vendredi, février 18, 2022

Sait-on encore désobéir ?

(2:38)
La rappeuse française Keny Arkana : Désobéissance Civile. 


Sait-on encore désobéir ?

Par Sabrina Debusquat


"Le débat politique est gelé par une tromperie concernant la science qui définit le savoir individuel comme inférieur au savoir scientifique. Les individus cessent de se fier à leur propre jugement et demandent qu’on leur dise la vérité […] Or une telle délégation […] substitue l’obéissance à un mythe et finalement légitime les expériences conduites sur les hommes." 
Ivan Illich dans "La Convivialité".


Cadences infernales, précarité, corruption, pollution, manipulation, compétition, surconsommation… Nous sommes chaque jour plus nombreux à affirmer ne plus supporter notre modèle de société, à le trouver vide de sens, aliénant. Mais pourquoi tant d’insatisfaits et si peu de révoltés ou de changements concrets ? Certaines tendances actuelles montreraient-elles au contraire un élan de désobéissance ?


S’abstenir aux élections plutôt que de « voter pour le moins pire », opter pour une consommation durable, locale ou qui n’inclut pas de souffrances animales, faire le choix de médias indépendants, repenser son rapport au travail, au corps, à la médecine, au temps… Ce sont des choix de vie que font de plus en plus de citoyens. En s’éloignant volontairement de l’ultra-consommation, de la quête perpétuelle de la croissance ou encore de la chimie de synthèse, ils questionnent ce qui est érigé depuis des décennies en idéal de vie occidental. « Relents du mouvement hippie », « lubies de bobos privilégiés ! » affirment les uns. « Minorité avant-gardiste », rétorquent les autres. Alors, vivons-nous une époque particulièrement soumise ou sait-on encore désobéir quand plus rien ne nous convient ?

« Désobéissance » : un mot fort derrière lequel affleure un mécontentement croissant face aux décisions prises par nos gouvernements. De la bouche d’anonymes à celle de grands intellectuels, l’expression est de plus en plus régulièrement prononcée et surtout mise en application. L’idée n’est pas nouvelle, c’était notamment celle des hippies des années soixante. Mais un demi-siècle plus tard, les crises écologiques, économiques et sociales rendent les enjeux bien plus pressants, palpables. Justice, médias, écologie, politique, vie en entreprise, médecine… la société entière semble à bout de souffle, sommée d’assurer toujours plus et toujours plus vite avec toujours moins. Tout cela pourrait-il prochainement aboutir à une révolution plus globale ? Quelques signaux forts sont en tout cas perceptibles.

Médias : le désamour

Jamais la désaffection des Français vis-à-vis des médias n’a été aussi forte. Montée des médias alternatifs et indépendants mais aussi conspirationnisme… Une part croissante de citoyens cherche visiblement à se réapproprier l’information. Un sursaut que l’on pourrait trouver sain et salutaire, mais qui est paradoxalement souvent combattu comme un fléau à endiguer. Pourtant, si cette réappropriation de la pensée, certes parfois maladroite, fait si peur, n’est-ce pas précisément parce qu’elle menace l’ordre établi et tous ceux qui en profitent ? Le philosophe et économiste français Frédéric Lordon développe à ce propos une théorie fort intéressante :

« Le conspirationnisme n’est pas la psychopathologie de quelques égarés, il est le symptôme nécessaire de la dépossession politique et de la confiscation du débat public. Aussi est-il de la dernière ineptie de reprocher au peuple ses errements de pensée quand on a si méthodiquement organisé sa privation de tout instrument de pensée et sa relégation hors de toute activité de pensée. »

Le conspirationnisme et le désamour pour les médias traditionnels seraient donc simplement la fin d’une certaine naïveté du peuple vis-à-vis du formidable outil de propagande que les médias constituent pour la classe dominante qui les détient et y exerce ? Une thèse que partage également le journaliste espagnol Ignacio Ramonet, fondateur d’Attac et inventeur du terme de « pensée unique ».

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