Les conseils de lecture de Pierre Yves Lenoble
Bibliographie perennialiste :
- Burckhardt Titus, Principes et méthodes de l'art sacré, Dervy, 1995.
Les historiens de lart, qui appliquent le terme d « art sacré » à nimporte quelle oeuvre artistique à sujet religieux, oublient que lart est essentiellement forme : pour quun art puisse être appelé
« sacré », il ne suffit pas que ses sujets dérivent dune vérité spirituelle, il faut aussi que son langage formel témoigne de la même source. Seul un art dont les formes mêmes reflètent la vision spirituelle propre à une religion donnée, mérite cette épithète. Plus de soixante ans se sont écoulés depuis la parution en français de ce texte magistral, traduit en plus de 10 langues à travers le monde.
Titus Burckhardt a été le premier à présenter dans un seul ouvrage le cœur et lessence des grandes formes traditionnelles dart sacré tant dOrient que dOccident. Il a produit une synthèse et une source féconde à laquelle beaucoup de spécialistes viennent continuellement puiser.
Cette anthologie réunit, pour la première fois dans leur version intégrale et pour la plupart inédits en français, les essais majeurs de l'historien d'art et métaphysicien, Ananda Coomaraswamy, sur le symbolisme et l'architecture sacrée aussi bien en Orient que dans l'Occident médiéval. Centrés autour d'un thème essentiel, la Porte du Soleil ou Porte du Ciel, qui permet à l'être de sortir du cosmos et d'accéder à la connaissance divine, et fruits de plus de trente années de recherches, entreprises en Inde puis aux Etats-Unis, alors qu'il animait à Boston le premier département d'art oriental constitué sur le sol américain, ces articles présentent une synthèse sans précédent révélant l'unité fondamentale des traditions aussi bien que leur permanente actualité. Utilisant une information considérable couvrant les principales traditions révélées (et tout particulièrement l'hindouisme, le bouddhisme et le christianisme) mais aussi le folklore mondial, l'auteur dégage les principes, les symboles et les mythes essentiels qui, partout, ont présidé à l'édification des temples dans les civilisations traditionnelles. Il montre comment ceux-ci se sont articulés avec la vie spirituelle de l'humanité depuis ses origines à nos jours et quelle perte leur abandon constitue pour l'humanité. Préfacé par le professeur Adrian Snodgrass, spécialiste de renommée internationale en architecture et histoire de l'art oriental, cet ouvrage érudit est une véritable ouverture à cette " pensée symbolique " qui précède le langage et la raison discursive et qui se retrouve un peu partout sur notre globe.
« sacré », il ne suffit pas que ses sujets dérivent dune vérité spirituelle, il faut aussi que son langage formel témoigne de la même source. Seul un art dont les formes mêmes reflètent la vision spirituelle propre à une religion donnée, mérite cette épithète. Plus de soixante ans se sont écoulés depuis la parution en français de ce texte magistral, traduit en plus de 10 langues à travers le monde.
Titus Burckhardt a été le premier à présenter dans un seul ouvrage le cœur et lessence des grandes formes traditionnelles dart sacré tant dOrient que dOccident. Il a produit une synthèse et une source féconde à laquelle beaucoup de spécialistes viennent continuellement puiser.
- Cohn Norman, Cosmos, chaos et le monde qui vient, Allia, 2000
- Coomaraswamy A. K., La Porte du Ciel. Essai sur la métaphysique de l’architecture traditionnelle, Dervy, 2008
- Coomaraswamy A. K., La signification de la mort, Archè, 2001
- Corbin H., Corps spirituels et terres célestes, Buchet Chastel, 2005
- Corbin H., Face de Dieu, face de l'homme, Entrelacs, 2008
Henry Corbin a su montrer au fil de ses travaux quelle était l'importance de la figure de l'Imâm en islam iranien. Dans les articles qui composent ce recueil, il poursuit cette mise en évidence de l'Imâm : le guide, qui est à la fois " la Face divine montrée à l'homme et la Face que l'homme montre à Dieu ". Mais cette exploration le conduit bien au-delà de l'Iran, car cette double figure vient aussi interroger les autres religions, et en particulier les théologies chrétiennes de l'Incarnation. Selon Henry Corbin, on ne peut vraiment comprendre l'intention profonde de l'islam iranien, sans procéder à une herméneutique comparée, impossible sans le monde " imaginal " sur lequel l'ouverture du recueil fait ici le point de façon complète. Ainsi pourra-t-on lire un de ses chefs-d'oeuvre en ce domaine : l'éclairage mutuel de la gnose ismaélienne et de la pensée du grand visionnaire suédois Swedenborg. Sans déconnecter la métaphysique des sciences des religions, le voyage nous dévoile le sens de ces philosophies prophétiques, de ces théosophies mystiques.
- De Lafont G., Les Aryas de Galilée, E. Leroux, 1902
- Durand G., Les structures anthropologiques de l'imaginaire, Bordas, 1979
Gilbert Durand, disciple de Bachelard, souhaitait en concevant cet ouvrage compléter "anthropologiquement" les recherches inaugurées par l'auteur de "la psychanalyse du feu". Son livre est devenu la référence de tous les travaux sur les mythes : une sorte de "jardin" des images, ordonné comme la botanique de Linné, un merveilleux répertoire organisé autour des grands schémas structuraux.
- Eliade M., Traité d’histoire des religions, Payot, 1949
Qu'est-ce qu'un fait religieux et que révèle-t-il ? Qu'est-ce que le sacré ? Quel est l'idéal de l'homme religieux ? Une fois de plus, Mircea Eliade (1907-1986) met son érudition et sa puissance intellectuelle synthétique au service du lecteur pour l'éclairer sur les religions du monde entier, leur signification et leur histoire. Préface de Georges Dumézil.
- Eliade M., Le sacré et le profane, Gallimard, 1965
- Evola J., Métaphysique du sexe, L'Âge d'Homme, 1989
- Evola J., L'Arc et la Massue, Pardès, 1984
Par les mots " arc " et " massue ", l'auteur a voulu désigner les deux principaux domaines traités dans ce recueil d'essais. Partant toujours des mêmes principes, Evola étudie des problèmes très différents. Avec l'" arc " on atteint des objets éloignés, et sous cet aspect l'ouvrage aborde des questions d'ordre supérieur, comme celles des relations entre l'Orient et l'Occident, de la notion d'initiation, de l'essence des mythes et des symboles de la signification de la romanité, des voies de l'action et de la contemplation, etc. Avec la " massue " on frappe et on abat des objets proches et il s'agit alors des essais contenant une critique radicale et une prise de position sur différents phénomènes des mœurs et de la société contemporaines. Le lecteur y trouvera donc étudiés des problèmes actuels, très courants et à la portée de tous, mais envisagés selon des points de vue inhabituels, anticonformistes et se rapportant à une conception supérieure de la vie et de l'homme.
- Fabre d’Olivet A., Histoire philosophique du genre humain (2 vol.), Éditions Traditionnelles, 1991
- Fabre d’Olivet A., Lettres à Sophie sur l’Histoire, L’Âge d’Homme, 2010
- Fustel de Coulanges, La cité antique, Hachette, 1866
- Georgel G., Les Rythmes dans l’Histoire, Archè, 1981
Commentaire de Dawud Abû Salmân
Gaston Georgel est historien et écrivain. Né le 25 mars 1899 au Tholy dans les vosges, il a vécu essentiellement en Franche-Comté (Belfort-France). Il est peu connu dans son propre pays, mais ces ouvrages et son travail sont appréciés au Brésil, en Russie, en Hongrie, aux Etats-Unis et dans d'autres régions du monde également.
On lui doit notamment les autres livres suivants :
- Les quatre âges de l'humanité ;
- Chronologie des derniers temps ;
- Le cycle judéo-chrétien ;
- L'Ère future et le mouvement de l'histoire.
- Gimpel J., Les bâtisseurs de cathédrales, Seuil, 1958
- Gougenot Des Mousseaux R., Dieu et les dieux, Saint-Rémi, 2007
Le Beth-el (la pierre-Dieu, initialement bénie par Jacob qui la désigne comme Le Messie), adopté par les idolâtres, avons-nous dit, poursuivit avec rapidité le cours des nombreuses et des incessantes variations auxquelles est fatalement condamnée l'erreur. En interrogeant ses monuments et ses chroniques, en y plongeant, en soulevant ou en déchirant, les rideaux épais de ses fables, nous rencontrons comme en Palestine, Beth-aven ou maisons de mensonge, et chefs matériels des Dieux.
- Guénon R., Le Roi du Monde, Gallimard, 1958
- Guénon R., Symboles fondamentaux de la science sacrée, Gallimard, 1962
Le présent recueil réunit tous les articles concernant le symbolisme que René Guénon n'avait pas lui-même inclus dans l'un de ses ouvrages. Il constitue la partie la plus importante de ses travaux dans ce domaine, et vient illustrer en quelque sorte la doctrine qu'il a exposée dans toute son œuvre, tout en offrant ce qu'on pourrait appeler les moyens d'une universelle vérification dans la multitude innombrable mais concordante de données sacrées provenant des traditions les plus diverses. Malgré tout ce que l'auteur avait déjà traité en cette matière dans ses autres livres, ce volume constitue un trésor unique de science symbolique et restera comme un véritable monument de l'intellectualité sacrée.
- Guénon R., Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Gallimard, 1972
- Gusdorf G., Mythe et Métaphysique, Flammarion, 1984
Comment est née la conscience philosophique ? Dans quelle mesure le mythe y a-t-il contribué ? Y a-t-il de l'un à l'autre rupture ou continuité ? Nourri des travaux de Bachelard, Lévi-Strauss, Dumézil, Eliade, salué à sa sortie par le grand historien des Annales Lucien Febvre, Mythe et métaphysique explore un continent resté longtemps inexploré de la pensée philosophique. Loin d'être une sorte de légende, de récit d'un savoir inférieur, le mythe possède une rationalité qui en fait un maillon essentiel dans l'histoire humaine. Un grand texte philosophique qui fait du mythe une « métaphysique première » adaptée à un moment de la conscience humaine.
- Huxley A., La philosophie éternelle, Plon, 1948
Huxley, qui fit le tour du monde en sceptique et expérimenta les drogues en documentaliste, s'est défendu du pessimisme par ces deux formes de l'intelligence que sont l'ironie et le savoir. Cette anthologie de brefs textes de sages et de saints du monde entier, librement commentés, en est un très bel exemple. Des Vedas aux patriarches zen, en passant par saint Augustin ou des mystiques musulmans, Aldous Huxley explique les propos d'hommes et de femmes qui ont obtenu une connaissance immédiate de la réalité et ont tenté d'y rattacher un système de pensée englobant tous les autres faits de l'expérience. Ainsi explore-t-il avec eux la question de Dieu, celle de la charité, de la connaissance de soi, de la grâce et du libre-arbitre, du silence, de la prière, etc. – autant de thèmes de la philosophia perennis, la philosophie éternelle.
- Ibn Khaldûn, Discours sur l’Histoire universelle – Al-Muqaddima, Sindbad, 1997
- Lacombe O., L'Absolu selon le Védânta, Geuthner, 1966
- Leenhardt M., Do kamo, Gallimard, 1947
L'auteur nous entraîne au long des sentiers canaques qu'il a longuement parcourus, au travers de la pensée des insulaires, de leur notion d'espace, de temps, de société, de parole, de personnage, et jusqu'à leur évolution moderne, où l'on voit, du travail d'individuation de la personne, se dégager les éléments structurels de leur mentalité, qui sont mythe et rationalité. Et l'on comprend alors ce que le Canaque entend lorsqu'il désigne do kamo, l'homme dans son authenticité.
- Le Bon G., Bases scientifiques d’une Philosophie de l’Histoire, Flammarion, 1931
- Levalois C., Les temps de confusion, Trédaniel, 1991
- Müller M., Essai de mythologie comparée, A. Durand, 1859
- Phaure J., Le cycle de l’humanité adamique, Dervy, 1973
Cet ouvrage de référence est une vaste synthèse qui présente la doctrine traditionnelle des cycles développée et appliquée à notre temps. La cyclologie, ou théorie du temps cyclique, est une conception que l'on retrouve dans la plupart des sociétés archaïques. Selon cette vision, l'écoulement du temps n'est pas linéaire, l'histoire passant pour obéir éternellement à des cycles immuables amenant un retour périodique de l'humanité face aux mêmes situations, cycles dont la durée varie selon les traditions. La plus répandue et la plus ancienne des conceptions cycliques est la mesure védique du temps en quatre âges, encore développée aujourd'hui dans l'hindouisme et le bouddhisme. Le cycle complet dure 12 000 ans environ et débute par un Age d'Or, période où l'homme possède la connaissance spirituelle et vit dans une harmonie parfaite. Puis continence le déclin (perte progressive de la connaissance) qui, en passant par l'Age d'Argent puis l'Age de Bronze, aboutit à l'Age de Fer (Kali Youga) où triomphent l'ignorance, l'égoïsme et le mal. Une conflagration (sous la forme d'un cataclysme cosmique, de guerres ou autre) purifie ensuite l'humanité pour permettre le commencement d'un nouveau cycle, donc d'un nouvel Age d'Or. Bien qu'elle soit en contradiction avec les doctrines judéo-chrétiennes qui véhiculent une vision linéaire du temps, de la Création et de la fin du inonde, la cyclologie s'est perpétuée jusqu'à nos jours, véhiculée par divers courants philosophiques. A l'aide de cette théorie, Jean Phaure a la vertu de nous faire comprendre que ce que nous vivons et la fin de cycle qui nous attend n'arrivent pas pour la première fois et ont déjà eu lieu avec des intensités différentes ; c'est un perpétuel recommencement.
- Schelling F.-W., Introduction à la philosophie de la mythologie (2 vol.), Éd. Montaigne, 1945
En dépit de l'apparente diversité de leurs objets, les deux parties qui composent cette Introduction à la philosophie de la mythologie traduisent un unique dessein : opposer à la dialectique hégélienne alors triomphante une dialectique plus authentique, car reconduite à sa source grecque - chez Platon, mais aussi, de manière plus inattendue, chez Aristote. La première partie applique cette méthode à la mythologie, et, après avoir fait s'effondrer les différentes «explications» de celle-ci, débouche sur l'historicité radicale du processus au long duquel, dans la métamorphose réglée des dieux, se constitue la «religion sauvage» de l'humanité. La seconde partie va soumettre au travail dialectique le contenu le plus immédiat de la pensée, l'idée de l'Être (ou de l'Étant, comme préfère dire Schelling, là encore fidèle aux Grecs), dont la patiente et minutieuse déconstruction dégagera le noyau caché, l'acte pur d'exister, que la raison ne peut plus contenir et qu'elle doit poser hors d'elle-même comme le point de départ d'une philosophie encore inouïe - la philosophie positive.
- Servier J., L’Homme et l’Invisible, Laffont, 1964
Jean Servier remet en question les dogmes évolutionniste et matérialiste qui fondent - bien mal - la civilisation occidentale et ne visent qu'à calmer l'angoisse de l'homme blanc et à justifier son racisme.
Si l'on repousse les idées toutes faites et jamais vérifiées de certains savants, les hommes apparaissent égaux en pensée d'un bout à l'autre de l'espace et du temps, et de fait, plus soucieux des choses invisibles que des biens de ce monde. Ils croient tous à la survie d'un principe invisible, l'âme, après la mort charnelle. Partout réside la même volonté de considérer l'invisible. comme la seule vraie patrie humaine, la seule dimension à l'échelle de l'homme.
Face à ces certitudes, notre Occident. en cette fin de siècle, est en proie à une grande peur, qui reflète notre peur de la mort, car l'aventure humaine nous est désormais étrangère.
Apprenons à écouter la voix des sages en haillons qui peuvent encore nous dévoiler leur immense richesse spirituelle. Apprenons à lire dans les humbles traces laissées parles pieds nus de nos frères le mot dé passe de toutes les initiations : ce mot est Univers, sa réponse Homme. C'est la Parole que nous avons perdue...
- Vico G., La Science Nouvelle, Fayard, 2001 -Weininger O., Sexe et caractère, L'Âge d'Homme, 1975
Cet ouvrage classique de la pensée italienne fait date dans l'histoire de la philosophie et de la culture européennes : il marque, à la fin des Lumières, le moment où la réflexion s'émancipe des prétendues «lois éternelles» pour reconnaître son enracinement dans l'esprit strictement humain comme sa dépendance à l'égard de l'histoire. Cette dernière est bien désormais l'objet de la science et il s'agit d'en découvrir les lois intimes. L'histoire n'est ni un destin aveugle ni un produit du hasard, mais un processus rationnel. C'est dans cette perspective que Vico passe en revue les différentes époques dont l'interprétation donne sens au présent : temps primitif et mythique, antiquité, etc. En même temps, Vico analyse les progrès corrélatifs du droit et de l'État.
- Voltaire, Dictionnaire philosophique.