vendredi, mai 18, 2012

Contre-initiation : Buts et méthodes





par Michaël

« L’antitradition a eu son expression la plus complète dans le matérialisme qu’on pourrait dire « intégral », tel qu’il régnait vers la fin du siècle dernier (19ème) ; quant à la contre-initiation, nous n’en voyons encore que les signes précurseurs, constitués précisément par toutes ces choses qui visent à contrefaire d’une façon ou d’un autre l’idée traditionnelle elle-même. »

René Guénon


On peut ne pas être d’accord avec Guénon sur tout ce qu’il a produit mais l’on peut reconnaître dans son œuvre un certain génie visionnaire en cette fin d’un monde. Je vous invite à lire ou à relire deux ouvrages magistraux sur le sujet « La Crise du monde moderne » et « Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps ». Une bonne partie des questions liées à la contre-initiation réside, entre autres, dans ces études. 

Je vais donc, dans un premier temps, résumer ce qu’est la contre-initiation puis, dans un second temps, développer les cas principaux de contre-initiation qui existent et tendent à prendre une ampleur inquiétante. Enfin, je terminerai par un essai sur les tentatives d’obombrement des forces contre-initiatique sur les disciples "non aboutis" ou renégats des enseignements et écoles spirituelles. 

Notre époque a de quoi nous rendre inquiet en effet, cette inquiétude peut être prise soit de manière désespérée ; soit nous mettre en alerte, en éveil d’un discernement plus que nécessaire devant les difficultés que soulèvent les forces anti-divines qui s’abattent sur la terre pour ensevelir ce qu’il y reste de lumière. Dans le brouhaha des événements géopolitiques et des messianismes de tous bords, il convient plus que jamais d’être vigilant, je dédie cet article à celles et ceux qui ont compris le combat actuel et savent qu’il est avant tout spirituel.

Matérialisme, scientisme et consumérisme :

« Chercher de satisfaire les besoins matériels des hommes est une illusion, parce que la civilisation moderne crée toujours plus de besoins artificiels qu’elle n’en peut satisfaire.»
René Guénon

Depuis l’émergence de la pensée scientifique qui s’est progressivement érigée en pensée unique dans notre monde moderne, nous avons vu s’imposer la croyance que l’humain n’est qu’un amas de chair et d’os perdu dans un univers soumis au hasard et à la nécessité. Certes on arguera que la science a fait progresser la médecine, le confort social, l’hygiène et a mis en place le sacro-saint progrès technologique censé nous affranchir. Pourquoi pas, ne rejetons pas le bébé avec l’eau du bain. Mais sachons que pour tous ces progrès il y a un revers et que finalement si l’on est lucide la médecine est dans l’impasse concernant bon nombre de pathologies et il apparaît clairement qu’elle en génère de nouvelles. Des médecins courageux s’élèvent même pour dénoncer les conglomérats industrialo-pharmaceutiques qui créeraient des maladies pour pouvoir en vendre les remèdes.

Les médecines traditionnelles étaient des voies de préventions de la santé, des médecines de la santé et non des médecines de la maladie. Elles se sont élaborées en observant les vivants et non en disséquant les morts, c’est une différence non négligeable quant à l’esprit qui sous-tend une approche. Il reste évident que les progrès de la chirurgie sont utiles dans la limite de leur sphère de compétence et tant que ne s’installe pas la "logique du bistouri" ; alors qu’il est possible d’agir bien souvent en amont dans la compréhension psychosomatique des causes. 

Sans parler du phénomène de psychiatrisation de la société et des problèmes sociaux qui valorisent l’utilisation de la camisole chimique (antidépresseurs, neuroleptiques…) au détriment d’une réelle écoute que les professionnels n’ont plus le temps ou/et l’envie de pratiquer. 

Je sais que dans tous ces secteurs il existe des êtres de valeurs, je les ai rencontré et je connais leur frustration devant un système mécanisé qui ne veut pas les écouter. L’écoute, oui, qui prends trop de temps, le temps étant de l’argent, elle n’est pas assez rentable. Pour ce qui est du confort matériel et de la technologie, il y aurait plus d’un article à écrire sur le sujet je vous renvoie à Rudolph Steiner ainsi qu’au livre de Sébastien Vaas intitulé « L’enfer du virtuel ».

Nous avons ce consumérisme déchaîné par un ultralibéralisme intégriste qui a relégué l’humain à un pouvoir unique « le pouvoir d’achat », qui le conditionne à croire qu’il est libre parce qu’il a le droit inaliénable de consommer, de se réaliser dans le monde en travaillant comme une bête de somme pour pouvoir acheter des objets qui combleront son vide intérieur, provisoirement. Nous sommes passés du « Je pense, donc je suis » de Descartes au « J’ai, donc je suis » de la société de consommation. On ne veut plus entendre la tradition quand elle dit que ce vide d’Être ne pourra jamais être comblé par l’Avoir, l’ego trouvera toujours des objets pour voiler son inexistence. Le consumérisme est devenu une arme alimentée par les loges maçonniques (qui connaissent les techniques de manipulation des masses et l’utilisation occulte des énergies). Loges qui sont soumises aux élites oligarchiques mondialistes.

Voilà pour résumer brièvement sur le pendant matériel de la contre-initiation, bien des auteurs développent en détail ce que j’énonce et il est possible d’écrire longuement sur chacun des aspects évoqués, si la demande se fait sentir peut être qu’ils émergeront par la suite.

Loges occultes, religions et New Age :

« La guerre occulte est la guerre que les forces de la subversion mondiale mènent dans les coulisses par des moyens qui échappent presque toujours aux méthodes ordinaires de l'investigation. »
Julius Evola

Dans l’envers du décors, à la source des dérèglements anti-divins que nous avons vu plus haut il y a les loges maçonniques (entendons ici la franc-maçonnerie moderne qui est loin de la véritable franc-maçonnerie initiatique traditionnelle depuis longtemps perdue et inversée par les loges actuelles) qui tirent les ficelles en utilisant divers techniques de manipulations améliorées par une technologie matérielle et occulte, pour les détails des procédés je vous redirige vers l’article écrit sur le livre « Démasqué » de Jan Van Rijkenborgh et bien entendu son ouvrage qui donnent les clés de la compréhension des coulisses du monde (1).

Une note spéciale ici concernant les religions organisées qui dénotera peut être un peu avec la pensée du traditionalisme guénonien sans pour autant créer un schisme avec le fond du discours. 

Les religions traditionnelles d’aujourd’hui ne défendent plus LA tradition, elles aussi sont séduites par la contre-initiation. Le pape Benoit XVI dans son homélie du 6 janvier 2007(2) prônait l’exigence de voir apparaître un « un nouvel ordre mondial politique et économique ». Rappelons que le Vatican est une des plus grosses entreprises financières du monde qui fut financée par la banque Rothschild, ces derniers en détiennent des parts (3). Sans compter le fait que l’institut des bonnes œuvres du Vatican serait un paradis fiscal responsable du blanchiment d’argent de la mafia (4).

C’en est assez pour démontrer que l’idéal des pauvres du Christ n’est plus d’actualité. Il en est de même pour les instances judaïques et islamistes où "lutte de pouvoir", "guerre des egos" et "volonté d’imposer son dogme à la terre entière" continuent de faire rage. Où l’on voit s’opposer d’un côté, le monde judéo-protestantiste allié des banques et des empires coloniaux qui tentent d'imposer au monde l’image de l’islamiste terroriste. La volonté judéo-protestantiste d’arrière-plan étant celle de l’ancien testament dont le but est la domination mondiale d’une élite sous la tutelle du messie biblique, rejetons du Dieu Jéhovah. Relisez la vieille bible tout y est. En face tente de se façonner un bloc d’opposition islamo-catholique (5) qui sur le papier semble une bonne idée, mais au vu de ce que nous avons énoncé plus haut sur le Vatican, il risque de prendre une tournure réductrice du message initiatique primordiale de ces traditions.

Si l’Islam apparaît aujourd’hui comme un bastion de la résistance contre l’empire mondialiste, un néo-bolchevisme religieux, il n’en reste que sa vision profonde est sensiblement la même que celle contre laquelle elle s’oppose. Ayant moins subit les dérives du monde moderne, l’islam a conservé une pensée traditionnelle. Mais, elle est pour la majorité d’ordre waabo-sunnite et salafiste, c'est-à-dire des courants littéralistes pro-shariah (loi coranique). Et l’on est loin ici de l’Islam idéalisé de Guénon avec des sages comme Rûmi ou Ibn Arabi aux commandes. L’islam terroriste est financé par le Qatar et l’Arabie saoudite qui collaborent avec les États-Unis en leur offrant des points d’appui militaires sur leurs territoires (6). Les voies alternatives dans les pays musulmans se font difficilement entendre. Reste que tous ceci ne sent pas très bon et risque de mal tourner compte tenu des forces en jeu. Là encore, les peuples sont pris en otage par les idéologies des oligarques d’est en ouest.

Je ne parlerai pas ici du lamaïsme, ses dérives et ses intentions de domination, Félix développe le sujet sur le blog, bonne lecture.

A quoi, allons-nous donc logiquement assister ?

A une guerre sainte de plus, entre institutions qui sont comme des enveloppes vides, ayant conservé le décorum et l’apparence de l’esprit mais qui en sont vidées. Les écoles de sagesse reliées à ces traditions se cachent afin de préserver leur enseignement en attendant que l’orage passe. La contre-initiation a enseveli elle aussi les religions officielles et je crains malheureusement que les doctrines sociales des religions ne suffisent pas pour changer la conscience humaine.

Le New Age, ce bricolage syncrétique mélangeant mysticisme orientale, occultisme occidentale, shamanisme et physique quantique, ne pas être en reste. Les loges occultes de la fraternité blanche sont elles aussi de la partie et prônent l’émergence d’une "dictature du bien" par le biais de la religion mondiale instaurée par le retour de Maitreya (7).

Un petit tour d’horizon a été fait (il est possible de développer bien plus encore tous ces thèmes).

Comment devient-on un agent de la contre-initiation ?

Nous arrivons maintenant au cœur de cet article, nous avons esquissé plus haut les buts de la contre-initiation, d’un côté la mécanisation de l’humanité par le biais du scientisme et du consumérisme. C'est-à-dire la volonté de convaincre l’humain qu’il n’a pas d’âme, qu’il n’est qu’une machine biologique imparfaite et que la science seule est le dieu qui fera de lui "l’homme nouveau" comme nous le voyons avec l’avènement des nanotechnologies et le mouvement trans-humaniste(8) nous chantant le cantique de l’homme 2.0.

De l’autre, les mouvances religieuses qui ayant conservé une partie des enseignements fondateurs (mais sans les clés initiatiques) rabâchent des demi-vérités qu’elles érigent en Vérité intégrale sans comprendre la parole d’un sage comme Rûmi qui nous murmurait : « La vérité est un grand miroir tombé du Ciel qui s'est brisé en mille morceaux. Chacun en possède un tout petit morceau et croit détenir toute la vérité ». Ces mouvements ne vont faire qu’opposer leurs morceaux de vérité à d’autres morceaux de vérité, ce qui les conduira à détruire tous les morceaux et fera s’évaporer la possibilité de reconstituer ce grand miroir de la tradition primordiale.

Si l’on a un peu compris ce qu’est la contre-initiation alors on est à même de d’appréhender le pourquoi et le comment de la manipulation qui transforme de plus en plus de personnes en serviteurs des forces anti-divines. Ne voyons pas là forcément une volonté démonique grossière en arrière-plan, bien que des énergies occultes agissent dans le dévoiement d’un être. Mais au début l’être n’a pas de mauvaise volonté consciente. Le Bouddha disait que l’ignorance était la cause de la souffrance et nous savons que la souffrance mène à la colère, puis la haine et la destruction. Cette ignorance est un trou énergétique dans l’être, un trou qui demande à être rempli, le philosophe Pascal disait « L’homme a dans le cœur un trou en forme de Dieu » c’est bien de cela dont il s’agit. Il y a une place en l’homme pour le divin, il lui manque quelque chose, et ce manque va le conduire à rechercher partout cette partie manquante. Dans les jouets, les collections de timbres, les conquêtes sensuelles, les voitures, l’argent, la réussite professionnelle, même dans la recherche de sa moitié (alors que pour vivre vraiment à deux il nous faut être UN ou déjà tendre vers) il ira partout et toutes ses actions auront pour prétexte de fond cette recherche fiévreuse. Mais si beaucoup d’appelés, peu d’élus et il est difficile de se trouver soi-même dans un monde de distractions permanentes où tout nous pousse à vouloir tout savoir sans rien connaître. Chacun tente donc de combler ce manque d’Absolu en prenant une direction ou une autre, mais les impasses sont partout et le discernement véritable si peu enseigné.

Un agent de la contre-initiation peut prendre l’image d’un adolescent idéaliste qui se fera envoûter par la politique et la croyance que le changement c’est maintenant, alors que tous les partis nous l’ont proposé sans jamais rien apporté de neuf. Adhérent à un parti il perdra de vue la quête de l’ultime, focalisant son énergie dans la lutte pour ses idées.

Il y a aussi le scientifique, enfant curieux et logique qui en devient un résigné de laboratoire, à servir les fonds de pensions qui subventionnent ses recherches pour un énième vaccin antigrippale qu’il faudra vendre coûte que coûte.

On peut voir aussi le mystique ou le religieux qui ressent que la religion possède quelques échos de l’esprit divin dans ses formes. Mais à un moment il devra prendre position, défendre sa foi, argumenter contre celle des autres, puis, s’il a l’ambition d’évoluer dans sa hiérarchie, il constituera des stratégies de pouvoir, des alliances politico-religieuses qui l’éloigneront de l’innocence de sa foi de jeunesse.

Nous pouvons trouver le nouvel-ageux, adolescent rêveur, un peu rebelle à l’autorité, parfois anarchiste ou baba cool. Aimant les fées et le seigneur des anneaux, rêvant aux esprits de la nature. Sa capacité d’émerveillement sera séduite par les contes de fée du New Age, le jeu avec les énergies colorées et sucrées, l’amour tantrique et les gentils maîtres ascensionnés qui veillent sur lui. Il arrivera un moment où il entrera dans un déni presque complet des réalités du monde et de son obscurité et qu’à force de ne regarder que le ciel il en oublie de voir le trou dans lequel il tombe.

Ces énumérations ne sont pas exhaustives, mais si vous avez intégré les principes qui sous-tendent la création de ces voies de contre-initiation elles vous donneront une vue globale. J’ai volontairement élargie la compréhension du phénomène de contre-initiation à la sphère politique et scientifique, mais tout est relié, les influences de ces sphères se font d’en haut, par le biais de forces occultes contre-initiatiques qui en ont favorisé l’émergence.

Parlons maintenant du cas qui apparaît comme le plus problématique, le plus subtil et le plus sournois des pièges tendus par les forces de la contre-initiation. Ce cas a toujours existé depuis des siècles mais il prend aujourd’hui une importance particulière, je vais parler du disciple renégat des écoles de sagesse.

Une saga bien connue, Star Wars, a façonné un archétype moderne de ce renégat, en l’image d’Anakin Skywalker devenant Dark Vador. Initié par les forces de la lumière, connaissant leurs arcanes mais tenté par les forces obscures, il sera détourné et utilisera sa puissance contre la main qui l’a initié. 

Ce phénomène est très ancien, en Égypte déjà, vers la fin de cette glorieuse civilisation, les écoles des mystères d’Osiris furent minées de l’intérieur par des disciples pervertis. Puis attaquées de l’extérieur par des loges occultes constituées par ces mêmes disciples gâchés de l’enseignement des mystères. Phénomène que l’on retrouvera au sein de nombreuses écoles de sagesse d’Orient comme d’Occident. Il doit certainement exister encore pour chaque courant une poignée de puristes authentiques, nul doute, sinon le monde aurait déjà été englouti depuis longtemps, ici, c’est un constat global que je réalise dans le but d’amorcer le sujet principal.

Amorçons à présent notre compréhension du phénomène contre-initiatique provoqué par un disciple dévoyé qui, n’ayant pas terminé sa formation, se retourne contre l'Enseignement. Un célèbre exemple en Occident, l’apôtre Pierre, fervent disciple des premières heures d’extériorisation de l’enseignement christique. Selon l’enseignement gnostique, les évangiles sont à comprendre dans un sens symbolique, représentant les différents archétypes des types d’êtres et des processus initiatiques menant à la transfiguration. Que Pierre ait réellement existé ou non n’est pas si important, ce qui compte c’est la compréhension intérieure que nous pouvons en retirer pour notre propre cheminement.

Dans ces évangiles Pierre est présenté comme un disciple zélé mais instable, l’enseignement lui parle mais il a encore des résistances et des difficultés à l’assumer concrètement en acte. Il a vu les miracles (entendons les possibilités qu’offre l’enseignement) mais sa foi reste faible car il ne veut pas lâcher l’ancien monde qu’il porte en lui. Quand Jésus est jugé par le sanhédrin (symbole des forces terrestres qui refusent une révolution et un changement) Pierre n’a pas la force de lutter contre ces forces qui le tenaillent et l’évangile nous dit :

« Pendant que Pierre était en bas dans la cour, il vint une des servantes du souverain sacrificateur. Voyant Pierre qui se chauffait, elle le regarda, et lui dit : Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth. Il le nia, disant : Je ne sais pas, je ne comprends pas ce que tu veux dire. Puis il sortit pour aller dans le vestibule. Et le coq chanta. La servante, l’ayant vu, se mit de nouveau à dire à ceux qui étaient présents : Celui-ci est de ces gens-là. Et il le nia de nouveau. Peu après, ceux qui étaient présents dirent encore à Pierre : Certainement tu es de ces gens-là, car tu es Galiléen. Alors il commença à faire des imprécations et à jurer : Je ne connais pas cet homme dont vous parlez. Il le nia, disant : Je ne sais pas, je ne comprends pas ce que tu veux dire. Puis il sortit pour aller dans le vestibule. Et le coq chanta. »
Marc : 14 – 68-71

Il reniera Jésus avant sa passion, qui en terme gnostique constitue le chemin de la libération. L’enseignement initiatique connaît les comportements possibles des disciples et nous voyons dans l’évangile que celui-ci avait été prévu :

« Aussitôt, pour la seconde fois, le coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois. Et en y réfléchissant, il pleurait. »

Marc : 14 – 72

Il n’est pas question ici de juger le reniement, mais de le comprendre dans ses causes et ses conséquences, car nous portons un Pierre en nous aussi. Si l’on perçoit l’Evangile comme un ouvrage emplie de symbolique initiatique il s’éclaire et nous libère du dogmatisme littéraliste imposé par l’église fondée par Pierre. A ce sujet, nous voyons dans l’évangile selon Mathieu, Jésus dire à Pierre :

« Et moi je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église »
Mathieu : 16 – 18

C’est un exemple, nous voyons que sans les clés de décodage des écrits l’interprétation littéraliste a fait voir en Pierre le fondateur de l’église terrestre du Christ alors que celui-ci avait dit « Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jean : 18 – 36). Il y a de quoi se mélanger les pinceaux devant des paradoxes de surface mais qui ne le sont plus lorsque l’on décrypte l’herméneutique des textes, ce décodage dépasse largement le cadre de cet article. 

En terme ésotérique, Pierre représente la dimension historique de l’événement christique, mais aucunement la volonté gnostique de faire de ce monde une imitation du monde des âmes libres. Ce qu’il convient de retenir, c’est l’image qui est proposée de Pierre, disciple enthousiaste à un moment, lâche à un autre puis finalement ayant pour rôle (réel ou autoproclamé ?) de fonder le royaume que Jésus n’avait pas souhaité entreprendre sur la terre du Dieu jaloux. 

Pour les gnostiques, le monde est un passage, une étape nécessaire à la reconstruction de l’âme originelle qui a subsisté avant la chute dans la matière. Monde matériel qui est devenu le royaume de Jéhovah, le "Dieu des armées", qui veut dans son intérêt voir les humains prisonniers dans son enclos terrestre et constituait un royaume christique factif, une inversion luciférienne du véritable royaume primordial.

Par la suite, l’Eglise catholique romaine démontrera qu’elle s’est bien rangée auprès des forces du Dieu de ce monde, Jéhovah, et n’est devenue finalement qu’un Judaïsme édulcoré adapté aux goyim (non juifs). L’hégémonie que l’église affirmera, sa haine féroce contre les hérésies, le sang des innocents qu’elle a versé pour détruire l’impie ou le forcer à capituler, comportement à l’opposé du message d’amour christique basé sur la non-violence absolue. Message que les fraternités gnostiques comme les manichéens, les bogomiles et les Cathares ont fait vivre en leurs temps respectifs. Et nous voyons là encore le reniement de Pierre qui conduira l’Eglise à anéantir ces confréries, à renier encore une fois le christ sous le prétexte hypocrite de la guerre « sainte ».

Plus près de nous, il y a un autre cas devenu tristement célèbre qui va nous permettre de comprendre avec plus de précision les phénomènes qui permettent de dévoyer un disciple et de le laisser se faire séduire par les forces de la contre-initiation. Le développement qui va suivre je le dois en partie à François Favre, auteur du livre « Mani, Christ d’Orient, Bouddha d’Occident »(9) qui partant de l’enseignement gnostique de Jan Van Rijkenborgh a considérablement mis en lumière les phénomènes d’inversion qui s’opèrent dans la conscience d’un disciple félon. Le cas présenté est celui de l'homme qui dota cette religion de ses armes idéologiques et lui donna son assise politique, il s’agit de Saint Augustin.

Son parcours est très intéressant et permet de comprendre les différentes étapes psychologiques qui amènent progressivement à la négation d’un enseignement que l’on considérait comme libérateur. 

Saint Augustin fut très tôt attiré par l’enseignement gnostique, propagé à l’époque par les manichéens, il restera 9 ans en tant qu’auditeur libre, il assista aux enseignements publics mais n’accéda pas à l’école intérieure. Il y avait quelques choses qui l’appelait, le fascinait dans la Gnose, mais une autre partie en lui refusait à tout prix de lâcher prise. C’était une personne brillante, grand orateur, rhéteur de talent, de conditions modestes il voulait réussir tout simplement dans la vie et ce hisser socialement. Or, la Gnose n’enseigne pas comment réussir dans la vie et acquérir un statut social, elle enseigne plutôt comment se libérer du besoin de statut social. Saint Augustin ne pu aller plus loin dans l’enseignement, son moi résistait de toutes ses forces à l’abandon devant la possibilité de l’abandon de son ambition terrestre. Ce n’est ni bien, ni mal, encore une fois, si Augustin en était resté à une acceptation lucide et honnête qui lui aurait permis d’accepter ses propres limites et de vivre pleinement son besoin de réussite, nous en serions resté là. Chacun est libre de suivre ses propres aspirations et de vivre ce qu’il a besoin de vivre pour peut être passé à autre chose ensuite. Mais Augustin n’en resta pas là, son orgueil n’accepta pas qu’il ne puisse pas comprendre l’enseignement, qu’il ne puisse accéder à la plus haute réalisation spirituelle.

Doute, négation et menace :

« Je n’ai rien vu qui décelât la présence réelle d’un autre ordre de nature. »
Saint Augustin au sujet de l’enseignement manichéen

Augustin n’avait rien vu, car pour voir il faut ouvrir l’œil intérieur de la connaissance, qui demande de s’élever par delà la compréhension rationnelle. Chose à laquelle Augustin en 9 ans n’avait pas démontré les potentialités pour accéder aux mystères de l’enseignement, qui ne sont pas accessibles à l’unique raison. C’était un intellectuel, curieux et avide de savoir, avec des élans mystiques qui lui permirent certaines expériences mystico-occultes qui ramena à la nouvelle foi qui fut la sienne, le catholicisme. Il avait trouvé ici tout ce qu’il recherchait, un savoir intellectuel rationnel et nourrissant et une mystique adaptée à ses besoins d’extases.

Puisqu’il avait atteint son but, selon la volonté de (son) Dieu, sa destinée avait un sens et elle était guidée par le divin lui-même. Ses extases mystiques terminèrent de fossiliser son doute envers l’enseignement initiatique. De nombreux mystiques, toutes traditions confondues, se sont fait piéger par leurs expériences mystiques, tout comme aujourd’hui les channels du Nouvel Age le sont. L’expérience mystico-occulte est vue par la Gnose comme une étape où la personne entre en connexion avec l’inconscient collectif, la noosphère ou le plan astral. Là où réside les entités déchues qui tirent les ficelles du monde terrestre. Le plan astral est un miroir de nos désir, il manifeste comme un écho ce que nous lui envoyons et la plupart des visions de vierges, de Jésus ou de Bouddha proviennent de ses désirs émotifs réfractés par l’astral vers la conscience de l’individu qui en demande l’apparition. Voila pourquoi dans le bouddhisme gnostique il est dit « Si tu vois le Bouddha, tue le ! » car il n’est qu’une image projetée par tes propres désirs et non la conscience éternelle qui n’est pas là haut ou en bas, mais au-dedans, sans mots, sans images, juste dans cette présence vibrante de l’instant.

Mais Augustin ne savait pas tout cela, puisqu’il ne s’était pas montré digne d’être initié. Et sûr de ce qu’il avait vécu, il commença à douter intellectuellement des fondements de la gnose, écrivit en bon hérésiologue sur le sujet. Il se retourna dans un premier temps contre Faustus, un des maîtres manichéens qui était à son écoute pendant longtemps, quand il était auditeur de l’école. Il commença donc à nier la valeur divine de l’enseignement puis prépara des débats contradictoires, des procès et des délations, puis il arriva au terme de son reniement (comme Pierre dans l’évangile) en utilisant la guerre sainte contre les manichéens, comme il le confirme ici :

"On ne s'étonnera point des guerres faites par Moïse, on n'en aura point horreur, attendu qu'en cela, il n'a fait que suivre les ordres mêmes de Dieu. Il n'a point cédé à la cruauté, mais à l'obéissance. Quant à Dieu, en donnant de tels ordres, il ne se montrait point cruel, il ne faisait que traiter ces hommes et les effrayer comme ils le méritaient. En effet, que trouve-t-on à blâmer dans la guerre ? Est-ce parce qu'on y tue des hommes qui doivent mourir un jour, pour en soumettre qui doivent ensuite vivre en paix? Faire à la guerre de semblables reproches serait le propre d'hommes pusillanimes, non point d'hommes religieux."
(Contre Faustus)

Il est clair que dans ces mots se révèle la voix d’un homme qui ne se donne plus le choix et qui s’étant auto-convaincu de bien fondé de son cheminement ne peut supporter l’existence de ceux qui lui renvoyaient l'image son échec. Il fit ainsi condamner à la peine de mort pour hérésie celles et ceux qui lui avaient tendu une main patiente en l’accueillant neuf années auprès d’eux, attendant qu’il comprenne un jour et soit prêt pour l’initiation… Augustin posa ainsi les bases légales pour le tribunal de l’inquisition dont l’histoire nous a laissé un brûlant souvenir…

Nous avons ici en Pierre comme en Augustin les prototypes des disciples gâchés qui furent instrumentalisé par les forces de la contre-initiation. Chacun a le droit d’être là où il veut être et de suivre la vie qu’il veut, mais pourquoi donc menacer et supprimer celles et ceux qui vivent autrement ? C’est un long débat et l’humanité n’en est pas encore sortie, je pense que tant que nous ne sommes pas en accord avec nous-mêmes, peu importe le chemin ou l’absence de chemin, ce désaccord qui cause le doute et donc l’angoisse amène à vouloir détruire les êtres qui sont en accord avec eux-mêmes et qui nous renvoi notre incapacité à l’être. Ainsi va la nature humaine tant qu’aucuns efforts n’a été fait pour la sortir de sa médiocrité. On peut dire que la cause de reniement réside dans le disciple lui-même, dans la déception (et parfois détestation) de lui-même face à l’impuissance évidente du dépassement des limitations égotiques. Il peut venir aussi s’y ajouter parfois la déception envers les autres, ces autres disciples qui sont aussi dans leur marasme intérieur. Co-disciples qui malmènent l’idéalisme que l’on attend d’un disciple droit dans ses bottes, vision bien souvent fantasmée qu’il nous faut dépasser pour voir qu’en face leur corps est un champs de batailles entre le vieil homme et l’homme nouveau, et que l’on chute plus que l’on se tient debout dans une école digne de ce nom, ce n’est pas de tout repos il vaut mieux être avertit avant de tomber de trop haut. Il a existé aussi d’authentiques déserteurs comme me le rappelait François Favre, Mani est parti de la communauté des Elkasaïstes, Krishnamurti et Steiner de la théosophie et Jan Van Rijkenborgh de la rose+croix Max Heindel. Mais à la différence des disciples gâchés ils l’ont fait à la suite d’une authentique révélation intérieure et leur comportement n’a jamais été hostile envers leurs anciennes fraternités. Ils ont œuvré en leur âme et conscience pour apporter un souffle nouveau, adapté à l’esprit des temps.

Le monde est rempli de Pierre et d’Augustin à des niveaux différents et dans chaque domaine de la vie humaine. Mais spécialement dans le domaine spirituel, ils prennent une tournure tragique et surtout pour eux finalement. Car les assassins des Manichéens, des Bonhomies et des Cathares étaient eux aussi en désaccord avec eux-mêmes, et cette faille a laissé entrer en eux des forces anti-incendie et contre-initiatiques qui ont pour intérêt de briser tous ce qui viendrait menacer leur main mise sur le monde. Les innocents, les bonshommes qui furent massacrés ne leur en voudront jamais, ils sont pour la plupart libérés et revenus dans la terre des origines ou bien réincarnés ici pour continuer ce chemin qui les y amènera.

Nous avons vu que les forces lucifériennes prennent des formes parfois diverses, enveloppant dans leur toiles obscures les domaines du monde scientifiques, politiques et spirituels. Partout ils sont à l’œuvre aujourd’hui, et le plus grave reste en ce qu’ils manipulent des milliards d’être humain pour les opposer les uns contre les autres jusqu’à la destruction si rien de conscient n’est fait pour les en empêcher. J’essaye de vivre en gnostique et sur cette base. Je ne suis pas très optimiste envers la marche du monde actuel, qui selon moi devra passer par une crise profonde et un effondrement inévitable avant de pouvoir reconstruire en apprenant (cette fois) des leçons de son histoire sinueuse.

Tant que l’humain n’entre pas dans les mystères de son cœur il ne pourra pas proposer une civilisation qui puisse être digne de devenir une rampe de lancement stable pour les âmes qui aspirent au retour vers le royaume céleste ou la "terre pure" comme le disent les gnostiques bouddhistes. Si nous sommes des passants alors tentons de faire de ce monde un pont stable et parsemé de roses d’amour et de générosité pour les générations futures qui auront besoin de s’incarner pour poursuivre leur r-évolution intérieure. Je me permets d’adresser mon ressenti et mes vœux sincères puisque j’en ai l’occasion ici :

- Je ne souhaite pas qu’un nouvel âge d’or factice et forcé émerge, je ne souhaite pas voir l’humain infantilisé devant les puissances de ce monde et des autres.

- Je ne souhaite pas que l’humain se fasse berner par les belles paroles sucrées et les promesses des lendemains qui chantent.

- Je ne souhaite pas voir l’humain se soumettre à une dictature mondialisée lui présentant le bonheur en le sécurisant comme un enfant dans un cocon de fils barbelés.

Mais ce que je souhaite c’est que l’âge de l’or de l’âme soit vécu par un nombre croissant des femmes et d’hommes. Que les fils de lumière tissent en eux la robe rayonnante des noces alchimiques dans l’éclosion vivifiante de la rose du cœur. Et que leur monde intérieur vive et proclame leur souveraineté pleine et irrévocable de filles et fils prodigues de retour dans la patrie du père éternelle, le vrai Dieu, la source de toutes les éternités…

Fraternellement,

Michaël.

mercredi, mai 16, 2012

La démocratie est morte



La finance, la mondialisation et les multinationales ont instauré ce que Jean Ziegler appelle « l'ordre cannibale du monde ».

Vandana Shiva, physicienne nucléaire indienne, militante des droits de l'Homme et écologiste de rang international, n'hésite pas à déclarer : « Aujourd'hui, la démocratie est morte ». La scientifique indienne dénonce aussi les brevets sur le vivant :

« Le fait qu'il soit possible de breveter des formes de vie modifiées soulève de nombreuses questions politiques non résolues au regard de la propriété et du contrôle des ressources génétiques. En effet, en manipulant des formes de vie, on ne part pas de zéro, mais d'autres formes de vie qui appartiennent à des tiers, peut-être en vertu d'un droit coutumier. Deuxièmement, la manipulation génétique ne crée pas de nouveaux gènes, mais déplace simplement des gènes qui préexistent dans les organismes. En attribuant de la valeur à ces gènes à travers le système des brevets, on franchit un pas dangereux en matière d'accès aux ressources génétiques.

Donner de la valeur aux gènes en les brevetant est un non-sens du point de vue biologique. Des organismes complexes qui ont évolué au cours des millénaires dans la nature, grâce aussi aux efforts des paysans, nomades et guérisseurs du tiers monde sont décomposés en parties et traités comme de simples apports à la manipulation génétique. Breveter des gènes aboutit ainsi à la dévalorisation de formes de vie en les réduisant à leurs parties constitutives et en permettant leur possession répétée comme bien privé. Ce réductionnisme et cette fragmentation peuvent servir les intérêts commerciaux, mais ils violent l'intégrité de la vie au même titre que le droit de propriété collectif des peuples du tiers monde. Ce sont ces notions erronées en matière de ressources génétiques et de leur contrôle via la législation sur la propriété intellectuelle qui sont à l'origine des «bio-conflits» à la FAO et des guerres commerciales au GATT. Des pays comme les États-Unis utilisent le commerce comme un moyen pour imposer leur législation en matière de brevets et de propriété intellectuelle aux nations souveraines du tiers monde. Les États-Unis accusent les pays du tiers monde de «pratiques commerciales déloyales» dès que ceux-ci refusent d'adopter le droit américain en matière de brevets qui accorde des droits monopolistiques sur des formes de vie. Or, ce sont les États-Unis qui ont des pratiques commerciales déloyales au regard de leur utilisation des ressources génétiques du tiers monde. Les États-Unis ont pris librement la diversité biologique du tiers monde pour réaliser des bénéfices se chiffrant par millions de dollars sans rétrocéder le moindre dollar aux pays du tiers monde, propriétaires d'origine du plasma germinatif. Une variété sauvage de tomates (Lycopersicon chomrelewskii) prélevée au Pérou en 1962 a rapporté 8 millions de dollars par année au conserveries américaines grâce à une meilleure concentration en solides solubles. Or, aucun profit ou bénéfice n'a été partagé avec le Pérou, source originale du matériel génétique.

Selon Prescott-Allen, les variétés sauvages ont rapporté 340 millions de dollars par année entre 1976 et 1980 au secteur agricole américain. La contribution totale du plasma germinatif sauvage à l'économie américaine s'est montée à 66 milliards de dollars, soit une somme supérieure au total de la dette internationale combinée du Mexique et des Philippines. Ce matériel sauvage «appartient» aux États souverains et à des gens du pays.

La plupart des pays du tiers monde considèrent les ressources génétiques comme un patrimoine collectif. La majorité d'entre eux n'a pas inclus les animaux et les plantes dans le système des brevets jusqu'à ces derniers temps où l'avènement des biotechnologies a bouleversé la notion de propriété de la vie. Avec les nouvelles bio-technologies, la vie est un bien qu'on peut posséder. Le potentiel inhérent dans la manipulation génétique réduit l'organisme à ces composantes génétiques. Des siècles d'innovations sont totalement dévalorisées afin d'accorder des droits monopolistiques sur des formes de vie à ceux qui manipulent les gènes à l'aide de nouvelles technologies en plaçant leur contribution au dessus de tous les efforts intellectuels que des générations de paysans du tiers monde ont accomplis pendant plus de dix mille ans en matière de conservation, d'élevage, de domestication et de développement de ressources génétiques végétales et animales. Ainsi que Pat Mooney l'a dit «l'argument selon lequel la propriété intellectuelle est seulement reconnaissable lorsqu'elle s'exerce dans un laboratoire par des gens vêtus de blouses blanches est une vision fondamentale-ment raciste du développement scientifique.»

Deux préjugés sont inhérents à cet argument. Tout d'abord que le travail des paysans du tiers monde est sans valeur tandis que le travail des scientifiques occidentaux ajoute de la valeur. Deuxièmement, que la valeur ne se mesure que sur le marché. Or, il est admis que le changement total introduit par les paysans au cours des millénaires est infiniment supérieur à celui qui a résulté ces cent ou deux cents dernières années des efforts plus systématiques fondés sur la science. Les phytobiologistes ne sont pas les seuls producteurs d'utilité dans les semences.

Cette utilité des semences paysannes et tribales a une valeur sociale et écologique élevée, même si aucune valeur marchande ne s'y rattache. Les critères d'assignation de valeur propres à l'économie de marché ne sauraient justifier que l'on refuse d'accorder de la valeur aux semences produites par les paysans ou issues de la nature. Le procédé dénote davantage les failles de la logique du marché qu'il ne caractérise le statut des semences ou le niveau d'intelligence des paysans.

Aucune raison épistémologique ne justifie que l'on considère certains plasmas germinatifs comme étant sans valeur et appartenant au patrimoine commun alors que d'autres sont traités de biens marchands et de propriété privée. Cette distinction n'est pas fondée sur la nature du plasma germinatif, mais sur la nature du pouvoir politique et économique. »


Vandana Shiva


La vie n'est pas une marchandise
La dérive des droits de propriété intellectuelle

Jusqu'aux années 1980, seuls les déposants et les examinateurs d'une demande de brevet, ainsi que leurs avocats, se préoccupaient de la propriété intellectuelle des inventions, alors essentiellement des machines et des produits chimiques. Deux événements ont transformé la question des brevets en un enjeu politique crucial. Le premier a été la décision de la Cour suprême des États-Unis de traiter la vie comme une invention et, par conséquent, de permettre à l'Office des brevets de ce pays d'accorder des brevets sur le vivant. Le second a été l'insertion par les États-Unis des droits de propriété intellectuelle (DPI) dans l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Les brevets sur les formes de vie découlant de la biotechnologie ont engendré des conflits d'ordre moral, écologique, économique et politique. Très souvent, ce sont le savoir indigène et les innovations traditionnelles qui font l'objet de ces brevets détenus par des multinationales. Ces brevets servent de mécanisme de contrôle aussi bien des matières premières que des marchés du tiers-monde.


Vandana Shiva dirige la Fondation de recherches pour les sciences, la technologie et l'écologie. Parmi ses nombreux livres, mentionnons, traduits en français, La guerre de l'eau (Parangon), Le terrorisme alimentaire (Fayard) et La biopiraterie ou le pillage de la nature et de la connaissance (Alias etc.). Elle est également rédactrice en chef adjointe de la revue The Ecologist.

Illustration :



mardi, mai 15, 2012

Dégradation de la santé





Apparition de familles cancéreuses

Prenons l'exemple du cancer. Alors qu'il y a deux générations, il atteignait essentiellement des individus de plus de 60 ans, il survient de nos jours chez des êtres de plus en plus jeunes.

Les méthodes de traitement sont sans doute devenues plus efficaces mais, comme rien n'est entrepris à titre préventif pour augmenter la résistance du malade et, par là, supprimer la raison même de sa maladie, bien souvent celle-ci se manifeste à nouveau après un délai plus ou moins long, soit sous la forme de métastases dérivées de la première atteinte, soit sous celle d'une tumeur maligne de nature différente.

Chez telle jeune fille de 15 ans, par exemple, une jambe où s'était développé un ostéosarcome malin dut être sacrifiée pour lui sauver la vie, mais aucune modification de sa façon de vivre n'étant intervenue, elle fut atteinte d'un cancer du sein à 24 ans.

De la grand-mère à la petite-fille, il y eut une antéposition du cancer de 47 ans. Dans la génération intermédiaire, la mère fut atteinte d'une arthrite rhumatoïde grave, autre réponse aux mêmes erreurs, aux mêmes facteurs toxi-infectieux que ceux qui sont en cause dans la genèse du cancer.

En 1980, j'affirmais que la probabilité de contracter un cancer, pour un individu donné, si l'un de ses proches parents s'en trouvait atteint, n'était pas plus forte que pour l'ensemble de la population. Cela n'est plus vrai aujourd'hui.

Sont apparues de plus en plus nombreuses des familles de cancéreux. Notre race dégénère. D'une génération à l'autre, dans les familles, le cancer survient de plus en plus tôt dans la vie. On dit qu'il y a antéposition de la maladie et celle-ci atteint 10 ans, 20 ans, 30 ans et davantage. Fait nouveau : dans ces mêmes familles, et sous l'effet probable des mêmes agressions, apparaissent, le plus souvent entre 20 et 40 ans, des cas de détérioration grave du système nerveux (maladie appelée sclérose en plaques).

Dans les journaux médicaux (Technical Report of the WHO-Expert Committee and Disability Prevention and Rehabilitation, 1980), on peut lire que, selon toute probabilité, la Terre comptera dans 20 ans environ 3 milliards d'habitants, dont 10 %, soit 300 millions, seront infirmes ! Évaluation optimiste, car elle suppose que le taux des individus valides restera stable. Or, rien n'est moins sûr tant la proportion des enfants déficients ou malformés et la fréquence des maladies chroniques invalidantes, telle la sclérose en plaques, augmentent d'année en année.

Les savants sont unanimes à affirmer que cette augmentation inquiétante est liée à notre civilisation et que des mesures énergiques de prévention devraient être prises, mais aucun plan précis n'est proposé par ceux qui nous gouvernent et dont dépend notre destinée. Au cours de cet ouvrage seront présentées les histoires médicales de familles qui illustrent ce que je viens d'énoncer, cela dans le but d'inciter chacun à prendre des mesures préventives et tout spécialement à normaliser son alimentation.

Voici un premier exemple : Deux futurs cancéreux se marient. Ayant vécu ensemble et mangé à la même table, donc commis les mêmes erreurs alimentaires, ils décèdent tous les deux à 75 ans, l'un d'un cancer du poumon, l'autre d'un cancer du sein. Ils ont mis au monde six enfants, qui ont hérité des mêmes mœurs nutritionnelles. Les trois fils décèdent entre 54 et 56 ans de cancer (de la vessie et des intestins), vingt ans plus jeunes que leurs parents. Les trois filles échappent au cancer, mais sont atteintes d'arthrose invalidante, autre maladie dégénérative de civilisation.

Des trois enfants issus de l'un des cancéreux, une fille est atteinte de sclérose en plaques à 31 ans et devient invalide à 38 ans. Cette maladie dégénérative gravissime se manifeste ainsi vingt ans plus tôt que le cancer du père, quarante ans plus tôt que le cancer des grands-parents. Dans une quatrième génération, l'enfant est atteint dès la première année de vie d'un eczéma dit atopique, maladie dégénérative que la médecine officielle ne sait pas soigner, mais qui disparaît dès que l'alimentation est équilibrée et tout spécialement dès que le beurre, à l'influence perméabilisante sur la muqueuse intestinale, est supprimé et remplacé par des huiles pressées à froid et riches en acides gras polyinsaturés (vitamines F).

Autre exemple : Dans une première génération, un seul parent sur quatre meurt d'un cancer à 73 ans. Dans la génération suivante, trois des sept descendants de ces deux familles meurent de cancer, tous les trois à plus de 70 ans : le cancer est donc encore resté parmi eux une maladie de la vieillesse. Dans la troisième génération, il y a affaiblissement de la race : l'une des deux filles, issues d'un père mort de cancer à 71 ans et d'une mère décédée d'un infarctus du myocarde à 83 ans, tombe malade de sclérose en plaques à 42 ans, soit dans la force de l'âge, au moment du rendement social maximal. Chacun sait que la sclérose en plaques ou multiloculaire entraîne une invalidité progressive (du moins si elle n'est pas soignée selon les règles que j'ai décrites dans Soyez bien dans votre assiette..., p. 270, et dans la brochure La sclérose en plaques est guérissable). Le beau-père de cette femme, elle-même descendante d'un cancéreux, est décédé à 70 ans d'un cancer de l’œsophage. Issus de cette union, les trois enfants nés entre 1950 et 1959 doivent être considérés comme des individus à haut risque. Leur mère, ma patiente, a perdu la santé parce qu'elle s'est nourrie de façon moderne, hautement dévitalisée, malsaine. Ces mœurs alimentaires, elle les a transmises à ses enfants. Ma malade a actuellement corrigé son alimentation ainsi que celle de son époux, mais les enfants, aujourd'hui adultes et inconscients de ce qui les menace, le feront-ils, comme le voudrait le simple bon sens ?

Dr Catherine Kousmine


Sauver votre corps

Changer son alimentation et écouter son corps pour être en bonne santé

Les progrès de la médecine nous permettent de vivre plus longtemps, de surmonter de nombreuses maladies. Et pourtant, le nombre de malades ne cesse de croître. On le sait aujourd'hui, notre alimentation est responsable d'un nombre considérable de maux. Nous mangeons mal, nous vivons mal. Notre organisme est fragilisé, et les régimes à la mode n'arrangent rien. Le Dr Kousmine lance un cri d'alarme, pour nous et nos enfants. Véritable bible de la diététique, ce livre nous apprend à mieux nous alimenter pour être résistants à la maladie.


dimanche, mai 13, 2012

Elle est belle ma promesse... Elle est belle !





François Hollande rencontrera Angela Merkel le 15 mai. Tiendra-t-il sa promesse de renégocier le pacte budgétaire ?

Depuis qu'existe la République, les candidats se sont présentés aux élections avec un échantillonnage de projets qu'ils ont été incapables de mener à terme. Leur sincérité et leur bonne volonté n'ont jamais été en cause. Ils viennent avec le scrutin sonner à notre porte pour présenter leurs marchandises. Qui résisterait à ces merveilles enchâssées dans leur écrin et toutes plus rutilantes les unes que les autres! Si nous nous enquérons du prix à payer, ils nous assurent d'un crédit total et illimité, assorti d'une remise si nous prenons tout le stock. Nous achetons, bien entendu, trop heureux d'avoir été choisis pour expérimenter ces produits nouveaux. Hélas, ils ne résistent pas au temps. Les dorures disparaissent au lavage, les aciers trempés cassent comme du verre, et les dentelles faites à la main ne sont que de vulgaires plastiques. Quant au prix.., il est au minimum le double de celui qu'on vous avait annoncé, et si vous tardez à payer une traite, l'huissier sonne à votre porte pour exiger son dû. L'aventure n'est pas nouvelle. Aucun électeur n'a jamais reconnu dans la décision d'un gouvernement les promesses faites naguère par les candidats.

« Français, vous avez la mémoire courte », disait un vénérable vieillard dans ses moments de lucidité. Plût au ciel qu'il s'en fût tenu à cet aphorisme et qu'il ait fait retraite sur l'Aventin après l'avoir prononcé. C'est en effet l'un des fruits majeurs du caractère français. Nous commettons la même erreur depuis cent quatre-vingt-cinq ans, sans que jamais les expériences passées nous soient profitables. Nos grands-parents se sont fait prendre, nos pères les ont imités avec délectation et nous avons enchaîné dans la meilleure tradition vaudevillesque dû cocu éternel.

La règle s'énonce ainsi : « Aucun gouvernement n'applique le programme pour lequel il a été élu, et même il s'en écarte rapidement pour faire le contraire. » Il existe plusieurs explications à ce phénomène étrange. La plus courante est qu'un gouvernement se croit assuré définitivement du soutien de son électorat. Comme il est en général élu à un faible écart de voix, il essaie de conquérir une partie de l'électorat adverse en lui faisant des petits cadeaux qui entretiennent l'amitié. Ses adversaires acceptent les présents sans sourciller en ricanant qu'il faut être bien naïf pour s'imaginer qu'on peut les corrompre à si bas prix, en revanche, ses partisans enragent de voir qu'on flatte ainsi l'ennemi et crient à la trahison. Le résultat est toujours affiché. Le gouvernement ne gagne pas une voix dans le camp opposé, mais en perd dans le sien. A la consultation suivante, il est renvoyé dans ses foyers où il peut à loisir méditer sur l'ingratitude des électeurs. Une autre hypothèse s'appuie sur la rigidité du programme électoral qui trace un itinéraire précis, semblable à celui qu'un automobiliste maniaque étudie à l'avance avant de prendre la route.

Sur le papier, tout est parfait. A 90 km/h, en quittant Paris à midi, il entrera à Orléans à 13 h 35, et en sortira à 13 h 50. Il faudrait être d'une mauvaise foi crasse pour contredire la logique de cette prévision. Une fois sur la route, le conducteur s'aperçoit qu'entre le plan établi et la réalité, il y a l'imprévu. Il n'avait envisagé ni la file d'attente au péage, ni le ralentissement pour travaux, ni les nappes de brouillard. Il arrive à Orléans avec quarante minutes de retard. S'il a gardé ses calculs de moyenne pour lui, personne ne lui fera de réflexion, mais s'il a, par fanfaronnade, annoncé les horaires à sa famille, il aura droit aux quolibets. Les promesses électorales ne tiennent jamais compte des contretemps.

C'est ainsi qu'il pèse sur la France une étrange fatalité. Les gouvernements de droite finissent toujours par faire une politique de centre-gauche, et ceux de gauche une politique de centre-droit. Comme la nuance est infime entre les deux, les contribuables-citoyens ont l'impression qu'ils sont allés voter pour rien. La méthode idéale est d'aller à la bataille électorale sans programme, afin de ne pas avoir la tentation de le trahir. On oublie trop souvent cette évidence : un gouvernement qui s'installe n'est jamais qu'un coureur de relais qui prend le témoin, et il est tributaire du parcours effectué par le coureur précédent. Carl Lewis peut remonter un handicap de cinq mètres mais tout champion olympique qu'il est, il finira dernier si on lui transmet le témoin avec vingt mètres de retard. Un septennat est amené à subir tant de crises et d'orages qu'avant de lever l'ancre, il vaut mieux dire aux passagers : « Nous allons essayer d'arriver à bon port. Comment ? A quelle heure ? Par où ? On verra ça en fonction des vents et des courants. Nous allons naviguer à vue en essayant de vous secouer le moins possible, et tout ce qu'on peut vous promettre, c'est de vous tenir au courant tous les matins de ce qui vous attend dans la journée. »

Les catastrophes ayant la fâcheuse habitude de ne jamais annoncer leur venue, un gouvernement doit comptabiliser l'imprévisible dans la colonne des débits, faute de quoi, il sera obligé de mettre les promesses au placard des objets inutiles. Promettre le meilleur relève de l'irréel et promettre le pire, du masochisme. Le mieux est donc de ne rien promettre du tout et de s'en tenir à la formule de sagesse : « On va faire ce qu'on peut avec ce qu'on a ! »

Cette devise étant celle de quelques millions d'électeurs, il y a toutes les chances pour qu'ils y soient sensibles, eux qui chaque matin considèrent comme une excellente nouvelle le fait de ne pas en avoir appris de mauvaises.

Jean Amadou, Heureux les convaincus, 1985.


Le plan de bataille des financiers




vendredi, mai 11, 2012

Ils changent déjà le monde...





Les propositions du Forum social mondial

Luttes contre l'accaparement de terres, contre l'« extractivisme », pour des normes comptables transparentes et le désarmement nucléaire : tour d'horizon - forcément incomplet - des idées qui ont émergé au Forum social mondial de Dakar.

Depuis dix ans, les forums sociaux mondiaux (FSM) ont pris corps en imposant dans le débat quelques idées phare, comme la taxe Tobin, l'abolition de la dette du tiers monde ou la fin des paradis fiscaux. Dix ans après, quelles sont les propositions qui émanent du FSM qui s'est tenu à Dakar, au Sénégal, du 6 au 11 février 2011 ? La forme « forum » interdit toute déclaration finale ou prise de décision au sein du FSM, mais cela n'empêche pas quelques propositions clés d'émerger. La plupart des participants ayant en tête la notion de justice climatique, leurs revendications combinent les luttes à la fois écologiques et sociales.

Empêcher les accaparements de terres

Le FSM de Dakar a accordé une large place au problème de l'accapare-ment des terres arables. Menace directe contre la souveraineté alimentaire, les cessions de terres à grande échelle, qui se multiplient essentiellement en Afrique, sont facilitées par la fragilité des droits de propriété du foncier.« Avec la hausse des prix agricoles, relate Ambroise Mazal, chargé de mission sur la souveraineté alimentaire au CCFD-Terre solidaire, on a assisté ces dernières années à une véritable ruée sur les terres des pays en voie de développement. On parle ici d'achats ou de locations à long terme de dizaines de milliers d'hectares, par des États ou des multinationales. D'après la Banque mondiale, on est passé de 4 millions d'hectares cédés par an en moyenne au cours de la dernière décennie à 45 millions en 2009 : le phénomène a plus que décuplé »

Or ces utilisations de terres, majoritairement destinées à l'exportation, entrent en concurrence avec d'autres usages à destination des populations locales et fragilisent la sécurité alimentaire de ces dernières. Les débats très vifs qui ont eu lieu lors du Forum ont débouché sur un « Appel de Dakar contre les accaparements de terres », qui demande aux gouvernements l'arrêt des cessions de terres à grande échelle à des acteurs étrangers, le temps de négocier un encadrement des investissements dans l'agriculture paysanne, des lois foncières protectrices des usagers et un partage équitable des plus-values entre pays hôtes et multinationales.

Sortir de l'« extractivisme »

De nombreux mouvements sociaux latino-américains plaident depuis quelques années pour interdire l'exploration et l'exploitation de nouvelles ressources énergétiques fossiles. Une proposition qui avait déjà été large-ment discutée en avril 2010 lors du Sommet des peuples de Cochabamba, en Bolivie. « Leave the oil in the soil » (« Laissez le pétrole dans le sol ») est un mot d'ordre international, notamment porté par les Amis de la Terre et popularisé par l'initiative équatorienne Yasuni-ITT, dans laquelle mouvements sociaux et indigènes, avec le président de la République Rafael Correa, proposent de renoncer à l'exploitation d'un gisement pétrolifère situé dans un parc naturel en échange de subventions internationales.

Avec la hausse du prix des hydrocarbures, expliquent les partisans du moratoire, de nombreuses sources d'énergie peu accessibles, extrêmement polluantes (comme les sables bitumineux, huiles et gaz de schiste et autres hydrocarbures non conventionnels) ou très chères deviennent attrayantes pour les investisseurs. « Le principe serait de conserver les exploitations actuelles, sans en démarrer de nouvelles, explique Maxime Combes, militant altermondialiste de l'Association internationale de techniciens, experts et chercheurs (AITEC). En attendant de redéfinir un schéma énergétique mondial de production et de consommation dans chaque pays, d'amorcer un processus de transition énergétique mettant fin à la surconsommation au Nord qui cohabite avec la sous-consommation au Sud. » Un moratoire de ce type faciliterait la limitation des émissions de gaz à effet de serre, inciterait au développement des économies d'énergie et des énergies renouvelables et préserverait les écosystèmes menacés par les projets de l'industrie extractive.

Imposer un reporting pays par pays aux multinationales

Hormis dans les discours magiques de Nicolas Sarkozy, l'abolition pure et simple des paradis fiscaux, du jour au lendemain, semble hors d'atteinte. Pour obtenir toutefois une victoire partielle, le Tax Justice Network (Réseau pour la justice fiscale) a lancé à Dakar une campagne mondiale pour que les entreprises transnationales établissent une comptabilité pays par pays, permettant de connaître le montant des profits réalisés et des impôts payés sur chaque territoire. Les entreprises qui, pour se dérober à l'impôt, localisent artificiellement des activités et des profits dans leurs filiales domiciliées dans des paradis fiscaux auraient ainsi du mal à justifier leurs écritures comptables.

« Les 50 plus grandes entreprises européennes comptent plus de 20 % de leurs filiales dans des territoires non coopératifs et opaques, explique Mathilde Dupré, chargée de mission sur les paradis fiscaux au CCFD-Terre solidaire. Disposer de leurs comptes pays par pays permettrait donc de leur demander ce qu'elles font dans ces territoires. Ce n'est pas un souci en soi d'avoir une activité réelle dans un de ces territoires, mais il ne faut pas que cela soit une manière de délocaliser artificiellement des profits réalisés ailleurs. » Première avancée d'envergure : le Congrès américain a instauré, dans le cadre de la loi de régulation financière Dodd-Frank de juillet 2010, une obligation pour les industries extractives cotées aux États-Unis de déclarer ce qu'elles versent à chaque État. Pas sûr pour autant que le G20 pousse la curiosité jusqu'à généraliser et améliorer cette mesure.

Abolir les armes nucléaires

A première vue, l'abolition des armes nucléaires a tout d'une utopie. A l'heure de la prolifération nucléaire, un monde sans armes atomiques est une perspective lointaine. Mais les mouvements pacifistes qui le promeuvent mettent l'accent sur les premières étapes à franchir, très réalistes, pour y parvenir progressivement et éloigner le danger d'une guerre nucléaire. Et ce tout en économisant des ressources sur les dépenses d'armement. La société civile pacifiste, à travers la Campagne internationale pour l'abolition de l'arme nucléaire ou l'initiative Global Zero, a proposé un calendrier en plusieurs étapes, approuvé par 127 pays à l'initiative de la Malaisie et du Costa Rica.

« La priorité, c'est de supprimer l'état d'alerte, en vertu duquel 5 000 armes sont prêtes à être mises à feu dans le monde en moins de trente minutes ! », explique Pierre Villard, coprésident du Mouvement de la paix. Les étapes suivantes consisteraient en un rapatriement par les Etats de leurs armes sur leur territoire, puis en une réduction de l'arsenal possédé par les Etats-Unis et la Russie (20 000 armes à eux deux), avant un retrait des ogives nucléaires de leurs vecteurs, une neutralisation des ogives, un retrait des charges et, enfin, un placement sous contrôle international des matières fissiles.

Manuel Domergue
Alternatives économiques

Pour en savoir plus :

L'appel de Dakar contre les accaparements de terres est disponible sur

Le site de la campagne Stop paradis fiscaux : www.endtaxhavensecrecy.org

Le site de la campagne pour l'abolition des armes nucléaires et de l'initiative Global Zero : www.icanw.org et www.globalzero.org

mercredi, mai 09, 2012

Une erreur de la nature ?





Mal adapté parce que trop bien nanti, néfaste à l'équilibre biologique de la planète, l'être humain serait-il en définitive une erreur de la nature ?

On évalue à plus d'un million les espèces végétales et animales vivant actuellement sur la planète. La somme des espèces apparues, au cours de l'évolution biologique, atteindrait dix millions. Neuf sur dix auraient disparu.

Aucune espèce n'est sacrée. Chacune surgit du jeu de la nature ; de l'aléa des mutations biologiques. Pour durer, il faut se faire une niche. Établir un comportement d'échange. Recevoir et donner. S'insérer dans un écosystème. Faute de quoi, l'élimination est inexorable.

Il y a soixante-cinq millions d'années, les dinosaures, les fougères géantes, les ammonites s'effacent brusquement de la surface terrestre. Sur la cause de cette catastrophe, nous n'avons pas de certitude. Il pourrait s'agir d'une arrivée soudaine et importante de matériaux extraterrestres (météorite géante ou nuage interstellaire).

Selon toute vraisemblance, cependant, ces animaux ne sont pas responsables de leur disparition. La nature ne leur a pas demandé leur avis. Mais l'être humain, s'il voit venir sa propre extinction, n'aura qu'à s'en prendre à lui-même. Rien ne nous menace, hormis ce que nous provoquons. [...]

Il importe ici de reconnaître le rôle peu enviable joué par notre culture occidentale. Si le degré de civilisation d'un groupe humain se mesure à l'harmonie de ses rapports avec l'environnement, notre cote est au plus bas. J'en prends pour témoignage ce constat écœuré d'un vieil indien de mon pays :

« Les Blancs se moquent de la terre, du daim ou de l'ours. Lorsque nous, Indiens, chassons le gibier, nous mangeons toute la viande. Lorsque nous cherchons les racines, nous faisons de petits trous. Lorsque nous brûlons l'herbe, à cause des sauterelles, nous ne ruinons pas tout. Nous secouons les glands et les pommes de pin des arbres. Nous n'utilisons que le bois mort. « L'homme blanc, lui, retourne le sol, abat les arbres, détruit tout. L'arbre dit : "Arrête, je suis blessé, ne me fais pas mal." Mais il l'abat et le débite. L'esprit de la terre le hait. Il arrache les arbres et ébranle jusqu'à leurs racines... Il fait exploser les rochers et les laisse épars sur le sol. La roche dit : "Arrête, tu me fais mal." Mais l'homme blanc n'y fait pas attention. Comment l'esprit de la terre pourrait-il aimer l'homme blanc ? Partout où il la touche, il laisse une plaie ».

Notre planète héberge un grand nombre de cultures différentes. Chacune a développé ses propres stratégies de subsistance, son mode de vie adapté au cadre naturel. La pêche des Esquimaux diffère de la pêche au Bénin. L'agriculture massive des prairies canadiennes ne ressemble pas au jardinage familial des paysans de l'Inde. Tout comme les techniques de vie, les rapports de l'homme avec la nature varient largement d'une place à l'autre. Comme les Indiens d'Amérique, comme beaucoup d'Indiens des Indes, de nombreuses sociétés traditionnelles ont, pour la nature, un respect profond, teinté d'animisme.

La science et la technologie de la puissance sont nées dans notre monde occidental, là précisément où le rapport mystique avec la nature a été, le plus tôt, remis en question. Ce n'est sans doute pas un hasard. Nous retrouvons, ici, l'image de Prométhée arrachant le feu au ciel ; le « péché » que, selon Oppenheimer, les physiciens ont connu à Los Alamos.

S'il y a un rapport entre le rejet de la piété ancestrale et l'éclosion de la science, dans quel sens se déploie-t-il ? De l'impiété à la science, ou de la science à l'impiété ? Vraisemblablement, en alternance ou simultanément, dans les deux sens à la fois.

L'important, pour nous, c'est le fait historique de l'apparition de la culture technologique occidentale. Son influence hégémonique se propage et s'impose à toute la planète.

Les impératifs industriels et commerciaux, les moyens de communication et de transport interdisent l'isolement du passé. Au siècle dernier, les Japonais ont été forcés d'ouvrir leurs portes à l'Occident. Les dernières tribus amazoniennes s'éteignent dans les Tristes Tropiques de Lévi-Strauss.

L'intelligence et la curiosité mènent-elles inévitablement à l'éclosion d'une société technologique axée sur le contrôle des énergies ? Cette question, souvent formulée, me paraît mal posée.

Imaginons une planète « lambda » où, comme sur notre Terre, une multitude de cultures différentes développent séparément leur rapport à la nature. Même si la quasi-totalité de ces groupes humains ne montre qu'un intérêt modéré pour la science et la technologie, il suffit que cette passion apparaisse quelque part pour s'imposer éventuellement à tous. La technologie est envahissante. Elle entraîne sa propre expansion territoriale.

Hubert Reeves.

Dessin :

mardi, mai 08, 2012

Humanité et nature





Tommaso Campanella

Le texte qu'on va lire date de 1939. Il est dû au grand historien Franco Venturi, surtout connu pour ses travaux sur les Lumières en Europe et sur le XIXe siècle russe. Franco Venturi était né à Rome en 1914. Son père, le célèbre historien d'art Lionello Venturi, fut l'un des treize universitaires italiens qui refusèrent de prêter serment de fidélité au régime fasciste en 1931. Ayant abandonné sa chaire à l'Université de Turin, il s'exila en France avec sa famille. À Paris, Franco Venturi s'inscrit à la Sorbonne tout en poursuivant ses activités antifascistes qui lui avaient déjà valu une arrestation en Italie. Il se lie notamment avec Carlo Rosselli, adhère à son mouvement « Giustizia e Libertà » et collabore à son journal hebdomadaire. C'est dans le numéro du 30 juin 1939 de Giustizia e Libertà que paraît « Homme et nature », dans le cadre d'un hommage rendu à Tommaso Campanella, «conspirateur philosophe et révolutionnaire» mort à Paris en 1639 et dont il s'agissait de célébrer alors le bicentenaire.

Le 9 juin 1937, Carlo Rosselli avait été assassiné à Paris par des sbires mussoliniens. Franco Venturi resta dans la capitale jusqu'en mai 1940. À l'arrivée des Allemands, il tenta de gagner les États-Unis où ses parents s'étaient réfugiés. Passant par l'Espagne, il fut reconnu par un espion et incarcéré pendant plus d'un an dans une prison franquiste. Le sous-sol d'un couvent servait de geôle, les prisonniers étaient à l'étroit, ne pouvaient guère se mouvoir et étaient contraints d'entonner des chants religieux pour recevoir leur maigre pitance. Au printemps 1941, Franco Venturi fut remis au consul italien à Barcelone, puis transféré en Italie, dans le camp de concentration de Monteforte Irpino. Après la chute de Mussolini, il poursuivit son combat antifasciste et dirigea la presse clandestine du Partito d'Azione, une branche de la Résistance non-communiste. De 1946 à 1950, Franco Venturi séjourna à Moscou en tant qu'attaché culturel de l'Ambassade d'Italie. Il réunit alors les matériaux de son étude monumentale : « Les intellectuels, le peuple et la révolution. Histoire du populisme russe au XIX siècle » (Gallimard, « Bibliothèque des histoires», 2 vol). De retour en Italie, il enseigna à l'Université, reprit ses recherches sur le siècle des Lumières et assuma jusqu'à sa mort en 1994, la direction de la Rivista storica italiana.

À une époque aride et stérile, à une société fissurée et décadente, Campanella sut opposer le monde vivant tout entier, animé, depuis le plus petit insecte, au grand foyer de lumière et de sens : le Soleil. Il appelait « Terre desséchée » ce inonde où il vivait, qui évoquait aux yeux et au gosier le paysage africain de sa contrée natale, et il nommait «cigales éteintes» ceux qui se croyaient vivants, dans ce paysage social désertique. L'Italie espagnole de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle, qui par tant d'aspects nous peut rappeler la réalité d'aujourd'hui, fut pour Campanella la sécheresse qui le poussa à chercher en lui-même et en autrui les nouvelles sources de vie.

Et il trouva assez de force pour renverser ce qui lui parut l'universel processus d'involution de l'humanité, lequel était, certainement, le progressif retirement de la vie hors de la société qui l'environnait. Il vit les hommes primitifs, remplis de force et de foi, regarder comme animé le monde entier autour d'eux, puis il les vit dénier tout sentiment aux choses et regarder comme des êtres inanimés les astres du ciel et les étoiles «bien qu'elles fussent plus fortes et plus belles que nous». De la nature cet appauvrissement se communiqua aux peuples divers, aux diverses races d'hommes, et d'aucuns dirent que «toutes les nations étaient barbares hormis la nôtre ».

L'égoïsme, et comme dit Campanella, l'« amour-propre », qui avait ainsi peu à peu séché les racines naturelles de l'homme, se manifeste dans toute sa laideur, au dernier stade. Autour de lui Campanella voyait des hommes renfermés en eux-mêmes, incapables de cet effort nécessaire pour sortir de leur alvéole, pour se jeter dans le savoir et dans l'action, pour se nourrir de ce que le monde environnant contient d'absorbable et d'organisable par notre être physique et spirituel.

Devant la stérilisation de la vie, il proclame que tout est vie, que les choses, les objets, les étoiles, les pierres ont un sentiment, et s'efforcent, comme nous, de conserver leur être propre.

Et ainsi personne plus que Campanella, en son temps, n'a si intimement lié nature et humanité, personne n'a vu avec une imagination plus riche et une pénétration plus aiguë toute la richesse philosophique et sentimentale qui pouvait venir à l'homme de se croire une partie d'un tout, un organe d'un immense organisme. D'avoir voulu renverser, par cette vision cosmique, toute la mortelle misère spirituelle environnante, d'avoir voulu briser les barrières de tout individu mesquin renfermé en soi-même, confère à la vision de Campanella (si naturellement on laisse de côté toute évaluation strictement philosophique) cet aspect religieux et utopiste qui la rend tout ensemble difficile à pénétrer et immensément suggestive pour qui y attache ses regards.

Le monde est un animal grand et parfait,
De Dieu statue et louange et semblance :
Nous sommes des vers imparfaits, vile engeance :
Qui dedans son ventre vivons abrités.

Voilà comme Campanella chante les destinées de l'homme, non pour le mépriser, mais pour le circonscrire dans son monde et comme pour le faire rentrer par force dans le grand ventre de la nature, dont seul l'artificieux égoïsme l'avait fait sortir.

Les hommes, enfants du Soleil et de la Terre, reliés dans tous leurs organes et dans tous les actes essentiels de leur vie aux animaux, aux plantes, aux choses mêmes, sont vus par Campanella selon leur totalité, comme corps, sens, et âme, et portant dans leurs membres l'image de leur être ; ils sont beaux s'ils correspondent à leur fonction cosmique, créateurs non seulement de villes et de navires mais encore de leurs organes corporels propres à leurs tâches de combattants, de travailleurs, reproducteurs. Et avec ce rationalisme que nous retrouvons au fond de tant de splendeur d'images, Campanella voulait, pour sa Cité du Soleil, un effort conscient de la société et des sages qui la dirigeaient afin d'obtenir les exemplaires les plus beaux de notre genre humain. « Je m'ébahis que nous soyons si bestiaux que nous négligions la génération humaine et tenions tant compte de la race des bêtes. » Aussi Campanella préconisait-il une « Magie de la génération », tenant d'une science sociale et religieuse tout ensemble, capable d'imprimer jusque dans les membres des futurs habitants de sa cité solaire ces sentiments de joie, de travail, d'optimisme cosmique qui pénétraient son cœur lorsqu'il espérait pouvoir obtenir par sa rénovation philosophique la régénération de la misérable humanité qui l'environnait :

Donc, on devra dans la République donner ordre, comme observe Ocellus le Pythagorique, à ce que les mariages ne se fassent point selon la dot, mais selon la valeur, ou à ce que vaillante femme s'accouple avec vaillant homme et à lui faire considérer statues ou peintures d'hommes illustres dans les arts et dans les lettres et à lui inspirer l'amour d'eux...

Dans cet extrait du Sens des choses et de la magie paraît en effet clairement l'aspect utopique de la Cité du soleil, où Campanella établit des règles détaillées et précises pour obtenir une descendance digne de la Cité où tout est en commun et où règne la raison incarnée dans les symboles de la nature. Les statues admirables ne sont que la forme en pierre de l'image, qui a tant d'importance dans son œuvre : image de l'homme, statue de Dieu, et de l'univers. Et les règles mêmes fixées au sujet de la génération ne sont que l'application au domaine juridique de sa volonté de régénération : volonté qui jamais ne s'arrêtait aux limites de la pensée, mais qui, corps et sang, œil et chair, voulait comprendre et englober. Toute la nature (sa nature animée et pleine de vie) lui paraissait tendre à ce but : savoir, la fusion des diverses races humaines déjà en cours par un processus providentiel et que la monarchie universelle voulue par lui aurait dû accélérer rationnellement :

Pour quoi (entre autre causes) Dieu a coutume d'envoyer au septentrion les australs en guerre et les septentrionaux à nos climats pour en introduire les semences, car l'embonpoint des Lombards, Goths et Huns et leur mollesse et succulence et douce chaleur ont tempéré la sécheresse, ardeur, ténuité et petitesse des Italiens, Espagnols et Pannoniens et Dalmates, en sorte qu'ils ont meilleure descendance, comme les châtaignes greffées sont plus nobles que les espèces ordinaires, plus belles, plus grandes et vigoureuses.

Toujours Campanella traitera l'homme de cet air poétique et ensemble naturaliste. Comme dans sa vision de la nature douée d'âme tout son idéal politique et humain est déjà contenu, fût-ce sous une forme philosophique et mythique, plus Campanella se rapprochait des origines vitales, animales, et peut-être pourrons-nous dires «raciales », de l'homme, plus clairement paraissaient les contours de son idéal de vie supérieure. Qu'on lise donc le poème qu'il a dédié à l'exaltation de l'homme et que nous reproduisons ici comme l'un des plus élevés qui soit jamais sorti de sa plume. Toute comparaison entre nous et les animaux, entre la terre mère et l'homme fils, entre la fange ordinaire et la créature, ne fait qu'accentuer la divinité de l'homme. La grandeur de Campanella réside en ceci : après tant de siècles de scission entre l'âme et le corps, entre la terre et le ciel, il fallait la magie de la puissance mythique de Campanella pour donner vie à la nouvelle créature complète, à l'homme que l'on a dit moderne, mais que les trois siècles passés depuis la mort de Campanella ont seulement commencé à réaliser.

Dans ses Poésies philosophiques, nous voyons déjà le naturalisme de Campanella donner les fruits d'un égalitarisme d'ordre supérieur : supérieur, parce que fondé sur l'active rédemption des opprimés et de tous ceux qui selon une de ses métaphores sont « rois par nature ». C'est-à-dire : rois, dans le monde idéal de la vérité ; opprimés, au contraire, dans la société tyrannique qui les environne. Les rois de la terre, les tyrans, portent la couronne comme certains rois parmi les animaux qui sont d'une race différente de leurs sujets, comme chez les abeilles, etc. Mais les hommes n'ont pas ces signes de distinction : le genre humain a une seule échelle de valeur qui est celle même qui a son siège dans le cœur de chacun.

L'homme ne naît point la couronne en tête.

Ainsi :

Néron fut roi par hasard et en apparence
Socrate par nature et en vérité.

Dans un autre poème, Campanella voit en Socrate, qui comme on le sait était difforme et avait un visage faunesque, une incarnation de la beauté : « Nés d'un génie nouveau / Les étranges membres de Socrate sont beaux ».

Ainsi l'amour pour le corps, le rêve d'une meilleure descendance humaine, toute cette force physique qui se fait jour dans les projets du Campanella politique sont à la fois une forme de son amour constant pour les symboles et les mythes, et une forme sociale de sa philosophie fondée sur la « distinction » et sur la réalisation de plus en plus parfaite de l'« être soi-même ». Avec cette mythologie de la nature et du corps Campanella a créé l'un de ses mythes les plus puissants, dépôt de vérités acquises et gage de futurs efforts de recherche.

Franco VENTURI
Traduit de l'italien par Yves Branca



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