8th
Wonderland
La technologie numérique permet à chacun de reprendre son destin en main dans le cadre d'une véritable démocratie directe, la seule démocratie concevable. Depuis des siècles, toutes les oligarchies politico-financières qui ont gouverné en prétendant représenter les peuples n'ont servi que leurs propres intérêts.
Dans notre prétendue démocratie, les citoyens sont en théorie égaux en droit, universellement semblables devant la loi et le suffrage. Mais dans l'entreprise, seuls les dirigeants déterminent la politique et les employés sont soumis à une organisation imposée d'en haut.
Les résultats des élections sont truqués : les moyens de la propagande restent la propriété de la classe dirigeante, le découpage des circonscriptions et les modes de scrutin défavorisent les candidats issus des classes populaires.
L'égalité des chances est supprimée par un système d'enseignement qui favorise les classes aisées (par le prix des études et l'héritage culturel).
La liberté de presse n'existe pas si les médias sont entre les mains des puissances d'argent, la liberté de pensée est atteinte par le conditionnement d'une information et d'une propagande à sens unique.
« L’électeur se figure que c’est lui qui élit son député. Il lui délègue, effectivement, ses pouvoirs souverains, mais l’élu n’est pas, pour autant, son véritable représentant. Souverain débonnaire et confiant, l’électeur n’exerce pas vraiment sa souveraineté. Une fois qu’il a déposé dans l’urne, tous les cinq ans, son bulletin de vote, il a transformé son mandataire et l’a fait entrer dans le Système qui fait des parlementaires et des gouvernants, sauf très rares exceptions, les serviteurs, parfois les laquais, des puissances d’argent.
Car le Système n’est démocratique que de nom. En fait, il fonctionne sous le contrôle étroit des oligarchies financières, qui règlent la note de sa campagne électorale et qui subventionnent son parti. »
Lire la suite du texte de Coston « Comment on devient député et comment on le reste » :
http://bouddhanar-3.blogspot.fr/2012/08/comment-on-devient-depute-et-comment-on.html
de
Pierre Lévy
Pierre
Lévy est philosophe et enseigne à l'Université du Québec, à
Trois Rivières. Il est notamment l'auteur de L'Intelligence
collective,
de Cyber-culture
et de World
Philosophie.
Présentation de
Cyberdémocratie :
« Sur
Internet notamment, non seulement chacun ou presque peut mettre en
ligne ce qu'il veut dire, non seulement des forums de discussion se
créent, mais de véritables villes, de véritables régions
virtuelles naissent, tissant des liens qui échappent aux barrières
politiques et géographiques traditionnelles.
Une synthèse visionnaire des transformations que la montée de l'Internet provoque dans la vie démocratique. »
Les
fondements d’une cyberdémocratie internationale
pour
contrer la dictature mondiale
A propos de
Cyberdémocratie par
http://www.electropublication.net
:
Pour
Pierre LEVY, "depuis 1990 la disponibilité d’émetteurs
satellites portables a permis aux journalistes de relayer, en
instantané, audio et visuel, tous les événements du monde, faisant
émerger en force une opinion publique globale sur des événements
mondiaux.
C’est
la prophétie de McLUHAN d’une « conscience globale »,
fruit des médias électronique, qui est réalisée. Et avec Internet
toute organisation peut se structurer, pour ou contre, des
informations mondiales avec beaucoup de facilités. On passe d’un
internationalisme organisationnel à un internationalisme
communicationnel.
A
ce stade Pierre LEVY donne pour exemple les oppositions entre les
courants « mondialistes » (américains) et les
anti-mondialistes (anti-américains) ou encore les « pour
ou contre » Internet . De toutes les façons « l’un des
grands mots d’ordre de la cyberdémocratie, aussi bien dans un camp
que dans l’autre, est la lutte contre l’exclusion, la fracture,
le devide » (p.158). (digital devide).
En
définitive la cyberdémocratie à pour conséquence :
-
De faire peur aux dictatures
-
De permettre l’avènement d’une république de connecteurs
«
Le grand outil cyberspatial, bien commun, permet de piloter par la
consommation, l’investissement et le travail coopératif une vie
économique placée sous le signe de l’intelligence collective
(...) tout ce que nous faisons envoie un message » p. 173.
Et
le grand espoir de la cyberdémocratie réside dans la perspective
d’une loi, une justice et un gouvernement planétaire car « le
sens le plus profond du mouvement contemporain de mondialisation est
la réunification de la famille humaine » (p.180). Pour LEVY il
faut en effet une loi pour clarifier la diversité, les conflits
actuels. Le cyberspace en tant qu’outil le permet :
« nous pensons (...) renvoyer la guerre à la préhistoire de
l’humanité » (p.188). C’est la condition non pas de la fin
de l’histoire « mais du commencement de la véritable
histoire » (p.189).
Théorie
de l’État transparent
Avec
la cyberdémocratie il faut une nouvelle forme d’État. Trois
événements majeurs y invitent : la mondialisation ; la
montée du libéralisme ; l’émergence de la société de
l’information (ou « utilisation de l’intelligence
collective »).
Ces
trois tendances pointent vers un État universel, cyberdémocratique
et transparent.
Ses
deux missions seraient : perfectionner l’intelligence
collective globale en étant médiateur entre différents acteurs
sociaux ; fournir à l’intelligence collective de la société
un métaniveau de réflexion, régulation et gouvernance.
Ses
trois fonctions : justice ; régulation/redistribution ;
piloter la biosphère
Ses
réalisations : offrir aux citoyens des agoras virtuelles, des
bases de données
Il
comprendrait quatre niveaux (mondial, continental, national,
régional) et divers modes : l’espace public des auto-médias ;
les agoras virtuelles ; le vote électronique ;
l’administration en ligne ; le parlement électronique.
Et
sa visée sera de perfectionner la médiation entre les individus car
les différences ne sont plus culturelles, géographiques, entre les
individus mais sémantiques : copyright, noms de domaines,
hyperliens, piratage etc.
« L’espace
virtuel du réseau commande dorénavant tous les autres espaces,
puisqu’il abrite les processus d’intelligence collective des
communautés virtuelles, à savoir la source de puissance
intellectuelle (donc également des puissances économiques,
culturelles, politiques, militaires etc. qui en dérivent) »
(p.220).
Mais
LEVY veut la paix et l’épanouissement universel de la diversité
culturelle alors il « plaide pour une séparation de la culture
et de l’État » (p. 226), car l’Etat-nation est une erreur
puisqu’il aplanit la culture en un seul mode, le géographique. Or
la culture doit être vivante, habitée : « les peuples ne
seront plus ni de sang, ni de sol. Les peuples deviendront des
lignées de signes dans la noosphère » (p.239).
L’intelligence
collective : définitions
«
La poursuite du mouvement d’interconnexion généralisé entraînera
une croissance corrélative de l’intelligence collective
c’est-à-dire d’échanger les connaissances, de partager la
mémoire, la perception, l’imagination et de multiplier les
intelligences les uns par les autres (...). Cette croissance de
l’intelligence collective va accélérer la création scientifique,
technique, économique et culturelle » (p.199).
LEVY
définit ainsi « l’intelligence » :
-
En général : c’est une puissance d’autocréation
-
En terme cognitifs : c’est la capacité d’apprentissage
autonome
-
En terme historique : c’est un processus d’évolution
« L’intelligence
émerge de processus d’interaction circulaires et autoreproducteurs
entre un grand nombre de systèmes complexes (...)
L’intelligence est toujours le fait d’un collectif nombreux et
interdépendant » (p.243). Exemple : un écosystème, une
société humaine, un organisme.
-
Les traits de l’intelligence collective humaine :
« L’humanité
fait surgir une vitesse et une intensité d’autocréation inédite
avant elle » (p.244) ;
son
intelligence « s’accroît de la liberté et de la
responsabilité de ses membres et les enrichit en retour »
(p.243) ;
seuls
les êtres humains sont capables d’apprendre en tant qu’espèce
(mémoire collective, culture).
Et
le cyberspace a augmenté ces capacités : fin des
hiérarchies et hausse de la coopération ; fin des monopoles et
hausse du bien commun.
On
atteint un nouveau stade culturel, d’après alphabet,
post-imprimerie : « l’interconnexion du moi crée un
milieu ubiquitaire pour tous les signes culturels, leur reproduction
et mutation accélérées » (p.246).
A
ce stade Pierre LEVY reprend l’idée des quatre espaces
anthropologiques qui lui est chère pour qualifier l’histoire de
l’espèce humaine, en fait de l’intelligence collective humaine.
Et Il s’appuie aussi sur la présentation par PASCAL de l’existence
de deux royaumes (royaume de la concupiscence et royaume décadent)
pour trouver le jeu des forces Yin/Yang, bien/mal qui préside au
devenir de notre espèce. Il juge donc que le cyberspace reprend ce
jeu d’ombres et lumières aujourd’hui : c’est là
l’histoire de l’intelligence collective humaine et seule une
éthique politique pourra réconcilier ces deux figures éternelles
en nous : « la vraie partie se déroule entre magiciens et
sorciers (...) Les sorciers se font la guerre entre eux pour capter
la puissance des magiciens (...) mais les magiciens refusent le
combat » (p.261).
L’éthique
de l’intelligence collective met en évidence l’exigence du
dialogue : exposer ses idées et écouter celles de l’autre
plus évolué.
Au
final donc Pierre LEVY appelle au dialogue : s’asseoir autour
d’un feu et exposer honnêtement son point de vue à tour de
rôles ; en écoutant les autres notre propre opinion change.
C’est là l’évolution de l’intelligence collective que permet
l’agora et tous les instruments du cyberspace.
« Quittons
donc cette culture raisonneuse de partisans et d’accusateurs pour
ouvrir la voie à une génération de justes » (p. 275)".