mercredi, janvier 05, 2011

La liberté et le destin selon la gnose







Propos de René Nelli


Claudine Brelet-Rueff : Les cathares croyaient-ils que le monde « allait finir ? »


René Nelli : Ils ne croyaient pas que le monde allait finir tout de suite, mais qu’il était destiné à finir. Pour les gnostiques, le monde est toujours sur le point de finir, même s’il doit durer encore mille ans ou beaucoup plus. Personnellement, je crois qu’il va finir. 


Claudine Brelet-Rueff : Mais les cathares croyaient en un salut ?


René Nelli : Pour les gnostiques, il suffit de connaître le destin, le secret des choses, pour être déjà sauvé. La gnose est d’abord une connaissance. Cela suppose donc que l’être est connaissable et peut-être même qu’il y a une adéquation entre l’être et la pensée…


L’originalité de la gnose réside en ce qu’elle ne dit pas seulement que l’être est connaissable, mais aussi que l’on se sauve par la connaissance. Ce point est peut-être celui qui heurte le plus les tenants des religions d’amour et certains philosophes rationalistes pour qui la connaissance n’entraîne pas nécessairement le salut.


Pour les gnoses comme le catharisme ou l’ancien manichéisme (qui est peut-être plus gnostique que le premier), il n’y avait pas de liberté. Par conséquent, l’homme ne pourrait être sauvé s’il n’était pas déterminé à être libre, c’est-à-dire s’il ne recevait pas, dès son entrée en ce monde, une espèce d’illumination. J’insiste beaucoup là-dessus parce que cela se trouve dans l’évangile de Jean. Cette lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde, nous n’y sommes pour rien et nous ne sommes pas libres de la refuser.


En général, et même chez les catholiques, on comprend mal cela. Pourtant, si l’homme n’était pas de quelque façon déterminé à être sauvé, il ne pourrait pas l’être. Les existentialistes ont dit comme les gnostiques que nous étions déterminés à être libres. Sartre éclaire le point de vue de certains gnostiques lorsqu’il dit que nous sommes condamnés à la liberté, à une certaine liberté. Précisément, l’être et le néant, c’est le fondement même de toutes les gnoses.


La gnose est une connaissance de l’être et du non-être.


 Claudine Brelet-Rueff : Les gnostiques sont-ils pessimistes ?


 René Nelli : Non, car ils savent qu’il est nécessaire que la création divine passe par un stade d’inachèvement parce qu’il faut que l’être fasse l’expérience du néant et s’en libère. Tant que l’être n’a pas évacué son néant, tant qu’il n’a pas transcendé ce néant, il lui reste soumis.


Selon les cathares et les manichéens, nous sommes des êtres divisés, écartelés, faussement libres et dans le mal. Le but à atteindre est donc de retrouver cette unité, cette libération qui est l’impossibilité de faire le mal et non plus le libre arbitre qui est une erreur. Comment les hommes ne comprennent-ils pas que le libre arbitre est sottise et que la seule chose qui importe, c’est d’être libéré, c’est-à-dire de ne pas pouvoir faire le mal ? D’après les cathares, nous n’atteignons cette impossibilité qu’après de nombreuses incarnations.


Claudine Brelet-Rueff : Comment définiriez-vous le gnostique moderne ?


René Nelli : Je verrais précisément un homme qui croirait que l’être est connaissable, parce que cet être est la pensée. Ce serait l’homme qui essaierait d’interpréter la pensée universelle inconsciente par sa conscience. Ce serait l’homme qui croit aux degrés de l’être (Guénon par exemple !), car ces degrés me semblent le fondement essentiel de la pensée gnostique. S’il n’y a pas degrés de l’être, il n’y a pas de dieu. S’il n’y a pas de tels degrés, on ne comprend pas ce que vient faire le néant. Créer les degrés dans l’être, c’est un mélange de noir et de blanc. Le gnostique moderne, c’est d’abord ça. Ce n’est donc pas un optimiste comme le sont à peu près tous les religieux. Ce serait un homme qui prônerait sa vie par la connaissance et, là, ce gnostique moderne serait peut-être un scientifique… Il ne peut être qu’un homme de science, mais en même temps un philosophe. Pour qu’il ne sombre pas dans le rationalisme discriminatoire. Sans décréter a priori qu’il existe des choses connaissables, parce qu’elles sont rationnelles, et des choses inconnaissables, parce que irrationnelles, ce qui est une attitude antignostique et antiscientifique. Le gnostique moderne est un homme (ce qui peut aussi vouloir dire une femme, bien entendu !) qui se penche sur le monde extérieur, sous toutes ses formes, y compris les phénomènes supra-normaux… qui, peut-être aussi, s’intéresse à lui-même. Je trouve qu’on oublie vraiment trop le principe de Socrate : «  Connais-toi toi-même. »




La Philosophie du catharisme

  

Photo : le château de Montségur, haut lieu de la résistance cathare.

mardi, janvier 04, 2011

Super pouvoirs


Les bénéficiaires de pouvoirs paranormaux vivent leurs dons soit comme une malédiction soit comme une bénédiction. Dans un cas comme dans l'autre, ils ont toujours été montrés du doigt, et ce depuis l'aube de l'humanité.


Super Héros


« Super Héros » est un documentaire réalisé par Dimitri Grimblat, dévoilant la vie de personnes ordinaires aux pouvoirs extraordinaires.


Dans le documentaire, Jean-Pierre Girard, célèbre télékinésiste, ne cache pas qu’il a participé à un programme financé par la CIA visant à maîtriser l’influence à distance. 


Les super pouvoirs


« En vérité, ces dons sont strictement liés à un fonctionnement également paranormal de l’une ou l’autre des glandes endoctrines (glandes pinéale, thymus), qui , chez le commun, stoppent leur croissance pendant ou après la puberté. La croyance populaire précise que certains dons se transmettent par l’hérédité, ce qui devient plausible si l’on admet leur lien avec le système glandulaire. […]


La fonction psychosomatique des glandes endocrines, c’est-à-dire à sécrétion interne, n’est plus guère discutée. De leur côté, les experts du yoga recherchent les rapports précis qui les relient aux chakram. A leur yeux, ces glandes sont à la fois le premier et le dernier relais entre la réalité biologique et la surréalité psycho-spirituelle. C’est à travers elles qu’un psychisme malade s’épurera par le physique, y « alchimisant » ses poisons en intoxication matérielle – et, peut-être, vice versa ! Les Anciens (notamment les Etrusques) voyaient dans le foie une « porte des enfers » au point de se servir de foies d’animaux dans la divination : le foie et des rites appropriés attireraient des ombres mortes dont il serait possible de tirer un oracle utilitaire. L’abus de la médiumnité du niveau du spiritisme sclérose le foie. Les ombres de cimetières, en état latent de décomposition psychique, contaminent évidemment le médium, et les fluides pourris se condenseront en humeurs nocives, au niveau du foie. Le pancréas jouerait un rôle analogue, mais par rapport à un autre secteur de la surréalité, moins ambigu – celui du double. Les fonctions de cette glande, endocrine et exocrine, ne sont pas toutes connues, justement parce que son fonctionnement touche autant, sinon davantage, le double éthérique que le corps biologique. Les personnes dotées de télépathie de double à double, une télépathie magnétique, centreraient cette faculté sur le pancréas et le chakra de l’émotivité. Mais la perception médiumnique de double à double et de personne à personne, faculté propre aux « voyantes » n’usant pas de « supports » (cartes, Tarot), serait aussi tributaire du complexe glande thyroïde et thymus. La croissance de la première de ces glandes se ralentit après la puberté, celle de la seconde s’éteint. Or, des écoles britanniques de parapsychologie démontrent qu’une reprise de croissance de ces glandes endocrines à rôle transitoire se répercutera en un élargissement du champ de la perception et en une éventuelle éclosion de pouvoirs paranormaux. Le cas aussi de l’épiphyse ou glande pinéale, sorte de « troisième œil » en puissance. Stimulée, cette glande illumine l’intérieur du front, lampe et œil en même temps, et autorise une vision qui englobe même les « annales akashiques ». Certaines glandes endoctrines jouent un rôle déterminant dans la captation plus intensive du prâna. »   


Jean Louis Bernard


MK-ULTRA de la CIA (manipulation mentale par l'injection de substances psychotropes) ou étrange cas de folie.


La résistance surhumaine de deux suédoises, sœurs jumelles, est filmée lors d’un accident. Leur comportement soulève beaucoup d’interrogations.  


Cette vidéo contient des images qui peuvent choquer 


Les deux femmes se sont rétablies depuis




Isabelle commente la scène dans son blog :


« Deux sœurs jumelles sont captées par vidéo surveillance sur une autoroute en Angleterre.  Elles attirent le regard du contrôleur puisqu'elles se dirigent dans le trafic à pied et l'une d'elle se fait frapper par une voiture.  Des équipes d'urgence sont tout de suite dépêchées sur les lieux. À leur arrivée, des policiers interceptent les deux sœurs et tentent d'avoir une conversation avec elles lorsque soudain, l'une des deux blondes quitte l'accotement pour s'engager en courant sur l'autoroute où elle se fait frapper, à nouveau, par une voiture.  L'impact est très fort, la vitre avant de la voiture est très endommagée et la jumelle est inerte au sol.

Ce qui est encore plus étonnant et dramatique, c'est qu'au même moment où la jumelle s'élance sur l'autoroute pour se faire percuter par un véhicule, sa sœur se dirige elle aussi dans la même direction et elle roule sous les roues d'un camion de marchandises !

Et ce n'est pas fini...

Des policiers et passants sécurisent les lieux et sont au chevet des deux femmes en attendant les secours ambulanciers.  Les conducteurs des véhicules impliqués sont visiblement sous le choc.  La circulation a été évidemment arrêtée puisque les deux femmes gisent sur la route.

Des intervenants s'affairent à donner les premiers soins aux jumelles, elles semblent inconscientes l'une à proximité de l'autre.  Tout à coup, la première s'agite et veut se lever.  Les policiers tentent de la raisonnner et tentent de la garder au sol.  Au même moment, sa sœur s'agite elle aussi, sortant subitement de son état d'inertie, elle se lève et elle frappe très violemment la policière qui veut la retenir, au point qu'elle est projetée à terre.  Elle fuit les lieux et se lance dans l'autre voie rapide de l'autoroute!  Elle court avec une aisance incompréhensible... 

Les policiers réussissent à l'intercepter, à lui mettre les menottes, mais la force de son combat nécessite l'intervention de 6 hommes pour la maîtriser.  Un des policiers dira plus tard qu'elle avait une force phénoménale...

Les sœurs ont été finalement transportées à l'hôpital et des accusations ont été portées contre elles.  L'histoire ne nous dit pas ce qu'elles sont devenues ni ce qui explique de leurs étranges comportements. »


Source






lundi, janvier 03, 2011

L’occultisme est la métaphysique des imbéciles





L’occultisme est la métaphysique des imbéciles. La médiocrité des médiums est aussi peu le fruit du hasard que le caractère apocryphe, inepte de ce qu'ils révèlent. Depuis les premiers jours du spiritisme, l'au-delà n'a rien communiqué de plus significatif que les saluts de la grand-mère défunte ou l'annonce d'un voyage imminent. La justification que l'on donne en prétendant que le monde des esprits ne pouvait pas communiquer plus à la pauvre raison des hommes que celle-ci n'est capable d'en recevoir, est tout aussi absurde, une hypothèse auxiliaire du système paranoïaque : le lumen naturelle est tout de même allé plus loin qu'un voyage chez la grand-mère et si les esprits ne veulent pas en prendre note, ils ne sont que des lutins mal élevés qu'il vaut mieux cesser de fréquenter. Le contenu platement naturel du message surnaturel trahit sa fausseté. Tandis que, dans l'au-delà, ils cherchent ce qu'ils ont perdu, ils n'y rencontrent que leur propre nullité. Pour ne pas perdre le contact avec la grise quotidienneté où ils se trouvent parfaitement à leur aise comme réalistes impénitents, le sens auquel ils se délectent est assimilé par eux à tout ce qui n'a pas de sens et qu'ils fuient. La magie douteuse n'est pas différente de l'existence douteuse qu'elle illumine. C'est pourquoi elle rend les choses si faciles aux esprits prosaïques. Des faits qui ne se distinguent d'autres faits que parce qu'ils n'en sont pas, sont appelés à assumer leur rôle dans la quatrième dimension. Leur seule qualité occulte est leur non existence. Ils fournissent une vision du monde aux esprits faibles. Les astrologues et les spirites ont une réponse rapide et brutale pour chaque question, elle ne résout rien en fait, mais par une série d'affirmations crues, elle soustrait chacune à toute solution. Leur domaine ineffable présenté comme le modèle de l'espace a aussi peu besoin d'être pensé que des chaises ou des vases. Voilà qui renforce le conformisme. Rien ne plaît davantage à ce qui existe que le fait qu'exister doit avoir un sens. 


Theodore W. Adorno, « Minima Moralia ». 




Minima Moralia


Minima Moralia est, selon Habermas, un chef-d’œuvre. Entre les moralistes français, Marx et les romantiques allemands, Adorno entreprend, à travers de courts chapitres, vignettes, instantanés, une vaste critique de la société moderne, pourchassant, au plus intime de l’existence individuelle, les puissances objectives qui déterminent et oppriment celle-ci. 
Ce livre, qu’il convient d’étudier comme une somme, est à accueillir comme un art d’écrire, à méditer comme un art de penser et à pratiquer comme un art de vivre. Mieux : un art de résister.


Theodore W. Adorno (allemand, 1903-1969) Musicien de formation, sociologue et musicologue, philosophe juif chassé par le nazisme et réfugié aux États-Unis, membre de l'École de Francfort. Penseur antifasciste soucieux de réfléchir aux conditions d'une révolution sociale qui fasse l'économie de la violence.

Photo : "Les paroles des oracles en transe jouent depuis longtemps un rôle crucial dans la politique tibétaine et cela continue aujourd'hui encore à Dharamsala. De fait, ces oracles jouissent d'une telle vénération que Néchung, l'oracle d'état, occupe aujourd'hui le rang de ministre adjoint du gouvernement tibétain en exil."  
Une Grande Imposture, p. 103.

samedi, janvier 01, 2011

Les vœux de résistance de Stéphane Hessel





A 93 ans, Stéphane Hessel est le plus jeune d'entre nous par la vitalité de son engagement et sa force d'espérance. Né à Berlin en 1917, immigré en France en 1925, naturalisé en 1937, prisonnier évadé en 1940, il rejoint le général de Gaulle à Londres en 1941. Résistant, agent de liaison au BCRA, il est arrêté en France en 1944, puis déporté, notamment au camp de Dora, où il échappera de justesse à la pendaison. Diplomate à partir de 1945, ambassadeur de France, il fera de la question des droits de l'homme son combat sans partage ni relâche, comme l'illustre son ferme engagement pour la cause palestinienne. En cette fin d'année 2010, Stéphane Hessel est unanimement célébré comme une sorte d'incarnation de l'exact contraire de cette basse époque que symbolise le sarkozysme. Reprise de son appel lancé lors de la cérémonie annuellement organisée par Citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui au plateau des Glières, haut lieu de la résistance et de son martyr, l'exceptionnel succès de librairie d'« Indignez-vous ! » est à lui seul un chaleureux signe d'espoir en cette froidure hivernale.


Ami et soutien de la première heure de Mediapart, Stéphane Hessel a volontiers accepté de présenter ses vœux d'un citoyen résistant à tous «les citoyens et citoyennes qui savent résister». L'enregistrement a eu lieu en son domicile parisien, jeudi matin 30 décembre. Qu'il en soit chaleureusement remercié. Voici donc avec un peu d'avance des vœux de résistance, en quelque sorte nos contre-vœux avant ceux que prononcera, vendredi 31 décembre 2010 au soir, un président aussi discrédité qu'inaudible. Leur texte est en-dessous de la vidéo, et tous deux sont en accès libre. N'hésitez donc pas à les faire circuler, à les envoyer à vos proches et à vos amis, à les transformer en une grande vague d'espérance face à l'inquiétude.



Son discours

Mes chers compatriotes,

La première décennie de notre siècle s'achève aujourd'hui sur un échec. Un échec pénible pour la France ; un échec grave pour l'Europe ; un échec inquiétant pour la société mondiale.

Souvenez-vous des objectifs du millénaire pour le développement, proclamés en 2000 par la Conférence mondiale des Nations Unies. On se proposait de diviser par deux en quinze ans le nombre des pauvres dans le monde. A la même date, on entamait une nouvelle négociation pour mettre un terme au conflit vieux de trente ans du Proche Orient – les Palestiniens auraient droit à un Etat sous deux ans. Echec sur toute la ligne! Une plus équitable répartition entre tous des biens communs essentiels que sont l'eau, l'air la terre et la lumière? Elle a plutôt régressé, avec plus de très riches et plus de très très pauvres que jamais.

Les motifs d'indignation sont donc nombreux. Ce petit livre Indignez-vous! – qui a eu un extraordinaire succès auprès des parents, et plus encore de leurs enfants, auxquels il s'adresse –, c'est quelque chose qui me touche profondément. De quoi faut-il donc que ces jeunes s'indignent aujourd'hui? Je dirais d'abord de la complicité entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques et financiers. Ceux-ci bien organisés sur le plan mondial pour satisfaire la cupidité et l'avidité de quelques-uns de leurs dirigeants ; ceux-là divisés et incapables de s'entendre pour maîtriser l'économie au bénéfice des peuples, même s'ils ont à leur disposition la première organisation vraiment mondiale de l'histoire, ces Nations Unies auxquelles pourraient être confiées d'un commun accord l'autorité et les forces nécessaires pour porter remède à ce qui va mal.

Au moins nous reste-t-il une conquête démocratique essentielle, résultant de deux siècles de lutte citoyenne. Elle nous permet de revendiquer le droit de choisir pour nous diriger des femmes et des hommes ayant une vision claire et enthousiasmante de ce que la deuxième décennie qui s'ouvre demain peut et doit obtenir. Voilà la tâche que je propose à tous ceux qui m'écoutent. Qu'ils prennent appui sur les auteurs courageux qui se sont exprimés ces derniers mois, sur Susan George et son beau livre Leurs crises, nos solutions, sur Edgar Morin et son dernier tome L'Ethique, sur Claude Alphandéry et ses propositions pour une économie sociale et solidaire. Avec eux, nous savons ce qu'il est possible d'obtenir.

N'attendons pas. Résistons à un président dont les vœux ne sont plus crédibles.

Vivent les citoyens et les citoyennes qui savent résister !


Mediapart 


Indignez-vous !



« 93 ans. La fin n est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! » Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l'expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948, élevé à la dignité d'Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d'honneur !
Pour Stéphane Hessel, le « motif de base de la Résistance, c'était l'indignation. » Certes, les raisons de s'indigner dans le monde complexe d'aujourd'hui peuvent paraître moins nettes qu’au temps du nazisme. Mais « cherchez et vous trouverez » : l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l'état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au toujours plus, à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu’aux acquis bradés de la Résistance, retraites, Sécurité sociale... Pour être efficace, il faut, comme hier, agir en réseau : Attac, Amnesty, la Fédération internationale des Droits de l'homme... en sont la démonstration.
Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu’il appelle à une « insurrection pacifique ».
Sylvie Crossman

mercredi, décembre 29, 2010

Wikileaks : le Dalaï-lama & « Establishment 22 »







Selon Wikileaks, « Establishment 22 », une unité paramilitaire secrète créée au sein de l’armée indienne, recrute des jeunes diplômés dans les écoles des Villages d'enfants tibétains (Tibetan Children's Villages). Les orphelins sont les principales cibles des recruteurs.


L’obligation de rejoindre l’unité paramilitaire « Establishment 22 » était imposée aux jeunes tibétains démunis


Jusqu'à la fin des années 1980, précise un télégramme révélé par Wikileaks, l'appartenance à Establishment 22 était obligatoire pour les jeunes diplômés des écoles des Tibetan Children's Villages (TCV). 
Ces écoles ont été mises en place pour les enfants démunis et les orphelins des communautés de réfugiés tibétains grâce aux dons de l'aide internationale.


L’armée secrète du Dalaï-lama ?


Des Tibétains, qui dénoncent par ailleurs l’intolérance religieuse du Dalaï-lama (proscription du culte de Dordjé Shougdèn), considèrent que le grand prêtre du lamaïsme est le véritable chef d’« Establishment 22 ». En effet, cette unité a incorporé des combattants du Chushi Gangdruk (la guérilla tibétaine). Or le Chushi Gangdruk reconnaissait l’autorité du Dalaï-lama. Quoiqu’il en soit, on peut supposer que le Dalaï-lama n’ignorait pas l’enrôlement obligatoire de milliers de jeunes tibétains dans une unité spéciale de l’armée indienne. Plusieurs centaines de ces jeunes ont donné leur vie dans des opérations frontalières. 


L’origine d’« Establishment 22 » 


Establishment 22 ou le Special Frontier Force (SFF) est une unité paramilitaire de l'Inde, créée dans la période de l'après-guerre sino-indienne comme une force de guérilla composée principalement de réfugiés tibétains dont le principal objectif est de mener des opérations clandestines. 


Le Special Frontier Force (Establishment 22) est basé à Chakrata près de Dehra Dun dans l’Uttar Pradesh. La force est placée sous la supervision directe du Bureau de Renseignement Indien et du Research and Analysis Wing, l'agence de renseignement extérieur de l'Inde.


Après la guerre sino-indienne et vers la fin de 1962, le gouvernement de Nehru ordonne la levée d'une élite de commandos de montagne composée principalement de Tibétains. Le Chushi Gangdruk (la guérilla tibétaine) s’intègre à cette nouvelle unité. (Durant les années 1950, pour lutter contre la présence chinoise au Tibet, la CIA et le Bureau du Renseignement Indien forment des Tibétains à la guérilla avec la bénédiction du 14e Dalaï-lama. Cette force ainsi que plusieurs milliers de nouvelles recrues, principalement des Khampas, rejoignent le Special Frontier Force, Establishment 22).  


Les opérations de l’unité spéciale étaient dirigées contre la Chine dans les années 1960. L’unité fut engagée lors de la guerre indo-pakistanaise de 1971. Elle mena des opérations au Bangladesh et en Birmanie.


Establishment 22 a été utilisé comme force de répression des populations indiennes, notamment durant les émeutes communales du milieu des années 70. Plus tard, l’unité participa à l'opération Blue Star (le massacre du Temple d'Or) de 1984.


Actuellement Establishment 22 est chargé de la lutte contre le terrorisme. Depuis le 11 septembre 2001, le terrorisme est l’alibi des puissants pour contrôler les populations.   




Western Shugden Society
http://shugdensociety.wordpress.com/
Dalai Lama - wikileaks (part 1, 2 et 3)


Tibetan Children's Villages
http://www.tcv.org.in/home.shtml


The curious case of establishment 22
http://www.hindustantimes.com/The-curious-case-of-establishment-22/Article1-476533.aspx


lundi, décembre 27, 2010

Le discours philosophique comme exercice spirituel



L’expression « exercices spirituels », à ma connaissance, n’a pas été souvent employée à propos de la philosophie. Dans son livre paru en 1954, intitulé « Seelenführung, Methodik der Exerzitien in der Antike » (Direction des âmes. Méthode des exercices dans l’Antiquité), Paul Rabbow, qui a inspiré tous ceux qui se sont intéressés à cet aspect de la philosophie, a employé l’expression « exercice moral », tout en montrant que les fameux « Exercices spirituels » de saint Ignace se situent dans cette tradition. En 1945, Louis Gernet parlait d’« exercices », à propos de la technique qui consiste à rassembler l’âme et à la concentrer. Et, en 1964, Jean-Pierre Vernant, dans son livre « Mythe et pensée chez les Grecs », parle d’« exercice spirituel », à propos d’Empédocle et des techniques de remémorisation des vies antérieures. L’expression semble rare, mais elle n’est pas tellement insolite.


Pouvoir supporter les coups du sort


Personnellement, je définirais l’exercice spirituel comme une pratique volontaire, personnelle, destinée à opérer une transformation de l’individu, une transformation de soi. Jean-Pierre Vernant et Louis Gernet viennent de nous fournir deux exemples de ce que peut être un exercice spirituel. Un autre exemple, lui aussi très ancien, serait celui de préparation aux difficultés de la vie, qui sera très en honneur chez les stoïciens. Pour pouvoir supporter les coups du sort, la maladie, la pauvreté, l’exil, il faut se préparer par la pensée à leur éventualité. On supporte mieux ce à quoi on s’attend. Cet exercice est en fait bien antérieur aux stoïciens. Il avait déjà été prôné par Anaxagore et repris par Euripide, dans sa pièce « Thésée ». Anaxagore parlait d’ailleurs comme un stoïcien avant l’heure lorsqu’il déclarait, en apprenant la mort de son fils : « Je savais que j’avais engendré un être mortel ». Autre exemple : la formule de Platon dans le « Phédon » : « Philosopher, c’est s’exercer à mourir », c’est-à-dire à se séparer du corps et du point de vue à la fois sensible et égoïste qu’il nous impose. Les épicuriens aussi évoquent des exercices spirituels : l’examen de conscience, par exemple, ou l’aveu des fautes, la méditation, la limitation des désirs.


C’est toute la philosophie qui est exercice


Ce que j’ai dit d’une manière générale dans mes livres sur les exercices spirituels pourrait donner l’impression, bien que j’aie cherché à l’éviter, que les exercices spirituels sont quelque chose qui s’ajoute à la théorie philosophique, au discours philosophique, ce serait une pratique, qui compléterait seulement la théorie et le discours abstrait. En fait, c’est toute la philosophie qui est exercice, aussi bien le discours d’enseignement que le discours intérieur qui oriente notre action. Evidemment, les exercices se réalisent de préférence par et dans le discours intérieur – il y a même pour cela une formule consacrée, un terme grec qui est employé très souvent par Epictète dans son « Manuel : epilegein », c’est-à-dire « ajouter à la situation un discours intérieur ». Par exemple, on se dit à soi-même une maxime comme : « Il ne faut vouloir que ce qui arrive n’arrive pas, mais il faut vouloir que ce qui arrive arrive comme il arrive. » Ce sont des formules intérieures que l’on emploie, et qui changent la disposition de l’individu. Mais il y a aussi des exercices spirituels dans le discours extérieur, dans le discours d’enseignement. Et c’est très important, je crois, parce que ce que j’ai voulu justement montrer, c’était surtout que ce qu’on considérait comme une pure théorie, comme abstraction, était pratique aussi bien dans son mode d’exposition que dans sa finalité. Quand Platon compose ses dialogues, quand Aristote fait ses cours et publie ses notes de cours, quand Epicure rédige ses lettres, ou même son traité sur la nature, qui est très compliqué et très long – malheureusement arrivé chez nous en lambeaux, en petits morceaux, retrouvés à Herculanum –, dans tous ces cas, le philosophe expose une doctrine, c’est très vrai, mais il l’expose d’une certaine manière, une manière qui vise plus à former qu’à informer. Souvent, comme je vous l’ai dit, le discours philosophique se présente sous la forme d’une réponse à une question, en liaison avec la méthode d’enseignement scolaire. En fait, on ne répond pas tout de suite à la question. Si l’on voulait simplement satisfaire le désir de connaissance, il suffirait de donner à telle question telle réponse. Or, la plupart du temps, chez Aristote c’est très caractéristique, on ne répond pas à la question tout de suite, on fait beaucoup de détours pour apporter la réponse. Dans les dialogues de Platon ou encore chez Plotin, c’est la même chose. On reprend même plusieurs fois la démonstration. Ces détours et ces répétitions sont destinés tout d’abord à apprendre à raisonner, mais aussi à faire que l’objet de la recherche finisse par devenir, comme le disait Aristote, parfaitement familier et connaturel, c’est-à-dire finalement à intérioriser parfaitement le savoir.


Apprendre à vivre une vie spirituelle


Le sens de ces exercices est évident dans ce qu’on appelle le discours socratique, mais qui est aussi finalement le discours platonicien, et dans lequel les questions ou les réponses sont destinées à provoquer chez l’individu un doute, même une émotion, une morsure, comme dit Platon. Ce type de dialogue est une ascèse ; il faut se soumettre aux lois de la discussion, c’est-à-dire premièrement reconnaître à l’autre le droit de s’exprimer, deuxièmement reconnaître que, s’il y a une évidence, on se rallie à cette évidence, ce qui est souvent difficile quand on découvre qu’on a tort, et puis, troisièmement, reconnaître au-dessus des interlocuteurs la norme de ce que les Grecs appellent logos : un discours objectif, qui cherche en tout cas à être objectif. C’est vrai pour le discours socratique évidemment, mais aussi pour l’exposé soi-disant théorique, qui est surtout destiné à apprendre au disciple à vivre une vie spirituelle. Il s’agit de s’élever, de dépasser les raisonnement inférieurs, et surtout les évidences sensibles, la connaissance sensible, pour s’élever vers la pensée pure et l’amour de la vérité. C’est pourquoi je pense que l’exposé théorique a valeur d’exercice spirituel. Il est vrai aussi que l’exposé théorique ne peut être complet si l’auditeur ne fait pas en même temps un effort intérieur, dans la mesure où par exemple Plotin dit : il est impossible de comprendre que l’âme est immortelle si on ne se détache pas des passions et du corps.


Pierre Hadot


La Philosophie comme manière de vivre



Il est des livres dont on sort changé. C'est le cas de tous les ouvrages de Pierre Hadot, qu'ils traitent de Marc Aurèle ou de Plotin, du stoïcisme ou de la mystique ; avec une érudition toujours limpide, ils montrent que, pour les Anciens, la philosophie n'est pas construction de système, mais choix de vie, expérience vécue visant à produire un « effet de formation », bref un exercice sur le chemin de la sagesse.


Dans ces entretiens, nous découvrons un savant admirable, dont l'œuvre a nourri de très nombreux penseurs, mais aussi un homme secret, pudique, sobre dans ses jugements, parfois ironique, jamais sentencieux. En suivant Pierre Hadot, nous comprenons comment lire et interpréter la sagesse antique, en quoi les philosophies des Anciens, et la pensée de Marc Aurèle en particulier, peuvent nous aider à mieux vivre. Et si « philosopher, c'est apprendre à mourir », il faut aussi apprendre à « vivre dans le moment présent, vivre comme si l'on voyait le monde pour la dernière fois, mais aussi pour la première fois ». 

vendredi, décembre 24, 2010

La planète X et les lamas



Des adorateurs de Baal au Tibet


Les Hsing Nu habitaient une région du Tibet septentrional, au sud de la magnifique chaîne du Kun Lun, zone actuellement désertique et en grande partie inexplorée. Ils n’étaient pas d’origine chinoise ; on pense qu’ils étaient arrivés de Perse ou de Syrie ; les recherches effectuées désigneraient plutôt Ugarit et le dieu Baal avec son casque conique et son corps recouvert d’argent. 


De mystérieuses ruines


Quand en 1725 l’explorateur français, le Père Duparc, découvrit les ruines de la capitale des Hsing Nu, ce peuple appartenait déjà à la légende. Le Père Duparc put encore admirer les restes d’une enceinte dans l’intérieur de laquelle se dressait plus de mille monolithes qui devaient avoir été recouverts de lamelles d’argent (quelques-unes avaient échappé à la fureur des pillards), une pyramide à trois étages, la base d’une tour de porcelaine bleue et le palais royal où les trônes étaient surmontés de représentations du Soleil et de la Lune. Le Français parla aussi « d’une pierre lunaire » d’un blanc irréel, entourée de bas-reliefs représentant des fleurs et des animaux inconnus de lui.


En 1854, un autre Français nommé Latour explora la même région et y découvrit quelques tombes, des armes, des cuirasses, des ustensiles de cuivre et des bijoux d’argent et d’or ornés de svastikas et de spirales. Les missions archéologiques qui, plus tard, s’y rendirent, ne trouvèrent que quelques dalles sculptées car le sable avait recouvert les ruines de la grande cité.


Ce n’est qu’en 1952 qu’une expédition soviétique essaya de fouiller les ruines et ces aventureux pionniers durent se soumettre à un travail écrasant sans disposer d’instruments adéquats à leurs besoins. Ils ne réussirent à arracher au sol désertique que l’extrémité d’un bizarre monolithe pointu couvert de graffiti, identique à celui qu’on a trouvé en Afrique, à Simbabwe.


Des lamas connaissent le secret des Hsing Nu 


Les Russes apprirent pourtant beaucoup de choses sur les Hsing Nu, sur leur vie, sur leur mort, de la bouche des moines tibétains qui leur montrèrent d’anciens documents où la pyramide à trois étages était décrite dans ses moindres détails. En allant de bas en haut, les plates-formes devaient représenter « La Terre Antique à l’époque où les hommes montèrent vers les étoiles ; la Terre du Milieu à l’époque où les hommes descendirent des étoiles, et la Terre Nouvelle, le monde qui vit loin des étoiles ».


Que signifient ces paroles sibyllines ? Elles veulent probablement dire que les hommes de la Terre s’en allèrent dans des temps immémoriaux vers d’autres planètes, puis qu’ils revinrent vers leur lieu d’origine et puis qu’un jour la communication se trouva coupée. Nous, nous ne le saurons sans doute jamais, mais les Tibétains pensent que cela fut ainsi et ils affirment que les Hsing Nu cherchèrent à travers leur religion à poursuivre leurs voyages cosmiques en se berçant de l’illusion que les âmes des défunts montent au ciel pour se transformer en astres.


La description de l’intérieur du temple qu’on trouve dans les vieilles chroniques tibétaines est très intéressante car elle concorde avec celle donnée par le Père Duparc : sur un autel, « la pierre apportée de la Lune » (apportée et non tombée : il ne s’agit en aucun cas d’un météorite), était posée. C’était un morceau de rocher blanc laiteux entouré de magnifiques dessins représentant la faune et la flore de « L’Etoile des Dieux » et de monolithes fuselés recouverts d’argent. Etait-ce des animaux et des plantes appartenant à une planète colonisée par des cosmonautes préhistoriques et des monuments érigés pour symboliser leurs astronefs ?


Avant le « cataclysme du feu », les Hsing Nu auraient été très civilisés et ils auraient cultivé diverses sciences avancées, les mêmes que celles que pratiquent encore aujourd’hui les Tibétains, c’est-à-dire qu’ils auraient été capables, non seulement de « se parler à distance », mais de communiquer par la pensée à travers l’espace. Après la catastrophe, les survivants seraient retombés dans la barbarie, ne conservant de leur ancienne grandeur que des souvenir confinant à la superstition. […]


Un lama astronome et médium


En 1959, une mission russe erre de monastère en monastère (le récit de cette aventure sera fait par un Scandinave durant un congrès d’astronautique tenu à Moscou), cherchant dans le pays le plus secret du monde une voie qui la conduirait aux étoiles.


Le voyage est plein de difficultés : deux hommes de l’expédition sont blessés en tombant dans une crevasse ; trois autres, exténués, sont obligés de se faire hospitaliser dans un village. Pourtant, la ténacité reçoit sa récompense : dans une lamaserie située non loin du sanctuaire de Galjan, les explorateurs arrivent à obtenir d’être reçus par un vieux sage, astronome étonnamment au courant des problèmes de l’astronautique.


Contact avec les habitants d’un autre monde


Ce lama ayant admis pouvoir – suivant certaines circonstances – entrer en contact avec les habitants d’une autre planète, les Russes lui demandent de leur permettre d’assister à ce genre d’expérience. Après s’être fait beaucoup prier, le vieillard finit par consentir à condition que seuls deux étrangers participent à la séance.


Après quelques jours de repos, les hommes choisis sont appelés à suivre une série d’exercices de concentration accompagnés de gymnastique yoga et d’un régime alimentaire particulier.


Puis, enfin, le grand jour arrive dans la pauvre cellule du lama. Le moine tient les étrangers par la main. Ils se concentrent comme on le leur a enseigné. Un instrument de musique scande à intervalles réguliers des sons assourdis jusqu’au moment où ils s’arrêtent brusquement. Le silence règne. 


Un être au visage indescriptible et aux membres d’arthropode 


Une image provenant des profondeurs de l’espace prend consistance ; d’abord floue, elle devient de plus en plus claire. Un être extrêmement étrange regarde fixement le trio. Son corps a des apparences humaine, mais son visage est indescriptible, et ses membres sont ceux des arthropodes. Il se tient debout et immobile tandis qu’autour de lui tourne une miniature du Système solaire. Autour d’une grosse boule brillante se meuvent Mercure, Vénus, la Terre, Mars…


Les Russes regardent ces sphères, les identifient et les comptent… ils en compte dix… plus loin que Pluton, un autre globe tourne autour du Soleil.  


D’où viennent ces images ? Le moine, têtu, ne veut répondre à aucune question. Il ne se montre un peu plus loquace que sur un point : au delà de Pluton, il existe effectivement une autre planète (ou un satellite de Neptune sorti de son orbite) qu’on découvrira dans peu de temps.


Une manipulation occulte ?


L’expérience a été intéressante mais, dans le fond, infructueuse. Voici ce qu’en dit un des hommes qui prirent part à la séance à côté du lama : « Ni moi ni mon camarade ne saurons jamais si cet être est apparu réellement devant nous ou si nous l’avons imaginé. Nous ne saurons jamais s’il a été projeté à travers le cosmos ou s’il dépendait de la volonté du Tibétain. Nous pouvons le décrire vaguement…, ce qui est vrai, c’est qu’il n’avait rien de réel ni de terrestre et il nous paraît impossible que l’imagination seule ait pu concevoir un personnage aussi étrange. » 


Peter Kolosimo, "Terre énigmatique".




Des ombres sur les étoiles


jeudi, décembre 23, 2010

Mario de Sabato, prophète du Nouvel Ordre Mondial



Durant les années 1970-1980, le voyant bordelais Mario de Sabato avait annoncé, entre autres, la 3ème guerre mondiale, un président noir à Washington, la crise économique, la venue d’un Messie…


Un président noir à Washington durant la crise économique 


« Un  Noir à la Maison Blanche. C’est la vision qui s’impose à moi quand le pense au futur des Etats-Unis », disait Mario de Sabato . « Ce président noir sera un des grands serviteurs de la paix », ajoutait le voyant. 
(Barak Obama, prix Nobel de la Paix 2009, vient d’être conforté dans ce rôle de « grand serviteur de la paix » par une récente victoire : la ratification du nouveau traité de désarmement START entre les Etats-Unis et la Russie.) 


La crise économique internationale 


« en fait, écrivait Mario de Sabato, c’est le système monétaire international tout entier qui est lui-même en très grand danger. Nous sommes comme en 1929 à la veille d’un krach monétaire, à la veille aussi d’une guerre qui ne sera plus seulement économique. […] C’est toute la refonte du système qui devra dès lors être envisagée. Les financiers s’attelleront à la création d’un nouvel ordre économique mondial.[…] D’après ce que je vois de l’avenir, on ira ainsi de solution provisoire en solution provisoire. Au mieux, elles ne feront que retarder la catastrophe de quelque temps. Au pire, elles la précipiteront. Dans six mois ? un an ? Deux ans peut-être. Mais au bout de ce temps, la seule solution que trouveront ceux qui nous gouvernent sera de déclencher le conflit mondial. […]


La 3ème guerre mondiale 


« Je ne vois pas de guerre intercontinentale mais une succession ou un enchevêtrement de guerres locales menées par deux superpuissances, agissant directement ou en sous-main sans jamais mettre en danger leur propre sécurité. » (Mario de Sabato)


La venue d’un Messie 


« Un nouveau Messie sera révélé au monde. Il aura vingt ans. Sa mission sera d’obtenir le désarmement général en contrôlant l’exécution dans les meilleures conditions possibles. Mais il ne faut pas attendre sa venue pour commencer ce désarmement général qui devra être placé sous le contrôle de la future Organisation internationale de la Paix. Celle-ci déléguera ses experts dans les pays qui auront, pour la plupart, adhéré à la Cour Internationale de Justice. […] Il viendra, cet homme de vingt ans, ce premier citoyen du monde, ce grand Messie d’Amour dont je prédis l’entrée triomphale dans New York… » (Mario de Sabato, « Les manipulateurs du destin ».)    


New York deviendra la nouvelle Jérusalem


« New York deviendra la nouvelle Jérusalem, le nouveau Messie y fera son entrée triomphale. Tous les hommes de paix se réuniront autour de lui pour l’aider à construire le monde. Cet être d’exception s’adressera aux peuples du globe dans leurs langues. Il les parlera toutes. Sa tâche la plus importante sera d’amorcer le désarmement général. Il y parviendra et construira ainsi l’ère du Verseau, c’est-à-dire l’ère de la paix, de la sagesse et de la justice. En 1997, ce Sauveur aura vingt ans. Il est donc déjà né. Il vit quelque part aux Etats-Unis. C’est un métis, aboutissement du croisement de plusieurs races. Une force divine l’a choisi pour ce destin hors du commun.


Si New York a été élue pour ce renouveau spirituel, c’est qu’elle deviendra dès les premiers temps du conflit mondial la capitale du monde libre. Une population cosmopolite y affluera, venue de tous les pays victimes de la guerre ou menacés par elle. Parmi cette multitude, il y aura prédominance d’hommes de bonne volonté et de paix. C’est la présence de cette élite de la bonté et du savoir qui permettra au Messie de l’ère du Verseau d’entreprendre sa marche glorieuse. Il y sera également aidé par la création d’un organisme de la Paix qui remplira efficacement le rôle que les Nations unies ne sont jamais parvenues à tenir. New York, ville-flambeau, phare de la civilisation future, ne sera pas touchée par la guerre. » (Mario de Sabato, « Les manipulateurs du destin ».)


Le but des prédictions


Mario de Sabato présentait les événements qu’il décrivait comme imminents (avant l’an 2 000) générant ainsi durant les quelques années de propagation de ses prédictions de dangereuses influences déséquilibrantes. « On ne saurait croire, par exemple, combien de gens ont été déséquilibrés gravement, et parfois irrémédiablement, par les nombreuses prédictions où il est question du « Grand Pape » et du Grand Monarque », et qui contiennent pourtant quelques traces de certaines vérités, mais étrangement déformées par les « miroirs » du psychisme inférieur, et, par surcroît, rapetissées à la mesure de la mentalité des « voyants » qui les ont en quelque sorte « matérialisées » et plus ou moins étroitement « localisées » pour les faire entrer dans leurs idées préconçues. […] 
Ce n’est pas tout encore : de temps à autre, en s’appuyant sur les « prophéties de la Grande Pyramide » ou sur d’autres prédictions quelconques, et en se livrant à des calculs dont la base reste toujours assez mal définie, on annonce que telle date précise doit marquer « l’entrée de l’humanité dans une ère nouvelle », ou encore « l’avènement d’un renouveau spirituel » ; plusieurs de ces dates sont déjà passées, et il ne semble pas que rien de particulièrement marquant s’y soit produit ; mais qu’est-ce que tout cela peut bien vouloir dire au juste ? En fait, il y a là encore une autre utilisation des prédictions (autre, voulons-nous dire, que celle par laquelle elles augmentent le désordre de notre époque en semant un peu partout le trouble et le désarroi), et qui n’est peut-être pas la moins importante, car elle consiste à en faire un moyen de suggestion directe contribuant à déterminer effectivement la production de certains événements futurs ; croit-on, par exemple, et pour prendre ici un cas très simple afin de nous faire mieux comprendre, que, en annonçant avec insistance une révolution dans tel pays et à telle époque, on n’aidera pas réellement à la faire éclater au moment voulu par ceux qui y ont intérêt ? Au fond, il s’agit surtout actuellement, pour certains, de créer un « état d’esprit » favorable à la réalisation de « quelque chose » qui rentre dans leurs desseins, et qui peut sans doute se trouver différé par l’action d’influences contraires, mais qu’ils espèrent bien amener ainsi à se produire un peu plus tôt ou un peu plus tard… » (René Guénon)




Les manipulateurs du destin


mercredi, décembre 22, 2010

Bonjour paresse



L’entreprise n’est pas un humanisme


«Ne travaillez jamais », disait Guy Debord, le philosophe situationniste. Voilà un projet merveilleux, mais difficile à réaliser. Aussi, beaucoup de gens vont-ils travailler en entreprise ; celle-ci, surtout grande, a longtemps été généreuse en emplois. Curieusement, elle constitue un univers mystérieux : serait-elle un sujet tabou ? L'entreprise, parlons-en, pour une fois sans faux-semblants ni langue de bois. 


Oyez, oyez, cadres moyens des grandes sociétés ! Ce livre provocateur a pour but de vous « démoraliser », au sens de vous faire perdre la morale. Il vous aidera à vous servir de l'entreprise qui vous emploie, alors que jusque-là c'est vous qui la serviez. Il vous expliquera pourquoi votre intérêt est de travailler le moins possible, et comment plomber le système de l'intérieur sans en avoir l'air. 


« Bonjour paresse » est-il cynique ? Oui, délibérément, mais l'entreprise n'est pas un humanisme ! Elle ne vous veut aucun bien et ne respecte pas les valeurs qu'elle prône, comme le montrent les scandales financiers que charrie l'actualité et les plans sociaux qui se ramassent à la pelle. Elle n'est pas non plus une partie de plaisir, sauf quand on prend, comme c'est le cas ici, le parti de s'en amuser. 


L'entreprise est-elle soluble dans le désenchantement ? 


Des millions de gens travaillent en entreprise, mais son univers est opaque. C'est que ceux qui en parlent le plus, je veux parler des professeurs d'université (1), n'y ont jamais travaillé ; ils ne savent pas. Ceux qui savent se gardent bien de parler ; les consultants qui se sont dépêchés d'en partir pour monter leur propre société se taisent car ils n'ont pas intérêt à scier la branche sur laquelle ils sont assis. Il en est de même des gourous du management, qui abreuvent de conseils le monde des affaires, lançant des modes ridicules auxquelles eux-mêmes ne croient pas. Voilà qui explique que l'indigeste littérature consacrée au « management » est à l'entreprise ce que les manuels de droit constitutionnel sont à la vie politique : ce n'est pas avec eux qu'on comprend comment le «schmilblick » (2) fonctionne. 


Pourtant des voix s'élèvent pour parler de l'entreprise telle qu'elle est vraiment. Le genre romanesque a ouvert la route, n'hésitant plus à prendre pour toile de fond les couloirs feutrés d'Arthur Andersen (qui a fait faillite en 2002) ou la tour Gan de la Défense (qui, elle, semble indéboulonnable). Il a bien du mérite, tant il est difficile d'imaginer Roméo et Juliette discuter cash flow ou management, boucler des dossiers, inventer des joint-ventures, supputer des synergies, dessiner des organigrammes. L'entreprise, il est vrai, n'est pas le lieu de passions nobles comme le courage, la générosité, et le dévouement au bien public. Elle ne fait pas rêver. Mais alors, mais alors... Si elle n'est pas l'endroit capital où se rencontrent les gens faisant de vraies choses avec plein d'énergie, pourquoi les diplômés de l'enseignement supérieur vont-ils traditionnellement exercer leurs talents en entreprise, de préférence grande ? 


Moi-même, quand j'ai commencé à travailler, l'entreprise avait le vent en poupe, et tout se passait comme si elle subsumait d'un même mouvement les valeurs d'élévation sociale et l'esprit libertaire de mai 1968. Las ! Il m'a fallu assez vite déchanter. J'y suis depuis longtemps, et j'ai eu le temps de m'apercevoir qu'on nous avait menti. Que l'entreprise n'est pas un univers très «chabadabada» : non seulement elle est ennuyeuse, mais elle est potentiellement brutale. Son vrai visage apparaît d'autant mieux que la bulle Internet a éclaté, et que les scandales financiers font les choux gras des journaux. L'effondrement des cours de bourse de Vivendi, France Télécom et autres Alcatel a mis de l'acide sur les plaies en plombant le patrimoine de milliers de salariés actionnaires jusque-là béatement confiants dans le discours conquérant de leurs managers. Mais le pire est l'hécatombe de 2003, qui a montré la face noire de l'entreprise ; les plans de licenciements se multiplient : STMicroelectronics, Alcatel, Matra, Schneider Electric... 


L'entreprise, c'est fini. Il faut se rendre à l'évidence : elle n'est plus le lieu de la réussite. L'ascenseur social est bloqué. La sécurité fournie par les diplômes est amoindrie, les retraites sont menacées et les carrières ne sont plus assurées. Les années 1960, excitées par le progrès et assurant la sécurité des carrières, sont loin derrière nous. Le vent a tourné et, pour la fuir, des foules surdiplômées mendient déjà d'obscurs postes de ronds-de-cuir dans l'administration. 


Car l'entreprise n'avance plus guère de possibilités de se projeter dans l'avenir : les générations qui nous suivent devront posséder encore plus de diplômes pour occuper des postes encore moins valorisants, pour mener à bien des actions encore moins mobilisantes. J'ai déjà expliqué à mon fils et à ma fille : « Mes chéris, quand vous serez grands, ne travaillez jamais en entreprise. Jamais ! Papa et maman seraient tellement déçus ! » 


L'absence de perspectives individuelles et sociales est telle que les enfants de la bourgeoisie, qui constituent le vivier du recrutement des cadres, pourraient bien se défiler dès maintenant. Comment ? En se dirigeant vers des professions moins intégrées au jeu capitaliste (art, science, enseignement...), ou bien en se retirant partiellement du monde de l'entreprise, salué d'un bras d'honneur élégant. C'est ce que je fais : je n'y travaille plus qu'à temps partiel, et consacre le plus clair de mon temps à d'autres activités beaucoup plus palpitantes (3). Imitez-moi, petits cadres, collègues salariés, néo-esclaves, damnés du tertiaire, supplétifs du processus économique, mes frères et sœurs cornaqués par des petits chefs ternes et serviles, contraints de s'habiller en guignols toute la semaine et à perdre leur temps de réunions inutiles en séminaires toc ! 


En attendant, puisque prendre la tangente se prépare un peu à l'avance, pourquoi ne pas gangrener le système de l'intérieur ? Mimez mollement les conduites du cadre moyen, singez son vocabulaire et ses gestes, sans pour autant vous « impliquer ». Vous ne serez pas les premiers : selon un récent sondage IFOP : 17 % des cadres. français sont « activement désengagés » de leur travail, ce qui signifie qu'ils y ont adopté une attitude si peu constructive qu'elle s'apparente à du sabotage... Seuls 3 % des cadres français se « défoncent dans leur boulot », selon l'expression consacrée, et se considèrent comme « activement engagés » dans leur travail. On en conviendra, c'est bien peu. Quant aux autres, ceux qui n'appartiennent à aucune des deux catégories, l'entreprise s'efforce de les «motiver» : les séminaires pour regonfler à bloc des cadres un peu flapis se multiplient. Il est clair que quand on se demande comment inciter les salariés à relever leurs manches de chemise, c'est qu'ils se moquent de leur job ! Mon grand-père, négociant self-made man, ne s'est jamais levé le matin en se demandant s'il était «motivé» : il faisait son métier, voilà tout. 


Adopter un tel comportement de « désengagement actif» ne vous vaudra aucun désagrément, à condition qu'il soit discret. De toute façon, vous êtes entourés d'incompétents et de pleutres qui ne s'apercevront guère de votre manque d'ardeur. Soyez sûrs que si par hasard quelqu'un le remarque, il ou elle n'osera rien dire. Car vous sanctionner aurait deux effets négatifs pour votre manager : d'abord ce serait rendre public le fait qu'il (elle) n'a pas su vous encadrer, et, en plus, une éventuelle pénitence limiterait vos possibilités de changement de poste ! C'est grâce à cette omerta que certains obtiennent d'éclatantes promotions : leur hiérarchie est prête à tout pour s'en débarrasser, même à les faire monter en grade. Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'hypocrisie... 


Pierre de Coubertin disait que l'important c'était de participer, mais l'important aujourd'hui c'est de participer le moins possible. Peut-être, qui sait, cela suffira-t-il pour réduire en poussière le système : les communistes se sont tournés les pouces pendant soixante-dix ans et, un jour, le mur de Berlin a fini par s'effondrer... Au demeurant, pas d'illusion : il n'y a rien à attendre d'une révolution, car l'humanité ne cesse de répéter les mêmes erreurs, de la paperasse, des chefs médiocrissimes et, dans les périodes un peu chaudes, quand les gens s'énervent vraiment, des gibets. Telles sont les trois mamelles de l'histoire (mais l'histoire a-t-elle des mamelles ?) 


Voici quelques principes pour vous aider à comprendre le monde de l'entreprise tel qu'il est vraiment, et non tel qu'il se prétend.


Une nouvelle grille de lecture pour comprendre 


En entreprise, quand quelqu'un vous dit quelque chose ou quand vous lisez un document, il existe des clés qu'il faut appliquer pour en dégager le sens. Cette méthode de décryptage, sous la forme d'une grille de lecture, vous aidera à lire à livre ouvert dans l'entreprise - car celle-ci est un texte, elle parle, elle communique, elle écrit. Très mal, il est vrai, et tant mieux, car cela rend le travail de déchiffrage et de compréhension d'autant plus amusant. 


Inverser les signes :


Plus la grande entreprise parle de quelque chose, moins il y en a. Par exemple, elle « revalorise » les métiers au moment où ils disparaissent ; elle se gargarise d'« autonomie» alors qu'il faut remplir un formulaire en trois exemplaires pour la moindre vétille et demander l'avis de six personnes pour prendre d'anodines décisions; elle met en avant l'« éthique» alors qu'elle ne croit strictement à rien.

Suivre le fil circulaire du discours :


Le discours de l'entreprise fonctionne en boucle, tel un serpent qui mord sa queue. Il suffit de prendre une idée et de tirer le fil jusqu'au bout : immanquablement, on revient au début. L'entreprise est l'univers où, bien souvent, la réunion est la finalité du travail, et l'action le but ultime de l'action (à moins que ce ne soit le contraire). 


Séparer la bêtise du mensonge : 


Faire la part des choses est le plus difficile en entreprise, et vous découvrirez avec l'expérience qu'en fait c'est parfois... « les deux mon général » ! Par exemple, quand votre hiérarchie vous dit «le personnel est notre meilleur atout» ou «vos idées sont importantes pour nous», ce sont là des banalités sans conséquences, car tout le monde sait qu'un monde comme celui-ci n'existe pas. En revanche, la phrase « chez nous, vous pourrez vivre différents métiers, de grandes aventures, être responsables de missions ou de projets variés et innovants », est évidemment un attrape-couillon. Et quand un manager affirme « je n'ai entendu aucune rumeur» ou « je pratique la politique d'ouverture », c'est généralement aussi du mensonge. Le mariage du crétinisme et de l'hypocrisie est fructueux, cela donne la pratique du management moderne, que d'aucuns ont baptisée pompeusement « néomanagement ». 


Appliquer un principe de réalité : 


Quand certaines choses sont faisables dans la vie courante, elles deviennent difficiles dans le monde de l'entreprise ; quand elles sont au quotidien tout simplement difficiles, elles s'avèrent complètement impossibles au travail. Par exemple, on peut prédire l'échec assuré de tout effort de réorganisation à grande échelle, comme de tout projet s'étalant sur plus de deux ans, enfin, de façon générale, de tout ce qui n'a jamais été fait.

Mettre en perspective : 


Il faut replacer les choses et les événements dans leur contexte. L'entreprise ne peut être séparée du monde dans lequel elle prospère — ou, pour le moment, s'étiole. Elle n'est que le symptôme d'un monde qui a sombré dans le mensonge, qui repousse sans cesse l'échéance du coup de grâce à l'aide d'immenses pots-de-vin et d'un charabia accompagné d'une gesticulation insensée. 


Avertissement : ami individualiste, passe ton chemin 


Toi l'individualiste, mon frère d'armes et de cœur, ce livre ne t'est pas destiné, car l'entreprise n'est pas pour toi. Le travail dans les grandes sociétés ne sert qu'à menotter l'individu qui, laissé à lui-même, se servant de son libre entendement, pourrait se mettre à réfléchir, à douter, voire, qui sait, à contester l'ordre ! Et cela, ça n'est pas possible. Si l'individu se trouve parfois porteur d'idées nouvelles, il ne faut à aucun prix que celles-ci dérangent le groupe. Il est clair que dans un monde où il est conseillé d'être souple, bien vu de changer son fusil d'épaule toutes les cinq minutes et en rythme avec les autres, l'individualiste est vecteur d'ennui, brandon de discorde. Aussi, on lui préfère le pleutre, le mièvre, l'obéissant, qui courbe le dos, joue le jeu, se coule dans le moule et, finalement, réussit à faire son trou sans faire de vagues. 


Or non seulement notre sauvageon individualiste est incapable de faire comme les autres, mais quand en plus il a des idées arrêtées, il renâcle au compromis : il inspire donc légitimement la méfiance. Les DRH (directions des ressources humaines) le voient venir de loin : raideur, obstination, entêtement, sont les qualificatifs qui fleurissent dans son dossier à la rubrique graphologie. Et cela, ne pas savoir se plier, c'est moche ; moche de sortir du travail dès sa tâche de la journée accomplie ; moche de ne pas participer au pot de fin d'année, à la galette des rois, de ne pas donner pour l'enveloppe du départ en retraite de Mme Michu ; moche de rentrer à l'hôtel en trombe dès la réunion terminée avec les partenaires de Taiwan ; mochede repousser le café proposé pendant la pause-café, d'apporter sa gamelle alors que tout le monde déjeune à la cantine. 


Ceux qui se comportent ainsi sont considérés par leurs collègues comme des cactus de bureau car la convivialité est exigée, sous forme de pots, de blagues convenues, de tutoiements et de bises hypocrites (toutes choses à simuler sous peine d'exclusion). Mais peut-être nos plantes rugueuses ont-elles parfaitement compris quelle était la limite à ne pas franchir entre le travail et la vie personnelle. Peut-être ont-elles réalisé qu'être tout le temps disponible pour une succession invraisemblable de projets, dont la moitié sont complètement idiots et l'autre moitié mal emmanchés, c'est à peu près comme changer de partenaire sexuel deux fois par an : quand on a 20 ans, la chose peut avoir son charme mais, au fil des années, cela finit par devenir franchement une corvée. 


Le néomanagement, au fond, c'est l'érection obligatoire. 


Voici donc en six chapitres toutes les raisons pour se désengager :

Télécharger gratuitement le livre de Corinne Maier, « Bonjour paresse ».
partage pdf: Bonjour Paresse - Corinne Maier.pdf


Essai bonnet de nuit ou manuel de management ? Non. Bonjour paresse est là pour dire enfin la vérité. Et la voici la grande entreprise, personne n'y croit plus. La foi nous a quittés, nous autres naguère chevaliers combattants de l'Ordre de la Firme. A présent les cadres moyens, petits boulons dans une machine jargonnant un sabir grotesque, n'attendent qu'une chose : le solde à la fin du mois. Mais alors, que faire ? Rien surtout ! affirme ce livre. Soyons individualistes et inefficaces en attendant que ça s'effondre et qu'une nouvelle société advienne où chacun cultivera essentiellement son jardin et conservera un à-côté accessoire dans une grande structure, en vue d'obtenir une petite feuille de paie indispensable à la survie. 
Ce livre est un ephlet (essai-pamphlet) spécial sinistrose, à usage thérapeutique.




(1) Je suis un peu méchante avec eux, il me faut l'avouer, je suis jalouse : si ma planque en entreprise est mieux payée que la leur, elle est moins chic. Allez, je le reconnais : certains universitaires ont produit des travaux dignes d'intérêt sur la firme, surtout les sociologues. 


(2) Le «schmilblick» est une célèbre émission radiophonique des années 1970 qui a été ridiculisée (et du même coup immortalisée) par l'humoriste Coluche dans un sketch du même nom. Le schmilblick est devenu un terme très usité en entreprise : il évite de nommer ce qu'on est en train de faire, l'essentiel étant que cette tâche imprécise avance. 


(3) Quoi ? Allez, on se dit tout : la psychanalyse et l'écriture. Mais il est bien d'autres activités passionnantes (rémunérées ou pas, la question n'est pas là) : élever des ânes, bricoler un matériel audio ultra perfectionné, organiser des fêtes, militer dans des associations, cultiver une vigne, négocier des fossiles, peindre, draguer à la plage... 


(4) Sondage IFOP pour Gallup, cité par le magazine Enjeux -Les Échos, n° 187, daté de janvier 2003.


Source de la photo : 
http://revolution-lente.coerrance.org/paresse.php?PHPSESSID=4c21934bb2ccb9b16af944f57c71271f

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