lundi, septembre 19, 2011

Abolition de la viande





Communiqué de presse :

Pour la troisième fois cette année est organisée une semaine mondiale d'abolition de la viande du 23 au 30 septembre 2011.

L'élevage, la pêche et la chasse occasionnent en permanence un préjudice immense à un nombre incalculable d'êtres sentients qui souffrent et sont tués pour fournir de la viande.

Pus de 60 milliards d'animaux terrestres sont tués chaque année dans le monde pour être mangés. Infiniment supérieur encore, le nombre de poissons pêchés ou élevés pour finir dans les assiettes.

Les personnes qui refusent de cautionner l'exploitation des animaux pour leur chair sont de plus en plus nombreuses de par le monde. Néanmoins, le nombre de victimes de l'exploitation croît de façon exponentielle : toujours plus d'animaux sont élevés en batterie, toujours plus de poissons sont pêchés...

Ces semaines mondiales d'abolition de la viande sont l'occasion d'affirmer publiquement que la consommation de produits animaux n'est pas un choix personnel : la question de la souffrance et de la mort que nous infligeons à des myriades d'autres êtres sentients engage évidemment les valeurs de notre société.

La légitimité morale de l'exploitation des animaux élevés, chassés et pêchés doit faire l'objet d'un débat de société.

Nous affirmons qu'aucun argument convaincant ne justifie ce massacre permanent : le plus grand carnage ayant jamais existé à la surface de notre planète doit cesser au plus vite.


Pour de plus amples informations sur la démarche de la revendication de l'abolition de la viande :
http://meat-abolition.org/
http://abolir-la-viande.org/
http://abolitionblog.blogspot.com/


Alphonse Allais et le végétalisme (végétarisme intégral)

Le petit CharIes-Alphonse Allais, fils d'un pharmacien d'Honfleur naquit le 20 octobre 1854, le même jour qu'Arthur Rimbaud. Jusqu'à l'âge de 3 ans, il ne prononcera pas un mot, si bien qu'on le croyait muet. Après dès études sans éclat, il fut stagiaire à la pharmacie paternelle.

Au cours de son service militaire, au 119e de ligne, le soldat Allais se signala par quelques hauts faits qui lui valurent d'entrer dans la légende. Il se rendit célèbre parmi ses camarades pour s'être écrié :

Bonjour M'sieurs Dames ! en entrant dans une salle remplie d'officiers supérieurs.

Lorsque son colonel accorda une permission de nuit aux hommes mariés, le soldat Allais disparut pendant 24 heures : il se justifiea en disant qu'il avait droit à une perm’ de jour plus une de nuit parce qu'il était bigame.

Il avait pris l'habitude d'appeler ses supérieurs « carporal », « carpitaine », « cormandant » ce qui lui valut d'être considéré comme un idiot et d'avoir la paix.

Il abandonna ensuite la pharmacie pour se lancer dans le journalisme et la littérature. Il fit ses débuts à Paris, en roulant du tambour au célèbre cabaret du Chat noir.

Il fera partie du Club des Hydropathes (littéralement ceux à qui l'eau fait du mal) qui est, en 1878, l'un des centres du mouvement littéraire. Les Hydropathes se scindent en deux écoles : les Hirsutes et les Fumistes dont Allais devint le chef. Il collabore au Journal du Chat noir avant d'en devenir le rédacteur en chef. Il ne cessera plus dès lors d'écrire des contes dans le Rire, le Sourire et le Journal où il animera avec une verve étourdissante, une rubrique régulière qu'il a appelée : La Vie drôle.

Claude Gagnière

Végétarisme intégral

Un correspondant anonyme mais bien intentionné m'envoie, des bords de la Tamise, un fragment de journal en lequel je déguste des lignes savoureuses et bien britanniques.

Jugez plutôt.

La dernière réunion des végétariens anglais fut, paraît-il, empreinte d'un caractère d'intolérance plus farouche que jamais.

A la grande majorité, on répudia non seulement les personnes qui mangent de la viande ou du poisson, mais encore toutes celles qui font emploi, en vue de vêtements, ornements ou tous autres usages, de la peau, du poil, des plumes, etc., etc., d'animaux mis à mort.

« Mais le cuir ! objecta mollement un assistant. L'humanité ne saurait se passer de cuir, quand ce ne serait, voyons, que pour les chaussures. »

Alors, l’un des plus fanatiques croisés se leva et, d'une voix forte, dit :

« Les chaussures en cuir ne valent rien, rien de rien ! J'en fabrique en herbe qui leur sont mille fois préférables. »

Des chaussures en herbe ! L'assemblée n'en revenait pas !

L’apôtre reprit :

« Du reste, j'en ai apporté un certain lot, et je me ferai un plaisir d'en donner à tous ceux qui voudront bien les chausser ici même. »

Quelques pauvres diables s’avancèrent et reçurent chacun une paire de bottines en herbe.

(Que le lecteur ne croie pas à une plaisanterie, On fabrique, en effet, depuis quelque temps, et surtout en Amérique, une sorte de substance composée d'herbe traitée d’une certaine façon, puis agglomérée, comprimée, laminée, etc.)

Les vagabonds se déclarèrent tout d’abord ravis de ces étranges godillots, mais l'un d'eux, interviewé le lendemain par un de nos brumeux, confrères, exprima, sur le mode amer, son désenchantement.

Récit du vagabond :

« Les bottines en herbe semblables à celles qu’on m’offrit hier sont très bonnes, très douces au pied et résistent fort bien à l'humidité.

« Je ne m'étais jamais senti si bien chaussé et me jugeais, au moins en ce qui concerne les extrémités inférieures, au sommet du confortable.

« Toute la journée, donc, je marchai sans éprouver la moindre fatigue, et, quand le soir fut venu, ce fut plutôt par coutume que par lassitude que je gagnai ma chambre à coucher.

« Ma chambre à coucher, il faut vous le dire, monsieur le reporter, n'est pas une chambre à coucher, au sens que les gens de la bourgeoisie aisée attachent à ce mot. C'est plutôt un square (duquel, rapport aux indiscrets policemen, vous me permettrez de celer l'adresse), sorte de petit parc où quelques moutons me servent de camarades de lit, si j’ose m'exprimer ainsi.

« La nuit fut bonne et, déjà, je goûtais le pur sommeil du matin, quand j'éprouvai, soudain, un intolérable chatouillement à la plante (c'est le cas de le dire) des pieds.

« Mes amis, les moutons, tranquillement, paissaient mes bottines.

« Conclusion : Les chaussures en herbe sont tout ce qu’il y a de plus recommandable, sauf pour le cas des gentlemen qui se voient contraints à partager le dortoir des herbivores. »

Tel fut le récit du tramp.

Ajoutons, avec infiniment d'esprit, que pareille mésaventure attend les personnes qui essaieraient de se chausser avec des bottes de cresson.

Alphonse Allais, « Plaisir d'humour ».



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samedi, septembre 17, 2011

Le 11 Septembre dix ans après





Nous ne pouvons nier que la dictature mondiale de la finance est une réalité plus tangible que le contrôle des populations par une mystérieuse loge de comploteurs reptiliens-illuminati.

La cupidité est à l'origine de nombreuses tragédies. Même nos prétendues démocraties sacrifient des milliers de personnes pour accroître les profits de quelques familles. De hauts fonctionnaires et des scientifiques aux ordres n'hésitent pas à répandre des mensonges pour favoriser le développement d'industries extrêmement dangereuses (naguère l'amiante, aujourd'hui le nucléaire, les OGM, les nanoparticules...). Ces menteurs pourraient connaître le sort des nazis condamnés à mort à Nuremberg pour crime contre l'humanité.

A qui profite le crime ? Existe-t-il un lien entre le monde de l'argent et les attentats du 11 Septembre ? David Ray Griffin, auteur du livre « Un autre regard sur le 11 Septembre », s'est posé ces questions et beaucoup d'autres.

En s'appuyant sur des milliers de sources, le livre de David Ray Griffin, « loin de partir d'idées préconçues ou d'exprimer une opinion réactionnaire, soulève assez de questions précises et dérangeantes pour étayer une demande de nouvelle enquête plus convaincante que jamais. »

Que savez-vous réellement des attentats qui ont justifié la « guerre contre le terrorisme » ? Deux guerres et des centaines de milliers de morts plus tard, sans oublier les millions de réfugiés, il convient de se demander en toute lucidité : à qui profite le crime du 11 Septembre, sinon au complexe militaro-industriel ? Savez-vous que les invasions de l'Afghanistan et de l'Irak étaient prévues bien avant les attentats du 11 Septembre ? Savez-vous que la veille, Rumsfeld annonçait que son ministère avait perdu la trace de 2 300 milliards de dollars et que les bâtiments détruits au Pentagone abritaient des services comptables de l'armée ? Que les responsables militaires chargés de la défense aérienne n'ont pas été sanctionnés mais promus ! Tout comme les agents de la CIA et du FBI qui ont empêché les enquêtes d'aboutir. Connaissez-vous l'existence de la 3e tour du World Trade Center ? Vous souvenez-vous de la psychose mondiale engendrée par l'anthrax au lendemain des attentats, d'abord imputés à al-Qaïda, puis à Saddam Hussein ? L'enquête du FBI a conclu qu'il provenait en fait d'un laboratoire militaire américain. En fin de compte, que savez-vous vraiment du 11 Septembre ? Il est temps de voir ces événements sous un jour différent, avec un autre regard. Ce livre de l'auteur qui fait autorité sur le sujet fourmille de faits irréfutables qui vous laisseront d'abord sans voix, et vous feront prendre conscience que depuis 10 ans, on ne vous dit pas la vérité sur le « terrorisme » Tel un procureur implacable, David Ray Griffin avance pas à pas dans un dédale de secrets et de mensonges, de dissimulations et de tromperies, pour faire la lumière sur l'événement fondateur d'une nouvelle ère de guerres sans fin. Une argumentation raisonnée et logique, qui se base sur des éléments de preuve délibérément ignorés ou écartés par les autorités états-uniennes et les médias. Une lecture obligée. Un voyage au bout de l'effroi !


Biographie de l'auteur

David Ray Griffin est professeur émérite de philosophie des religions et de théologie à la Claremont School of Theology et à la Claremont Graduate University. Il est également, co-directeur du Center for Process Studies, qui diffuse et développe le courant philosophique d'Alfred North Whitehead, lequel se fonde sur les sciences. M. Griffin a publié une trentaine de livres dont 9 sur le 11 Septembre, parmi lesquels 4 ont été traduits en français : « Le Nouveau Pearl Harbor », « Omissions & manipulations de la Commission d'enquête » (prix de la Fondation Hélios en 2006) et « La Faillite des médias » (médaille de bronze dans la catégorie Actualités de l'Independent Publisher Book Awards en 2008), et cet ouvrage. À sa sortie, il fut élu « Choix de la semaine » par la revue professionnelle Publishers Weekly (comparable aux États-Unis à Livres Hebdo en France).


2 300 milliards de dollars disparaissent


« Le 10 septembre, Ronald Rumsfeld déclare que son ministère ne parvient plus à trouver la trace de 2 300 milliards de dollars, envolés dans les méandres de l'administration... Qu'à cela ne tienne, la Providence veille : l'aile du Pentagone qui sera touchée abritaient les services comptables de l'armée... »




vendredi, septembre 16, 2011

L'homme du futur : un vieillard au visage puéril




Dans les prochains millénaires, il faut s'attendre à des modifications concernant des détails anatomiques, qui viendront compléter les changements qui ont débuté à la préhistoire. L’évolution humaine dure en effet depuis 3 millions d'années, mais elle s'est accélérée depuis environ 40 000 ans.

La bipédie de l’homme, par exemple, est imparfaite, nos veines des membres inférieurs possédant encore des valvules de quadrupèdes. Du coup, le sang s’accumule dans les parties inférieures, provoquant varices et hémorroïdes. Dans l’avenir, le système circulatoire humain devrait donc devenir plus efficace.

L'apparition de la bipédie s'est également traduite par la bascule de l'arrière-train et le rapprochement des centres de gravité de la tête et de la colonne vertébrale. Ce rapprochement s’est fait par un déplacement vers l'avant du point de fixation de la tête sur la colonne (trou d'occipital).

Ces mouvements ont pour conséquence d'arrondir la forme du crâne. Or, l'équilibre théorique d'un corps ne se réalisera que quand les axes de gravité de la colonne et de la tête seront superposés, ce qui laisse supposer que le crâne devrait encore s’arrondir. Ce dernier n'évoluera plus en masse, mais, en revanche, le cerveau pourra encore augmenter grâce aux circonvolutions du cortex (le cerveau en se repliant sur lui-même peut occuper plus de place dans le même volume). Ceci devrait favoriser l'apparition de nouvelles fonctions cérébrales en relation avec un comportement de plus en plus élaboré.

Par ailleurs, la mâchoire se raccourcit, l'espace de la troisième molaire se comble (la dent de sagesse est déjà trop à l'étroit), ce qui provoque un recul du visage. L'homme de demain pourra peut-être avoir 28 dents au lieu de 32. Autre élément marquant de l'évolution des espèces : la réduction du nombre de doigts. Le petit orteil devrait ainsi raccourcir, voire disparaître.

L'évolution future de l'homme pourrait être influencée par des facteurs impondérables comme la pollution ou encore les virus. Par exemple, au XIXe siècle, l'épidémie de tuberculose a surtout affecté les personnes de grande taille, favorisant les petits. Or, depuis l'éradication de la maladie, les grands font leur retour en force d'où une des causes possibles de l'augmentation de la stature depuis un siècle.

Dans 50 000 ans, des hommes moins robustes au visage puéril ?

Autre facteur, l'allongement conséquent de l'espérance de vie entraîne l’apparition d'un caractère nouveau : la vieillesse. Les différentes étapes de la-vie, et en particulier l'apprentissage, étant de plus en plus longues, le psychisme et les capacités cognitives devraient s'améliorer.

En revanche, ce comportement pourrait entraîner une infantilisation de l'espèce humaine. L'homme deviendrait alors moins robuste et le dimorphisme sexuel (les différences homme-femme) diminuerait.

Le portrait-robot de l'homme du futur pourrait être un vieillard avec un visage puéril et réduit par rapport à la taille de son crâne. Mais ces prospectives sont un peu arbitraires et ces modifications, si elles surviennent un jour, ne seront effectives qu'à long terme : il faudra au moins 50 000 ans.

Jean-Louis Heim, anthropologue, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, Paris.



700 000 siècles d'histoire humaine
Jean-Louis Heim




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jeudi, septembre 15, 2011

Prêtres paillards au Moyen Âge





Les clerjastres ou la mauvaise Graine de la « clergie »

Tous ces clercs si nombreux au Moyen Âge, sans doute environ 5% de la population globale, sont-ils des pécheurs irréguliers et des individus scandaleux, des êtres pernicieux que le temps libre et la bonne chère poussent à vouloir, à tout prix, « convertir » (ici débaucher) les femmes mariées et les pucelles ou des proies favorites d'anticléricaux notoires ? Le thème du prêtre séducteur et de l'amant comblé a contribué à faire la gloire des fabliaux (R. Colliot).

Une moquerie facile

Les procès-verbaux de visites pastorales signalent dans des paroisses des diocèses d'Avignon, de Rouen, de Grenoble, des curés papelards, éprouvant des tentations charnelles, concubinaires, pères de familles nombreuses, bons vivants et ivrognes, jouant aux dés et aux cartes dans des tavernes, fréquentant les lupanars. Les mauvaises langues prétendaient qu’un fils de riche est trop bête pour devenir autre chose que prêtre, pourvu d’un bénéfice !

« Tout paysan voudrait pour fils
Curé nourri à ne rien faire,
Un Monsieur qui a les mains blanches...
Cléricature est méprisée
Comme un état de peu de poids » (S. Brant p. 232-233)

Les prédicateurs des ordres mendiants, avares d'éloges, mais prodigues en condamnations pour déficiences, sermonnent volontiers les mauvais clercs, les clergauts, les membres de la coquinaille cergicale qui s’entremêlent dans la liturgie, manquent à leurs devoirs, jouent au jeu de paume, se travestissent, blasphèment le nom de Dieu et de la Vierge, se choisissent une concubine ou fréquentent la femme de leur voisin. La raillerie de certains auteurs de contes à rire atteint parfois les limites de la bienséance et de la vulgarité qui pourrait friser une haine profonde quand on évoque par exemple des prêtres, pères spirituels et juges de leurs paroissiens. Ils déshonorent comme amants un « sacrement de mariage tornant a honte et a putage », quand on décrit dans Connebert un incendie d’une forge où les testicules du prêtre sont cloués à une enclume et grillées ! Même les nonnes se dévergondent volontiers et transforment leurs couvents en antichambres de lupanars.

La vérité oblige à observer que le statut si varié de membres de la clergie va des serviteurs de l'église, des simples étudiants, des diacres et des chapelains, aux prêtres, aux chanoines, issus de familles nobles, représentant l'opulence. Des curés vivent bien, sont des gens aisés, propriétaires immobiliers, comme celui du fabliau le Boucher d'Abbeville ; la majorité a du mal à vivre et doit se livrer à des activités qui n'ont rien à voir avec leur vocation initiale : jardiniers, artisans, usuriers mêmes.

Les clercs, bels amants ou ignares, moqués et rabaissés, archétypes farcesques

Des esprits critiques, des enquêteurs envoyés dans les paroisses par des évêques réformateurs, des prédicateurs bénédictins ou mendiants, des auteurs de contes pour rire véhiculent toutes sortes de vilenies sur le compte de ce bas-clergé, égratignent ou ridiculisent les ensoutanés incultes, médiocres pédagogues, gourmands, lubriques, ceux qui ont pris des libertés avec les vœux et la morale au point de profiter de la confession pour déclarer leur flamme. Le comique de situation donne à la population une image fausse de la réalité en laissant entendre que les curés sont des mal-aimés, que la plupart, assez élégants, beaux causeurs, galants, succombent à la tentation d’une ravissante prêtresse (sic). C’est l'exception qui devient la règle injustifiée car la plupart des ecclésiastiques ne disposent comme tout bien que d'une « portion congrue », n'ont donc pas les moyens d'entretenir une « prêtresse » (sic), de se payer des séjours dans les étuves et d'accompagner l'oie farcie de force pintes de vin. C'est devenu en tout cas un leitmotiv à telle enseigne qu'un jeune frocard a bien du mal à échapper aux lazzis des groupes qu'il croise dans la rue. Henri Rousseau, un prêtre du diocèse de Bourges, visite régulièrement le domicile de la « belle barbière et de la belle Johanon » à l'aube du XVIe siècle.

La farce, intitulée Saint Pierre et le jongleur, est profondément irrespectueuse. Le cadre est l'enfer, apparemment très fréquenté. Un artiste qui n'était pas, de son vivant, un enfant de chœur, a gagné les faveurs de Satan au point d'avoir la mission d'entretenir le feu du brasier infernal, pendant que le diable et ses acolytes font une petite sortie. Il se tire si bien de sa mission que Satan, tout content, lui offre à son retour un plantureux repas constitué d'un moine, gros et gras, cuisiné à la sauce de souteneur ! La satire ridiculise et fustige ces curés qui arrachent des testaments de complaisance à leurs administrés sur le lit de mort, qui s'adonnent à la simonie, font payer les sacrements au nom des évangiles de saint Marc d'argent et de saint Lucre ou rendent les maris cocus jusqu'à devenir pères de bâtards dans la farce Jenin fils de rien ! On raconte que certains prélats se sont scandaleusement enrichis au cours d'expéditions militaires, d'une des dernières croisades.

La maîtrise du vocabulaire et d'une ironie acerbe dont font preuve certains troubadours ou des prédicateurs dominicains les entraîne à brosser des portraits peu flatteurs de leurs contemporains, à ruiner des réputations, par « aulcain malvais esperitz », à dire du mal d'un prélat devenu « un mahommet cornu ». Raimon de Cornet, considéré comme l'un des derniers grands troubadours, a légué à la postérité une œuvre féroce, des parodies de moines, clercs avinés, piliers de tavernes, tourmentés par le feu du désir et par des rêves érotiques.

Une catégorie de clercs prête plus le flanc à une critique d'une tonalité moralisante que d'autres et a eu effectivement un immense succès dans les alcôves et dans les histoires amoureuses davantage, cette fois, comme protagoniste que comme victime : les jeunes et beaux vicaires, les chapelains désœuvrés et disponibles ! Leur présence papillonnante agace les maris. Le conte intitulé les Braies du Prêtre de Jean de Condé débute ainsi : « Il n'y a pas longtemps, dans une cité, vivait un boucher ; sa femme lui préférait un prêtre car ce dernier satisfait mieux ses désirs lorsqu'il se trouvait avec elle dans l'intimité... Les prêtres sont de trop chauds lapins et ils ont plongé dans le déshonneur bien des hommes ». (Jean de Condé).

Les moines et les frères ne sont guère mieux traités par Jean Molinet dans sa Chronique et dans le sermon si joyeux qu’il en est obscène sur saint Billouard. Leurs exploits galante, relevant d'une «diabolique pestilence » les placent après le retour du mari cocu, dans des situations humiliantes ou honteuses au fond d'un coffre ou d'un lardier. « Les notables filles religieuses réformées de l'ordre de Saint-Augustin » ne sont pas épargnées par cette métaphore flamande donnant au mot, reformeren, en langage codé, une connotation sexuelle ! Le pire est d'ailleurs atteint quand le mal des nonnains, nécessitant des séances d'exorcisme, pousse des nonnes à s'exprimer comme des diablesses tout en se livrant à des excentricités et en sautant en l'air !

Un comique supposé anticlérical

Peut-on évoquer comme A. D. Mikhailov, un anticléricalisme ou seulement un anti-sacerdotalisme humoristique, sans commettre un néologisme ?

La dénonciation des membres du clergé pour ses abus sexuels, sa gourmandise et son sens des affaires est moins générale dans la littérature qu'on ne le croît de prime abord et quand on a la chance de posséder des procès-verbaux de visites pastorales qui sont des enquêtes épiscopales sur
les mœurs, la formation, la culture du clergé local (Rouen, Savoie, Dauphiné) on s’aperçoit que les manquements à toute règle de conduite ne concernent qu'une minorité d'individu, de l'ordre de 10%. Le bon prêtre ne retient pas l'attention, pas plus que l'honnête homme et le travailleur de nos jours !

Une minorité d'auteurs ou de récitants, de préférence des déclassés, membres des compagnies de joyeux lurons, du type Rutebeuf, se distingue du reste de la population par une attitude irrévérencieuse, voire subversive, à l’égard de la société religieuse, mais n'agit pas forcément par conviction profonde, par incroyance ou par volonté de nuire aux valeurs religieuses. Le comique farcesque n'est pas antireligieux de nature et la meilleure preuve n'est-elle pas qu'il imprègne plusieurs récits, des pièces du théâtre sacré, les mystères. Le goût pour la provocation conduit à dépeindre un individu sorti tout guilleret de l'enfer où il déclare avoir rencontré des gens biens, dans la Résurrection de Jenin Landore. La jalousie à l'égard de détenteurs de cure ou de prébendes conduit à dénoncer les abus, commis par une minorité.

Les compagnies folles de jeunes gens de la basoche en goguette ont fait bien pire, à la limite du sacrilège en se moquant des sacrements, de la confession, de l'extrême-onction dans la farce du meunier entendu par le prêtre qui le cocufie, du déroulement de la messe, du mariage chrétien, de la mort même du meunier entendu en confesse par le curé qui le cocufie. Des paillards livrent à la postérité des chansons de corps de garde ! Quelques-uns ont ironisé sur l'ingérence du pape, de prélats courtisans, des Franciscains et des Dominicains à la cour d'un prince et Saint Louis lui-même ne fut pas à l'abri de la moquerie pour sa bigoterie (Joinville). Des farces parodient, à l'occasion, la confession, la pénitence, la procession, les signes de croix, le rituel de la messe. La confession de Margot va très loin quand le prêtre, excité par ce que raconte la prostituée, l'absout volontiers et lui enjoint comme pénitence d'aller rendre visite à ses confrères, aux moines, et aux ermites du coin ! Le texte n'est pas avare de situations lestes, évoque les « manipulations de l'andouille » d'un ermite et du prêtre confesseur.

Mais de là à parler d'un « anticléricalisme de cocus » à propos des tonsurés amoureux, de haine du clerc sous prétexte que des chansons, des poésies satiriques dénoncent quelques parasites qui tirent profit de la générosité forcée de leurs ouailles, des vicaires qui horrifient le public par leurs tenues et leurs mœurs (en Champagne), il y aune marge qu'on ne saurait franchir. Peut-on aussi taxer d'anticléricaux ceux qui menacent un autre en ces termes « Tais-toi ou je te donne un coup de la sainte Croix », qui prétendent que le Saint-Esprit a oublié un niais ou qui évoquent, dans le sens qu'on devine, le goupillon d'un prêtre, l'étui à couilles de frère Guillebert ? Ce sont les exploits d'un individu porté sur le sexe et la gula que concerne une moquerie de circonstance de récitants et d'auditeurs qui continuent d'aller régulièrement à la messe en décrivant les chambrières qui y assistent pour voir si le desservant est bien appareillé !

Que dire aussi de ceux qui parodient le sacré, se moquent du repentir d'un mourant dans le pourpoint rétréci ou dans le testament de Pathelin ? Que dire enfin de ce prêtre, stéréotype du suborneur insatiable, qui s'efforce d'obtenir les bonnes grâces d'un mari cocu tout en besognant le gaufrier de son épouse ? Se moquer, c'est l'occasion de commettre un délit dans la farce la confession du brigand, de dénoncer sa sexualité dans la confession de Margot. Rire d'un prêtre ou d'un moine avec causticité dans la confession de Margot, c'est être certain de s'amuser à bon compte et d'obtenir un franc succès digne de la presse actuellement. Les hommes d'église donnent les premiers le mauvais exemple, se livrent parfois à de singulières plaisanteries comme à répandre cette blague qui consiste à se demander si les austères Cisterciens, respectant la pauvreté absolue, portent une culotte et d'attendre qu'un coup de vent apporte la réponse !

La moquerie, comme la critique, peut être constructive quand elle dénonce les manquements, s'inscrit dans la correction du péché et dans la restauration de la dignité ecclésiastique, de la foi et de la morale, si elle contribue à fustiger, par des exempla bien choisis et pleins d'un humour corrosif, par des historiettes drolatiques, les brebis égarées, les prêtres ignares qualifiés par les Mendiants d'ânes defferrés à la queue trop courte, les luxurieux, les simoniaques. Revenir par l'humour, par la facétie, au clergé d'antan et à l'église apostolique ne serait pas banal si l'intention profonde était à tous les coups bien prouvée. La démarche qui égratigne puis corrige nécessite l'usage d'un vocabulaire à la fois compréhensible de tous et imagé pour retenir l'attention, des exemples choisis avec soin dans l'Écriture sainte, un parallèle avec le quotidien et finalement un savant dosage de comique, de ridicule et de crainte où le plus malin s'en tire le mieux. Corrosive car elle s'amuse des superstitions est cette description d'une séance d'exorcisme dans les Trois Aveugles de Compiègne, au cours de laquelle le prêtre pose l'évangéliaire sur la partie souffrante, ici la tête d'un fou, et lit le passage où il est question du Christ chassant les démons.

Terminons sur l'indignation d'un brillant intellectuel Gerson qui déclare un moment dans une des ses œuvres à propos de la « ridiculisation (sic) détestable du service divin et des sacrements : On s'y comporte de façon plus impudente et plus exécrable que dans les tavernes et les mauvais lieux, chez les Sarrasins et les Juifs ».

À la vérité, aucune explication morale, psychologique, sociologique n'est vraiment satisfaisante et interdit en tout cas d'utiliser le mot anticlérical, même si « l'honneur de Dieu » était parfois remis en cause par des individus ou des sectes.

Jean-Pierre Leguay, « Farceurs, polissons et paillards au Moyen Âge ».


Farceurs, polissons et paillards au Moyen Âge

C'est un Moyen âge surprenant, tourné vers une culture populaire, que décrit ici J.P Leguay à partir de sources narratives, de farces, de miniatures. L'auteur fait revivre de drôles d'individus, farceurs, polissons paillards, la faune des pavés, des tripots, des étuves, de tous les lieux où le peuple aime se distraire. Le récit, très vivant, rabelaisien même, évoque la grivoiserie des individus, de toute condition, clercs, nobles et bourgeois aisés, des hommes et des femmes, célibataires ou mariés, libérés des repères de la morale chrétienne, de l'éducation familiale et des interdits du temps.

Citadins et ruraux s'adonnent tantôt à un rire multiforme qui n'est pas dénué de subtilité, tantôt à des plaisanteries d'un goût douteux que restituent, sans vergogne, les poèmes ou les récits d'écrivains licencieux, les blagues d'étudiants en goguette, les exploits de joyeux drilles, livrés à eux-mêmes, un jour de carnaval, une nuit de charivari. Leurs victimes sont de préférence des femmes, épouses ou filles de joie, des clercs lubriques, des « folastres ou lunatiques », et d'autres qui se vengent quelquefois.

Tout est dit, en termes souvent crus, dans un livre où les « subtilités de language » rencontrent volontiers des gaudrioles tournées vers le sexe et l'excrément. Les « péchés de langue », les gros mots, les gestes obscènes concernent autant la « maire et principale partie des borjois », leurs épouses émoustillées, que le « commun peuple », les clochards, les vauriens. L'excès conduit pourtant à la dénonciation, à la condamnation, à la répression.


L'auteur :

Jean-Pierre Leguay, Professeur émérite de l'Université de Rouen-Haute Normandie est l'auteur de nombreux ouvrages qui font autorité sur le Moyen Âge, traitant en particulier de la pollution, des catastrophes, de l'eau, du feu et de la terre urbaine (P.U. Rennes), des Mérovingiens et des Carolingiens, pour ne citer que les plus récents.



Illustration :



mercredi, septembre 14, 2011

Progrès


Les artistes naguère n'aimaient pas ce qu'on appelait le Progrès. Ils n'en voyaient pas dans les œuvres beaucoup plus que les philosophes dans les mœurs. Ils condamnaient les actes barbares du savoir, les brutales opérations de l'ingénieur sur les paysages, la tyrannie des mécaniques, la simplification des types humains qui compense la complication des organismes collectifs. Vers 1840, on s'indignait déjà des premiers effets d'une transformation à peine ébauchée. Les Romantiques, tout contemporains qu'ils étaient des Ampère et des Faraday, ignoraient aisément les sciences, ou les dédaignaient ; ou n'en retenaient que ce qui s'y trouve de fantastique. Leurs esprits se cherchaient un asile dans un Moyen Age qu’ils se forgeaient ; fuyaient le chimiste dans l'alchimiste. Ils ne se plaisaient que dans la Légende ou dans l'Histoire - c'est-à-dire aux antipodes de la Physique. Ils se sauvaient de l'existence organisée dans la passion et les émotions, dont ils instituèrent une culture (et même une comédie).

Voici cependant une contradiction assez remarquable dans la conduite intellectuelle d'un grand homme de cette époque. Le même Edgar Poe, qui fut l'un des premiers à dénoncer la nouvelle barbarie et la superstition du moderne, est aussi le premier écrivain qui ait songé à introduire dans la production littéraire, dans l'art de former des fictions, et jusque dans la poésie, le même esprit d'analyse et de construction calculée dont il déplorait, d'autre part, les entreprises et les forfaits.

En somme, à l'idole du Progrès répondit l'idole de la malédiction du Progrès ; ce qui fit deux lieux communs.

Quant à nous, nous ne savons que penser des changements prodigieux qui se déclarent autour de nous, et même en nous. Pouvoirs nouveaux, gênes nouvelles, le monde n'a jamais moins su où il allait.

Comme je songeais à cette antipathie des artistes à l'égard du progrès, il me vint à l'esprit quelques idées accessoires qui valent ce qu'elles valent, et que je donne pour aussi vaines que l'on voudra.

Dans la première moitié du XIXe siècle, l'artiste découvre et définit son contraire - le bourgeois. Le bourgeois est la figure symétrique du romantique. On lui impose d'ailleurs des propriétés contradictoires, car on le fait à la fois esclave de la routine et sectateur absurde du progrès. Le bourgeois aime le solide et croit au perfectionnement. Il incarne le sens commun, attachement à la réalité la plus sensible - mais il a foi dans je ne sais quelle amélioration croissante et presque fatale des conditions de la vie. L'artiste se réserve le domaine du « Rêve ».

Or la suite du temps - ou si l'on veut, le démon des combinaisons inattendues (celui qui tire et déduit de ce qui est les conséquences les plus surprenantes dont il compose ce qui sera) - s’est diverti à former une confusion tout admirable de deux notions exactement opposées. Il arriva que le merveilleux et le positif ont contracté une étonnante alliance, et que ces deux anciens ennemis se sont conjurés pour engager nos existences dans une carrière de transformations et de surprises indéfinies. On peut dire que les hommes s'accoutument à considérer toute connaissance comme transitive, tout état de leur industrie et de leurs relations comme provisoire. Ceci est neuf. Le statut de la vie générale doit de plus en plus tenir compte de l'inattendu. Le réel n'est plus terminé nettement. Le lieu, le temps, la matière admettent des libertés dont on n'avait naguère aucun pressentiment. La rigueur engendre des rêves. Les rêves prennent corps. Le sens commun, cent fois confondu, bafoué par (d'heureuses expériences, n'est plus invoqué que par l'ignorance. La valeur de l'évidence moyenne est tombée à rien. Le fait d’être communément reçus, qui donnait autrefois une force invincible aux jugements et aux opinions, les déprécié aujourd’hui. Ce qui fut cru par tous, toujours et partout, ne paraît plus peser grand-chose. A l'espèce de certitude émanait de la concordance des avis ou des témoignages d'un grand nombre de personnes, s'oppose l'objectivité des enregistrements contrôlés et interprétés par un petit nombre de spécialistes. Peut-être, le prix qui s'attachait au consentement général (sur lequel consentement reposent nos mœurs et nos lois civiles) n'était-il que l'effet du plaisir que la plupart éprouvent à se trouver d'accord entre eux et semblables à leurs semblables.

Enfin presque tous les songes qu'avait fait l'humanité, et qui figurent dans nos fables de divers ordres - le vol, la plongée, l'apparition des choses absentes, la parole fixée, transportée, détachée de son époque et de sa source -, et maintes étrangetés qui n’avaient même été rêvées - sont à présent sortis de l'impossible et de l'esprit. Le fabuleux est dans le commerce. La fabrication de machines à merveilles fait vivre des milliers d'individus. Mais l'artiste n'a pris nulle part à cette production de prodiges. Elle procède de la science et des capitaux. Le bourgeois a placé ses fonds dans les phantasmes et spécule sur la ruine du sens commun.

Paul Valéry, « Regards sur le monde actuel ».


Regards sur le monde actuel

« Le temps du monde fini commence. » Un grand poète jette un regard lucide sur le monde contemporain. Son analyse, d'une rigueur exemplaire, examine la situation de notre civilisation menacée, étudie notre histoire et juge notre politique. Ce livre prophétique reste d'une actualité brûlante.




« Ce petit recueil se dédie de préférence aux personnes qui n’ont point de système et sont absentes des partis ; qui par là sont libres encore de douter de ce qui est douteux et de ne point rejeter ce qui ne l'est pas. »
Paul Valéry

Télécharger gratuitement « Regards sur le monde actuel » :



Dessin :

lundi, septembre 12, 2011

Le 11 septembre & le Nouvel Ordre Mondial





La version officielle des attentats du 11 septembre ne convainc pas 58 % des personnes, mais les thèses conspirationnistes sont aussi difficiles à admettre.

Après l'incendie du Reichstag (nuit du 27 au 28 février 1933), les nazis arrêtent la plupart des dirigeants du parti communiste, et Hitler fait prendre le décret d'urgence « pour la Protection du peuple et de l'État » qui lui attribue des pouvoirs de police exceptionnels. Puis, six ans plus tard éclate la seconde guerre mondiale.

A l'instar d'Hitler, des comploteurs étasuniens (Bush et ses comparses) auraient imaginé ces attentats diaboliques pour réduire les libertés (Patriot Act), et imposer une dictature mondiale, affirment des auteurs spécialistes du complot. Toutefois, le Patriot Act n'est pas le décret nazi « pour la Protection du peuple et de l'État ». Et, heureusement, dix ans après les attentats du 11 septembre 2001, le scénario qui annonçait l'avènement d'une dictature mondiale, imposant à tous une puce sous-cutanée, ne s'est pas réalisé. Au contraire, la mondialisation est remise en question, les nationalismes se réveillent un peu partout, et l'Europe risque tout bonnement d'éclater. En France, des socialistes n'hésitent pas à parler de dé-mondialisation. La Chine, qui détient un quart de la dette des USA, l'Iran, la Russie, le Venezuela... ne redoutent pas le Directoire secret et criminel qui aurait pris le contrôle des USA. En réalité, ce pays est en déclin depuis les attentats du 11 septembre 2001.

La crise économique conduira plus sûrement à une gouvernance mondiale que les attentats du 11 septembre. Selon René Guénon, probablement à cause du marasme financier international, une inquiétante oligarchie prendra le pouvoir et, dans un premier temps, séduira les populations en restaurant (d'une façon illusoire) des valeurs sociales et spirituelles ; « la monnaie elle-même, ou ce qui en tiendra lieu, aura de nouveau un caractère qualitatif... », écrit-il.

Les spéculations sur le Nouvel Ordre Mondial totalitaire et génocidaire (Projet Camelot : élimination d'un grande partie de la population mondiale) des conspirationnistes imaginatifs ne font qu'effrayer. Or la peur d'un N.O.M. croque-mitaine favorisera l'avènement d'une gouvernance mondiale qui prétendra restaurer la justice sociale, la prospérité, des valeurs morales et spirituelles...


dimanche, septembre 11, 2011

Campus Spécial « Crise de Civilisation »





Au cours de ce Campus Spécial « Crise de Civilisation », nous en arrivâmes à parler de Julius Evola, intellectuel de droite, raciste, et auteur d'un ouvrage sur le sujet qui nous préoccupait : Révolte contre le monde moderne que l'auteur a défini lui-même « comme le texte fondamental de la Weltanschauung d'un fascisme purifié ».

Julius Evola, ancienne éminence grise de Mussolini, ancien chargé de cours aux universités de Milan et de Florence, n'est pas un psychologue. C'est un métaphysicien qui a publié plusieurs ouvrages, dont un, très étonnant, sur la Métaphysique du sexe.

Dans cet essai, qui se situe aux antipodes de la pensée de Wilhelm Reich, on peut lire, au début : « La propagande pandémique de l'intérêt pour le sexe et la femme marque chaque ère crépusculaire, et à l'époque moderne, ce phénomène est donc parmi les nombreux qui nous disent que cette époque représente précisément la phase la plus poussée, terminale, d'un processus de régression. » Réflexion qui rejoint très exactement lai tradition hindoue selon laquelle Kâli, la Noire, déesse de la destruction, du désir et du sexe, domine de son influence le dernier des quatre âges, le Kâli Yuga, l'âge obscur, qui correspond en Occident au signe du Verseau.

Pour situer Julius Evola, dont l'influence sur certains étudiants de droite (surtout italiens, américains et allemands) persiste, on peut également ajouter qu'il diffère de René Guénon, lorsque celui-ci écrit : « Dans l'Antiquité et surtout au Moyen Age, la disposition naturelle à l'action existant chez; les Occidentaux ne les empêchait pourtant pas de reconnaître la supériorité de la contemplation, c'est-à-dire de l'intelligence pure ; pourquoi en est-il autrement à l'époque moderne ? »

Or, Julius Evola est un traditionaliste mais c'est aussi un guerrier, un homme d'action, plus engagé à mon sens que René Guénon, reprit Raymond de Becker. Pour lui, l'action peut s'intégrer d'une manière autonome à la vie spirituelle. Et l'information d'Evola sur la chute du niveau intérieur de l'homme est beaucoup plus riche, plus actualisée aussi que celle de Guénon.

En ce sens, est-il moins mystique que l'auteur de La Crise du monde moderne ?

Non, il l'est également. Mais dans cette métaphysique de l'Histoire, Evola apparaît extrêmement dur dans sa pensée ; il ne fait aucune concession sentimentale, n'accepte aucun verbiage conventionnel sur l'altruisme et le bien de l'humanité. C'est une condamnation totale qui rejoint, d'ailleurs, sur plus d'un point, et c'est assez curieux, celle de Herbert Marcuse, homme de gauche et apôtre de la Fraternité !

Ce genre d'interpénétration des idées n'est pas unique, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Récemment, en relisant Marcuse, j'ai retrouvé un passage sur le fait que de donner un pouvoir aux machines – au lieu de les utiliser pour faire le bonheur humain – correspondait à une aliénation de l'homme ; eh bien, j'ai retrouvé un texte identique chez Gandhi.

Mais revenons à Julius Evola. Il y a chez ce métaphysicien fasciste une perspective absolument extraordinaire. Il cherche véritablement à insérer toute l'histoire de toutes les civilisations depuis leur origine dans la conception traditionaliste. Pour Evola, nous suivons un mécanisme d'involution et non d'évolution : au point de vue spirituel, l'histoire subit un mécanisme de dégradation et non de progrès...

Cette conception que Guénon avait déjà exposée et qui se trouve également être, on l'a vu, celle des Hindous : a savoir qu'il y a des âges qui se succèdent, âge de décadence, âge des conflits qui atteint son maximum à la veille d'une explosion cosmique.

« La doctrine hindoue enseigne que la durée d'un cycle humain auquel elle donne le nom de Manvantara se divise en quatre âges qui marquent autant de phases d'un obscurcissement graduel de la spiritualité primordiale : ce sont ces mêmes périodes que l'Antiquité désignait comme les âges d'or, d'argent, d'airain et de fer. Nous sommes présentement dans le quatrième âge de fer, le kâli-yuga ou « âge sombre », peut-on lire au début de La Crise du monde moderne.

Et bien entendu, pour Evola, les États-Unis, l'U.R.S.S., nos sociétés démocratiques symbolisent tous trois - exactement comme pour Marcuse - cet « âge sombre », cette domination de la désolation. Le Pr MacKenzie Brown, spécialiste d'histoire des religions à l'université de Californie commente ainsi cet aspect pessimiste de la tradition orientale : « Sauf exceptions, la tradition hindoue ressemble plus ou moins au luthéranisme. On y trouve cette tentative d'élever les individus. Mais on n'attend rien, à même de sauver toutes choses, avant la fin du cycle, parce que le monde dans son cycle va inévitablement vers son déclin. »

Dans une perspective complètement différente, Evola est donc, tout comme Marcuse, d'un pessimisme total. Lui non plus ne donne pas de solution.

Il dit : « La seule chose, c'est que des hommes qui refusent ce monde peuvent tenter de vivre entre eux d'une certaine manière, à l'écart. »

- Ou bien, reprit de Becker, Evola préconise une sorte de solution du pire, et l'on voit. très bien auprès de quelle sorte de tempérament, auprès de quels gens, cela peut avoir du succès.

Il dit, en substance : « Une société avancée, qu'est-ce que c'est ? Pas seulement une société qui devance les autres dans le progrès. C'est aussi celle qui est la plus avancée, comme un cadavre est avancé, comme une viande est avancée, n'est-ce pas ?

«  Alors, puisque le cadavre de la civilisation animée, rongé par les vers, bouge déjà, eh bien ! il faut le faire courir de plus en plus vite, jusqu'à ce qu'il se désagrège complètement. Et, à partir de ce moment-là, il y aura de nouvelles choses possibles. »

C'est donc une sorte de politique du pire.

Il y a donc là une pensée peut-être d'une très grande rigueur, d'une information extrêmement riche mais qui, en tout cas pour les pauvres humains que nous sommes, se révèle complètement désespérée et complètement désespérante, conclut R. de Becker en soupirant...

Résumons-nous : chez Marcuse, homme de gauche (inspiré par Freud et Karl Marx), et chez Julius Evola, homme de droite, inspiré par la tradition, il y a refus commun de ce monde moderne. Marcuse veut détruire cette civilisation aliénante par un retour en arrière. Evola veut précipiter sa mort par une poussée trop brusque vers l'avant.

Mais on peut se demander :

« Existe-t-il un dénominateur commun sur le plan positif et sur le plan de l'espoir ? »

Je pense que oui.

Nous voyons - même chez ceux qui sont attachés aux formes les plus actuelles de la civilisation, et aux nécessités parfois contraignantes ou répressives de certaines formes de la civilisation - nous voyons chez tous une tentative de réhabiliter ce que Jung appelle L'HOMME ARCHAIQUE, c'est-à-dire que nous avons tous conscience, en quelque sorte, d'avoir été trop loin dans une certaine voie. C'est en ce sens que René Guénon affirme : « Certains entrevoient plus ou moins vaguement, plus ou moins confusément, que la civilisation occidentale, au lieu d'aller toujours en continuant à se développer dans le même sens (progrès), pourrait bien arriver un jour à un point d'arrêt, ou même sombrer entièrement dans quelque cataclysme. »

Je ne dis pas qu'il faut revenir en arrière, je dis qu'il faut, au moins, de temps à autre, ouvrir la porte et accueillir de nouveau cet HOMME ARCHAIQUE en nous, cet homme instinctuel qui n'est pas nécessairement un animal perdu.

Un être, peut-être, plus agréable à vivre et, par certains côtés, plus fascinant que l'homme dit civilisé. Je fais allusion, naturellement, au phénomène hippie tel qu'il fut, au début en Californie, et tel que je l'ai décrit dans Je veux regarder Dieu en face.

Je crois qu'il existe une autre intuition éternelle.

Tous les gens qui étaient attachés à. la civilisation romaine et qui pouvaient en admirer les réalisations remarquables sentaient pourtant que quelque chose ne tournait plus rond dans cette civilisation.

Et tout le monde cherchait la solution. Tout le monde pressentait quelque chose d'autre. Des tentatives se sont faites dans divers domaines.

Parmi ces tentatives, beaucoup ont échoué.

Et puis, pour nous Occidentaux, il y a eu le christianisme qui a marqué cette ère-ci.

Eh bien ! je crois que, maintenant, ce que tout le monde est en train de sentir, c'est que cette ère qui a commencé. il y a deux mille cinq cents ans, est en train de finir. Personne ne peut dire et savoirs ce qu'il y aura au-delà.

Mais je crois que l'on sait profondément qu'il va y avoir autre chose. Et que ce n'est pas seulement un simple cas de révolution socio-politique ou un problème de révolution psychologique.

C'est vraiment la crise, de tout un « développement culturel », commencé il y a vingt-cinq siècles (1) et qui est en train de s'achever pour donner naissance, ou laisser place, à une civilisation universelle dont nous ne connaissons pas encore les données.

Demain, il y aura autre chose.

Michel Lancelot, Campus, 1971.


(1) En citant ce chiffre de 2500 ans, je me réfère approximativement à l'apparition des premières religions qui tentèrent de mettre l'individu en contact direct avec l'ultime réalité spirituelle et qui s'adressaient à toute l'humanité.
D'autres comme C. W. Ceram dans son Gods, Graves and Scholar (Des dieux, des tombes et des savants) écrivent que « nous, les hommes du XXe, nous sommes au terme d'une ère de l'humanité qui s'est étendue sur cinq mille ans. Comme l'homme préhistorique, nous ouvrons les yeux sur un monde complètement neuf ».



Campus



Dessin :

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