vendredi, mai 21, 2021

Le troisième Temple de Jérusalem et l’embrasement de la Terre Sainte


A Gaza, les frappes israéliennes ont tué 58 enfants en quelques jours.
Des frappes ciblées, des sacrifices à Yahvé-Satan ?  



Le troisième Temple de Jérusalem et l’embrasement de la Terre Sainte


Pierre-Antoine Plaquevent 


On ne peut comprendre l’actuelle montée aux extrêmes en Terre sainte sans interroger la nature profonde du projet théopolitique qui sous-tend la branche religieuse du sionisme. Dans ce projet (qui ne fait pas l’unanimité chez les Israéliens eux-mêmes), la reconstruction du Temple de Jérusalem et la reprise de sacrifices à Yahvé en son sein occupent une place centrale. Temple qui doit être reconstruit précisément là où se trouve la mosquée al Aqsa d’où est partie la tragédie actuelle.

Pierre-Antoine Plaquevent a co-écrit avec l’historien des religions Youssef Hindi un dossier intitulé "Notre-Dame, Al Aqsa et le troisième Temple. La géopolitique des religions". Le dossier explique les différentes manipulations politiques du sacré au cours de l’histoire récente. (Dans son livre Occident et IslamYoussef Hindi démontre que Yahvé et Satan se confondent à plusieurs reprises dans la Bible hébraïque.)

Parmi celles-ci, dit Pierre-Antoine Plaquevent, je développais la place qu’occupe le Temple dans l’imaginaire et l’agenda du sionisme religieux mais aussi le rôle que devra y jouer le Messie attendu par le judaïsme dans la reprise des sacrifices sanglants au sein du Temple, cela de l’avis même des dirigeants de l’Institut du Temple de Jérusalem.

Dans ce texte co-écrit avec l’historien des religions Youssef Hindi, nous abordions aussi le rôle joué par cette mystique de la reconstruction du Temple de Jérusalem au sein des courants de la droite évangéliste pro-israélienne. Un soutien toujours plus important pour Israël à mesure que la diaspora juive américaine prend elle ses distances avec le projet messianique du sionisme religieux.



La flambée de violence qui embrase actuellement la Terre sainte ne peut se comprendre sans appréhender l’explosive poussée messianique qui aiguillonne le sionisme religieux depuis son origine. Une fièvre millénariste qui peut conduire le monde contemporain vers une crise globale sous la pression d’un acteur géopolitique de plus en plus irrationnel et pressé d’accomplir son projet métapolitique et théopolitique.

Afin d’éclairer la séquence en cours, nous publions ici une partie de notre étude dont la totalité est disponible ici : https://strategika.fr/2020/02/10/notre-dame-al-aqsa-et-le-troisieme-temple-la-geopolitique-des-religions/



L’incendie de la mosquée al Aqsa et le troisième Temple de Jérusalem


(…) La mosquée al Aqsa se trouve précisément là où les sionistes religieux veulent "reconstruire" le Temple. Et ils ne cachent pas leur volonté de détruire la Mosquée. L’Institut du Temple a été créé en 1987 par le rabbin Yisrael Ariel, en vue de ce projet de construction du Troisième Temple.

Tous les objets liturgiques du futur temple sont prêts[4]. En novembre 2016, le rabbin Hillel Weiss, porte-parole du Sanhédrin, interpelant Vladimir Poutine et Donald Trump, déclarait :

"Nous sommes prêts à reconstruire le Temple. Les conditions politiques actuelles, dans lesquelles les deux dirigeants nationaux les plus importants dans le monde soutiennent le droit juif à Jérusalem comme leur héritage spirituel, sont historiquement sans précédent."

La pression exercée sur le site de la Mosquée d’al-Aqsa est constante. Ainsi le 09 mai 2019, des dizaines de colons, escortés par la police israélienne, faisaient irruption sur le site de la mosquée al-Aqsa : "Firas al-Dis, responsable de la communication au sein de l’autorité des Wakfs islamiques de Jérusalem, a déclaré que ‘‘137 extrémistes ont envahi la mosquée al-Aqsa aujourd’hui’’".

Début juin 2019, environ 1200 militants sionistes religieux s’introduisaient sur l’esplanade des Mosquées durant la fin du ramadan, une période où il leur est théoriquement interdit de visiter l’esplanade. Une intrusion qui a eu lieu avec l’aval de la police israélienne à l’occasion des festivités du "Jour de Jérusalem", une journée qui commémore la prise de la vieille ville de Jérusalem, alors sous contrôle jordanien, lors de la guerre des Six Jours en 1967.

S’en suivront des heurts violents entre les fidèles musulmans qui défendaient leurs lieux saints et les militants sionistes venus faire le coup de poing pour commémorer le jour où selon eux le destin messianique d’Israël a été freiné. Les sionistes religieux n’ont effectivement jamais admis le statu quo imposé en 1967 par Moshe Dayan lors de la guerre des Six Jours. À cette époque, le général puis ministre de la défense, Moshe Dayan se serait exclamé face à l’idée de s’emparer de force de l’esplanade des Mosquées : "Pourquoi aurions-nous besoin d’un tel Vatican ?".

Moshe Dayan se ravisera et enverra ses parachutistes s’emparer de l’esplanade des Mosquées mais il placera ensuite lui-même l’administration de ce site très sensible sous la responsabilité du Wakf, l’administration des biens musulmans, et évitera les provocations et vexations supplémentaires de son aile droite. Allant jusqu’à déclarer à la radio israélienne :

"Nous ne sommes pas venus conquérir les lieux saints des autres, ni pour restreindre leurs droits religieux, mais pour assurer l’intégrité de la ville et y vivre avec d’autres dans la fraternité."

L’esplanade des Mosquées constitue le troisième lieu saint de l’islam, après La Mecque (où se trouve Masjid al-haram, la mosquée sacrée) et Médine (où est située Masjid al-Nabawi, la mosquée du Prophète). S’y trouvent le dôme du Rocher et la mosquée al Aqsa, la plus grande de Jérusalem. Pour les musulmans, le Prophète Muhammad, accompagné de l’Ange Gabriel, s’éleva sur le dos d’une monture appelée "Bouraq" depuis La Mecque jusqu’à la Mosquée al Aqsa, et de là il traversera les sept cieux avant de recevoir de Dieu l’ordre pour les musulmans de prier cinq fois par jour.

Les juifs quant à eux appellent l’esplanade des Mosquées le mont du Temple. Il constitue pour la religion juive le lieu le plus sacré du judaïsme. Sur le mont du Temple se trouvait durant l’Antiquité le Temple de Jérusalem qui fut détruit en 70 après Jésus-Christ par les légions romaines de Titus lors de la première guerre judéo-romaine où l’Empire écrasa la révolte des juifs de la province de Judée. Pour les sionistes religieux (toujours plus influents en Israël mais contestés par une partie de la population sécularisée), la reconquête intégrale du mont du Temple et à terme la reconstruction du troisième Temple constituent des objectifs stratégiques centraux de leur vision du monde et de leur idéologie messianique. Pour eux, Israël ne sera réellement Israël que lorsque les juifs pourront à nouveau se rendre au Temple pour y exercer les sacrifices rituels décrit dans l’Ancien Testament.


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