transparaît encore dans le surnom de "dame" donné à l'abeille (1) et à la libellule, insectes qui passaient pour être le support organique d'une fée.

Une dame blanche est une fée constituant l'âme (égrégore) d’un ordre de chevalerie ou d’une famille royale, cette fée étant de nature cosmique ou simplement géocentrique. La célèbre légende et tapisserie de la « Dame à la Licorne » illustre l'incarnation d’une « fée des neiges » dans une femme noble. C'est en effet sur les cimes enneigées que les fées cosmiques se seraient matérialisées. La qualification de « blanche » est en rapport, soit avec la neige, soit avec l'aspect vaporeux de la matérialisation, celle par exemple de la déesse Hel des traditions germano-scandinaves. Dans les traditions gallo-celtiques, Iseult fut l'incarnante d’une telle dame blanche. Des familles royales dont les Habsbourg, prétendaient qu’une dame blanche avait été l'arcane de leur puissance.

La dame blanche des Habsbourg


La dame blanche des Habsbourg apparaissait lorsqu'un membre de la famille impériale allait mourir. Cette entité avait pour temple la Hofburg. Mais elle fut aperçue à Yuste, au monastère espagnol où se mourait Charles Quint. Le fils de Napoléon Ier la vit durant son agonie, et un rabatteur de chasse la signala autour de Mayerling, la veille du drame...

C'était une femme transparente, en robe longue dont on percevait le froufrou ! Un seul témoin la distinguait dans la pénombre. Aux yeux des ésotéristes viennois, «il ne s’agissait pas d’une ombre morte - puisqu'elle ne se reliait à aucun personnage du passé, mais du talisman des Habsbourg. Napoléon Ier aurait épousé une princesse de cette famille, ajoutent-ils, dans l'espoir de s'annexer cette fée royale, d’une ampleur infiniment plus conséquente que celle des Lusignan (Mélusine). A cette affirmation insolite, des ésotéristes gibelins répondent que, depuis la chute de l'empire des Habsbourg, leur dame blanche, arcane de la mini-Europe austro-hongroise défunte, est devenue peu à peu l'arcane de l'Union européenne, résurrection de (l’éphémère) empire de Napoléon.

Les dakinis

Les dakinis sont des déesses ou fées cosmiques qui, selon la croyance locale, hantent certaines cimes de l'Himalaya. En tant que forces, elles émaneraient, comme le Sphinx égyptien, de la constellation du Lion. Leur nom est tibétain et ces entités jouent un rôle dans le tantrisme tibétain. La légende les voit en danseuses célestes, tournant autour des cimes et y provoquant, par leur ronde, la tempête. Et l'iconographie les représente à visages féminins ou à masques léonins, allusion à leur origine. Les lamas tibétains les classent en dakinis aux yeux rouges et en dakinis aux yeux verts. Ils redoutent les premières, qu'ils tiennent pour des vampires féminins - absorbant le sang par osmose, après avoir fasciné quelque passant... Les nuits de tempêtes, il arrivera qu’un lama dépose devant la lamaserie un bol de sang animal, afin de détourner leur soif de sang.

Les secondes posséderaient le terrible rayon vert. Il est dit que les candidats aux pouvoirs tantriques doivent escalader une cime à dakini, y capturer une de ces fées et la violer. Traduit en plus clair, cela signifie qu’ils contracteront mariage avec la fée qui, entrant en eux, les possédera comme une épouse intérieure. A l'imitation des fées de la nature qui assureraient la floraison des plantes, ces fées cosmiques assureraient celle des chakras les plus difficiles à stimuler, notamment le chakra du cœur. Le mythe de la dakini s’apparente singulièrement au mythe égyptien de Sekhmet.

Jean-Louis Bernard

1) L'abeille est un symbole du Premier Empire.

La dame blanche des Habsbourg

Dans les châteaux royaux de la Hofburg et de Schönbrunn, lorsqu'un membre de la famille impériale va mourir, un fantôme apparaît.

Sur ses chaussons de danseuse et dans sa robe à traîne, la Dame Blanche des Habsbourg fait la navette d'un trépas à l'autre. cette ravageante beauté a fort à faire : les Habsbourg ne sont pas, comme les Atrides, une famille d'assassins mais plutôt une famille d'assassinés. La tragédie est leur lot. Dans le décor prestigieux de la Vienne d'autrefois, la Dame Blanche ouvre ici un défilé d'ombres illustres : Marie-Louise et l'Aiglon, Maximilien et Charlotte, Rodolphe, François-Joseph et Elisabeth - l'inoubliable Sissi -, les voici tous ressuscités en une éblouissante évocation sous la plume magique de Paul Morand qui leur rend, l'espace d'un livre, les couleurs de la vie.

Avec la rigueur de l'historien et la sensibilité du romancier, Paul Morand nous livre les secrets de cœur des Habsbourg, qui furent souvent aussi les secrets de la politique de leur temps.



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mardi, août 02, 2011

Dame blanche et dame acariâtre





La dame Blanche qui hante l'abbaye de Mortemer a été photographiée.

Selon des spécialistes du paranormal, le fantôme est celui de Mathilde l’Emperesse, fille d'Henri Ier Beauclerc, quatrième fils de Guillaume le Conquérant. Décédée en 1067, l'Impératrice du Saint-Empire est inhumée dans l'abbaye du Bec. Sa tombe porte l'épitaphe suivante :

« Ci-gît la fille, la femme, et mère d'Henri » (Fille d'Henri Ier, femme d'Henri V du Saint-Empire, et mère d'Henri II d'Angleterre).

Dame acariâtre

Jacques de Lorens (1580-1655), époux d'une femme acariâtre, fit composer cette épitaphe :

« Ci-gît ma femme : Oh ! Qu'elle est bien.
Pour son repos et pour le mien ! »

On ignore si Jacques de Lorens fut tourmenté par le fantôme courroucé de sa femme.

lundi, août 01, 2011

Le Bouddha de l'Europe





Nietzsche et la pensée bouddhiste 


Pour la première fois, un philosophe utilise des concepts bouddhiques tels que le « nirvanâ » pour mettre en garde l‘Europe contre une lecture chrétienne du bouddhisme. En réalité, bouddhisme et christianisme, deux « cultes du néant » se réduisent à un bouddhisme européen » synonyme d'une résurgence des idées chrétiennes, moins la foi au Christ des Évangiles. Nietzsche joue sur deux tableaux : d'un côté, il christianise le bouddhisme, mais pour autant, il ne faut guère y voir un quelconque christianisme « bouddhisé » ou un bouddhisme christianisé ; de l'autre, en considérant le bouddhisme comme une doctrine anti-ascétique, il le distingue soigneusement de l'ascétisme chrétien auquel il est hostile.

Si dans le bouddhisme, sa critique du christianisme est moins pertinente que dans son rapport au brahmanisme, c'est parce qu'il nie particulièrement les similitudes morales entre bouddhisme et christianisme. Il a recours à un bouddhisme falsifié que l'on peut appeler « le bouddhisme européen » (de Nietzsche). Mais il ne ne réclame jamais de telle ou telle religion, puisqu'il veut lui-même créer une religion et être ainsi « le Bouddha de l'Europe » sans aucun rapport avec le Bouddha indien. De sorte que sa critique du christianisme révèle son souci de garder la haute main sur les productions religieuses, d'être lui-même un fondateur de religion mais sans culte, sans dogmatique. Cela signifie que chacun doit être le créateur de ses propres valeurs et ainsi ne jamais attendre tout de la part des systèmes figés comme le christianisme...

Alphonse Vanderheyde, « Nietzsche et la pensée bouddhiste ».



Nietzsche et la pensée bouddhiste 


Dans son œuvre, Nietzsche fait constamment référence à l'Inde des bouddhistes afin d'attaquer avec férocité les idéaux du christianisme ecclésial tels que la compassion, le salut par le Christ en croix. Ceux qui s'intéressent au bouddhisme découvriront l'utilisation très surprenante mais originale par Nietzsche des notions bouddhistes telles que le nirvâna pour inventer un étrange " bouddhisme européen ". En somme, que vaut la prétention de Nietzsche à devenir le Bouddha de I'Europe ? Que nous apprend-il quand il oppose avec violence " le Bouddha contre le Crucifié " ? Selon lui, le Bouddhisme est-il une pensée nihiliste et anti-ascétique ? Enfin, considère-t-il le bouddhisme comme une physiologie et non comme une morale ?



Cliquer sur la vignette pour feuilleter le livre



Titulaire d'un doctorat de philosophie de l'université Paris-Sorbonne, Alphonse Vanderheyde enseigne la philosophie et la culture générale à l'Institution Saint-Pierre de Fourmies dans le Nord. Sa triple formation en philosophie, théologie catholique et indologie lui permet de confronter la pensée occidentale avec la pensée de l'Inde.



Lecture en ligne de plusieurs pages de « Nietzsche et la pensée des brahmanes » d'Alphonse Vanderheyde :



Image :
http://vote-sanchez.blogspot.com/2010/12/born-too-soon-4-friedrich-nietzsche.html

samedi, juillet 30, 2011

Yi king & connaissance de soi





Nous vivons une époque charnière, une transition et une fin. Il s'agit - avec tous ses soubresauts - de la phase ultime de l'âge de fer, du Kali Yuga.

La foi naïve, pleine et efficace, de nos paysans et de nos ancêtres, a été balayée par les « lumières ». Les campagnes se sont vidées pour alimenter les capitales, lieux de toutes les perversions, au béton suintant le crime et l'ennui.

En apparence, notre temps a ses privilégiés puisque l'argent est devenu la valeur suprême, mais leur richesse est précaire et sans cesse menacée. L'altération et la fraude se retrouvent dans tous les domaines ; ce n'est que par un effort personnel que chacun, faisant appel à son jugement ou à celui de maîtres authentiques, peut trouver une voie juste, toujours celle de l'effort, y compris dans les domaines essentiels, de l’alimentation, de l'éducation et de la médecine.

Dans un article, aigu comme une lame de poignard, captant les reflets des temps à venir, « L’homme fou », Nietzsche s’effrayait des conséquences de la « mort de Dieu », c’est-à-dire de la disparition du dieu moral et de l’éclipse des valeurs. Le représentant solaire de Dieu, le roi, avait été mis à mort. Ce sacrifice devait en précéder bien d’autres :

« Où est Dieu... Nous l'avons tué... Nous tous nous sommes ses meurtriers ! Mais comment avons-nous fait cela ? Comment avons-nous pu boire l'Océan ? Qui nous a donné l'éponge avec laquelle nous avons effacé tout l'horizon ? Qu'avons-nous fait en détachant cette terre de son soleil ? Où va-t-elle maintenant ? Où allons-nous ? Loin de tous les soleils ? Ne tombons-nous pas, à présent, d'une chute ininterrompue ? En arrière, de côté, en avant, de tous les côtés ? Y a-t-il encore un haut et un bas ? N’errons-nous pas à travers un néant infini... Ne fait-il plus froid ? La nuit ne se fait-elle pas toujours plus noire ?... Dieu est mort ! Dieu restera mort ! et nous l'avons tué ! Comment nous consolerons-nous, nous les meurtriers entre tous les meurtriers ? Ce que le monde avait de plus sacré, de plus puissant a saigné sous nos couteaux, - qui lavera de nous la tache de ce sang ? Avec quelle eau nous purifierons-nous ? Quelles fêtes expiatoires, quels jeux sacrés nous faudra-t-il inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne devrons-nous pas devenir nous-mêmes des Dieux, ne fut-ce que pour paraître digne de l'avoir accompli ?. .. »

La Tradition nous convie à nous fondre en Dieu, ce qui exige l'abolition de nos limites. On se rappelle l'apologue oriental du disciple à qui son Maître, lassé par ses demandes répétées d'éclaircissements déclare enfin :

« Oui, tu es Dieu. Va sur la route qui mène au palais, reviens vers moi après la première rencontre que tu auras faite ».

Le disciple, tout joyeux, part en gambadant sur la route encadrée par les fleurs pourpres des flamboyants. Sans cesse, il chante : « Je suis Dieu ! ». Un éléphant sans cornac, sortant des écuries du Palais, court vers lui. Le disciple lui crie : « Je suis Dieu ! Écarte-toi ! Au nom de mon pouvoir divin, je t'ordonne de me laisser passer. Va hors de la route ! Prends une autre piste ! »

L’éléphant prenant le galop, le disciple se jette dans le fossé, seule ressource lui restant pour ne pas être écrasé. Furieux, il revient chez son maître. Dans son ermitage modeste, après avoir relaté l'incident, il lui confie : « Tu m'as dit que j'étais Dieu ; à la première rencontre que je fais, celle d'un animal, celui-ci ne m'obéit pas ! ».

Et le Maître de rétorquer : « Si tu es Dieu, chaque chose, chaque être le sont aussi, par exemple cet éléphant ».

Le monde moderne est, par excellence, celui de la multiplication des idoles. Appelés à la révélation du caractère divin se trouvant en nous, il nous faut transcender le monde profane et nous lier au principe, transformant ce monde et le régénérant. Encore faut-il se connaître. « Nul homme n'est une île » déclarait John Donne. À cette connaissance de nous-mêmes, le Yi King, livre de la plus haute antiquité, nous convie. À qui connaît l'astrologie, il apportera un autre point de vue, un autre éclairage, celui de la sagesse orientale. À qui l’ignore (notamment l'astrologie horaire, si précieuse), il fournira des réponses concrètes, subtiles, détaillées, se développant et s’enrichissant sans cesse. Sans hâte, on rapprochera ces réponses des oracles, brefs et impitoyables, délivrés par le Tarot de Marseille. La lenteur même avec laquelle on « tire » le Yi King constitue un rite. Elle est inséparable de l'oracle. Souvent, qu’on le tire pour soi, ou plus souvent pour autrui, on sera étonné de la perfection avec laquelle l'hexagramme s’insère dans notre vie quotidienne et ses préoccupations.

A la disposition de quiconque, il existe donc un Maître. C’est pourquoi nous avons jugé opportun d’écrire ce livre qui prend place dans notre œuvre après « Le mythe de l'Antéchrist et la fin des temps », tentative de cerner, d’expliquer cet âge de fer dans lequel nous sommes insérés et qui se dégrade inéluctablement sous nos yeux. Nul abattement n'en doit rejaillir puisque la tempête une fois retombée laissera place à une nouvelle mer et de nouveaux rivages.

Le Yi King, qui modèle microcosme, et macrocosme doit nous servir d'éducateur. Par la suite, si nous le pouvons, nous nous consacrerons – étude guère aisée car allant à rebours des préoccupations de la masse et de ceux qui la guident de façon occulte et désastreuse – à une divulgation des mythes modernes, que ces mythes concernent des illusions comme les soucoupes volantes par exemple, ou des tentatives de désintégration et de perte sans retour comme la psychanalyse, dont le but est d'inverser le chemin allant pour l'homme de son chaos intérieur à son Unité. Tous ces mythes sont au fond ceux d’une descente aux enfers où l'être est abandonné loin de la lumière salvatrice, dans le lieu d'en bas et dans la division. Pour nous qui avons divulgué pour la première fois l'inversion, clé du monde moderne, il y a là une œuvre nécessaire, même si elle n’est comprise et acceptée que d’une élite.

D'ailleurs, à ce niveau, existe-t-il une hiérarchie ? Pas pour nous en tout cas, qui nous situons délibérément en dehors de tout cadre et de toute association. L'œuvre qui divertit déborde aujourd’hui des scènes et des écrans. L’œuvre qui enseigne, se tient plus en retrait. Il faut la découvrir.

Hadès (Alain Yaouanc), « Manuel complet d'interprétation du Yi King ».


Manuel complet d'interprétation du Yi King

Par l'extraordinaire interprétation du Yin et du Yang, le Yi King représente non seulement une méthode de divination sans égale, mais aussi un prestigieux « gourou ».

Ce livre écrit par Hadès, le plus grand astrologue actuel, qui a vécu un temps en Orient, est le plus clair et le plus complet de tous les manuels existants sur le Yi King. (Quatrième de couverture)




vendredi, juillet 29, 2011

Al-Kindi, Avicenne, Ghazali, Averroès, Sohrawardî





On tient à juste titre les Arabes pour les introducteurs de la pensée grecque en Europe. Leurs traductions ont, dès le XIIIe siècle, permis à l’Occident d'avoir accès aux grands textes du passé, et les universités qui se sont ouvertes se sont conformées au modèle qu’ils ont inventé. Mais on a trop eu tendance à les cantonner dans ce rôle de relais, et on a négligé de voir qu'ils ont eu des philosophes à part entière et qu’ils ont fait quelques pas remarquables sur la voie de la libre-pensée.

Aux origines

Dès le VIIIe siècle (IIe de l'Hégire), une école rationaliste apparaît au sein d'un univers religieux dominé par le « Kalam » (théologie dialectique). Cette école, la moutazilite, s'oppose aux traditionalistes : elle affirme que la compréhension des textes coraniques comme la solution à apporter aux problèmes de l'époque ne pourront être que par le moyen de la raison. Celle-ci est considérée comme le moyen approprié pour atteindre la vérité.

Et, ultérieurement, al-Kindi (796-870), qui a bénéficié des traductions de la célèbre école de Bagdad, fait montre d’un savoir encyclopédique. Il est le créateur de l'appareil conceptuel d’une culture musulmane commençant à entrer dans l’ère philosophique. Il affirme que la connaissance surnaturelle et la connaissance philosophique ont le même but (la vérité) et qu'elles ne diffèrent que par leurs moyens. Dieu, pour lui, peut donc en son entier se donner d’une manière rationnelle.

Avicenne, Ghazali, Averroès, Sohrawardî

Avicenne (Ibn Sina) - 980-1037 - s’illustre dans tous les domaines du savoir de son temps : mathématique, théologie, poésie, grammaire, médecine, philosophie. Avicenne enrichit considérablement la thèse moutazilite et il lui donne une dimension philosophique qui assure son triomphe. Il affirme en particulier que l’union de l'hornme à l'Intellect agent (sorte d’intelligence de Dieu) est possible par l'effort scientifique. Ghazali (1058-1111), par contre, marque un retour à la tradition, mais d’une part il dénonce celle-ci dans ce qu’elle a de rétrograde et, d’autre part, il s'efforce de distinguer entre les domaines de la religion et de la philosophie. Mais, surtout, sa démarche et son passage par le doute, en particulier, le rapprochent des philosophes modernes et l'apparentent à Descartes.

Connu en Europe pour ses traités de médecine, Averroès (1126-1198) reçoit lui aussi une formation philosophique. Il jouit d’abord des faveurs des souverains, mais il finit par être condamné pour ses idées « peu conformes à l'orthodoxie islamique » et « corruptrices de la jeunesse ». Disciple fervent d'Aristote, Averroès défend la philosophie contre les théologiens qu’il trouve abusifs. Sa critique se déploie évidemment dans le cadre de l'Islam. Averroès, comme les Européens de l'époque, ne transgresse ni l’idée de Dieu ni celle de la suprématie de la religion à laquelle ils appartiennent. Pour lui, cependant, la vérité tout entière a beau se trouver dans le Coran, il n’en reste pas moins que ce Livre s'adresse à tous les hommes. Celui qui peut le comprendre philosophiquement est donc habilité à l’interpréter philosophiquement. Le texte sacré peut être déchiffré à l'aide de la lumière qui nous habite.

Sohrawardî (v. 1155-1191), enfin, est le créateur de l'illuminisme. Sa thèse est qu’il existe une approche non religieuse liée au symbolisme de la lumière. L'existence est une lumière virtuelle qui devient réelle aux moments où l'individu atteint la Connaissance.

André Nataf, "Les libres-penseurs".

Histoire de la philosophie islamique

La philosophie en terre d'Islam n'a ps seulement recueilli l'héritage des Grecs. Jusqu'à nos jours, elle n'a cessé d'engendrer une des plus riches métaphysiques qui soient. Henri Corbin nous dévoile comment des Ismaéliens à Avicenne, de Sohravardi ou Ibn' Arabi à l’École d'Ispahan, s"est constituée une exégèse du Livre saint, et comment est née une philosophie prophétique. Désormais, il convient que ces pensées ne restent pas inconnues du public occidental, mais qu'elles prennent enfin leur place dans le cours de notre propre questionnement.


Commentaire d'un lecteur :

Fabuleux! Je suis sorti de la lecture de ce petit livre - un peu ardu quand même - bien "désintoxiqué" de toute une "propagande" réductrice de l'Islam ( venant des deux côtés ! )plus ou moins insidieuse dans laquelle nous baignons depuis pas mal de temps. Une approche flamboyante de la beauté de l'ésotérisme islamique et une histoire de celle-ci très savante.

Free ebook : History of Islamic Philosophy

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jeudi, juillet 28, 2011

La civilisation





Au nom de la civilisation et d'une idéologie identitaire, des personnes font l'apologie de la tuerie de masse perpétrée par Breivik. Le frontiste Jacques Coutela a dit tout haut ce que certains « civilisés » pensent tout bas. Pour Coutela et les gens de son espèce, le tueur norvégien est « le premier défenseur de l'Occident », un « Charles Martel 2 », un « résistant ». « La raison de l'action terroriste du nationaliste norvégien : combattre l'invasion musulmane, voilà ce que l'on vous cache ». (source : le blog de Coutela)

L'épuration ethnique a resurgi en Europe durant les guerres de Yougoslavie (1991-2001). A l'époque, dans l'Hérault où je vivais, il n'était pas rare d'entendre des opinions en faveur des « Serbes nationalistes confrontés à la présence de l'islam ». Des barbares étaient devenus des « défenseurs de la civilisation ».

Quand on parle de « civilisation », on attache généralement à cette notion une intention qualitative ; or la civilisation ne représente une valeur qu’à condition d’être d’origine supra-humaine et d’impliquer, pour le « civilisé », le sens du sacré : n’est réellement civilisé qu’un peuple qui possède ce sens et qui en vit. Si l’on nous objecte que cette réserve ne tient pas compte de toute la signification du mot et qu’un monde « civilisé » sans religion est concevable, nous répondrons que dans ce cas la « civilisation » devient indifférente, ou plutôt - puisqu’il n’y a pas de choix légitime entre le sacré et autre chose - qu’elle est la plus fallacieuse des aberrations. Le sens du sacré est fondamental pour toute civilisation parce qu’il est fondamental pour l’homme ; le sacré – L’immuable et l’inviolable, donc l’infiniment majestueux - est dans la substance même de notre esprit et de notre existence. Le monde est malheureux parce que les hommes vivent au-dessous d’eux-mêmes ; l’erreur des modernes, c’est de vouloir réformer le monde sans vouloir ni pouvoir réformer l’homme ; et cette contradiction flagrante, cette tentative de faire un monde meilleur sur la base d’une humanité pire, ne peut aboutir qu’à l’abolition même de l’humanité et par conséquent aussi du bonheur. Réformer l’homme, c’est le relier au Ciel, rétablir le lien rompu ; c’est l’arracher au règne de la passion, au culte de la matière, de la quantité et de la ruse, et le réintégrer dans le monde de l’esprit et de la sérénité, nous dirions même : dans le monde de la raison suffisante.

Dans cet ordre d’idées, - et puisqu’il se trouve des soi-disant musulmans qui n’hésitent pas à qualifier l’Islam de « pré-civilisation », - il faut distinguer entre la « déchéance », la « décadence », la « dégénérescence » et la « déviation » : toute l’humanité est « déchue » par suite de la perte d’Éden et aussi, plus particulièrement, du fait qu’elle est engagée dans l’ « âge de fer » ; certaines civilisations sont « décadentes », tels la plupart des mondes traditionnels de l’Orient à l’époque de l'expansion occidentale (1) ; un grand nombre de tribus barbares sont « dégénérées », suivant le degré même de leur barbarie ; la civilisation moderne, elle, est « déviée », et cette déviation elle-même se combine de plus en plus avec une réelle décadence, tangible notamment dans la littérature et dans l’art. Nous parlerions volontiers de « post-civilisation », pour répondre au qualitatif que nous avons mentionné quelques lignes plus haut.

Frithjof Schuon, « Comprendre l'Islam »


1) Ce n‘est toutefois pas cette décadence qui les rendait « colonisables », mais au contraire leur caractère normal, qui excluait le « progrès technique » ; le Japon, qui n’était guère décadent, ne résista pas mieux que d'autres pays au premier assaut des armes occidentales. Hâtons-nous d’ajouter que de nos jours, l'ancienne opposition Occident-Orient ne s’accuse presque plus nulle part sur le plan politique, ou qu’elle s’accuse à l'intérieur même des nations ; au-dehors, ce ne sont plus que des variantes de l'esprit moderne qui s’opposent les unes aux autres. (Schuon)


Comprendre l'Islam

Avant-propos

Comme l’indique le titre même du présent livre, notre intention est moins de décrire l‘Islam que d’expliquer pourquoi les musulmans y croient, s’il est permis de s’exprimer ainsi ; les pages qui vont suivre présupposent par conséquent chez le lecteur certaines notions élémentaires de la religion islamique, qu’il trouvera sans peine dans d’autres ouvrages.

Ce que nous avons en vue, dans ce livre comme dans les précédents, c’est en fin de compte la scientia sacra ou la philosophia perennisla gnose universelle qui a toujours été et qui sera toujours. Peu de discours sont aussi ingrats que les complaintes conventionnelles sur les « recherches » jamais satisfaites de l’« esprit humain » ; en réalité, tout a déjà été dit, mais il s’en faut de beaucoup que tout ait toujours été compris par tout le monde. Il ne saurait donc être question de présenter des « vérités nouvelles » ; en revanche, ce qui s’impose à notre époque et même à toute époque s’éloignant des origines, c'est de fournir à quelques-uns des clefs renouvelées - plus différenciées et plus réflexives que les anciennes mais non meilleures - pour les aider à redécouvrir des vérités qui sont inscrites, d’une écriture éternelle, dans la substance même de l ’esprit.

Pas plus que dans nos précédents ouvrages, nous ne nous sommes astreint dans ce livre à un programme exclusif ; on trouvera donc dans les pages qui vont suivre un certain nombre de digressions qui semblent sortir de notre cadre, mais que nous n’en avons pas moins jugées indispensables dans leur contexte. La raison d’être des expressions ou des formes est la vérité, et non inversement. La vérité est à la fois une et infinie, d’où la diversité parfaitement homogène de son langage. [...]



Dessin :

Des apparitions et d'autres phénomènes surnaturels

Hologramme de dragon projeté dans le ciel lors d'un match de baseball en Corée du Sud. Fox News : "Le Vatican s'apprête à publi...