vendredi, août 17, 2012

Poésie & bouddhisme





Dans la Chine ancienne, l'usage de chanter (ou de rédiger) des poèmes au moment de mourir, se généralisa chez les moines bouddhistes, « et, précise Paul Demiéville, il est curieux d'observer dans ces pièces à quel point les représentations de nature s'imposent à ces religieux lorsque sonne leur dernière heure. Voici par exemple ce qu'écrivit au moment de mourir, en 568, sur le papier qu'il demanda avant de jeter le pinceau pour serrer les mains de ses confrères, le moine Tche-k'ai qui avait passé sa vie à étudier la scolastique la plus savante de l'Abhidharma indien :

Vains sont ces textes que je laisse à pleins paniers ;
Ils ne font que brouiller mon destin à venir.
Voici que s'assombrit le chemin vers les Sources ; *
Voici pur et glacé le tumulus transi.
La rosée d'un matin s'est toute évaporée ;
Il n'y a plus que dans la nuit le bruit des pins.

[...]

A partir du milieu de la dynastie des T'ang, toutefois, quand l'école du Tch'an (Ch'an, Zen au Japon) a pris forme et que son influence domine peu à peu toute la vie intellectuelle, on voit des poètes comme Wang Wei (701-761), Pai Kiu-yi (772-846) et son ami Lieou Yu-si (772-842), plus tard encore Sseu-k'ing T'ou (837-908) ou Wei Tchouang (vers 900), se montrer plus familiers avec les doctrines spécifiques du Tch'an. Plusieurs d'entre eux rédigèrent les inscriptions funéraires des grands maîtres du Tch'an décédés de leur temps.

[…]

C'est aussi vers la fin des T'ang, alors qu'on voit ainsi la poésie du Tch'an adopter les formes et les procédés de la lyrique classique, que se développent des théories esthétiques identifiant l'inspiration poétique à l'intuition du Tch'an. Dès la fin du VIIIe siècle un poète laïc, Tai Chan-louen, écrivait que « l'esprit poétique ouvre la porte du Tch'an », et dans les vers de Ts'ien K'i, à la même époque, la poésie va de pair avec la religion, toutes deux définies du reste en termes naturistes :

La pensée poétique se trouve parmi les bambous ;
L'esprit du tao naît au-dessous des pins.

Au début du siècle suivant, Lieou Yu-si (772-842) met en valeur le rôle que peut jouer dans la création poétique le recueillement mystique à la manière bouddhique. Ce thème va prendre une importance croissante sous les Song. « Entre Tch'an et poésie, pas de différence ; l'illumination (l'« éveil », wou) du pinceau est pareille à l'illumination du Tch'an », écrit Li Tche-yi à son ami le grand poète Sou Che (Son Tong-p'o, 1036-1101), qui qualifiait la poésie de Li Tche-yi de « recueillement au pinceau ». L'époque des Song (960-1279) est celle du « Tch'an de la lettre » (wen-tseu tch'an), d'un Tch'an littéraire bien différent du Tch'an des T'ang qui abominait la « lettre » et se targuait de « ne pas instituer d'écrits » La littérature avait pris sous les Song une expansion nouvelle dans toutes les classes de la société, et sous la menace des barbares, qui occupaient tout le nord de la Chine, les lettrés se repliaient vers la religion, comme il était déjà advenu à l'époque des Six Dynasties ; plus que jamais, ils fréquentaient les maîtres du Tch'an qui se comportaient eux-mêmes en lettrés. Le Tch'an tombe alors aux mains des lettrés et des esthètes. Il donne naissance à toute une esthétique, qui se formule dans des « poèmes sur la poétique » et, surtout, dans des recueils en prose intitulés « Propos sur la poésie » (che-houa). Ceux-ci représentent, sous la forme bien chinoise de notes éparses et sans système, de véritables traités d'esthétique poétique. Le plus célèbre de ces recueils est celui de Yen Yu (vers 1200). La poétique de Yen Yu repose essentiellement sur l'assimilation de la poésie au Tch'an ; il prétend « traiter de la poésie comme on traite du Tch'an ». Ce qu'il retient du Tch'an, c'est l'insistance sur l'intuition, l'illumination, l'« éveil » (wou), l'esprit par opposition à la lettre : « De même que le principe du Tch'an est tout entier dans l'illumination irrationnelle, de même le principe de la poésie... Il y a dans la poésie une certaine qualité qui n'a rien à faire avec l'écrit, un certain goût qui n'a rien à faire avec la raison. » Comme le disait un auteur contemporain, Wou K'o (mort vers 1174), il faut se garder des « vers morts », terme qu'il empruntait à ce logion de Leang-kiai de Tong-chan : « On appelle phrase morte une phrase dans le langage duquel il y a encore langage ; une phrase vivante est celle dont le langage n'est plus langage. » « En poésie comme en Tch'an », déclare un autre auteur des Song, « il n'y a pas deux méthodes : il faut rendre au serpent mort le venin de la vie. » Yen Yu soutient qu'en poésie « tout est dans l'inspiration », une inspiration tellement insaisissable qu'il la compare à l'antilope qui, pour couper sa trace, se pend par les cornes à la branche d'un arbre (comme le font au Valais les chamois en hiver) : autre image tirée d'un maître du Tch'an du IXe siècle. L'art poétique de Yen Yu, qui s'opposait du reste à d'autres tendances esthétiques fondées sur l'érudition et la « raison », a eu de longs échos en Chine, jusqu'au XVIIIe siècle où elle fut reprise par un théoricien confucianiste, encore très lu de nos jours.

Il y aurait beaucoup à dire sur les rapports du Tch'an et de la poésie à partir des Song. L'époque des Song elle-même n'est ici qu'a peine abordée. Comment ne pas mentionner le « Recueil de la falaise verte » (Pi-yen lou), vaste somme de la littérature antérieure du Tch'an qu'enrichissent les célèbres interprétations versifiées de Siue-teou (XIe siècle) ? »

Paul Demiéville

Ce livre est divisé en quatre parties

1. Nous avons porté notre réflexion sur les dix-sept Règles du Recueil de la Falaise verte en nous aidant des pensées de six Maîtres éminents du Zen des XVIIe et XVIIIe siècles, en particulier celles de Ryôkei et de Hakuin. Parmi toutes ces Règles, notre préférence va à « Tch'ang-cha, printemps et automne (IV-1) » : elle a inspiré notre choix pour la couverture de ce livre qui représente « Le printemps à un temple du Zen de Kyôto (Tenryû-ji) ».

2. Poésies de la Montagne froide commentées par un choix d'auteurs d'Orient et d'Occident...

3. Un conte inoubliable de KUNIKIDA Doppo.

4. Des poésies de Sengaï (1750-1837). Pour comprendre les poésies de Sengaï ayant pour sujet les enfants, la lecture du catalogue de l'exposition « L'enfant et l'ukiyo-e (Quotidien et fantastique dans l'estampe japonaise), organisée par la Maison de la culture du Japon à Paris, est vivement recommandée. On peut y voir « Enfant qui joue avec un chat », « Enfant qui apprend à calligraphier », « Enfants qui pointent leurs doigts en direction de la lune », « Enfants s'amusant dans la neige », « Enfants s'amusant à pêcher », « Enfants qui chassent des lucioles », « Espiègleries », etc.

Nous avons conçu personnellement les titres des poésies concernant la Montagne froide et celles de Sengaï.

Maryse et Masumi Shibata

jeudi, août 16, 2012

Jacques Catinat, « Transmaître »




« La photo de classe, qui a presque soixante ans, c'est l'image de vies minuscules mêlées de joies et de tristesse, de deuils d'enfances, de regrets, d'élans empruntés et déjà de rancœur. Les enfants sont méchants entre eux et oublient, on le croit trop souvent, les moqueries des amis, non admis dans un cercle restreint de jeux de cours d'école ou de ferme, d'arrières boutiques, de poulaillers, de puciers, d'ombres cachées », écrit Jacques Catinat dans « Transmaître », son dernier livre.

Comme un maître taoïste ou bouddhiste de l'école Ch'an, l'auteur répète cette vérité universelle qui devrait définitivement nous affranchir des gourous :

Ce qu'il faut trouver est invisible
Ce qu'il faut dire est indicible
Ce qu'il faut savoir ne sert à rien
La vérité est encore dans le non-pensé
Dans le non-formulé. 

C'est cette approche du non-formulé que tente de se transmettre Jacques Catinat :

Transmettre par la poésie
comme un guide de connaissance
du monde à travers soi et inversement
la lumière est là pour le mystère
intérieur extérieur.

[…]

La philosophie poétique de Catinat reste sur terre, mais une terre de plus en plus dénaturée par le productivisme agricole :

Les générations du futur ont autre chose à faire
que de s'occuper des bombes à retardement de leurs pères
parsemées dans la nature.
Avec le consumérisme en fond de teint
il faudra beaucoup de maquill'âges
pour éviter les pays'âneries.
Les agriculteurs d'aujourd'hui sont des industriels
et leur complicité ne me donne pas confiance en l'avenir.

Le coût minimum de la malbouffe
Va vous coûter très très cher, espèces de oufs
L'OGM est banalisé depuis longtemps
Autant que le paysan est un vieux parent

Je ne prends pas partie
J'ai toujours fait confiance à la nature
Ne soyons pas jaloux
La mondialisation chamboule notre raison

Ce n'est pas le produit qu'il faut contrôler
C'est l'industrie
Ce n'est pas le paysan breton
Qui a fabriqué l'algue verte

Puisqu'on ne nous dit pas tout
On peut tout imaginer
Les politiques et les paysans
Mêmes combats mêmes mensonges

S'il faut être chercheur
Pour être consommateur
Tuons d'abord les manipulateurs
Il y a des contrôles passoires


C'est louche !

Les livres de Jacques Catinat :

mercredi, août 15, 2012

Massacre des musulmans du Myanmar





Sur le site de Mediapart, Maryam al Shamiya dénonce le « massacre à huis-clos des Birmans musulmans et le silence honteux des médias ».

Une photographie (ci-dessus) accompagne l'article de Maryam al Shamiya (ci-dessous). Sur cette photo on distingue nettement des moines du bouddhisme Mahayana (probablement des Tibétains). Ils sont confondus avec les moines birmans appartenant au bouddhisme Hinaya qui est très répandu au Myanmar. Les tenues monastiques des deux traditions bouddhistes sont différentes. Ce document photographique est probablement un grossier montage. Mais nous ne doutons pas que des atrocités sont commises en Birmanie (Myanmar) au nom de la religion.

L'article de Maryam al Shamiya :

Depuis la prise du pouvoir par une junte militaire en 1962, et particulièrement depuis les années 1980, les déplacements forcés et les persécutions des minorités ethniques sont devenues un phénomène courant en Birmanie.

Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) affirme que le gouvernement militaire birman crée un climat de peur permanent parmi la population et a forcé des milliers de personnes à joindre les rangs de déplacés vers l’intérieur ou de fuir à l’étranger.


On estime à 2 millions le nombre de Birmans qui ont fui en Thaïlande à l’Est du pays.

Les Rohingyas, minorité musulmane convertie au XVIème à l’Ouest du pays dans l’État de l’Arakan (ou Rakhin), sont une cible privilégiée des différents pouvoirs birmans qui leur ont nié leur nationalité et les considèrent comme immigrés clandestins. Une loi promulguée en 1982 les a déchus de leur citoyenneté, les transformant en apatrides et étrangers dans leur propre pays.

Ils connaissent un premier exode en 1978. 200 000 Rohingyas ont fui le pays pour le Bengladesh pour échapper aux persécutions lancées à l’occasion d’un recensement destiné à déterminer la nationalité des habitants.

Le deuxième exode en 1991-1992, 260 000 personnes, eut lieu pour éviter leur enrôlement dans des travaux forcés.

Actuellement, depuis le mois de mai 2012, les persécutions contre les Rohingyas se multiplient. La communauté bouddhiste majoritaire dans l’Arakan appuyée par les autorités militaires empêche l’acheminement des denrées alimentaires et produits de première nécessité vers leurs villages. Assassinats et viols sont perpétrés dans l’impunité. Les mosquées et des villages entiers sont brûlés.


Ces exactions menées sur les 800 000 Rohingyas résidant encore dans leur pays d’origine constituent un véritable génocide.


Nous interpellons les différentes associations et organisations des droits de l’homme pour qu’elles exigent que ces zones soient visitées par des médias indépendants et des équipes d’investigation.

Aucun groupe humanitaire n’a accès aux réfugiés Rohingyas.

La répression qui s’abat sur eux s’est accrue dramatiquement depuis le lancement de réformes soutenues par Washington et la visite du chef du Département d’État étasunien en la personne de Hillary Clinton.

Nous demandons à toutes les instances si promptes à encourager des interventions y compris militaires dans des pays souverains qui ne mettaient pas en danger leur population civile comme en Libye de faire pression sur le gouvernement birman et que cessent les massacres de cette minorité la plus persécutée au monde selon le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU.


Les Rohingyas n’ont d’autre possibilité que de joindre le Bengkadesh frontalier lequel est déjà saturé des migrations précédentes ne peut les recevoir et les refoule.


Cette situation intenable risque de dégénérer en un conflit entre les deux États voisins.


Nous demandons à Aung San Suu Kyi, Secrétaire Générale de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), la Dame de Rangoun nobélisable par l’Occident, d’intervenir au Parlement birman pour abroger la loi qui dénie leur citoyenneté birmane aux Rohingyas.

Nous demandons au gouvernement français qui préside pour le mois d’août le Conseil de Sécurité de l’ONU de provoquer une résolution de l’Assemblée Générale de l’ONU qui condamne la crise humanitaire que constitue le massacre des Rohingyas et qui prenne toutes mesures qui contraindraient efficacement le régime birman.


A propos de la photo 

Merci de la contribution d'un lecteur sur l'origine de la photographie utilisée par des musulmans pour incriminer les moines bouddhistes dans des atrocités commises au Myanmar (commentaire du 17 août) :

Il ne s'agirait pas d'un montage. Cette photo de moines tibétains aurait été prise au cours de leur travail de secours dans le Kyegudo (Yushul), au Tibet oriental, après le tremblement de terre dévastateur qui a frappé la région le 14 Avril 2010.

Le gouvernement tibétain en exil a exprimé ses préoccupations concernant l'utilisation abusive de photographies dont le but est de provoquer des conflits entre bouddhistes et musulmans.

Pour en savoir plus (article en anglais)





Jacques Bergier, souvenirs du futur




Revue KADATH : L’ORTF a diffusé, voici quelques mois, le film tiré du livre d’Erich von Däniken, « Souvenirs du futur ». Dans le débat qui a suivi, vous vous êtes violemment heurté à ceux que le téléspectateur croyait être de votre bord. A tel point que pour certains, votre attitude d’avocat du diable était parfaitement incompréhensible. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

JACQUES BERGIER : Oui, j’ai fait tout un scandale en me disputant avec Charroux et von Däniken, parce que, selon moi, ils y vont un peu fort ! Remarquez, il y a pire. Ganzo, qui à part ça est un poète et un sculpteur de talent, est venu me voir un jour. Il avait trouvé une civilisation disparue en Forêt de Fontainebleau. Il m’apportait des traces de cette civilisation, dont une plaque en céramique, où étaient gravées les lettres mystiques « W » et « C ». Évidemment, là... Non, je crois que l’attitude de votre revue est la bonne. Car enfin, je veux bien qu’on puisse déplacer de petits objets par la force de la volonté, mais pas déplacer les statues de l’île de Pâques, qui pèsent des dizaines de tonnes. Il y a tout de même la conservation de l’énergie ! A la limite, on ne peut pas avoir plus d’énergie qu’il n’y en a dans le corps humain. Mais surtout, le problème véritable et qui, à mon avis, n’a pas encore été posé, c’est ce que j’appelle le problème des intermédiaires. Autrement dit, moi je veux bien que les statues de l’île de Pâques ou le grand menhir de Locmariaquer aient été mis en place par antigravitation... cela, je veux bien. Mais avant d’arriver à l’antigravitation, il faut passer par des étapes : l’électricité, la machine à vapeur, etc., peut-être considérées d’une façon tout à tait différente, mais néanmoins analogue. Or, on ne trouve pas de machine à laver fossile, ni de locomotive fossile, rien !

Revue KADATH : Précisément, à propos de machines à laver, vous parlez dans « Le livre de l’inexplicable » de l’objet de Coso. Ne pourrait-il s’agir d’une forme de « machine à laver fossile », disons un résidu technique ?

JACQUES BERGIER : Certainement ! Mais un résidu technique de qui ? L’objet de Coso a l’air d’être un générateur électromagnétique, vieux de 75.000 ans. Mais on n’arrive pas à cela sans intermédiaire... De plus, il a été découvert dans un coin où on a fouillé pas mal dans les débris « techniques » : à l’époque de cet objet, les gens n’ont pas le feu, ils ont tout juste des outils de silex. Une fois de plus, les intermédiaires manquent. Alors, évidemment, on peut proposer, comme je l’ai fait dans « Les extra-terrestres dans l’histoire », que ces objets — qui sont en nombre limité : la machine d’Anticythère, l’objet de Coso, etc. —, ont été apportés à travers l’espace, ou même à travers le temps. Seulement, si vous voulez, c’est de la mythologie de science-fiction ou de bande dessinée ; c’est remplacer une mythologie par une autre. L’hypothèse n’est pas toujours très convaincante. Il me paraît difficile de croire que si des extraterrestres nous ont visités, on n’ait pas observé leurs instruments ou quelque chose d’analogue, maintenant que nous sommes dans le cosmos. Vous me direz qu’il y a des alignements sur la lune, dont vous parlez dans votre numéro deux, qui sont réellement curieux. Ça ne résout tout de même pas en masse le problème terrestre. Prenez les gigantesques dalles de Baalbeck. Elles ont été découpées, il y a des traces de scie. Si c’étaient des extraterrestres, ils l’auraient au moins découpée au laser ou au chalumeau atomique !... A mon avis, il faudrait en archéologie — ce que je ne prétends pas être —, un Pasteur ou un Darwin. Il nous faut une hypothèse réellement folle, comme l’évolution des espèces ou la transmission des maladies par des microbes.

Revue KADATH : Nous publions des extraits d’anciens textes sacrés. Vous les connaissez, bien sûr, mais pensez-vous que l’étude des livres dits « mythiques » peut fournir d’autres renseignements ?

JACQUES BERGIER : Sûrement. Tenez, il y a un livre maudit qui vient de paraître et dont je croyais moi-même qu’il était mythique. C’est le « Livre des trois imposteurs », les soi-disant imposteurs étant Mahomet, Moïse et Jésus. Le livre en question, il y a à peu près trois cents personnes qui ont été brûlées depuis le XIVe siècle, pour l’avoir possédé. Même Sprague de Camp avait dit qu’il était mythique et je n’en avais pas parlé dans « Les livres maudits ».

Eh bien, les Russes en ont retrouvé un exemplaire, des étrangers l’ont racheté tout de suite et en ont publié des reproductions. Ce qui démontre une fois de plus que tous les mythes ne sont pas des mythes. Prenez le Nécronomicon, par exemple. C’est une production romancée d’El Alach, qui a été mis à mort par les musulmans au IXe siècle, pour « communications avec le dehors » : c’est dans les attendus. Alhazred est inventé par Lovecraft, mais El Alach, sur qui Alhazred a été copié, est authentique...

L’École Centrale de Paris me propose de mettre des fonds à ma disposition, sous forme d’heures d’ordinateur, afin d’y introduire toutes ces choses là et de voir s’il n’y a pas de correspondances. Savez-vous, par exemple, que j’ai trouvé dans un livre italien sur les Étrusques, paru bien après la mort de Lovecraft, le nom de Cthulhu, un de ses Grands Anciens. Or, cela avait été découvert en 1942, et jamais signalé avant. Il serait vraiment intéressant de reprendre tout cela par ordinateur. Il serait intéressant aussi que les gens ne gardent pas indéfiniment leurs secrets. D’autant plus que, trop souvent, il me semble que ce sont des secrets primaires. Prenez la quête du Graal : à mon avis, il est absurde de rechercher un Graal matériel qu’on puisse tenir entre ses mains. Il s’agit plutôt d’une force, d’une atmosphère, d’une idée. Remarquez, les Allemands l’ont fait. Pendant l’occupation, ils ont retourné les Pyrénées à la recherche du Graal. Ceci étant dit, il y a certainement quelque chose dans l’idée même, il y a par exemple l’Ordre du Graal, qui est quelque part, qui conserve un certain ordre des choses, et dont on parle de temps en temps...

Revue KADATH : Parlant d’une autre difficulté pour obtenir des renseignements, comment faites-vous pour vérifier les informations en provenance des pays communistes ?

JACQUES BERGIER : Je reçois constamment des trucs des Soviétiques, et ce qui est bien, c’est qu’ils restent malgré tout prudents et n’inventent pas trop de choses. Ce qui est plus difficile, c’est d’établir des contacts avec les Chinois, car ils ont une pensée absolument différente. Ils ont digéré le marxisme, ils en ont sorti une espèce de néo-religion absolument incompréhensible. Mais là, il existe des choses très curieuses. Par exemple, je leur ai posé une question qui m’intrigue beaucoup, pourquoi est-ce nous qui avons inventé le magnétomètre, la machine à vapeur ou les avions, et pas eux, puisqu’ils avaient tous les éléments en main. Ils avaient des expériences de laboratoire et tout, et puis brusquement, ils ont cessé d’inventer le progrès technologique. En un siècle ou deux, c’était fini, alors qu’avant cela, ils avaient des séismographes, des boussoles magnétiques, l’imprimerie, les fusées. On a des traces de tout cela, des masses de volumes à l’Unesco, y compris des points où ils étaient en avance sur nous : le miroir magique qui transmettait des images d’un coin à l’autre, l’alchimie (ils fabriquaient des bronzes d’aluminium), et puis plus rien... Alors, la thèse officielle, celle de Needham, est une thèse marxiste. Il prétend que, parce qu’en Chine il n’y avait pas de prolétariat à proprement parler, il n’y avait pas de lutte de classes, donc pas de moteur de progrès. Bon, moi je veux bien. Mais quand j’en ai parlé à des Chinois, ils m’ont répondu : « C’est un imbécile érudit. La réalité, c’est que les liens avec les Immortels ont été coupés ». Alors je leur ai demandé si on ne peut en savoir plus. « Oh ! Nous allons publier », disent-ils. Ils ont peut-être publié, mais on ne reçoit rien ! De même, ils ont déclaré à un moment donné avoir identifié des inscriptions dans le roc, représentant des engins volants qui dateraient de 43.000 ans. J’espérais les voir avec nous à une conférence internationale de savants en mai 70 à New York, mais au dernier moment, on a reçu une belle lettre sur parchemin, disant que, comme on avait invité les délégués de Formose, ils ne viendraient pas.

Revue KADATH : Revenons à nos propos du début. Parmi les « hypothèses folles » que vous avancez, il y a celle d’une civilisation de « plasmoïdes ».

JACQUES BERGIER : Oui, mais ce seraient aussi des extraterrestres. Évidemment, il y a tout de même la possibilité difficilement concevable, d’une civilisation tellement différente, qu’on en retrouve des objets sans savoir ce que c’est.

Revue KADATH : Pourrait-il y avoir une civilisation tellement différente, que nous ne réussirions jamais à en trouver de traces ?

JACQUES BERGIER : Il est extrêmement difficile de concevoir quelque chose qui ne laisse aucune trace, étant donné la finesse de nos moyens d’investigation.

Vous savez qu’on mesure la vitesse du vent d’il y a 30.000 ans, par les variations dans les isotopes d’oxygène. Alors, que dire d’une centrale de cent mégawatts, même si elle utilisait des énergies cosmiques ? J’ai un grand ami, qui s’appelle François Bordes, et est un paléontologue extrêmement distingué, mais aussi un grand auteur de science-fiction, sous le pseudonyme de Francis Carsac. Bordes n’est pas du tout d’accord avec mes idées, et il m’a envoyé l’autre jour un travail qu’il avait fait publier dans « La revue du Quaternaire ». Il a retrouvé en Dordogne des traces de campements d’il y a 20.000 ans, avec les trous des piquets de tente. Et il m’a dit : « Si je retrouve des piquets de tente vieux de 20.000 ans, je trouverai bien une locomotive ou une machine à laver ! »

Ou alors, il faut en revenir à René Guénon. J’ai fait récemment un effort d’impartialité pour évaluer Guénon. Il m’avait beaucoup irrité par son racisme, par son insolence, par sa façon de dire : « je n’ai pas à donner de références, c’est moi, l’initié, qui parle », ce qui est toujours extrêmement gênant. Je n’aime pas les gens qui ne donnent pas de références. Mais malgré tout, j’ai relu à peu près tout Guénon. Eh bien, il y a là des choses curieuses, et en particulier la référence constante au fait que la géographie de la terre ne serait pas totalement connue, qu’il y aurait une géographie sacrée, et des pays, voire même des continents autres que ceux que nous connaissons. Il a une autre idée qui paraît très intéressante, c’est celle de la « cristallisation ». C’est-à-dire que, selon lui, les lois naturelles ont changé, dans un passé très récent, mettons cent mille ans. Et plus on remonte vers le passé, plus la nature est malléable et obéirait à la simple volonté humaine. Eh bien, rien que ça expliquerait pas mal de choses, des monuments géants et ainsi de suite. Il a peut-être vingt ou trente idées folles comme ça, qui mériteraient d’être réexaminées de sang-froid. Personnellement, je n’y crois pas. Mais Guénon, c’est un point de vue qui mériterait d’être décrit dans KADATH en tant qu’hypothèse folle, à condition de bien dire que cela n’engage pas la rédaction.

Revue KADATH : Certains articles de KADATH vous ont-ils déjà rappelé l’une ou l’autre de ces « hypothèses folles » ?

JACQUES BERGIER : Oui. Prenez, par exemple, dans le numéro deux, ces sites de Mohenjo-Daro et l’île de Pâques, qui sont séparés par une trop grande distance pour que l’alphabet ait pu être communiqué. Je réponds : Oui..., par des moyens naturels ! Mais s’ils étaient télépathes ? Car cela peut aller assez loin. Imaginez un chamane de Sibérie, dans son climat glacé, qui communique par télépathie avec un sorcier de l’Amazonie, et qui voit autour de lui un monde abondant, avec de beaux fruits partout, le soleil luisant et de la végétation luxuriante. Il invente le paradis... Pendant ce temps-là, l’autre qui a une vision de ces terrains glacés, il invente l’enfer. Cela mériterait d’être exploré. Voir, par exemple, s’il y a une correspondance sérieuse entre les hiéroglyphes de l’île de Pâques et ceux de Mohenjo-Daro, et si oui, émettre cette hypothèse. Ce serait de la télépathie, non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps, puisqu’il y a une différence de combien de siècles ? Mais là, au moins, ce serait une hypothèse ouverte. Je le répète : si on ne fait pas une percée en partant des idées réellement folles, eh bien, on restera indéfiniment où on est. J’ai l’impression que la science officielle va un jour avoir un coup dur, et sera obligée de faire une révision déchirante de ce qu’on croit savoir, car sinon, on ne s’en tirera jamais.

Revue KADATH : C’est votre conclusion ?

JACQUES BERGIER : Oui. Je dirige actuellement, chez Albin Michel, deux collections. L’une, intitulée « Les chemins de l’impossible », marche très bien. L’autre est une collection scientifique, « Science parlante », et ça n’a pas pris du tout. Le public a l’air d’être indifférent, sinon hostile, envers la science. C’est un phénomène général, et je me demande s’il n’est pas explicable par l’attitude insolente que prend la science. Après tout, les savants sont des fonctionnaires payés par le contribuable, et quand on leur pose une question sur quelque chose qui intéresse le public : les civilisations disparues, les extraterrestres ou autre chose, ils traitent les gens d’imbéciles et répondent par des injures. Alors, j’ai l’impression que le public le leur rend bien...

Propos recueillis par I. Verheyden et P. Ferryn
pour le numéro 5 de la revue Kadath,
novembre-décembre 1973.


Télécharger gratuitement des numéros de la revue Kadath :




Que sont devenues les recherches françaises sur l'antigravitation ?

L'alimentation ou la troisième médecine




Jean Seignalet est l'auteur de « L'alimentation ou la troisième médecine ». Ce livre montre comment l'alimentation moderne exerce ses effets néfastes. Il préconise le retour à une nutrition de type ancestral, la seule qui conviendrait à l'homme. Et, en accord avec les idées de Claude-Guy Burger, le gourou pédophile de l'instinctothérapie, le Dr jean Seignalet conseille la consommation de viandes crues. Mais ce prétendu régime ancestral est-il fidèle à l'alimentation originelle de l'homme qui « présente les caractères morphologiques, anatomiques et physiologiques d'un primate fruito-végétarien » ?

Le régime de Jean Seignalet :

« Mon but est de proposer un régime apportant 95 % des avantages de la méthode BURGER, écrit Seignalet, mais aussi aisé à pratiquer que la méthode KOUSMINE ou la méthode FRADIN. Ce régime sera désigné indifféremment comme de type originel, de type ancestral ou hypotoxique.

Les principaux fondements en sont les suivants :

1) Exclusion des céréales, à l'exception du riz et du sarrasin.
2) Exclusion des laits animaux et de leurs dérivés.
3) Consommation de beaucoup de produits crus.
4) Utilisation d'huiles vierges, obtenues par première pression à froid.
5) Préférence chaque fois que possible pour les produits biologiques.

ANALYSE ALIMENT PAR ALIMENT

Les céréales On regroupe sous ce terme plusieurs catégories de plantes :

Le blé est dangereux, en raison de la structure de ses protéines et du fait qu'il est toujours cuit. Il faut donc supprimer le pain, les croissants, les gâteaux, les pizzas, les biscuits, les biscottes, les galettes de blé, la farine de blé, les pâtes et les semoules. Le pain complet est pire encore que le pain classique, car il est plus cuit et plus riche en molécules de Maillard.

Le maïs est dangereux pour les mêmes raisons que le blé. Il faut donc supprimer les corn flakes, le pop corn, les grains de mais doux et la farine de maïs.

L'orge, le seigle et l'avoine font partie de la famille du blé et sont aussi abolis.

Le riz est resté semblable à sa forme sauvage préhistorique. L'expérience clinique montre qu'il est rarement nocif. Aussi est-il autorisé, aussi bien le riz blanc que le riz complet.

Sur les céréales africaines (mil, millet, sorgho), je n'ai pas d'opinion.

Le sarrasin est fort bien toléré par les patients et est donc largement autorisé. Le sésame est probablement très bon aussi, mais mon expérience est moins étendue que pour le sarrasin.

Le kamut n'est pas un blé ancestral, car il a doublé ses chromosomes. Il est donc à exclure.

L'épeautre n'est tolérable que sous forme de petit épeautre authentique cru. Il faut se méfier du pain d'épeautre car, lorsqu'il a cuit à 300 °C, il est aussi dangereux que le pain de blé.

En somme, les céréales modernes, mutées, cuites, incomplètes, vieillies sont à proscrire. Les céréales anciennes, sauvages, crues ou cuites au-dessous de 110 °C. complètes, rapidement consommées peuvent être bénéfiques, au moins chez certains individus.

Les laits animaux

Le lait de vache présente de nombreux inconvénients pour l'homme. Il est donc interdit, ainsi que ses dérivés : beurre, fromages, crème, glaces, yaourt. Certains de mes malades ont essayé de remplacer le lait de vache par un autre lait animal et n'en ont tiré aucun profit. Il faut proscrire les laits animaux, quel que soit leur origine : chèvre, brebis, jument, etc.

Contrairement à une croyance très répandue, la suppression des produits laitiers n'entraîne pas une carence en calcium, et ceci pour deux raisons :

- Les laits animaux, surtout le lait de vache, sont certes fort riches en calcium, mais seule une petite fraction de celui-ci est absorbé par l'intestin grêle humain. L'immense majorité du calcium est précipitée sous forme de phosphate de calcium insoluble et éliminé dans les selles. Ce phénomène est bienvenu, car les quantités de calcium contenu dans le lait de vache sont beaucoup trop fortes pour les besoins de l'homme.

- Le calcium est très abondant dans le sol et sera donc fourni en quantité largement suffisante par les légumes, les légumineuses, les crudités et les fruits.

Les viandes

Je les considère comme mauvaises quand elles sont cuites et comme bonnes quand elles sont crues. Mais certains individus sont totalement incapables, en raison le plus souvent d'un obstacle psychique, de manger leur viande crue. On tolérera pour eux une cuisson la plus brève et la moins forte possible. Comme je le disais plus haut, il faut, dans une viande non biologique, préférer le maigre au gras, souvent bourré de déchets lipophiles.

Les viandes doivent être de qualité irréprochable, achetées chez un commerçant de confiance. Le bœuf, le veau, le mouton, le cheval seront privilégiés, car assez faciles à absorber crus, soit tels quels, soit sous forme de tartare ou de carpaccio. J'éprouve une certaine méfiance envers l'agneau et le porc, souvent nourris de façon très artificielle. Il en est de même pour les volailles et le lapin, de surcroît peu appétissants à l'état cru.

Les gibiers sont malaisés à ingurgiter crus. À titre exceptionnel sera permis un gibier peu cuit, saignant, comme par exemple le lièvre ou le sanglier. Les abats posent le même problème. À titre exceptionnel, on pourra admettre le foie ou les rognons saignants ou bleus.

Les charcuteries


Sont autorisées les charcuteries crues : jambon cru, saucisson, saucisse, chorizo, salami. Il faut sélectionner des produits de qualité, faisant augurer une nourriture plus soignée des porcs. Sont exclues les charcuteries cuites : jambon cuit, pâté, rillette, boudin, andouillette, etc. La seule exception est constituée par les foies gras, car la graisse d'oie et la graisse de canard ont la réputation justifiée d'être plutôt bonnes pour la santé. C'est dans le Gers qu'on compte le plus de femmes centenaires.


Les œufs


Comme la viande, l’œuf est nocif quand il est cuit, valable quand il est cru. L'idéal est de se procurer des œufs biologiques. Le blanc, uniquement formé d'albumine et peu ragoûtant, peut être écarté, alors que le jaune sera gobé. Pour les sujets qui ne souhaitent pas manger d’œufs crus, les préparer à la coque à température peu élevée.


Les poissons


Le poisson cuit est moins redoutable que la viande cuite. Cependant, mieux vaut opter pour le poisson cru. Sans préparation, celui-ci est peu appétissant, mais il peut devenir succulent lorsqu'il est accommodé à la Japonaise ou à la Tahitienne. Une recette simple consiste à faire mariner de fines tranches de poisson, du saumon par exemple, dans du jus de citron additionné d'un peu d'huile d'olive et aromatisé par de fortes quantités de coriandre, d'aneth et de basilic. Ce plat est conservable une semaine au réfrigérateur. Bien entendu, le poisson doit être très frais, acheté chez un commerçant fiable.


Bien qu'il soit illusoire d'espérer trouver des poissons non pollués par l'industrie humaine, on choisira ceux qui se rapprochent le plus du critère originel : poissons de mer plutôt que de rivière, poissons sauvages plutôt que d'élevage.


Les autres produits de mer


Les crustacés, les mollusques et les coquillages sont permis. Les coquillages crus (huître, moule, palourde, etc...) sont même conseillés.


Les légumes verts


Ils sont tous autorisés : asperge, artichaut, aubergine, betterave, champignons, chou, courgette, fenouil, épinard, haricot vert, navet, poireau, salsifis et légumes exotiques. Trop durs pour être consommés crus, ils sont cuits à la vapeur à l'aide d'une cocotte minute ou mieux encore à l'étouffée ou à la vapeur douce.


Les légumes secs ou légumineuses


Rentrent dans cette catégorie : pois, haricot blanc ou rouge, lentilles, pois chiche, fève, pomme de terre, quinoa, tapioca et soja. Ils sont autorisés, après cuisson analogue à celle des légumes verts. Le lait de soja et les yaourts de soja sont de bons substituts du lait de vache et des yaourts classiques.


Les crudités



On usera largement des aliments appartenant à ce groupe : carotte, céleri, champignons, concombre, cresson, endive, mâche, melon, poivron, radis, salades vertes, tomate.


Les fruits frais


Il est fait grandement appel à ces fruits : abricot, ananas, banane, cerise, fraise, framboise, mandarine, orange, pamplemousse, pêche, poire, pomme, prune, raisin, fruits exotiques, pour ne citer que les principaux. La châtaigne, qui est consommée cuite, et la farine de châtaigne sont également admises.


Les fruits secs ou conservés


Ils sont largement représentés dans le régime : datte, figue, amande, arachide, noisette, noix, olive. Ils doivent être mangés crus. Ainsi l'arachide grillée sera écartée au profit de l'arachide crue.

Aliments divers

Sont conseillés le miel et les pollens, produits naturels par excellence, et aussi les graines germées de légumineuses ou de céréales ancestrales ou peu manipulées par l'homme : soja, lentilles, pois chiche, haricot, riz, sarrasin, petit épeautre, mil, luzerne. Attention cependant : si les graines d'épeautre crues sont permises, il n'en est pas de même pour le pain d'épeautre cuit à plus de 300 degrés.


Le chocolat, qui est cuit et contient du sucre raffiné, est à limiter. On choisira du chocolat noir, biologique contenant du sucre complet. Les confitures qui sont cuites et bourrées de sucre blanc sont à proscrire. Le sucre blanc doit être écarté au profit du sucre complet, beaucoup plus riche en potassium, en magnésium, en calcium, en phosphore, en fer et en vitamines (DENJEAN 1989).


Les huiles

Toutes les huiles apportent l'acide linoléïque. Je conseille souvent les huiles suivantes :  

- Olive qui apporte des acides gras monoinsaturés.
- Noix, soja et colza.
- Onagre et bourrache.

Mais d'autres huiles sont intéressantes, pourvu qu'elles soient vierges et extraites par première pression à froid. C'est la technique habituelle pour l'huile d'olive. Pour les autres huiles, il faut s'adresser à des magasins spécialisés dans les denrées biologiques. Le label vierge signifie que l'huile a été extraite de la plante uniquement par des procédés physiques ou mécaniques et n'a été soumise à aucun traitement chimique.

Les condiments

Ils sont tous autorisés : sel, poivre, vinaigre, citron, oignon, ail, moutarde, persil, câpre, cornichon, curry, plantes aromatiques. La quantité de sel doit être limitée, les Français en absorbant quatre fois trop. Le sel blanc raffiné sera écarté au profit du sel complet, beaucoup plus riche en certains minéraux.

Les boissons

Il faut exclure les boissons riches en sucre blanc (sodas, jus de fruits du commerce) et la bière qui est assimilable à une céréale, car elle contient des protéines de l'orge. Les autres boissons sont permises :

L'eau du robinet et des eaux minérales diverses fournissent d'utiles minéraux et oligoéléments.

Le café et le thé sont tolérés en quantité raisonnable. Certes ils contiennent des molécules torréfiées et excitantes, mais les quantités ingérées de substances nocives sont petites. Certains sujets aiment beaucoup le café ou le thé, et ceci les aide à mieux supporter les impératifs du régime.

La chicorée est encouragée en vertu de ses propriétés cholérétiques et dépuratives.

Les boissons alcoolisées autres que la bière sont autorisées à dose modérée. Ma position sur ce sujet s'appuie sur plusieurs arguments :

I) L'alcool est une molécule simple qui ne peut entraîner ni une réponse auto-immune, ni un encrassage, ni une élimination difficile.

2) Les boissons alcoolisées préparées à partir de céréales ne contiennent pourtant aucune protéine céréalière, lorsqu'elles sont obtenues par distillation. Ainsi la distillation de l'orge aboutit au whisky qui ne recueille que les arômes, alors que la fermentation de l'orge aboutit à la bière qui garde les protéines.

3) L'alcool a un effet antiagrégant sur les plaquettes et fluidifie le sang, ce qui protège contre les maladies cardiovasculaires. Il a été récemment démontré que le vin, surtout le vin rouge, contient une quantité non négligeable d'acide acétylsalicylique, anticoagulant modéré très utilisé dans la prévention et le traitement des accidents vasculaires.

4) Le vin est un piégeur de radicaux libres, action qui n'est pas due à l'alcool, mais aux flavonoïdes. 

Les Français ont moins souvent des accidents cardiovasculaires que la plupart des Européens, bien qu'ils mangent autant de corps gras. Ce phénomène, appelé « paradoxe français », est attribué à la consommation d'huile d'olive et de vin (RENAUD et DE LORGERIL 1992). »


L'alimentation ou la troisième médecine

Henri JOYEUX, Professeur de cancérologie et de chirurgie digestive de la Faculté de Médecine de Montpellier, est l'auteur de la préface. Il écrit :

« Jean Seignalet démontre avec la logique du bon sens et au fil de chapitres très bien structurés que l'alimentation peut être la meilleure ou la pire des choses.

Le lecteur pressé se reportera à la fin de chaque rubrique ou chapitre à un résumé très clair intitulé « Les points importants ». Les illustrations très détaillées qui accompagnent et aèrent le texte sont bienvenues et très démonstratives.

Tous les étudiants, tous les médecins qui aiment leur métier, tous les malades qui veulent comprendre la ou les causes de leurs maux auront ce livre et pourront s'y référer pour mieux soigner ou se soigner, mieux prévenir simplement par une alimentation saine qui consiste à « manger mieux et meilleur ».

Les rhumatologues, gastro-entérologues, nutritionnistes, immunologistes, allergologues, dermatologues.., cancérologues et même ceux qui s'occupent du Sida ne sont pas si éloignés qu'ils le pensent. Ne soignent-ils pas souvent le même patient ? C'est la nutrition qui fait l'unité du corps humain cohérent Tous les conseils nutritionnels vont dans le même sens.

Le jour où les responsables des grands organismes de recherche, INSERM, CNRS, INRA... comprendront l'importance de mettre en priorité les recherches en nutrition, ils feront faire des bonds en avant énormes à la médecine, rejoignant Hippocrate qui voyait juste 500 ans avant Jésus-Christ « Que ton aliment soit ton médicament », et la Sécurité Sociale se portera mieux.

Si l'on veut éviter l'essoufflement de la recherche fondamentale, si l'on veut donner du tonus aux chercheurs qui veulent être plus proches des préoccupations des humains qui souffrent, il faut étudier autant la nutrition des cellules saines ou malades que celle de l'organisme tout entier. »


Note :
Une des sources des travaux de Seignalet, l'instinctothérapie, qui est souvent présentée comme une médecine miracle par ses sectateurs, n'a pas empêché le décès en 1994 de la propre épouse de Claude-Guy Burger. Elle était atteinte d'un cancer. Le 13 juillet 2003, Jean Seignalet fut emporté par une pancréatite. Il n'avait que 66 ans.

mardi, août 14, 2012

La nutrition ancestrale




Dans son livre « Pourquoi j'ai mangé mon père », Roy Lewis raconte à sa façon le changement de régime alimentaire de l'homme :

Avant d'avoir du feu, nous étions des minables. Certes, nous étions descendus des arbres, nous avions le biface et le coup-de-poing. Mais quoi de plus ? Et toute griffe, toute dent, toute corne dans la nature semblait nous être ennemie. Nous voulions nous considérer comme animaux du sol, mais il nous fallait regrimper dare-dare sur un arbre dès que nous nous trouvions dans le moindre pétrin. Nous devions toujours, dans une grande mesure, vivre de légumineuses, de baies ou de racines ; et, pour arrondir notre ration de protéines, nous étions bien contents d'une larve ou d'une chenille. Et quoique pour soutenir notre croissance physique nous eussions désespérément besoin d'aliments énergétiques, nous souffrions toujours d'une pénurie chronique à cet égard. C'était pourtant cela qui nous avait fait quitter la forêt pour la plaine : on y trouvait abondance de viande. L'ennui, c'était qu'elle était toute sur quatre pattes. Et d'essayer de chasser la viande sur quatre pattes (bisons, buffles, impalas, oryx, gnous, bubales, gazelles, pour ne mentionner que quelques mets dont nous aurions aimé faire notre ordinaire), quand on essaie de se tenir soi-même difficilement sur deux, c'est littéralement un jeu d'andouilles. Or nous étions bien obligés de nous mettre debout, pour regarder par-dessus l'herbe haute de la savane. Parfois on surprenait un grand ongulé, un zèbre ou un cheval, mais qu'en pouvait-on faire? Cela vous donnait des coups de pied. Ou bien on parvenait à mettre aux abois une bête boiteuse, mais elle vous présentait ses cornes, et il fallait une horde de pithécanthropes pour la lapider à mort.

Moyennant une horde, oui, on arrive à forcer le gibier, à l'encercler. Seulement voilà : si vous voulez garder une horde assemblée, il vous faut la nourrir, ce qui suppose un approvisionnement considérable. C'est là le plus ancien cercle vicieux en matière d'économie. Une équipe de chasseurs est nécessaire pour obtenir le moindre tableau décent. Mais pour obtenir l'équipe il faut pouvoir lui assurer un tableau régulier. Tant que ça reste irrégulier, vous n'arrivez pas à tenir ensemble un groupe qui dépasse trois ou quatre. Vous voyez le problème.

Il avait donc fallu commencer tout en bas de l'échelle, et s'escrimer dur pour grimper. S'attaquer d'abord aux lapins, hyrax, et autres petits rongeurs que l'on pouvait abattre avec une pierre. Courir après une tortue, voire une tortue de mer (ça, ça pouvait aller), et quant aux serpents, aux lézards, si l'on étudiait leurs coutumes avec assez d'assiduité, on finissait par en attraper. Pas de difficulté ensuite, une fois tué, pour découper ce petit gibier avec un biface de silex. Et, bien que les meilleurs morceaux ne soient pas faciles à déchirer ni à manger quand on n'a qu'une dentition d'herbivore, on peut auparavant les dépecer et les émietter avec des pierres, et finir de les mastiquer tant bien que mal avec ces molaires qui n'étaient destinées à l'origine qu'à écraser des fruits. Les morceaux de choix de tous ces animaux, c'étaient les parties molles : non qu'elles fussent très ragoûtantes. Mais quand vous avez passé la journée à courir affamé sur vos pattes de derrière, et si vous voulez nourrir votre cerveau, vous ne faites pas le délicat. Ces morceaux-là étaient l'objet de grandes compétitions. Et nous avions un goût particulier pour tous les animaux spongieux, qui soulageaient nos dents et nos estomacs.

C'était encore ainsi il n'y a pas longtemps ; pourtant je me demande combien de gens s'en souviennent aujourd'hui. Combien se rappellent ces indigestions qui nous torturaient jadis. Et même combien y succombaient. Et cette mauvaise humeur des premiers pionniers subhumains, constamment aigris par ces dérangements gastriques! Allez donc arborer un visage ensoleillé quand vous souffrez d'une colite chronique! Car qu'on n'aille pas croire que de quitter un régime purement végétarien (et même composé essentiellement de fruits) pour devenir omnivore, ce soit une opération aisée! Non, cela demande au contraire une patience et une obstination énormes. Garder dans l'estomac des choses qui vous dégoûtent, et de plus qui vous rendent malade, cela exige une discipline de fer. Seule une ambition farouche d'améliorer votre situation dans la nature pourra vous soutenir dans une telle transition. Non que vous ne tombiez de temps en temps, je ne le nie pas, sur quelque friandise ; mais toute la vie n'est pas ris de veau et limaces. Dès le moment que vous prenez pour but de devenir omnivore, il faut, comme le mot l'indique, apprendre à manger de tout. De plus, quand ce que vous avez — ce qui est de règle —, c'est de la vache enragée, vous ne pourrez vous permettre d'en rien laisser dans votre assiette. Comme petit enfant, on m'a encore élevé strictement selon ces principes. Oser dire à maman qu'on ne voulait pas de ceci ou de cela, de la fourmi pilée, du crapaud mariné, c'était vouloir s'attirer une bonne baffe. « Finis-le, c'est bon pour ta santé », voilà la rengaine de toute mon enfance. Et c'était vrai, bien entendu : car la nature, en merveilleuse adaptatrice, finissait par durcir nos petits intestins et par leur faire digérer l'indigeste.

Devenir carnivore est beaucoup plus pénible que de l'être de naissance, car n'oubliez pas que les félins, les loups, les chiens, les crocodiles déchirent seulement leur viande en morceaux et l'avalent tout rond, sans se soucier si c'est de l'épaule, du romsteck, des tripes ou du foie ; tandis que nous, nous ne pouvions rien engloutir sans l'avoir longuement mastiqué. « Mâche trente-deux fois avant d'avaler », encore une maxime de mon enfance, sinon c'était un bon mal de ventre, aussi sûr que deux et deux font quatre. Quelque répugnant qu'en fût le goût, la langue et le palais devaient donc l'explorer à fond, et il n'y avait qu'une sauce à tout cela : notre appétit. Mais cette sauce-là, nous n'en manquions jamais.
Roy Lewis


Pourquoi j'ai mangé mon père

Lorsque mon vieil ami Théodore Monod, que tout le monde a vu au petit écran traversant le désert (à quatre-vingt-sept ans), géologue, zoologue, ichtyologiste, entomologiste, anthropologue, paléontologiste, ethnologue, que sais-je encore, membre de l'Institut, bref, quand cet homme de science imposant, m'ayant mis ce livre dans les mains et voulant m'en citer des passages, ne put y parvenir tant il s'étranglait de rire, je regardai, inquiet, ce visage qu'il a austère, même ascétique et me demandai si...

Mais non. Il avait toute sa raison. Du reste, il se reprit bientôt pour me dire : « Je ris, et tu riras, c'est le livre le plus drôle de toutes ces années, mais ce n'en est pas moins l'ouvrage le plus documenté sur l'homme à ses origines. Et si je t'en parle, c'est qu'il est fait pour toi, tu devrais le traduire, il prolonge ton livre Les Animaux dénaturés, commence où le tien s'achève, et presque sur les mêmes mots. Ce sont tes "Tropis" en action, ces hommes encore à demi singes parvenus au point critique de l'évolution, sur le seuil de l'humain, et s'efforçant de le franchir. Efforts contés ici avec le plus haut comique, mais pathétiques aussi quand on songe au dénuement de ces êtres nus et fragiles, face à une nature hostile et sous la griffe d'une foule d'animaux prédateurs. Un maître livre. Tu dois le lire. »

Vercors


Télécharger gratuitement Pourquoi j'ai mangé mon père :

Un rabbin affirme que les Juifs sont des extraterrestres venus pour « conquérir » la Terre.

Le rabbin Michael Laitman est l'auteur de "Kabbalah, Science and the Meaning of Life". Le livre retrace les étapes de l'év...