dimanche, février 07, 2021

Sachants et Connaissants


(10:17)

L'EDITO de Prune : O savoir


La science "n’est pas une interrogation idéalisée de la nature par des serviteurs dévoués de la vérité, mais une activité humaine gouvernée par les passions humaines ordinaires comme l’ambition, la fierté et la cupidité, tout autant que par toutes les vertus dont on glorifie les hommes de sciences".



Les sociologues se sont penchés sur la communauté scientifique, la décrivant comme une association de confrères voués à un objectif commun, la quête de la vérité. Mais ce n’est là qu’un de ses aspects. La recherche scientifique est aussi une course, une compétition acharnée dans laquelle des individus luttent pour la première place – car si on n’en a pas la priorité, la découverte est un fruit amer.

Soumis à la pression de la concurrence, certains chercheurs cèdent à la tentation de prendre des raccourcis, d’améliorer leurs données, de trafiquer leurs résultats, et même de frauder ouvertement.

Si dans un certain sens, la science peut être considérée comme une communauté, sous un autre angle tout aussi important, elle constitue un système de célébrité. L’organisation sociale de la recherche est conçue pour encourager l’apparition d’une élite au sein de laquelle le prestige ne résulte pas uniquement de la qualité des travaux, mais également du rang occupé dans la hiérarchie scientifique.

Les membres de cette élite contrôlent l’attribution des récompenses scientifiques et, par l’intermédiaire du contrôle des pairs, ont une voix prépondérante dans la répartition des ressources scientifiques.

Comme les usines à articles des chefs de labo, ce système de célébrité favorise la recherche de la gloire personnelle au détriment de la recherche de la vérité. Et dans la mesure où il accorde aux travaux de l’élite une importance injustifiée et une immunité à l’égard des critiques approfondies, ce système interfère également avec les mécanismes normaux d’appréciation collective des résultats. Certes les membres de l’élite scientifique ne peuvent être tenus directement responsables des cas de fraude qui apparaissent très régulièrement dans les institutions d’élite de la science, mais ils sont à la fois le produit et les bénéficiaires d’une organisation qui favorise le carriérisme et suscite les tentations et les occasions de frauder. [...]

La science n’est pas un corpus abstrait de connaissances, mais l’acte de compréhension de la nature par l’homme. Elle n’est pas une interrogation idéalisée de la nature par des serviteurs dévoués de la vérité, mais une activité humaine gouvernée par les passions humaines ordinaires comme l’ambition, la fierté et la cupidité, tout autant que par toutes les vertus dont on glorifie les hommes de sciences. Mais en science comme ailleurs, il y a une marge étroite entre la cupidité et la fraude. Habituellement, les déformations se limitent à édulcorer ou enjoliver des données ; moins souvent à frauder ouvertement.

« La vérité est fille non de l’autorité, mais du temps », disait Bacon. À maintes reprises, la vérité a été trahie par les scientifiques soit involontairement, soit par intérêt personnel, soit encore parce qu’ils pensaient mentir au nom de la vérité.

Les autorités scientifiques affirment que la fraude n’est rien de plus qu’un opprobre éphémère jeté à la face de la science. Mais ce n’est qu’en reconnaissant que la fraude est un phénomène endémique que l’on pourra comprendre la véritable nature de la science et de ses serviteurs.

Extraits du livre de William Broad et Nicholas Wade, "La souris truquée - Enquête sur la fraude scientifique".


La Souris truquée
Enquête sur la fraude scientifique
PDF gratuit


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