mercredi, mai 11, 2022

Les temps que nous traversons auraient bien besoin de l’aide des Bodhisattvas

A statue of Bodhisattva Guanyin seated on a rock, 18th century.


Bodhisattva
Démythification et éclairage

Par Prajñâ

Nous ne donnerons dans ce texte que les points-clés qui concernent la notion de Bodhisattva, sans accorder quelque attention au panthéon des Bodhisattvas qui emplissent les écritures et qui satisfont bien des croyances.

Le terme « Bodhisattva » a tellement suggéré de mythes qu’il est urgent de se mettre d’accord sur une définition acceptable et d’essayer de voir en – sceptique – les caractéristiques et la vie d’une existence « Bodhisattvique ». BODHI signifie « éveil » et SATTVA « existence ».

Le Bodhisattva est donc « une existence d’éveil ». Autrement dit, un humain qui étudie attentivement les écrits canoniques et pratique les techniques d’éveil, en vue de son propre éveil mais aussi et toujours pour apporter son aide à ses frères et sœurs. Son cheminement se déroule sur ce qu’il est convenu d’appeler des « terres » au nombre de dix, les « bhûmis ». Nous les classons parmi les moyens habiles qui n’ont rien à voir avec quelque mythologie que ce soit mais, ces moyens, sur le plan psychologique conduisent à la connaissance de soi vers l’abandon de toute illusion.

Traditionnellement et dans les écritures canoniques, le Bodhisattva «se prépare » donc à devenir un Bouddha pour les temps de profonde obscurité ; il y a matière à « foi », à croyance en la succession d’un nombre considérable de naissances postérieures.


En tant que sceptique, comment voyons-nous le cheminement d’un Bodhisattva ?

Nous le voyons « hic et nunc », ici et maintenant, dans l’existence présente ; ce cheminement consiste à s’approcher au plus près du Nirvâna, à développer au plus haut la Connaissance transcendante, l’Intuition métaphysique, et à consacrer notre vie à transmettre le Dharma en essayant de le faire comprendre à ceux qui sont prêts, en essayant de leur donner les moyens d’échapper à l’emprise de ce faux moi, source de tant de maux, pour qu’ils « connaissent » ainsi la félicité. Et comment faire ? En menant une vie la plus conforme possible à l’éthique dharmique, en pratiquant assidûment les techniques de développement de la Connaissance transcendante ou Intuition métaphysique afin de devenir capable de les enseigner à ceux qui peuvent les exercer. Et cela doit se faire, évidemment, en dehors de tout élément mythologique, sans fables, sans imaginations, avec raison mais sans activités exagérées des cerveaux gauche et droit qui poussent au « rationalisme » et à « l’irrationnel », deux empêchements puissants à la Connaissance parfaite libérée.


Détermination de Bodhisattva ou Bodhicitta
Voici un exemple de détermination prise par le postulant


« Ayant compris que le Dharma était le remède à tous les maux de l’humain, par la vue de l’illusion du moi et par l’accès à un Absolu indicible au-delà de tout phénomène si subtil qu’il soit, mû par l’amour bienveillant illimité sans-sujet ni objet, par l’amour agissant illimité, par l’amour joyeux illimité pour le bonheur des autres, par l’amour équanime illimité, serein, impartial, je me détermine à devenir Bodhisattva, c’est-à-dire à essayer de toute mon énergie, de toutes mes facultés, d’éclairer le plus grand nombre d’existences. Désormais, de tout mon pouvoir je pratiquerai les Perfections, Pâramitâ, du Don, de l’Ethique, de la Patience, de l’Energie, des Instases, les dhyâna, et de la Connaissance Suprême transcendante ».

La passion qui conditionne le nouvel idéal, celui de Bodhisattva, devra subir un procès de sublimation, dans le sens alchimique du terme, dirigé par la connaissance de la vacuité de toute chose et, par conséquent, de moi et de l’autre : « Si chez un Bodhisattva, la notion d’un être prenait place, il ne pourrait pas être appelé « Existence d’éveil ». Et pourquoi ? On ne peut appeler « Existence d’éveil » celui en qui la notion d’un moi ou d’un être prenait place ou la notion d’une âme permanente ou d’une individualité.


Le paradoxe règne en maître dans les Prajñâpâramitâsûtra :


Le Bodhisattva est tenu d’aider ceux qui peuvent être aidés, et pourtant s’il conçoit l’idée d’être, il n’est pas Bodhisattva. D’un point de vue logique, l’entrée en scène de cette figure exemplaire est scandaleuse. Elle est la pierre d’achoppement sur laquelle bute l’entendement. Et c’est la raison d’être de la méthode : amener l’ascète à l’incertitude dialectique afin qu’il fasse le saut dans l’Absolu. L’éclair jaillit de la friction, intellectuellement intolérable des contraires. Le Bodhisattva, face à l’ambiguïté apparent de la réalité : agir pour des êtres qui ne sont pas ! et à la nature insaisissable de celle-ci, n’a plus qu’une seule solution : déchirer le voile des mots et des signes, prononcer le « oui » inconditionnel à l’indicible.

Le Bodhisattva pratique, conjointement et tour à tour, les moyens habiles, upâya, et la Connaissance transcendante, Prajñâ. Par les premiers, il se mêle étroitement au monde et multiplie les stratagèmes pour amener les existences au Dharma, par la seconde il va au-delà des choses du monde et tend vers le Suprême et Parfait Eveil.

L’homme commun a trois états de conscience : le sommeil profond, reflet de sagesse, le sommeil paradoxal avec rêves compensateurs de l’inconscient, l’état de veille qui, sauf chez l’Eveillé, est un autre état de rêve ! L’homme sage, l’Eveillé, ne rêve plus, toujours conscient, son corps et son cœur sont calmes et la Connaissance veille ».

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« Avant de mourir, le Bouddha légua l’essentiel de son message dans ses derniers propos à son cousin et fidèle serviteur pendant 25 années, Ânanda :

« Donc, Ânanda, soyez comme la lampe allumée à l’intérieur de vous-même. Ne cherchez refuge en personne en dehors de vous-même et quand je serai mort, tous ceux qui seront des lampes allumées qui s’accrocheront à la Vérité, ceux-là seront parmi les moines ceux qui atteindront le Nirvâna ».

Quand un être supérieur comme le Bouddha a des milliers de disciple, il devient rapidement le refuge pour l’esprit religieux de ceux-ci et Bouddha, après sa mort, sera considéré comme un sauveur, un rédempteur, bien que sa recommandation eût été :

« Cherchez à l’intérieur de vous-mêmes, ne vous appuyez pas sur des béquilles ! ».

Il s’adressait à des moines (monos : solitaires). Une religion met l’accent sur le salut post-mortem et la destinée d’une âme après la mort. Ainsi sont les religions hindouiste, musulmane et chrétienne, dans l’attitude religieuse. Dans chaque religion il y a deux aspects : celui du salut et celui où toute la valeur est donnée à la conduite et à la réalisation, mais ce second aspect ne peut s’adresser qu’à quelques rares. Ceux qui peuvent ainsi rester attachés à la vérité seule n’ont évidemment pas besoins de béquilles. Il faut pour cela que la rupture de l’ego se produise, mais elle ne peut s’opérer qu’à la condition que l’ego soit formé ; tout le monde n’est pas candidat et même 99% des personnes n’ont pas l’ego formé. Je dis « ma volonté », mais où estelle en vérité ? Dans l’attitude « extra-religieuse non dogmatique », il y a cette nécessité qui s’impose : éthique, conduite à observer, discipline à suivre ».

Du vivant du Bouddha le statut du Bodhisattva n’existait pas. Pendant 300 ans après la mort du Bouddha, la Tradition restera orale et essentiellement réservée aux moines. Ce n’est que lorsque les premiers textes du Mahâyâna apparaissent que ce personnage de Bodhisattva prend naissance avec toutes les caractéristiques mythologiques qui l’accompagneront au cours des siècles.
Pour les Theravâdins seul le Bouddha est Bodhisattva mais certains Theravâdins sont Bodhisattvas !

Nous terminerons en disant que les temps que nous traversons auraient bien besoin de l’aide des Bodhisattvas !


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