mercredi, novembre 09, 2016

Donald Trump, la terreur des « élites », est le 45e président des USA


Donald Trump, la terreur des « élites », est le 45ème président des USA

L'homme le plus puissant du monde ne cache pas sa sympathie pour les conspirationnistes.

Il pense que les vaccinations sont responsables de l'autisme.

On le dit irrité par l'Arabie Saoudite et les financiers des terroristes djihadistes.

Il ne désavoue pas ceux qui refusent les conclusions de l'enquête officielle sur les attentats du 11 septembre 2001. Cédera-t-il aux demandes des familles des victimes et ordonnera-t-il de nouvelles investigations ? Quoi qu'il en soit, George W. Bush n'a pas voté pour Trump...

Il est climato-sceptique.

Et, contrairement à Hillary Clinton, Donald Trump n'est pas (officiellement) favorable à la politique interventionniste des néo-conservateurs et des va-t-en-guerre. Un désengagement, plus ou moins complet, des Américains de l'OTAN et un axe Poutine-Trump serviront peut-être la cause de la paix mais certainement pas les intérêts du complexe militaro-industriel.

Un autre lobby est déçu par l'élection de Trump : les sionistes.

Le quotidien israélien « Haaretz » a révélé que les cinq principaux donateurs de la campagne d’Hillary Clinton sont juifs :

« They are Donald Sussman, a hedge fund manager; J.B. Pritzker, a venture capitalist, and his wife, M.K.; Haim Saban, the Israeli-American entertainment mogul, and his wife, Cheryl; George Soros, another hedge funder and a major backer of liberal causes, and Daniel Abraham, a backer of liberal pro-Israel causes and the founder of SlimFast. »



dimanche, novembre 06, 2016

Philippe Cornu et l'Institut d'études bouddhiques



Le livre de Marion Dapsance « Les dévots du bouddhisme » ne ménage pas Sogyal Rinpoché, le sulfureux gourou de Rigpa.

Ce gourou tibétain est le maître et le préfacier de Philippe Cornu, auteur de nombreux livres sur le bouddhisme. Comme tous les initiés du bouddhisme tibétain, Philippe Cornu est lié à son maître par des serments tantriques. 
L'initié du varayana prononcent de nombreux vœux : allégeance au maître, défense du lama et de la doctrine (dharma)...

Sa critique de Marion Dapsance dans Le Monde des religions du 2 novembre 2016 était donc prévisible. Mais l'article manque de consistance, et Philippe Cornu frise carrément le ridicule quand il présente l'enseignement du « Longchen Nyingthik » comme une tradition tibétaine authentique.


Les sources du dzogchen ou du « bouddhisme » de Rigpa

En réalité, le « Longchen Nyingthik » est un terma de la tradition du dzogchen, c'est à dire un texte qui fut dissimulé dans le passé et retrouvé par un lama. Or, quand on remonte jusqu'aux sources du dzogchen de l'école des premiers « bouddhistes », les nyingmapa, on arrive au syncrétisme religieux bönpo. Le dzogchen des bönpo (non-bouddhistes) provient, d'une part de Tazig, c'est-à-dire de la Perse antique, et, d'autre part, de Chine, notamment du courant chan qui est une résurgence du taoïsme philosophique, taoïsme subitiste dissimulé sous un vernis bouddhiste (1).

Les adeptes du dzogchen et du mahamoudra étaient accusés de perpétuer la méthode du chan chinois. Le chan était frappé de proscription depuis le 8ème siècle, au terme de la controverse de Lhassa, mais il subsistait dans deux importantes écoles du bouddhisme tibétain. Le chan, même dissimulé derrière une phraséologie tantrique, n’échappa pas à la perspicacité des Tibétains défenseurs de la stricte observance religieuse. Le docte Sakya Pandita, par exemple, dénonçait la survivance du chan dans le dzogchen des nyingmapa et le mahamoudra des kagyupa. De son côté, le grand érudit kagyupa, Padma Karpo, ne niait pas que certains textes des écoles kagyu et nyingma provenaient du maître chinois Mahayana, le défenseur du chan lors de la controverse de Lhassa.



Les marchands de la pagode

L'attaque de Philippe Cornu contre Marion Dapsance est-elle commanditée par son maître Sogyal Rinpoché, ou bien est-ce une réaction de « marchand de la pagode » ulcéré par une éventuelle perte de gains ? Les récentes enquêtes sur la véritable nature du Vajrayana, le bouddhisme magique du Tibet, ne favoriseront pas la prospérité des profiteurs du dharma.

Les revenus de Philippe Cornu ne sont-ils pas générés par le bouddhisme (emploi d'intervenant, vente de livres, animation d'ateliers, séminaires...) ? Philippe Cornu n'est-il pas lié à l'Institut d'Etudes Bouddhiques http://www.bouddhisme-universite.org/ ? Cet Institut (prétendue université selon l'adresse web), malgré son statut d'association à but non lucratif, ne dissimule pas ses différentes formes de commercialisation du bouddhisme (cours, ateliers, séminaires...) qui permettent de rémunérer des intervenants : « Merci d'envoyer vos chèques et vos virements à l'Institut d'Etudes Bouddhiques... » http://www.bouddhismes.net/bulletin-adhesion-inscription



Philippe Cornu et l'Institut d'Etudes Bouddhiques dissimulent-ils le véritable monde occulte des lamas tibétains ?


La critique du bouddhisme tibétain n'est pas récente. Edward CONZE, spécialiste incontesté du bouddhisme, avait dénoncé les pratiques occultes des tantra « supérieurs » :

« On ne s’attend pas, en fait, à ce que les adeptes d’une religion revendiquent comme une sorte de devoir sacré, par exemple, « le commerce sexuel quotidien dans des endroits écartés avec des filles âgées de douze ans, de la caste candâla ». Le Guhyasamâjatantra, l’une des plus ancienne, et aussi des plus sacrées, parmi les Ecritures du Tantra de la Main-gauche, enseigne, semble-t-il, exactement le contraire de ce que soutenait l’ascétisme bouddhique. Il nous dit que nous atteindrons facilement la bouddhéité si « nous cultivons tous les plaisirs des sens, autant que nous pouvons le désirer ». Les rigueurs et les austérités échouent, alors que la satisfaction de tous les désirs » réussit. Ce sont justement les actes les plus immoraux, les plus frappés de tabou qui paraissent avoir particulièrement fasciné les adeptes de cette doctrine. »

Les écrits d'Edward CONZE ainsi que ceux de Robert SAILLET (entre autres) permettent de découvrir les aspects ténébreux du Vajrayana (ou bouddhisme tibétain).

"Un maître, écrit SAILLET, d’origine cachemirienne, Guhyaprajna, dit Marpo, « le Rouge », vint au Tibet occidental. Il semble que son enseignement sur les tantra ait été teinté de Shivaïsme. On lui reproche, ainsi qu’à des maîtres du même genre, d’avoir répandu que le yoga consistait dans l’union sexuelle avec des femmes et que pour accéder à la délivrance, il fallait mettre à mort des êtres vivants. De pareilles conceptions furent en tout cas mises en application par un groupe de « moines-brigands », qui enlevaient des femmes et des hommes pour les sacrifier au cours de cérémonies tantriques (ganachakra puja : le rite de l’orgie collective)."

Même Alexandra DAVID-NEEL l'avait reconnu :

"Tous les rites tibétains sont à tendances magiques. Il en est de très naïfs et il en est de très subtils... Contraindre le Dieu ou le démon est un acte de magie. C'est se mesurer avec lui, essayer d'en faire son serviteur. Cela ne ressemble pas à la prière, cela n'a rien de religieux... Une grande quantité de rites tibétains ont donc pour but d'obtenir d'une manière ou d'une autre, pour un bénéfice personnel d'abord, puis éventuellement altruiste, le concours de personnalités extra-humaines. Tout au moins, c'est ainsi que le commun des tibétains comprend ces rites.

Tous les tibétains se disent bouddhistes et croient qu'ils le sont, quelles que soient les déformations qu'ils ont pu faire subir à la doctrine du Bouddha et alors même qu'ils professent des opinions et s'adonnent à des pratiques formellement condamnées par le Bouddha... »



Note :

1) Malgré de nombreuses similitudes et la présence d’un patriarche du nom de Darma Bode parmi les six Shen des six principes (don-drug gi gshen-po rnam-pa drug), les « tibétologues », qui sont souvent les disciples de dignitaires tibétains xénophobes, ne parlent pas de l'influence du chan chinois sur le dzogchen du Zhangzhung. Pourtant, le nom de Darma Bode a fait dire à Samten Karmay, né dans une famille Bönpo du Tibet et directeur de recherche au CNRS : « Il nous rappelle Bodhidharma, le patriarche de la tradition chan/zen ».


vendredi, octobre 28, 2016

L'extase d'Alain Durel

Centre védantique Ramakrishna de Gretz-Armainvilliers

Écrivain et Philosophe, Alain Durel est l'auteur de « Et Jésus marcha sur le Gange », « La Presqu'île interdite : Initiation au mont Athos » (Prix des Journées du Livre Chrétien), « Éros transfiguré  : Variations sur Grégoire de Nysse »...

Dans « Et Jésus marcha sur le Gange », Alain Durel relate une fulgurante illumination qui, selon un vieux swâmi tamoul friand de sucreries, l'aurait propulsé au rang des élus du Seigneur. Mais de quel Seigneur s'agit-il, Jésus, Shiva, Satan ?

L'ashram que m'avait recommandé frère Antoine appartenait à l'ordre Râmakrishna. Il était situé en banlieue parisienne, à Gretz-Armainvilliers, dans une vieille maison française qui évoquait Moulinsart, le manoir du capitaine Haddock. Bâtie au milieu d'un grand parc admirablement entretenu, elle s'élevait sur trois étages. D'autres bâtiments, de taille plus modeste, entouraient la vieille demeure. L'un d'entre eux abritait les novices. un autre, plus en retrait, faisait office de ferme ; au fond du parc se tenait la maison des femmes. L'ashram était la propriété de l'ordre Râmakrishna. La plupart de ses occupants étaient des Occidentaux - vêtus à l'européenne -, excepté le gourou, swâmi Ritajananda, un vieux Tamoul d'une grande profondeur d'esprit doublée d'un humour décapant. Le groupe des novices se composait d'un Américain, de deux Espagnols, deux Hollandais et un Allemand — Allemand rebaptisé Véda — un homme d'environ trente ans, terminait sa dixième année d'ashram. Il était sur le point de devenir swâmi. Chargé d'accueillir les hôtes, il me fit visiter le parc. Tandis que nous foulions l'herbe abondante du domaine. j'interrogeai Véda :

Qui était Râmakrishna ?

Sri Râmakrishna, répondit Véda avec son léger accent allemand, est né dans un village du Bengale appelé Kamarpukur, en 1836. À onze ans, alors qu'il traversait un jour les champs de riz vers Anur, il eut soudain une vision de gloire et perdit connaissance. Les gens dirent qu'il s'agissait d'un simple évanouissement, mais c'était en réalité cette disposition calme et sereine, cet état supraconscient appelé samâdhi, l'union à Dieu. Plus tard, Sri Râmakrishna devint prêtre au temple de Dakshineswar dédié à la déesse Kâli, la Mère. Pendant le service du soir, son travail consistait, entre autres choses, à balancer les lumières, l'eau sacrée et les fleurs devant l'image sainte. Rempli par la pensée divine comme il l'était, il oubliait très souvent de terminer la cérémonie. Et, plus étonnant encore, il plaçait sur sa propre tête les fleurs destinées aux offrandes pour la Mère de l'uni-vers ! Les autorités du temple se rendirent compte que Sri Râmakrishna était incapable de célébrer les cérémonies religieuses. Très vite, de nombreuses personnes reconnurent en lui un prophète envoyé par Dieu pour le salut de l'humanité...

Après cette promenade dans le parc, Véda m'introduisit dans la belle demeure et me présenta swâmi Ritajananda, un homme de petite taille, très âgé, avec de petits yeux noirs qui semblaient traverser les âmes. Ce regard de feu s'accordait parfaitement à une grande douceur et même une certaine bonhomie. Il aimait faire des plaisanteries en français comme en anglais. Quelques dames âgées, dévotes du swâmi, vivaient également à l'ashram et s'occupaient des travaux domestiques.

Chaque matin et chaque soir avait lieu une longue séance de méditation collective suivie du chant des bhajans. Après cet office, les disciples montaient dans la chambre du swâmi et recevaient, comme des petits enfants des mains de leur papa, un bonbon ou un gâteau. Il y avait là quelque chose de puéril et d'émouvant, aussi. On sentait tout l'amour que les disciples portaient à leur maître, mais aussi la tendresse et l'affection que le swâmi leur communiquait en retour.

Mon séjour à l'ashram de Gretz dura une petite semaine et changea le cours de ma vie. Lors du premier repas de midi, un invité parisien, très exalté par ses lectures védantiques, questionna le swâmi tandis qu'il mâchait très lentement, comme à son habitude, son plat de riz.

« Pensez-vous, dit l'invité, que le purusha expérimente les gunas de prakriti comme l'affirme la Bhagavad-Gita ou, au contraire, que ses attachements aux gunas n'ont pas d'incidence karmique sur la naissance dans de bonnes ou mauvaises matrices ? »

La question était pédante et reflétait plus le désir de briller que celui d'être instruit. Le swâmi, sans détourner le regard de son assiette, répondit avec un grand calme :

« Je ne pense pas, monsieur, je mange ! »

Toute la table éclata d'un rire bruyant qui fit rougir le pédant. Au sortir du repas, le swâmi m'accorda une entrevue. Je lui demandai s'il est possible d'éliminer nos samskaras. Il me répondit qu'il était impossible de les détruire mais seulement de les purifier et de les réorienter vers une bonne fin.

Le lendemain, je fus le premier installé dans la salle de méditation, qui se remplit rapidement. Les méditants étaient assis pour la plupart sur des petits coussins ronds et avaient revêtu un grand châle qui les recouvrait presque entièrement. Je repris mon investigation, la quête du Soi, Atma vichara. Hélas, elle ne donna pas le fruit escompté. J'eus enfin l'idée d'ouvrir les yeux sans pour autant relâcher mon attention au cœur profond. J'aperçus alors la grande image de Sri Râmakrishna devant laquelle nous étions tournés. Je n'avais même pas pris le temps de contempler le visage de ce mendiant d'amour.

J'étais alors un jnani, un philosophe, et non un bhakta, un dévot. Or, ce matin-là, dans la salle de méditation, le visage de Râmakrishna. le chantre bengali de l'amour mystique, me parut soudain d'une majestueuse beauté. La photographie du saint hindou le montrait assis par terre, les yeux pleins d'amour, implorant avec ardeur la Mère divine. Je compris alors qu'il manquait à mon yoga de la connaissance une dimension amoureuse. La descente de l'intellect dans le cœur, préconisée par le Maharshi, ne pouvait se produire autrement !

Le père Le Saux intercédait-il pour moi depuis le nirvâna des sannyâsins chrétiens ? Je repris mon exercice d'introspection en y ajoutant cet élément essentiel que j'avais jusqu'alors méprisé, l'amour. Ce grain de sable allait faire exploser l'immanence tranquille d'un pseudo-soi qui n'était en réalité qu'une forme plus subtile de mon ego, illusion que frère Antoine avait justement analysée en disant : « Tu ne vois pas ton problème parce que ton problème, c'est toi ! » La question fondamentale (qui suis-je ?), je la posais maintenant à quelqu'un qui, bien plus moi-même que je ne l'étais, n'en était pas moins radicalement autre, transcendance dans l'immanence, infini en soi, un Soi situé au-delà de l'Un, au-delà de l'Être : « Qui suis-je, ô mon amour ? »

Je suppliai cet autre en moi de me dévoiler ma véritable identité avec toujours plus de ferveur lorsque, soudain, je fus littéralement projeté, élevé, emporté au-dessus de mon propre corps, cependant que la salle de méditation était inondée d'une lumière étincelante. Des larmes abondantes s'écoulaient à grands flots de mes yeux éblouis par cet embrasement divin tandis que mon âme baignait dans un océan de lumière. Mon intellect devenu parfaitement muet, je ne pensai plus, je contemplai, accédant ainsi à un exercice supérieur de mes facultés mentales. Cette expérience extatique emplit tout mon être de ravissement, c'était une immersion dans la joie, dans la gloire. Enfin, après des minutes qui me parurent des siècles. je retrouvai mon corps et me réveillai au monde de la temporalité, m'endormant à celui de l'éternité. J'avais goûté au divin, mais sans pouvoir le nommer, tel le baiser volé d'une inconnue masquée au carnaval de Venise.

Lorsque je revins à moi, je constatai que tous les méditants avaient quitté la salle. Je sortis non sans quelques douleurs dans les jambes et courus parler à swâmi Ritajananda, auquel je racontai en détail mon illumination. Ce dernier m'écouta avec la plus grande attention, puis, lorsque j'achevai mon récit, me dit d'une voix grave mais sereine: « C'est une grande grâce que Dieu vous fait, et c'est peut-être là un signe. Le Seigneur vous appelle, il vous a choisi... »

Un ravissement ne fait pas le saint. La quête de l'illumination d'Alain Durel se poursuivra et « prendra peu à peu la tournure d'une confrontation spirituelle le mettant aux prises avec ses propres démons ».





mercredi, octobre 26, 2016

L'usine des 1000 veaux



Le 5 novembre 2016


Une manifestation est organisée à Guéret contre l’élevage intensif et l'usine des 1000 veaux.

Des cars sont organisés de Paris, de Lyon et de Bordeaux. Voir les détails ICI


L'évènement Facebook ICI



28 novembre 2016, communiqué d'Aurore Lenoir :
Nouvelle grande victoire !

Le Conseil d’État rejette le pourvoi en cassation de la SAS Alliance Millevaches et confirme ainsi la suspension d’ouverture !
Le Conseil D’État a rejeté le pourvoi en cassation de la SAS Alliance Millevaches, donnant ainsi raison au juge des référés qui a ordonné la suspension de l’ouverture de l’Usine, le 29 juillet dernier. Un succès pour L-PEA, qui assoit le bien-fondé de l’action de l’association depuis le début. Un succès qui démontre, une fois encore, que lorsque L-PEA se bat, L-PEA gagne, grâce à la légitimité de ses arguments !
(...)



Aujourd’hui, un nouveau combat s’engage contre le décret auquel fait allusion la SAS Alliance Millevaches, dont la consultation publique a été faite en catimini (sur la France entière, seules 43 personnes ont émis un avis, pour la majorité défavorable). Le gouvernement entend légitimer purement et simplement les projets d’Usine des 1000 Vaches dans la Somme et des 1000 Veaux dans la Creuse, combats retentissants contre le système de « Ferme-Usine », relevant le seuil d’autorisation de 400 à 800 bovins.

Lire le communiqué dans son intégralité : Cliquez ici !

Article de Mediapart : Cliquez ici.



15 décembre 2016, ALERTE lancée par Aurore Lenoir :
"Un nouveau décret du Ministère de l’Environnement légitime l’élevage intensif des bovins !

La consultation publique de ce décret est passée totalement inaperçue au mois de juin dernier. Pourtant cette décision est lourde de conséquences : le décret double le seuil d’animaux avant procédure d’autorisation. De 400 à 800 pour les veaux de boucherie et à l’engraissement, de 200 à 400 pour les vaches laitières.

Cela veut dire que l’Usine des 1000 Veaux va pouvoir tourner à 800 bêtes sans enquête publique, ni étude d’impact, en déposant simplement un dossier d’enregistrement en Préfecture."

Il faut faire annuler ce nouveau décret ! 


mardi, octobre 25, 2016

Le Vajrayana et le végétarisme



Un jour, un adepte du Vajrayana interrogea son "omniscient" maître, le chef spirituel de la secte Guélougpa du bouddhisme tibétain, le 101ème Ganden Tripa, Loungri Namgyél Rinpoché :

Est-ce qu'être végétarien est obligatoire ? Certains disent que cultiver des plantes conduit à tuer une quantité innombrable d'insectes, alors qu'abattre un seul yak, comme au Tibet traditionnel, permettait de nourrir une famille entière pendant une semaine (52 yaks par an ?). Donc, poursuit le perspicace intervieweur, d'un point de vue numérique, ces personnes suggèrent que nous devrions consommer la viande d'animaux de grande taille plutôt que de manger des légumes qui conduisent inévitablement à la mort d'un nombre incalculable d'êtres vivants. En revanche, certains maîtres insistent sur le fait qu'être végétarien est obligatoire pour un bouddhiste, tandis que d'autres citent des textes bouddhistes pour soutenir le contraire. Quel est le points de vue de Sa Sainteté ?

En fait, le Bouddha a enseigné trois points de vue différents quant au fait d'être végétarien (1).

Dans le premier point de vue, la tradition Hinayana, il est enseigné que nous n'avons pas le droit de consommer trois catégories de « viande impure » :

a) Nous percevons visuellement ou auditivement la mise à mort de l'animal ;

b) Nous soupçonnons que l'animal a été tué pour nous ;

c) Nous savons que l'animal a été tué pour nous.

En dehors de ces trois catégories de viande, nous sommes autorisés à consommer de la viande.

Dans le second point de vue, du Mahayana, du Grand Véhicule, on enseigne très clairement que manger de la viande est absolument mauvais et erroné. Être végétarien est donc obligatoire ici.

Dans le troisième point de vue, du Vajrayana (le bouddhisme magique du Tibet), il y a des enseignements qui disent que les pratiquants doivent consommer de la viande. Les raisons pour cela sont données dans les textes et nécessitent des explications longues. Il ne convient pas que je les développe ici.


Source :
Extrait de l'« Entretien avec Sa Sainteté le 101ème Ganden Tripa, chef spirituel de l'école Guélougpa du bouddhisme tibétain. » Cet entretien eut lieu à l'occasion de la première visite officielle à Singapour de "monsieur Sa Sainteté" du 25 Mai au 23 Juin 2003.


Note :
1) Le Bouddha n'a pas enseigné les doctrines magiques du Vajrayana. Ce véhicule "bouddhique" a été fabriqué au Tibet plus de mille ans après sa mort.



dimanche, octobre 23, 2016

La fin du monde

Pierre Jovanovic et Laurent Fendt évoquent l'actualité économique, la crise bancaire, les difficultés de la Deutsche Bank... VIDEO 

Les Nostradamus du Web s'agitent. Ils avertissent dans des sites, blogs, sur YouTube, Dailymotion... : la guerre mondiale est imminente ! La fin du monde est proche !

Un Krach financier planétaire, la guerre civile en Europe, la coalition militaire dirigée par les américano-sionistes affrontera bientôt les armées russes, chinoises, iraniennes...

On vient de ressortir une révélation de Wikileaks, un e.mail envoyé par une va-t-en-guerre célèbre nommée Hillary Clinton lorsqu'elle était secrétaire d'État : « La meilleure façon d'aider Israël est d'utiliser la force en Syrie pour renverser le gouvernement. » Hillary Clinton sera probablement présidente des USA dans quelques semaines.

Depuis que le chef d’état-major US, Mark Milley a menacé la Russie, la Chine et l’Iran, des prophètes et des visionnaires de toutes sortes mettent en ligne des vidéos effrayantes.

Tout cela ne trouble pas un vieil anachorète collaborateur du blog (Félix Crespo). Il rappelle cette réflexion de René Guénon à propos des prédictions :

« Elles augmentent le désordre de notre époque en semant un peu partout le trouble et le désarroi. […] (Une utilisation des prédictions) consiste à en faire un moyen de suggestion directe contribuant à déterminer effectivement la production de certains événements futurs ; croit-on, par exemple, et pour prendre ici un cas très simple afin de nous faire mieux comprendre, que, en annonçant avec insistance une révolution dans tel pays et à telle époque, on n’aidera pas réellement à la faire éclater au moment voulu par ceux qui y ont intérêt ? Au fond, il s’agit surtout actuellement, pour certains, de créer un « état d’esprit » favorable à la réalisation de « quelque chose » qui rentre dans leurs desseins, et qui peut sans doute se trouver différé par l’action d’influences contraires, mais qu’ils espèrent bien amener ainsi à se produire un peu plus tôt ou un peu plus tard... »

Les prophètes du Web seraient-ils les instruments conscients ou inconscient de manipulateurs démoniaques ayant une emprise sur leur psychisme ?

Quoi qu'il en soit, l'humanité est toujours là pour constater que toutes les prédictions annonçant l'imminente fin du monde étaient fausses.


Il faut savoir que les prophéties de Nostradamus ont été employées rétrospectivement pour « prédire » beaucoup d'événements.

Issu d'une famille juive convertie au catholicisme, Michel de Nostredame (Nostradamus) n'a jamais prédit un événement avant qu'il ne soit advenu.




Beste farouches de faim fluves tranner 
Plus part du camp encontre Hister sera
En caige de fer le grand fera traisner,
Quand Rin enfant Germain observera



Ce quatrain prédirait la montée d'Adolf Hitler, selon des interprétations postérieures à l'événement.

« Le génie de Nostradamus, écrit Eric Chaline, réside non dans l'exactitude de ses prédictions, mais dans l'obscurité de son langage, ainsi ouvert à de multiples interprétations. »

« Les Prophéties de Nostradamus » sont sur la liste des best-sellers de l'occultisme depuis leur parution originale, en trois éditions, entre 1555 et 1558.

Avant Nostradamus, en 1499, Johannes Stöffler, dans « Almanach nova plurimis annis venturis inserentia » avait prédit la destruction de la Terre par un second déluge, le 20 février 1524, sous l'effet d'un alignement planétaire particulier. Ce jour-là, les pluies apocalyptiques se limitèrent à une légère ondée.

Ursula Southeil, la Sibylle du Yorshire, avait prédit la fin du monde en 1881. Or, « aucune catastrophe, qu'elle fût naturelle ou d'origine humaine, ne frappa l'humanité lors d'une année inhabituellement paisible ». 

Joseph Smith, fondateur de l'Eglise de Jésus Christ des saints des derniers jours, l'Eglise mormone, annonça que la fin du monde et le Second Avènement du Christ surviendraient pour ses 85 ans, en 1890. Ce qui s'est produit : Smith mourut à 39 ans, tué par des émeutiers à Carthage, dans l'Illinois.

Méfions nous aussi des prophéties scientifiques. Albert Einstein croyait que l'énergie et les armes atomiques ne seront jamais exploitables. Hiroshima, Nagasaki, Three-mile Island, Tchernobyl et Fukushima ont démontré le contraire.

Les politiciens ne sont pas plus doués en matière de prédictions. Pour le président américain Woodrow Wilson, la Première Guerre mondiale devait être la « der des ders » et elle « permettra d'établir la démocratie dans le monde ».

Livre consulté :




vendredi, octobre 21, 2016

Marion Dapsance : « Les Occidentaux ont une vision idéalisée du bouddhisme »



Sogyal rinpoché n'est pas l’auteur du best-seller "Le Livre tibétain de la vie et de la mort", publié en 1992. "Ce livre, qui lui a valu sa fortune et sa notoriété, est en fait une reformulation d’un ouvrage de 1927 intitulé « Le Livre tibétain des morts », écrit par un Américain adepte de la Société théosophique (l’une des plus importantes écoles ésotériques occidentales du XIXe siècle). Ce dernier livre est donc déjà une création occidentale destinée à un public d’Occidentaux, réalisée à partir d’une sélection hasardeuse et mal comprise de prières tibétaines. Les proches de Sogyal Rinpoché (notamment Patrick Gaffney, disciple de longue date, qui est l’auteur véritable du livre avec Andrew Harvey, auteur d’ouvrages de « spiritualité » britannique) ont eu l’idée de reprendre « Le Livre tibétain des morts », pour le remettre au goût du jour. Il s’agit par conséquent, pour bonne part, d’un commentaire occidental d’un texte essentiellement occidental" .



Marion Dapsance


Marion Dapsance : « Les Occidentaux ont une vision idéalisée du bouddhisme »


Propos recueillis par Henri de Monvallier


Dans son enquête « Les Dévots du bouddhisme », Marion Dapsance révèle en quoi, selon elle, l’attrait des Occidentaux pour le bouddhisme repose sur un malentendu, fruit d’une profonde méconnaissance des cultures tibétaine… et chrétienne.

Comment en êtes-vous venue à vous intéresser au bouddhisme ?
Marion Dapsance : Comme la plupart des Occidentaux, j’ai découvert le bouddhisme par les livres. Ceci est une particularité de ce que certains chercheurs ont appelé le bouddhisme « moderne », c’est-à-dire tel qu’il a été ré-imaginé en Occident à partir du XIXe siècle. Cet aspect livresque du bouddhisme est en effet un phénomène récent et typiquement occidental. La grande majorité des bouddhistes d’Asie – du moins jusqu’à une date récente – n’entretiennent pas ce type de rapport avec leur religion. Ils la découvrent par imprégnation culturelle et familiale, et leur pratique se résume souvent à la récitation de quelques prières, aux dons en faveur du clergé et à la vénération de reliques, dans le but de purifier leur karma. Les ouvrages de « philosophie » ou de « sagesse » bouddhique dont nous disposons depuis un siècle et demi en Occident sont pour une bonne part des réinventions calquées sur un modèle chrétien dont on prétend par ailleurs se distinguer. On présente certaines de ses séduisantes doctrines, mais on oublie de mentionner ses pratiques rituelles et dévotionnelles, qui rappelleraient malencontreusement « la religion », c’est-à-dire en fait le christianisme, dont sont issus les convertis, et qu’ils érigent en contre-modèle. J’ai commencé mon enquête à partir d’un simple constat : le décalage immense entre les discours sur le bouddhisme et les pratiques proposées par les enseignants bouddhistes, notamment tibétains.

Comment expliquez-vous que le bouddhisme puisse avoir en France une image très positive par rapport à ses concurrents monothéistes et qu’il attire donc beaucoup de personnes ?

Tout simplement parce que le bouddhisme est mal connu. Les Européens connaissent bien le christianisme, qui est au fondement de leur culture. Du moins leur est-il vaguement familier, car on ne peut plus vraiment dire qu’ils le connaissent encore réellement. Surtout, le christianisme est l’objet de moqueries et de dénigrements réguliers depuis le siècle des dites « Lumières », qui l’ont caricaturé et rendu intellectuellement inacceptable. Pourtant, la « Raison » ne saurait s’accommoder davantage de la réincarnation que de la résurrection, des pouvoirs surnaturels des bouddhas et bodhisattvas [êtres de compassion qui demeurent parmi les hommes pour les aider à atteindre l’Éveil, ndlr] que de ceux des saints, des enfers vajra que d’un purgatoire, de la divinité Tara que de la Vierge Marie, de la doctrine des trois corps du Bouddha que de la Trinité, etc. Or, il semble que les Occidentaux acceptent bien plus volontiers la mythologie bouddhiste que la théologie chrétienne – ce qui laisse entrevoir leurs réelles motivations : ce n’est pas, contrairement à ce qu’ils affirment, « la religion » qu’ils rejettent, mais bel et bien le christianisme.

Cela s’explique par le discrédit massivement jeté sur le christianisme depuis près de trois siècles, et par le fait que le bouddhisme ait été découvert (en tant que doctrine d’origine indienne distincte de l’hindouisme) dans des textes sanscrits par des savants européens du XIXe siècle, en plein contexte de sécularisation. Les textes doctrinaux découverts, déconnectés de toute réalité culturelle et sociale asiatique, ont ainsi été élevés au rang de « philosophie », et pensés sur le contre-modèle d’un christianisme démodé : sans Dieu, sans dogme, sans hiérarchie, sans surnaturel. Ce qui est faux : les divinités pullulent et les vérités à accepter sur parole sont légion. Quant à la soumission due au clergé fondée sur un principe inégalitaire, on ne la trouve pas dans le christianisme : les religieux bouddhistes sont ontologiquement supérieurs au commun des mortels, qui n’ont qu’à s’en prendre à leur karma pour expliquer leur infériorité foncière. Finalement, l’attrait a priori pour le bouddhisme n’est que le fruit d’une profonde méconnaissance des deux cultures.

Si on prend le nombre global de pratiquants du bouddhisme en France, les « dérives sectaires » liées à cette pratique spirituelle sont-elles de l’ordre de l’exceptionnel ou peut-on considérer qu’elles sont importantes, voire majoritaires ?

Ce que je décris dans mon livre peut s’apparenter à ce que l’on nomme couramment des « dérives sectaires ». Cela dit, je récuse une telle appellation, qui sous-entend qu’il existerait des normes claires que le lama en question transgresserait pour son propre avantage. Or, cela n’est pas tout à fait exact. En effet, il s’agit d’abord et avant tout d’un malentendu culturel au sujet de la notion même de « bouddhisme ». Comme je viens de vous le rappeler, les Occidentaux ont une vision livresque et idéalisée du bouddhisme. Ils s’attendent à ce que la réalité proposée par les lamas corresponde à leurs chimères – comme Madame Bovary croyait pouvoir retrouver dans ses rapports avec les hommes le romantisme mièvre et blafard de ses romans pour jeunes filles. Nous sommes, comme dans le cas de l’islam d’ailleurs, en plein bovarysme, c’est-à-dire en plein déni de l’altérité culturelle. La culture tibétaine n’est pas égalitaire, ni ne promeut spécialement le libre-arbitre (notions éminemment chrétiennes, que l’on persiste à vouloir trouver chez les autres). Ce que fait le maître Sogyal Rinpoché n’est rien d’autre qu’essayer d’inculquer aux Occidentaux les «bonnes manières» tibétaines – qui se trouvent être à l’opposé de l’idée que ces derniers se font du bouddhisme. Il est vrai cependant que cet enseignant est lui-même entraîné dans les méandres complexes et souvent pervers de l’échange interculturel : en s’occidentalisant, il est devenu nihiliste et cynique, utilisant sans vergogne les moyens offerts par la société de consommation et du spectacle pour diffuser son enseignement – et accessoirement rebâtir la fortune de sa famille, ruinée par l’invasion chinoise. Ce cas est loin d’être exceptionnel. Il est seulement caricatural.

Votre enquête tourne justement en grande partie autour de ce « maître » (lama) Sogyal Rinpoché. Pouvez-vous présenter brièvement ce personnage, la manière dont il s’est implanté en France et ce que vous avez pu observer ou savoir de lui à travers votre enquête ?

Il s’agit de l’un des enseignants bouddhistes tibétains les plus connus au monde. Il est l’auteur du best-seller « Le Livre tibétain de la vie et de la mort », publié en 1992. Ce livre, qui lui a valu sa fortune et sa notoriété, est en fait une reformulation d’un ouvrage de 1927 intitulé « Le Livre tibétain des morts », écrit par un Américain adepte de la Société théosophique (l’une des plus importantes écoles ésotériques occidentales du XIXe siècle). Ce dernier livre est donc déjà une création occidentale destinée à un public d’Occidentaux, réalisée à partir d’une sélection hasardeuse et mal comprise de prières tibétaines. Les proches de Sogyal Rinpoché (notamment Patrick Gaffney, disciple de longue date, qui est l’auteur véritable du livre avec Andrew Harvey, auteur d’ouvrages de « spiritualité » britannique) ont eu l’idée de reprendre « Le Livre tibétain des morts », pour le remettre au goût du jour. Il s’agit par conséquent, pour bonne part, d’un commentaire occidental d’un texte essentiellement occidental.

Nous sommes donc bien dans le malentendu culturel que j’évoquais tout à l’heure : on nous présente comme authentiquement tibétain une tradition qui ne l’est qu’à moitié. Et c’est en réalité pour la moitié occidentale qu’on y adhère, puisque c’est grâce à elle que cette religion si lointaine nous paraît étrangement si proche. Sogyal Rinpoché a compris l’opportunité commerciale que représentait cette publication et, à partir de là, sa carrière a décollé : il a rompu avec son maître et fondé sa propre école, qui n’existe pas au Tibet : Rigpa. Il s’agit ni plus ni moins d’une entreprise multinationale de formation bouddhiste. Sogyal Rinpoché s’est rapidement distingué par ses excès : relations sexuelles nombreuses avec ses disciples, autoritarisme, culte du chef, mode de vie luxueux… Sans doute n’a-t-il fait que céder aux attraits de la société de consommation dans laquelle il a brutalement été jeté. En ce sens, il n’est qu’une création occidentale : pourquoi le lui reprocher ? Il nous offre un miroir de nous-mêmes.

Pourquoi le dalaï-lama, l’autorité spirituelle suprême du bouddhisme tibétain, n’a-t-il jamais désavoué et « excommunié » publiquement Rinpoché si tout ce qu’on lui reproche est fondé ? Peut-on dire que, comme pour les affaires de pédophilie dans l’Église catholique, il a été « couvert » par certains de ses supérieurs ?

Je rappelle au sujet de la pédophilie qu’elle n’est pas le fait spécifique de l’Église catholique, dû au célibat des prêtres, etc. Les statistiques montrent que le phénomène concerne aussi bien l’école publique que les familles. Faut-il pour autant condamner l’école ou tirer comme conclusion que tous les pères de famille, les oncles, ou les cousins sont, de par leur position ou par nature, des prédateurs en puissance ? Malgré des fautes graves comme ces silences et ces complaisances auxquels vous faites allusion, l’Église a toujours considéré la pédophilie, à l’instar de toute forme d’atteinte à la personne humaine, comme un grave péché. Il n’y a aucune glorification de la pédophilie chez les catholiques. En revanche, le bouddhisme tibétain a bel et bien proposé à l’admiration de ses fidèles des modèles de maîtres violents. Il suffit de lire les hagiographies des maîtres Milarepa (1052-1135) et Drukpa Kunleg (1455-1529), dont le comportement à l’égard de ses disciples serait assimilé aujourd’hui à une véritable torture. Le tantrisme considère légitime l’usage de la violence, voire dans certains cas du meurtre. Vous ne trouverez pas de poignard rituel dans le catholicisme : mais il existe bel et bien dans le bouddhisme tibétain. La distinction est intéressante et révélatrice. On s’étonne de voir ce maître se comporter sans égard ni douceur envers ses étudiants : ce n’est que parce que nous avons en tête des modèles chrétiens. Cela étant dit, il est vrai que Sogyal Rinpoché sort de la norme tibétaine lorsqu’il applique à la lettre ces modèles de maîtres violents. Les lamas, ordinairement, tiennent ceux-ci pour mythologiques, et se comportent avec respect. La modernité (ou la « dérive ») de Sogyal Rinpoché consiste ainsi dans son application littérale de la mythologie bouddhiste tibétaine. C’est peut-être pour cette raison que le dalaï-lama ne le dénonce pas – outre le fait qu’il veuille conserver une image idyllique du bouddhisme tibétain, dans son propre intérêt.

Peut-on comparer les pratiques du bouddhisme que vous décrivez dans votre livre avec celles d’organisations comme Raël ou l’Église de scientologie ?

Je connais mal ces deux organisations, mais il me semble que ces trois phénomènes ne sont pas comparables. Dans les cas que vous évoquez, nous sommes dans un contexte exclusivement occidental. Les gens partagent les mêmes codes culturels, ils ont les mêmes repères sociaux, ils savent à quoi s’en tenir, ils assument souvent leurs choix et sont capables de se les expliquer – à l’intérieur d’un cadre culturel cohérent. Dans le cas de Sogyal Rinpoché, les choses sont beaucoup plus compliquées car il s’agit d’une interaction entre deux cultures très différentes. Les Occidentaux ne savent pas vraiment ce qu’ils peuvent et doivent attendre des lamas tibétains, ils projettent sur eux bon nombre d’attentes inconsidérées, les parent a priori de merveilleuses qualités, et ne savent pas comment interpréter les anomalies décelées sur le terrain. Cela donne lieu à des déconvenues, des désillusions, ou au contraire à un aveuglement persistant – quand ce ne sont pas des mystifications de la part d’enseignants (tibétains ou autres) qui tirent profit de l’ignorance et de la confiance du public. Les mécanismes peuvent être similaires d’un point de vue sociologique, mais au niveau culturel, scientologie, raëlisme et bouddhisme à l’occidentale sont très différents.

Au cours de cette enquête, quelle a été votre découverte la plus surprenante ou la plus inattendue ?


Ce qui m’a le plus étonnée, c’est que personne ne se soit posé ces questions avant moi – ou du moins n’ait accepté d’en parler publiquement. Je constate que rares sont les personnes qui s’intéressent au bouddhisme réel, tel qu’il est pratiqué en Asie et désormais en Occident. On préfère généralement s’imaginer ce qu’il n’est pas et devrait être. Le bovarysme a de beaux jours devant lui.

mercredi, octobre 19, 2016

Le mythe du Tibet



par Cécile Campergue


A
près l’exil de plusieurs milliers de Tibétains (80 000 à 100 000) en Inde en 1959 sous la protection du Dalaï-lama (certains maîtres avaient déjà quitté le Tibet à partir de 1951), le gouvernement tibétain, installé à Dharamsala, a choisi le bouddhisme comme fondement de son nationalisme. Comme l’écrit Fabienne Jagou : « Depuis sa fuite du Tibet, le XIVe Dalaï-lama et son gouvernement en exil véhiculent l’idée que la religion tibétaine est unique, qu’elle unit tous les Tibétains et qu’à ce titre elle doit être préservée » et, de ce fait, être diffusée. L’élite tibétaine en exil a adopté une représentation mythique d’un « Tibet sacré », national et spirituel, indispensable pour maintenir la vision d’un combat pour un « Free Tibet ».

Cette construction se superpose à la représentation mythique occidentale du Tibet, véritable paradis terrestre, un « Shangri-La ». La littérature occultiste et magico-ésotérique du XXe siècle a mis en avant des lamas tibétains aux pouvoirs et aux savoirs extraordinaires. Le Tibet est ainsi devenu la terre bénie des cercles occultes, spirituels et ésotériques. Ce mythe a connu plusieurs évolutions et s’est amplifié au cours du temps, ce qui a créé un décalage entre le bouddhisme tibétain tel qu’il est fantasmé et la réalité. On peut mentionner l’ouvrage phare « Le Troisième Œil » de Lobsang Rampa ou les récits d’Alexandra David-Néel, grande vulgarisatrice du bouddhisme tibétain, sans parler de « Tintin au Tibet »… Ce mythe a facilité l’exportation, puis l'adoption (somme toute assez rapide) par « l’Ouest » de cette religion, l’imaginaire occidental concernant le Tibet étant empreint de représentations positives : l’idée selon laquelle le Tibet abrite des maîtres réalisés pouvant sauver l’Occident est répandue par les pratiquants et sympathisants ; une supériorité spirituelle, voire morale est alors attribuée aux Tibétains.

Ce mythe est favorisé par les Tibétains eux-mêmes, qui ont bien compris que ces représentations idéalisées et mythifiées de leur terre ne pourraient que leur servir. La cause tibétaine s’est transformée en « cause universelle » : le Dalaï-lama se sert de la doctrine de l’interdépendance des phénomènes pour faire prendre conscience que chaque être humain porte en lui une part de responsabilité (d’où l’universalité de cette cause). Le mythe d’un Tibet hautement spirituel, au peuple bienveillant et pacifique par nature, va être opposé à la barbarie des communistes chinois qui ont détruit le dernier « bastion de l’humanité », un pays aux ressources humaines et écologiques inépuisables. La cause tibétaine va être commune à une grande majorité d’associations nouvellement créées, qu’elles soient à vocation religieuse (« centres du dharma »), culturelles, humanitaires ou politiques (associations militantes pour un « Free Tibet »). Elle va servir les premiers maîtres tibétains arrivés en France, bénéficiant ainsi d’une image positive de leur identité culturelle et religieuse.

Contrairement à d’autres formes de bouddhisme, qui remplissent le rôle d’une religion « ethnique », comme le Mahayana vietnamien ou chinois, le bouddhisme tibétain en dehors du Tibet n’est pas un bouddhisme à vocation identitaire, mais un bouddhisme essentiellement missionnaire. En Occident (mais également dans des pays asiatiques où le bouddhisme tibétain se propage), seules les élites religieuses sont tibétaines. En France, la « diaspora » tibétaine est faiblement représentée, puisqu’il n’y aurait pas plus de 150 Tibétains dans le pays, alors que l’auditoire est occidental. Les liens avec l’Inde, le Tibet et les camps de réfugiés sont omniprésents, participant à la construction, à la reconstruction, au financement des complexes matériels, aux institutions bouddhiques et aux différents projets des maîtres en Asie.


Cécile Campergue est docteur en ethnologie de l’Université Lyon II ; elle a soutenu en 2008 une thèse intitulée : « Le "maître" dans la diffusion et la transmission du bouddhisme tibétain en France ». Elle est chercheuse associée au Centre d’Etudes et de Recherches Anthropologiques de Lyon II.

La France est le pays d’Europe qui dispose du plus grand nombre de centres bouddhistes tibétains, ce qui mérite une attention particulière quant aux modalités de diffusion et de transmission du bouddhisme tibétain dans un nouveau contexte social et culturel.

Depuis une quarantaine d’années, plusieurs maîtres tibétains y sont venus pour fonder des « centres du dharma ». Le bouddhisme tibétain y jouit d’un statut particulier (la figure emblématique du Dalaï-lama joue un rôle important) et a bénéficié relativement tôt de reconnaissances institutionnelles que peinent à acquérir d’autres religions alors même qu’on lui préfère les termes de spiritualité, de philosophie ou de sagesse. Mais comment une religion hiérarchisée et ritualisée, culturellement marquée, en provenance d’un pays largement mythifié et idéalisé, où le politique et le religieux sont liés, a pu trouver un si large écho dans notre société ?

Les maîtres (lamas) sont à la fois la clé de voûte de l’édifice religieux et la clé de la compréhension de l’intensive diffusion du bouddhisme tibétain au niveau mondial car c’est autour d’eux que les fidèles s’agrègent en formant une communauté (sangha), le lama étant l’intermédiaire obligé qui donne l’accès à l’éveil.


mardi, octobre 18, 2016

Les tülkou

Il coule des jours heureux.

Karma Trinlay rinpoché, le fils du député Jean-Louis Massoubre, est un tülkou français. Mais un tülkou qui n'est pas un pur tibétain est un tülkou inférieur.

« Depuis de nombreuses années, écrit Cécile Campergue, il existe des tülkou occidentaux comme l’espagnol Osel Tenzin (réincarnation du lama tibétain Lama Yéshé) et le franco-américain Trinlay Tulkou, reconnu par le XVIe Karmapa. Au Tibet, les choix étaient largement orientés et, en Occident, on peut dire que les critères de sélection le sont tout autant : il y a très peu de femmes reconnues tülkou, et 
c’est souvent à un « rang inférieur » que l’on retrouve les tülkou occidentaux. »

« Un des aspects fascinants de la tradition tibétaine est le tülkou (un lama qui a atteint un degré de maturité spirituelle tel qu’il peut orienter sa réincarnation) et le principe de transmission par réincarnation. Le terme renvoie dans un sens strict à un « corps d’émanation ». Ce principe a pris au XIIe siècle une dimension institutionnelle, lorsque la lignée des Karma-Kagyu fut confiée à un tülkou. Ainsi, la lignée reste confiée au même personnage, mais sous des corps différents. Toutes les lignées ont adopté ce système qui permet, à l’inverse d’une transmission lignagère, d’éviter qu’une famille noble ne possède le pouvoir. Mais, dans les faits, les tülkou ont toujours été découverts dans des familles de lamas héréditaires ou dans des familles ou des tülkou avaient déjà été trouvés. Ce système n’existe nulle part ailleurs dans le monde bouddhiste et les tülkou ont des fonctions religieuses, politiques et économiques qui ne peuvent être séparées. Renaissances de maîtres passés, ils sont également des émanations de déités tantriques. Une de leurs particularités est de pouvoir orienter leur future renaissance et de laisser des indications à ce propos. Lorsque les régents trouvent des enfants successibles d’être le tülkou recherché, ces derniers sont soumis à des tests et, lorsque le bon est découvert, il est intronisé et quitte sa famille. Son éducation, notamment celle des tülkou de haut rang, obéit à des règles strictes. »





lundi, octobre 17, 2016

Jean-Louis Massoubre, le député missionné





Décédé au début de l'année 2016, l'homme politique de droite Jean-Louis Massoubre (député, maire...) était un discret et efficace promoteur du lamaïsme en France.

Massoubre était très proche du gourou tibétain Kalou Rinpoché (1905-1989), gourou accusé d'abus sexuels par June Campbell. En qualité d'initié du Vajrayana, le député français pouvait-il ignorer les arcanes tantriques du lamaïsme et les petits exercices pratiques que Kalou Rinpoché imposait à ses « esclaves sexuelles », l'expression est de June Campbell ? Le hiérarque tantrique se sentait-il protégé par le représentant du peuple français, lui était-il redevable ? Quoi qu'il en soit, Kalou Rinpoché fit introniser le fils de Jean-Louis Massoubre « toulkou » (réincarnation d'un grand initié lamaïste) et le baptisa Karma Trinlay Rinpoché. De nos jours, le fils de Jean-Louis Massoubre enseigne le Vajrayana dans des cadres universitaires, comme aux Etats-Unis à Stanford ou en France à l'Ecole Normale Supérieure.


Missionné ou éminence grise ?


Jean-Louis Massoubre a joué un rôle discret mais décisif dans l'implantation de la secte tibétaine Yungdrung Bön en Anjou.

Dans le passé le gourou de la secte, Tenzin Namdak, avait bénéficié de l'argent des Rockfeller pour enseigner en Occident. En 2005, des fonds importants (plusieurs millions d'euros) ont été mystérieusement débloqués pour permettre l'achat du château de la Modtais à Blou (49). Un achat qui dépasse très largement les possibilités financières des adeptes et sympathisants du Bön, quelques dizaines de personnes issues de catégories socioprofessionnelles assez modestes.

Lors d'une retraite organisée quelques mois avant l'acquisition du château, le moine français Félix Crespo, ordonné en Inde par le 33ème Abbé de Menri, n'était jamais convié aux entretiens entre les lamas tibétains et les représentants d'une mystérieuse organisation de « donateurs ». La véritable origine des fonds qui ont permis l'achat du château de la Modtais est une énigme.

Philippe Cornu, « tibétologue » et fidèle disciple du sulfureux Sogyal Rinpoché, participa lui-aussi à l'implantation du Yungdrung Bön en France.



1 : Tenzin Namdak ; 2 : Tenpa Yungdrung ; 3 : Philippe Cornu ; 4 : John Reynolds ; 5 : Sébastien Doerler.



mercredi, octobre 12, 2016

Quand la sagesse devient folle. Le bouddhisme tibétain en Occident entre mystique et mystification.



Quand la sagesse devient folle. Le bouddhisme tibétain en Occident entre mystique et mystification.


par Marion Dapsance
Docteur en anthropologie de l’EPHE (Paris) 
Boursière de la Robert H. N. Ho Family Foundation, 
études bouddhiques (Hong Kong)
En résidence postdoctorale à l’Université de Columbia, 
Département des Religions (New York)
mdapsance@gmail.com

E
n l’espace de quelques décennies, la figure souriante du Dalaï Lama est devenue le symbole d’un bouddhisme pacifique et bienfaisant. Auteur de plusieurs ouvrages destinés à faire connaître et à adapter sa religion au public occidental en quête de spiritualités alternatives, le chef politique des Tibétains apparaît comme un véritable modernisateur. Allié à des scientifiques convertis ou sympathisants, cette incarnation de la divinité Tchenrézig entend prouver au monde entier la compatibilité du bouddhisme et de la science. Cette démarche, analysée par certains spécialistes comme éminemment politique (1), a grandement contribué à la popularité du bouddhisme tibétain en Occident. Les recrues sont désormais nombreuses à se rendre dans les « centres du dharma » créés à leur intention. Cependant, le Dalaï Lama ne dirige aucun centre, et les personnes intéressées doivent s’adresser à d’autres lamas pour découvrir ce bouddhisme rationnel que Matthieu Ricard n’hésite pas à qualifier de « science de l’esprit ». Elles ont le choix entre diverses approches, certaines plus traditionnelles que d’autres.

Au cours de mes recherches doctorales, je me suis penchée sur le cas de deux lamas « modernisateurs » s’inscrivant dans la démarche du Dalaï Lama. Auteurs de bestsellers qui en ont fait de véritables vedettes de la « spiritualité orientale » (2), Chögyam Trungpa (1939-1987) et Sogyal Rinpoché (né en 1947) ont largement contribué à la popularité du bouddhisme tibétain, non seulement en proposant des ouvrages de vulgarisation, mais également en établissant des réseaux de centres d’étude et de pratique pour Occidentaux. Je place « modernisateurs » entre guillemets car, bien que revendiquée par ces maîtres et leurs porte-parole, cette étiquette s’est avérée trompeuse, ou pour le moins ambiguë. Tout d’abord, Chögyam Trungpa et Sogyal Rinpoché, qui ont tous deux rompu avec leurs hiérarchies (3), ne se sont pas présentés comme des lamas au sens traditionnel, c’est-à-dire comme des enseignants capables de transmettre le savoir doctrinal et rituel qu’ils ont eux-mêmes reçu, de manière à conduire les adeptes vers la réalisation de la vacuité des phénomènes et la sortie définitive du cycle des renaissances, mais plutôt comme les sauveurs de l’Occident matérialiste. La vision du monde qu’ils développent, et qu’ils présentent comme une « modernisation du bouddhisme », n’est autre, en réalité, que celle qui fut élaborée en leur temps par les adeptes de la Société Théosophique (4) : l’Occident est en crise spirituelle parce qu’il a développé une science purement matérialiste et ne retrouvera son plein épanouissement qu’en appliquant la sagesse des peuples asiatiques et en particulier des Tibétains, qui ont développé une véritable « science de l’esprit » appelée « méditation ». Les rituels, la dévotion, la mythologie sont supprimés, et les doctrines sont réinterprétées dans les termes actuels de la psychothérapie.

Cette reformulation des doctrines religieuses tibétaines, complexes et variées, en enseignements simplistes pour Occidentaux stressés pourrait à juste titre être qualifiée de « modernisation » si elle ne s’accompagnait, chez ces deux maîtres, d’une série d’innovations pédagogiques aux conséquences pour le moins ambiguës. En effet, il ne s’agit plus pour eux d’enseigner, par la doctrine et le rituel, la vue philosophique correcte selon leur propre école, mais de « casser les concepts des Occidentaux » qui, en raison du péché originel du matérialisme, ne sauraient appréhender le monde qu’à partir d’idées fausses. Pour cela, Chögyam Trungpa inventa la notion de « folle sagesse » (yeshe chölwa). Elle repose en partie sur la tradition indienne et tibétaine des saints fous (mahasiddha), ces ascètes exceptionnels qui, à l’image de Milarépa ou de Drukpa Kunleg, se tenaient à l’écart de la société et des institutions religieuses, pour mieux en dénoncer les travers. Les saints fous étaient réputés pour leurs pouvoirs magiques (tel le fait de voler dans les airs) et leur capacité à accepter toutes choses de manière égale (copuler avec les belles princesses autant qu’avec les vieilles femmes pauvres et édentées, boire du nectar divin ou de l’urine avec la même indifférence). La « folle sagesse » de Trungpa, cependant, était à l’image du personnage lui-même : hémiplégique. Le maître se contentait du sexe des jolies jeunes filles, du luxe, de l’alcool, de la drogue et de la bonne chère, et, mis à part quelques arcs-en-ciel attribués à sa présence « éveillée » par quelques disciples enthousiastes, il n’a jamais manifesté de pouvoirs psychiques particuliers. La « folle sagesse » de Trungpa consistait à se comporter de telle manière qu’il puisse toujours choquer son public. Cela, évidemment, pour « casser ses concepts » et le faire sortir du samsara matérialiste. Ainsi arrivait-il ivre mort à ses enseignements avec plusieurs heures de retard, pratiquait-il le sexe en réunion, obligeait-il ses disciples à se déshabiller lors de certaines « soirées Vajra » particulièrement violentes, les humiliait-il régulièrement, les faisait travailler gratuitement à la construction de son œuvre mégalomaniaque, exigea-t-il la constitution d’une cour royale à la mode britannique (avec bonnes, chambellans, valets de pied, majordomes, etc.), ainsi que la création d’une milice de « guerriers de Shambhala », royaume mythique du bouddhisme tibétain qu’il proposait de rétablir sous la forme d’une « société éveillée » dont il se voulait le chef et fondateur (5). Ce projet s’inspirait peut-être du modèle de la milice paramilitaire créée par l’écrivain japonais Yukio Mishima, avec lequel il partageait de nombreux points communs, notamment la valorisation de l’esthétique et de la virilité japonaises. L’aventure de Chögyam Trungpa faillit très mal tourner, en raison des nombreux scandales qui entouraient sa personne et ses proches, notamment son « régent », l’Américain rebaptisé Ösel Tenzin, qui transmit le virus du SIDA en connaissance de cause à de nombreux disciples hommes et femmes, arguant que « les bénédictions de Trungpa les protégeraient ». Cependant, grâce à l’effort de communication engagé par ses fidèles (6), il reste aujourd’hui de Trungpa l’image d’un génie incompris voire incompréhensible, auteur de multiples ouvrages vendus à des millions d’exemplaires et créateur d’une multinationale de centres du dharma et d’une maison d’édition nommés Shambhala.

Sogyal Rinpoché, qui enseigne aujourd’hui dans le monde entier et qui fut dans sa jeunesse un admirateur déclaré de Trungpa, a repris à son compte le principe de la folle sagesse. Les étudiants s’inscrivent à ses centres pour y apprendre la « méditation » telle qu’elle est présentée par les médias grand public : ils y découvrent un parcours initiatique jalonné d’épreuves, dont le but est le rapprochement physique avec un maître iconoclaste, source unique de salut (7). Le cheminement spirituel est découpé en plusieurs étapes progressives, qui aboutissent au service du maître et de son entreprise, depuis la mise en forme de ses enseignements oraux jusqu’au don de son corps, en passant par le ménage, la comptabilité, l’organisation des voyages, le commerce des produits dérivés, les massages, les soirées animées par de jolies jeunes femmes, les vacances sur des plages australiennes, les sorties au Crazy Horse et le secrétariat personnel. La « folle sagesse » de Sogyal Rinpoché consiste ainsi, comme chez Trungpa, à vivre dans l’opulence en asservissant ses disciples. La réorientation des objectifs initiaux des disciples est justifiée par des arguments bouddhiques traditionnels, notamment ceux des « moyens habiles » (upāya) et de « l’illusion des phénomènes », dépourvus de réalité intrinsèque (anātman) : ce que font les disciples (servir le maître dans les moindres détails de sa vie professionnelle et intime) n’est autre qu’une « apparence », un simulacre utile à leur progrès spirituel, une simple « technique ». On peut avoir l’impression qu’ils se comportent en serviteurs d’un individu tyrannique : ils ne font en réalité que « servir leur maître intérieur », en essayant de voir « au-delà des apparences ». Ce qu’ils font véritablement ne se réduit pas à ce qu’ils font apparemment. En effet, il existe traditionnellement dans le bouddhisme tibétain deux niveaux de réalité (relatif et absolu) et deux classes d’êtres aux niveaux spirituels inégaux (ceux qui ont la vue obscurcie par le samsara ne voient pas la réalité telle qu’elle est vraiment, ceux qui ont le karma assez pur peuvent la voir, et c’est ainsi que l’on distingue les bons des mauvais disciples). De même, le maître qui s’entoure d’une cour de jeunes femmes qu’il traite en objets sexuels et en bonnes à tout faire ne fait pas véritablement ce qu’il a pourtant l’air de faire. Le croire, c’est se laisser aveugler par « l’illusion du samsara ». Voir le contraire de ce qui apparaît de manière évidente aux sens et à la raison devient dès lors signe d’illumination. Dire que l’on décèle la compassion là où se « manifestent » (« apparemment », « dans la réalité relative ») courroux et humiliations, c’est affirmer que l’on fait déjà partie des êtres éveillés. Le maître, avec sa cour de serviteurs et de servantes, doit donc être considéré comme quelqu’un d’exceptionnel, dont le seul et unique but est le bien-être de ses disciples, qu’il apprend à se défaire de leur « vision dualiste », caractéristique du samsara occidental. C’est lui qui sert ces jeunes femmes pour leur apporter l’éveil, et non ces jeunes femmes qui le servent pour lui apporter du confort. C’est un honneur pour elles d’avoir l’occasion de servir un maître éveillé. Ce dernier, par définition, n’a pas besoin d’être servi : il est bien au-dessus de tout cela. S’il se laisse servir, ce n’est que pour donner à ses disciples la possibilité, à son contact, d’atteindre la « vision pure ». Il s’agit d’un leurre, d’une ruse, d’une illusion, d’un moyen habile tout spécialement conçus pour tirer ses disciples du matérialisme où ils se trouvent. En d’autres termes, les adeptes doivent apprendre à ne pas voir les choses telles qu’elles sont.

Tout l’enseignement dispensé dans ces centres, sous prétexte de « psychologisation » ou de « modernisation », consiste ainsi à déconditionner les disciples, à leur apprendre à disséquer leurs idées pour en découvrir la conventionalité et l’irréalité fondamentales. Cela est présenté comme une méditation bouddhique (l’analyse de la vacuité des phénomènes) et une pratique conforme à la science moderne (en fait au discours postmoderne à la mode, qui aime à « déconstruire »). Cependant, si les ficelles utilisées sont effectivement traditionnelles (la rhétorique des moyens habiles et de l’illusion des phénomènes), il reste que l’objectif visé – c’est-à-dire atteint – n’est autre que le confort matériel de ces maîtres. Car, au-delà des oxymores censés dissimuler la grandeur, que constate-t-on dans les faits ? Le maître vit dans le luxe à la tête d’une très rentable entreprise multinationale. Il n’y a aucune signification cachée sous les paradoxes qu’il déploie. Leurs disciples devraient plutôt continuer à voir les choses telles qu’elles leur apparaissent spontanément, comme y invite d’ailleurs le Bouddha dont on cite sans arrêt les appels au scepticisme, à la raison et à l’autonomie. Ils ont beau revêtir la robe colorée des religieux tibétains, les chefs d’entreprises autoritaires restent des chefs d’entreprises autoritaires. Il ne suffit pas d’y accoler les termes « tibétain », « spirituels », « bouddhistes » ou « modernes » pour qu’ils revêtent automatiquement une invisible dimension mystique.

Ainsi, dans les centres de ce type, les disciples n’apprennent-ils pas le bouddhisme, mais le lama, lui, peut vivre cyniquement dans le matérialisme qu’il condamne. La « modernisation » que mettent en œuvre ces maîtres réformateurs de l’Occident ne sert donc pas, comme ils l’affirment, à adapter le bouddhisme tibétain aux Occidentaux mais plutôt à adapter leur nouveau public, en profitant de son ignorance et de ses attentes, au train de vie qu’ils voudraient pouvoir mener. N’oublions pas que Trungpa et Sogyal Rinpochés sont tous les deux issus de l’aristocratie tibétaine, ruinée et exilée avec l’invasion chinoise, et qu’ils bénéficient tous deux du statut de tülku (successeur d’une lignée de lamas dits « réincarnés »), qui leur confère, par rapport aux autres lamas et a fortiori aux laïcs, une position éminemment supérieure. Ils sont traditionnellement considérés comme des êtres supérieurs auxquels une série d’avantages symboliques et matériels doit être accordée. Seulement, en contexte occidental moderne, où dominent les idéaux d’égalité et de démocratie, ils ne sauraient revendiquer aussi crûment leurs privilèges. Ils doivent donc en passer par le développement et l’enseignement d’une justification ad hoc, qu’ils ont appelée « folle sagesse ». Ces maîtres ne sont donc pas des modernisateurs mais, au sens propre, des mystificateurs. Quant aux Occidentaux qui les suivent aveuglément, ils devraient peut-être s’interroger sur ce que révèle leur propre attitude : que signifie le fait de revendiquer une « spiritualité moderne », rationnelle, individualiste, non contraignante, tout en se pliant aux caprices pseudo-mystiques d’un monarque absolu ? Désirent-ils réellement à échapper à ce qu’ils nomment avec dédain « la religion » ou en cherchent-ils simplement une nouvelle ?

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1) Notamment Donald Lopez, "Prisoners of Shangrila. Tibetan Buddhism and the West", Chicago, University of Chicago Press, 1999, édition française "Fascination tibétaine: du bouddhisme, de l’occident et de quelques mythes", Paris, Autrement, 2003 ; du même auteur, "Buddhism and Science, A Guide for the Perplexed", Chicago, University of Chicago Press, 2010.

2) Chögyam Trungpa, "Pratique de la voie tibétaine : au-delà du matérialisme spirituel", Paris, Seuil, 1976 ; Le mythe de la liberté et la voie de la méditation, Paris, Seuil, 1979, "Shambhala : la voie sacrée du guerrier", Paris, Seuil, 1990 ; "Folle sagesse", Paris, Seuil, 1993 ; "Tantra : la voie de l’ultime", Paris, Seuil, 1996, entre autres. Sogyal Rinpoché, "Le livre tibétain de la vie et de la mort", Paris, La Table Ronde, 1993.

3) Le premier est un moine défroqué, qui, adolescent, eut un fils avec une nonne tibétaine (aujourd’hui devenu chef de son organisation Shambhala). Une fois arrivé en Angleterre, il abandonna sa robe pour épouser une Anglaise de 16 ans, qu’il s’empressa de tromper avec une multitude d’étudiantes. Le second servait d’interprète et d’assistant à Dudjom Rinpoché, l’un des premiers lamas à avoir enseigné en Occident. Sogyal a rompu avec Dudjom parce que ce dernier refusait de le voir vivre dans une promiscuité sexuelle excessive, devenue scandaleuse.

4) Fondée à New York en 1875 par une ancienne médium russe et un journaliste américain adepte du spiritisme, la Société Théosophique a pour but de développer une « Fraternité Universelle » guidée par des « grands maîtres » ou « mahatmas », supposés résider au Tibet. La Société a joué un rôle immense dans la diffusion en Occident des « spiritualités orientales » et dans leur association avec la science. Voir notamment Donald Lopez, "Prisoners of Shangrila", op.cit. ; Janet Oppenheim, "The Other World. Spiritualism and psychical research in England", 1850 – 1914, Cambridge, Cambridge University Press, 1982; Alex Owen, "Places of Enchantment: British Occultism and the Culture of the Modern", Chicago, Chicago University Press, 2004; Peter Washington, Madame Blavatsky’s Baboon. "Theosophy and the Emergence of the Western Guru", Londres, Seker and Warburg, 1993.

5) Voir les témoignages de contemporains : Stephen Butterfield, "The Double Mirror: A Skeptical Journey into Buddhist Tantra", Berkeley, North Atlantic Books, 1994 ; Tom Clark, "The Great Naropa Poetry Wars", Cadmus Editions, 1980 ; Diana Mukpo, "Dragon Thunder : My Life with Chögyam Trungpa", Boston, Shambhala, 2006 ; Ed Sanders, "The Party: A Chronological Perspective on a Confrontation at a Buddhist Seminary, Poetry, Crime, and Culture Press", Woodstock, New York, 1977.

6) Voir notamment l’apologiste français Fabrice Midal, "Trungpa, l’homme qui a introduit le bouddhisme en Occident", Paris, Le Seuil, 2014.

7) Parcours initiatique que j’ai décrit dans ma thèse de doctorat soutenue à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes en décembre 2013 et publiée sous forme de journal d’enquête par les éditions Max Milo en mars 2016.



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