Dans le Nord, où les délocalisations
industrielles sont à l'origine du chômage de masse, des activistes
accusent le pouvoir maçonnique. Photo d'une rue de Berck (62).
Le
8 juin 1918, à un des moments les plus graves de la guerre, un
rapport du maître d'une loge maçonnique, le frère
Poux, expose la doctrine politique de la franc-maçonnerie :
« Le
Conseil de l'Ordre, respectueux de la liberté de tous, entend
laisser aux parlementaires francs-maçons leur pleine indépendance
et ne s'immiscer en rien dans l'action
politique de ces élus qui , après tout, ne relèvent que de leurs
électeurs... Nous sommes trop respectueux nous-mêmes des libertés
de chacun pour établir un projet d'organisation qui ferait fi de
l'indépendance d'un maçon quelconque. Nous savons que la
franc-maçonnerie n'est pas une institution politique et que, par
conséquent, le contrôle des hommes politiques n'est pas de son
ressort. Avec le Conseil de l'Ordre, nous
proclamons donc que nous voulons laisser aux électeurs seuls le
droit de demander des comptes à leurs élus ».
« Mais
si la Franc-Maçonnerie n'est pas une institution politique, écrit
ironiquement Robert Vallery-Radot, elle est « une institution
essentiellement philanthropique et philosophique ».
Les
articles 2 et 3 de la constitution nous expliquent d'ailleurs en quoi
consiste l'esprit philanthropique indiqué dans l'article 1er comme
le premier des devoirs maçonniques, poursuit Valléry-Radot.
1
°) La franc-maçonnerie a pour devoir d'étendre à toute l'humanité
les liens fraternels qui unissent les francs-maçons sur toute la
surface du globe (article 2).
2
°) Le Franc-maçon a pour devoir en toutes circonstances d'aider,
d'éclairer, de protéger son frère, même au péril de sa vie et de
le défendre contre l'injustice (article 3) ».
Et
le frère Poux voit dans ce devoir de solidarité l'essentiel de
l'esprit maçonnique.
Mais
comment les parlementaires maçons l'exerceront-ils ?
« On
peut affirmer sans risquer aucune contestation, raisonne le frère
Poux, que chaque parlementaire doit à ses électeurs, non seulement
le vote des lois nécessaires au pays, mais le redressement des torts
et des injustices qui pourraient atteindre ses concitoyens.
Les
parlementaires qui sont de plus maçons ont ainsi des obligations
doubles, d'abord celles qui leur sont communes avec tous les
parlementaires, et ensuite , « celles qu'ils ont
contractées avec la maçonnerie, c'est-à-dire celles qui résultent
de l'obligation bleue qu'ils ont signée et de leur adhésion pleine
et entière à la constitution maçonnique en général, et par
conséquent aux art. 1, 2, 3 de cette constitution...
La
conséquence indiscutable en est donc celle-ci : le parlementaire
franc-maçon se doit à ses électeurs en tant que parlementaire ; il
se doit à tous les francs-maçons en tant que franc-maçon ».
Et
le frère Poux préconise pour les parlementaires maçons vivant à
Paris, la fréquentation obligatoire des réunions de loges sur
convocation du Conseil de l'Ordre. »
Robert Vallery-Radot