Hollande,
Sarkozy, Le Pen
Le
vote du 22 avril est une expression régressive des électeurs de la
grande et moyenne bourgeoisie (UMP, PS) et du nationalisme
petit-bourgeois (FN). Les Français ont peur de l'avenir. Ils
s'accrochent donc aux idéologies du passé (des XIXe et XXe siècles) et
n'admettent pas les bouleversements entrevus par François Lenglet,
rédacteur en chef à La Tribune :
« Très
probablement, nous sommes entrés dans l'hiver du cycle libéral, et
pas seulement sur le plan économique. Un autre cycle va naître ;
il est même déjà né, dans la société – comme toujours – ,
parce qu'une autre génération monte et qu'elle se détermine comme
la précédente, en prenant le contre-pied de celle qui l'avait
précédée, comme les baby-boomers l'avaient fait il y a près d'un
demi-siècle. […]
Le
monde qui s'ouvre serait alors très différent de celui que nous
quittons. Il pourrait changer radicalement les règles de la société
et les canons de l'économie. Ce qui était adulé naguère serait
vilipendé demain, et inversement. On pourrait voir apparaître
d'autres illusions, ni plus fécondes ni plus dommageables, mais
véritablement différentes. »
TV
& propagande
Presque
toutes les chaînes de télévision
programment
de nombreuses œuvres cinématographiques
et
des émissions consacrées au cinéma. « Dans
notre monde contemporain, écrit Edward Bernays, le cinéma est à
son insu la courroie de transmission la plus efficace de la
propagande. Il n'a pas son pareil pour propager idées et opinions.
Le cinéma a le pouvoir d'uniformiser les pensées et les habitudes
de vie de toute la nation. Les films étant conçus pour répondre
aux demandes du marché, ils reflètent, soulignent, voire exagèrent
les grandes tendances populaires, au lieu de stimuler l'apparition de
nouvelles manières de voir et de penser. Le cinéma ne sert que les
idées et les faits à la mode. Tandis que le journal a pour vocation
d'informer, le cinéma a pour vocation de distraire. »
Edward
Bernays est l'auteur de Propaganda, « le manuel complet de
l'industrie des relations publiques, selon Noam Chomsky. Véritable
guide pratique écrit en 1928 par le neveu américain de Sigmund
Freud, ce livre expose cyniquement et sans détour les grands
principes de la manipulation mentale de masse ou de ce que Bernays
appelait la « fabrique du consentement ».
Comment
imposer une nouvelle marque de lessive ? Comment faire élire
un président ? Dans la logique des « démocraties de
marché », ces questions se confondent.
Bernays
assume pleinement ce constat : les choix des masses étant
déterminants, ceux qui parviendront à les influencer détiendront
réellement le pouvoir. La démocratie moderne implique une nouvelle
forme de gouvernement invisible : la propagande. Loin d'en faire
la critique, l'auteur se propose d'en perfectionner et d'en
systématiser les techniques, à partir des acquis de la
psychanalyse.
Le
livre est disponible gratuitement sur le site des éditions Zones :
Propaganda
Comment
manipuler l'opinion en démocratie
Un
document édifiant où l'on apprend que la propagande politique au
XXe siècle n'est pas née dans les régimes totalitaires, mais au
cœur même de la démocratie libérale américaine. Texte présenté
par Normand Baillargeon, philosophe, professeur à l'université du
Québec à Montréal, et auteur d'un Petit
cours d'autodéfense intellectuelle
paru chez Lux.
Edward
Bernays (1891-1995), neveu de Sigmund Freud émigré aux États-Unis,
fut l'un des pères fondateurs des "relations publiques".
Conseiller pour de grandes compagnies américaines, Bernays a mis au
point les techniques publicitaires modernes. Au début des années
1950, il orchestra des campagnes de déstabilisation politique en
Amérique latine, qui accompagnèrent notamment le renversement du
gouvernement du Guatemala, main dans la main avec la CIA.