HR : Nous rentrons ici au cœur du sujet. Si vous allez discuter avec un rabbin dans la rue des Rosiers, il va immédiatement vous dire que les juifs aspirent par-dessus tout à l’instauration d’un monde de Paix, un monde dans lequel tous les conflits auront disparu, qu’il s’agisse des conflits sociaux, ou qu’il s’agisse des conflits entre races ou nations. C’est à ce monde de Paix universelle qu’il faut parvenir, parce que ce monde de Paix se confond pour eux avec les temps messianiques. Les auteurs sont ici assez clairs. Voici ce qu’écrit le philosophe Emmanuel Lévinas à ce sujet : « On peut grouper les promesses des prophètes en deux catégories : politique et sociale. L’aliénation qu’introduit l’arbitraire des puissances politiques dans toute entreprise humaine, disparaîtra ; mais l’injustice sociale, l’emprise des riches sur les pauvres disparaîtra en même temps que la violence politique… Quant au monde futur, poursuit-il, notre texte le définit comme l'humanité unie dans un destin collectif. » ("Difficile liberté", 1963, pp. 85-86.)
Le Grand Rabbin du Consistoire central, Jacob Kaplan a rappelé lui aussi dans "Le vrai Visage du judaïsme" (Stock, 1987) le passage célèbre qui est l’une des sources du messianisme juif : « le loup habitera avec la brebis, le tigre reposera avec le chevreau ; veau, lionceau, bélier vivront ensemble et un jeune enfant les conduira. » (Isaïe, XI, 6 à 9). « C’est évidemment une image, ajoute Kaplan, des relations qui s’établiront entre les nations, heureuses de maintenir entre elles l’union et la concorde. »
Dans son livre sur le messianisme, David Banon confirme bien cette vision du monde : « L’ère messianique telle qu’elle a été décrite par l’ensemble des prophètes consiste en la suppression de la violence politique et de l’injustice sociale. »
Les prophéties hébraïques nous promettent donc à la fois une progression de l’humanité vers un monde unifié, et parallèlement à cela, la suppression des inégalités sociales. On reconnaît là évidemment aussi bien les sources primitives du marxisme que celles qui inspirent aujourd’hui notre idéologie planétarienne en ce début de troisième millénaire, et qui, publicité aidant, fait rêver tant de nos concitoyens. Voilà le point central de la vision juive du monde. C’est de là qu’il faut partir si l’on veut comprendre l’univers mental des juifs. Et c’est ce qui explique que les juifs ont toujours le mot « paix » plein la bouche. Leur « combat pour la paix » est incessant.
Un exemple : En mars 2000, Chirac inaugura un « Mur pour la paix » sur le Champ de Mars, conçu par Clara Halter, l’épouse de l’écrivain Marek Halter : c’est une sorte de vestibule de verre, où la petite Clara a écrit le mot « Paix » en trente-deux langues, pour narguer, on imagine, les élèves-officiers de l’école militaire installés juste en face. Ces œuvres ont une signification religieuse que bien peu de goys peuvent déceler.
On peut donc avancer que le concept de « terre promise » ne signifie rien d’autre qu’un espoir de dimension planétaire, où toutes les nations auront disparu. C’est bien ce que nous dit le philosophe Edgar Morin, lorsqu’il écrit : « Nous n’avons pas la Terre promise, mais nous avons une aspiration, un vouloir, un mythe, un rêve : réaliser la Terre patrie. » Et c’est aussi ce dont parle Jacques Attali, dans "L’Homme nomade" : « faire du monde une terre promise. » C’est donc ce monde unifié, pacifié, qui sera la « terre promise ». Mais les textes nous laissent parfois penser que dans l’esprit de certains intellectuels, l’idée est prise au sens littéral : ce serait bien toute la Terre qui leur serait promise ! D’où certains comportement parfois un peu envahissants… [...]
On entend souvent dire que les juifs étaient considérés par les nazis comme une « race inférieure ». Vos recherches, je crois, tendent à démontrer qu’ils auraient plutôt tendance à se considérer eux-mêmes comme « la race supérieure ». Qu’en est-il ?
HR : Je puis vous assurer qu’il existe un orgueil immense d’appartenir au « peuple élu ». Et cet orgueil se combine chez les intellectuels, avec un mépris non moins grand pour les nations sédentaires, considérés, comme très nettement inférieures. Les propos à ce sujet sont innombrables. Voici ce qu’écrivait par exemple Bernard-Henri Lévy, dans le premier numéro du journal Globe en 1985 : « Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, bourrées, binious, bref franchouillard ou cocardier, nous est étranger, voire odieux ». Les « patries en tout genre et leurs cortèges de vieilleries » le dégoûte au dernier degré : tout cela n’est qu’un « repli frileux et crispé sur les identités les plus pauvres ». « Parler patois, danser au rythme des bourrées, marcher au son des binious… tant d’épaisse sottise » l’ « écœure ». (L’Idéologie française, 1981, pp. 212-216).
Le philosophe Emmanuel Lévinas a exprimé lui aussi sa foi dans les vertus du déracinement et du nomadisme. Pour lui, la plus grande arriération, assurément, est celle que représentent les civilisations païennes de l’antiquité : « Le paganisme, écrit-il, c’est l’esprit local : le nationalisme dans ce qu’il a de cruel et d’impitoyable. Une humanité forêt, une humanité pré-humaine. » Assurément, tout cela ne vaut pas le génie des bédouins du désert : « C’est sur le sol aride du désert où rien ne se fixe, que le vrai esprit descendit dans un texte pour s’accomplir universellement… La foi en la libération de l’homme ne fait qu’un avec l’ébranlement des civilisations sédentaires, avec l’effritement des lourdes épaisseurs du passé… Il faut être sous-développé pour les revendiquer comme raison d’être et lutter en leur nom pour une place dans le monde moderne. »
Il ne suffit donc pas à ces intellectuels de nous raconter n’importe quoi, de nous endormir avec les droits de l’homme, de nous ligoter les mains dans le dos avec les lois répressives, et de nous injecter dans les veines un corps étranger. Il faut aussi qu’ils nous glissent à l’oreille leur mépris pour nos vieilles cultures. Mais le mépris ne semble pas apaiser complètement leur esprit de vengeance. Il faut encore qu’ils nous insultent et nous crachent au visage : « ignorants, xénophobes, paranoïaques, stupides, délirants, etc. » : voilà ce que nous sommes. Dans La Vengeance des Nations (1990), Alain Minc, qui nous explique les bienfaits de l’immigration, nous assure que c’est « l’ignorance qui alimente la xénophobie » (p. 154), qu’il faut donc « lutter contre le délire xénophobe » et en finir avec cette « paranoïa française » (pp. 208). Et pour ce faire, Alain Minc propose de favoriser systématiquement les immigrés par rapport aux Français sur le modèle américain. Comme le proclame le très médiatique Michael Moore, aux Etats-Unis, dans son livre sorti en 2002, ce n’est plus vraiment la peine de prendre de gants avec ces "Stupid White Men" (c’est le titre du livre), puisqu’ils ne comprennent rien à rien à ce qui leur arrive.
Et je ne vous récapitulerai pas ici de tous ces films innombrables dans lesquels les cinéastes cosmopolites semblent assouvir leur vengeance contre la civilisation chrétienne et l’homme blanc en général. Il me paraît évident, au regard de toute cette logorrhée, que ces gens-là nous haïssent. S’ils étaient fluorescents, clignotants ou s’ils portaient un gyrophare sur le tête, on y verrait un peu plus clair !
Comment expliquez-vous ce sentiment manifeste de vengeance, alors que les textes religieux tendent vers la paix universelle ? D’où vient cette vengeance dont vous parlez ?
HR : L’esprit de vengeance se retrouve dans de très nombreux textes. Il transparaît sous la plume de romanciers comme Albert Cohen, dans Frères humains, ou chez Patrick Modiano (La Place de l’Etoile).
Le grand Gourou américain du courant afro-centriste, Martin Bernal, qui est un « blanc », lui aussi, a lui aussi évoqué ce sentiment : « Mon but est de réduire l’arrogance intellectuelle des Européens. » Maintenant, si l’on se plonge dans un passé plus lointain, on peut se rendre compte que ces permanences ont traversé les siècles sans prendre une seule ride.
Au début du XVIe siècle, par exemple, Rabbi Chlomo Molkho, qui était considéré par de nombreux juifs comme une figure messianique, écrivit ses visions prophétiques très révélatrices dans lesquelles on retrouve l’idée d’une « vengeance contre les peuples » qui va s’accomplir. Il nous assure aussi que « les étrangers seront brisés » et que « les nations trembleront. » (Moshe Idel, "Messianisme et mystique", 1994, pp. 65-66). Et Moshe Idel fait ce commentaire : « le poème de Molkho évoque clairement l’avènement d’une double vengeance : contre Edom et contre Ismaël », c’est-à-dire contre la chrétienté et l’islam, puis ajoute un peu plus loin : « Dieu révèle non seulement comment lutter contre le christianisme… mais encore comment briser la force du christianisme pour qu’advienne la Rédemption. » (page 48). C’est clair, non ?
On peut trouver ce type de délire prophétique chez bien d’autres personnages historiques juifs, tel cet Isaac Abravanel (Editions du Cerf, Paris, 1992), qui était le chef de la communauté juive d’Espagne avant l’expulsion de 1492, et qui devint un des héros mythique des Juifs d’origine ibérique. Il a lui aussi exprimé très explicitement la vengeance du peuple d’Israël contre la chrétienté et appelait déjà « toutes les nations à monter vers la guerre contre le pays d’Edom » (vision d’Obadia, dans la Genèse 20, 13) (page 256).
Pour ceux qui s’interrogent encore sur les raisons de cette haine séculaire, voici une petite explication : « Il est proche le jour où l’éternel tirera vengeance de toutes les nations qui ont détruit le Premier Temple et qui ont asservi Israël dans l’exil. Et à toi aussi, Edom, comme tu as fait lors de la destruction du Second Temple, tu connaîtras le glaive et la vengeance. (Obadia)… Toute délivrance promise par Israël et associé à la chute d’Edom. » [Lamentations 4, 22] (page 276).
Cette haine vengeresse de vingt siècles a été aussi exprimée par le philosophe Jacob Talmon, qui écrit aussi en 1965 : « Les Juifs ont des comptes sanglants et très anciens à régler avec l’Occident chrétien. » Pierre Paraf, l’ancien président de la LICA (Ligue contre l’antisémitisme), rappelle, par la voix d’un personnage de son roman réédité en l’an 2000 : « Tant de nos frères, marqués de la rouelle, gémissent sous le fouet du chrétien. Gloire à Dieu ! Jérusalem les réunira un jour ; ils auront leur revanche ! » 2000 ans de haine ! Il faut croire que ces gens-là ont la rancune tenace !