samedi, janvier 30, 2021

Le transhumanisme : une coquille vide !

(3:47)

Mathieu Terence : Le transhumanisme est un intégrisme


 Le transhumanisme :  une coquille vide !


Les apôtres du transhumanisme considèrent que le prochain stade de l'évolution humaine verra l'abolition des quatre fléaux qui existent depuis l'aube des temps : le handicap, la maladie, la vieillesse et la mort. Leur but est de créer une nouvelle humanité où l'Homme sera débarrassé de son corps et des maladies qui vont avec. Il aura échappé à la grande faucheuse et sera immortel. Il sera «Dieu» ou gouverné par de nouveaux Dieux, sans doute semblables aux mégalomaniaques de la Silicon Valley qui encensent le transhumanisme.

D'ailleurs, pour certains, comme Yuval Noah Harari dans son dernier livre Homo Deus, « l'être humain n'est qu'une immense collection d'algorithmes biochimiques». Peut-être ! Mais une fois que l'on a dit ça, pour aller plus loin, il faut être en mesure d'écrire ces algorithmes. Cela suppose non seulement de disposer de l'intégralité des données pouvant rendre compte des mécanismes qui sous-tendent les fonctions supérieures du cerveau (mémoire, conscience, empathie, pensée ... ) et font que chaque cerveau est unique, mais aussi des outils informatiques adéquats. Pour l'instant, ni les unes ni les autres n'existent. Le transhumanisme est bel et bien une coquille vide.

Ses zélotes font fi des critiques en s'appuyant sur les immenses avancées de l'informatique en général, du Big Data et de l'intelligence artificielle en particulier. Certes, la révolution numérique et les progrès de l'IA, en croissance exponentielle, influencent déjà et influenceront encore plus dans les années à venir (quelques dizaines pour les plus pessimistes) toute l'organisation de la société et donc la vie de chaque individu. Les machines font déjà et feront encore beaucoup plus de tâches, plus vite et mieux que nous. Mais l'essence même de l'Homme est-elle reproductible, voire modifiable et même améliorable, comme ils le prétendent? Ce n'est pourtant pas «l'apprentissage supervisé» et le « deep learning» qui permettront de transférer notre esprit, nos pensées et notre capacité d'agir dans une machine. Il faudrait développer dans ce domaine de nouvelles approches, et ce avant 2045, pour respecter les délais annoncés par les transhumanistes !

En outre, aucun des avocats zélés du transhumanisme ne prend en compte ni les limites des connaissances actuelles de la biologie et des neurosciences ni la lenteur potentielle des avancées à venir dans ces domaines. Aucun scientifique digne de ce nom, connaissant un tant soit peu le cerveau, ne peut croire à leurs balivernes. Nous avons vu que le cerveau humain est d'une complexité rare. Ce n'est pas tant par sa connectivité proprement dite qu'il est performant, mais grâce aux réarrangements constants de ses connexions. Contrairement à la machine qui fait ce qu'on lui demande, ou qu'on lui a appris à faire, le cerveau décide de ce qu'il veut faire, plus ou moins bien il faut le reconnaître, mais avec parfois beaucoup de talent et de créativité. De plus, il est abreuvé d'informations aléatoires en provenance de l'environnement auxquelles il s'adapte en permanence grâce à sa formidable plasticité, ce qu'une machine est bien incapable d'imiter. Et si, pour des tâches compliquées, comme jouer une partie de go, l'être humain peut être battu par un robot, ce n'est pas demain la veille qu'il se laissera anéantir par une machine aussi performante soit-elle. De plus, les recherches actuelles sur le cerveau, à l'aide de techniques de plus en plus sophistiquées, permettent certes de mieux comprendre son fonctionnement, mais révèlent en outre des niveaux de complexité insoupçonnés jusqu'à présent, par exemple que chaque neurone pris individuellement est différent de son voisin. Indubitablement, le cerveau d' Homo sapiens ne peut tenir dans une puce.

Les avancées de la recherche en biologie et en médecine, en particulier dans le domaine du vieillissement, sont réelles mais actuellement insuffisantes pour nous faire vivre 300 ou 1 000 ans, surtout en parfaite santé. Pour l'instant, le vieillissement nest inéluctable même s'il y a des espoirs sérieux de vieillir un jour en meilleure santé, y compris en préservant son cerveau, ce qui contribuera à améliorer la longévité globale des populations. Quant aux maladies neurodégénératives, il n'est aujourd'hui pas possible de les traiter efficacement.

Il y a actuellement un véritable verrou dans la recherche dite «translationnelle», sur le cerveau, celle qui conduit à des applications médicales: les progrès des cinquante dernières années permettent une bien meilleure compréhension de cet organe, mais malheureusement ils n'ont entraîné à ce jour que peu de retombées thérapeutiques.

Pour les transhumanistes, peu importe! Ils balayent toutes ces remarques du revers de la main car ils sont fondamentalement dualistes. Le dualisme a été formalisé en 1641 par René Descartes qui a été le premier à distinguer l'esprit (l'âme) du corps. Aujourd'hui, le dualisme s'oppose aux différentes formes de monismes qui affirment l'unité indivisible de l'être et auxquelles adhèrent la plupart des biologistes, et pas seulement eux d'ailleurs. La discussion de ce point sort du cadre de ce livre. Cependant, même si le téléchargement du cerveau dans une puce ou dans le cloud était possible, pourrait-on nl'appliquer à chacun des quelque 10 milliards d'individus sur Terre en 2045? Certainement pas ! Or, c'est bien notre individualité qui intéresse chacun d'entre nous, et en premier lieu, sans doute, les quelques milliardaires qui financent le transhumanisme !

Inéluctablement existeraient alors deux catégories d'humains: ceux qui seraient «augmentés» et ceux qui ne le seraient pas; ceux qui auraient un QI de 150 et ceux qui ne l'auraient pas ; ceux qui seraient malades et ceux qui seraient en forme ; ceux qui seraient immortels et la majorité des pauvres mortels ! Inévitablement, de cette idéologie résulteraient une société totalitaire et une humanité divisée en sous-catégories, au mépris de l'égale valeur de tous les humains. Il y a là un fantasme prométhéen qui pose des questions éthiques considérables : même si le projet transhumaniste était crédible, il resterait profondément injustifiable en regard de la morale collective et individuelle. Bien sûr, les transhumanistes se défendent d'avoir de tels objectifs. Ils disent être sensibles aux risques liés à l'utilisation des nouvelles technologies et attentifs à ne pas favoriser les inégalités sociales, à préserver, la qualité des relations humaines et de l'équilibre écologique.

Récemment, les géants du web - Google, Facebook, Microsoft et Amazon - ont conclu un partenariat visant à définir «les bonnes pratiques», notamment sur ces questions éthiques. Mais peut-on les croire, alors qu'ils distillent en même temps les espoirs les plus fous ? Ne cherchent-ils pas simplement à se donner bonne conscience ? En raison de ce risque, de nombreuses instances, en France ou ailleurs, réfléchissent depuis une quinzaine d'années sur ces thèmes, comme le Département de recherche éthique biomédicale du Collège des Bernardins à Paris. En 2017, un procès fictif du transhumanisme
a même été organisé par des juristes, où ont étén abordées les questions morales et éthiques sous-jacentes, ainsi que d'autres telles que la protection de la vie privée, la conservation des données, etc.

Sur le plan sociologique, un autre point doit nous interpeller. Comment se fait-il que les idées des transhumanistes connaissent un tel succès auprès de certains médias de masse, d'intellectuels et de politiques. Comment des individus, à priori loin d'être stupides, peuvent-ils exprimer une telle naïveté ? Tous prônent le développement technologique. Mais parmi les intellectuels, ceux qui font l'opinion et ont accès aux médias, particulièrement en France, n'ont pas la culture et les connaissances scientifiques nécessaires pour percevoir le caractère erroné des fantasmes transhumanistes. Notre pays fonctionne encore sur un modèle inspiré du philosophe JeanPaul Sartre, où un intellectuel médiatiquement reconnu est souvent un intellectuel «généraliste» et où les scientifiques sont plutôt considérés comme des experts techniques. Pour le philosophe Jean-Marie Besnier: «Les transhumanistes ont la tentation d'opposer deux camps: celui des biotransgressifs, parmi lesquels ils se comptent, et celui des bioconservateurs, avec lesquels ils ferraillent. Il convient de revoir - et même de retourner - les termes du débat. » (Jean-Michel Besnier, «Transhumanistes contre bioconservareurs », article disponible sur le site www.sciences-critiques.fr ). Il ne faut en effet pas confondre les «biocompétents» qui connaissent la complexité des problèmes et sont prêts à les affronter avec un subtil mélange d'ambition scientifique, de persévérance et d'esprit critique, et les «bioignorants» pour qui les affirmations péremptoires et non prouvées tiennent lieu de résultats scientifiques et médicaux. Les premiers, auxquels nous avons la prétention d'appartenir, mettent leur passion au service de la raison et de la connaissance et les seconds, que nous critiquons, mettent leur peu de raison au service de l'irrationnel.

Soulignons aussi que derrière le mythe transhumaniste s'avance masqué un gigantesque business. Les transhumanistes sont le pur produit d'une société où les pouvoirs de l'argent, banques, multinationales industrielles, et les politiques règnent en maître. Les puissances économiques et financières que représentent les GAFA, investissent des sommes considérables dans le développement technologique, et en particulier dans l'intelligence artificielle, au point que la mobilisation des crédits privés tend à détourner la recherche publique d' objectifs plus nobles. Dès lors, le conte de fées des transhumanistes permet de donner du sens au travail des entreprises impliquées, promet un bonheur quasi-éternel aux consommateurs et flatte le narcissisme effréné de dirigeants milliardaires. Or, une recherche fondamentale forte et bien financée est une condition nécessaire (mais malheureusement pas suffisante) pour que les verrous scientifiques actuels soient levés et que de nouvelles pistes de traitement soient développées par la recherche translationnelle fondée sur l'évidence par la preuve.

Inéluctablement, elle aboutira à une meilleure compréhension du fonctionnement du cerveau et donc à un meilleur bien-être et jusqu'à un âge avancé. Ces avancées seront le fruit de recherches pluridisciplinaires où les biologistes, physiciens, chimistes et informaticiens mettront leur savoir en commun. L'intelligence artificielle a toute sa place dans ce défi enthousiasmant pour nos contemporains et nos successeurs.

La folie des humains est ailleurs que dans les croyances des transhumanistes. Les risques dus au réchauffement climatique, aux pollutions diverses, à la destruction des écosystèmes, au retour des pandémies, à la résistance aux antibiotiques, à la surpopulation associée à la pauvreté, aux inégalités et aux migrations ... sont bien plus inquiétants pour notre avenir.

C'est l'ensemble de ces défis et dangers que l'humanité doit affronter en s'appuyant à la fois sur la science, y compris les sciences humaines et sociales, sur la révolution numérique en marche, et, dans le domaine de la santé, sur les progrès de la biomédecine. Les décisions doivent in fine appartenir aux politiques démocratiquement élus par des électeurs avertis, mais la prise de décisions doit être éclairée par des collectifs d'experts auxquels le politique doit faire confiance, à condition que ces experts soient eux-mêmes accessibles au doute qui est le propre de la science !
 
La question est de savoir dans quel monde et dans quelle société nous voulons vivre. Dans un monde en crise, il faut bien sûr de l'espoir. Ce n'est pas évident, mais ce n'est pas une raison pour se laisser séduire par des illuminés.

Allons, le transhumanisme est une imposture. L'Homme tel que nous le connaissons, avec ses forces et ses faiblesses, a encore de beaux jours devant lui.

Danièle Tritsch et Jean Mariani, extrait de leur ouvrage : Ça va pas la tête - Cerveau, immortalité et intelligence artificielle, l'imposture du transhumanisme.

PDF gratuit ICI 


Depuis quelques années un mouvement d'idées, venu des États-Unis, a pris un essor considérable dans le monde au point qu'il a été qualifié de Révolution, la Révolution transhumaniste. 

Demain, on vivra 200 ou 300 ans... et bien sûr en parfaite santé : l'immortalité n'est pas loin. Ces prophéties s'appuient sur les avancées réelles apportées par l'intelligence artificielle et la recherche en biologie, en particulier dans le domaine du vieillissement, passant ainsi allègrement de l'homme préservé et/ou augmenté au post-humain. 

Mais dès que l'on s'intéresse au cerveau, les données sont particulièrement complexes et ne vont pas dans le sens de ces prophéties. Il existe une contradiction criante entre la jeunesse éternelle promise et la réalité actuelle qui reste terrifiante. 

Fort de l'expérience médicale, scientifique et pédagogique des auteurs, ce livre montre que les efforts lents et soutenus de la recherche biologique et médicale, auxquels l'intelligence artificielle apportera sa contribution, restent la seule voie pour non seulement comprendre le fonctionnement du cerveau, mais aussi le maintenir en bonne santé (cerveau préservé), le doter de capacités nouvelles (cerveau augmenté) et, dans un délai non prévisible à ce jour, guérir ou stabiliser les maladies neuro-dégénératives (cerveau réparé). Quant au post-humain, il ne s'appuie à fortiori sur rien de tangible. 

Écrit dans un style accessible et vivant, ce livre est illustré d'exemples puisés dans la vie quotidienne. Il s'appuie sur des données scientifiques biologiques et médicales incontestables pour dénoncer l'imposture que représente le transhumanisme et ses excès ou délires.


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