mardi, janvier 06, 2015

QU’EST UNE SOCIÉTÉ SECRÈTE ?



Hermetic Order of the Golden Dawn


Le Grand Larousse nous rappelle qu’une société est « une réunion de personnes soumises à un règlement commun ou régies par des conventions en vue d’une activité commune ou pour la défense de leurs intérêts ».

Mais une « société secrète » ? Cette encyclopédie n’en fait pas mention. Quant au Petit Robert, on reste surpris de son insuffisance puisqu’il définit une société secrète comme étant « une association qui poursuit en secret des menées subversives ».

Ce qui est étrangement limitatif car, de nombreuses sociétés secrètes se donnent pour mission de défendre l’ordre, qu’il soit individuel ou social, et de s’opposer à toutes les formes de subversion.

Essayons donc de voir plus loin et plus juste. Demandons-nous, d’abord, pourquoi une association peut être qualifiée de secrète. Nous trouverons deux raisons qui, dans quelques cas, ne s’excluent point.

Une société est secrète du fait de son recrutement ou du fait de ses activités. Ainsi on sait, au moins dans les grandes lignes, comment sont « dressés » les associés laïcs de la Compagnie de jésus, mais on ignore leurs noms.

En revanche, les francs-maçons anglo-saxons se font gloire et honneur, dans le monde profane de leur initiation, mais se taisent « sur les conventions qui les lient en vue d’une activité commune ».

Dès 1946, sous le nomen mysticum de Geoffroy de Charnay, un érudit, M. Husson, a publié une copieuse étude exhaustive sur la Synarchie politique.

Il n’est pas dans nos intentions de percer pourquoi, plus tard, d’autres ouvrages sur le même sujet ont accumulé les erreurs et les omissions, dont un grand nombre ne sont sans doute pas involontaires et tiennent plus de l’intoxication politique que de l’impartialité historique. Quoi qu’il en soit, nous nous contenterons, en ce moment, de suivre Geoffroy de Charnay, dans sa classification des diverses et nombreuses sociétés secrètes politiques. Il distingue trois catégories, ou, si l’on préfère, trois degrés.

Les sociétés secrètes inférieures

Les sociétés secrètes inférieures dont le public connaît, sinon les buts exacts, au moins l’existence. En France, la plupart d’entre elles sont administrativement légales, ayant souscrit aux prescriptions de la loi de 1901.

Parmi elles, citons la franc-maçonnerie bleue, la Société Théosophique en son cercle extérieur, de nombreuses « petites églises » ; on y classera aussi des groupes politiques [...].

Dans chacune de ces sociétés, les adhérents possèdent la mentalité du parfait militant. En dehors de quelques sinistres indicateurs, ces braves gens croient sincèrement, profondément à un idéal, religieux, philosophique ou politique. En un mot, dans ces sociétés, les idéologies prônées sont des appâts à l’aide desquels on draine une clientèle sincère, probe, désintéressée et naïve.

Le recrutement y est très divers. Malgré ce qu’affirment les dirigeants, presque tous les postulants sont admis. Un esprit critique, une forte instruction, une intelligence éclairée, une situation sociale en vue, cependant, sont parfois plutôt des obstacles que des références.

Sous le couvert d’initiations à des grades successifs, on diffuse des mots d’ordre ou des consignes d’action. Surtout, on étudie les nouveaux inscrits et, le cas échéant, on les dirige vers des « voies de garage » ou, au contraire, on les oriente vers la seconde catégorie de sociétés secrètes.

On a écrit que les sociétés secrètes inférieures étaient comparables à des viviers où l’on abandonne le fretin à son sort obscur, mais où l’on pêche les « gros poissons » afin de les élever dans des bassins mieux adaptés à leurs qualités.

Comme les noms, sinon les buts réels, de ces sociétés secrètes sont seuls connus du public, elles sont parfois désignées, comme boucs émissaires, à l’aveugle fureur populaire. Qu’on nous pardonne ce cruel jeu de mots, mais on les couvre de tous les péchés d’Israël. Ces déchaînements de haine sont préparés par des campagnes de calomnies savamment orchestrées dont les instigateurs, bien souvent, sont les propres dirigeants, les Supérieurs Inconnus qui, debout derrière un voile, invisibles et présents, tirent les ficelles de ces marionnettes. Ainsi, en sacrifiant leurs troupeaux d’esclaves, les chefs occultes assurent-ils leur propre sécurité et continuent-ils avec d’autres figurants leur action souterraine. Ce qui nous conduit à la seconde classe des sociétés secrètes, celles que Geoffroy de Charnay nomme les sociétés de cadres ou sociétés intermédiaires. 



Sociétés secrètes intermédiaires

Celles-ci sont authentiquement secrètes car seules quelques personnes en connaissent ou en soupçonnent l’existence et les buts. Leurs affiliés restent inconnus non seulement du monde profane mais aussi des membres des sociétés secrètes de base. Elles ne sont jamais déclarées selon les prescriptions de la loi de 1901, ou bien se dissimulent sous le couvert de groupements anodins. Nul n’y propose sa propre affiliation. C’est un conseil, occulte, qui décide, par cooptation, qui en est digne. Fréquemment (mais pas constamment) ces sélectionnés ont fait, à leur insu, un stage probatoire dans une société inférieure. Une tactique d’approche est mise en œuvre par les responsables qui ne se dévoilent qu’en dernier ressort et après s’être protégés d’éventuelles indiscrétions par tout un système de faux semblants et de mises en garde.

Le nouvel inscrit est, pour ainsi dire, choisi d’autorité. Un refus de sa part l’exposerait à d’imprévisibles sanctions, il doit, désormais, obéir perinde ac cadaver ; toute indiscrétion, toute imprudence seraient, sanctionnées d’une façon radicale.

Ces sociétés-cadres modifient, selon les circonstances, leurs noms et même leurs structures. Aussi ne sont-elles décelées qu’après leur disparition ou plutôt leurs anciens avatars. [...]

Quant au Mouvement Synarchique d’Empire, il se cache maintenant, comme les calamars, sous un flot d’encre… Ces groupements abandonnent à la piétaille des sociétés secrètes inférieures les vains appâts des idéologies plus ou moins sentimentales. Ils se veulent réalistes et volontiers nietzschéens, « par-delà le Bien et le Mal ». Ils sont peu nombreux, bien cloisonnés, mais parfois, selon les impératifs du moment, scellent entre eux des alliances momentanées. Plus souvent ils se livrent des combats souterrains, acharnés, où tous les coups bas sont non seulement permis mais recommandés, à l’exclusion, cependant, d’indiscrétions mutuelles qui alerteraient sinon les milieux profanes au moins les pouvoirs publics. Là aussi, le silence est la loi du milieu.

Entre eux, les affiliés de même tendance pratiquent une solidarité discrète, mais particulièrement efficace. Comme au jeu d’échecs, il s’agit, d’abord, de placer les pièces maîtresses aux bons endroits, aux leviers de commande. Ainsi ces groupes, par osmose, contrôlent les rouages essentiels des États, comme des grandes organisations mondiales de la Politique et de l’Économie. Mais un des promus fait-il acte d’indépendance ou d’insuffisance ? Est-il la proie de scrupules ? Commet-il quelque indiscrétion, même mineure ? Il est aussitôt éliminé, même, s’il est nécessaire, par les moyens les plus radicaux, dont certaines crises cardiaques attribuées au surmenage ne sont pas exclues.

Comme le précise pertinemment Geoffroy de Charnay :
« Le rôle des membres de ces sociétés de cadres est surtout de gestion ».

Ces sociétés de cadres ne sont pas particulières à notre époque. Pour comprendre ou, plus exactement, deviner leurs rôles, il n’est que de relire, dans les Mémoires du duc de Saint-Simon les passages relatifs au choix des confesseurs de Louis XIV et spécialement du Père Le Tellier.

Mais ces associations ne sont encore que des rouages. Elles exécutent plus qu’elles ne commandent. L’élaboration du plan appartient aux sociétés secrètes de troisième degré.



Les sociétés secrètes supérieures

Les sociétés secrètes supérieures sont totalement occultes. La masse des profanes n’en soupçonne même pas l’existence. Elles restent ignorées des sociétés secrètes de base et pour les sociétés de cadres constituent un sujet tabou. La page de garde du Pacte Synarchique Révolutionnaire est, à ce point de vue, significative :

« Toute détention illicite du présent document expose à des sanctions sans limite prévisible, quel que soit le canal par lequel il a été reçu. Le mieux, en pareil cas, est de le brûler et de n’en point parler. La révolution n’est pas une plaisanterie mais l’action implacable régie par une loi de fer. »

Geoffroy de Charray précise :
« Ni leur nom, ni leur existence, ni leurs affiliés ne sont connus. On en est réduit à de simples conjectures. »

Plus précisément, la découverte fortuite de quelque énigmatique document ou une confidence inopinément surprise met sur la voie.

C’est ainsi que, durant sa courte agonie, après l’attentat dirigé contre lui, Walter Ratheneau prononça :
« Les soixante-douze qui mènent le monde… »

Cet état-major international ne comprend qu’un petit nombre d’initiés dont la plupart sont classés parmi les « dirigeants » ou les grands hommes d’État. Mais certains d’entre eux vivent, dans la clandestinité, une existence retirée, ascétique ; nul ne soupçonne leur influence ou même leur identité véritable. [...]

Tous ces adeptes (réunis en une hiérarchie indéchiffrable dans l’état actuel de nos connaissances) détiennent des pouvoirs immenses. Il semble que seule la volonté de puissance les anime, ou – qui sait ? – la foi en une mission Universelle et providentielle.



Les Chefs Secrets, Supérieurs Inconnus, Grands Terrifiants

La Golden Dawn. tenait ses rituels d’une Berlinoise, Anna Sprengel. Obéissant à des ordres supérieurs, elle communiqua documents et pouvoirs occultes à trois Britanniques, William Woodmann, Wynn Wescott et Samuel Liddell Mathers. Curieusement, sous le régime nazi, alors que la Gestapo faisait une chasse impitoyable aux sociétés secrètes, elle ne perquisitionna jamais dans la loge de la Golden Dawn, installée au cœur de Berlin.

Samuel Liddell Mathers prétendait être en rapport avec des « Supérieurs Inconnus » et avoir établi les contacts en compagnie de sa femme, la sœur du philosophe Henri Bergson. Il déclara aux membres du second ordre :

« Au sujet de ces Chefs Secrets, auxquels je me réfère et dont j’ai reçu la sagesse du Second Ordre que je vous ai communiquée, je ne peux rien vous dire. Je ne sais même pas leurs noms terrestres et je ne les ai vus que très rarement dans leur corps physique… Ils me rencontrèrent physiquement aux temps et lieux fixés à l’avance. Pour mon compte, je crois que ce sont des êtres humains vivant sur cette terre, mais qui possèdent des pouvoirs terribles et surhumains… Mes rapports physiques avec eux m’ont montré combien il est difficile à un mortel, si avancé soit-il, de supporter leur présence. Je ne veux pas dire que dans ces rares cas de rencontre avec eux l’effet produit sur moi était celui de la dépression physique intense qui suit la perte du magnétisme. Au contraire, je me sentais en contact avec une force si terrible que je ne puis que la comparer à l’effet ressenti par quelqu’un qui a été près d’un éclair pendant un violent orage, accompagné d’une grande difficulté de respiration… La prostration nerveuse dont j’ai parlé s’accompagnait de sueurs froides et de pertes de sang par le nez, la bouche et parfois les oreilles. »

dimanche, janvier 04, 2015

Le secret maçonnique


Dimanche 4 janvier 2015, sur France culture dans « Divers aspects de la pensée contemporaine », une émission de propagande de la franc-maçonnerie, le grand maître du GO, Bernard Chanez, qui est aussi le programmateur de l'émission, et le frère Yves Hivert-Messeca, un historien, font état de l'ampleur du rejet de leur secte par la population française.

Les Français, qui n'ignorent pas que les francs-maçons détiennent le pouvoir, affichent ouvertement leur mépris pour cette pseudo-organisation philanthropique mais véritable secte d'ambitieux incapables d'améliorer les conditions de vie du peuple. La France compte presque SIX millions de chômeurs, DIX millions de personnes vivent dans la pauvreté. Il n'est pas étonnant que, comme le déplore le frère-la-gratouille Chanez, « les actes de vandalisme contre les temples maçonniques se multiplient et des commerçants affichent sur leur vitrine des messages du type : « Interdit aux chiens et aux francs-maçons ! »

Manuel Valls est un ex-initié du Grand Orient, ami d'Alain Bauer un des francs-maçons de droite qui durant cinq ans ont profité du calamiteux règne de Sarkozy. Dans la franc-maçonnerie les politiciens professionnels, pour ne pas dire parasites, sont nombreux. Dans le gang socialiste, on compte, entre autres, le fabiusien Philippe Guglielmi, le sénateur maire Gérard Collomb ; François Rebsamen, Ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social (LOL) ; Jean Le Garrec, ministre de François Mitterrand ; le sénateur Jean-Pierre Masseret, l'ex-directeur de campagne de Ségolène Royale, Patrick Mennuci...

Pourquoi la franc-maçonnerie, qui prétend être une société philanthropique, entretient-elle le culte du secret ?

Bill Schnoebelen, un franc-maçon repenti, dévoile la teneur du fameux secret maçonnique.

« La franc-maçonnerie : la majorité de nos hommes politiques en font partie, la majorité de nos avocats, de nos juges, du personnel médiatique, des grands industriels, etc...

Présentée comme "un ordre initiatique de réflexion et de recherche ayant pour objet le perfectionnement moral et spirituel de l'humanité", qu'il est doux et rassurant de penser que les puissants de ce monde œuvrent secrètement à l'avènement d'un monde meilleur.

Mais les contes de fées sont réservés aux enfants. La réalité est tout autre et extrêmement terrifiante.

Dans nos sociétés occidentales en pleine décadence, les francs-maçons n'hésitent pas à se vanter des nombreuses "avancées progressistes" nées dans les loges maçonniques et imposées immoralement et anti-démocratiquement aux nations sans aucun droit de regard ou de veto de la part des peuples. Et d'autres stupéfiantes et inévitables "avancées" du genre humain sont en chantier.

Un ancien franc-maçon de haut rang a décidé de tout révéler au grand jour. N'est-il pas écrit quelque part qu'il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu?

Bill Schnoebelen est l'auteur de sept livres. Il a été prêtre sataniste et vaudou, un haut membre de l'église de Satan, un gourou du Nouvel Âge, un occultiste, un sorcier, un Chevalier Templier, un membre des Illuminatis et un franc-maçon du 90ème degré. Dans cette conférence destinée à un public ayant eu des contacts avec la franc-maçonnerie, il démontre preuves à l'appui que les loges maçonniques n'œuvrent pas au bien être de l'humanité, que du contraire! Il vous révèle dans cette émission tous les secrets diaboliques de cette société secrète. »



















(Vidéo versée dans le domaine public et libre de copyright).

Cette émission est disponible en DVD de meilleure résolution sur ebay pour 1,49 euro (tapez-y simplement "la lumière derrière la franc-maçonnerie").

Source :

Sentinelle du peuple

http://sdupeuple.blogspot.ca/2012/10/la-lumiere-derriere-la-franc-maconnerie.html


Les noms des francs-maçons socialistes et l'affiliation de Valls au GO sont dans le numéro 3040 de L'Express.

samedi, janvier 03, 2015

Jésus et les premiers chrétiens étaient-ils végétariens ?

Question :

« Je suis végétarienne, mais lorsque j’aborde ce sujet avec mes amis, ils me rétorquent souvent que la Bible ne mentionne nulle part que Jésus n’aurait pas mangé de viande. Comment cela se fait-il ? Par ailleurs, vous affirmez que Dieu n’a jamais voulu que les hommes pratiquent les holocaustes décrits dans l’Ancien Testament et aussi que Jésus était contre le fait de tuer les animaux. Y-a-t-il des références écrites à ce sujet ? »

Réponse de
Gabrielle Wittek :

On ne peut pas vraiment répondre à cette question si on fait l’impasse sur un aspect fondamental, méconnu de la plupart des gens, à savoir que les textes et documents auxquels nous nous référons aujourd’hui – en l’occurrence, il s’agit de la Bible – ont une histoire, un vécu pourrait-on dire. Ils ont été façonnés au cours des siècles en fonction des impératifs recherchés par ceux qui en étaient dépositaires. C’est l’un des objectifs de cette série de rappeler cette histoire et de révéler les buts ayant présidé aux choix rédactionnels. Ainsi, la Bible, telle que nous la connaissons aujourd’hui, a connu une élaboration très longue qui s’est faite d’ajouts successifs mais aussi de rejets.

Un moment essentiel de cette histoire s’est déroulé au IVe siècle de notre ère. Il s’agit du travail de traduction de la Bible effectué par Jérôme, un clerc de l’Église, à la demande du pape Damase. En effet, il circulait alors plusieurs versions de la Bible assez éloignées les unes des autres et le pape en question souhaitait assainir cette situation. Jérôme qui était connu pour ses talents de traducteur effectua donc ce travail colossal qui lui prit plusieurs années. Il traduisit tout d’abord les Évangiles à partir de la version latine existante qu’il estimait la moins dénaturée et se référa, là où il eut des doutes sur le sens, à une version grecque sensée être moins altérée.

Pour traduire l’Ancien Testament, Jérôme s’appuya sur la version en hébreu afin de retrouver ce qu’il appelait « la vérité hébraïque » de l’Ancien Testament. Son travail de traduction ayant donné satisfaction aux autorités de l’Église, il reçut leur imprimatur, et c’est cette version qui fit référence jusqu’au XVe siècle sous le nom de Vulgate. Jérôme qui disposait d’un grand savoir, n’était néanmoins pas à l’abri de contradictions, la plus importante étant celle qui mettait aux prises sa fidélité envers l’Église dont il était membre et sa probité intellectuelle. En effet, dans le cadre de son étude des plus anciennes versions de la Bible, il fut amené à découvrir des aspects qui avaient été rejetés et ne figuraient plus dans les versions suivantes.

Il n’est pas question de discuter ici de la façon dont Jérôme résolut ces contradictions avec plus ou moins de succès et d’honnêteté intellectuelle, mais cela apporte un éclairage très instructif sur ce que nous considérons aujourd’hui comme des vérités immuables mais qui en fait ne l’ont jamais été. Parmi ces dernières, celle qui se rapporte aux relations de Jésus avec les animaux est une des plus importantes et déterminantes car elle pose la question du statut de l’homme dans la création.

Ainsi, pour répondre à la question du végétarisme, voilà ce que l’on peut lire sous la plume de Jérôme lui-même, dans une lettre polémique connue en français sous le titre de « Contre Jovinien » (Adversus Jovinianum) :

« Jusqu’au déluge la consommation de chair animale était inconnue, mais depuis le déluge on nous a gavé la bouche des fibres et du jus puant de la chair animale. Jésus-Christ qui est apparu quand les temps furent accomplis, a relié la fin avec le commencement, de sorte qu’il ne nous est plus permis de manger de la viande. »

A la lecture de cette phrase, il ressort très clairement que, selon Jérôme, l’un des meilleurs, sinon le meilleur, spécialiste de la Bible de son temps, Jésus aurait enseigné de ne pas manger de viande.

On pourrait encore éclairer ce thème sous un autre aspect historique. Pour ceux de nos lecteurs qui ne le savent pas, la Bible « officielle » résulte d’un choix humain et arbitraire puisque certains textes ont été jugés dignes d’y figurer et d’autres non. Pourquoi ? En fonction de quels critères ? Sans vouloir attribuer une volonté machiavélique à tous ceux qui ont effectué ces choix, on est en droit de considérer qu’ils ont souvent relevé d’un parti pris idéologique, à savoir qu’on a conservé les documents qui légitimaient une certaine vision du christianisme en voie d’institutionnalisation et rejeté tous ceux qui pouvaient s’y opposer.

Or, il semble bien qu’une ligne de fracture importante réside précisément dans la question des animaux. La plupart des documents, évangiles et autres, qui ont été mis à l’index accordent une grande importance à cet aspect. De nombreux écrits apocryphes confirment non seulement que Jésus aimait les animaux mais aussi et surtout que la venue du Christ sur la Terre, la Bonne nouvelle qu’il a apportée au monde ne concerne pas que les hommes mais la Terre entière, y compris le monde animal. Le fait que Jésus et ses apôtres étaient végétariens découle en toute logique de cette vision unifiée du monde.

Gabrielle Wittek


Gabriele Wittek se présente comme une « porte-parole de Jésus » dans un mouvement nommé la « Vie Universelle ». La « Vie Universelle » attire beaucoup de sympathisants opposés à la chasse qualifiée de « guerre sanglante ». Il y a quelques années, des manifestations pour la suppression de la chasse étaient dirigées par le biologiste Kurt Eicher. 



jeudi, janvier 01, 2015

Du Léviathan à Mammon nouveau Messie


Un siècle après que Calvin ait ouvert le prêt à intérêt aux chrétiens (« Lettre sur l’usure », 1545), mettant ainsi fin à ce que l’on appelle parfois la gratuité de la vie, Hobbes désignait l’État souverain moderne naissant sous le nom de Léviathan (1651). Pour lui, cet être collectif abstrait tout puissant n’était « rien d’autre qu’un homme artificiel… et d’une force beaucoup plus grande » , en qui « la souveraineté est une âme artificielle » . Le théoricien britannique avait donc choisi de l’affubler du nom d’un monstre biblique, devenu titre de l’ouvrage (Job, 3, 8 ; 40, 25).

Aujourd’hui est en train de se développer un nouveau et terrifiant monstre collectif indifférencié, protéiforme et beaucoup plus insaisissable que le Léviathan de Hobbes. Il n’a même plus besoin d’un visage synthétique comme celui du pseudo-chef Big Brother dans la fiction d’Orwell. Ce monstre collectif tenant à la fois de l’État mondial et de la théocratie rampante de Mammon, c’est-à-dire de l’Argent, domine virtuellement le monde. C’est une entité intelligente, logique, inflexible, mais anonyme et avide qui impose son idéologie fondatrice, utilitaire et manichéenne. Sous son empire, l’ordre mondial totalitaire, ploutocratique et despotique se revendique parangon de morale.

Mammon, rappelons-le, était ce dieu syro-araméen de l’argent, symbole de l’avidité pour les biens matériels dans les Évangiles, assimilé au Diable :

« Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. » (Mammon est nommé simplement « l’Argent », personnalisé avec un grand A, dans la traduction dite Bible de Jérusalem – Matthieu, 6, 24).

L’idéologie argentifère, que l’ex-dissident soviétique Alexandre Zinoviev appelle la « superidéologie », est crépusculaire, fondée sur la mauvaise conscience des Occidentaux amenés à se mépriser eux-mêmes. Au prix du collapsus démographique européen, nous sommes invités à abolir notre nature, inacceptable puisque raciale, et donc notre avenir collectif en échange de la félicité matérielle de l’instant. Le mondialisme messianique a sa hiérarchie des valeurs, des valeurs de Bourse en premier lieu, sachant que les « élus » - américains maintiennent, eux, le renouvellement des générations au taux requis de 2,1 naissances par femme. Pour le professeur Fukuyama, qui s’en félicite, de façon symptomatique :

« L’organisation mondiale du commerce est la seule institution internationale qui ait une chance de devenir un organe de gouvernement au niveau mondial ».

Le monde cède progressivement et de façon insidieuse, depuis 1945, à cette idéologie capitaliste, individualiste et financière radicale. Elle est portée par des bailleurs de fonds qui savent faire taire les consciences et ruinent les civilisations dans ce qu’elles ont de substantiellement incorruptible. Mammon, se voulant Messie, impose sa métaphysique élémentaire, universaliste et réductrice des « droits de l’homme » évidemment intéressée, mais dotée des apparences d’une libération. Mammon, dieu argentifère, est devenu Messie ou plutôt anti-Messie, au moins pour les chrétiens non touchés par l’hérésie puritaine née à Boston, selon Max Weber. Pour ceux-là, très minoritaires, Mammon ne peut être qu’un usurpateur, le Christ de l'Évangile s’étant proclamé son ennemi déclaré, sorte d’allégorie de l'Antéchrist. En ne supportant que les valeurs rationnelles, quantifiables et matériellement profitables, le système est en définitive parfaitement nihiliste pour le vivant. Comme le Messie, Mammon ne peut que régner sur le monde sans partage :

« Demande, et je te donne les nations pour héritage,
Pour domaine les extrémités de la terre ;
Tu les briseras avec un sceptre de fer,
Comme vase de potier tu les casseras. » (Psaume 2)

Cette substitution argentifère de Dieu, Mammon, peut aussi être nommée, de façon plus moderne et distanciée de son origine évangélique et biblique, la « Chape ». En effet, la superidéologie, selon l’expression reprise à Alexandre Zinoviev, agit bien en pratique comme une sorte de chape de plomb.

Cette formidable hégémonie culturelle et surtout morale recèle une mutation de la perception de Dieu. Hors des États-Unis où l’on ne sait pas toujours où est le banquier et où est le pasteur, cette mutation se traduit le plus souvent par un athéisme plat, plus ou moins déguisé. Pourtant les nouveaux clercs, au sens strict du terme, sont aussi recrutés parmi les ministres du culte luthérien ou catholique. Oubliant les préventions qui furent, pour son honneur, les siennes, l'Église catholique a opéré un nouveau Ralliement, cette fois à l’échelle planétaire et sur un enjeu beaucoup plus grave que celui de Léon XII à la République française en 1892. Le pape Jean-Paul II, le véritable pape de l’assomption ecclésiale des « droits de l’homme » a adapté d’emblée le discours de l'Église. Dès son avènement au pontificat, il déclarait, dévoyant semble-t-il l'Évangile (Matthieu, 28, 10 : « N’ayez pas peur… » d’annoncer la Résurrection) :

« N’ayez pas peur. États, ouvrez vos frontières. Hommes, ouvrez vos cœurs. Oui, la lutte pour la promotion et la sauvegarde des droits de l’homme, réunissant tous les hommes et les femmes de bonne volonté est notre tâche commune. »


On pouvait attendre autre chose de l'Église catholique institutionnelle en particulier, et des Églises chrétiennes en général. Pourtant, l’hérésie ploutocratique démentielle étend sa subversion invertie généralisée sur le monde entier. Où est la clairvoyance, où sont donc les graines du martyr contre Mammon, l’usurpateur, l’anti-Messie ? Certainement pas aux J.M.J. (Journée mondiales de la jeunesse), manifestation conformiste d’une jeunesse pitoyable, désarmée, sans imagination ni révolte, inadaptée à la tragédie du XXIe siècle.

En fait, Mammon, ou la Chape, procède d’une véritable oligarchie ploutocratique qui étend son empire indifférencié sur le monde, au service du monothéisme du marché. Sous le couvert de la superidéologie argentifère, se forme ce qu’Augustin Cochin (1876-1916) appelait le « petit peuple » , avec une acception particulière. Il ne s’agit pas là de la frange la plus modeste des sociétés humaines, mais au contraire d’une oligarchie de privilégiés hissés aux postes supérieurs, sorte de nomenklatura comme on le disait pour l’U.R.S.S. Le « petit peuple » est un anti-peuple opposé au « grand peuple », composé lui de tout un chacun. Ce « grand peuple » englobe les populations
assujetties au premier, « petit peuple » oligarchique qui :

« a pris la place du peuple… étranger à ses instincts, à ses intérêts et à son génie… […] le peuple fait-il mine de délibérer pour de bon ? C’est qu’il n’est pas assez libre… »

Attachés à leurs privilèges, les membres du « petit peuple » ont le sentiment d’être les « élus » du destin, les clercs « prédestinés » du Progrès, les oligarques annonciateurs messianiques des lendemains radieux. Il ne s’agit pas seulement, il s’en faut de beaucoup, de gens personnellement impliqués dans le système de l’Argent, car la servilité est souvent spontanée et la courtisanerie mimétique. Ils sont souvent politiciens, technocrates, puissamment motivés par la flagornerie arriviste et pas toujours corrompus.

Clercs honteux ralliés ou magistrats moralisateurs quasi démonologues, ils sont imbus de leur nouveau rôle, au service d’une transcendance de rencontre. Ils sont bien entendu très largement les héritiers de l’esprit de 1968, qu’ils soient de « gauche », soixante-huitards culturellement meneurs, actifs et pédants, définissant la mode et surtout arbitres des nouvelles bonnes mœurs, ou nominalement de « droite », soixante-huitards culturellement menés, passifs et non moins pédants, suivant la mode, mais reconnaissant le magistère moral de la gauche. Ces gens de « droite » sont les nouveaux « modérés » (Abel Bonnard). Au-delà de ce « petit peuple » oligarchique, abonde le tout-venant des dévots des « droits de l’homme », ceux qui ne croient pas à autre chose que ce qu’on leur a inculqué par osmose sociale comme étant le Bien triomphateur de la fornication spirituelle, de l’obscénité et du vice.


Comme le disait Céline :

« On est à la cour de Mammon, à la cour du grand Caca d’or. »

Éric Delcroix, « Le théâtre de Satan ».



Le théâtre de Satan
Décadence du droit, partialité des juges


Les acquis de la civilisation juridique de l’Europe continentale sont en pleine involution régressive. Pour cette civilisation dans laquelle les juristes, communément sidérés, croient encore vivre, le droit et la morale étaient deux disciplines distinctes. Mais le raisonnement juridique redevient insensiblement une casuistique, dans l’indifférence générale, comme au temps des procès en hérésie ou en sorcellerie, au temps du « théâtre de Satan ».

Tout acte, même licite en soi, peut devenir criminel ou délictuel, en fonction de la conscience intime de celui qui le commet : ce n’est donc plus l’intention objective qui prévaut dans la définition même de l’infraction. La question qui exprime l’essence du juge n’est plus : « le sujet a-t-il voulu l’acte ? », mais de plus en plus « pourquoi a-t-il voulu l’acte ? ». Apparaît le concept de délit peccamineux.

Dès lors le juge est appelé à rechercher, par la restauration d’un procédé archaïque, si l’accusé ou le prévenu est ou non « en état de grâce », marque d’un temps que l’on croyait révolu, malgré la parenthèse soviétique, après Beccaria, Bentham, Kant ou Hegel. Jugeant à nouveau au nom du Bien ontologique, ici celui des « droits de l’homme », le juge est amené à refuser son libre arbitre intime à la personne jugée, dans une lutte de tous les instants contre le péché. Le juge doit aussi se départir de son équanimité impartiale en présence d’un délinquant politique, en ne tenant plus compte du seul désintéressement du sujet, mais suspendant sa bienveillance à l’adéquation de ses idées et de ses sentiments avec le Bien.

Du procès de Nuremberg (1945-1946) aux cas Barbie, Touvier ou Papon, en passant par les lois « antiracistes » ou antirévisionnistes, le droit de l’Europe continentale se délite en s’adonnant aux abus de la théocratie. En fait, le droit en décadence se confond de plus en plus avec la morale antidiscriminatoire (antiraciste/antifasciste). Tout cela se passe sous l’égide de la ploutocratie et du gauchisme soixante-huitard, réunifiés dans l’« antifascisme » et l’avidité hédoniste. Ne cherchons pas ailleurs la fameuse « diabolisation » qui frappe en Europe les idées politiques, mais aussi les sentiments identitaires. L’obscurantisme est de retour : derrière les « droits de l’homme », la Terreur ?

Télécharger gratuitement « Le théâtre de Satan » :



dimanche, décembre 28, 2014

VOLTAIRE

Le végétarien militant

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Voltaire refusait de voir les êtres humains comme supérieurs, de par leur essence, aux autres espèces animales ; cela correspond à son rejet des religion abrahamiques (où l'animal est le plus souvent considéré comme inférieur à l'homme) et de la doctrine des « animaux-machines » du « Discours de la méthode » de René Descartes – qu'il déteste, et considère comme étant la « vaine excuse de la barbarie » permettant de dédouaner l'homme de tout sentiment de compassion face à la détresse animale.

Voltaire commence à s'intéresser avec constance au végétarisme, et à sa défense, vers 1761-1762 environ ; diverses lectures sont en lien avec cette affirmation « pythagoricienne » de la part du philosophe (le terme de « végétarisme » n'existait pas à l'époque) : le testament de Jean Meslier, l'« Emile » de J-J Rousseau, le « Traité de Porphyre, touchant I 'abstinence de la chair des Animaux », ainsi que de nombreux ouvrages sur l'hindouisme (œuvres brahmaniques qui commencent à être traduites en français et étudiées dans les milieux intellectuels européens).

Dans ses lettres, Voltaire déclare qu'il « ne mange plus de viande » « ni poisson », se définissant encore plus « pythagoricien » que Philippe de Sainte-Aldegonde, un végétarien qu'il reçut à Ferney, à côté de Genève.

Chez Voltaire, le végétarisme n'est jamais justifié selon une logique liée à la santé, niais toujours pour des raisons éthiques : le végétarisme est une « doctrine humaine » et une « admirable loi par laquelle il est défendu de manger les animaux nos semblables ». Prenant comme exemple Isaac Newton, la compassion pour les animaux se révèle pour lui une solide base pour une « vraie charité » envers les hommes, et Voltaire affirme qu'on ne mérite « guère le nom de philosophe » si on ne possède point cette « humanité, vertu qui comprend toutes les vertus ».

Dans « Le Dialogue du chapon et de la poularde », Voltaire fait dire aux animaux que les hommes qui les mangent sont des « monstres », « monstres » humains qui, d'ailleurs, s’entretuent cruellement, aussi ; le chapon y fait l'éloge de l'Inde où « les hommes ont une loi sainte qui depuis des milliers de siècles leur défend de nous manger » ainsi que des philosophes antiques européens :

« Les plus grands philosophes de l'Antiquité ne nous mettaient jamais à la broche. Ils tâchaient d'apprendre notre langage, et de découvrir nos propriétés si supérieures à celle de l'espèce humaine. Nous étions en sûreté comme à l'âge d'or. Les sages ne tuent point les animaux, dit Porphyre ; il n'y a que les barbares et les prêtres qui les tuent et les mangent. » (Voltaire, « Le Dialogue du chapon et de la poularde ».)

Dans « La Princesse de Babylone », Voltaire fait dire à un oiseau que les animaux ont « une âme », tout comme les hommes. Et dans « Traité sur la tolérance » (note du chapitre XII), Voltaire rappelle que la consommation de chair animale et de traiter les animaux comme de stricts objets ne sont point des pratiques universelles et qu'« il y a une contradiction manifeste à convenir que Dieu a donné aux bêtes tous les organes du sentiment, et à soutenir qu'il ne leur a point donné de sentiment. Il me parait encore qu'il faut n'avoir jamais observé les animaux pour ne pas distinguer chez eux les différentes voix du besoin, de la souffrance, de la joie, de la crainte, de l'amour, de la colère, et de toutes les affections. »

Dans l'Article « Viande » des « Questions sur l'Encyclopédie », Voltaire montre que Porphyre regardait « les animaux comme nos frères, parce qu'ils sont animés comme nous, qu'ils ont les mêmes principes de vie, qu'ils ont ainsi que nous des idées, du sentiment, de la mémoire, de l'industrie. » Le végétarisme de Voltaire s'affirme donc comme une posture philosophique opposée à toute attitude anthropocentrique.

Le philosophe ne croit pas que l'humanité soit le centre de la création ou le sommet de la chaîne alimentaire – et que les animaux soient en-dessous des nations humaines et comme uniquement « prédestinés » à servir de nourriture aux hommes : « Les moutons n'ont pas sans doute été faits absolument pour être cuits et mangés, puisque plusieurs nations s'abstiennent de cette horreur » (Article « Causes finales des Questions de l'Encyclopédie »).

Dans « La Philosophie de l'histoire » (chapitre XVII, « de l'Inde »), Voltaire défend la doctrine de la réincarnation des limes (« métempsychose ») qui prévaut chez les Indiens (ou « Hindous »), dans les terres « vers le Gange », et qui est selon lui un « système de philosophie qui tient aux mœurs » inspirant « une horreur pour le meurtre et pour toute violence ». Cette considération voltairienne se retrouve aussi dans « Les Lettres d 'Amabed » (« Seconde lettre d'Amabed à Shastadid »), où un jeune Hindou de Bénarès, élève d'un missionnaire chrétien jésuite qui veut l'évangéliser et lui faire abjurer la foi de ses ancêtres, se désole de voir les Européens, colonisant l'Inde et commettant « des cruautés épouvantables pour du poivre », tuer des petits poulets.

Cette posture morale végétarienne est pour Voltaire une occasion de relativiser les certitudes occidentales issues du christianisme, par une universalisation des références niant tout ethnocentrisme et tout anthropocentrisme. C'est aussi une occasion de louer les « Païens » et leur philosophie antique (grecque ou indienne) et de se moquer ouvertement du clergé chrétien et des institutions ecclésiastiques – convaincus de leur exemplarité – , qui font grand cas de détails dogmatiques infimes concernant les croyances à reconnaître ou à condamner (rappel de la haine entre Catholiques, Juifs et Protestants), mais qui refusent d'éduquer les masses à la clémence envers les animaux, sont incapables de promouvoir le végétarisme :

« Je ne vois aucun moralistes parmi nous, aucun de nos loquaces prédicateurs, aucun même de nos tartufes, qui ait fait la moindre réflexion sur cette habitude affreuse [« se nourrir continuellement de cadavres » selon Voltaire]. Il faut remonter jusqu'au pieux Porphyre, et aux compatissants pythagoriciens pour trouver quelqu'un qui nous fasse honte de notre sanglante gloutonnerie, ou bien il faut voyager chez les brahmanes ; car, (...) ni parmi les moines, ni dans le concile de Trente, ni dans nos assemblées du clergé, ni dans nos académies, on ne s'est encore avisé de donner le nom de mal à cette boucherie universelle.» — Voltaire, Il faut prendre un parti (Du mal, et en premier lieu de la destruction des bêtes).

Dino Castelbou
 

François-Marie Voltaire (Arouet dit)

« Qu’y a-t-il de plus abominable que de se nourrir continuellement de cadavres ? », s’interroge en 1772 un fervent défenseur du végétarisme, qui fait aussi l’éloge de « cette admirable loi par laquelle il est défendu de manger les animaux nos semblables ». Contre toute attente, l’auteur de ces propos n’est autre que Voltaire. Le philosophe consacre depuis plusieurs années déjà des pages au sort des animaux de boucherie dans son œuvre. Nul n’aurait soupçonné Voltaire de se faire le zélateur et théoricien du végétarisme. Ces passages épars n’en constituent pas moins un corpus homogène. Le problème de la responsabilité des hommes dans la souffrance des bêtes rejoint chez lui des préoccupations philosophiques plus larges et plus anciennes, à commencer par le problème du mal. Renan Larue réunit pour la première fois ses plaidoyers en faveurs de la cause animale.


Pour en savoir plus :



vendredi, décembre 26, 2014

La liberté absolue & l'amour universel


« L’amour est un besoin essentiel de la vie. En réalité, c’est l’amour qui maintient la vie. L’être humain est né pour faire l’expérience de l’amour. C’est ce qu’il cherche. Si vous le recevez, alors vous avez tout ». Ainsi s’exprime Amma lorsqu’on lui demande d’expliquer ce que révèle son geste de prendre les gens dans ses bras.

« Mata Amritanandamayi, dite Amma, est considérée comme « Mahatma » en Inde : une grande âme. Née en 1953 dans le Kerala, province du sud de l’Inde, Amma commence dès son enfance à aider et étreindre spontanément les gens qu’elle côtoie pour les réconforter. On arrive bientôt de toutes les provinces du pays pour recevoir son « Darshan », cette étreinte qu’elle donne à tous ceux qui viennent à elle. » [Dans les bras d'Amma, un documentaire d’Elise Andrieu et Assia Khalid, diffusé sur France culture (émission 5 à 7 ) le 25 décembre 2014.]

Dans un Ganapati Sûtra, imaginé par Dino Castelbou, on lit ceci :

« On accède à la Liberté absolue en réalisant sa divinité. Qui trouve l'île de l'Amour universel est en lien avec la Divinité qui demeure en Tout et permet à tous les éléments de s'harmoniser en laissant place à chacun dans un espace et une durée limités : car cet être-là sait qu'il n'est qu'une vague parmi d'autres, naissant et s'éteignant sans cesse sur l'océan de l'existence éternelle, sait que le but ultime de l'âme est d'atteindre la plage de cette île de l'Amour complet pour offrir son Soi à l’Éternel : limiter son ego jusqu'à son extinction, comme on retire le sel de l'eau pour la boire, pour désaltérer la Divinité en Soi... » […]

Toujours selon le Ganapati Sûtra, « quand on sent venir en Soi une peine quelconque ou un problème à résoudre, il faut faire en sorte de ne pas se laisser envahir par les pulsions mentales, contrer le monde de l'éphémère, des choses transitoires, opposées, plaisirs ou douleurs, et prendre conscience de sa Conscience, découvrir que l'on a une part d'Infini en Soi qui permet d'exister en Paix intérieure, juste en concevant de l'amour pour l'Immuable : on recherche toujours, à travers l'être pour lequel on a de l'affection, l'Immuable. S'il n'est plus là, ce n'est point la peine de craindre son absence, bien que l'absence soit réelle, mais de continuer à aimer l'Immuable que l'on recherchait en lui. Et l’Éternité, étant incréée, ne peut mourir : elle est partout présente pour qui tue son sens du je (asmitâ), fait de sa vie un Sacrifice enthousiasmant l'Être.

Tu es malade, perdu, affamé ou attristé d'être sans ami ni compagne, ni famille digne de ce nom ; ou ceux que tu croises n'ont aucune estime pour ton être véritable, jugé inutile ou dérisoire. Pour se libérer de ces affres, prie de toutes tes forces Sri Ganesh, unis ta Conscience sur sa forme plastique. sonore, conceptuelle, ne te laisse pas emporter par la douleur te menaçant, issue de tes actes passés égoïstes qui ont construit cette part de destinée amère où tu t'identifies au monde de l'éphémère. Sache que l'existence existe, n'est point une illusion faite pour se perdre, et ne doute point que le Seigneur prête une oreille attentive à ton chagrin, car sa Conscience étant en Tout, sa compassion est infinie et tu la trouveras en toi en méditant ses formes signifiant sa plénitude totale, nulle situation difficile ne pouvant perdurer dans le temps indéfiniment, de même que les plaisirs : la joie réelle vient de la Paix intime que l'on trouve au sein de la Divinité.

Les ignorants en habits de connaisseurs te demandent de te sacrifier à leur cause, mais sont eux-mêmes incapables d'accomplir le moindre Sacrifice de Soi, de réaliser l'Amour, le renoncement à tout orgueil, aussi habituel soit-il, d'être demeure de la compassion, compassion pour toute vie qui vient du Seigneur Shiva en personne, coeur de Sri Ganesh : ces ignorants dépendent de toutes sortes de possessions, parfois magiques, et osent donner des ordres ! Jeûne d'écoutes face à ces charlatans et admire le Seigneur Ganapati qui préserve le silence dans la pierre où il s'incarne pour écouter ta prière née du Don.

Si tu attends un temps futur, un entourage, ou un lieu plus propice à l'accomplissement de la sagesse, à la réalisation de la Non-violence par le refus de tout ce qui est issu de la souffrance d'une créature, ou à la dévotion primordiale envers le Seigneur Ganapati, tu peux attendre encore et encore, de vie en vie, car celui qui ne se purifie pas chaque jour a un lendemain qui sera toujours autant source d'impuretés, de maux. Demain n'appartient à nul mortel et c'est dès à présent que l'éternel Présent de la Divinité à tête d'éléphant peut se réaliser, par la sagesse qui s'apprend tous les jours. »


 
Dans les bras d'Amma :
http://www.franceculture.fr/emission-le-5-a-7-le-5-a-7-2014-12-25



mercredi, décembre 24, 2014

Noël !


Jésus est parfois vu par les Hindous comme un Avatâr/Descente du Dieu Vishnou/Préservateur.


Entourant le Tilak/Marque en forme de Sapin (ou Tilak mi-vishnouïte (barre verticale), mi-shvaïte (barre horizontale), il y a écrit, en dévanagari, sur le front du Sadhu/Renonçant :

"Happy Chrismas" !


Abattre un arbre est formellement interdit par les traités brahmaniques, car cela est considéré comme une pratique très impure (niant le devoir premier d'Ahimsâ/Non-violence universelle) ; d'où le sapin en "faux", ou en Tilak...
(Dino Castelbou)

Jésus dans le Talmud : 

"Il était le fils bâtard de la prostituée Marie et d’un centurion du nom de Pantera. Il a appris la magie noire, l’idolâtrie et la sorcellerie en Egypte. Il était idiot et a corrompu le judaïsme et il git en enfer dans un lac d’excréments ardents."


dimanche, décembre 21, 2014

Alain Daniélou : Shudra hérétique ou Imposteur indianiste ?


Alain Daniélou s'est toujours targué d'être un des seuls représentants de l'hindouisme orthodoxe en Occident : il justifiait cette position par le fait qu'il avait été initié par Swami Karpatri (initiation qui consistait juste à hériter d'une prière ou mantra sacré par le biais du Swami), l'unique Européen à avoir compris une tradition plurimillénaire encore vivante et le seul capable (selon ses dires) à en parler correctement.

Il est vrai qu'Alain Daniélou paraît de prime abord valable en tant qu'indianiste : musicien accompli, y compris dans la technique de la sitar, voyageur infatigable des Indes et traducteur du sanskrit ; tout porte à lui faire confiance.

Pourtant, Alain Daniélou, grand inconnu dans les milieux brahmaniques en Inde (encore aujourd'hui !), n'est pas plus représentatif de l'hindouisme authentique que le pape de la Cité du Vatican n'est représentatif du Coran...

De même que, dans le Coran, on peut trouver le nom de Jésus, de même, dans les écrits d'Alain Daniélou, on peut trouver des références brahmaniques réelles : mais la ressemblance s'arrête là. L'islam n'est pas le catholicisme et Alain Daniélou n'est ni Hindou, ni un Pandit (brahmane savant) !

Il est vrai qu'Alain Daniélou ne s'est jamais présenté comme un brâhmane, mais juste comme un shudra, "serviteur" des brâhmanes ; c'était sans doute là sa façon de justifier son niveau de vie très luxueux (il possédait de nombreuses villas et roulait en Porsche !), contrairement aux brahmanes orthodoxes qui doivent apprendre à vivre au jour le jour de dons, et offrir le surplus en charité...

Alain Daniélou, serviteur ! certes, mais un serviteur qui trahit la parole brahmanique sans commune mesure...

Car seul un Occidental, ignorant des textes sacrés et traités brahmaniques, peut tomber dans l'adoration d'un personnage qui se révèle en fait profondément raciste, méprisant... et manipulateur.

Soyons clair : Alain Daniélou était hostile à tout métissage physique, hostile au Mahatma Gandhi et au philosophe du vedanta Ramana Maharshi, hostile au monothéisme et hostile... en fin de compte aux valeurs brahmaniques fondamentales !

Or, quel Hindou peut mépriser les valeurs de ceux qui sont les gardiens de la tradition hindoue authentique, les brâhmanes ?

Alain Daniélou se prétendait shivaïte. En fait, il n'était ni shivaïte ni garant d'un quelconque courant hindou, mais seulement "daniélouïste"...

Son shivaïsme était bien curieux, pour qui connait les textes shivaïtes, comme le Shiva-Purana.


Alain Daniélou critiquait sans complexe et incessamment la valeur de "Non-violence" (Ahimsâ) : pour lui, la Non-violence n'était que l'apanage de "religions morales", "mensongères", comme le jaïnisme ou le bouddhisme, parfaitement étrangère à l'hindouisme immémorial, vertu non-violente qui s'est "mélangée" avec l'hindouisme à cause de l'ignorance qui prévaut à l'Âge de Fer, le Kali-Yuga...

Pour Alain Daniélou, seul le shivaïsme était vrai, une "religion cosmique" sans "sentimentalisme" et donc en prise avec la "réalité" du monde : d'où les louanges et l'approbation d'Alain Daniélou concernant l'infanticide des filles (permettant, selon lui, de réguler les populations !), des rituels sanglants (comprenant non seulement les animaux, mais aussi les hommes...) et des bûchers de veuves ; d'où son mépris du végétarisme, de la doctrine (hindoue !) des réincarnations et du vishnouïsme ; et d'où sa justification de comportements pédérastes à la limite de la pédophilie, etc., etc., etc.

Ces exemples de fascinations qu'avait Alain Daniélou pour des comportements violents, des pratiques cruelles et des désirs outranciers, qui ne sont défendus nulle part dans les textes sacrés hindous (qui insistent en revanche sur la compassion/karuna, le contrôle de soi et l'ascétisme !), invitent à mettre un doute sur l'honnêteté du personnage, non pas seulement en tant qu'homme, mais bien en tant qu'indianiste !

Alain Daniélou considérait que les races humaines n'avaient pas à se mélanger physiquement : il justifiait ce principe selon le système des castes hindous. Pour qui connaît les Lois de Manu, il est clair que se marier avec une autre personne consiste, non pas à se marier avec sa cousine germaine, mais à trouver l'âme sœur, une correspondante à son intellect et à son devoir propre, hors de toute considération physique ; par conséquent, il ne s'agit pas de cultiver une consanguinité à l'infini, comme le voudrait Alain Daniélou... (ce dernier craignant la disparition des caractères corporels et intellectuels de chaque peuple, par un métissage génétique généralisé !)

La Non-violence (Ahimsâ) n'est pas le propre du jaïnisme ou du bouddhisme, comme veut le faire croire Alain Daniélou : cette valeur hautement morale et éthique se trouve dans les Védas, Upanishad, les Lois de Manu, le Yoga-Sûtra de Patanjali, etc. (ouvrages brahmaniques d'autorité absolue pour les Hindous) : il est donc illusoire de penser que si la société indienne présente des traces de violences et d'évidentes cruautés, c'est parce que l'hindouisme les favorise et que cela n'est pas en soi un problème réel (comme le prétend Alain Daniélou) ; si la société indienne a des dérives violentes, c'est bien parce que les valeurs brahmaniques ne sont pas respectés par 100% des Indiens... et non parce que l'hindouisme pousse à cela.

Ce n'est pas donc avec Alain Daniélou que les valeurs brahmaniques/hindoues trouvaient un défenseur ou un représentant : bien au contraire !

Le seul fait que la Non-violence (Ahimsâ) soit rejetée par Alain Daniélou, jamais avare de critique calomnieuse (inventée de toute pièce !) sur le Mahatma Gandhi, prouve en quoi il était non seulement en train de trahir l'hindouisme authentique, mais de donner une vision totalement fausse de la culture brahmanique, pour on ne sait quel bénéfice personnel : il est clair qu'il est plus facile de vendre des livres prônant un "sadisme" hédoniste très teinté (mais superficiellement) d'exotisme hindou, en Occident, que de faire saisir aux Occidentaux en quoi les Hindous sont si attachés à leur civilisation réelle face à l'impérialisme prédateur (islamiste ou occidental, consumériste, etc.)

Alain Daniélou a dit de nombreuses vérités sur l'Inde, comme le fait que les Indiens étaient dirigés par des "Anglais à la peau brune" incapables de comprendre leur population et de participer au redressement culturel de l'Inde. Mais Alain Daniélou MENT absolument lorsqu'il prétend qu'il est un défenseur de l'hindouisme orthodoxe, et spécialement shivaïte : il ne le respecte pas à sa source (ses traductions et interprétations sont biaisées dans un sens qui n'appartient qu'à lui seul) et, en fait, le dénature à un tel point qu'il fait de Shiva un Dieu comparable au dieu grec Dionysos !

Cette mise en similitude avec le dieu Dionysos, dieu grec de l'ivresse créatrice, avec Shiva déva, "Bon dieu" représentant du Brahman (Âme universelle) pour les shivaïtes, montre à quel point Alain Daniélou veut à tout prix "ressusciter" un paganisme (qui n'existe que dans sa tête) en le travestissant dans un habit "hindou", "shivaïte", qui est vide de toute substance réelle, et sans lien aucun avec la tradition brahmanique vécue et comprise par les Hindous.

Alain Daniélou a fait perdre beaucoup à l'hindouisme et à son rayonnement mondial : au lieu d'en montrer sa beauté spécifique (son panthéisme permettant l'alliance et la fusion d'un monothéisme, d'un agnosticisme et d'un polythéisme), d'en décrire sa richesse éthique et ses valeurs philosophiques, écologiques et artistiques, Alain Daniélou a passé son temps à fabriquer un sectarisme phallocratique, sous couvert d'exigences d'orthodoxie "shivaïte"... (le Linga est en effet la représentation classique de Shiva, en forme de Phallus stylisé : mais ce symbole n'a rien d'érotique ; il représente l'Infinité, la colonne de Feu sans début ni fin par laquelle s'est incarné Shiva, Dieu ascète, pour départager Vishnou, Dieu-roi, et Brahmâ, Dieu-prêtre, qui se prétendaient Dieu des dieux...).

On doit néanmoins à Alain Daniélou d'avoir remis l'érotisme hindou au goût du jour, sans tabou, et tel qu'il existait chez les disciples des brâhmanes dans l'antiquité indienne, avant l'occupation islamique et chrétienne du sous-continent asiatique ; cela est inestimable, surtout dans un monde saturé d'une pruderie sexuelle malsaine et hypocrite, missionnaire et intolérante (et condamnant sans vergogne les homosexuels, qu'était aussi Alain Daniélou...).

Mais cela est nettement insuffisant pour lui excuser des erreurs et énormités qu'il écrivait sciemment, dans un but pas plus élevé que celui de vulgariser son mépris pour l'éthique et la morale, aussi universelles ou brahmaniques soient-elles.




vendredi, décembre 19, 2014

Pratiques évocatoires & influences spirituelles



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De la tablette spirite en bois (oui-ja) aux EVP, phénomènes de voix électroniques (Electronic Voice Phenomena) qui s'entendent dans le « bruit blanc » d'une télévision ou d'une radio, les pratiques de communication avec les défunts ne manquent pas.

« De toutes les pratiques magiques, écrit René Guénon, les pratiques évocatoires sont celles qui, chez les anciens, furent l’objet des interdictions les plus formelles ; et pourtant on savait alors que ce qu’il pouvait s’agir d’évoquer réellement, ce n’étaient point des « esprits » au sens moderne, que les résultats auxquels on pouvait prétendre étaient en somme de bien moindre importance ; comment donc eut-on jugé le spiritisme, à supposer, ce qui n’est pas, que les affirmations de celui-ci répondissent à quelque possibilité ?

On savait bien, disons-nous, que ce qui peut être évoqué ne représente point l’être réel et personnel, désormais hors d’atteinte parce qu’il est passé à un autre état d’existence, que ce sont uniquement ces éléments inférieurs que l’être a en quelque sorte laissés derrière lui, dans le domaine de l’existence terrestre, à la suite de cette dissolution du composé humain que nous appelons la mort. C’est là [...] ce que les anciens Latins appelaient les « mânes » ; c’est aussi ce à quoi les Hébreux donnaient le nom d’ob, qui est toujours employé dans les textes bibliques quand il est question d’évocations, et que certains prennent à tort pour la désignation d’une entité démoniaque.

En effet, la conception hébraïque de la constitution de l’homme concorde parfaitement avec toutes les autres ; et, en nous servant, pour nous faire mieux comprendre à ce sujet, de correspondances empruntées au langage aristotélicien, nous dirons que non seulement l’ob n’est point l’esprit ou l’ « âme rationnelle » (neshamah), mais qu’il n’est pas davantage l’ « âme sensitive » (ruahh), ni même l’ « âme végétative » (nephesh). Sans doute la tradition judaïque semble indiquer, comme une des raisons de la défense d’évoquer l’ob, qu’un certain rapport subsiste entre lui et les principes supérieurs, et ce point serait à examiner de plus près en tenant compte de la façon assez particulière dont cette même tradition envisage les états posthumes de l’homme ; mais, en tout cas, ce n’est pas à l’esprit que l’ob demeure lié directement et immédiatement, c’est au contraire au corps, et c’est pourquoi la langue rabbinique l’appelle habal de garmin ou « souffle des ossements » ; c’est précisément ce qui permet d’expliquer les phénomènes [...] (spirites).

Ainsi, ce dont il s’agit ne ressemble en rien au « périsprit » des spirites, ni au « corps astral » des occultistes, qui sont supposés revêtir l’esprit même du mort ; et d’ailleurs il y a encore une autre différence capitale, car ce n’est nullement un corps : c’est, si l’on veut, comme une forme subtile, qui peut seulement prendre une apparence corporelle illusoire en se manifestant dans certaines conditions, d’où le nom de « double » que lui donnaient alors les Egyptiens. Du reste, ce n’est véritablement qu’une apparence sous tous les rapports : séparé de l’esprit, cet élément ne peut être conscient au vrai sens de ce mot ; mais il possède néanmoins un semblant de conscience, image virtuelle, pour ainsi dire, de ce qu’était la conscience du vivant ; et le magicien, revivifiant cette apparence en lui prêtant ce qui lui fait défaut, donne temporairement à sa conscience réflexe une consistance suffisante pour en obtenir des réponses lorsqu’il l’interroge, ainsi que cela a lieu notamment quand l’évocation est faite pour un but divinatoire, ce qui constitue proprement la « nécromancie ». Nous nous excuserons si ces explications [...] ne paraissent pas parfaitement claires ; il est fort difficile de rendre ces choses en langage ordinaire, et on est bien forcé de se contenter d’expressions qui ne représentent souvent que des approximations ou des « façons de parler » ; la faute en est pour une bonne part à la philosophie moderne, qui, ignorant totalement ces questions, ne peut nous fournir une terminologie adéquate pour les traiter. Maintenant, il pourrait encore se produire, à propos de la théorie que nous venons d’esquisser, une équivoque qu’il importe de prévenir : il peut sembler, si l’on s’en tient à une vue superficielle des choses, que l’élément posthume dont il s’agit soit assimilable à ce que les théosophistes appellent des « coques », qu’ils font effectivement intervenir dans l’explication de la plupart des phénomènes du spiritisme ; mais il n’en est rien, quoique cette dernière théorie soit bien probablement dérivée de l’autre, mais par une déformation qui prouve l’incompréhension de ses auteurs. En effet, pour les théosophistes, une « coque » est un « cadavre astral », c’est-à- dire le reste d’un corps en voie de décomposition ; et, outre que ce corps est censé n’avoir été abandonné par l’esprit que plus ou moins longtemps après la mort, au lieu d’être essentiellement lié au « corps physique », la conception même de « corps invisibles » nous apparaît comme grossièrement erronée, et elle est une de celles qui nous font qualifier le « néo-spiritualisme » de « matérialisme transposé ».

Sans doute, la théorie de la « lumière astrale » de Paracelse, qui est d’ailleurs d’une portée beaucoup plus générale que ce dont nous nous occupons présentement, contient au moins une part de vérité ; mais les occultistes ne l’ont guère comprise, et elle a fort peu de rapports avec leur « corps astral » ou avec le « plan » auquel ils donnent le même nom, conceptions toutes modernes, en dépit de leurs prétentions, et qui ne s’accordent avec aucune tradition authentique.

Nous joindrons à ce que nous venons de dire quelques réflexions qui, pour ne pas se rapporter directement à notre sujet, ne nous en paraissent pas moins nécessaires, parce qu’il faut tenir compte de la mentalité spéciale des Occidentaux actuels. Ceux-ci, en effet, quelles que soient leurs convictions religieuses ou philosophiques, sont pratiquement « positivistes », en grande majorité du moins ; il semble même qu’ils ne puissent sortir de cette attitude sans verser dans les extravagances du « néo spiritualisme », peut-être parce qu’ils ne connaissent rien d’autre. Cela est à un tel point que bien des gens très sincèrement religieux, mais influencés par le milieu, tout en ne pouvant faire autrement que d’admettre certaines possibilités en principe, se refusent énergiquement à en accepter les conséquences et en arrivent à nier en fait, sinon en droit, tout ce qui ne rentre pas dans l’idée qu’ils se font de ce qu’on est convenu d’appeler la « vie ordinaire » ; à ceux-là, les considérations que nous exposons ne paraîtront sans doute pas moins étranges ni moins choquantes qu’aux « scientistes » les plus bornés. Cela nous importerait assez peu, à vrai dire, si les gens de cette sorte ne se croyaient parfois plus compétents que quiconque en fait de religion, et même qualifiés pour porter, au nom de cette religion, un jugement sur des choses qui dépassent leur entendement ; c’est pourquoi nous pensons qu’il est bon de leur faire entendre un avertissement, sans trop nous illusionner pourtant sur les effets qu’il produira.

Nous rappellerons donc que nous n’entendons nullement nous placer ici au point de vue religieux, et que les choses dont nous parlons appartiennent à un domaine entièrement distinct de celui de la religion ; d’ailleurs, si nous exprimons certaines conceptions, c’est exclusivement parce que nous savons qu’elles sont vraies, donc indépendamment de toute préoccupation étrangère à la pure intellectualité ; mais nous ajouterons que, malgré cela, ces conceptions permettent, mieux que beaucoup d’autres, de comprendre certains points concernant la religion elle-même. Nous demanderons par exemple ceci : comment peut-on justifier le culte catholique des reliques, ou encore le pèlerinage aux tombeaux des saints, si l’on n’admet pas que quelque chose qui n’est pas matériel demeure, d’une manière ou d’une autre, attaché au corps après la mort ? Cependant, nous ne dissimulerons pas que, en unissant ainsi les deux questions, nous présentons les choses d’une façon trop simplifiée ; en réalité, les forces dont il s’agit dans ce cas (et nous employons à dessein ce mot de « forces » dans un sens très général) ne sont point identiques à celles dont nous nous sommes occupé précédemment (phénomènes spirites), quoiqu’il y ait un certain rapport ; elles sont d’un ordre bien supérieur, parce qu’il intervient autre chose qui est comme surajouté, et leur mise en œuvre ne relève plus aucunement de la magie, mais plutôt de ce que les néo-platoniciens appelaient la « théurgie » : encore une distinction qu’il convient de ne pas oublier. Pour prendre un autre exemple du même ordre, le culte des images et l’idée que certains lieux jouissent de privilèges spéciaux sont tout à fait inintelligibles si l’on n’admet pas qu’il y a là de véritables centres de forces (quelle que soit d’ailleurs la nature de ces forces), et que certains objets peuvent jouer en quelque sorte un rôle de « condensateurs » : qu’on se reporte simplement à la Bible et qu’on y voie ce qui est dit de l’arche d’alliance, ainsi que du nous voulons dire.

Nous touchons ici à la question des « influences spirituelles », sur laquelle nous n’avons pas à insister, et dont le développement rencontrerait d’ailleurs bien des difficultés ; pour l’aborder, on doit faire appel à des données proprement métaphysiques, et de l’ordre le plus élevé. Nous citerons seulement un dernier cas : dans certaines écoles d’ésotérisme musulman, le « Maître » (Sheikh) qui fut leur fondateur, bien que mort depuis des siècles, est regardé comme toujours vivant et agissant par son « influence spirituelle » (barakah) ; mais cela ne fait intervenir à aucun degré sa personnalité réelle, qui est, non seulement au delà de ce monde, mais aussi au delà de tous les « paradis », c’est-à-dire des états supérieurs qui ne sont encore que transitoires.

On voit assez combien nous sommes loin ici, non plus seulement du spiritisme, mais même de la magie ; et, si nous en avons parlé, c’est surtout pour ne pas laisser incomplète l’indication des distinctions nécessaires ; la différence qui sépare ce dernier ordre de choses de tous les autres est même la plus profonde de toutes.

Nous pensons maintenant en avoir dit assez pour montrer que, avant les temps modernes, il n’y eut jamais rien de comparable au spiritisme ; pour l’Occident, nous avons surtout envisagé l’antiquité, mais tout ce qui se rapporte à la magie est également valable pour le moyen âge. Si pourtant on voulait à toute force trouver quelque chose à quoi l’on pût assimiler le spiritisme jusqu’à un certain point, et à la condition de ne le considérer que dans ses pratiques (puisque ses théories ne se rencontrent pas ailleurs), ce qu’on trouverait serait tout simplement la sorcellerie. En effet, les sorciers sont manifestement des « empiriques », encore que le plus ignorant d’entre eux en sache peut-être plus long que les spirites à plus d’un égard ; ils ne connaissent que les branches les plus basses de la magie, et les forces qu’ils mettent en jeu, les plus inférieures de toutes, sont celles-là mêmes auxquelles les spirites ont ordinairement affaire. Enfin, les cas de « possession » et d’ « obsession », en corrélation étroite avec les pratiques de la sorcellerie, sont les seules manifestations authentiques de la médiumnité que l’on ait constatées avant l’apparition du spiritisme ; et, depuis lors, les choses ont-elles tellement changé que les mêmes mots ne leur soient plus applicables ? Nous n’en croyons rien ; mais vraiment, si les spirites ne peuvent se recommander que d’une parenté aussi suspecte et aussi peu enviable, nous leur conseillerions plutôt de renoncer à revendiquer pour leur mouvement une filiation quelconque, et de prendre leur parti d’une modernité qui, en bonne logique, ne devrait point être une gêne pour des partisans du progrès. »

René Guénon, « L'erreur spirite ».

Un rabbin affirme que les Juifs sont des extraterrestres venus pour « conquérir » la Terre.

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