lundi, avril 11, 2011

La structure de l'ordre Gelug





Lama

Dans toutes les traditions bouddhistes tibétaines le titre «lama» (bLa-ma) est strictement réservé aux lamas incarnés, c'est-à-dire aux tulkus (Trul-ku ; sPrulsku) et aux gurus qui donnent des discours formels qu'ils soient moines (gélong; dge-slong, bhiksu) ou Geshé (dGe-bshes). Ainsi le terme «lama» ne devrait jamais être pris pour un synonyme de «moine».

Geshé

Le mot «geshé» provient du terme «ge-wai she-nyen» (dge-ba'i bshes-gnyen ; kalyanamitra), ami spirituel, utilisé par exemple dans le chapitre 22 de l'Astasahasrika prajnaparamita sutra pour signifier un grand enseignant ou guru. Historiquement au Tibet de nombreux grands lamas de différentes traditions ont été appelés «geshé››. Par exemple dans la tradition Ka-dam. (bKa'-gdams) ce titre fut largement utilisé, même pour un laïc comme ce fut le cas pour le disciple d'Atisa, Geshé Drom-tönpa (dGe-bshes 'Brom-ston-pa).

Sept monastères

Ce ne fut qu'après les réformes monastiques de Sa Sainteté le Treizième Dalaï-lama (1876 à 1934) que le programme formel du diplôme de geshé avec ses divers degrés fut institué. D'après ces réformes tout candidat qualifié venant de toutes les traditions bouddhistes et originaire de n'importe laquelle des régions géographiques pouvait se préparer au diplôme de geshé, à la condition qu'il fut au minimum, moine novice (ge-tsül, dge-tsul ; sramanera). De plus le candidat devait recevoir son entraînement avancé dans un des sept monastères (Dr'a-tsang grva-tsang) situés dans un des trois centres monastiques (gönpa, dgon-pa) majeur Gélug (dGe-lugs) des environs de Lhasa : Ga-dän (dGa'-ldan dGon-pa), Sera (Se-ra dGon-pa) ou Drä-pung ('Bras-spungs dGon-pa). Ces sept monastères se nomment :

Ga-dän J'ang-tze (dGa'ldan Byang-rtze Grva-tsang),
Ga-dän shar-tze (dGa'-ldan Shar-rtze Grva-tsang),
Sera J'e (Se-ra Byes Grva-tsang),
Sera Mä (Se-ra sMad Grva-tsang),
Drä-pung Go-mang ('Bras-spungs sGo-mang Grva-tsang),
Drä-pung Lo-säl-ling ('Bras-spungs bLo-gsal-glin, Grva-tsang) et
Drä-pung De-yang ('Bras-spungs bDe-yangs Grva-tsang).

Bien que pour devenir un moine novice, il faille d'une part être assez âgé pour pouvoir faire fuir un corbeau et avoir pour le moins vingt ans afin d'être pleinement ordonné, pour correspondre aux qualifications nécessaires au grade de geshé, on doit non seulement être pleinement ordonné mais être âgé d'au moins vingt-cinq ans.

Les études

Les cinq sujets à maîtriser pour le diplôme de geshé sont le Vinaya (dül-wa 'Dal-ba), l'Abhidharma (ch'ö-ngön-pa chos-mngon-pa), le Pramana (tsä-ma, tsad-ma), le Madhyamaka (u-ma, dbuma) et la Prajnaparamita (sher-ch'in, sher-phyin). Le Vinaya comporte l'étude des règles de discipline et de la loi de cause et effet. Parmi les Écritures, le texte principal sur lequel les études du Vinaya se basent est le Vinaya Sutra, de Gunaprabha. L'Abhidarma est l'étude de la métaphysique et de la cosmologie basé sur l'«Abhidharmakosa» de Vasubandu.

Le Pramana est l'étude de la logique, de l'esprit et des classifications de la connaissance (théorie de la progression spirituelle ; elle se base sur le Pramanavarttika de Dharmakirti. Le Madhyamaka est l'étude des enseignements de la vacuité concernant la vue profonde (tong-pa-nyi, ston-pa-nyid ; sunyata) et des dix perfections ; il est basé sur le Madhyamakavatara de Candrakîrti. La Prajnaparamita est l'étude des sens cachés des enseignements de la vacuité dans le contexte de l'enseignement des vastes pratiques associées à la motivation vers l'illumination (j'ang-ch'ub-kyi sem, byang-chub-kyi sems ; bodhicitta) et des stades et des sentiers vers l'illumination, elle se fonde sur L'Abhisamayalamkara de Maitreya.

Les examens

Le candidat au titre de geshé passera premièrement des examens oraux et se prêtera à des débats formels sur ces cinq sujets à son propre collège. Il devra en outre se présenter à une nouvelle série d'examens devant l'entière assemblée de son centre monastique. Pour pouvoir prétendre au titre de geshé de degré Lha-ram-pa (dGe-bshes Lha-ram-pa), le plus élevé des nombreuses sortes de geshé, le candidat devra se soumettre encore à un examen oral sur ces cinq sujets au Potala, la résidence d'hiver de Sa Sainteté le Dalaï-lama. Il y est soumis à interrogation devant Sa Sainteté elle-même, le Ga-dän tr'i-pa (dGa'-ldan khripa), le Doyen (Yong-'dzin chung-ba), le Cadet (Yong-dzin ch'ung-wa, Yongs-dzin chung-ba) et sept Tuteurs Assistants (Tsän-zhab, mTsan-shabs) de Sa Sainteté, le J'ang-tze ch-ö-je (Byang-rtze chos-rje) et enfin le Shar-pa ch'ö-je (Shar-pa chos-rje).

Les Tuteurs

Les Tuteurs qui assistent le Dalaï-lama portent le titre de “Tsän-zhab”. Les sept monastères mentionnés ci-dessus délèguent un Tuteur-Assistant choisi par l'abbé (K'än-po, Mkhan-po) de chacun des monastères parmi les éminents geshés du lieu. Les Tuteurs Aîné et Cadet sont détenteurs du titre “Yong-dzin”. Lorsque le Tuteur Aîné meurt, il est remplacé par le Tuteur en second et le nouveau Tuteur Cadet est recruté.

Le recrutement du Tuteur junior

A partir du groupe de Tuteurs-Assistants, abbés et autres Lamas et geshés éminents, une liste de candidats est dressée. Cette liste est réduite à quelques postulants par un comité de Lamas et d'Oracles (sung-ma, srung-ma) spécialement nommés, incluant en priorité les oracles d'état de Nä-chung (Nä-ch'ung ch'ö-kyong, gNas-chung Chos-skyong) et de Ga-dong (Ga-dong Ch'ö-kyong, dGa'-gdong Chos-skyong). Guru Rinpoche, Padmasambhava, fut à l'origine de l'institution des oracles vers la fin du huitième siècle de cette ère lorsqu'il en nomma cinq, correspondant aux cinq Bouddhas de méditation, afin qu'ils protègent le Tibet.

Les noms des candidats pour le poste de Tuteur junior sont ensuite inscrits sur des petits papiers roulés, puis placés à l'intérieur de boulettes de farine d'orge grillée, toutes de taille égale. Au cours d'une cérémonie spéciale ces boulettes sont placées dans un bol devant une statue de Bouddha ou la peinture d'une divinité de méditation (yi-dam, yi-dam ; ishtadevata). Lors de la cérémonie, la boulette extraite du bol désigne le nouveau Tuteur cadet de S.S. le Dalaï-lama ; il reçoit de cette manière l'assentiment de la divinité de méditation. En ce qui concerne les rangs du J'ang-tze ch'ö-je et du Shar-pa chö-je, desquels est issu le Ga-dän tr'i-pa, le lama le plus élevé de la tradition Ge-lug, ils seront expliqués ultérieurement.

Gueshé lha-ram-pa

Après avoir brillamment passé ses examens au Potala, le candidat au titre de geshé lha-ram-pa doit ensuite subir un dernier ensemble d'épreuves orales et de débats formels. Ceci se fait pendant le festival de prières, Mön-lam (sMon-lam), célébré pendant trois semaines à la suite du nouvel an tibétain. (Lo-sar, Lo-gsar). Pendant cette période les moines des trois grands centres monastiques Ga-dän, Se-ra et Drä-pung ainsi que ceux d'autres monastères se trouvent tous rassemblés à Lhasa. Pour les épreuves orales, les candidats sont à la disposition de tous les geshés et abbés de l'assemblée dans la cour du Tzug-la k'ang (gTzug-lag khang) également nommé le J'o-khang (Jo-khang) la cathédrale de Lhasa, un grand ensemble de temples. Si le candidat réussit tous ces
examens, il obtient alors le diplôme de geshé lha-ram-pa de première division.

Monastères tantriques

Si telles sont ses tendances, le nouveau geshé pourra continuer sa formation et son éducation selon la règle en entrant au Gyü-mä (rGyud-smad Grva-tsang) ou au Gyü-tö (rGyud-stod Gwa-tsang), les monastères tantriques du Bas et du Haut Lhasa localisés en haut et en bas d'une colline de Lhasa. Il suivra de cette façon le modèle cérémoniel mis en place par Je Tzong-k'a-pa (rJe Tzong-kha-pa) au début et à la fin de sa carrière.

Dans ces lieux, le geshé se concentre sur les enseignements du Tantrayana jusqu'à la réussite des examens tantriques; il mérite alors un siège permanent au monastère, pouvant ensuite devenir membre exécutif du conseil de discipline, censeur, (ge-kö, dGe-skos) une position occupée à tour de rôle pendant plusieurs mois par les titulaires des examens tantriques. Une fois cette obligation terminée, il redevient un membre ordinaire de son monastère tantrique. Les geshés accomplissent des cérémonies tantriques dans ces monastères pendant six mois chaque année et le reste du temps, aux centres monastiques de Ga-dän, Se-ra et Drä-pung.

Tous les trois ans, S.S. le Dalaï-lama choisit dans la liste des geshés lha-ram-pa ayant occupés la fonction de censeur, un abbé assistant (La-ma u-dzä, bLa-ma dbu-mdzad) pour chacun des monastères tantriques. La règle selon laquelle seuls des geshés lha-ram-pa peuvent, après être obligatoirement devenus abbés assistants des monastères tantriques, s'élever à des fonctions supérieures, fut une des réformes de S.S. le Treizième Dalaï-lama.

Deux autres monastères Ge-lug en dehors de Ga-den, Se-ra et Drä-pung, décernent des diplômes similaires à celui de geshé sur la base de la maîtrise des cinq mêmes sujets cités ci-dessus. Il s'agit de celui de Tra-shi lhün-po (bK'ra-shis lhun-po dGon-pa), le siège du Panchen Lama qui attribue le diplôme Ka-ch'en (bKa'-chen) et du monastère Shä-drub-ling (bshad-bsgrub-gling dGon-pa) donnant celui de Rab-jam-pa (Rab-'byams-pa). Bien que des moines détenteurs de ces diplômes puissent entrer aux monastères tantriques supérieurs et inférieurs afin d'y suivre une formation avancée, leur statut diffère de celui de geshé lha-ram-pa issu de Ga-dän, Se-ra et Drä-pung.

Ceux qui entrent dans les monastères tantriques munis des diplômes Ka-ch'en ou Rab-jam-pa sont appelés Kye-rim-pa (bsKyed-rim-pa). Si au bout de neuf années de formation un Kye-rim-pa réussit les examens tantriques, il reçoit le titre de “Ngag-ram-pa” (sNgags-ram-pa). A l'inverse, un geshé lha-ram-pa après avoir passé ses examens ne reçoit aucun autre titre. Un Ngag-ram-pa peut accéder à la charge de censeur d'un des monastères tantriques, cependant depuis les réformes de S.S. le Treizième Dalaï-lama, il ne peut pas parvenir plus haut dans la structure monastique Gé-lug. Seul un geshé lha-ram-pa de la première classe peut gravir les étapes suivantes jusqu'à devenir Ga-dän tr'i-pa.

Rinpoche

Au bout de trois années de fonction, un abbé assistant devient automatiquement l'abbé du monastère tantrique dont il est issu. A partir de là, il est apte à être appelé “rinpoche” (Rin-po-che) et, si telle est sa volonté, il peut être à l'origine d'une lignée incarnée. Ses successeurs réincarnés portent également le titre de “Rin-po-che” dès leur naissance, et sont considérés comme des Lamas. A la fin de trois années de fonction en tant qu'abbé de monastère tantrique, il doit se retirer et devient un abbé honoraire (K'än-zur Rinpoche, mKhan-zur rin-po-che). Désormais, il continue d'enseigner en tant que grand Guru ou, s'il le souhaite, se retire dans les montagnes (ri-tr'ö, ri-khrod) afin de mener à bien sa quête ou accomplir une retraite tantrique (nyen-tsam, bsnyen-tsams) selon les règles.

L'abbé honoraire aîné du monastère tantrique supérieur atteint le niveau de Shar-pa ch'ö-je suite à la promotion ou mort du précédent détenteur de ce poste et prend la succession de ce trône au monastère de Ga-dän Shar-tze. Similairement, l'abbé honoraire aîné du monastère tantrique inférieur prend la succession du trône du J'ang-tze ch'ö-je au monastère de Ga-dän J'ang-tze.

Le trône de Je Tsong-K'ä-pa

En tant que chef de la tradition Ge-lug le détenteur de Ga-dän tr'i-pa hérite du trône de Je Tsong-K'ä-pa et reçoit le titre de “Tr'i-ch'en” (Khri-chen). Depuis l'époque du huitième Ga-dän tr'i-pa il est coutumier lors de la mort du détenteur de cette position, ou suite à la conclusion de sept années de fonction, que le trône de Je Tsong-kä-pa alterne entre le J'ang-tze ch'ö-je et le Shar-pa ch'ö-je.


Notes :

Des titres spécifiques sont souvent associés avec certaines désignations tibétaines. Quelques unes sont honorifiques telles Gön-po (dGon-po, le Protecteur), Je (rJe ; le Vénérable), Je-tzün (Rje-btzun ; le Plus Vénérable), Kyab-je, sKyabs-rje ; le Vénérable Refuge) et Päl-dän, dPal-ldan; le Glorieux).

D'autres appellations sont l'indication de réalisations comme Dr'ub-ch'en (Grub-chen ; le Grandement Réalisé ; Mahasiddha), Drub-t'ob (sG1ub-thob) ; le Maître Réalisé), Dzog-ch'en (rDzogs-chen ; Celui de la Grande Perfection), Gyü-ch'en (rGyud-chen ; Le Grand Maitre Tantrique), K'ä-dr'ub (mKhas-grub ; l’Érudit Réalisé), Long-ch'en (Klong-chem ; Le Grand au Centre), Rä-pa (Ras-pa) ; Celui Vêtu de Coton) et Tog-dän (rTogs-ldan, Celui possédant la Vision Intérieure). D'autres encore comme K'on ('Khon) sont des noms patronymiques ; d'autres tel que Lho-dr'ag (Lho-brag) font références à des lieux; Certains indiquent des monastères tel D'ag-po (Dvags-po) pour un ancien de Shä-drub-ling, ou marquent des positions spécifiques tenues par la personne comme K'än-ch'en (mKhan-chen ; Le Grand Abbé), Lo-tza-wa (Lo-rtza-ba), Lo-ch'en (Lo-chen) ou Dra-gyur (sG'ra-bsgyur; le Traducteur), Rinpoche (rin-po-che ; l'Ancien Abbé ou le Lama incarné, le Précieux), Tr'ich'en (Khri-chen ; le Détenteur de la Grande Lignée), Tsän-zhab (mtsan-shabs ; le Tuteur Assistant), Yong-dzin (Yongs-'dzin ; le Tuteur) ; d'autres indiquent l'incarnation d'une divinité de méditation tel que Jam-gön ('Jam-mgon ; le Protecteur Manjushri). Et enfin, certains titres sont appliqués en référence à des personnages particuliers tel que Gyäl-wang (rGyal-dbang ; les Dalaï-lamas), Pän-ch'en (Pan-ch'en ; les Panchen Lamas) et Sa-ch'en (Sa-chen ; les Sakya Panditas).

The Tibet Journal, Vol. II, n° 3, Autumn 1977



Photo : "Pays entre ciel et terre", Peter Grieder.

samedi, avril 09, 2011

Les repères de l'Empereur Jaune



Fondements de l'acupuncture traditionnelle et clés taoïstes de la connaissance.

Médecin acupuncteur, passionné par les traditions extrême-orientales et la langue chinoise, Jean Fabre, explique de manière simple à l'aide de nombreuses références la symbolique et les concepts fondamentaux omniprésents dans la médecine chinoise : le Yin et le Yang, les cinq éléments, la théorie des pouls, les correspondances, les systèmes hiérarchiques et les classifications du Tao. 


« Le sous-titre de l'ouvrage Clés taoïstes de la connaissance, la citation mise en exergue, la bibliographie ainsi que la terminologie employée par l'auteur montrent d'emblée que ce dernier se situe dans le courant de la « tradition guénonienne » et perpétue une présentation mythique de la médecine traditionnelle chinoise. Cette dernière étant issue de la Tradition est placée hors du temps et de toute formation évolutive, et il n'est pas question, comme le rappelle la citation de Guénon donnée en avant-propos, de discuter avec les « profanes » ni de faire de la « polémique »

L'introduction présente la Voie traditionnelle par opposition au chemin de la décadence. Les chapitres suivants exposent les théories du yin-yang, des cinq éléments, le système des dix troncs et des douze branches, la sphygmologie, l'art de guérir, et enfin le chemin de la sagesse. Tout au long de son discours, l'auteur, en bon élève de Guénon, s'adonne au syncrétisme, rapprochant le symbolisme du yin-yang de celui de la croix, ou certaines notions taoïstes de conceptions de l'alchimie occidentale.

Cet ouvrage, destiné avant tout aux personnes intéressées par une certaine forme d'ésotérisme, ne peut guère servir au praticien et manque de rigueur dans son aspect sinologique (les transcriptions des termes chinois, par exemple, ne sont pas uniformisées). En revanche, c'est un document de choix pour toute étude sociologique sur la façon dont la médecine traditionnelle chinoise a été, depuis l'après-guerre, au service d'une idéologie de la Tradition, avec une glorification du souverain et de la puissance : un chapitre entier de cet ouvrage (chapitre 9) est consacré à ce thème. »

Catherine Despeux
Revue de l'Association Française d'Etudes Chinoises

Les repères de l'Empereur Jaune



Illustration :
Médecin de campagne pratiquant la moxibustion sur le dos d'un patient (peinture Song). 

vendredi, avril 08, 2011

Alexandra David-Néel & l'anarchisme chinois




A 40 ans, Alexandra David-Néel n'a pas renié son intérêt pour l'anarchisme. Elle s'intéresse à la philosophie de Yang-tchou, un « Stirner » chinois.

Nous sommes loin de nous douter, en Europe, de la diversité des théories philosophiques qui ont été déjà émises en Chine. L' idée que Confucius résume toute la pensée du monde jaune est généralement ancrée chez nous et, volontiers, jugeant les Chinois à travers les discours de ce Maître, nous les croirions irrémédiablement voués au « juste milieu » et incapables de toute attitude extrême. Il n'en est rien.

Le Céleste Empire, secouant la torpeur séculaire à laquelle il s'abandonnait et contraint, par les nations occidentales, de délaisser son antique idéal de paix et de quiétude, cherche à étayer, sur de nouvelles bases, sa vie et son activité. Un grand nombre de Chinois, on ne peut l'ignorer, dans leur hâte de se transformer, semblent jeter par-dessus bord tout l'héritage philosophique qu'ils tiennent de leurs pères. Du mépris manifesté, jadis, aux « barbares » d'0ccident, ils passent trop aisément, dans les classes intellectuelles, à une estime peut-être exagérée pour leurs méthodes et leurs théories. Cependant, un atavisme vieux d'autant de siècles qu'est celui de la Chine ne se renie point en quelques brèves années. Trop de générations ont été élevées dans la vénération de la sagesse antique, pour qu'un grand nombre de modernes partisans des réformes sociales ne tournent pas les yeux vers les maîtres du passé. Il faut les en louer. Sans vouloir peser la valeur des philosophes adoptés par nous, les Chinois peuvent trouver, chez les penseurs de leur race, toutes les idées spéculatives et sociales émises par les nôtres. Il n'a pas manqué de gens, en Chine, pour s'en apercevoir.

Qu'il soit né de cette constatation ou de l'amour persistant de la tradition, il existe, dans l'Empire du Milieu, un intéressant mouvement en vue de ramener l'attention sur certains philosophes dont les théories paraissent propres à diriger les esprits dans la voie des réformes et des transformations sociales que tous les hommes éclairés savent indispensables et inévitables. Si l'on rend - injustement, peut-être, à certains égards - la philosophie officielle responsable de la stagnation qu'a subie la Chine, en sa mentalité, sa civilisation et sa science, l'on se tourne, parfois, vers certains excommuniés de l'orthodoxie confucéiste. Ces vaincus, ces honnis sont remis en lumière et, sinon glorifiés, du moins commentés avec ardeur.

C'est ainsi que plusieurs ouvrages chinois ont été, dans ces derniers temps, consacrés à Meh-ti. Il aurait été bizarre, en effet, que, fréquentant l'Europe où le mot « solidarité » détient, en ce moment, la grande vogue, les lettrés chinois ne se fussent pas aperçus qu'ils possédaient, parmi leurs penseurs illustres, le grand ancêtre de toutes les théories solidaristes (l).

Mais à côté de l'apologie de la solidarité, de la démonstration de sa nécessité pour assurer la vie et la perpétuation de tout groupement social, les intellectuels chinois auront pu rencontrer, chez nous, la tendance à l'individualisme, à l'affirmation de la personnalité dans une vie propre de plus en plus affranchie d'entraves extérieures, tendance qui marque partout, dans la nature, l'évolution des êtres supérieurs. En lisant Max Stirner ou d'autres apologistes de la vie intense et intégrale, ils se seront rappelé que, bien des siècles avant que nous les entendions, les leçons hardies qui effarent encore la majorité d'entre nous leur avaient été données et le nom de Yang-tchou va revivre comme revit celui de son contemporain Meh-ti.

Pour nous, spectateurs étonnés du réveil de cet Extrême-Orient que nous croyions, il y a peu d'années encore, une proie inerte près d'être dépecée au gré des convoitises occidentales, l'histoire de la pensée de l'étonnante race ,jaune est pleine d'intérêt. Mieux, et de façon plus sûre que toutes les déductions tirées de faits superficiels, elle est capable de nous faire entrevoir les destinées de ces peuples énigmatiques dont l'âme se cache, pleine de surprises, derrière une « grande muraille » mille fois plus impénétrable que celle dont ils avaient enclos leur territoire.

Nos renseignements biographiques sur Yang-tchou se résument à peu de chose. Il semble avoir vécu à Léang, capitale de l'Etat du Wei, vers le Ve siècle avant notre ère. On a quelques raisons de croire qu'il était petit propriétaire terrien. Il ne paraît pas qu'il ait jamais exercé aucune charge publique, à l'encontre de beaucoup d'autres philosophes qui furent fonctionnaires de plus ou moins haut rang. Cette particularité est, d'ailleurs, en parfait accord avec la tendance générale de sa doctrine.

Nous ne possédons aucun ouvrage, ou fragment d'ouvrage, que nous puissions attribuer directement, soit à Yang-tchou, soit à l'un de ses disciples immédiats. Un chapitre du livre de Lieh-tse est l'unique source de nos documents.

Lieh-tse appartenait à l'école taoïste. Il est assez étrange de rencontrer dans son ouvrage cette sorte d'enclave formée par le chapitre ou livre VII et consacrée à des théories fort différentes de celles qu'il professait lui-même. On n'a pas d'opinion précise sur la façon dont s'est opérée cette adjonction hétérogène.

Je ne veux point m'appesantir sur des questions de détails qui ne peuvent intéresser que les orientalistes. J'oserai même hasarder que si la personnalité de Yang-tchou n'avait point d'existence réelle, peu nous importerait. Nous ne nous soucions pas, ici. d'un homme, mais d'une théorie, d'une manifestation spéciale de la pensée chinoise. Toutefois, Yang-tchou est bien véritablement un personnage réel. Son nom et son œuvre sont mentionnés de la façon la plus nette par des auteurs tels que Meng-tse (Mencius) et Chuang-tse. Si nous devons ignorer les péripéties de sa vie, nous ne pouvons, d'aucune façon, mettre, comme on l'a fait pour Lieh-tse, son existence en doute.

*

Yang-tchou est peu connu en Europe, en dehors du cercle restreint des érudits orientalistes.

Aucune étude n'a encore été publiée sur lui en langue française. A l'étranger, le sinologue allemand, Ernst Faber, a donné une traduction de Yang-tchou encastrée, comme dans l'original chinois, dans l'ouvrage de Lieh-tse. Le sinologue anglais, James Legge, en a publié quelques fragments dans les prolégomènes de sa traduction de Meng-tse. Je ne puis guère mentionner que pour mémoire les quelques lignes d'analyse consacrées à Yang-tchou par de Harlez. Elles sont trop succinctes pour donner une idée de ce philosophe. Enfin, plus récemment, le Dr Forke a publié, en anglais, un mémoire fort remarquable sur le même sujet. Son étude est, de beaucoup, la plus intéressante et la plus complète; }'ajouterai qu'elle m'a paru imprégnée d'un esprit philosophique et d''une compréhension de l'auteur qu'elle traduit dont sont, trop souvent, dénués bien des travaux de ce genre.

Je serais tentée d'appliquer à Yang-tchou la dénomination d'anarchiste. Malheureusement, le terme a été si dénaturé, si faussé, qu'on a peine à l'entendre sous sa simple signification étymologique. C'est à celle-là qu'il faudrait revenir si l'on voulait attribuer à notre philosophe l'épithète fière gâchée par l'ignorance des masses. D'a privatif et arché, commandement, nous avons le sans-commandement, et ce négateur absolu du commandement arbitraire, de la loi extérieure, de tout précepte dont le principe n'émane pas de nous, n'a pas nous pour objet et pour fin, se trouve, par excellence, personnifié dans Yang-tchou.

Nul n'éprouva avec plus d'intensité que lui l'horreur de la contrainte, des mœurs factices, des codes imposant aux individus une attitude en contradiction flagrante avec les injonctions impératives de la nature en eux.

Pas de commandements! Vis ta vie ! Vis ton instinct ! laisse ton organisme s'épanouir et évoluer selon la loi intime de ses éléments constitutifs. Sois toi-même !.. . Tel est le langage de Yang-tchou. Il le tient sans emportement, sans grands cris, avec cette déconcertante placidité qui fait le fond du caractère chinois. Plus que les affirmations, en elles-mêmes, de ce prince des « amoralistes », la paisible assurance avec laquelle il écarte les principes les plus enracinés, jette bas les devoirs les plus indiscutés, a troublé ses traducteurs chrétiens. La singulière simplicité d'expression de ce « négateur du sacré » , comme aurait dit Stirner, leur a paru épouvantable au-delà des plus tonitruants blasphèmes. Un souffle de terreur a passé sur leur âme et ils ont vu se dresser, devant eux, la face ironique et terrifiante du « Malin ». Peut-être le vieux philosophe doit-il encore bouleverser plus d'une conscience parmi ses nouveaux lecteurs. Je n'oserais me porter garante du contraire.

L'amoralité de Yang-tchou, les invitations qu'il nous adresse à vivre notre vie intégralement, à marcher « comme notre cœur nous mène », se basent, pour une part, sur la brièveté de nos jours et sur l'absence, chez lui, de théories spéculatives touchant une existence post mortem. Yang-tchou ne dépasse point les vérités tangibles. - Qu'y a-t-il au-delà de la dissolution des éléments formant notre individualité sensible ?... Le philosophe ne nous en entretient point. On peut observer que les penseurs chinois ont, en général, gardé un silence prudent sur nos destinées d'outre-tombe. Ce n'est que parmi les classes inférieures de la population qu'ont prospéré les descriptions fantaisistes des Paradis et des Enfers. Le Lettré chinois est rationaliste par tempérament. Toutefois, tandis que cette question, par une sorte d'entente tacite, était écartée des discours philosophiques et ne jouait aucun rôle dans la détermination de la règle de conduite normale et raisonnable qu'il convient de proposer à l'homme, Yang-tchou en fait, pour ainsi dire, le pivot de son enseignement. Tous les conseils qu'il nous donne ont en vue une individualité éminemment transitoire qui, demain, sera « poussière et pourriture » sans qu'il demeure rien d'elle, sinon un souvenir bon ou mauvais, quelques mots de louange ou de blâme qu'elle ignorera à jamais.

L'autre principe directeur de l'enseignement de Yang-tchou, moins ouvertement. exprimé, peut-être, mais facile à extraire de nombre de discours, est une foi absolue à la loi de Causalité. Notre philosophe un déterministe convaincu. Il l'est. non à la façon tiède et illogique de la plupart des Occidentaux qui se parent de ce titre – tout en conservant en eux, reliquat d'idées ataviques, la croyance au bon plaisir divin, au libre arbitre, à l'arbitraire, sous quelque nom qu'on le déguise - mais avec une rigoureuse rectitude de raisonnement et de déduction. Et voilà l'explication de sa glorification de la vie intense, intégrale et sans nulle entrave factice. Nos instincts sont la voix par laquelle s'exprime la loi propre aux éléments dont l'agglomération constitue notre individu. Ils proviennent de l'essence même des molécules qui les produisent. Ce qui est, c'est ce qui ne peut pas ne pas être. il semble même que Yang-tchou, rattachant entre elles toutes ces manifestations isolées de la loi unique, les adopte toutes, même les plus divergentes, dans un grand acte de foi en l'harmonie, en la beauté de l'ordre universel. Le Monde, dit-il aux moralistes présomptueux, n'a que faire de votre sollicitude, de vos vertus, des réformes que vous prétendez y opérer, des entraves que vous voulez, sous prétexte de l'améliorer, opposer à ses manifestations spontanées. Le Monde est Parfait. Votre ordre à vous, pygmées à la vision étroite, n'est que désordre. Laissez faire la nature et tout sera bien.

Les mêmes considérations servent à étayer le célèbre discours sur « le cheveu ». Ce discours est historique ; il a dû avoir, à son époque, un retentissement immense et Meng-tse le mentionne avec indignation : « Si en sacrifiant un seul de tes cheveux tu pouvais être bienfaisant à tout l'univers, il ne faudrait pas le sacrifier. » Autour de ce thème paradoxal se groupent des développements inattendus et saisissants. Il est grandement regrettable que les controverses, les apologies, les commentaires, certainement nombreux, auxquels cette sensationnelle doctrine a dû donner naissance ne nous soient point connus.

Il ne s'agit pas, ici, comme on pourrait le croire, d'un égoïsme grossier et banal, mais de théories logiquement raisonnées. Quoiqu'on l'ait dit, ce n'est pas un appel à la jouissance frénétique qui ressort des discours de Yang-tchou, mais l'indication d'une règle de pensée et d'action que le philosophe juge rationnelle.

Yang-tchou ne se perd pas dans l'orgueil des dissertations métaphysiques. Certainement, il incline à croire que les mouvements divers auxquels nous porte notre instinct sont coordonnés dans l'ordre universel. L’hypothèse est plausible, probable; il y adhère volontiers, mais, en somme, les problèmes de ce genre dépassent notre taille et ne peuvent qu'amuser notre fantaisie. L'homme raisonnable le sait. Il sait aussi que, quel que soit cet univers infini qui l'environne, pratiquement, il est à lui-même son centre et sa fin unique. Le monde extérieur, il n'en a conscience que par rapport à lui et, lorsque sa conscience s'éteindra, avec elle, l'univers sombrera pour lui. C'est pourquoi j'ai cru pouvoir rappeler au sujet de Yang-tchou la déclaration de Max Stirner : « Rien n'est, pour moi, au-dessus de moi. » Elle m'a paru propre à résumer tout un aspect de sa doctrine. J'ai, du reste, en tenant compte de la différence d'expression, trouvé une ressemblance profonde entre le vieux penseur chinois et le moderne philosophe allemand.

Un autre rapprochement semble s'indiquer : celui de Yang-tchou et d’Épicure. Les traducteurs de Yang-tchou, cités plus haut, s'y sont arrêtés, sans entrer, d'ailleurs, dans aucun développement à ce sujet. La comparaison possible entre les deux philosophes dépasse-t-elle la surface et peut-elle être poursuivie jusqu'aux conceptions servant de base à leurs théories ?... Je crois, pour ma part, à certaines divergences notables, mais je n'oserais m'aventurer à les esquisser en quelques lignes.

Il aurait été intéressant de voir comment Yang-tchou entendait l'application de ses théories dans la vie sociale. Mais notre curiosité ne trouve point à se satisfaire. Tandis que Meh-ti s'est longuement étendu sur la façon dont sa loi de solidarité devait être comprise et appliquée, Yang-tchou n'envisage, en aucun de ses discours, l'organisation sociale du pays. Cette lacune tient-elle à ce que les textes où cette question était posée ne nous sont point parvenus ou bien le philosophe l'a-t-il vraiment écartée ? Nous ne pouvons nous prononcer. Nul doute que si Yang-tchou avait abordé ce terrain, nous ne l'eussions vu démontrer que sa loi d'égoïsme et de libre expansion des instincts individuels cadrait avec une société où, sans hypocrites démonstrations, mais pratiquement, les hommes s'étaient mutuellement plus utiles et plus bienveillants. Meh-ti n'a-t-il pas établi, ainsi, que « l'Amour Universel », la solidarité et l'altruisme intensifs servaient, mieux que tout autre procédé,
les intérêts de notre égoïsme ?

*

Exception unique, peut-être, parmi les penseurs de son temps et de son pays, Yang-tchou tranchera presque aussi hardiment, aujourd'hui, parmi la masse de nos philosophes modernes. Alors que nos sociétés contemporaines rejetant, d'une part, les vieux dogmes et s'obstinant, de l'autre, à conserver les systèmes éducatifs et les formules morales issues d'eux, se débattent dans une incohérente confusion, nous pouvons trouver intérêt - et peut-être profit - à écouter les leçons de cet esprit indépendant.

Lorsque, considérant, à sa suite, la foule des hommes s'acheminant vers la tombe, ligotés par les préjugés et sombrant dans le gouffre fatal sans avoir même soupçonné ce que c'est que vivre, nous nous écrierons avec lui : En quoi ceux-ci diffèrent-ils des criminels enchaînés ?, peut-être serons-nous plus proches d'une réelle compréhension de l'existence,

Plus proches, tout au moins, de rechercher s'il n' a pas, en dehors de la manière burlesque et tragique dont nous concevons la vie individuelle et les rapports sociaux, un autre mode de conduite plus normal et, partant, plus fertile en joie.

Si Yang-tchou peut nous inciter à cette recherche, nous inspirer cette résolution audacieuse - et plus ardue à réaliser qu'on ne pense - de vivre par nous et pour nous, toute la vie que nous pourrons embrasser dans notre étreinte, retenir dans notre cœur et dans notre esprit, une telle leçon de virile et intelligente énergie sera plus que jamais, sans doute, utile et bienfaisante.

Alexandra David-Néel.


1) Sur Meh-ti voir : « Le Philosophe Meh-ti et l'idée de solidarité », par Alexandra David (Luzac, Londres; Victorion, Paris), repris chez Plon dans « Deux Maîtres chinois ».


Deux Maîtres chinois 




Le Philosophe Meh-ti. L’idée de solidarité en Chine au 5ème siècle avant notre ère.

Illustration : portrait du Premier Empereur, Qin Shihuangdi



mercredi, avril 06, 2011

Militias




Une pléthore d'organisations para-militaires a fait son apparition depuis que les Américains sentent leur style de vie menacé. Elles sont communément appelées Militia ou milice non organisée.

« Ces groupes, qui sont en fait des clubs de tir locaux avant adopté un uniforme, ne comprennent aucune hiérarchie, mais sont liés par des craintes et buts communs, l'utilisation de l'Internet et par un éventail de stations de radio sur ondes courtes parmi lesquelles Radio Free World, dirigée par Anthony J. Hilder, en est un parfait exemple. Hilder est un réalisateur de films hollywoodiens peu connu qui habite Beverley Hills. Il pense qu'Hollywood fait partie de la conspiration gouvernementale destinée à duper la population avec une propagande subliminale tout à fait évidente, selon lui, dans les films comme « Rencontre du troisième type ». La plupart de ces stations de radio reflètent des opinions politiques d'extrême droite et accusent l'administration de mettre en avant la guerre au détriment des principes de liberté. Ils attirent l'attention sur des bases militaires secrètes comme celle du désert du Nevada, dont le nom de code est Zone 51. Officiellement, elle n'existe pas, mais un certains nombre de détracteurs pensent qu'une nouvelle génération de super-armes y est mise au point. Ils déclarent que ces armes sont cachées à tous sous le couvert de phénomènes d'OVNI et qu'un certain scénario se met en place ici et dans d'autres établissements, destiné à une fausse invasion de la Terre par des extraterrestres. Afin de combattre cette menace imaginaire, appelée Projet Panique, la Militia appelle à l'usage de la violence.

« Tuez tous ces fumiers ! » semble être leur sentiment général. C'était certainement le cas lorsqu'une bombe fut posée à Oklahoma, crime dont Timothy McVeigh a été officiellement inculpé. L'un des centres qui attire tout particulièrement leur haine est un comité de personnes à l'influence importante appelé « Illuminati ».Toujours selon la Militia, ce serait un groupe séparatiste du plus haut niveau de la société des Francs-Maçons. »
M. Jordan




William Milton Cooper


William Milton Cooper (1943-2001), leader de la milice de St Johns en Arizona, a servi dans la Marine américaine et a édité un magazine, Veritas. Il a aussi écrit un livre sur la dissolution américaine prédite, intitulé « Behold a Pale Horse » (voici un cheval pâle, édité en 1991). Cooper était anti-catholique, antisémite et anti-presse. Il annonçait l'arrivée d'un nouvel ordre menaçant le prochain millénaire, avec parmi ses membres le pape Jean-Paul II et George Bush. Il prédisait aussi qu'à l'aube de l'an 2000, les chambres secrètes de la pyramide de Gizeh s'ouvriront et que leurs secrets seront révélés, libérant Satan. Alors seule la milice américaine pourra l'arrêter.

Recherché par les autorités, William Milton Cooper fut abattu le 6 novembre 2001 par les policiers chargés de son interpellation.

Livres :
"The Secret Government : The Origin, Identity, and Purpose of MJ-12", 1989 ; "Operation Majority", 1989 ; "
Behold a Pale Horse", 1991.

mardi, avril 05, 2011

Une femme dirigera-t-elle la France ?




Mario de Sabato, célèbre voyant des années 70-80, avait prévu la chute du shah d'Iran, la guerre au Liban, l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement socialiste en France...

Dans son livre « Les manipulateurs du destin », édité en 1985, celui que certains ont surnommé « le Nostradamus du 20ème siècle » écrit :

« Un Noir à la Maison-Blanche. C'est la vision qui s'impose à moi quand je pense au futur des Etats-Unis. Cette prédiction pourrait se réaliser au cours du troisième conflit mondial ; Ce président de couleur résoudra tous les problèmes raciaux qui se posent dans ce grand pays. Les mariages entre Blancs et Noirs se multiplieront. Les races se mélangeront et s'unifieront.

Ce président noir sera un des grands serviteurs de la paix. Il voyagera beaucoup de par le monde et se rendra souvent en Europe pour tenter de raisonner les belligérants. Il trouvera une alliée précieuse à Paris en la personne de la Présidente de la République française. Une femme, en effet, sera portée à cette époque à la magistrature suprême de la France.

Tous deux, Président des Etats-Unis et Présidente de la France seront des figures centrales des années troublées du troisième conflit mondial. Leur influence, leur charisme ne plairont certes pas aux forces du mal, qui tenteront contre eux de nombreux attentats, mais par une grâce du destin ces deux chefs rayonnants échapperont - parfois de justesse - aux traquenards des terroristes. »


La troisième guerre mondiale selon Mario de Sabato :


« En fait, ce conflit est d'ores et déjà engagé. Il se développe sous nos yeux. Comme je l'ai prédit, il prend l'aspect larvé de déflagrations locales, de révolutions qui se succèdent, se chevauchent, s'enchevêtrent. A l'origine de toutes ces guerres il y a un cerveau unique. En apparence, mais en apparence seulement, elles n'ont pas l'air d'être liées entre elles. Elles semblent sans aucun rapport, chacune paraissant poursuivre un objectif différent. Ici, c'est une revendication territoriale. Là, un soulèvement pour l'indépendance. Ailleurs, une croisade pour la religion. Mais toutes ont un point commun : elles concourent à affaiblir le monde libre et démocratique dans lequel nous vivons. »

En 2011, l'armée française est directement engagée dans plusieurs conflits : Afghanistan, Libye, Côte-d'Ivoire.

Qui gouvernera la France ?

2012, après DSK, les jeunes préfèrent Marine Le Pen.
C'est l'enseignement d'une étude d'opinion

Forcément, si elle est en vogue dans les sondages, c'est qu'elle grapille dans toutes les catégories. Et notamment chez les jeunes. Marine Le Pen est bien placée dans les intentions de vote des 18-24 ans pour la présidentielle, arrivant deuxième dans l'hypothèse d'une candidature de Dominique Strauss-Kahn, première ex-aequo si c'est Ségolène Royal qui se présente, et en tête devant Martine Aubry et François Hollande.

Selon un sondage Ipsos/Logica pour la radio internet Goom Radio, en cas d'une candidature de Dominique Strauss-Kahn, celui-ci aurait 30% des intentions de vote si le premier tour de l'élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, loin devant Mme Le Pen (20%).

Sarkozy troisième

Le président Nicolas Sarkozy (14%) serait troisième, suivi de François Bayrou (12%), Olivier Besancenot (11%), Dominique de Villepin (cinq pour cent), Nathalie Arthaud (trois pour cent), Eva Joly (deux pour cent), Jean-Luc Mélenchon, Hervé Morin et Nicolas Dupont-Aignan (un pour cent chacun). Vingt-trois pour cent ne se sont pas prononcés.

Si Ségolène Royal se présente, elle ferait jeu égal avec Marine Le Pen, 21% chacune, suivies de Nicolas Sarkozy, 16%. François Bayrou et Olivier Besancenot viendraient ensuite, 13% chacun. Vingt-trois pour cent ne se prononcent pas.

En cas de candidature de Martine Aubry, la première secrétaire du PS recueillerait 14% des intentions de vote des jeunes, derrière Marine Le Pen (23%), Nicolas Sarkozy (16%), François Bayrou et Olivier Besancenot (15%). Vingt-cinq pour cent ne se prononcent pas.

Les écolos ne séduisent pas.

Enfin, si François Hollande est le candidat socialiste, il ne recueillerait que 10% des voix des 18-24 ans, derrière Marine Le Pen (22%), Nicolas Sarkozy (18%), François Bayrou (16%), Olivier Besancenot (14%), et Dominique de Villepin (11%). Vingt-sept pour cent ne se prononcent pas.
Lire la suite :


Les manipulateurs du destin






Ce livre est un violent réquisitoire contre les « manipulateurs du destin » qui préparent dans l'ombre la guerre...




lundi, avril 04, 2011

Magie rituelle & démons




Poursuivie par d'imaginaires démons

La vie religieuse au Tibet ? Y a-t-il là quelque chose de religieux, j'entends de religieux au sens que nous attachons dans notre esprit au terme religieux ?

Je crois devoir répondre non.

Et quoi ? me direz-vous, que signifient donc ces immenses monastères dont certains abritent plus de dix mille moines ? Que signifient ces ermites dont vous nous avez parlé dans vos livres, ces ermites qui vivent dans des cavernes sur les hautes montagnes plongés dans de continuelles méditations ? Est-ce que tout cela ne dénote pas de la religion ? Je réponds non. Au Tibet cela ressort de la magie ou de la recherche philosophique et psychologique.

Tous les rites des Tibétains sont à tendances magiques. Il en est de très naïfs et il en est de très subtils.

Les Tibétains croient que notre monde, celui que nous voyons et que nous touchons quotidiennement est contigu à d'autres mondes peuplés d'êtres différents de nous mais dont la mentalité a pourtant des points de ressemblance avec la nôtre. Ces mondes nous ne les percevons généralement pas. Mais, en des occasions exceptionnelles, il peut nous arriver d'en entrevoir quelque chose. Certains hommes, aussi, qui ont évolué des sens spéciaux, discernent ces mondes et leurs habitants d'une façon continue. Mais que nous soyons conscients de leur existence ou que nous ne le soyons pas, les êtres de ces mondes, soit volontairement soit automatiquement, exercent une influence sur nous comme, de notre côté, nous en exerçons une sur eux.

Il y a des dieux, des génies, des démons masculins, féminins ou sans sexe. Certains sont bienfaisants d'autres sont portés à nuire. Il en est qui ont le pouvoir de créer autour de nous des conditions heureuses, de nous maintenir en bonne santé, de faire prospérer nos affaires, etc. Il y en a qui peuvent grandement nous aider et, aussi, grandement nous nuire si nous ne gagnons pas leur amitié ; mais les Tibétains sont plutôt enclins à douter de la bienveillance spontanée de ces personnages. Alors pour profiter des biens qu'il est en leur pouvoir de nous procurer il faut les forcer, les contraindre à employer leur pouvoir en notre faveur. Contraindre le Dieu ou le démon est un acte de magie. C'est se mesurer avec lui, essayer d'en faire son serviteur. Cela ne ressemble pas à la prière, cela n'a rien de religieux.

Au lieu de la contrainte l'on peut, aussi, user de procédés aimables, par exemple, plaire au dieu ou au démon en lui donnant des choses qui lui sont agréables, ou en lui procurant du plaisir d'une manière ou d'une autre.

Quand je dis démon ne vous imaginez pas des êtres pareils à ceux que les gens de nos pays croient exister en enfer. Point du tout. Le démon est un individu qui a des tendances à être méchant mais il peut avoir des moments de bonne humeur pendant lesquels il ne cherche pas à faire de mal. Et puis, il ne restera pas éternellement un démon. Il mourra comme nous tous nous mourrons après une vie plus ou moins longue. Et, après être mort, il renaîtra, comme nous tous nous renaîtrons aussi, pour recommencer une autre vie - C'est ce que croient les Tibétains - Alors, si le démon ne s'est pas trop laissé aller à sa tendance au mal, il pourra renaître dans un milieu où il ne sera plus un démon, il pourra devenir un homme ou un autre individu.

Une grande quantité de rites tibétains ont donc pour but d'obtenir d'une manière ou d'une autre, pour notre bénéfice, le concours des personnalités extra-humaines. Tout au moins c'est ainsi que le commun des Tibétains comprend ces rites.

L'opinion des lamas savants est toute différente, mais ils ne l'expriment pas ouvertement. Pour ces lamas, tout ce monde fantastique composé de dieux et de démons n'est en réalité que le domaine de forces de différents genres. L'homme qui s'est initié à la connaissance de ces forces, qui en connaît la nature, qui a appris la façon de les manipuler peut parvenir à produire ces phénomènes que le commun des hommes considère comme des prodiges. Les lamas qui s'adonnent à ces recherches demeurent peu souvent dans les monastères. Ils se retirent dans des endroits isolés où rien ne les dérange dans leurs études et dans leurs expériences.

Quand on parle de monastères tibétains il faut se garder de les imaginer comme ressemblant aux monastères catholiques de nos pays. On doit plutôt se les représenter comme des villes ou comme des villages s'ils sont peu importants. Un monastère qui ne compte que deux mille moines n'est pas considéré comme un grand monastère. Il existe, je viens de vous le dire, quelques monastères dont la population se monte à près de dix mille moines ou même à plus que ce nombre.

Le monastère est généralement entouré d'une muraille percée de portes qui sont closes le soir. Les moines ne vivent pas en communauté. Chacun d'eux a son logement particulier. Les grands lamas occupent de véritables palais, d'autres lamas sont propriétaires d'une maison confortable, de moins riches louent un appartement ou une chambre chez des confrères. Les moines tibétains ne font pas vœu de pauvreté. Les uns reçoivent une rente de leur famille ; d'autres possèdent des terres ou du bétail, d'autres encore placent de l'argent dans le commerce. Il y en a qui vivent de leurs talents comme professeurs, comme secrétaires, comme peintres de tableaux religieux, certains confectionnent des vêtements monastiques. Tout au bas de l'échelle on trouve des domestiques travaillant chez des Lamas plus riches.

Tous les matins, les moines se réunissent dans la grande salle pour la récitation de livres sacrés. Cette récitation se fait en psalmodiant avec une voix très grave et avec des ondulations de sons d'un effet très impressionnant; Ceux qui sont savants en cette matière vous diront que cette psalmodie a été calculée pour produire certaines ondes sonores particulières destinées à produire des effets spéciaux. Des instruments de musique et des timbales se font entendre de temps en temps. Les moines agitent, aussi, par moments, des clochettes et une espèce particulière de tambourin ; tout cela a une signification et vise à obtenir des effets par la combinaison des vibrations des sons. C'est de la magie.

Les laïcs appellent parfois chez eux des lamas pour y célébrer certains rites visant à amener la prospérité, la bonne santé ou d'autres avantages sur les hôtes de la maison. Mais les laïcs n'assistent pas aux offices célébrés dans les temples des monastères. Ce n'est pas que cela leur soit défendu, mais il n'ont rien à faire là et il n'y a pas de place réservée pour eux dans les endroits où les offices sont célébrés. Il y a aussi des rites secrets auxquels les initiés sont seuls admis comme participants ou comme témoins.

Un lama est souvent aussi appelé auprès d'un malade qui va mourir. Son rôle consiste à enseigner au mourant ce qui l'attend dans le monde où il va entrer et à lui donner des conseils sur la manière dont il doit s'y conduire.

Vous savez que les Bouddhistes croient qu'avant de vivre notre vie actuelle nous en avons vécu beaucoup d'autres et que les circonstances foncières de notre vie actuelle sont les conséquences d'actes physiques et mentaux qui ont été effectués dans ces vies précédentes. De même, les circonstances fondamentales de la vie future découleront elles ; des actes accomplis dans la vie présente. Mais c'est là une direction caractère général, elle n'est pas absolument stricte. La cause déterminante principale dévie plus ou moins sous l'action de causes secondaires qui s'y adjoignent. En somme il y a. probabilité quant à ce que sera la vie future d'un individu mais il n'y a pas de certitude absolue.

Cette idée que l'on peut modifier les conséquences des actes, les Tibétains l'appliquent à l'au-delà de la mort. L'esprit désincarné est plongé dans un monde effarant pour lui doit conserver son sang-froid. Il ne faut pas qu'il se laisse rouler inerte jusqu'au but où le poids des actes commis dans ses vies antérieures l'entraîne. Il doit être alerte, prêt à discerner les voies et les moyens qui s'offrent à lui pour améliorer son sort futur. Tout cela est illustré sous la forme d'un voyage dans l'autre monde, de paysages que l'esprit voit le long de sa route et de personnages qu'il rencontre. Le lama lit cette description au moribond et l'exhorte à tenir compte des renseignements qui lui sont fournis.

Cette pratique n'est pas véritablement bouddhiste ; son origine peut être trouvée dans la religion des Böns, une branche du Taoïsme qui prévalait au Tibet avant l'introduction du Bouddhisme dans le pays et dont les doctrines se sont mêlées avec celles du Bouddhisme.

Cette lecture n'a lieu que pour les laïcs et pour les moines du bas clergé qui sont très ignorants. Les lamas lettrés et, surtout, les initiés aux doctrines secrètes sont jugés connaître mieux que ces symboles et n'avoir pas besoin de guides dans un au-delà dont ils ont déjà percé le mystère.

Quant aux masses populaires elles continuent à être dominées par la crainte des démons; je dois dire une fois de plus que le Tibet est un pays étrange bien propre à engendrer la crainte par les phénomènes bizarres qui s'y produisent. Parmi les croyances les plus communes, relatives aux démons, est celle que des démons errants suivent les voyageurs. Ils épient leur fatigue, leur état de santé et, dès qu'ils les voient suffisamment affaiblis, ils en font leur proie. Mais, comprenez-moi, ils ne dévorent pas le corps du voyageur ; celui-ci meurt parce que le démon, profitant de son état de faiblesse, saisit le souffle vital du malade et le mange. Mange ce principe vital et non pas le corps matériel. A cause de cette croyance les Tibétains refusent souvent l'hospitalité à des voyageurs par crainte qu'un démon ne s'introduise dans la maison à leur suite et n'y fasse sa proie d'un être humain ou d'un animal.

Une aventure singulière m'est arrivée à ce sujet.

Tandis que je me trouvais chez des fermiers où je devais passer la nuit un orage survint et un pauvre idiot qui passait sur la route entra pour se mettre à l'abri dans la cuisine où j'étais. La fermière s'imagina que le garçon était un de mes domestiques. Moi je crus qu'il faisait partie de la famille des fermiers. Mais le garçon se conduisit de façon étrange; il parut essayer de manger et ne pas pouvoir le faire, puis il jeta son bol par terre et s'en alla sans dire un seul mot. La fermière me questionna à son sujet, je répondis que je ne connaissais pas le garçon, elle non plus ne le connaissait pas. Il n'en fallait pas davantage, elle conclut que l'idiot était un démon qui m'avait suivi. Elle était terrifiée.

Au milieu de la nuit mon fils adoptif me réveilla et me dit que la fermière avait été prise d'une violente fièvre et criait que le démon mangeait son âme. Le mari vociférait contre nous en agitant un sabre ; il fallait nous sauver en hâte. Si le village s'ameutait nous courions le risque d'être écharpés.

Nous réussîmes à partir sans encombre et nous marchâmes bon train à travers la forêt. Vers la fin de la matinée, comme personne ne nous poursuivait, nous nous arrêtâmes pour faire un thé et déjeuner.

Tandis que nous étions là, un homme passa à cheval en se hâtant : « Où allez vous ? » lui cria un de mes hommes. C'est l'usage de poser cette question à tous ceux que l'on rencontre.

« Je vais chercher un lama pour le service funèbre de la fermière chez qui vous avez logé hier ; elle est morte un peu après votre départ », répondit le passant.

Les hommes qui m'accompagnaient étaient devenus pâles.

« Elle est morte de peur » leur dis-je, « sans doute elle avait déjà le cœur malade. N'importe, partons tout de suite. » Je craignais que les paysans ne nous poursuivent.

Ils ne nous poursuivirent pas mais comme nous continuions notre route des bûcherons qui travaillaient au loin dans la forêt se mirent à se héler. Cela faisait des Ohohohohoh, des ahahahahah que l'écho répercutait de façon assez lugubre. Mes hommes, l'esprit tout occupé de leur superstition perdirent la tète. Ils s'imaginèrent que des démons hurlaient.

« Les démons !... Les démons nous poursuivent, ils vont nous dévorer ! », criaient-ils.

Ce fut une course éperdue. Les chevaux que l'on fouettait trébuchaient dans les racines qui émergeaient du sentier, les caisses de bagages s'entrechoquaient, tout ce que je pouvais dire ne servait à rien, mes hommes criaient toujours « les démons ! les démons !... » A cette allure folle, nous franchîmes un col, nous dégringolâmes en avalanche jusque dans une vallée et, là hommes et bêtes s'arrêtèrent enfin pantelants et abrutis...

Évidemment tout cela ressort des superstitions populaires, il en existe dans tous les pays, il ne faudrait pas s'imaginer qu'il n'y a rien que superstitions au Tibet. Il y existe une sorte de magie scientifique bien curieuse à étudier. Il y existe, aussi, des doctrines philosophiques profondes.

Alexandra David Néel, « Voyages et aventures de l'esprit ».


Voici des textes inédits d'Alexandra David Neel, retrouvés par Marie-Madeleine Peyronnet et Marc de Smedt dans sa maison de Digne où elle termina ses jours en 1969. Ce recueil est d'autant plus intéressant qu'il couvre tout le champ de son existence aventureuse, de la Belgique à la Tunisie, de la Corée au Japon, du Sikkim à l'Indochine, de l'Inde au Tibet. Toute sa philosophie se trouve exposée ici, ainsi que sa réflexion spirituelle alimentée par la rencontre de grands maîtres et ermites en Orient et par les textes sacrés qu'elle traduisait elle-même. A la suite de ces vingt-deux écrits essentiels, on lira le vibrant hommage posthume qu'adressa l'actuel Dalaï-lama en 1982 à cette grande dame de l'esprit.

Sommaire

Une aventurière de l'esprit, par Marc de Smedt
Quelques dates
L'aboutissement d'une vie, entretien avec Madeleine Peyronnet

Textes d'Alexandra David Néel :

De l'importance des influences ambiantes
Fête antique au théâtre romain de Carthage
Devant la face d'Allah, conte du désert

Alexandra David Néel face au Tibet
Poursuivie par d'imaginaires démons
Phénomènes psychiques et médiums au Tibet
Une Occidentale face aux femmes tibétaines
La mort du XIIIe Dalaï-lama
Comment les Tibétains envisagent la mort
Réflexions sur la discipline spirituelle bouddhique

Notes sur l'Asie
Du désert de Gobi au Tibet
Statues sacrées en Inde
Népal des Dieux et des hommes
La Corée des monastères
Indochine, mythe éternel
Sikkim, le pays caché
Réalités et féeries du Japon
Wesak, la fête du Bouddha
Le vide
Gurdjieff, Dordjieff et Shambala
On demande des explorateurs
Carnets personnels
Hommage du Dalaï-lama à Digne



Illustration :

Linga à tête d'oiseau dont les bras et les pieds sont enchaînés. Trois scorpions lui dévorent respectivement la tête, la poitrine et les organes sexuels. L'inscription indique quels mantra doivent être inscrits dans le linga et la manière de les utiliser. Ce linga a pour but de soumettre les bsen-mo, esprits maléfiques féminins. (Le manuscrit d'Or)

Un rabbin affirme que les Juifs sont des extraterrestres venus pour « conquérir » la Terre.

Le rabbin Michael Laitman est l'auteur de "Kabbalah, Science and the Meaning of Life". Le livre retrace les étapes de l'év...