mercredi, juillet 28, 2021

L’Antéchrist est arrivé




Voici un texte stupéfiant de l’écrivain autrichien Joseph Roth, le fameux auteur de la "Marche de Radetsky". Dans un récit de 1934 intitulé "L’Antéchrist est arrivé", Joseph Roth met ses lecteurs en garde contre les agissements du Malin et nous apprend à le reconnaître sous ses déguisements. On peut lire en épigraphe : « J’ai écrit ce livre comme un avertissement, une mise en garde, afin que l’on reconnaisse l’Antéchrist, sous quelque figure qu’il apparaisse » :

« On reconnaît l’Antéchrist le plus clairement là où il métamorphose en chose vulgaire ce qui est noble par essence, écrit Joseph Roth. Profaner le sacré, rabaisser le sublime, pervertir le droit, défigurer le beau, est précisément le sens de tout son comportement. Non content que le royaume lui soit donné sur ce qui est par essence vulgaire et qui n’est qu’une des composantes du monde terrestre, il essaie d’étendre sa domination sur ce qui est noble. Mais comme cet élément, s’il restait noble, ne tomberait jamais en son pouvoir, il commence par le rendre mauvais. Il ressemble à un roi tyrannique dont le propre pays est un désert et qui, afin de conquérir les pays voisins florissants, transforme tout d’abord ces pays florissants en déserts, afin qu’ils ressemblent aux siens… L’Antéchrist a le pouvoir de transformer en désert ce qui est florissant et, ce faisant, de nous aveugler au point que nous croyons que ce qui est désert est florissant. Et, tandis qu’il détruit, nous croyons qu’il construit. Lorsqu’il nous donne des pierres, nous croyons que c’est du pain. Le poison qui coule dans sa coupe a pour nous le goût d’une source de vie. » (1). 

Le plan de l’Antéchrist pour subvertir les nations est le suivant : « Rusé comme il est, il ne commença pas par séduire les révoltés, mais d’abord et surtout les conservateurs. Il séjourna tout d’abord dans les églises, puis dans les maisons des maîtres. Car c’est là sa méthode, à laquelle on le reconnaît infailliblement, et c’est une erreur, l’erreur du monde qui croit qu’on le reconnaît à ce qu’il soulève et incite à la révolte les humiliés et les asservis. Ce serait une sottise, et l’Antéchrist est rusé. Il n’incite pas les opprimés à la rébellion, il incite les maîtres à l’oppression. Il ne fait pas des rebelles, il fait des tyrans. Lorsqu’il a introduit la tyrannie, il sait que la rébellion suivra spontanément. Ainsi, sa victoire est double, car il force pour ainsi dire à entrer à son service les Justes qui par ailleurs lui résistent. Il ne persuade pas les esclaves de devenir les maîtres : il fait des maîtres ses esclaves. Et ensuite, lorsqu’ils sont à son service, il les contraint à réduire à l’esclavage les travailleurs, les humbles et les Justes. Alors les pauvres, les humbles se révoltent d’eux-mêmes contre le pouvoir… Le monde se trompe donc en disant que l’Antéchrist conduit les révoltés. Au contraire : il séduit les conservateurs. En raison même de sa nature, il lui est moins facile d’approcher ceux qui souffrent que les puissants. » De même, écrit Joseph Roth, l’Antéchrist « a transformé les prêtres en menteurs afin d’inciter les croyants à nier Dieu. » 

Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas des juifs, dont parle Joseph Roth, mais bien des antisémites : « Celui qui croit en Jésus-Christ et hait les juifs, son sein terrestre, les méprise ou seulement en fait peu de cas, celui-là est le frère de l’Antéchrist… Vous êtes possédés de l’Antéchrist… Vous enviez les juifs parce qu’ils conquièrent les biens terrestres. Telle est la vérité. Vous voulez vous-mêmes tous les biens terrestres. C’est parmi vous et en vous qu’est l’Antéchrist. » 

Et c’est avec un certain aplomb très caractéristique, la « houtzpah » habituelle, que Joseph Roth nous explique ensuite ce que doit être un bon chrétien, met en garde contre les brebis galeuses, et donne ses directives pour régenter correctement l’Église. Il conclut ainsi sa démonstration : 

« Les faux chrétiens haïssent ou méprisent ou font peu de cas du sein du Sauveur, c’est-à-dire des juifs. Car les juifs sont le sein terrestre de Jésus-Christ. Qui tient les juifs en peu d’estime tient aussi Jésus-Christ en peu d’estime. Quiconque est chrétien estime les juifs. Quiconque les méprise ou en fait peu de cas n’est pas chrétien et bafoue Dieu lui-même… Quiconque veut cependant se venger lui-même sur les juifs, au nom de Dieu, comme son représentant pour ainsi dire, celui-là est présomptueux et commet un péché mortel… Celui qui peut haïr, quel que soit l’objet de sa haine, est un païen et non un chrétien. Et quiconque croit qu’il est chrétien pour la simple raison qu’il n’est pas juif, celui-là est doublement et triplement païen. Qu’il soit exclu de la communauté des chrétiens. Et si l’Église ne le chasse pas, Dieu le chassera lui-même. » (2) 

Contrairement aux pires préjugés antisémites, il faut croire que les juifs sont des êtres pauvres, vulnérables et inoffensifs : « Vint alors à moi un homme faible, écrit Joseph Roth, l’une des plus faibles victimes des puissants, c’est-à-dire un juif. » 

Et il serait bon de faire preuve d’un peu plus de respect à son égard : « Nous autres, les juifs, nous avons eu, nous aussi, une maison autrefois. Mais, chez nous, il était écrit que l’étranger était chez lui dans notre maison. Et tous, parmi nous, s’en tenaient à ce commandement. » (3) La longue tradition d’hospitalité des juifs est en effet bien connue.

Quelques pages plus loin, Joseph Roth nous met encore une fois en garde contre toute tentation de s’opposer aux juifs : « Dieu seul a le droit de punir les juifs. Lui-même, Dieu Lui-même, hait les hommes qui haïssent les juifs… Vous, antisémites, vous êtes la main droite et la baguette magique de l’Antéchrist. » 

Il ne faudrait pas non plus penser qu’il y a dans ces lignes le moindre orgueil, la moindre mégalomanie d’un écrivain juif. Ce serait une opinion antisémite de penser une chose pareille, un affront au peuple juif tout entier, et aussi, une grave erreur d’interprétation : « Les anciens juifs disaient qu’ils étaient le peuple élu de Dieu, écrit Roth. Mais à quelle fin disaient-ils cela ? Afin de donner naissance au Rédempteur du monde, à Jésus-Christ qui est mort sur la croix pour tous les hommes. L’orgueil des juifs était donc en vérité humilité. » (4) Nous voilà donc rassurés ! 

On peut à bon droit penser que Joseph Roth a pris ici un « malin » plaisir à inverser les rôles. En réalité, ce serait bien les juifs, et non les antisémites, qui incarneraient selon lui l’Antéchrist. L’auteur laisse d’ailleurs un indice assez grossier, en prétendant, dans un passage du texte, que l’Antéchrist a aussi « organisé la guerre entre la Russie et le Japon ? », écrit-il, et a pour habitude de : « voler des soldats qui meurent ? » (page 138). Or, il est de notoriété publique que la guerre de 1905 du Japon contre la Russie a été très largement financée par le richissime homme d’affaire américain Jacob Schiff, par haine du tsarisme. Jacques Attali a d’ailleurs confirmé le rôle essentiel des financiers juifs dans cette guerre : « Max Warburg et Jacob Schiff deviennent alors les financiers attitrés du Japon. Schiff effectue même en 1906 un voyage triomphal dans l’archipel, à la grande fureur des Russes. » (5) Quant au détroussage des cadavres sur les champs de batailles, c’est une longue tradition chez les juifs d’Europe de l’Est (6), que les soldats de tout le continent, qui regardaient de loin s’activer les silhouettes noires penchées sur les cadavres, avaient l’habitude d’appeler les « corbeaux ». 

Dans l’esprit de Joseph Roth, ce texte n’a donc pas seulement une valeur combative, destinée à extirper du cerveau du goy toute trace d’antisémitisme. Il a aussi une fonction d’exutoire : Joseph Roth a inversé les rôles pour exprimer de manière voilée la névrose du judaïsme et la tentation, chez certains juifs, de s’identifier à l’Antéchrist et au diable en personne. Il est intéressant à ce sujet de constater que l’œuvre de « Satan », chez les chrétiens, consiste à renverser systématiquement toutes les valeurs établies. Mais peut-être ne s’agit-il, chez ces intellectuels juifs, que d’un simple jeu intellectuel, un jeu certes fort malsain, et qui n’est assurément que le produit d’une grave névrose. 


1. Joseph Roth, "L’Antéchrist est arrivé", 1934, dans Juifs en errance, Seuil, 1986, pp. 129, 130. 
2. Ibidem, pp. 172-174, 214-218. 
3. « Les étrangers sont chez eux chez nous » a déclaré un jour le président François Mitterrand, qui était très « entouré ». 
4. Joseph Roth, "L’Antéchrist est arrivé", op. cit., pp. 237, 241, 214. 
5. Jacques Attali, "Les Juifs, le monde et l’argent", Fayard, 2002, p. 444. 
6. Hervé Ryssen, "Les Espérances planétariennes", p. 407.


Extrait de "Psychanalyse du judaïsme" (pp. 250-252) dans "Les origines politico-religieuses du mondialisme" de Hervé Ryssen. 
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