samedi, janvier 01, 2011

Les vœux de résistance de Stéphane Hessel





A 93 ans, Stéphane Hessel est le plus jeune d'entre nous par la vitalité de son engagement et sa force d'espérance. Né à Berlin en 1917, immigré en France en 1925, naturalisé en 1937, prisonnier évadé en 1940, il rejoint le général de Gaulle à Londres en 1941. Résistant, agent de liaison au BCRA, il est arrêté en France en 1944, puis déporté, notamment au camp de Dora, où il échappera de justesse à la pendaison. Diplomate à partir de 1945, ambassadeur de France, il fera de la question des droits de l'homme son combat sans partage ni relâche, comme l'illustre son ferme engagement pour la cause palestinienne. En cette fin d'année 2010, Stéphane Hessel est unanimement célébré comme une sorte d'incarnation de l'exact contraire de cette basse époque que symbolise le sarkozysme. Reprise de son appel lancé lors de la cérémonie annuellement organisée par Citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui au plateau des Glières, haut lieu de la résistance et de son martyr, l'exceptionnel succès de librairie d'« Indignez-vous ! » est à lui seul un chaleureux signe d'espoir en cette froidure hivernale.


Ami et soutien de la première heure de Mediapart, Stéphane Hessel a volontiers accepté de présenter ses vœux d'un citoyen résistant à tous «les citoyens et citoyennes qui savent résister». L'enregistrement a eu lieu en son domicile parisien, jeudi matin 30 décembre. Qu'il en soit chaleureusement remercié. Voici donc avec un peu d'avance des vœux de résistance, en quelque sorte nos contre-vœux avant ceux que prononcera, vendredi 31 décembre 2010 au soir, un président aussi discrédité qu'inaudible. Leur texte est en-dessous de la vidéo, et tous deux sont en accès libre. N'hésitez donc pas à les faire circuler, à les envoyer à vos proches et à vos amis, à les transformer en une grande vague d'espérance face à l'inquiétude.



Son discours

Mes chers compatriotes,

La première décennie de notre siècle s'achève aujourd'hui sur un échec. Un échec pénible pour la France ; un échec grave pour l'Europe ; un échec inquiétant pour la société mondiale.

Souvenez-vous des objectifs du millénaire pour le développement, proclamés en 2000 par la Conférence mondiale des Nations Unies. On se proposait de diviser par deux en quinze ans le nombre des pauvres dans le monde. A la même date, on entamait une nouvelle négociation pour mettre un terme au conflit vieux de trente ans du Proche Orient – les Palestiniens auraient droit à un Etat sous deux ans. Echec sur toute la ligne! Une plus équitable répartition entre tous des biens communs essentiels que sont l'eau, l'air la terre et la lumière? Elle a plutôt régressé, avec plus de très riches et plus de très très pauvres que jamais.

Les motifs d'indignation sont donc nombreux. Ce petit livre Indignez-vous! – qui a eu un extraordinaire succès auprès des parents, et plus encore de leurs enfants, auxquels il s'adresse –, c'est quelque chose qui me touche profondément. De quoi faut-il donc que ces jeunes s'indignent aujourd'hui? Je dirais d'abord de la complicité entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques et financiers. Ceux-ci bien organisés sur le plan mondial pour satisfaire la cupidité et l'avidité de quelques-uns de leurs dirigeants ; ceux-là divisés et incapables de s'entendre pour maîtriser l'économie au bénéfice des peuples, même s'ils ont à leur disposition la première organisation vraiment mondiale de l'histoire, ces Nations Unies auxquelles pourraient être confiées d'un commun accord l'autorité et les forces nécessaires pour porter remède à ce qui va mal.

Au moins nous reste-t-il une conquête démocratique essentielle, résultant de deux siècles de lutte citoyenne. Elle nous permet de revendiquer le droit de choisir pour nous diriger des femmes et des hommes ayant une vision claire et enthousiasmante de ce que la deuxième décennie qui s'ouvre demain peut et doit obtenir. Voilà la tâche que je propose à tous ceux qui m'écoutent. Qu'ils prennent appui sur les auteurs courageux qui se sont exprimés ces derniers mois, sur Susan George et son beau livre Leurs crises, nos solutions, sur Edgar Morin et son dernier tome L'Ethique, sur Claude Alphandéry et ses propositions pour une économie sociale et solidaire. Avec eux, nous savons ce qu'il est possible d'obtenir.

N'attendons pas. Résistons à un président dont les vœux ne sont plus crédibles.

Vivent les citoyens et les citoyennes qui savent résister !


Mediapart 


Indignez-vous !



« 93 ans. La fin n est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! » Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l'expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948, élevé à la dignité d'Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d'honneur !
Pour Stéphane Hessel, le « motif de base de la Résistance, c'était l'indignation. » Certes, les raisons de s'indigner dans le monde complexe d'aujourd'hui peuvent paraître moins nettes qu’au temps du nazisme. Mais « cherchez et vous trouverez » : l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l'état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au toujours plus, à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu’aux acquis bradés de la Résistance, retraites, Sécurité sociale... Pour être efficace, il faut, comme hier, agir en réseau : Attac, Amnesty, la Fédération internationale des Droits de l'homme... en sont la démonstration.
Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu’il appelle à une « insurrection pacifique ».
Sylvie Crossman

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