lundi, novembre 12, 2018

Le révisionnisme biblique de Vincent Reynouard

Incarcéré pour révisionnisme, Vincent Reynouard se réclame de l'idéologie national-socialiste "sans haine". Dans cette vidéo, il relate son arrestation et son séjour en prison.


Macron envisage d'amender la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le révisionnisme biblique de Vincent Reynouard sera-t-il examiné par l'Inquisition ? Le tribunal de l’Inquisition de l’Église catholique romaine, établi au XVIe siècle pour juger les cas d’hérésie, n'a pas disparu. De nos jours, le sinistre tribunal se nomme la Congrégation pour la doctrine de la foi.


Sur l'Ancien Testament 



par Vincent Reynouard



Le fait d'écarter l'Ancien Testament, sauf lorsqu'il est nécessaire à la compréhension du Nouveau, me paraît très judicieux. Car sans même parler les passages sanglants, l'Ancien Testament contient une foule de faits légendaires, mythiques ou carrément exagérés, qui desservent grandement la religion.

Mais j'entends déjà la réponse que me feront certains adversaires catholiques : relisez, me diront-ils, l'encyclique de Pie XI qui condamnait le nazisme dont vous vous réclamez. Le pape écrivait explicitement :

"Les livres sacrés de l'Ancien Testament sont entièrement Parole de Dieu et forment une partie substantielle de Sa Révélation. [...] Seuls l'aveuglement et l'orgueil peuvent fermer les yeux devant les trésors d'enseignement sauveur que recèle l'Ancien Testament."

En affirmant qu'un texte qui est « entièrement la Parole de Dieu » contiendrait « une foule de faits légendaires, mythiques ou carrément exagérés », vous blasphémez Reynouard ! Votre fascination pour le national-socialisme vous jette donc hors de la communauté des catholiques... Telle est, je le sais, la réponse que l'on pourra me faire. Sachant qu'il s'agit d'un point central que les catholiques antinazis nous opposent, je m'étendrai un peu sur la question.

L'enseignement de l'Église

Certes, j'admets sans peine que j'ai contre moi de nombreux documents du Magistère, dont les actes du concile de Florence, en 1442, qui précisaient : 

« (...) la sainte Église romaine reconnaît un seul Dieu comme auteur de l'Ancien et du Nouveau Testament (...) puisque les saints des deux Testaments ont parlé sous l'inspiration du même Saint Esprit ». 

J'admets sans peine que de nombreux papes ont tenu un même langage et qu'il s'agit de l'enseignement traditionnel de l'Église.


Le lièvre, un ruminant ?


Je rappellerai cependant que dans le Lévitique, Dieu lui-même interdit aux fils d'Israël de manger du lièvre au motif qu' « il rumine, mais n'a pas de sabots » (Lev., XI, 6). Or, comme tous les léporidés qui sont herbivores, le lièvre a un système digestif qui ressemble à celui du cheval - un autre herbivore - mais qui diffère radicalement de celui d'un ruminant comme la vache. Certes, le lièvre ingère - sans les mâcher - certaines de ses crottes émises la nuit et qui ne sont pas composées de matière fécale, mais d'une bouillie riche en bactéries digestives. Toutefois, cela reste sans rapport avec la rumination.

Alors... comment croire que le Seigneur ait « oublié » ou « ignoré » que le lièvre n'était pas un ruminant ?

On me répondra que même si, physiquement, le système digestif du lièvre n'est en rien celui d'une vache, sa façon de se nourrir et de ré-ingérer une partie de ce qui sort de son intestin se révèle être une rumination particulière. Personnellement, je ne suis pas d'accord mais admettons cette objection.


La chauve-souris n'est pas un oiseau


Il n'en reste pas moins que dans ce même Lévitique, Dieu classe les chauves-souris parmi « les oiseaux » (Lev., XI, 13, 19). Or, sur ce sujet, il n'y a aucune querelle : les chauves-souris sont des mammifères et pas du tout des oiseaux qui, eux, pondent des œufs. Cette fois, donc, l'erreur est manifeste.


Les sources de la Genèse

Mais il y a plus intéressant encore. Dans un livre paru en 1753 et intitulé "Conjectures sur les mémoires originaux dont il paraît que Moïse s'est servi pour écrire le livre de la Genèse", Jean Astruc écrit :

"Il y a dans la Genèse des répétitions fréquentes des mêmes faits, qui sautent aux yeux. La création du monde, et en particulier celle du premier homme, y est racontée deux fois. L'histoire du déluge jusqu'à deux fois de même, et jusqu'à trois fois à l'égard de quelques circonstances."

C'est incontestablement exact mais assez peu visible car les éditeurs des Bibles intercalent des titres et tronquent un verset.


Les deux récits de la création de l'Homme

Prenons par exemple une version de la Bible parue en 2004 et issue d'un travail collectif de traducteurs. Le récit de la Genèse commence comme tout le monde connaît, avec la création du monde en six jours, l'homme et la femme étant apparus au sixième jour : 


« Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa ; mâle et femelle et les créa Dieu les bénit et leur dit : "Soyez féconds et prolifiques [...]" » (Gen., I, 27-28). 

L'homme et la femme ont donc été créés. Le récit s'achève avec le septième jour : « Dieu bénit le septième jour et le consacra car il avait arrêté toute l'oeuvre que lui-même avait créée par son action » nous dit le troisième verset du chapitre 2. Le quatrième déclare : 

« Telle est la naissance du ciel et de la terre lors de leur création ». Vient alors un gros titre (qui ne figure pas dans toutes les éditions), puis un titre que l'on retrouve le plus souvent : « Le paradis  terrestre » (ou parfois : « Le jardin d'Eden ») (Ill. 12). 

La présence du ou des titres à cet endroit laisse penser que le verset 4 achève le récit de la création du monde avec celle de l'homme et de la femme.

Seulement, le début du verset 5, contrairement à ce que prétendent beaucoup de versions trouvables sur Internet, ne correspond pas au début de la phrase traduite. Pour m'en assurer, je me suis procuré l'étude sur la Genèse d'un jésuite spécialiste des sciences bibliques. (Yves Simoens, Institut d'Études Théologiques, Bruxelles.) L'auteur parle bien du verset 4a ( « Telles (sont les) engendrements du ciel et de la terre dans leur création » ; p. 35) et du verset 4b (« Au jour du faire de YHWH Dieu terre et ciel » ). Preuve qu'il s'agit d'un seul et même verset artificiellement découpé. 

Or, la suite du récit narre une nouvelle fois la création du monde, en se concentrant cette fois sur celle de l'homme. On lit :

« il n'y avait encore sur la terre aucun arbuste des champs, et aucune herbe des champs n'avait encore germé, car le Seigneur Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n'y avait pas d'homme pour cultiver le sol [...]. » (Gen., II, 5). 

Suit alors la création de l'Homme comme tout le monde la connaît :

« Le Seigneur Dieu modela l'homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l'haleine de vie, et l'homme devint un être vivant » (Gen., II, 7) (Ill. 14). La femme viendra plus tard, tirée de la côte d'Adam (Gen. , II, 21-22).

La conclusion s'impose : le verset 4 tout entier marque le début d'une nouvelle narration de la création qui commence ainsi : « Telle est la naissance du ciel et de la terre lors de la création, le jour où le Seigneur Dieu fit le ciel et la terre ». Je note d'ailleurs que, dans une Bible de 1898 publiée par un docteur en théologie, le verset 4 a certes été indûment séparé et le 5 ne commence pas où il faut, mais il se trouve à la bonne place. (Louis Segond, "La Sainte Bible qui comprend l'Ancien et le Nouveau Testament", Grassart, Paris, 1898). Il annonce le nouveau récit de la création qui va suivre...

Quoi qu'il en soit, le récit de la création, et plus particulièrement celle de l'Homme, figure deux fois dans la Genèse. Ce fait est indéniable, malgré la coupure du quatrième verset et la présence de titres qui le rendent moins visible.


Les deux récits du Déluge

Mais c 'est encore plus net avec l'histoire du Déluge et de Noé. Après que ce dernier ait construit l'arche selon les ordres prescrits, Dieu lui dit : 


« Entre dans l'arche, toi et avec toi tes fils, ta femme et les femmes de tes fils. De tout être vivant, de toute chair, tu introduiras un couple dans l'arche pour les faire survivre avec toi ; qu'il y ait un mâle et une femelle. De chaque espèce d'oiseaux, de chaque espèce de bestiaux, de chaque espèce de petite bête du sol, un couple de chaque espèce viendra à toi pour survivre. Et toi, prends de tout ce qui se mange et fais-en pour toi une réserve ; ce sera ta nourriture et la leur. » C'est ce que fit Noé ; il fit exactement ce que Dieu lui avait prescrit (Gen., VI, 18-22].

Et voici le texte qui suit immédiatement :

Le Seigneur dit à Noé : « Entre dans l'arche, toi et toute ta maison, car tu es le seul juste que je vois dans cette génération. Tu prendras sept couples de tout animal pur, un mâle et sa femelle - et d'un animal impur un couple, un mâle et sa femelle - ainsi que les oiseaux du ciel, sept couples, mâle et femelle, pour en perpétuer la race sur toute la surface de la terre [...] » (Gen. VII, 1-3, Ill. 16).

On le voit, il s'agit du même événement, raconté une nouvelle fois avec une contradiction quant au nombre de couples à prendre dans l'arche.


Pourquoi ces répétitions ? 


Dans son ouvrage critique sur l'Ancien Testament, paru en France en 1866, le docteur en théologie allemand Abraham Kuenen répondit ainsi :

"Le fait est que maints récits du Pentateuque se fondent sur des documents divers, rapportant chacun le même événement, quoique d'une manière différente, mis tout simplement bout à bout à une époque ultérieure. Assurément il eût été facile à une rédaction postérieure de faire disparaître de pareilles divergences ; mais il est tout à fait conforme aux habitudes de l'historiographie orientale de les avoir laissé subsister dans le Pentateuque et dans d'autres livres historiques de l'Ancien Testament. On a évidemment tenu à reproduire textuellement des documents primitifs, tels absolument qu'on les avait trouvés."

Ceux que la question intéresse pourront lire l'ouvrage très fouillé et très complet (plus de 600 pages) d'Adolphe Lods : "Israël des origines au milieu du VIIIe siècle". L'auteur écrit : 

"Tous les écrits historiques de l'Ancien Testament sont, en effet, des compilations d'ouvrages antérieurs, que les rédacteurs ont combiné en les reproduisant à peu près textuellement, appliquant le procédé simpliste que suivaient parfois les annalistes assyriens et que devaient employer bien souvent les historiens arabes ainsi que les chroniqueurs de notre Moyen-âge. Dénués de toute vanité littéraire et préoccupés seulement de réunir en un faisceau aussi complet que possible les traditions du passé, les scribes israélites et juifs ont copié bout à bout avec un pieux respect des fragments de recueils plus anciens qu'ils avaient sous les yeux, même quand ces fragments ne s'harmonisaient pas entièrement entre eux ou faisaient plus ou moins double emploi."

Nous sommes loin de l'image d'un Moïse écrivant sous l'inspiration divine. La vérité est bien plus prosaïque.

Naturellement, je reconnais que ces textes peuvent parfois se référer à certains faits historiques véridiques ; je reconnais également la valeur spirituelle ou morale que peuvent avoir les Psaumes, les Proverbes et certains livres de prophètes... Mais à côté de cela, que d'inepties ! Il faut reconnaître avec Alfred Loisy que l'histoire décrite à travers le Pentateuque et le Livre de Josué se révèle être « un tissu d'extravagances et d'impossibilités ». 

A ce sujet, je renvoie le lecteur au livre de Frédéric Esmenjaud publié en 1867 et intitulé : "La lettre tue mais l'esprit vivifie ou Foi et raison".

L'auteur était prêtre. Mais ses doutes l'ont finalement conduit à démissionner. Dans ce livre, il explique pourquoi, sans haine ni ressentiment. Si la partie consacrée au Nouveau Testament est fortement critiquable au regard des découvertes postérieures, celle consacrée aux fables de l'Ancien Testament garde en revanche, sur bien des points, toute son actualité. Le chapitre sur l'Arche de Noé (p. 102) aurait pu être écrit par un révisionniste : l'auteur évoque toutes les difficultés techniques insurmontables qu'il y aurait eu à s'occuper et à nourrir tous ces animaux pendant des mois. Il écrit :

"Cette cargaison d'animaux et de comestibles devait être immense, en songeant surtout au nombre et à la voracité des espèces carnassières et à la plus vaste consommation encore de celles qui sont exclusivement herbivores. On se demande ensuite comment une multitude si considérable d'êtres vivants, entassés sur trois étages peu distants l'un de l'autre, ont pu respirer à leur aise et ne pas être asphyxiés, sans autre jour qu'une étroite ouverture, une fenêtre [...] pratiquée au comble du vaisseau. En vérité, les difficultés d'une pareille entreprise dépassent et confondent l'imagination, quoi qu'en aient pu dire certains apologistes."

L'auteur étudie aussi le récit incroyable de la Tour de Babel (p. 117), des plaies d'Egypte (p. 126), de Lot avec sa femme et ses filles (p. 168)... 

Mais surtout, il consacre un chapitre entier aux abominables cruautés et exterminations. Voilà pourquoi j'applaudis lorsque les nationaux-socialistes écartaient l'Ancien Testament de l'éducation religieuse dans les écoles - sauf lorsqu'il s'agissait d'éclairer le Nouveau (prophéties) ou de prendre quelques psaumes, quelques proverbes et quelques extraits du Cantique des cantiques.

Extrait de la revue "Sans Concession" (87-88).




Le Saint-Empire Euro-Germanique

"Sous Ursula von der Leyen, l'UE est en train de passer d'une démocratie à une tyrannie."  Cristian Terhes, député europée...