jeudi, octobre 27, 2022

Ramzan Kadyrov appelle à "désataniser" l'Occident


Ramzan Kadyrov appelle au Jihad, à la guerre sainte, et à "désataniser" l'Occident. Il déclare que Poutine est le chef de la coalition ayant le devoir de détruire Satan !

Ramzan Kadyrov écrit dans Telegram

"J'utilise le mot "satanisme" pour une raison. En effet, là-bas, en Occident, le satanisme agit ouvertement contre la Russie. 

La démocratie satanique, c'est quand les droits des athées sont protégés, mais que ceux des croyants sont offensés. Ou lorsque les couples traditionnels sont privés d'enfants et des enfants transférés dans des familles homosexuelles ; intentionnellement du même sexe, ce n'est pas par hasard. Et en Europe, ils l'ont avalée (la démocratie satanique). Ils la considèrent moderne, civilisée. Plus le sujet "en dessous de la ceinture" est libéré, mieux c'est pour eux. Et je vois la décadence et le satanisme là-dedans. Et je préfère la combattre dans l'œuf là-bas plutôt que de laisser cette abomination envelopper notre patrie ici.

Aujourd'hui, l'État et le président ont besoin de nous. Par conséquent, tout d'abord, je lance un appel aux Caucasiens : souvenez-vous du rassemblement à Grozny contre les caricatures de notre bien-aimé Prophète  
(Formule d'eulogie en islam). Vous êtes venus nombreux à cette manifestation pour exprimer votre mécontentement... Les mêmes forces qui ont insulté le meilleur des hommes  se battent maintenant contre nous en Ukraine, ou plutôt, elles se battent déjà sur la terre de notre Russie. Les manifestants de Grozny ont menacé d'aller en Europe et de s'occuper des contrevenants. Où sont ces héros ? Un musulman qui se respecte ne cherchera pas d'excuses.

Wallah, c'est le Jihad !

Et nos commandants tchétchènes ont décidé de ne pas seulement se défendre, mais d'attaquer. Détruisez ces shaitans, peu importe où ils se trouvent et comment ils se cachent. Alors, attendez vous à de bonnes nouvelles. Il y aura de bonnes nouvelles."


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Beaucoup de musulmans, plus de 10 millions peut-être 15, sont Français ; "20 millions", affirme le sociologue et ancien ministre Azouz Begag. De plus, chaque jour des Français rejettent le mammonisme et se convertissent à l'islam. Il faut l'admettre, la France est également musulmane, c'est le constat fait par le journaliste Claude Askolovitch.

En France, les personnes en quête de l'Absolu islamique et qui refusent la prédation matérialiste des insatiables adorateurs de Mammon-Satan, seront-elles réceptives à l'appel au djihad de Ramzan Kadyrov ?

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Historiquement, écrit Julius Evola, il faut souligner que la tradition islamique est en quelque sorte l’héritière de la tradition perse, l’une des plus hautes civilisations indo-européennes. 

La conception mazdéenne originelle de la religion comme militia sous le signe du « Dieu de Lumière », et de l’existence sur la terre comme une lutte incessante pour arracher êtres et choses au pouvoir d’un anti-dieu, est le centre de la vision perse de la vie. Il faut la considérer comme la contrepartie métaphysique et le fond spirituel des exploits guerriers dont l’apogée fut l’édification perse de l’empire du « Roi des rois ». Après la chute de la grandeur perse, certains échos de cette tradition subsistèrent dans le cycle de la civilisation arabe médiévale, sous des formes plus matérielles et parfois exaspérées, mais sans jamais annuler effectivement le motif originel de spiritualité.

Ici nous nous référerons à des traditions de ce genre surtout parce qu’elles mettent en relief un concept très utile pour éclairer ultérieurement l’ordre des idées que nous nous proposons d’exposer. Il s’agit du concept de la grande guerre sainte, distincte de la « petite guerre », mais en même temps liée à cette dernière selon une correspondance spéciale. La distinction se base sur un hadith du Prophète, qui, revenant d’une expédition guerrière aurait déclaré : « Nous sommes revenus de la petite guerre sainte à la grande guerre sainte ».

La petite guerre, ici, correspond à la guerre extérieure, à la guerre sanglante qui se fait avec des armes matérielles contre l’ennemi, contre le « barbare », contre une race inférieure devant laquelle on revendique un droit supérieur ou, enfin, quand l’entreprise est dirigée par une motivation religieuse, contre « l’infidèle ». Pour aussi terribles et tragiques qu’en puissent être les accidents, pour aussi monstrueuses qu’en puissent être les destructions, il n’en reste pas moins que cette guerre, métaphysiquement, est toujours la « petite guerre ». La « grande guerre sainte » est au contraire d’ordre intérieur et immatériel, c’est le combat qui se mène contre l’ennemi, ou le « barbare », ou « l’infidèle » que chacun abrite en soi et qu’il voit surgir en soi au moment où il veut assujettir tout son être à une loi spirituelle. En tant que désir, tendance, passion, instinct, faiblesse et lâcheté intérieure ennemi qui est dans l’homme doit être vaincu, brisé ans sa résistance, enchaîné, soumis à l’homme spirituel : telle est la condition pour atteindre la libération intérieure, la « paix triomphale » qui permet de participer à ce qui est au-delà de la vie comme de la mort.

C’est simplement l’ascétisme – dira-t-on. La grande guerre sainte est l’ascèse de tous les temps. Et quelqu’un sera tenté d’ajouter : c’est la voie de ceux qui fuient le monde et qui, avec l’excuse de la lutte intérieure, se transforment en un troupeau de poltrons pacifistes. Ce n’est rien de tout cela. Après la distinction entre les deux guerres, leur synthèse. C’est le propre des traditions héroïques que de prescrire la « petite guerre », c’est-à-dire la guerre vraie, sanglante, comme instrument pour la « grande guerre sainte » ; au point que, finalement, les deux ne deviennent qu’une seule et même chose.

C’est ainsi que dans l’Islam « guerre sainte » – jihâd et « voie de Dieu » – sont indifféremment utilisés l’un pour l’autre. Qui se bat est sur la « voie de Dieu ». Un célèbre hadith très caractéristique de cette tradition, dit :

« Le sang des Héros est plus près du Seigneur que l’encre des sages et les prières des dévots » Ici aussi, comme dans les traditions dont nous avons déjà parlé comme dans l’ascèse romaine de la puissance et dans la classique "mors triumphalis", l’action assume l’exacte valeur d’un dépassement intérieur et d’accès à une vie délivrée de l’obscurité, du contingent, de l’incertitude et de la mort.

En d’autres termes, les situations, les risques, les épreuves inhérentes aux exploits guerriers provoquent l’apparition de « l’ennemi » intérieur, qui, en tant qu’instinct de conservation, lâcheté ou cruauté, pitié ou fureur aveugle, surgit comme ce qu’il faut vaincre dans l’acte même de combattre l’ennemi extérieur. Ceci montre que le point décisif est constitué par l’orientation intérieure, la permanence inébranlable de ce qui est esprit dans la double lutte : sans précipitation aveugle, ni transformation en une brute déchaînée, mais, au contraire, domination des forces les plus profondes, contrôle pour n’être jamais entraîné intérieurement, mais rester toujours maître de soi, et cette maîtrise permet de s’affirmer au-delà de toutes limites. Nous aborderons plus avant une autre tradition où cette situation est représentée par un symbole très caractéristique : un guerrier et un être divin impassible, qui, sans combattre, soutient et conduit le soldat, à côté duquel il se trouve sur le même char de combat. C’est la personnification de la dualité des principes que le véritable héros, dont les émanations ont toujours quelque chose de ce sacré dont il est porteur.

Dans la tradition islamique, on lit dans un de ses textes les plus importants: « combat dans la voie de Dieu (c’est-à-dire dans la guerre sainte) celui qui sacrifie la vie terrestre pour celle de l’au-delà ; car à celui qui combat dans la voie de Dieu et sera tué, ou vainqueur, nous donnerons une immense récompense ». La prémisse métaphysique selon laquelle il est prescrit : « Combattez selon la guerre sainte ceux qui vous feront la guerre ». « Tuez-les partout où vous les trouverez et écrasez-les. Ne vous montrez pas faibles et n’invitez pas à la paix » car « la vie terrestre est seulement un jeu et un passe-temps » et « qui se montre avare, n’est avare qu’avec soi-même ». Ce dernier principe est évidemment à prendre comme un fac-similé de l’évangélique : « Qui veut sauver sa propre vie la perdra et qui la perdra la rendra réellement vivante », confirmé par cet autre passage : « Et que, vous qui croyez, quand il vous fut dit : « Descendez à la bataille pour la guerre sainte » vous êtes restés immobiles ? Vous avez préféré la vie de ce monde à la vie future », puisque : « vous attendez de nous une chose, et non les deux suprêmes, victoire ou sacrifice ? ».

Cet autre passage est digne d’attention : « La guerre vous a été ordonnée, bien qu’elle vous déplaise. Mais quelque chose qui est bon pour vous peut-il vous déplaire, et vous plaire ce qui est mauvais pour vous : Dieu sait, alors que vous vous ne savez pas », qui est très proche de : « Ils préférèrent être parmi ceux qui restèrent : une marque est incisée dans leur cœur, aussi ne comprennent-ils pas. Mais l’Apôtre et à eux qui croient avec lui combattent avec ce qu’ils ont et avec leur propre personne: à eux récompenses – et ce sont eux qui prospéreront – dans la grande félicité ».

Ici nous avons une sorte d’"amor fati", une intuition mystérieuse, évocation et accomplissement héroïque du destin, dans l’intime certitude que, quand il y a « intention juste », quand l’inertie et la 
lâcheté sont vaincues, l’élan va au-delà de la propre vie et de celle des autres, au-delà de la félicité et de l’affliction, guidé dans le sens d’un destin spirituel et d’une soif d’existence absolue, donnant alors naissance à une force qui ne pourra manquer le but absolu. La crise d’une mort tragique et héroïque devient contingence sans intérêt, ce qui, en termes religieux, est exprimé ainsi : « Ceux qui seront tués dans la voie de Dieu (ceux qui mourront en combattant la guerre sainte) leur réalisation ne sera pas perdue. Dieu les guidera et disposera de leur âme. Il les fera entrer dans le paradis qu’il leur a révélé ».

Ainsi le lecteur se trouve-t-il ramené aux idées […] qui sont basées sur les traditions classiques ou nordico-médiévales, concernant une immortalité privilégiée réservée aux héros, les seuls qui, selon Hésiode, habitent les îles symboliques où se déroule une existence lumineuse et intangible à l’image de celle des Olympiens. Dans la tradition islamique il y a de fréquentes allusions au fait que certains guerriers, morts dans la « guerre sainte », ne seraient en vérité jamais morts, assertion nullement symbolique, et encore moins à rapprocher de certains états surhumains séparés des énergies et des 
destinées des vivants. Il n’est pas possible d’entrer dans ce domaine, qui est plutôt mystérieux, et exige des références qui n’intéressent pas la nature de cette étude. Il est certain qu’aujourd’hui encore, et précisément en Italie, les rites par lesquels une communauté guerrière déclare « présents » les camarades morts au champ d’honneur, ont retrouvé une force singulière. Qui part de l’idée que tout ce qu’un processus d’involution a, de nos jours, doté d’un caractère allégorique et au maximum éthique, avait à l’origine une valeur de réalité (et tout rite était action et non simple cérémonie) doit penser que les rites guerriers actuels peuvent être matière à méditation et à rapprocher du mystère contenu dans l’enseignement dont nous avons parlé : l’idée de héros qui ne sont pas vraiment morts, comme celle de vainqueurs qui, à l’image du César romain, restent « vainqueurs perpétuels » au centre d’une lignée. 

Nous achèverons cette rapide étude, consacrée à la guerre comme valeur spirituelle, en nous référant à une dernière tradition du cycle héroïque indo-européen, celle de la Bhagavad-Gîtâ, le plus célèbre texte peut-être de l’antique sagesse hindoue, essentiellement écrit pour la caste guerrière.

Son choix n’est pas arbitraire et ne doit rien à l’exotisme. Comme la tradition islamique nous a permis de formuler, dans l’universel, l’idée de la « grande guerre » intérieure, contrepartie possible et âme d’une guerre extérieure, la tradition transmise par le texte hindou nous permettra d’encadrer définitivement notre sujet dans une vision métaphysique.

Sur un plan plus extérieur, cette référence à l’Orient hindou, le grand Orient héroïque et non celui des théosophes, des panthéistes humanitaires et des vieilles dames en extase devant les Gandhi et les Rabindranath Tagore, nous parait également utile pour rectifier les opinions et la compréhension supratraditionelle qui ne sont les moindres buts que nous recherchons. On est resté trop longtemps esclave des antithèses artificielles Orient / Occident : artificielles parce que basées sur le dernier Occident moderniste et matérialiste, qui finalement a bien peu de commun avec celui qui l’a précédé, avec la véritable et grande civilisation occidentale. L’Occident moderne est aussi opposé à l’Orient qu’il l’est à l’antique Occident. Dès qu’on en revient aux temps anciens, nous nous trouvons effectivement devant un patrimoine ethnique et culturel largement commun, qui correspondait déjà à une unique dénomination « indo-européen ». Les formes originelles de vie, de spiritualité, d’institutions des premiers colonisateurs de l’Inde et de l’Iran ont beaucoup de points de contact avec celles des peuples helléniques et nordiques, mais aussi des antiques Romains.


Julius Evola, "Métaphysique de la guerre". PDF gratuit ICI.



mercredi, octobre 26, 2022

Le fascisme du renard





L'époque du fascisme casqué, armé et botté a disparu. Cette formule présente l'avantage de la visibilité : les modalités de l'exploitation se repèrent dans la rue, les commissariats, les écoles de guerre, les médias, l'université et autres lieux sensibles de la société civile. Le coup d’État sur le principe putschiste avec l'aide d'une colonne de blindés et la troupe de soldats d'élite déterminés, sans foi ni loi, tout cela a disparu. Les États-Unis ont beaucoup pratiqué ainsi en Amérique du Sud au XXe siècle, quelques pays africains persistent sur ce modèle passé de mode, mais le fascisme ne recourt plus à d'aussi grosses ficelles. Le fascisme de lion laisse désormais place à un fascisme de renard : il mérite une analyse.

D'abord le fascisme de lion : banal, classique, entré dans les livres d'histoire, il suppose la communauté nationale mystique qui ingère et digère visiblement les individualités au profit d'un corps mystique transcendant — la Race, le Peuple, la Nation, le Reich... La vie privée disparaît dans l'athanor en fusion de la collectivité toute-puissante. La propagande envahit tous les domaines et détermine à lire, penser, consommer, s'habiller, se conduire d'une manière précise, déterminée et unique. Tout discours alternatif est rendu difficile, fustigé, dénigré, voire interdit. La raison compte pour rien, on la présente d'ailleurs comme un facteur de décadence, un ferment de décomposition pour lui préférer l'instinct national, la pulsion populaire, l'énergie irrationnelle des masses sollicitée avec force discours et techniques de sujétion médiatique. La mise en forme de cette déraison pure suppose le chef charismatique, le grand organisateur, le principe de cristallisation.

Ensuite, le fascisme de renard : il tire les leçons du passé et suppose des arrangements formels, des révolutions de signifiants. Car le libéralisme, lui, est plastique, voilà d'ailleurs sa force. Le coup d’État n'est pas populaire : trop visible, trop indéfendable en ces heures de médiatisation planétaire et de plein pouvoir des images. Mauvais genre... D'où la mise à l'écart de la violence du lion machiavélien au profit du renard appartenant au même bestiaire mais célèbre pour sa ruse, sa rouerie, sa filouterie. Le lion recourt à la puissance de l'armée, le goupil à la force des agencements discrets.

Pour le contenu, les choses changent peu : il s'agit toujours de réduire le divers à l'un et de soumettre les individualités à une communauté qui les transcende ; on recourt à la pensée magique, aux instincts plus qu'à la raison ; on intimide ; on justifie la terreur par la lutte contre des ennemis transformés en bouc émissaire; on contraint moins par corps qu'on ne subjugue les âmes ; on ne maltraite pas les chairs, mais on matraque l'esprit; on ne lâche pas la troupe ; on formate les intelligences à ne pas ou plus penser : rien de bien neuf, sinon l'emballage... 

Le succès de l'entreprise se confirme : dans les zones à domination libérale — l'Europe maastrichtienne en faisant bien sûr partie —, l'édition et la presse servent le même brouet insipide ; les politiciens au pouvoir, droite et gauche confondues, défendent un même programme sous de fausses différences orchestrées pour le spectacle ; la pensée dominante célèbre la pensée des dominants ; le marché fait la loi sur la totalité des secteurs — éducation, santé, culture, bien sûr, mais aussi armée et police ; partis, syndicats, parlements participent de l'oligarchie reproduisant le social à l'identique ; on déconsidère l'usage public de la raison critique au profit de logiques irrationnelles de communication — savamment théâtralisées et scénographiées par des consortiums financiers en situation de monopole ; on manipule quotidiennement les masses par un usage adducteur de la télévision ; on empêche tout projet constructeur un tant soit peu consistant au profit d'une religion consumériste, etc.

Ce fascisme de renard est micrologique, car il se manifeste dans des occasions infimes et minuscules. Leçon de Michel Foucault : le pouvoir est partout. Donc dans les intervalles, les interstices, l'entre-deux du réel. Ici, là, ailleurs, sur de petites surfaces, dans des zones étroites. Mille fois dans la journée, cette renardie produit des effets.

Autre leçon magistrale, celle de La Boétie : il affirme dans son Discours de la servitude volontaire que tout pouvoir s'exerce avec l'assentiment de ceux sur lesquels il se manifeste. Ce micro-fascisme ne vient donc pas du haut, mais il irradie sur le mode rhizomique avec des passeurs — potentiellement, chacun de nous... — qui deviennent des conducteurs, au sens électrique, de cette énergie mauvaise. Ce constat constitue le premier temps nécessaire à une logique de résistance. Savoir où est l'aliénation, comment elle fonctionne, d'où elle provient, permet d'envisager la suite avec optimisme.

Michel Onfray, La puissance d'exister.


mardi, octobre 25, 2022

Les différentes existences dans les trois mondes des phénomènes


"Techniquement, j’étais mort pendant 90 minutes. Je me souviens m’être couché le samedi soir puis m’être réveillé aux soins intensifs de cardiologie le jeudi" a ainsi déclaré Alistair Blake (61 ans) au Daily Star. Et d’ajouter : "Mon cerveau a bloqué ce qui s’est passé entre temps." 

Une once de connaissance traditionnelle aurait-elle débloqué le cerveau d'Alistair ?


Cosmogonie Bouddhique

Les différentes existences dans les trois mondes des phénomènes

Par Nirodha


Pour les hindous, la doctrine de la réincarnation est le point vital par une évolution du corps subtil après la mort dans les régions successives, les loka, jusqu’à ce que la réalisation soit achevée, et cette partie de la doctrine appartient au chapitre IV des Brahmâ-Sûtra, Sûtra 1 à 18 qui traitent exclusivement de la réincarnation sur notre terre, ce qui concerne le plus grand nombre, tandis que les Sûtra suivants traitent de l’itinéraire du corps subtil dans des régions supérieures, itinéraire réservé au Jîva (libéré) privilégié dont le nombre est très petit. Quand on parle de réincarnation, c’est sur ce chapitre IV, 1ière section, que l’on doit s’appuyer. Les Brahmâ-Sûtra, tirés des différentes Upanishads et des Vedas, donnent, dans leur ensemble, toutes les doctrines du Vedânta.

[En résumé : le « corps subtil » ou « nâma-skandha » lié à la forme corporelle du corps de chair, le « rûpa-skhandha », est l’ensemble de quatre agrégats psychiques conditionnés, qui conditionnent le « cœur » et composent ainsi une « charge karmique » déterminée par : 1 – sensations, 2 – notions, 3 – facteurs d’existences, 4 – connaissance discriminative errante ou conscient obnubilé ; ces 4 agrégats sont non-vus, aveuglés chez l’humain ignorant qui continue inexorablement sa course par ce karma associé après la mort du corps physique, d’où l’hypothèse des renaissances à vérifier par une ascèse équilibrée, si instruite et toujours guidée par l’Intuition métaphysique, et cette autre hypothèse vérifiable par le Sage du « sans-naissance, ajâta, sans-devenir, … etc … », quand le karma s’épuise et s’éteint par la purification de l’affectivité et l’ascèse justement conduite vers ce qui est nommé « éveil »].

Cela dit, le Grand Sage du Tamil Nadu, Ramana Maharshi, interrogé sur l’état posthume de l’homme répondra : « Pourquoi voulez-vous savoir ce que vous serez quand vous mourrez avant de savoir ce que vous êtes maintenant ? Trouvez d’abord ce que vous êtes maintenant ! ».

Cette réponse sera aussi celle du Bouddha énoncée dans le Majjhima-Nikâya :

« Je ne me suis pas prononcé sur les grands problèmes parce que la connaissance de ces choses ne fait faire aucun progrès sur la Voie de la Libération, parce que cela ne sert ni à la tranquillisation, Samatha, ni à l’Eveil, la Bodhi opérant Vipasyanâ « la Vue des choses telles qu’elles sont ». Ce qui sert à la tranquillisation et à l’Eveil, voilà ce que le Bouddha a enseigné aux siens : la vérité de l’insatisfaction, l’origine de l’insatisfaction, la suppression de l’insatisfaction, le chemin qui mène à la suppression de l’insatisfaction. C’est pourquoi, ce qui n’a pas été développé par moi, que cela demeure non développé, et ce qui a été développé, que cela soit développé ».

La cosmogonie bouddhique au fond modifié est d’origine Hindou.

Elle décrit précisément les différents mondes dans lesquels se trouvent différentes existences dont les humains. L’abhidharma bouddhique nomme l’ensemble des caractères psychophysiologiques des comportements humains aussi déterminés et dépendants d’une charge karmique dans un « courant subconscient du devenir, bhavanga srota », et un « conscient, vi–jñâna », aveuglé, ignorant, avidya. A noter que le terme psychologie n’a en fait pas d’équivalent bouddhique car la « psyché » dans son aspect proprement humain, manas, est considérée comme un 6ième sens au même rang que les autres sens classiques : œil, nez, oreille, langue, tangible et, de même qu’il y a conscience de l’œil, il y a conscience de la psyché ! Disons, par convention, que les données « psychologiques » bouddhiques sont un trésor d’informations éclairées par la Connaissance transcendante sans équivalent en Occident qui a perdu cette Connaissance transcendante par perte de l’axe métaphysique

La connaissance de cette cosmogonie reste utile pour l’aspirant dans sa pratique du Dharma seulement si l’intuition métaphysique est éveillée puis développée sur la voie du Dharma « extra-religieux et non-dogmatique ». Cette Cosmogonie décrit un triple monde, triloka, dans les phénomènes.

Le Premier monde des phénomènes est le kâmadhâtu dans le kâma-loka. C’est le lieu du monde des désirs sensuels en 6 destinées toujours soumises à l’insatisfaction, la souffrance, le mal–heur.

Les 3 premières destinées sont qualifiées de misérables, durgati, apâya.

1 – Les enfers, naraka ou nîriya. Nîriya est la « voie vers le bas », état non définitif car quand le karma est épuré, l’enfer est quitté. Ces enfers concernent aussi les humains.

2 – Les animaux, tiryagyoni. L’homme est un animal prédateur plus insidieux que l’animal.

3 – Les « esprits » affamés, monde des trépassés, fantômes avides, démons, preta.

Les 3 dernières destinées sont qualifiées de plus heureuses, sugati.

4 – Les humains, manusya, représentent « la destinée la plus favorable pour l’éveil », à la fois heureuse et malheureuse. Mais rare est la naissance en tant qu’homme.

5 – Les demi-dieux jaloux, furieux, « titans », asura. On y classe des dominants politiques, religieux en collusion avec d’autres dominants qui les servent pour préserver leurs pouvoirs.

6 – Six classes de dieux du kâmadeva, les moins élevés d’un deva-loka, destinées dites heureuses, sugati, à la très longue existence mais aussi soumise à l’insatisfaction.

Le Bouddha est qualifié « Instructeur des devas et des hommes ».

Le Second monde des phénomènes (subtils) est le rûpadhâtu dans le rûpa-loka. Il comprend 17 classes suprahumaines du Brahmaloka, destinées heureuses, nées dans les sphères de la « forme subtile » des quatre premiers dhyâna ou états profonds de calme méditatif dont le 4ième dhyâna peut conduire à l’éveil total, Nirvâna. Ces mondes concernent des disciples très avancés sur la Voie du Dharma en précisant cependant que « Vipasyanâ » seule peut conduire le disciple à aller directement vers le Nirvâna sans passer par les dhyâna.

Le Troisième monde des phénomènes (subtils) est l’arûpadhâtu dans l’arûpa-loka. C’est le lieu de 4 classes suprahumaines du Caturârûpya-Brahmaloka, heureuses, nées dans les sphères du « sans-forme » des quatre autres dhyâna dits supérieurs qui suivent ceux du rûpa-loka.

Cette Cosmogonie nomme ainsi 34 destinées, gati. Cependant, et il faut le souligner, on peut rapporter la notion des destinées du Kâmaloka aux états de conscience expérimentés par l’homme :

- Divins dans l’extase, 
- Abrutis dans la bestialité, 
- Titanesques dans la fureur, 
- Démoniaques dans le désespoir.

La croyance, la foi, n’étant pas admise dans le Dharma, pour nous occidentaux, il ne peut s’agir que d’une hypothèse à vérifier par la Vue directe, Prajñâ.

« Inconcevable est le commencement à partir duquel les existences engagées dans l’ignorance, enchaînées par la soif de l’existence, errent à l’aventure de naissance en naissance ». Samyutta-Nikâya, II.

« Tandis que, en ce long voyage, vous erriez à l’aventure de naissance en naissance, et que vous gémissiez et que vous pleuriez parce que vous aviez en partage ce que vous haïssiez et que vous n’aviez pas en partage ce que vous aimiez, il est coulé, il a été versé par vous plus de larmes qu’il y a d’eau dans les quatre océans ». Samyutta-Nikâya, II.

L’animal-humain est un double prédateur

Croire en la « nature humaine » relève d’un malentendu par ignorance de cette « nature ». L’animal-humain, de sa naissance à sa mort, s’agite dans le bourbier du monde des désirs jamais assez assouvis, désirant toujours plus, aussi pour ne pas perdre les objets du désir afin d’en jouir encore. Bien des humains dominants comme dominés ne dépassent pas le déterminisme animal. Leur niveau de conscience est si bas, qu’ils ne peuvent que s’enfermer dans les destinées misérables. L’animal n’a que des besoins. L’humain confond besoins et désirs et de cette confusion découle sa souffrance. L’humain est un double prédateur pour satisfaire d’abord ses besoins mais surtout ses désirs qui n’ont aucune limite. C’est pourquoi la perversion narcissique aussi nommée vampirisme psychique est une caractéristique des prédateurs professionnels plus nombreux qu’on ne le pense et qui font souffrir. La conséquence inéluctable à ces comportements malsains est la rétribution karmique incontournable des actes, paroles, pensées, une rétribution qui paradoxalement peut devenir un excellent « guru » jusqu’à pouvoir conduire à comprendre les erreurs perpétrées, à se « réveiller », pour parfois permettre d’entrer sur une Voie de Libération. L’humain cherche constamment le bonheur dans les phénomènes au cours de son existence, c’est légitime et donc « humain ». Il ne rencontre généralement que beaucoup d’ennuis et un peu de joie à laquelle il s’accroche comme à une bouée de sauvetage impermanente. Le Dharma nous dit que ce bonheur « mondain » est illusoire car il dépend toujours des attachements à quelque chose ou à quelqu’un, et qu’il est un autre bonheur dit « supramondain » qui ne dépend de rien ni de personne. Cet autre « bonheur supramondain », lui aussi, doit être dépassé sur le cheminement. . Ce processus d’éveil par abandon n’est jamais un « marché de dupes ».

Il est recommandé de ne jamais tomber entre les griffes des requins prédateurs qui se font passer pour des gurus ou des instructeurs soi-disant spirituels alors qu’ils ne sont pas des éveillés mais des menteurs, des propagandistes, des prestidigitateurs, des illusionnistes, des profiteurs, des vampires d’énergie parfois des charognards. De même pour le politique qui veut toujours votre bien en cherchant à vous prendre tout jusqu’à votre « âme » pour assouvir ses soifs. Mais les requins se retrouvent partout et dans tous les domaines à tous les échelons d’une société. C’est cela la « nature humaine ». Les rapports humains sont très souvent fondés sur le vampirisme psychique et l’adoration au dieu Mammon, l’argent. La vigilance exercée serait aussi de toujours pouvoir voir les intentions cachées de ceux qui s’intéressent à vous. Le fait que des « Parias », des hors castes, avarna, deviendront de grands Sages est réjouissant.

Un historique de cette cosmogonie bouddhique

1 – Cette cosmogonie bouddhique sera considérée dès le vivant du Bouddha qui aurait ordonné qu’elle soit représentée sous la forme picturale d’une « roue », la « roue de l’errance de l’existence ou ronde des renaissances » : bhavacakra, et inscrite sur la porte d’entrée du monastère Veluvana à Râjagrha au Népal. Le Bouddha aurait dicté la manière de la représenter. Sur cette roue il fera inscrire deux versets retrouvés plus tard dans le Samyutta-Nikâya du Canon Pâli. En voici la traduction : « Commencer à cheminer ; renoncer au monde ; s’appliquer à l’enseignement du Bouddha ; chasser l’armée de la Mort comme un éléphant écrase une maison de paille. Celui qui, par la Doctrine et par la Discipline, conduit sa vie intelligemment par la Vigilance, abandonnant la ronde des renaissances, vraiment, il met un terme à l’insatisfaction, à la souffrance ».

2 – La plus ancienne peinture découverte à ce jour d’un bhavacakra est celle que L. A. Waddell trouva dans une grotte d’Ajantâ au centre de l’Inde. Cette peinture a 6 rayons qui représentent les 6 mondes du kâma-loka, alors que la roue décrite dans le Divyâvadâna n’en a que 5 qui correspondent à 5 destinées. Ces 5 destinées furent augmentées d’une autre, ce qui fera 6 destinées du fait de représenter en plus la destinée des demi-dieux jaloux, titanesques, les asuras qui composent, redisons-le, certains pouvoirs dominants. Cette peinture d’Ajantâ est datée du 6ième siècle de notre ère tandis que la représentation Tibétaine est considérée comme une copie rapportée au Tibet par Bande Yeshe au 8ième siècle de notre ère. Cette représentation se retrouve dans la quasi-totalité des temples tibétains. La forme Tibétaine de la roue est de deux styles : l’ancienne et la nouvelle. La nouvelle inclut la figure d’un Bodhisattva qui vient dans chaque monde instruire du Dharma les existences qui s’y trouvent.

3 – Cette roue sera réutilisée à compter du 8ième siècle par des Tibétains qui en feront un moyen habile pédagogique d’instruction. Cette roue n’a ni commencement ni fin mais gouverne le devenir de toute existence par la « chaîne des origines interdépendantes » ou « loi de causalité » (représentée en 12 maillons sur la jante de la roue mais que nous ne développerons pas ici) en mode « construction » pour le profane ignorant dans le samsâra et en mode « extinction » qui ne concerne que l’aspirant à l’éveil. Ce que l’on nomme « Libération » est la sortie irréversible de cette roue ou ronde infernale par la Connaissance transcendante développée des données du Dharma.

La partie « médiane » de cette « roue » représente donc les 6 existences dans le monde du désir et son « moyeu » représente les trois racines de l’avidité, de la haine et de la stupidité par ignorance. A l’extérieur de cette roue se trouve le Bouddha qui indique du doigt le Sentier Octuple représenté par une petite roue à 8 branches.

Ce que le Bouddha a redécouvert

Le Bouddha, à ses 35 ans, après une ascèse extrême qui dura 6 années, retrouvera la « Voie du milieu » qui évite, abandonne les deux extrêmes que sont « l’addiction aux plaisirs des sens par auto-indulgence matérialiste » et « l’addiction à l’auto-mortification idéaliste », deux formes d’égotisme, en rappelant que l’ego est considéré comme une plaie purulente. Ses Quatre Nobles Vérités sont fondées sur la médecine antique ayurvédique :

1. Diagnostic
2. Cause(s) de la maladie
3. Annonce de la guérison par cessation des causes
4. Traitement à appliquer.

Jusqu’ici rien de surprenant à comprendre. Développons :

1. Diagnostic : tout est souffrance, ou plutôt, insatisfaction du fait que tous les composés sont impermanents, insatisfaisants, non-substantiels.
2. La cause de la maladie est la soif des plaisirs sensuels, la soif d’existence, la soif de non-existence.
3. La guérison est la fin annoncée de ces trois soifs.
4. Le traitement à appliquer est l’Excellent Sentier Octuple par l’éveil de la Connaissance métaphysique et surtout par son développement.

Homme

La racine sanskrite « men » donnera le mot sanskrit « manas : mental », le mot sanskrit « manusya : existence humaine » qui donnera le mot « manouche » en Occident, le mot anglais « man : homme », aussi le mot français « MENSONGE » … A noter que les Manouches, Tziganes, Gitans, viennent d’Inde dont ils furent chassés essentiellement du nord-est de l’Inde il y a plusieurs siècles.

Anecdote authentique

Dans la région de Calcutta, au début du 20ième siècle, un Sage de l’advaïta recevra la visite d’un jeune homme de l’aristocratie Indienne de Calcutta. Ce dernier lui rendit visite pour solliciter de pouvoir rentrer dans l’Ordre de cet advaïta enseigné par ce Sage. Pensant faire un effet d’annonce pour obtenir l’approbation du Sage, il lui dira ceci : « Je ne mens jamais ! ». « Très bien (lui répondit le Sage). Dans ce cas vous allez rentrer chez vous pour apprendre à mentir parfaitement. Puis, quand vous aurez appris à mentir parfaitement, vous pourrez revenir me voir et nous pourrons alors mais seulement alors revoir votre demande … ».

L’Intuition métaphysique ou Connaissance transcendante, Prajñâ, était connue bien avant l’écriture des VEDAS et des UPANISHAD. Il est à constater que les temps « modernes » très stupides considèrent l’homme pré–historique comme une sorte de demeuré en évolution. L’homme « moderne » est cet homme post-historique dégénéré d’une histoire dont il ne connaît pas grand-chose. 4000 ans de mythologie ont plus ou moins occulté le Dharma. Le Bouddha historique Retrouvera, nous l’avons déjà dit, cette Connaissance Transcendante qui n’a rien à voir avec les connaissances mondaines incapables de solder la question de la souffrance et la science qui démythifie est peut-être utile mais en est impuissante.

Dans l’Excellent Sentier Octuple, nous trouvons deux notions fondamentales et inséparables qui constituent Prajñâ, l’Intuition métaphysique ou Connaissance transcendante.

1. Vues Justes, Sammâ-ditthi. Ces Vues justes se développent par la compréhension profonde des notions du Dharma qui conduisent vers l’éveil donc l’abandon total.

2. Intentions Justes, Sammâ-sankappa. Elles accompagnent les Vues Justes vers l’éveil. Vues justes et Intentions justes sont inséparables et rendent effectives la pratique des 6 autres membres de l’Excellent Sentier Octuple : paroles justes, actions justes, moyens d’existence justes, effort juste, attention-vigilance juste, concentration juste.

C’est pourquoi, le dénommé « libre-arbitre » doit être compris pour ce qu’il est afin d’éviter tout malentendu. Le « libre-arbitre » n’est que la recherche à comprendre ce que l’on ne comprend pas mais s’affirme généralement dans ce qui est nommé « purulence des opinions, drsti-âsrava ». Il n’est de véritable « libre-arbitre » que dans la libération des vues fausses, des intentions et décisions fausses qui découlent nécessairement de l’ignorance et qui sont motrices de la plupart des comportements illusionnés qui ne peuvent produire que de la souffrance, par ce que le moyeu de la « roue du devenir dans l’errance » indique clairement. Celui qui vit dans le monde en tant que laïque, a, cela dit, le devoir de lucidité et par le courage de réfléchir le devoir de résistance par cette lucidité développée, « lucidité » pour agir proprement vers l’éveil

Cette notion de « libre-arbitre » appartient donc au monde du profane qui, tel qu’il est, « ne sait pas qu’il ne sait pas ». On ne peut vraiment parler de « liberté » que lorsque l’on comprend ce qu’est « la Libération des attachements par ignorance et aveuglements », donc quand l’on comprend ce que sont les Vues Justes et les Intentions Justes, c’est-à-dire d’abord « quand on sait qu’on ne sait pas » puis, quand cheminant sur la voie de l’Excellent Sentier Octuple, on peut comprendre le verset suivant : 

Verset de la Mundakopanishad 1°/1°/3° : « Qu’est cela, qui une fois connu, tout le reste est connu ? »


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BONUS :

PDF gratuit, Bardo Thödol (Kazi Dawa Samdup)

La provenance de ce livre n'est pas connue. Adaptation tibétaine d'un original indien ou, beaucoup plus vraisemblablement, adaptation bouddhique d'une tradition tibétaine antérieure au VIIème siècle. 

Le Bardo Thödol est un traité de la mort reposant sur un fond d'animisme extrême-oriental. La description, non extérieure, mais interne et vécue de l'agonie est si précise, qu'on pourrait croire cette science eschatologique acquise par des hommes revenus du seuil même de la mort. 

Le traducteur anglais, Dr W. Y. Evans-Wentz, la croit plutôt dictée par de grands maîtres, agonisants attentifs, qui eurent la force d'enseigner à mesure, à leurs disciples, le processus de leur propre fin. Mais les enseignements de ce Guide vont plus loin. Après s'être adressés au mourant, ils dirigent l'esprit du mort à travers les visions infernales qui l'épouvantent et l'égarent. 

Dans l'état intermédiaire – le Bardo – entre la mort et la renaissance, se développent selon un déterminisme rigoureux, les effets nécessaires dont les causes furent les oeuvres de la vie. Car enfers, dieux infernaux, tourments sont créés par l'esprit lui-même, ils n'existent pas en dehors de lui. Ils ne sont que phantasmes ni plus réels, ni plus médiats que les mauvais rêves des mauvaises consciences. 

Enfin, ce Livre des Morts aborde avec assurance le problème difficile, la pierre d'achoppement du Bouddhisme, le point où se ferme, sans se souder, l'anneau de la connexion causale, où finit un cycle et commence le suivant : le mécanisme de la transmigration.

Alors que des textes plus canoniques font intervenir, assez maladroitement, les Gandharvas, véritables dei ex machina, le Bardo Thödol poursuit son développement discursif plus satisfaisant, et il détermine par le jeu des attractions et répulsions non seulement les parents mais aussi le sexe de l'être qui s'incarne. 

Mme M. La Fuente a traduit de l'anglais tout l'ouvrage du Dr Evans-Wentz, introduction, texte, notes et opinions personnelles, sans rien ajouter ni retrancher. Cet effacement du traducteur et sa persévérance devant une tâche si ardue font honneur à son goût désintéressé de la recherche objective. 

Le document que nous révèle Mme La Fuente ne s'adresse pas seulement aux "Amis", mais à tous les curieux du Bouddhisme. Son intérêt déborde même les frontières du Bouddhisme par la gravité et l'universalité du sujet. 

J. BACOT. Paris, mai 1933.


lundi, octobre 24, 2022

"J'ai testé la presse, elle est pourrie !"


(1:33)
Bande annonce du film de Jean Yanne, "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" (1972). Une satire cinglante et drôle des médias qui date d'un demi-siècle.


"Parlant des journalistes de son pays, un syndicaliste américain a observé : "Il y a vingt ans, ils déjeunaient avec nous dans des cafés. Aujourd’hui, ils dînent avec des industriels." 

En ne rencontrant que des "décideurs", en se dévoyant dans une société de cour et d’argent, en se transformant en machine à propagande de la pensée de marché, le journalisme s’est enfermé dans une classe et dans une caste. Il a perdu des lecteurs et son crédit. Il a précipité l’appauvrissement du débat public. Cette situation est le propre d’un système : les codes de déontologie n’y changeront pas grand-chose. Mais, face à ce que Paul Nizan appelait "les concepts dociles que rangent les caissiers soigneux de la pensée bourgeoise", la lucidité est une forme de résistance."

Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde. PDF gratuit :
https://inventin.lautre.net/livres/Halimi-Les-nouveaux-chiens-de-garde.pdf


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BONUS :

2022, bel exemple de journaliste aux ordres 


Pascal Praud :

 - "Le vaccin n'empêche pas la transmission, vous êtes d'accord là dessus, j'espère !" 


Boucle-la !

Jérôme Béglé intime l'ordre à Praud de se taire par un geste (Zipette sur la bouche) afin d'éviter de reconnaître ses mensonges et sa propagande pro-Pfizer ! Il a soutenu Macron et il en a été récompensé ! Bel exemple de journaliste aux ordres !

Courte vidéo :




dimanche, octobre 23, 2022

Klaus Schwab et le Pacte des Catacombes




Le synode sous la pression LGBT.
"L'Agenda 2030 est fondé sur la création d'un monde meilleur pour tous, y compris pour les personnes LGBT."


Le Forum économique mondial avait invité l’archevêque de Recife (Brésil), Dom Helder Câmara (1909-1999). 

"L'archevêque était le mentor du professeur Klaus Schwab ainsi que celui du pape François", affirme Leo Zagami, ancien membre du Comité exécutif maçonnique et auteur de "Confessions d'un illuminati".

Le 16 novembre 1965, moins d’un mois avant la clôture du Concile Vatican II, Helder Câmara figurait parmi la quarantaine de pères conciliaires qui signèrent le Pacte des Catacombes pour l'avènement d'un nouvel ordre social, comme l'indique le point 10 du pacte :

"Nous mettrons tout en œuvre pour que les responsables de notre gouvernement et de nos services publics décident et mettent en application les lois, les structures et les institutions sociales nécessaires à la justice, à l’égalité et au développement harmonisé et total de tout l’homme chez tous les hommes et par là l’avènement d’un autre ordre social, nouveau, digne des fils de l’homme et des fils de Dieu."

Leo Zagami : "Schwab a fait du Pacte des Catacombes et du travail de Câmara le thème central du Forum économique mondial au milieu des années 70, invitant Câmara à Davos en tant qu'invité spécial, comme je l'explique dans mon livre. C'est la raison pour laquelle le pape François insiste maintenant sur le fait que nous avons besoin d'un nouveau système économique...

Le 23 août, il a été rapporté que le pape François avait exigé que tous les fonds de l'Église catholique soient transférés à la banque du Vatican d'ici octobre, apparemment suite au troisième point énoncé par le tristement célèbre Pacte, mais nous savons tous aussi qu'il y a une prise de conscience soudaine que le système bancaire européen pourrait bientôt s'effondrer..." (leozagami-com)

"Vous n’aurez rien et vous vivrez heureux", cette phrase prononcée par Klaus Schwab, "grand prêtre" du Forum Economique de Davos rappelle le point 3 du Pacte des Catacombes :

"Nous ne posséderons ni immeubles, ni meubles ni comptes en banque, etc., en notre propre nom ; et s’il faut posséder, nous mettrons tout au nom du diocèse, ou des œuvres sociales ou caritatives."

En 2019, des pères synodaux ont renouvelé le Pacte des Catacombes. 

"Il me semble que, depuis le début, l’un des objectifs du Synode sur la synodalité est de légitimer l’agenda LGBT au sein de l’Eglise. Le geste est donc perturbateur et indique la volonté des dirigeants de l’Eglise d’embrasser l’agenda LGBT, avec toutes les conséquences dramatiques pour le magistère." Riccardo Cascioli, rédacteur en chef de La Nuova Bussola Quotidiana.


samedi, octobre 22, 2022

Abécédaire du Nouvel Ordre Mondial





Précisons d’emblée que cet Abécédaire du Nouvel Ordre Mondial n’est pas fait pour les tièdes, les modérés, les adeptes de la bien-pensance et de la politique du ventre mou. 


"Arthur Sapaudia a puisé ses sources parmi des livres qui ont pour la plupart peu de chances de se trouver sur les rayons de la FNAC et des médias qui donnent des cauchemars aux promoteurs de la pensée wokiste. Vous voilà prévenus. 

Ça décoiffe du début à la fin de ce recueil de près de cinq cents pages. Ici, pas de langue de bois, on appelle un chat un chat et on pourfend à la hache toutes les fariboles cosmopolites. La liste des sujets abordés est extrêmement vaste : citons au hasard l’antiracisme, l’avortement, la disparition des Blancs, les chemtrails, le contrôle mental, le Covid, Disney, la Fabian Society, le féminisme, la franc-maçonnerie, la géo-ingénierie, le Great Reset, la GPA, HAARP, Hollywood, l’immigration, la kabbale, le national-sionisme, le Parlement Juif Européen, la pédocriminalité, le QUI, le rapport Kinsey, le club Le Siècle, la surveillance généralisée, l’Institut Tavistock, le transhumanisme, le wahhabisme…

Ce travail a pour objectif d'aider les personnes ne désirant pas ou n'ayant pas le temps ou la motivation d'ingurgiter et d'assimiler des heures de conférences ou des centaines de livres interminables ; d'aider ceux qui se sont remis à lire récemment en les aiguillant vers de futures lectures ; de résumer et vulgariser des notions issus de plusieurs ouvrages ; d'approfondir certains sujets oubliés ou méconnus ; enfin et surtout, de mieux comprendre la situation actuelle afin de sortir de la déprime."

vendredi, octobre 21, 2022

Chicago le 3 juillet 1933, le culte de Moloch




Le 3 juillet 1933, plus de 100 000 personnes se rassemblent à Chicago pour célébrer 3 000 ans d'histoire juive en évoquant le culte de Moloch et le sacrifice des bébés.

L'événement s'appelait "Le roman d'un peuple". Il était financé par l'Organisation sioniste d'Amérique, parrainé par l'Agence juive pour la Palestine et produit par Meyer Weisgal, avec l'aide du rabbin Solomon Goldman ainsi que de Maurice Samuel, l'auteur de "You Gentiles".

L'un des grands orateurs de l'événement n'était autre que Chaim Weizmann, premier président d'Israël.

Selon l'essayiste Henry Makow, le culte de Moloch et le sacrifice rituel de l'événement du 3 Juillet 1933 confirment que les Juifs modernes descendent en fait des Cananéens, des Ammonites et d'autres tribus dont la Bible nous dit qu'ils ont été coupés de Dieu pour s'être mélangés, adorer des idoles (notamment le dieu du feu Moloch) et sacrifier des enfants. Et Makow ajoute : "ce qu'ils font encore aujourd'hui".

Le 3 Juillet 1933, "ils étaient tous là, écrit Makow, adorant leur ancien dieu tribal et célébrant la guerre à venir qui conduirait à un nouveau monde avec des Juifs au sommet ; l'événement a eu lieu quelques mois après la prise de pouvoir d'Hitler". Source.

"Le sionisme était prêt à sacrifier l’ensemble de la communauté juive européenne pour avoir un Etat sioniste. Tout fut fait pour créer l’Etat d’Israël et cela n’était possible que grâce à une guerre mondiale. Wall Street et les grands banquiers juifs ont participé à l’effort de guerre des deux côtés." (Joseph Burg, "The Toronto Star", 31mars 1988). Source : Henry Makow, "Illuminati", PDF gratuit ICI.

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La frénésie collective qui règne durant l'événement du 3 Juillet 1933 est effrayante, surtout au moment où l'"enfant" est jeté dans les flammes. Courte vidéo ICI


jeudi, octobre 20, 2022

Klaus Schwab

 



- En caméra cachée, Klaus Schwab, le fondateur du Forum Économique Mondial avoue avec fierté : « Nous les avons tous dans notre sac, les politiciens, les médias et surtout les experts et les scientifiques ».


- Klaus Schwab : « Soyons clair, le futur n’est pas juste en train d’arriver, il est construit par nous, une communauté puissante ici dans cette salle. Nous avons les moyens d’imposer le sort du monde ». 


- (...) quelques jours seulement après avoir obtenu un second mandat présidentiel, Emmanuel Macron, "jeune "leader mondial" du Forum Économique Mondial, a introduit un système d’identification numérique en France, qui se trouve être l’un des objectifs clés de Klaus Schwab dans son projet de Grande Réinitialisation.


- (...) Christine Lagarde, déléguée de Klaus Schwab à la tête de la BCE, affirme que "les cryptomonnaies ne valent rien, ça ne repose sur rien, il n’y a pas d’actifs sous-jacents pour agir comme un ancrage de sécurité" (par contre les taux négatifs de la BCE et l’impression illimitée de billets factices pour financer des états ruinés, voilà quelque chose qui repose sur du solide). Si elle attaque les cryptos, c’est pour vendre aux goyim son nouvel "Euro digital". Ce qui est sûr, c’est que cet Euro numérique, lui, ne vaudra vraiment rien du tout, sauf pour ceux qui s’en serviront pour contrôler le peuple !


- Tous les journalistes qui ont suivi les débats de Davos organisés par Klaus Schwab ont été sidérés par le fait que le Forum veut aussi décider ce que les populations vont manger, parce que les vaches poseraient un problème de carbone, en les encourageant à remplacer la viande par des tranches de cactus, des algues, des insectes, et des steaks au soja. Des centaines (!) d’usines alimentaires qui disparaissent en fumée de manière inhabituelle à un rythme effréné s’ajoutent à la destruction volontaire de millions de volatiles divers et variés pour cause de "grippe aviaire". Dès lors, additionnant les deux, on arrive effectivement à une chaîne alimentaire brisée ! Vaxx, famines, guerres, hyperinflation, etc. Tu vas finir par comprendre, mon gars ; enfin, peut-être, mais trop tard probablement !


- Les patients admis à l’hôpital avec le Covid-19 peuvent mourir par euthanasie si les médecins pensent qu’ils pourraient ne pas survivre, a déclaré le gouvernement néo-zélandais dirigé par la groupie de Klaus Schwab, l’enfermiste et pasionaria de la vaccination Covid-19 pour tous, Jacinda Ardern.


- Mélissa Fleming, responsable des communications mondiales pour les Nations unies, reconnaît que pour lutter contre la "désinformation" sur la pLandémie, les Nations unies ont recruté 110 000 personnes pour amplifier leurs messages sur les médias sociaux. Cela, c’était il y a près de deux ans. On ne sait pas combien de "premiers répondants numériques" ont été recrutés à ce jour. On peut considérer que tous les "fact-checkers" et apparentés ont touché de grosses sommes pour intoxiquer l’opinion au profit de Klaus Schwab, Bill Gates, etc.


- (...) techniquement, en 2022, nous sommes exactement dans la même situation qu’en 1788 en France : les aristocrates se gardent tout, ne laissant que des miettes ("bread crumbs" dans leur jargon) à leur personnel. D'où l'explosion inévitable que les riches voient arriver également, raison pour laquelle ils se dépêchent de mettre en place le contrôle massif de la population. Le Covid-19 a été leur grand test à l'échelle quasi mondiale, et il a réussi : 80% de la population s'est soumise aux ordres de cette mafia orwellienne dont les personnalités les plus visibles sont Bill Gates, Klaus Schwab ou Fauci aux USA. Là où on va s’amuser, c’est avec les Verts et les Insoumis quand ils voudront voter des lois pour interdire les avions privés… Ils verront que les ultrariches tiennent les ficelles du pouvoir, preuve : ils ont réussi à exempter leurs jets et yachts de taxes sur leur plein de kérosène et diesel !


L'Histoire vécue en direct, "Ils sont cuits".
 PDF gratuit ICI







mercredi, octobre 19, 2022

Crimes rituels d'enfants africains blonds aux yeux bleus



"Nous sommes censés porter chance et les parties de notre corps sont utilisées pour apporter de la chance et pour que les hommes politiques gagnent leur campagne" indique Nommassent Mazibuko, directrice de la société de l'albinisme en Afrique du Sud avant de préciser que ces crimes rituels ont "commencé en Tanzanie, les gens étaient tués et il n'y avait pas de poursuites".


"C’est un fléau méconnu du continent africain, écrit le journaliste Ronan Tésorière. Une superstition qui coûte la vie à de nombreux bambins albinos dans plusieurs pays d’Afrique australe notamment. [...]

(...) les albinos sont victimes de discrimination et cibles d’attaques. Des parties de leur corps sont utilisées dans des rituels de sorcellerie, la croyance voulant que cela apporte fortune et santé. Les conseillers, guérisseurs, sorciers ou devins, appelés « waganga » en swahili, utilisent des restes humains de personnes atteintes d’albinisme.

Certains « waganga » pensent que les cheveux, les os, les organes génitaux ou les pouces de personnes albinos auraient des pouvoirs spécifiques. Séchés, pilés et empaquetés, ou répandus en mer, ces morceaux d’êtres nés avec un déficit de production de mélanine dans un pays ou la majorité des habitants ont la peau noire sont réputés gonfler un filet de pêche, révéler la présence d’or dans un terrain ou faire gagner des voix à un politicien, entre autres…

Par exemple, en Tanzanie, selon le National Geographic, un remède à base de parties corporelles d’albinos peut coûter jusqu’à 100 000 shillings tanzaniens (près de 40 euros), dans un pays où le salaire moyen annuel est d’environ 2 500 euros. Un bras d’albinos peut rapporter à un sorcier jusqu’à 4 000 euros. La situation est connue depuis plusieurs années sur le continent et plusieurs ONG dénoncent l’inaction des gouvernements contre ces exactions. La conférence régionale des évêques catholiques a aussi lancé un appel pour le lancement de programmes de sensibilisation contre la traite rituelle des albinos en Afrique australe."

Extrait de l'article :

Trafic d’albinos en Afrique : un père qui vendait ses enfants pour des rituels de sorcellerie arrêté au Mozambique.




mardi, octobre 18, 2022

Meurtre de Lola



L'avocat de la principale suspecte, une Algérienne de 24 ans, dément la rumeur de "rituels sur des enfants". 

Au Maroc et en Algérie, des enfants blonds ou roux aux yeux clairs, les enfants zouhris, sont enlevés et égorgés rituellement afin d'obtenir la richesse.



Le scénario sordide d'une vengeance pour un motif futile


Dahbia B. une marginale de 24 ans, principale suspecte du meurtre de Lola a été mise en examen et placée en détention provisoire lundi soir à la prison de Fresnes, trois jours après la découverte vendredi dans une malle du corps de la collégienne de 12 ans.

Elle a été mise en examen pour « meurtre de mineur de moins de 15 ans » et « viol commis avec actes de torture et de barbarie ». Une information judiciaire portant sur ces deux infractions criminelles et le délit de recel de cadavre a été ouverte par le parquet de Paris.

Cheveux bruns ondulés remontés en chignon, cette femme d’origine algérienne et qui faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire, s’est présentée aux magistrats avec un survêtement bleu, un T-shirt gris et un sweat clair sur les épaules. L'audience s'est déroulée à huis clos.

"Ça ne me fait ni chaud ni froid"

Auparavant, lors de sa garde à vue, la suspecte a livré aux enquêteurs des déclarations fournies, mais fluctuantes. Elle a raconté avoir approché la collégienne vendredi après-midi, à la sortie de l’école puis l’aurait attirée chez sa sœur, qui habite le même immeuble que la jeune victime. Là, elle aurait obligé Lola à prendre une douche avant d’abuser d’elle sexuellement. Elle a aussi reconnu des sévices physiques jusqu’à ce que sa victime succombe.

Dans un document consulté par l'AFP, il est fait mention de la "facilité inouïe dans le passage à l'acte", "d'une telle extrémité" pour "un motif aussi vain". "Ça ne me fait ni chaud ni froid", a-t-elle répondu aux enquêteurs qui lui ont présenté des clichés du corps de Lola. "Moi aussi, je me suis fait violer et j'ai vu mes parents mourir devant moi". Lors de ses dernières auditions, elle a contesté les faits, affirmant qu'il était "impossible qu'elle tue un enfant".

Des plaies, nombreuses, mais pas de traces de viol

Selon l’autopsie, Lola est morte d’asphyxie. Les enquêteurs ont indiqué que la jeune fille avait eu un bâillon très serré et qu’elle avait continué à être frappée même après sa mort. L’autopsie a relevé des plaies sur son épaule et son dos, ainsi que des traces de coups sur le visage et le dos. Mais aucune "lésion traumatique de la sphère sexuelle" n’a été retrouvée. Détail troublant, "un zéro et un 1 étaient inscrits en rouge sous chaque pied de la victime".

Plusieurs allers-retours avec le corps de Lola dans une caisse

La suspecte dit avoir ensuite transposé le corps dans une caisse à roulettes en plastique, qu’elle a traînée ainsi que deux valises, jusque dans la rue, où elle a parlé avec un homme croisé au hasard. Concernant ce contact, le parquet de Paris a communiqué hier soir que la suspecte "n’évoquait pas devant les enquêteurs le moindre échange au sujet de vente d’organes".

Ensuite, elle a appelé un ami qui l’a conduite chez lui, dans les Hauts-de-Seine. De là, elle a appelé un VTC pour retourner chez sa sœur, toujours en charriant sa malle et deux valises avec elle. Elle aurait sonné chez sa sœur vers 22 heures, refusant de lui dire ce qu’elle transportait. Face à l’insistance de la sœur, elle prend la fuite, abandonnant ses affaires dans la cour. Plus tard vers 23h15, un SDF ouvrira la malle et découvrira, dissimulé sous des vêtements, le corps de Lola. La suspecte sera interpellée à l’aube samedi à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine).

Tout a basculé pour un pass d’entrée ?

Quant à ses motivations, elles s’avèrent très inattendues. La suspecte a raconté qu’elle avait confondu Lola avec sa mère, gardienne de l’immeuble, qui aurait refusé de lui accorder un pass d’entrée. Dahbia B. le lui aurait réclamé, prétendant être hébergée par sa sœur. Celle-ci l'a d'ailleurs décrite comme "difficilement insérée" et a évoqué "des propos incohérents" de Dahbia B. lors de "réveils nocturnes le mois passé". La jeune femme souffrirait de troubles psychiques, mais elle n'est pas connue des hôpitaux psychiatriques d'Ile-de-France.

Obligation de quitter le territoire

Il est vrai que cette ressortissante d'Algérie faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire (OQTF) depuis le 21 août dernier, après avoir été interpellée dans un aéroport français pour défaut de titre de séjour. Cette OQTF est délivrée avec un délai de retour de 30 jours dans son pays. Elle était entrée sur le territoire français en 2016 avec un titre de séjour d'étudiant. Ce n'est pourtant pas à ce titre qu'elle figurait dans les fichiers de la police, mais en tant que victime de violences conjugales, survenues en 2018.

L’avocat demande que cessent les « rumeurs »

Lundi soir, à l’issue du débat à huis clos devant les magistrats parisiens, Me Alexandre Silva s’est présenté à la presse, réclamant que cessent les "rumeurs" qui circulent sur la mort de Lola, notamment celle d’un meurtre lié à un trafic d’organes, qui "n’a jamais fait partie des débats" et qui "n’en fera jamais partie". L’avocat a également balayé l’hypothèse de "rituels sur des enfants" : "Là aussi c’est n’importe quoi". Auparavant il avait adressé ses pensées à la famille et aux parents de Lola, insistant : "Il faut donc que ces rumeurs cessent et que l'on essaie de penser (...) à l'horreur que traverse la famille de la victime et il n'est pas nécessaire de les accabler avec des élucubrations de cette sorte".

Un homme mis en examen pour « recel de cadavre »

Dans cette affaire, l’homme de 43 ans soupçonné d’avoir hébergé et transporté la suspecte a lui aussi été mis en examen pour "recel de cadavre" et placé sous contrôle judiciaire. Lors de sa garde à vue, cette "connaissance ancienne de la suspecte", a reconnu l'avoir véhiculée "à sa demande" avec "deux valises et la caisse en plastique" depuis Paris jusqu'à son domicile à Asnières-sur-Seine, à la périphérie. Après l'avoir accueillie chez lui "avec les valises et la caisse", il a appelé deux heures après "un chauffeur de VTC pour qu'elle retourne à Paris avec les valises et la caisse".


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Convertie au christianisme, la sœur de BHL, Véronique Lévy, a twitté : "LOLA, à qui as-tu été sacrifiée et pourquoi ? Tous les médias, qui on le sait n'ont JAMAIS menti, clament à l'unisson que la piste du trafic d'organes est désormais écartée... Et si la "méthode opératoire", viol et torture, était un maquillage de l'occulte à mille têtes..."


dimanche, octobre 16, 2022

Le lapin blanc, Alice, la poupée Lucinda



Une carte de l'oracle illustré par Nicoletta Ceccoli.

Les œuvres de Nicoletta Ceccoli "mettent en scène des petites filles aussi innocentes qu’effrayantes, plongée dans un monde totalement surréaliste de type Alice au Pays des Merveilles…"


"Dans Alice au Pays des Merveilles, écrit Alexandre Lebreton, "Mk - abus rituels et contrôle mental", la petite fille doit suivre le lapin blanc qui lui permet d’accéder à des endroits mystérieux et normalement inaccessibles. Dans un cadre d’une programmation MK, ce lapin blanc est une figure importante, il représente le maître ou le programmeur qui hypnotise sa victime ou l’incite à se dissocier de la réalité pour accéder à un monde alternatif lors des tortures. Le célèbre passage à travers le miroir représente l’accès à un état dissociatif, un changement de réalité. Le programmeur incite l’enfant à traverser le miroir comme Alice, il l’incite à passer la porte vers une autre dimension de son être, le miroir étant la porte qui va faciliter la programmation…"



Conte initiatique Luciférique : La Poupée Lucinda 
(par la Galerie du Lapin Blanc)

(7 minutes)


samedi, octobre 15, 2022

Qui veut la guerre ?



L'Union européenne menace Moscou d'une frappe "si puissante que l'armée russe sera anéantie".

"En cas de guerre mondiale, écrit le blogueur H. Genséric (La Cause du Peuple), la Chine et l'Iran seront automatiquement les alliés de la Russie, car la destruction de l'un des trois pays signifiera la destruction des trois pays. Coalisés, les trois pays peuvent résister et remporter la victoire contre l'OTAN."


L'union russo-chinoise contre l'impérialisme américain :
l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS).


Traité du rebelle ou le recours aux forêts





Ce qui d'emblée frappe à la lecture du « Traité du rebelle », petit ouvrage écrit en 1951, dense et lumineux, d'un auteur que l'on ne connaît pas encore assez, c'est son actualité. Sans doute en est-il ici comme du « Discours de la servitude volontaire », de La Boétie : il traversera les siècles avec la légèreté d'un texte sans âge, offrant ses ressources à tous les peuples écrasés par un pouvoir totalitaire, en appelant sans délais à un mouvement de résistance. Car quoi de plus banal que de constater, au fil des ans, le nombre toujours plus accablant de petits chefs, de dictateurs, et autres assemblées exécutantes plutôt qu'exécutives, dès lors qu'il n'y a plus de contre-pouvoir ? 

Résister, c'est alors le mot d'ordre le plus commun, le plus inactuel, qu'il faut sans cesse répéter, avec le courage qui chaque fois l'accompagne. [...]

Ainsi commence et finit le « Traité du rebelle » : 

Pourrons-nous délivrer l'homme de la peur ? Pourrons-nous dessiner, face aux nécessités de notre temps, un nouvel espace de liberté ? 

Le chemin pour y parvenir est sinueux, escarpé, mais il existe en chacun de nous, en chaque personne digne de ce nom, douée de courage, et que la figure du Rebelle, après celle du Travailleur, guide. Chaque époque a ses démons, chaque époque a aussi ses antidotes aux poisons qui s'insinuent dans nos esprits, que le « Traité » nous apprend à voir.

Reprenons ce chemin inauguré par Jünger : 

Le vote est-il toujours une manière d'expression libre et légale, où l'électeur, en pleine assurance de son pouvoir, peut faire valoir son opposition ? N'est-il pas bien plutôt un questionnaire guidé, l'espace d'une résistance toute surveillée, qui n'admet pas même le "non" du silence abstentionniste, ou le bulletin blanc ? 

Car au fond les décisions sont déjà prises, et tout n'est affaire que de communication. Cette forme de rébellion, pauvre dans son effet, n'est pas à la hauteur des exigences du temps, comme la demande d'une démocratie participative, en lieu et place de la désaffection logique du politique qui sévit chez les jeunes générations en particulier. Mais, le pouvoir en place s'adosse bien plutôt aux chiffres tout abstraits des sondages et des statistiques, où l'on confond, par-delà le relatif des chiffres et des questions posées habilement, la voix reconstruite d'une prétendue majorité, et celle de la vérité. Il y trouve une pseudo-légitimité où la contestation devient presque impossible : en évitant les référendums ou les votes qui pourraient aller à son encontre, le pouvoir étouffe le tumulte démocratique, voire l'invalide. A dire vrai, nos gouvernements se sont éloignés de longue date de leur "base", le peuple, avec l'opinion implicite que la minorité éclairée des dirigeants pouvait administrer une majorité confuse, inculte et naïve, puis se reconduire pour les prochains mandats.

C'est dans ce contexte que naît l'élitisme particulier de Jünger, en 1951 : 

Faire confiance à une infime frange de la population, qualifiée de Rebelle, quitte à ce qu'elle n'en représente que 1 %, était pour lui chose acquise, selon un ordre de valeurs opposé à l'ordre des chiffres, de toute façon truqués. 

Animée d'une puissante force et de courage, cette élite devait assurer le salut d'une société écrasée sous le joug des milices et des censeurs, et lutter contre la nomenklatura cooptée qui inspirait et renforçait la crainte des peuples, balancés entre les blocs Est et Ouest. Sa minorité raisonnable ouvrait à des valeurs humanistes, appelait de grands hommes et femmes qui pourraient découvrir de nouveaux champs de liberté, tandis que de l'autre côté l'on subissait les ferments de diktat, les minorités intégristes et totalitaires évacuant les urnes et exerçant des contraintes de tout ordre. On peut, curieusement, faire un parallèle politique entre d'une part la mise en place lente et assurée d'un libéralisme sauvage, et d'autre part l'augmentation constante des "forces de l'ordre", des vigiles, des caméras de surveillance, dans des lieux publiques ou privés. A croire que les réformes ne se font que sur un terrain de révolte, où l'Etat policier doit imposer des lois sans que celles-ci aient été validées par ceux qui la vivent. Mais, confiné dans la crainte du lendemain, quand ce n'est pas dans la peur exagérée de groupes en marge qui font office de boucs émissaires, l'homme d'aujourd'hui, perdu dans la jungle économique, se voit acculé à une précarité inconfortable, cynique, et embarqué sur un navire - pour reprendre l'image de Jünger - qui semble s'emballer vers la catastrophe. C'est là que se jouent les tours de force : mais cette réponse par la contrainte ne fait que maintenir et reconduire la peur, l'automatisme en jeu dans notre société, par quoi il semble que l'homme n'ait aucune prise sur les événements qui font son quotidien. Mené contre son gré, son angoisse et son ressentiment refluent dans les bas-côtés, alors que la communauté selon le pacte devait lui offrir le confort et la sécurité.

S'il prend conscience de cet état de passivité obligée, et qu'il veuille alors quitter le navire : différents discours de propagande l'incitent à ne pas s'y opposer : on lui parle de liberté, quand il s'agit d'être sans cesse mobilisé pour des combats qui ne sont pas les siens. On lui parle de confort, quand il s'agit de toujours se dépasser sans compter, de participer au mouvement continu d'une société incapable de le protéger. Il ne cherche plus qu'à s'abriter et à survivre, mais on lui offre un maigre asile consumériste où les corps sont contrôlés, les groupes surveillés. Sa grande précarité l'empêche de bien voir où il va ; embarqué, il perd la distance qu'il lui faudrait pour analyser sa situation de servitude volontaire, aveugle et impuissant face à l'autorité.

L'isolement est le revers de la solitude : imposé, il défait les liens de solidarité, empêche le regroupement des intérêts dans une communauté. Résultat d'une exclusion, d'une concurrence à l'œuvre entre les personnes mêmes, l'ordre qu'on lui propose et la place qui lui incombe ne sont en rien rassurants, puisque cette place ne lui est dédiée que s'il est compétitif et impliqué. Jugé d'après le modèle d'une nature inhabitable et sauvage, il doit à la fois être dompté, maîtrisé politiquement, et combattre pour sa propre survie d'individu isolé en matière d'économie.


Chaque époque a sa forme de liberté, en fonction de cette nécessité. Dans leur tension se fait l'histoire, nous dit Jünger. Dans ce jeu de forces contraires, quelques-uns sont capables de traverser les déserts, à la poursuite de leurs rêves, et de rompre une logique déshumanisante. Les autres cherchent leur salut mais ne trouvent que vide à combler dans le chaos des villes. Et pourtant, n'a-t-on pas ce sentiment, en notre fort intérieur, d'un destin à accomplir, autre que la poursuite sans fin des objectifs économiques ? N'est-on pas obscurément en train d'attendre quelque chose, un accomplissement ? L'Etat voudrait prendre le risque de combler les manques, les failles où s'engouffrent religions et sectes, mais il y échoue par avance, n'étant pas, ou plus, la providence, mais une société publique de surveillance.

Alors commence la quête. Avec le soutien de l'art, de la philosophie, et de la théologie, s'annonce la communauté vraie de la résistance, faite de petites actions individuelles, de discrétion, d'humilité. Contre la transparence imposée par le pouvoir, qui n'est que l'alibi d'un contrôle accru des individus, contre la rationalisation et l'encerclement de l'humain, elle a sa part cachée de ressources insoupçonnées, de culture underground, d'espérance au-delà d'elle-même en la continuation des luttes, en la prolifération de possibles inexploités, que chacun recèle en lui.

Le Recours aux forêts, c'est " 'examen de la liberté de la personne dans le monde", nous dit Jünger. L'enracinement dans l'imaginaire, dans le mythique, le symbolique est une décision que chacun peut prendre, qu'il connaît pour l'avoir toujours senti en soi, comme une partie de lui-même qu'il aurait touchée dans l'enfance, puis qu'il aurait oubliée. Cette forêt-là n'est pas l'environnement hostile qu'après Descartes nous avons dû maîtriser, contre laquelle il a fallu penser, conquérir, et désacraliser. C'est celle où nous construisions des cabanes, où nous jouions sans avoir peur du danger, à l'abri de ses cimes, nourris de ses ressources. Mais nous sommes partis en exil dans les cités urbaines. Il a fallu, seul, accomplir un travail pour se découvrir ou se retrouver, comme on part à la recherche d'un trésor perdu, que l'on avait en fait caché au fond de soi.

Que de solitude assumée peut-on voir dans les écrits de Knut Hamsun, et dans la figure du Rebelle telle que le « Traité » la dessine...C'est là le courage et la ténacité du proscrit, du « Waldgänger », coureur des bois, appelé par la forêt comme par sa terre natale, traversée de mythes. L'isolement peut être librement choisi, comme une réponse à une société invivable, perdue dans l'automatisme des tâches, des troubles, des tragédies, c'est-à-dire dans le fatalisme du malheur. Il est alors le temps de la pensée sereine, de la méditation. Il est le temps du retour à nos racines, à notre enfance bercée par le mouvement des roseaux. Du côté du Rebelle la liberté vaut la clairière, lumineuse et douce, de nos forêts rêvées et arpentées.

Mais Jünger insiste : le chemin du Rebelle est pavé de sacrifices. Originairement exclu de la communauté, il s'inscrivait dans l'autonomie du paria, dans la réclusion hors des villes et villages, où il ne s'aventurait pas, sous peine de mort. Aujourd'hui, s'il prend ses distances, il ne s'agit pas non plus de fuir, mais d'observer, sans quitter le navire, car alors le danger est grand, comme de se noyer dans la pleine mer. En accord avec lui-même, il risque l'échappée belle et le mérite du sage, amadouant ses propres craintes, mais, entre combattant et esclave, il fait son choix, sachant que toujours la peur sera là, entre le danger et le confort de la médiocrité. Le poète est ainsi un Rebelle, ouvrant de nouvelles voies, indépendant et résistant à toutes les sirènes.

Contre la société désenchantée, contre la société du spectacle, il a d'autres valeurs que le mouvement continu des actualités et nouveautés. Echappant au contrôle des comportements, le Rebelle refuse la stimulation des désirs consuméristes, et ses seules contraintes sont celles qu'il s'est choisi, avec son libre-arbitre. La forêt est son refuge, où il se réconcilie avec la nature, sans désaffecter le politique, ni la pensée. Discret, tapi dans l'à côté, son élitisme solitaire s'oppose à l'unisson des masses, des chiffres et des statistiques : c'est en quoi il gêne, mais peut aussi se fondre dans les foules anonymes du navire, pour n'être pas repéré.

La résistance ne s'effectue pas forcément à visage découvert : on la trouverait plutôt dans les maquis, les guérillas, les mouvements underground. C'est une manière de dire l'homme ou la femme, libres en nous, l'exigence d'une éthique noble, de la valeur de l'homme. C'est un choix qui s'impose entre administrer la misère ou lutter, dégrisailler la ville, la vie : car y a-t-il une neutralité possible, entre l'appel aux forces de l'ordre, qui coûte le confort contre la panique du chaos, et l'engagement personnel à trouver de nouvelles formes de liberté contre les nouvelles formes du pouvoir et de la publicité ? Et puisque l'un et l'autre choix demandent des sacrifices, autant prendre le chemin de la liberté, de la morale, du droit. Mais à chacun, seul, revient ce choix.

Car rappelons que le Rebelle de Jünger n'est qu'une figure, un idéal inatteignable, mais simplement capable de nous guider, comme nous guident les mythes ancestraux, en temps de guerre. Chacun aura-t-il ce courage de passer la limite de la forêt, et, en la traversant, de vaincre la peur de la mort, c'est-à-dire, toutes les peurs ? Il y faut des initiateurs, des éclaireurs, pour que nos pas se dirigent dans la pénombre touffue des arbres séculaires. Il y faut des poètes, des exemples concrets, des personnes exemplaires, pour nous convaincre que, oui, cela est possible, et comme nous choisissons alors de respirer l'air pur des forêts, il y faut une communauté libre et solidaire pour penser que là se trouve une réponse plausible, paisible, aux maux que nous subissons encore. Mais comme nous nous levons, chaque matin, pour assurer notre subsistance, le « Traité » nous montre qu'il est plusieurs chemins possibles, qui ne sont pas forcément contraires à notre salut, qui ne nous amènent pas nécessairement à la catastrophe, mais des chemins de traverse qui nous forgent jour après jour un destin. C'est à les choisir que la personne engage le plus grand courage ; c'est de la découverte de ses ressources, des mythes ancrés en nous, que naissent tous les Rebelles, rares hélas, qui nous ouvrent au lendemain.

Anna Sprengel, La Revue des Ressources.
http://www.larevuedesressources.org/spip.php


Traité du rebelle ou le recours aux forêts
Ernst Jünger

Henri Plard :

J'ai traduit par "Rebelle", faute d'un équivalent français tout à fait exact, le mot allemand de Waldgänger, emprunté lui-même à une coutume de l'ancienne Islande.

Le proscrit norvégien, dans le haut Moyen Age scandinave, avait "recours aux forêts" : il s'y réfugiait et y vivait librement, mais pouvait être abattu par quiconque le rencontrait. Il serait aussi facile que vain de citer les "Rebelles" qui, à diverses époques, ont élu la solitude, la misère et le danger, plutôt que de reconnaître une autorité qu'ils tenaient pour illégitime, Robin Hood et ses compagnons, le Grand Ferré, les Camisards, et bien entendu les Résistants de la dernière guerre.

Le Partisan est le Waldgänger oriental, comme le Maquisard est le Rebelle du Midi. Tous ces termes eussent fixé l'esprit du lecteur sur une réalité historique, alors que le Waldgänger de Jünger est une "figure", au sens que notre auteur donne à ce mot : intemporel, de sorte qu'il peut et doit être actualisé à tout moment de l'histoire.


Crime contre la démocratie et déferlement totalitaire

Anthropologue français, spécialisé en santé publique, Jean Dominique Michel enseigna dans de nombreuses universités. Dans une courte vidéo ...